Tendances actuelles de la mortalité des maladies infectieuses

Tendances actuelles de la mortalité des maladies infectieuses

Epidémiologie des maladies infectieuses 

Les maladies infectieuses représentaient la principale cause de décès prématurés dans le monde [112]. Elles font partie des principales causes de décès dans les pays en développement. La révolution industrielle du XIXe siècle avec l’amélioration de l’hygiène, de la nutrition et des conditions de vie puis l’apparition au XXe siècle des vaccins et antibiotiques ont permis une réduction massive des maladies infectieuses dans les pays du Nord [70]. Ce n’est pas le cas au Sud où leurs facteurs d’émergence sont multiples : climats chauds et humides, déforestation, promiscuité avec les animaux domestiques et sauvages, faible niveau d’assainissement de l’environnement, faible accès à l’eau potable [70]. Il y aussi la promiscuité humaine, la faible éducation et possibilité d’hygiène ; le moindre accès à la prévention vaccinale et aux médicaments antiinfectieux [70]. Au cours de la dernière décennie presque tous les pays du monde ont vécu un transfert de grande ampleur de la mortalité prématurée des maladies infectieuses vers les maladies non transmissibles et les traumatismes [93]. Cette transition épidémiologique a commencé par une chute des taux de mortalité principalement due aux maladies infectieuses aiguës de l’enfance [36]. Progressivement, les maladies infectieuses de l’enfance ont été remplacées par des maladies chroniques non infectieuses touchant en majorité la population âgée [36]. En 2012, la moitié des vingt premières causes de décès prématurés étaient des maladies infectieuses et des causes maternelles, néonatales ou nutritionnelles tandis que pour l’autre moitié, il s’agissait des maladies non transmissibles ou des traumatismes .

En 2011, la région Africaine a perdu au total 675,41 millions de DALY dont 36% dues aux maladies infectieuses et parasitaires et 11% aux infections respiratoires [103]. Dans les pays à revenu élevé, ces causes ne représentaient que 8% des années de vies perdues [93].

En 2012, plus de 140 mille habitants des pays à revenus élevés ont eu la coqueluche [93]. L’incidence et les conséquences des maladies infectieuses ne sont pas au hasard distribuées dans la population [148] ; les pauvres, les moins instruits et les populations rurales portent généralement la plus grande partie de morbidité [95]. Les maladies infectieuses demeurent un problème majeur de santé publique mondiale pour plusieurs raisons [95]:
– La première est que les maladies infectieuses touchent surtout la population jeune et les enfants ; les décès dus aux maladies infectieuses surviennent à un âge plus jeune comparé aux autres causes et représentaient en 2012 au niveau mondial 26% d’années de vies perdues [95];
– Deuxièmement, elles continuent de peser dans certaines régions [95]. Par exemple en 2012 dans la région Africaine de l’OMS 50% des années de vies perdues sont dues aux maladies infectieuses et parasitaires. Tandis qu’en Asie du Sud-Est et dans la région de la Méditerranée Orientale elles représentaient 24% et 27% des années de vies perdues respectivement [95] ;
– Troisièmement, ce sont les maladies infectieuses émergentes [95]. Des 335 maladies infectieuses émergentes reconnues entre 1940 et 2004, plus de 60% sont des zoonoses [95] provenant principalement de la faune et du bétail [52, 60]. De nombreuses maladies bactériennes ont réémergé à cause de la dégradation des systèmes de santé publique [18].

Les maladies émergentes imposent un fardeau important sur l’économie et la santé publique mondiales [95]. La propagation des infections émergentes est fortement corrélée à des facteurs socio-économiques, environnementaux, écologiques tels que la croissance de la population, la densité, l’urbanisation. Avec une grande population dans une zone restreinte, les centres villes fournissent des conditions idéales pour la propagation rapide des maladies infectieuses [89]. Tel a été le cas pour l’épidémie de maladie à virus Ébola qui a sévi en 2014-2015 en Afrique de l’Ouest [89].

– Enfin, la menace des maladies infectieuses est en outre due à l’augmentation de la résistance aux antimicrobiens [95], un des phénomènes les plus alarmants chez les bactéries est la résistance aux antibiotiques [69]. Les agents pathogènes responsables des maladies infectieuses et les vecteurs qui les transportent sont de plus en plus résistants aux médicaments et insecticides utilisés [95]. Ainsi ils menacent l’efficacité de la prévention et du traitement.

