Système d’innovation et accompagnement entrepreneurial

Système d’innovation et accompagnement entrepreneurial

L’innovation responsable : un impératif

L’entrepreneur qui n’a pas fait l’objet d’études approfondies des chercheurs d’antan est devenu aujourd’hui l’un des sujets incontournables, et un acteur important dans les secteurs, primaire, secondaire, et tertiaire des territoires. Les auteurs s’accordent à considérer que l’entrepreneuriat stimule la dynamique économique et la croissance (Fatiha Fort et al., 2016). C’est d’ailleurs le cas au Burkina-Faso où, selon un rapport de la Chambre du commerce et de l’industrie (CCIBF), le tissu économique du pays est majoritairement constitué de PME avec une moyenne de 3500 à 4000 entreprises créées par an cette décennie ; en France on dénote 554 000 entreprises créées en 2017 soit une hausse de 6 %, la plus forte depuis six ans (Bpifrance, 2017). Les entrepreneurs burkinabé participent à la croissance de leur économie.

Dans le raisonnement de Schumpeter et face à la situation économique dans laquelle il se trouvait à son époque il reliait entrepreneuriat et innovation (car dans un contexte de saturation des marchés il fallait toujours proposer mieux que les concurrents) et projetait la fin de l’entrepreneur (Schumpetérien) en l’absence d’innovations. Plus tard, au 20ème siècle, l’homme d’affaires est devenu la norme sociale dominante et J. A. Schumpeter (1979) met en avant l’entrepreneur révolutionnaire lequel incarne l’acte d’innover face à l’entrepreneur routinier qui participe à la diffusion de l’innovation (Boutillier, 2016). Aujourd’hui dans un contexte où le développement durable (la prise en compte de l’influence des actions de l’homme sur la planète ; la réduction des émissions de GES …) prend de l’ampleur, apparait une remise en cause de cette innovation jusque-là supposée sans risques. L’étude des conséquences des innovations, technologiques ou non, sur l’être humain et sur la planète a donné naissance à de nombreuses disciplines. Les concepts à l’instar de l’éco-innovation, l’éco-conception, la responsabilité sociétale des entreprises, l’écologie industrielle, l’innovation responsable, font leur apparition ; cette dernière nous intéressera dans le cadre de cette étude.

L’innovation responsable est une idée simple : faire en sorte que les innovations aient un impact positif sur la vie des individus, la société et sur l’environnement. Elle est donc différente de l’innovation sociale, qui cherche à créer de nouvelles manières de répondre aux besoins des personnes défavorisées. Temri (2018), dans son papier intitulé l’innovation responsable cite Xavier Pavie en affirmant que ce soit dans le cas de la recherche et innovation responsable (RRI), de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE), ou dans le cas de l’entreprise, ce qui nous intéresse particulièrement, les origines de l’innovation responsable sont à retrouver en philosophie avec Hans Jonas (1979). « L’origine de l’innovation responsable peut être trouvée chez le philosophe Hans Jonas qui, en 1979, dans Le Principe responsabilité développe l’idée que le savoir humain surpasse le savoir prévisionnel. Par conséquent, il est fondamental selon lui d’adopter une éthique destinée à combler cet écart. Sans rejeter science et technique, Jonas expose la nécessité de déployer une responsabilité à visage humain face aux risques que la technologie apporte et qui met en jeu l’humanité. » Pavie (2012)

Les auteurs sont d’accord sur l’origine philosophique de ce concept dissociable ; on y retrouve d’une part l’innovation (Innover, c’est introduire de nouvelles combinaisons dans l’entreprise : « fabrication d’un nouveau produit, introduction d’une méthode de production nouvelle, ouverture d’un nouveau débouché, conquête d’une nouvelle source de matières premières ou de produits semi-ouvrés, réalisation d’une nouvelle organisation » Schumpeter, cité par Tonglet, 2004, p.12) et d’autre part la responsabilité (« en droit civil, la responsabilité se définit par l’obligation de réparer le dommage que l’on a causé par sa faute et dans certains cas déterminés par la loi , en droit pénal, par l’obligation de supporter le châtiment. On peut observer la place donnée à l’idée d’obligation : obligation de réparer ou de subir la peine. Est responsable quiconque est soumis à ces obligations. » Ricoeur, 1994. P 28). Nous remarquons qu’il s’agit de répondre de ses actes en réalisant de nouvelles combinaisons des facteurs de production ; l’entrepreneur pense aux répercussions de sa nouveauté. Le concept semble avoir une définition un peu ambiguë selon qu’elle soit employée en Français ou en Anglais ;

Dans un contexte franco-britannique, les concepts d’innovation responsable et de « responsible innovation » n’ont par conséquent pas exactement la même portée ; le premier tend à davantage inclure les relations entre les différentes parties prenantes et les enjeux légaux, alors que le second se concentre sur l’idée générale de devoir prendre en considération les conséquences de ses actes dans l’innovation. De façon générale, l’innovation responsable est donc une innovation durable qui, en plus de viser des bénéfices économiques, prend en considération ses propres implications sociétales en étant soucieuse du respect de l’environnement, de la santé humaine, des conditions de travail, du niveau de vie et des choix de société en matière d’éthique, de respect de la vie privée et d’équité. L’innovation responsable se veut une innovation « anticipatrice » qui doit s’accompagner à chaque étape de recherches approfondies et transparentes pour évaluer les opportunités et les risques actuels et futurs qu’elle présente pour les populations (Maggy Heintz, 2011).

