SYSTEME FINANCIER ET CROISSANCE ECONOMIQUE

Rôles et fonctions du système financier

                Les rôles que joue et les fonctions qu’exerce un système financier doivent être bien organisés pour avoir un système solide et capable de résister aux chocs.
Rôles Un système financier a pour rôles principales la facilitation des paiements et l’apport d’une dimension intertemporelle par l’accès au crédit, la constitution d’un stock de ressources financières, la facilitation de la gestion et de la diversification du risque, et le financement massif de l’innovation.
Fonctions Il existe cinq fonctions primordiales des systèmes financiers selon Levine (2005) : la facilitation des échanges de biens et services ; la mobilisation et la collecte de l’épargne ; la production d’information sur les investissements envisageables et l’allocation de l’épargne ; la répartition, la diversification et la gestion du risque ; et enfin le suivi des investissements en exécution et le contrôle de la gouvernance. Les rôles et les fonctions cités ci-dessus poussent non seulement l’économie à une bonne qualité des services mais aussi une bonne organisation financière qui influence sa croissance. Quant au marché financier, comment s’organise-t-elle et quels sont les agents qui s’y interviennent ?

Origines des capitaux

                   En principe, les capitaux proviennent de ces agents économiques explicités ci-dessus, mais qui ont des excédents de capitaux. Si le revenu des particuliers est élevé, il est probable que la part de l’épargne peut aussi l’être. L’épargne des particuliers est alors l’un des origines des capitaux. Ils peuvent conserver sous forme de thésaurisation, sous forme de dépôts à vue dans les banques, sous forme de dépôts dans les caisses d’épargne, sous forme de bons de caisse et de bons de Trésor. C’est la forme confiée aux banques qui incitent les banques à concourir intensément à l’économie en proposant des taux plus rémunérateurs. Puis, selon les Comptabilités Nationales, l’épargne des entreprises est l’ensemble des revenus bruts non distribués des sociétés. Leur offre revêt deux formes : les dépôts et les achats de valeur à court terme. Premièrement, les dépôts des entreprises en compte courant bancaire ou postal atteignent des montants considérables. Deuxièmement, leurs achats de valeur à court terme constituent une offre plus limitée mais plus active. C’est alors sa capacité d’autofinancement qui influence l’équilibre de l’offre et de la demande. Ensuite, les capitaux destinés à satisfaire les besoins de financement peuvent aussi venir de l’ « épargne publique ». En terme budgétaire, les Administrations épargnent dès qu’ils parviennent à dégager un excédent de leurs recettes ordinaires sur leurs dépenses courantes. Donc toute affectation de ressources fiscales ou assimilées au financement d’un emploi autre qu’une charge de fonctionnement équivaut à un acte d’épargne. Enfin, l’influence qu’exerce l’étranger sur l’approvisionnement de l’économie en moyens financiers est d’une façon directe par apport de fonds à court et à long terme sur les marchés de capitaux. Bref, le rôle des marchés financiers est alors d’abaisser le coût de l’information pour les opérations d’emprunt, de prêt ainsi que pour les transactions. Et un système financier solide doit conduire à la croissance de l’économie. Mais comment cette dernière se définisset-elle ?

Facteurs de la croissance

                  J. J. Carré, P. Dubois et E. Malinvaud (La croissance française 1896-1963,1972), a estimé la contribution des différents facteurs dans la croissance économique. Ils ont mesuré le rôle des facteurs matériels dans la croissance. Pour les nouvelles théories, la croissance est un phénomène auto-entretenu par accumulation des quatre facteurs principaux : le capital physique, la technologie, le capital humain, le capital public. La fonction de production utilisée est celle de Cobb-Douglas. Carré, Dubois et Malinvaud utilisent cette fonction de production sous forme dérivée :
Q = L? × K(1 – ?)
donc dQ / Q = ? × (dL / L) + (1 – ?) × (dK / K)
Avec (dQ / Q) le taux de croissance de la production, (dL / L) le taux de croissance de la quantité de travail et (dK / K) celle de la quantité de capital. On peut dire que la croissance doit être soutenue le plus longtemps possible. Ricardo et Adam Smith ont une vision pessimiste de la croissance économique. Le modèle néoclassique est dominé par le modèle de Solow. Harrod-Domar a défini une croissance équilibrée. Pour la nouvelle théorie, il existe quatre facteurs principaux qui sont le capital physique, la technologie, le capital humain, le capital public. Et, le principal indicateur pour mesurer la croissance économique est le produit intérieur brut. Actuellement, il y a tant de facteurs qui stimulent la croissance, mais du point de vue financière, quelle relation maintienne le secteur financier et le secteur productif ?