L’Afrique subsaharienne supporte déjà une lourde charge de morbidité liée aux maladies infectieuses dont beaucoup sont sensibles au climat (paludisme, dengue, schistosomiase, choléra et méningite à méningocoque…). Le changement climatique pourrait entrainer l’élargissement de la propagation géographique de ces agents infectieux sensibles au climat et accroître de ce fait leur impact sur la santé humaine [103]. Les maladies infectieuses représentent un élément principal des cibles des Objectifs de Développement Durable (ODD) liés à la santé avec l’objectif 3.3 appelant spécifiquement « d’ici 2030 à mettre fin à l’épidémie du SIDA, de la tuberculose, au paludisme aux MTN et combattre l’hépatite, les maladies transmissibles par l’eau et d’autres maladies transmissibles » [142]. Ceci représente un élargissement des cibles de L’Objectif du Millénaire pour le Développement 6 (OMD 6) de deux façons : un changement de contrôle à élimination [103]. Il y aussi la référence spécifique à la tuberculose, les MTN, l’hépatite et les maladies transmissibles par l’eau en plus du VIH/SIDA, paludisme et autres « maladies » [143].

Mortalité liée aux maladies infectieuses 

A l’échelle mondiale, le nombre de décès dus aux maladies infectieuses y compris les maladies parasitaires et les infections respiratoires, est passé de 12,1 millions en 2000 à 9,5 millions en 2012 [149]. Entre 2005 et 2015, il y a eu une diminution du nombre de décès de 19,7% [146]. Le pourcentage de décès liés aux maladies infectieuses est passé de 23% à 17% [95]. Bien que la mortalité liée aux maladies infectieuses ait diminué au niveau mondial, dans certaines régions elle demeure élevée. La région Africaine, la région du Sud Est Asiatique et la région de la Méditerranée Orientale représentaient 81% de tous les décès [95]. En France les maladies infectieuses sont responsables chaque année de plus de 30 mille décès [119]. De 1990 à 2010, l’ensemble des décès dus aux maladies transmissibles ont diminué avec surtout la mortalité liée aux infections des voies aériennes inférieures (3,4 à 2,8 millions) et les maladies diarrhéiques (2,5 à 1,4 millions). Les gains d’espérance de vie en Afrique Subsaharienne sont dus principalement à la réduction de la mortalité liée à la diarrhée et aux infections des voies respiratoires inférieures et aux affections néonatales [86]. Entre 2000 et 2013, le nombre de décès liés aux maladies diarrhéiques a diminué de 31,1% (1,8 à 1,3 millions) ; à la tuberculose (1,6 à 1,3 millions) et à la méningite (377300 à 303500) ont diminué chacun de 20% [86]. Pour la rougeole la mortalité a diminué d’environ 80% (494500 à 95600), pour la diphtérie (5400 à 3300) et la coqueluche chacune d’environ 40% (111800 à 60600) [86]. Pour le tétanos, la mortalité a diminué de 60% (142400 à 58900) [86].En 2014, les décès liés au sida ont diminué de 42% depuis le pic de 2004 [95]. Les décès liés au paludisme ont également diminué d’environ 53% entre 2000 et 2015 et ceux liés à la tuberculose ont diminué de 29% entre 2000 et 2014 [95]. En revanche, les décès liés à l’hépatite ont augmenté depuis 2000 [95]. L’hépatite virale est une cause principale de décès par cirrhose ou cancer du à l’hépatite chronique B et C [46]. Les infections sexuellement transmissibles sont responsables de 84000 décès/an [95]. La syphilis pendant la grossesse entraine 305 mille décès fœtaux et néonataux chaque année [95]. Les MTN entrainent 534000 décès dans le monde chaque année [102]. Soit 10% des décès eu égard à la charge mondiale imputable aux maladies infectieuses et parasitaires ; la région Africaine de l’OMS est la plus touchée [103]. L’épidémie de grippe A/H1N1 en 2009 a entrainé 200000 décès [23, 123] ; l’épidémie la plus récente est celle due à la maladie virus ébola (MVE) en Afrique de l’Ouest a entrainé 11295 décès (23/09/15)[73]. L’Afrique reste le continent le plus touché par le choléra ; en 2011, il y a eu 107163 cas dans 25 pays avec une létalité de 2,8% [162]. De 2000 à 2014, il y a eu une moyenne de 208000 cas de choléra avec 4157 décès signalés à l’OMS [95]. Les épidémies de méningites récurrentes dans la région Africaine de l’OMS a entrainé en 2011 dans 29 pays 23394 cas avec une létalité de 8,97% [95]. Dans les pays à revenu faible les trois principales causes de décès sont toutes des maladies infectieuses : infections des voies respiratoires basses, VIH, et maladies diarrhéiques [150]. Pendant les deux décennies depuis 1990, les maladies liées au VIH notamment la tuberculose sont devenues les principales causes de décès dans la région Africaine [104]. Les enfants dans la région ont toujours plus de chance de naître dans des conditions où ils sont davantage exposés aux infections (notamment au tétanos) .

Au Sénégal selon l’OMS le pays est classé 151 mondial sur 191 pays pour ce qui concerne la santé de sa population [48]. Bien que l’on constate des améliorations en ce qui concerne l’espérance de vie, les taux de mortalité et de morbidité restent élevés avec comme causes privilégiées les maladies infectieuses et parasitaires endémiques [48]. Au Sénégal les principales maladies relevées sont le VIH/SIDA, le paludisme, la tuberculose, la schistosomiase et l’onchocercose [48]. La plupart de ces maladies font l’objet d’une attention particulière à travers des programmes nationaux [48]. Au Sénégal en 2012, les principales causes de décès étaient les infections respiratoires basses, le paludisme, les maladies diarrhéiques (figure 2) [151]. En 2015 parmi les dix principales causes de décès il y avait six maladies infectieuses dont les maladies diarrhéiques, les infections respiratoires basses, le sepsis néonatal, tuberculose, méningite et paludisme [55].

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
1. Tendances actuelles de la mortalité des maladies infectieuses
1.1. Epidémiologie des maladies infectieuses
1.2. Mortalité liée aux maladies infectieuses
2. Principales maladies infectieuses
2.1. L’infection à VIH/SIDA
2.1.1. Définition
2.1.2. Epidémiologie
2.1.2.1. Morbidité et mortalité dans le monde
2.1.2.2. Morbidité et mortalité au Sénégal
2.1.2.3. Transmission
2.1.3. Clinique
2.1.3.1. Diagnostic sérologique
2.1.3.2. Diagnostic direct
2.1.4. Traitement
2.2. Tuberculose
2.2.1. Définition
2.2.2. Epidémiologie
2.2.2.1. Morbidité et mortalité dans le monde
2.2.2.2. Morbidité et mortalité au Sénégal
2.2.2.3. Transmission et réservoir
2.2.3. Facteurs favorisants
2.2.4. Diagnostic
2.2.5. Traitement
2.3. Paludisme
2.3.1. Définition
2.3.2. Epidémiologie
2.3.2.1. Morbidité et mortalité dans le monde
2.3.2.2. Morbidité et mortalité au Sénégal
2.3.3. Diagnostic
2.3.4. Traitement
2.4. Sepsis des infections sévères
2.4.1. Définitions et tableaux cliniques
2.4.2. Epidémiologie
2.4.3. Traitement
2.5. Les méningites infectieuses
2.5.1. Définition
2.5.2. Epidémiologie
2.5.3. Diagnostic
2.5.4. Traitement
2.6. Infections respiratoires aigües basses
2.6.1. Définition
2.6.2. Epidémiologie
2.6.3. Diagnostic
2.6.4. Traitement
2.7. Tétanos
2.7.1. Définition
2.7.2. Epidémiologie
2.7.3. Diagnostic
2.7.4. Traitement
2.8. Rage
2.8.1. Définition
2.8.2. Epidémiologie
2.8.3. Diagnostic
2.8.4. Traitement
2.9. Diarrhées infectieuses
2.9.1. Définition
2.9.2. Epidémiologie
2.9.3. Diagnostic
2.9.4. Traitement
2.10. Erysipèle ou dermohypodermite bactérienne aiguë non nécrosante
2.10.1. Définition
2.10.2. Epidémiologie
2.10.3. Diagnostic
2.10.4. Traitement
2.11. Maladie à virus Ebola (MVE)
2.11.1. Définition
2.11.2. Epidémiologie
2.11.2.1. Morbidité et mortalité
2.11.2.2. Transmission
2.11.3. Diagnostic
2.11.4. Traitement
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL PERSONNEL
1. Cadre d’étude
1.1. Description des lieux
1.2. Personnel
1.2.1. Personnel médical
1.2.2. Personnel paramédical
1.3. Organisation des activités de soins
2. Patients et méthodes
2.1. Type et période d’étude
2.2. Population d’étude
2.2.1. Critères d’inclusion
2.2.2. Critères de non inclusion
2.2.3. Recueil des données
2.2.4. Définition des variables
2.2.5. Saisie et exploitation des données
3. Résultats
3.1. Etude descriptive globale
3.1.1. Aspects socio-épidémiologiques
3.1.2. Aspects cliniques
3.1.3. Répartition des patients décédés en fonction des paramètres biologiques
3.1.4. Répartition des patients décédés en fonction des facteurs pronostics : délai et durée d’hospitalisation
3.1.5. Répartition des patients décédés selon les complications
3.2. Mortalité spécifique
3.3. Létalité
DISCUSSION
4. Discussion
4.1. Mortalité globale au Service de Maladies Infectieuses et Tropicales
4.2. Profil des patients décédés au Service de Maladies Infectieuses et tropicales
4.2.1. Aspects épidémiologiques
4.2.2. Aspects cliniques
4.2.3. Répartition des patients décédés en fonction des paramètres biologiques
4.2.4. Répartition des patients décédés en fonction des facteurs pronostiques
4.2.5. Les complications
CONCLUSION

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