Entreprendre de façon innovante et responsable : l’importance du contexte

La littérature sur l’innovation entrepreneuriale souligne l’importance des interactions entre l’entrepreneur et l’environnement dans lequel il évolue. Autio et al. (2014) parlent d’écosystème entrepreneuriaux qui comprennent cinq dimensions : 1)le contexte industriel et technologique (qui induit différents types d’innovations selon son niveau de développement), 2) le contexte organisationnel qui capture les influences de la culture, des valeurs, pratiques, expériences, 3) le contexte institutionnel et politique, 4) le contexte social qui décrit le réseau d’acteurs qui entourent l’entrepreneur et qui lui permet d‘accéder à des connaissances et des ressources, 5) les dimensions spatio-temporelles (durée des processus et localisation de l’entrepreneur qui peuvent influer sur ses capacités à innover).

Selon la configuration du contexte, des innovations peuvent décliner voire disparaitre dans un contexte donné et décoller dans un autre contexte. Actuellement ces différentes dimensions des écosystèmes entrepreneuriaux sont inégalement étudiées dans la littérature, ce qui ne permet pas de connaitre leurs poids relatifs ou les liens entre un type de configuration et des modalités d’innovation entrepreneurial. Kenney et Patton (2005) soulignent par exemple l’importance du contexte social c’est-à-dire du réseau de services d’appui, des clients et des fournisseurs dans un domaine technologique donné pour permettre le succès d’entreprises innovantes. Par ailleurs, Amin et Cohendet (2000) montrent que les connaissances nécessaires à l’innovation entrepreneuriale sont généralement largement dispersées parmi de nombreux acteurs hétérogènes et que les interactions et les échanges entre eux sont cruciaux pour la production de nouvelles connaissances. Ces acteurs peuvent être des clients, des fournisseurs de services ou d’intrants, des acteurs institutionnels (Garud et al., 20003)

Structures d’accompagnement existantes Il existe aujourd’hui de multiples structures spécialisées dans l’accompagnement entrepreneurial mais qui ne sont pas nécessairement dédiées à l’appui à des projets d’innovation responsable. Les méthodes dédiées à l’innovation responsable sont encore peu développées. Il existe par exemple le design thinking (DT) qui est identifié comme l’une des démarches d’accompagnement permettant d’impliquer les parties prenantes et de mettre l’humain au coeur des processus d’innovation, en se posant des questions à chaque étape du processus et en proposant des critères à adopter pour atteindre des objectifs de développement durable. Quoiqu’il en soit, il est démontré qu’un accompagnement aux phases de démarrage et de développement est crucial pour assurer la viabilité du projet. Nous présentons ici les appuis classiquement proposés aux entreprises.

L’accompagnement entrepreneurial recouvre un ensemble services de mise en relations et/ou de médiations, inscrites dans le temps et dans l’espace, visant à apporter les ressources matérielles et immatérielles nécessaires au créateur ou au repreneur d’entreprise (Pluchart, 2013). Léger-Jarniou (2008) nous apporte plus de précisions sur les phases de l’accompagnement entrepreneurial : l’accueil, l’accompagnement et le suivi post-création. L’accueil comprend l’information, la sensibilisation et l’orientation des porteurs de projets. Ensuite l’accompagnement proprement dit comprend l’aide au montage complet du dossier pour aboutir à présenter un business plan d’une part et à organiser un accompagnement financier d’autre part. Des formations peuvent également être envisagées à ce niveau sur des points précis ainsi que des temps de rencontre avec l’accompagnant pour valider et construire le business plan. L’accompagnement financier peut aller jusqu’à aider le porteur de projet dans ses démarches de négociation avec des apporteurs de fonds. Enfin le suivi post-création comprend toutes les formes d’appui au chef d’entreprise pour l’aider à piloter sa jeune entreprise.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport gratuit propose le téléchargement des modèles gratuits de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

Résumé
DEDICACE
Remerciements
INTRODUCTION
1ère partie : Innovation responsable, système d’innovation et accompagnement entrepreneurial
1.1. Définition des concepts
1.1.1. L’innovation responsable : un impératif
1.1.2. Entreprendre de façon innovante et responsable : l’importance du contexte
1.1.3. Accompagner des entrepreneurs porteurs de projets d’innovation responsable
1.2. Etat des lieux au Burkina-Faso dans le domaine de l’agro-alimentaire
1.2.1. Les politiques d’appui à l’innovation et l’entrepreneuriat
1.2.2. Cartographie des services support aux entreprises innovantes
1.2.3. Panorama des initiatives entrepreneuriales innovantes
1.3. Hypothèses de recherche
2ème partie : Trajectoires d’innovation responsable et besoins d’accompagnement des entrepreneurs
2.1. Méthodologie d’analyse
2.1.1. Evaluer les dimensions innovantes et responsables
2.1.1. Sélection de trois entreprises
2.1.2. Ateliers participatifs d’auto-évaluation pour collecter des données
2.2. Trajectoires distinctes et besoins d’accompagnement contrastés
2.2.1. Cas 1 : Faso Soap / Maia SAS
2.2.2. Cas 2 : BILADA
2.2.3. Cas 3 : KALAN EXPO
2.3. Des réseaux d’acteurs hétérogènes
2.4. Des compétences fortes
2.5. Synthèse et discussion
2.6. Perspectives d’amélioration des dispositifs d’accompagnement
CONCLUSION
Bibliographie
ANNEXES :
ANNEXES N°1 : Typologie des organisations d’accompagnement entrepreneurial au Burkina-Faso.
ANNEXES N°2 : Compte rendu de l’entretien avec l’incubateur social « La Fabrique »
ANNEXES N°3 : Questionnaire de caractérisation des profils des entrepreneurs innovants
ANNEXES N°4 : Questionnaire d’évaluation des capacités à innover de façon responsable.
ANNEXE N° 5.1 : Programme de l’atelier
ANNEXE N° 5.2 : Guide d’animation (Méthodes et Outils)
ANNEXE N°6 : Cartographie du Burkina-Faso

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *