Au Burkina Faso, la création des aires protégées a été entreprise par l’administration française durant la période d’occupation coloniale qui a duré de 1895 à 1960 (Kièma, 2007). Les objectifs de la création de l’ensemble des réserves forestières du «domaine forestier» tels que définis par Monsieur le Gouverneur Général Brévié de l’Afrique Occidentale Française (AOF) dans une circulaire du 1er février 1933 sont: empêcher une trop grande déforestation du pays, créer un vaste domaine classé, conserver et améliorer ce domaine et constituer des barrières climatiques végétales (Kiéma, 2007). Mais de nos jours le domaine classé de l’Etat sert de conservation de la biodiversité, l’aménagement des forêts classées à but sylvicole, pastoral, de produits forestiers non-ligneux et de renforcement de la présence des ligneux. Les forêts classées, les réserves de faune et les parcs constituent les sites privilégiés pour la conservation de la biodiversité au Burkina Faso (Ouoba, 2006). Le couvert végétal est la composante la plus importante de l’occupation du sol dans une aire protégée. Sa présence ou son absence caractérise la nature et l’état de l’espace protégé. En effet, le couvert végétal conditionne la présence de la faune et de la diversité spécifique de la flore (Tabopda et Huynh, 2009).
Malheureusement, au Burkina Faso, on observe une forte dégradation de la végétation. Selon la FAO (2010), entre 1990 et 2010, le Burkina Faso a perdu 1 198000 ha de forêt, soit 17,5% de son couvert forestier. Selon Bombiri (2008), les forêts du Burkina Faso couvraient en 2002 une superficie de 13 305 238 ha, soit 48,75% du territoire national. Cette dégradation du couvert végétal serait liée à des facteurs naturels et anthropiques. En effet, le Burkina Faso, pays situé dans une zone soudano sahélienne, a connu des périodes de sécheresse au cours des années 1970. Selon Boudet (1972), une des conséquences les plus perceptibles du phénomène des sécheresses a été la mortalité souvent massive des peuplements ligneux, constatée sur de nombreux sites. En dehors de ce facteur climatique, on note une forte pression anthropique sur les ressources naturelles. Cette pression anthropique se caractérise par les feux de brousse tardifs et incontrôlés, l’agriculture itinérante sur brûlis, la quête permanente du bois énergie, le surpâturage et l’accroissement démographique. Mêmes les aires protégées du pays n’échappent pas à cette dégradation. Le Ministère de l’environnement et du cadre de vie estime que 60% des aires du domaine classé sont occupées par des exploitations agricoles, des hameaux de cultures et des villages dotés d’infrastructures socio-économiques (DIFOR, 2007). Cette rapide dégradation des forêts représente une menace également pour les animaux sauvages qui en dépendent. Ainsi, la conservation de la biodiversité passe nécessairement par la protection et la gestion des réservoirs que constituent les formations forestières classées ou protégées.
SITUATION ADMINISTRATIVE ET GEOGRAPHIQUE
Le parc national des Deux Balé est situé dans les provinces des Balé et du Tuy (région de la Boucle de Mouhoun et des Hauts-Bassins). Il s’étend entre Il °25′ et Il °36′ de latitude nord et entre 2°45′ et 3°12′ de longitude ouest (Figure 1). Le parc résultant de la fusion des deux forêts classées (Deux Balé et Dibon) a été créé en 1988 par la Zatu n? AN VIIIFPIPRESIMET couvrant ainsi une superficie de 80 600 ha (Kafando, 2003). Il est compris entre les Départements de Boromo, de Bagassi et de Zawara au Nord, de Koti au Sud, de Poura et de Fara à l’Est où le fleuve constitue sa limite naturelle, et de Pa et Fouzan à l’Ouest.
HYDROGRAPHIE
Le potentiel hydrographique de surface dans le Parc, est constitué d’une multitude de rivières dont la plupart sont temporaires. On peut citer comme cours d’eau permanents le fleuve Mouhoun qui est le plus important cours d’eau du Burkina Faso. Cette permanence d’eau durant toute l’année, fait de lui le point d’attraction de la faune sauvage et, par conséquent un site privilégié du braconnage. On retient également la rivière du Grand Balé qui par endroits garde de l’eau en saison sèche. Le reste des cours d’eau tels le Petit Balé, les rivières Bissegny, Bokotou et Couleba, les mares de Soumbou et de Casa tarissent facilement en saison sèche.
CLIMAT
Le Parc se situe dans la zone de couverture climatique comprise entre les isohyètes 750 mm au nord et 1 000 mm au sud. Ce climat de type soudanien est caractérisé par deux saisons : une saison pluvieuse allant de Mai à Octobre et une saison sèche de Novembre à Avril. La température moyenne annuelle se situe autour de 28°C avec une amplitude thermique de l’ordre de 7°C (Coziadom, 2009).
Deux types de vents soufflent sur la zone du parc comme partout dans le pays. Les alizés boréaux ou harmattan qui sont des vents fortement desséchants, soufflent en période sèche et fraîche de Décembre à Avril et les moussons qui interviennent de Mai à Octobre durant la période pluvieuse.
VEGETATION ET FLORE
Le Parc fait partie du réseau des aires protégées du Burkina Faso qui couvre des paysages diversifiés allant du sahel à des savanes arbustives ou arborées en zone soudano-guinéenne (IUCN, 2009). Sur le plan phytogéographique, cette forêt est située dans la zone sudsoudanienne (Fontès et Guinko, 1995). La disposition géographique du parc offre au milieu un paysage varié en savanes arborés et arbustives et en galeries forestières. Les principaux types physionomiques de végétation rencontrés selon Coziadom (2009) sont les suivants:
– une galerie forestière dominée par Mitragina inermis (Willd.) Kuntze, Anogeissus leiocarpus (DC.) Guill. et Perr., Ficus sp, Nauclea latifolia (Smith) Bruce, Berlinia grandiflora (Vahl) Hutch. et Dalz., etc. que l’on rencontre le long des cours d’eau et des bas-fonds sur des sols hydromorphes ;
– une savane caractérisée par une prédominance des formations végétales à couvert peu fermé et l’existence d’une strate herbacée. On y trouve les espèces comme Burkea africana Hook. f., Khaya senegalensis (Desr.) A. Juss., Daniellia oliveri (Rolfe) Hutch. et Dalz., Detarium microcarpum Guill. et Perr., Piliostigma thonningii (Schumach.) Milne Redh., Combretum glutinosum Perr. ex DC., Acacia dudgeoni Craib ex Hall.., Lannea acida A. Rich., Tamarindus indica L., Balanites aethiopica (L.) Del., etc. ;
– les zones de transition entre la savane et la galerie forestière sont souvent occupées par Anogeissus leiocarpus. Les sols fortement perturbés par les cultures sont couverts d’une strate arborée dominée par Acacia sieberiana DC., Prosopis africana (Guill. et Perr.) Taub., Vitellaria paradoxa Gaertn.f., Parkia biglobosa (Jacq.) R. Br.ex G. Don et Bombax costatum Pellegr. et Vuillet ;
– la strate herbacée est représentée entre autres par des Andropogon spp., Vetiveria nigritana, Diheteropogon spp., Hypharrhenia subplumosa, etc. L’ensemble des écosystèmes est donc faiblement impacté et le développement de la faune reste encore possible.
FAUNE
L’histoire récente du parc montre qu’il est un habitat favorable aux grands mammifères. Les inventaires aériens réalisés dans les années 1991-1992 par le projet Eléphant donnaient une diversité estimée à une quarantaine de mammifères dont l’Eléphant (Loxodonta africana), l’Hippotrague (Hippotragus equinus), le Guib harnaché (Tragelaphus scriptus scriptus), le Bubale (Alcelaphus buselaphus major), le Céphalophe à flancs roux (Cephalophus rufilatus), le Céphalophe de Grimm (Sylvicapra grimmia), l’Ourebi (Ourebia ourebîi, le Patas (Erythrocebus patas) (Ilboudo, 2001). A ces espèces il faudrait ajouter certaines espèces inféodées au milieu aquatique que l’on peut rencontrer à savoir les Hippopotames (Hippopotamus amphibius), les crocodiles (Crocodylus niloticusï, les Varans (Varanus niloticus), les Tortues sillonées (Centrochelys sulcata) (Berlin, 2002).
