Techniques de préparation du sol dans les systèmes de cultures à base du coton
Labour conventionnel
Le labour consiste à découper et à retourner une bande de terre qui peut se trouver plus ou moins divisée. C’est une opération destinée à préparer une terre en vue de l’installation d’une culture. Le labour modifie les propriétés structurales du sol, les agrégats, la connectivité des pores, soit indirectement en changeant les conditions d’aération, de température et de pénétrabilité du sol par les racines (Huwe, 2003 cité par Vian, 2009). De plus, le labour bien fait peut favoriser l’aération, l’infiltration, le développement des racines et l’activité des organismes du sol. Il permet également d’incorporer les mauvaises herbes, les résidus de récolte et le fumier de ferme (Sissoko et al., 2013). Selon Zangré (2000), le labour améliore sensiblement la structure du sol grâce à une activité biologique qu’il accroît par stimulation. Ainsi, le labour conduit à une augmentation de la porosité de l’horizon de surface par rapport à l’absence du travail du sol (Bouchenafa el al., 2014).
Le labour: présente des effets bénéfiques sur le rendement des cultures. Selon Sissoko el al. (20 13), les labours abusifs et inadéquats fragilisent la structure du sol et créent des semelles de labours qui empêchent le développement racmaire des plantes. Cela entraine une réduction de la porosité totale du sol (N’dayegamiye et Mehuys, 2008). De plus, les terres labourées sont sujettes à l’érosion et à la baisse de leur fertilité impliquant des dégradations physiques parfois irréversibles (Abdellaoui et aL., 2011).
Semis direct
Selon Seguy (2001), le semis direct est un système conservatoire de gestion des sols et des cultures, consistant à implanter la culture sans un travail préalable du sol. La technique s’accompagne le plus souvent avec l’application d’herbicide pour maîtriser l’enherbement. Ainsi l’application des herbicides non sélectifs inhibent l’activité biologique des microorganismes présents dans le sol, ce qui pourrait fragiliser la fertilité du sol (Sissoko el al., 2013).
Semis Direct sous Couverture Végétale (SCV)
Définition des concepts
Fertilité du sol
Les travaux de Delville el al. (1998) indiquent que la notion de la fertilité renVOle à différentes perceptions notamment aux caractéristiques du sol et à ce qu’en fait l’agriculteur. Ainsi, la notion de fertilité de sol peut se résumer à l’« aptitude culturale d’un sol» qui signifie la capacité de ce sol à produire sous son climat, telle culture avec telles techniques dans un contexte socio-économique donné (Sébillote, 1993).
Système de culture
La notion de système de culture peut s’appliquer à différentes échelles spatiales (parcelle, locale et régionale) (Jouve, 2003). Sébillotte (\974) indique que le système cultural est un ensemble d’itinéraires techniques, c’est-à-dire des successions ordonnées et datées de techniques et de pratiques culturales appliquées à des espèces végétales cultivées en vue d’obtenir des produits. De plus, Jouve (2003) indique qu’un système de culture peut être défini par quatre caractéristiques principales: les espèces cultivées, leur succession dans le temps, leur association éventuelle sur une même parcelle et l’itinéraire technique des cultures pratiquées.
Semis sous couverture végétale (SCV)
Le semis sous couverture végétale (SCV) est une forme d’agriculture de conservation (AC) où le semis est effectué sans labour sur un sol maintenu couvert par l’utilisation de mulch, de déchets organiques et/ou d’association avec des plantes de couverture (Balarabé, 2014). Ainsi, le système de semis direct est un système de gestion important pour les régions tropicales. Il consiste à procéder au semis sans retourner le sol et à enfouir les graines dans les sillons dont la largeur et la longueur sont suffisantes pour leur contact avec le sol (Sissoko el al., 2013). D’après Lamantia (2012), ce mode de culture allie production et protection de la ressource en sol pour une gestion durable. Le SCY est un système qui désigne un ensemble de pratiques culturales visant à limiter voire remédier à la dégradation des sols, donc préserver la fertilité du sol par l’application simultanée de trois principes de base au sein de la parcelle:
– zéro labour ou travail minimal du sol;
– couverture pennanente du sol par un mulch végétal;
– production et restitution au sol d’une forte biomasse par association/succession d’une diversité de plantes aux fonctions multiples (Sissoko et al., 2013).
