La relation entre le développement du système financier et la croissance économique a fait l’objet de nombreux travaux théoriques et empiriques. Compte tenu des travaux effectués sur ce thème, un essai de validation économétrique pour le cas de Madagascar est le leitmotiv où se tient le choix du sujet. L’intérêt particulier du sujet est de mettre en exergue l’importance du développement du système financier pour favoriser la croissance économique tout en tenant compte de la nécessité croissante des actions de régulation et d’encadrement de la part de nombreuses institutions à savoir l’État, les banques, les institutions financières voire à long terme les marchés financiers qui ne sont pas encore effectifs à Madagascar. Une autre justification réside sur le fait que conformément aux vastes analyses ayant développé la relation positive entre le développement du système financier et la croissance économique, le système financier favorise le décloisonnement surtout au niveau rural et incite aux investissements productifs, et par conséquent à la réduction de la pauvreté. L’étude infirme ou confirme ainsi à travers des analyses théoriques l’existence de causalité entre la relation système financier et croissance. En d’autres termes, cette relation évoque que le développement du système financier favorise (ou non) la croissance économique, et d’un autre côté, la croissance peut à elle aussi engendrer le développement du système financier.
Système financier et croissance économique : revue de littérature
Cette partie porte d’une part sur les analyses théoriques et empiriques de la croissance – développement économique et du système financier, et d’autre part, sur des éventuelles interactions et liens de causalité entre le développement du système financier, l’accroissement du PIB et les inégalités de revenus. Ainsi, l’analyse s’étend sur la macroéconomie et l’économie bancaire. En effet, les arguments théoriques sont les conditions sine qua non pour appuyer les hypothèses, qui seront ensuite confirmées par la validation économétrique.
Approche théorique du système financier
Par définition, le système financier est la combinaison des acteurs qui opèrent dans le système (agents économiques, banques, marchés financiers, IMF ou autres) et les activités pratiquées (prêts, dépôts, épargnes ou autres transactions). Dans ce système, le rôle des intermédiaires financier est prépondérant.
Les intermédiaires financiers
L’existence d’intermédiaires financiers se justifie globalement par le fait qu’ils augmentent l’efficience d’un système économique de deux manières :
●L’efficience opérationnelle : Il s’agit des économies réalisées dans les ressources limitées des participants au système en ce qui concerne le temps et les coûts, grâce à l’existence de techniques, de marchés et d’informations appropriées. Il s’agit d’une mesure en termes absolus.
●L’efficience allocative : il s’agit d’une mesure, en termes relatifs, du degré d’exploitation des gains potentiels effectivement réalisés par le système d’échanges. L’efficience allocative est maximale quand il n’existe plus de gains marginaux non exploités.
Ce sont donc les intermédiaires financiers qui sont les premiers acteurs du développement du système financier du fait « qu’ils améliorent le traitement de l’information, la mise en œuvre des contrats et la réalisation des transactions permettant ainsi un système financier de mieux exercer ses fonctions » (Levine, 2005).
Les indicateurs du développement du système financier
L’intermédiaire financier dans le système financier
Les systèmes financiers ont pour fonction principale de transférer des fonds depuis les agents (ménages, entreprises, institution publique) à capacité de financement vers les agents à besoin de financement. L’intermédiation financière joue ainsi un rôle décisif dans la mesure où elle constitue le lieu de transfert des fonds des agents qui n’en font pas usage vers ceux qui pourront les utiliser. En conséquence, l’activité du système financier permet de générer une grande efficacité économique tant sur la richesse individuelle que sur les activités des entreprises . Bref, les fonctions essentielles des intermédiaires financiers favorables à la croissance économique se résument selon Levine (1997) à la mobilisation de l’épargne, à la gestion des risques et l’allocation des ressources aux projets d’investissement les plus rentables, à l’acquisition des informations sur les opportunités d’investissement et au suivi et contrôle des projets financés ainsi qu’à la facilitation des échanges de biens et services.
L’analyse du système financier dans les pays en développement suscite beaucoup d’intérêts du fait que compte tenu des exemples de nombreux pays développés, la mise en œuvre de stratégie de croissance économique axée sur le développement du système financierdonne la possibilité de les sortir de la pauvreté. De plus, selon Mishkin (2010) le système financier qui fonctionne bien est un facteur clé dans la production d’une croissance économique élevée, alors que des marchés financiers inefficaces sont une des raisons pour lesquelles de nombreux pays dans le monde restent désespérément dans la pauvreté. Il est néanmoins utile de poser la question, c’est d’ailleurs l’objet de la présente étude, comme quoi l’effet du développement du système financier est-il significatif pour expliquer la croissance économique mesurée à travers la croissance du produit intérieur brut (PIB) par habitant pour le cas de Madagascar ?
Comme mentionné ci-dessus, la littérature est large montrant des effets positifs ou négatifs ou même parfois ambigus sur le réel impact du système financier dans la croissance d’un ou de groupe de pays. En trame de fond d’une telle situation, il est nécessaire de définir ce qu’on entend par développement financier. La théorie ne fournit pas une définition communément admise pour caractériser le développement financier. Cependant, nous retenons les deux définitions suivantes. Le développement financier peut être entendu comme le processus par lequel un système financier gagne en profondeur en rentabilité, en accessibilité, en efficacité, en stabilité, en ouverture internationale et en diversité (Meisel et Mvogo, 2007, Kiendrebeogo, 2010). En outre, Levine (2005) définit le développement financier comme un processus par lequel les instruments, les marchés et intermédiaires financiers améliorent le traitement de l’information, la mise en œuvre des contrats et la réalisation des transactions, permettant ainsi au système financier de mieux exercer leurs fonctions.