Les inventaires aériens de 2002 révèlent l’existence de cinq à six mammifères selon la synthèse des résultats de Belemsobgo (2002). Même si les deux méthodes conduisent à des résultats peu comparables, il convient de souligner qu’il y a une perte de la faune sauvage. En effet, hormis les facteurs naturels notamment la sécheresse des années 70 et 80 qui auront participé à la perte de la biodiversité du pays, la disparition de la faune du Parc est accélérée par les modes d’exploitation inappropriés des ressources naturelles.
On rencontre également dans le parc une avifaune non négligeable comme la pintade de Numidie (Numida meleagris), le francolin à bec éperon (Pternistis bicalcaratusï, le calao à bec noir (Tockus nasutus), la poulette de roche (Ptilopachus petrosus) et l’ombrette africaine (Scopus umbretta). Les ressources halieutiques se définissent en fonction des cours d’eau qui sillonnent le parc. Les principales espèces de poissons rencontrées sont le Synodontis sp., Heterotis niloticus, Tilapia zilii, Mormyrus rume, etc.
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE 1: DESCRIPTION DE LA ZONE D’ETUDE
1. SITUATION ADMINISTRATIVE ET GEOGRAPHIQUE
II. HYDROGRAPHIE
III. CLIMAT
IV. VEGETATION ET FLORE
V. FAUNE
VI. RELIEF ET SOLS
CHAPITRE II: REVUE DE LA LITTERATURE
1. AMENAGEMENT DES FORÊTS DU BURKINA FASa
I.1 Concept de l’aménagement forestier et son évolution
1.2 Cadre juridique et institutionnel de l’aménagement des forêts
1.3 Différentes formes d’aménagement des forêts
II. DEFINITION DES CONCEPTS CLES DE L’ETUDE
II.2 Télédétection et Systèmes d’information géographique (SIG)
II.2 Gestion forestière par télédétection
II.3 Aire protégée
III. UTILISATION DE LA TELEDETECTION ET LA CARTOGRAPHIE DANS L’AMENAGEMENT DES PARCS ET FORÊTS CLASSEES
CHAPITRE III: METHODOLOGIE
1. MATERIEL
II. METHODES
11.1 Cartographie
11.2 Dynamique de la couverture ligneuse du parc national des Deux Balé
n.3 Collecte des données floristiques
11.4 Analyse des données
ILS Indices de diversité
n.6 Paramètres de structure des groupements floristiques
II.7 Distribution par classe de diamètre des groupements floristiques et la distribution théorique de Weibull
CHAPITRE IV: RESULTATS ET DISCUSSION
1. RESULTATS
LI Cartographie
1.1.1 Etat du Parc National en 1990
1.1.2 Etat du Parc National en 2014
1.2 Dynamique de la couverture ligneuse entre 1990 et 2014
1.2.1 Evolutions progressives
1.2.2 Evolutions régressives
1.3 Diversité floristique et richesse spécifique du Parc
1.3.1 Composition floristique du Parc
I.3.2 Diversité des formations végétales identifiées par la cartographie du Parc
1.3.3 Individualisation des groupements floristiques et leurs espèces caractéristiques
1.3.4 Coefficient de similitude des groupements floristiques
1.3.5 Caractéristiques structurales des groupements floristiques
II. DISCUSSION
n.l Cartographie et dynamique de la couverture ligneuse du Parc National des Deux Balé
n.2 Structure de la végétation, diversité et richesse floristique du Parc National des Deux Balé
CONCLUSION
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