Technique de détermination de l’hémoglobine
La transfusion sanguine est l’administration d’un des composants du sang (globules rouges, plasma, plaquettes, granulocytes), appelé «produit sanguin labile» (PSL), provenant d’un ou de plusieurs sujets sains, appelés «donneurs», à un ou plusieurs sujets malades, appelés «receveurs» [1]. Elle occupe une place dans l’arsenal thérapeutique de nombreux pays d’Afrique subsaharienne où les affections responsables d’anémie sévissent de façon endémique. Dans ces pays, le paludisme, les hémoglobinopathies, les hémorragies obstétricales et autres carences nutritionnelles sont autant de causes qui risquent d’exposer un individu à la transfusion [2]. Le but de la sélection des donneurs est de déterminer si ceux-ci sont en bonne santé et des’assurer que le don de sang ne nuira pas à leur santé. L’entretien médical pré-don est un acte professionnel dont l’objectif est la réduction des incidents et accidents transfusionnels. Il s’inscrit donc dans un but d’afficher la prévention d’un risque sanitaire. Chez les donneurs de sang, le diagnostic de l’anémie par le dosage de l’hémoglobine est un des paramètres importants de la sécurité transfusionnelle ; c’est également un critère essentiel d’exclusion de donneurs de sang ou de culot globulaire puisque le prélèvement de sang chez un donneur anémié l’expose à des complications ; en outre, ce sang n’apporte pas au receveur le bénéfice escompté [3,4]. L’anémie est définie par une diminution de l’hémoglobine inferieure à un seuil limite qui varie en fonction de l’âge et du sexe [5]. Ainsi ce seuil est fixé à 12g/dl pour les femmes non enceintes et 13g/dl pour les hommes [6]. La détermination de l’hémoglobine chez les candidats donneurs de sang s’avère non seulement importante pour le receveur de sang, aussi bien pour le donneur lui-même. En Afrique subsaharienne francophone, l’anémie est dépistée chez les donneurs de sang dans certains centres de transfusion avec une prévalence comprise entre 3 et 11,6% chez les donneurs de sexe masculin, et entre 0 et 20,3% chez les donneurs de sexe féminin [7]. Les candidats au don de sang du Centre National de Transfusion Sanguine de Bamako ne sont pas dépistés systématiquement pour l’anémie, tandis qu’elle est pourtant fréquente en Afrique, où elle représente même un problème de santé publique [5,8]. Les valeurs de l’hémoglobine chez les donneurs de sang au Mali, se situent entre 5,7g/dl et 18,9g/dl [9] et ces valeurs sontDéfinition de la sécurité transfusionnelle plus élevées chez les hommes que les femmes [10].
Pour contribuer à améliorer la sécurité transfusionnelle au CNTS de Bamako, nous avons évalué la qualité de la sélection médicale des donneurs de sang par le dosage de l’hémoglobine pré-don en utilisant un analyseur portatif de l’hémoglobine, et étudié le lien entre l’anémie et les caractéristiques épidémiologiques (sexe, âge, portage de plasmodium, don antérieur, marqueur des facteurs infectieux dépistés chez les donneurs).
GENERALITES
Définition de la sécurité transfusionnelle
La sécurité transfusionnelle est assurée par une maîtrise de toutes les étapes de la chaine transfusionnelle, du donneur au receveur. Elle débute lors du don de sang, dont l’objectif en terme de sécurité est de ne nuire ni au donneur, ni au receveur. Elle se poursuit à toutes les étapes permettant la préparation des produits sanguins, et notamment la qualification biologique des dons. Enfin, la sécurité immunologique est assurée par la recherche de la meilleure compatibilité des groupes sanguins [1]. Les risques associés à la transfusion sanguine sont déterminés par les facteurs suivants :
‐ l’incidence et la prévalence des infections transmissibles par transfusion dans la population de donneurs de sang ;
‐ l’efficacité du programme d’éducation et de recrutement des donneurs et des procédures de sélection et de dépistage, y compris le report du don ou l’exclusion des donneurs inaptes au don ;
‐ la qualité du dépistage pratiqué sur tous les dons de sang pour la recherche des infections transmissibles par transfusion ;
‐ la qualité du groupage sanguin, des tests de compatibilité, de la préparation des composants sanguins, du stockage, du transport du sang et des produits sanguins ;
‐ la mesure dans laquelle le sang et les produits sanguins ne sont prescrits que lorsqu’il n’existe aucune alternative à la transfusion pour le patient considéré ;
‐ la fiabilité du système permettant d’assurer que les patients reçoivent du sang compatible avec leur groupe sanguin, leurs anticorps anti-érythrocytaires et toutes autres exigences particulières [11]. Selon l’OMS la bonne organisation des services de transfusion sanguine est une condition préalable qui seule permet l’utilisation sûre et efficace du sang et des produits sanguins. Les maladies transmissibles par le sang peuvent être éliminées ou considérablement réduites si l’on applique une stratégie intégrée de sécurité transfusionnelle qui comporte :
‐ la mise en place d’un Service de Transfusion Sanguine ;
‐ la collecte du sang exclusivement chez des donneurs volontaires et non rémunérés sélectionnés dans des groupes de population à faible risque ;
‐ la recherche sur tous les dons de sang des agents des maladies transmissibles par le sang et notamment le VIH, les virus des hépatites, d’autres et la syphilis ;
‐ la réduction des transfusions non indispensables par une utilisation clinique rationnelle du sang, y compris le recours aux alternatives simples à la transfusion (cristalloïdes et colloïdes) quand cela est possible [12].
Don de sang
Définition
Le don de sang est un processus par lequel un donneur de sang se voit prélever du sang qui sera traité et stocké dans une banque du sang avant d’être administré à un malade lors d’une transfusion sanguine. Les dons effectués sont essentiellement des dons de sang total, qui correspondent au prélèvement aseptique de 250 à 450 ml de sang veineux sur une solution d’anticoagulant. On recueille également des échantillons de sang sur lesquels seront effectués les tests [13].
Critères du don de sang
Le candidat au don de sang doit satisfaire aux critères d’âge (18-60ans) et de poids (≥55kg) ; il répond à un questionnaire médical l’interrogeant sur son mode de vie, sur son état de santé, sur ses antécédents médicaux ; puis le médecin responsable de la sélection médicale décide s’il est apte ou pas au don de sang. A chaque don, le donneur doit faire systématiquement l’objet d’un contrôle clinique (l’étape clinique) qui comprend : entretien médical, examen général et mesure de la pression artérielle. Ces examens permettent de prendre en compte certaines contre-indications au don de sang : c’est la première étape importante en matière de sécurité transfusionnelle. La quantité de sang prélevée est adaptée aux poids, sexe et âge du donneur. Un bilan immuno-hématologique est effectué sur chaque don. Un bilan virologique est également effectué sur chaque don. En ce qui concerne le VHB, le diagnostic d’hépatite B est établi par la positivité de l’Ag HBs associée à la présence d’anticorps anti HBc [14]. Les risques immunologiques sont les plus importants. L’existence d’un anticorps non détecté avant la transfusion peut être à l’origine d’hémolyse grave pouvant conduire à une hospitalisation en réanimation médicale, voire un décès. Les incidents d’origine bactérienne sont la première cause de mortalité en termes d’accidents transfusionnels immédiats. Ils surviennent aussi bien avec les concentrés de globules rouges qu’avec les concentrés de plaquettes.
Ils sont liés à de très nombreuses espèces bactériennes, qu’il s’agisse de bactéries de la flore cutanée, d’entérobactéries ou de bactéries présentes dans l’environnement, et sont particulièrement graves pour le receveur immunodéprimé [15, 16]. Une parfaite asepsie et un interrogatoire rigoureux des donneurs doivent réduire ces risques. L’élimination des 30 premiers ml lors du don du sang réduit les risques bactériologiques liés à la flore cutanée. Le nombre de dons de sang total sur une année ne doit pas dépasser cinq pour les hommes et trois chez les femmes, en raison notamment des pertes de fer liées aux menstruations [13].
Types de donneur
– Donneur volontaire bénévole de sang : c’est une personne qui effectue un don de son sang de façon volontaire.
– Donneur volontaire bénévole régulier de sang : c’est un donneur volontaire bénévole qui donne au moins 3 fois son sang par an.
– Donneur familial et ou de compensation de sang : c’est une personne qui effectue un don de sang de façon volontaire en compensation d’un produit sanguin destiné à un parent ou une connaissance [13].
-Donneur professionnel ou rémunéré : donneur qui donne son sang contre une somme d’argent ou une autre forme de rémunération [11]. Ce don n’est pas pratiqué au Mali.
Types de don
On distingue deux grandes catégories de don :
– Don de sang total : prélèvement de sang veineux recueilli aseptiquement dans un récipient autorisé, contenant un volume approprié de solution anticoagulante et de conservation, stérile et apyrogène.
– Don d’aphérèse : prélèvement consistant en une circulation extracorporelle en vue d’obtenir des produits sanguins labiles (PSL) [13]. Trois grands types de produits entrent sous cette dénomination :
‐ concentrés érythrocytaires ou concentrés de globules rouges (CGR),
‐ les concentrés de plaquettes,
‐ les plasmas frais congelés.
La sélection des donneurs dans les pays en développement
La transfusion sanguine et les produits sanguins permettent de sauver des millions de vies chaque année. Cependant, dans la plupart des pays en développement, on enregistre encore des décès évitables en raison de l’insuffisance des dons de sang et des produits sanguins [10]. La plupart de ceux-ci sont des décès de femmes et d’enfants dus aux complications de la grossesse, à la malnutrition, au paludisme et à d’autres maladies infectieuses.
Les traumatismes, y compris les accidents de la circulation, et les traumatismes dus aux conflits armés contribuent également à l’augmentation de la demande de sang [10]. Des organisations en faveur du don de sang volontaire ont été mises sur pied dans plus de 50 pays. Ces organisations, gérées par les donneurs de sang eux-mêmes, jouent un rôle important dans le recrutement des donneurs et dans leur maintien au sein de l’organisation à travers l’éducation par les pairs et la promotion. Garantir un approvisionnement sûr, durable et conforme aux règles d’éthique et veiller à un usage clinique adéquat et rationnel du sang et des produits sanguins constituent d’importantes responsabilités de santé publique incombant aux instances dirigeantes de chaque pays [10]. Le problème d’approvisionnement en sang frappe de plein fouet les femmes souffrant de complications liées à la grossesse, les victimes de traumatismes et les enfants atteints d’anémies graves pouvant être mortelles [10]. A Yaoundé (Cameroun) le service de transfusion recourt très largement aux dons de compensation, qui représentaient jusqu’à 74,5 % de l’approvisionnement total [7]. Au Burkina-Faso, en 2009, les dons volontaires et non rémunérés ne représentaient que 8% de l’approvisionnement national, les dons de compensation fournissent encore jusqu’à 92% de l’approvisionnement total [7]. Le donneur le plus sûr donne son sang au moins trois fois par an. Or, en Afrique, plus de 50% des dons proviennent de donneurs familiaux ou de compensations, plus enclins à être contaminés par un virus [10]. La question du recrutement et de la fidélisation des donneurs de sang est cruciale. Une politique de sensibilisation existe dans certains pays : campagnes audiovisuelles, journées mondiales du sang. Mais les réticences restent multiples : peur de la piqûre, peur de connaître son statut sérologique, d’être affaibli ou contaminé ; tabous liés à certaines croyances, à une symbolique spécifique du sang [10]. De nombreuses initiatives existent pour fidéliser les donneurs de sang : consultation médicale gratuite au centre de transfusion, attribution de diplômes et médailles, amélioration de l’accueil et de l’information. Le recrutement des donneurs doit être fondé sur les principes d’anonymat, volontariat, bénévolat, non-profit et responsabilité [3, 10]. La communication est à établir à deux niveaux : sensibilisation dans la durée, et aide à la décision sur le lieu de collecte, en valorisant le don de sang. La collecte s’organise comme suit, il y a des postes fixes, des centres de transfusion où les donneurs peuvent se rendre, et des équipes mobiles qui vont dans les profondeurs du pays. Il y a des critères très précis à remplir pour le donneur potentiel. Avant de donner son sang, il doit répondre à un questionnaire et se soumettre à un examen médical. Les normes peuvent varier d’un pays à un autre.
Conclusion
Le dosage de l’hémoglobine pré-don chez les donneurs de sang venus au Centre National de Transfusion Sanguine de Bamako de novembre 2012 à février 2013 par la technique de l’HemoCue nous a permis de constater que moins de la moitié des donneurs ajournés sur la base des résultats des examens biologiques, avaient un taux d’hémoglobine inferieur à la norme. Notre étude montre clairement que l’examen des conjonctives n’est pas à lui seul un moyen efficace de détecter l’anémie chez les donneurs, la sécurité transfusionnelle des donneurs ainsi que la qualité des produits sanguins (sang total et concentré de globules rouges) implique la connaissance de l’hémoglobine pré-don. Nos résultats sont en faveur de l’introduction du dosage pré-don de l’hémoglobine dans la sélection des donneurs.
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Table des matières
1. INTRODUCTION
2. OBJECTIFS
2.1. Objectif général
2.2. Objectifs spécifiques
3. GENERALITES
3.1. Définition de la sécurité transfusionnelle
3.2. Don de sang
3.2.1. Définition
3.2.2. Critères du don de sang
3.2.3. Types de donneur
3.2.4. Types de don
3.3 . La sélection des donneurs dans les pays en développement
3.4 Généralités sur l’anémie
3.4.1 Définition
3.4.2 Causes
3.4.3 Symptômes et Complications
3.4.4 Diagnostic
3.4.5 Traitement
4 MATERIELS ET METHODES
4.1. Lieu d’étude
4.2. Organisation de la transfusion sanguine au Mali
4.3 . Types d’étude
4.4 . Population d’étude
4.4.1 Critères d’inclusion
4.4.2 Critères de non inclusion
4.5 . Echantillonnage
4.6 . Variables Mesurées
4.7 . Méthodes de mesure des variables
4.7.1 Collecte des données sociodémographiques
4.7.2.1 Technique de détermination de l’hémoglobine
4.7.2.2 Dépistage de l’infection palustre (GE)
4.7.2.3 Dépistage des marqueurs sérologiques d’agents pathogènes transmissibles
par la transfusion sanguine
4.8. Analyse statistique
4.9. Considérations éthiques
5 RESULTATS
5.1. Caractéristiques sociodémographiques des donneurs
5.2. Portage des agents pathogènes (VIH, VHB, VHC, tréponème, plasmodium)
5.3. Anémie
6. COMMENTAIRES ET DISCUSSION
7. CONCLUSION
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