Zéro labour ou Travail du sol minimal
Le travail minimal du sol est un principe très important dans le système SCY. Dans ce principe, la semence est placée directement dans le sol sans un retournement préalable, c’està-dire sans le labour: conventionnel. Le travail minimum du sol consiste à un travail du sol limité au lit de semis ou à un abandon total de toutes opérations de préparation du sol (semis direct), y compris un abandon ou une réduction des opérations de sarclage et de buttage mécaniques (Kassam el al., 2009). De plus, le semis direct est un système conservatoire de gestion des sols et des cultures, dans lequel la semence est placée directement dans le sol qui n’est jamais travaillé (Mrabet, 2001). Il comporte donc une seule opération, c’est-à-dire le semis.
L’objectif du travail minimal du sol est de limiter le plus possible ou même d’arriver à un abandon total du labour. Contrairement au labour qui entraîne une exposition du sol à l’action de la pluie, du vent et aux températures extrêmes (Siros et al., 2009), le travail minimum du sollirnite la perturbation du sol. De plus, ce travail minimum du sol permet la mise en place rapide des cultures, ce qui est un avantage important surtout en zone subsaharienne.
Couverture permanente du sol
Dans le système SCY, une couverture morte ou vivante est maintenue en permanence sur le sol. En effet, le sol est en permanence couvert de la matière organique morte composée de résidus de culture, des adventices et des plantes de couverture essentiellement de plantes pérennes. De ce fait, la couverture permanente du sol apparait comme fondamentale pour le bon fonctionnement du système et doit être maintenue le plus longtemps possible de la manière la plus continue possible (Husson el al., 2013). Aussi la couverture du sol consiste également à couvrir le sol par les résidus de la culture précédente, l’installation de plantes cultivées comme cultures associées ou dérobées. Elle favorise l’infiltration de l’eau en diminuant le ruissellement et limite les pertes d’eau par évaporation (Florentin, 2010).
La couverture totale des sols correspond à J’état ultime souhaité afin d’exposer le moins possible le sol aux différentes formes de dégradations.
Rotationes /associations culturales
Dans le système de culture en SCV, la diversification des espèces cultivées est d’une importance capitale, d’autant plus que l’un des objectifs est la préservation et la valorisation de la biodiversité. L’association des cultures permet de cultiver à la fois deux plantes ou plus sur la même parcelle, en favorisant une interaction bénéfique entre différentes espèces ou variétés (Traore et al., 2009). L’objectif visé par cette technique est d’optimiser la production de la biomasse, de diversifier la production au sein de la parcelle et aussi de remplir certaines fonctions écosystémiques à travers la réduction des risques de parasites, de maladies, d’invasion de mauvaises herbes, de séquestration du carbone et de la protection du sol (Husson el al., 2013).
La rotation consiste à utiliser différentes espèces dans une même zone dans différentes saisons agricoles. Les rotations recommandées sont celles qui peuvent apporter des avantages aux producteurs et aux systèmes de production (Sissoko et a1., 2013). Ainsi, la rotation et l’association de cultures consistent en une combinaison adéquate des cultures dans le temps et dans l’espace (Serpentié, 2009), de manière adaptée aux conditions locales et incluant des légumineuses appropriées (Kassam et al., 2009). De plus, l’association et la rotation adéquate permettent non seulement de limiter le développement des maladies et de certains insectes nuisibles, mais aussi une meilleure exploitation du profil du sol.
Système de semis direct sous couverture végétale (SCV) au Burkina Faso
L’introduction de l’AC tout comme le SCY est encore très récente au Burkina Faso. Sissoko (2009) attribue cette introduction à la Société Cotonnière du Gourma (SOCOMA) qui en 2006 procédait au lancement d’une étude expérimentale sur ce système dans la zone Est du pays. Bougoum (2012) attribue l’entrée de l’AC au Burkina Faso à la mise en place du projet Smallholder Conservation Agriculture Promotion in Western and Central Africa (SCAP) en 2008 dans la zone Est du pays suite à la participation d’une équipe burkinabè au troisième congrès de l’Agriculture de conservation à Nairobi en 2005.
Il convient de préciser que des pratiques ancestrales semblables à celles de l’AC ont toujours existé au Burkina Faso, sans pour autant être combinées simultanément. En effet, Ouédraogo (2012) a ainsi observé dans la zone de Koumbia des pratiques en lien avec les principes de l’AC au sein des exploitations paysannes. Karambiri (2014) a observé, en plus du semis direct, des pratiques de paillage dans la zone de Koumbia. Les pratiques d’association et de rotation céréales-légumineuses ne concernent pas de grandes superficies et ne sont pas systématiques.