Indicateurs

                    L’étude suivante présente les indicateurs mesurant la croissance économique et la taille du secteur financier. L’analyse effectuée par King et Levine (1992 et 1993) retient le taux de croissance réel du PIB par tête. Les tests permettent de déterminer si le secteur financier influence le taux de croissance par le biais des investissements ou par le biais de leur efficacité. Concernant la taille du secteur financier ou sa profondeur19, il faut d’abord connaître les variations des taux d’intérêt car celles-ci affectent directement la santé de l’économie20. King et Levine (1992) proposent que, si le taux d’intérêt réel n’est pas un bon indicateur, la marge d’intermédiation peut être utilisée pour mesurer l’efficacité des intermédiaires financiers. La marge d’intermédiation est déterminée par la différence entre les taux d’intérêt débiteurs et créditeurs. Mais comment mesurer la taille du secteur financier ? Elle se mesure par des ratios prenant en compte certains agrégats monétaires : M1/PIB ; M2/PIB ; (M2 – M1)/PIB et M3/PIB.
i) M1 / PIB : L’agrégat M1 regroupe la monnaie fiduciaire (pièces et billets) et la monnaie scripturale (dépôts à vue). C’est l’agrégat monétaire le plus liquide. Pour Mckinnon, il y a une croissance soutenue si le degré de monétisation est élevé. Mais, s’il est trop élevé, il peut refléter un manque de diversification des placements à la disposition des agents économiques et un faible développement du secteur financier.
ii) M2 / PIB : L’agrégat M2 comprend M1 et les comptes sur livrets, les dépôts à terme dont la durée est inférieure ou égale à 2 ans et les dépôts à terme dont la transformation en moyens de paiement à l’échéance est considérée au contrat. Cet agrégat reflète mieux l’étendue du développement du secteur financier. Il faut prendre en compte une certaine prudence car il est possible que la taille augmente mais le taux d’épargne et le taux d’investissement diminuent.
iii) (M2 – M1) / PIB : Ce ratio mesure la part des quasi-liquidités dans le PIB. Il élimine la partie purement monétaire prise en compte dans M2 et permet de mieux appréhender la taille du secteur financier.
iv) M3 / PIB : L’agrégat M3 rassemble M2 et les actifs financiers qui comportent peu de risques en capital et sont transformables en monnaie. Ce ratio mesure la liquidité de l’économie au sens large. Il est rarement utilisé en raison de son caractère imparfait et de la disponibilité dans d’autres pays. Dans les pays en développement, le ratio « M2 / PIB » est le mieux adapté pour mesurer la profondeur financière21. Et, comment mesurer la structure et si le secteur financier est efficace ou non ? La structure et l’efficacité se mesurent par des ratios prenant en compte les crédits accordés par le secteur bancaire : « Crédits destinés au secteur privé/PIB » ; « Crédits destinés au secteur privé/Crédits totaux » ; et enfin « Crédits accordés par les banques de dépôts/Crédits accordés par les banques des dépôts et par la Banque Centrale ».
v) Crédits destinés au secteur privé / PIB : C’est un indicateur de la structure de distribution des crédits à l’économie. Dans un contexte de faible régulation, les crédits peuvent être dirigés vers des investissements peu productifs.
vi) Crédits destinés au secteur privé / Crédits totaux : C’est un indicateur de taille relative du secteur privé. Selon King et Levine (1992), les pays avec un taux de croissance élevé allouent une part importante de crédits au secteur privé.
vii) Crédits accordés par les banques de dépôts / Crédits accordés par les banques de dépôts et par la Banque Centrale : Il mesure l’importance des banques commerciales dans la distribution des actifs. Pour tester l’influence des différents types d’institutions bancaires sur le taux de croissance, King et Levine intègrent ce ratio dans une équation de croissance. Ils montrent qu’il y a une corrélation positive et significative entre ce ratio et le taux de croissance économique. En guise de conclusion, théoriquement ou empiriquement, les interactions entre système financier et croissance économique sont vérifiées et existent vraiment. Un des canaux dans cette étude est la part de l’épargne collectée par les banques et allouée aux investissements. Si les banques n’allouent qu’une faible proportion de l’’épargne collectée, ce n’est donc pas évident que l’impact soit positif. Dans la seconde sous-section, l’étude se portera sur le cas de Madagascar.

CONCLUSION

                Une économie solide et dynamique a besoin d’un système financier capable de transférer les fonds des épargnants vers les agents auxquels s’offrent des occasions d’investissements productifs. La structure financière d’un pays est organisée de façon qu’elle puisse favoriser l’efficacité économique. La stimulation de l’épargne ne sera pas atteinte si le système financier n’est pas efficace. Or, le fonctionnement efficace du système financier soutient la croissance. Cette dernière a plusieurs facteurs qui pourront être spécifiés pour chaque pays, par exemple la technologie et le capital public. Plusieurs pensées ont défini des modèles de croissance comme la pensée keynésienne représentée par le modèle HarrodDomar et la pensée néoclassique par le modèle de Solow. Il y a un effet positif sur la croissance en permettant une meilleure assurance contre le risque d’une liquidité insuffisante des investissements réels. Même si le système financier malgache est dominé par le secteur bancaire, ce dernier est peu actif dans le financement de l’économie. Donc, les banques privées sont sur liquides et les banques publiques ont d’importantes difficultés en raison de l’accumulation des créances douteuses. En général, l’étude a mis en évidence les interactions entre secteur financier et croissance économique. Donc, ce lien est bien déterminé. Le secteur financier influence vraiment la croissance économique. L’étude a montré les différents canaux par lesquels l’amélioration de la productivité des investissements se transmet à la croissance économique. Le secteur financier malgache ne soutient pas réellement l’économie. Pour le cas de Madagascar, ce système est averse au risque et a un système bancaire peu diversifié. Dans ce cas, il faut identifier les principales sources de risque systémique au sein du système financier et mettre en œuvre des politiques visant à améliorer sa résilience aux chocs et à l’infection. Alors, doit-on diriger vers un développement financier ou inclure financièrement la population ?

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Table des matières

Introduction
PARTIE 1.: DEFINITION D’UN SYSTEME FINANCIER
1. 1. Rôles et fonctions du système financier
1. 1. 1. Rôles
1. 1. 2. Fonctions
1. 2. Marché financier
1. 2. 1. Institutions financières
1. 2. 2. Agents économiques et ses besoins de financement
1. 2. 3. Origines des capitaux
PARTIE 2.LA NOTION DE CROISSANCE ECONOMIQUE
2. 1. Théorie économique
2. 1. 1. Définition de la croissance économique
2. 1. 2. Théories de la croissance
2. 2. Mesure et facteurs de la croissance
2. 2. 1. Mesure de la croissance
2. 2. 2. Facteurs de la croissance
PARTIE 3.LA RELATION ENTRE SYSTEME FINANCIER ET CROISSANCE ECONOMIQUE
3. 1. Analyse théorique
3. 1. 1. Théories
3. 1. 2. Indicateurs
3. 2. Analyse empirique: cas de Madagascar
3. 2. 1. Système financier malgache
3. 2. 2. Evaluations des données en série chronologique
Conclusion
Référence bibliographique

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