Les soubassements théoriques proposent généralement quatre indicateurs pour caractériser le développement financier. Ces indicateurs se mobilisent autour du développement du secteur bancaire et du secteur économique. En d’autres termes, les études existantes se concentrent essentiellement sur des variables capturant la taille, l’activité ou l’efficacité des institutions financières. Le premier se rapporte au passif liquide du système financier dans le PIB. Des auteurs tels Roubini et Sala-i Martin(1992), Gertler et Rose (1994) et Levine (1997) ont montré l’existence d’une forte corrélation positive entre celui-ci et le PIB par tête (Esso, 2005). Le second indicateur est identifié à travers le mode d’allocation des ressources des banques commerciales. Il est égal au ratio des crédits bancaires sur la totalité des crédits bancaires et des actifs intérieurs de la Banque centrale. Le troisième, un indicateur de solidité financière est égal aux crédits alloués aux entreprises privées rapportés au crédit intérieur total. Et le quatrième indicateur est le rapport des crédits aux entreprises avec le PIB.
La description d’un système financier ne s’arrête qu’aux indicateurs de son développement. Au-delà des allocations de ressources ; l’incidence du système financier sur la croissance de l’économie se révèle aussi à travers son efficacité et de son efficience. Les analyses de ces aspects efficacité-efficience renvoie à des travaux de nature globale que particulière, c’est-àdire dans le cadre macroéconomique international et national global vers l’étude des institutions financières et le marché financier.
Efficacité et efficience du système financier
Se rapportant aux fonctions sues mentionnées, l’analyse des aspects efficacité-efficience du système financier revient à détailler chacun des rôles des institutions financières et du marché financier. L’efficience d’un système financier se juge à la façon dont il participe à l’optimisation des comportements, au regard des objectifs que se fixe une société donnée (Dobson et Jacquet, 1998).
– Allocation optimale des ressources, acquisition et production d’informations sur les investissements profitables .
L’information est une variable importante dans le système financier. Un premier rôle du système financier est de réduire les coûts liés à la recherche d’information. En effet, la détention de meilleure information favorise le financement des meilleurs projets et donc la réalisation d’investissements rentables, productifs et innovants. Plus précisément, grâce à des économies d’échelle, l’intermédiation financière réduit les coûts d’information du financement externe, et ce faisant, accroît le rendement implicite des placements tout en diminuant le coût des emprunts. Les épargnants pris individuellement n’ont ni la capacité, ni les moyens d’évaluer les entreprises dans lesquelles ils désirent investir. L’intermédiaire financier se substitue à chacun des épargnants pour évaluer les opportunités d’investissement, réduisant ainsi le coût d’acquisition de l’information tout en offrant une opportunité de placement rentable pour les épargnants et un accès au crédit à moindre coût pour les emprunteurs Kpodar, 2006). Les coûts sont donc en quelque sorte mutualisés de part et d’autre.
Tous ces paramètres réunis, de par son efficacité, le système financier assure une meilleure allocation des ressources et favorise de ce fait la croissance économique.
– Gestion des risques
La gestion des risques se profile généralement de manière globale ou intertemporelle. Le système financier s’interpose entre épargnants et investisseurs en ce sens qu’il transforme les dépôts liquides en des actifs moins liquides convenables aux investisseurs. Il offre ainsi la possibilité aux épargnants de diversifier les actifs les rendant moins sensibles au risque et donc de stimuler l’investissement dont la rentabilité est plus élevée. Par exemple, en offrant des dépôts liquides et illiquides, les banques procurent une assurance contre le risque de liquidité pour l’épargnant et, simultanément favorisent les investissements à long terme dans des projets rentables (Levine, 1997) .
– Mobilisation, collecte de l’épargne et facilitation des échanges de biens et services L’intermédiation financière accomplit ces fonctions dans la mesure où elle fournit des crédits à l’exportation et des mécanismes de couverture contre les risques de change.
Toutefois, des politiques répressives peuvent contraindre l’effet du développement financier sur la croissance. Celles-ci sont qualifiées selon McKinnon et Shaw (1973) de répressions financières.
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Table des matières
INTRODUCTION
1. CADRAGE THÉORIQUE ET CONCEPTUEL
1.1 Justification du choix du thème et contexte de l’étude
1.2 Système financier et croissance économique : revue de littérature
1.3 Vulnérabilité : une approche pour décrire la précarité socio-économique à Madagascar
1.4 DEMARCHE METHODOLOGIQUE
1.5 Résultats attendus
1.6 Limites méthodologiques
2. RÉSULTATS – INTERPRÉTATIONS ET DISCUSSIONS
2.1 RESULTATS ET INTERPRETATIONS
2.2 DISCUSSIONS
2.3 RECOMMANDATIONS
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
Annexe 1 : Cercle vicieux de la pauvreté selon Nurkse
Annexe 2 : Statistique descriptive des données utilisées
Annexe 3 : Méthodologie : stationnarité et causalité au sens de Granger
Annexe 4 : Le modèle VECM