Selon le même auteur, les parcelles qui connaissent le semi-direct exclusif appartiennent à des exploitations qui font fassent à une contrainte d’équipements. Le paillage est effectué par des paysans dans la zone de Koumbia avec un objectif clair de restaurer la fertilité de zones du champ fortement dégradées.
|
Table des matières
Introduction
Chapitre I : REVUE DE LITTERATURE
1.1. Techniques de préparation du sol dans les systèmes de cultures à base du coton
1.1. 1. Labour conventionnel
1.1.2. Semis direct
1.2. Semis Direct sous Couverture Végétale (SCV)
1.2.1. Défmition des concepts
1.2.1.1 Fertilité du sol.
1.2.1.2 Système de culture
1.2. 1.3 Semis sous couverture végétale (SCV)
1.2.1.3.1. Zéro labour ou Travail du sol minimal
1.2.1.3 .2. Couverture permanente du sol
1.2.1.3.3. Rotations/associations culturales
1.3. Système de semis direct sous couverture végétale (SCV) au Burkina Faso
lA. Avantages du système de semis direct sous couverture végétale (SCY) sur la fertilité du sol et la productivité des cultures
1.4. 1. Propriétés physiques du sol
1.4.2. Propriétés biologiques du sol
104.3. Propriétés chimiques du soL
1.4.4. Gestion des adventices et le bilan hydrique
1.5. Limites du système de semis direct sous couverture végétale (SCV)
1.6. Généralité sur les plantes de couverture: légumineuse et graminée
1.6.1. Importances des légumineuses et des graminées
1.6.1.1. Importance des Graminées
1.6.1.2 . Importance des légumineuses
1.6.2. Exigences écologiques des plantes de couverture
1.6.2.1. Brachiaria ruziziensis
1.6.2.2. Cajanus cajan
1.6.2.3. Mucuna cochinchinensis
1.6.2.4. Vigna unguiculata
Conclusion partielle
Chapitre II : MATERIEL ET METHODES
2. 1 Sites d’étude
2.1.1. Site de Boni
2.1.2. Site de Bondokuy
2.1.3. SîtedeTiakané
2.1.4. Site de Kouaré
2.2 Matériel
2.2.1 Matériel végétal
2.2.1.1. Cultures principales
2.2.1.2. Plantes de couverture
2.2.2 Fertilisation des cultures
2.3 . Méthodes
2.3.1 Dispositif expérimental
2.3.2 Historique des parcelles
2.3.3 Traitements étudiés
2.3.4 Conduite de la culture du maïs et du cotonnier
2.3.5 Paramètres mesurés
2.3.5.1. Collecte des échanüIJons de sol
2.3.5.2. Evaluation de la hauteur et la densité des plants à la récolte
2.3.5.3. Evaluation des tendements et composantes du rendement
2.3.5.4. Evaluation de la biomasse des cultures et des plantes de couverture
2.3.6 Traitement des données
Chapitre III: RESULTATS – DISCUSSION
3.1. Résultats
3.1.1. Caractéristiques chimiques des sols sur les horizons 0-20 cm et 20-40 cm
3.1.2. Densités du maïs à la récolte
3.1.3. Effet des associations des plantes de couverture au maïs sur la hauteur du maïs à la récolte
3.1.4. Effet des associations des plantes de couverture au maïs sur les rendements en maïs grain et la production de la biomasse
3.1.5. Effet du SCY sur la densité du cotonnier à la récolte
3.1.6. Effet du SCY sur la hauteur des cotonniers à la récolte
3.1.7. Effet du SCY sur les rendements en coton graine
3.1.8. Effet du SCY sur le nombre de capsules du cotonnier
3.1.9. Effet du SCY sur le Poids Moyen Capsulaire (PMC)
3.1.10. Poids sec des tiges de cotonnier
3.2. Discussion
3.2.1. Caractéristiques chimiques du sol
3.2.2. Effet des associations des plantes de couverture au maïs sur les rendements, la production de biomasse et la hauteur des plants
3.2.3. Effet du SCY sur les rendements en coton graine et les composantes du rendement
Conclusion générale
Télécharger le rapport complet