LES SYSTEMES DE PRODUCTION
LES ENSEIGNEMENTS A RETENIR
Nous constatons que l’encadrement agricole des Comores a connu une constante évolution en partant de la démarche coercitive jusqu’à la démarche incitative en passant par celle de la démarche directive.En outre, toutes ces démarches font participer, ou plutôt impliquent la population comorienne au développement, à des degrés divers, mais la forme de participation varie avec le temps: de la colonisation (si nous considérons que les pratiques coloniales ont une fonction éducative conformément au rapport de la commission d’enquête de Léopold II de 1900 cité par P. DEBOUVRY) à nos jours, la population comorienne a été contrainte à participer au « développement ». Partant d’une participation forcée (réquisition obligatoire de la période coloniale) à une participation concertée (participation de la population à l’élaboration des programmes de développement de nos jours), la population comorienne a subi, durant des longues années, une participation décidée de l’extérieur.En conséquence, ceci, nous amène à retenir que le terme de démarche participative est peut-être nouveau, mais par contre, sa pratique est vieille comme le concept de développement. Cependant, elle présente le paradoxe d’être toujours une volonté de l’extérieur (Olivier de SARDAN) au lieu d’être une initiative endogène.
Cette volonté exterieure ne cache-t-elle pas une autre forme de démarche directive?
En tant que producteur, je dirai si. Les producteurs sont rarement associés à la définition de la problématique du développement. Celle-ci est identifiée par des intervenants extérieurs à leur village ( experts internationaux, cadres nationaux,etc. ). Et ces mêmes intervenants décident à leur gré de la démarche à entreprendre et du mode de participation à mettre en oeuvre pour résoudre les problèmes des producteurs. Ce point de vue est illustré par les propos du signataire de contrat de Héléndjé qui nous disait que, je cite, »comment voulez-vous que nous payons nos animateurs ( le village dispose de deux animateurs: un animateur et une animatrice) alors que nous avons des problèmes d’outillage ». Cette question qui nous est posée souvent par les signataires de contrats montre que la problématique formulée par les cadres et les producteurs se divergent: – le problème des producteurs se trouve dans l’approvisionnement d’intrants agricoles et par contre celui formulé par les experts et les cadres s’oriente vers la prise en charge des animateurs.
Face à une telle situation les producteurs considérent qu’on ne tient pas compte de leur priorité et qu’on continue à prendre des décisions les conernant sans les assocoier.En tant que gouvernant, je dirai non. Si les Comores aujourd’hui ont ratifié l’étude des experts internationaux sur la stratégie agricole, qui préconise la participation comme mode opératoire des actions de développement, c’est moins par conviction que par nécessité dans la mesure où l’Etat comorien n’a pas les moyens financiers d’assurer un encadrement de type directif comportant une pléthore d’agents d’encadrement des services agricoles. Pour assurer la vulgarisation agricole, l’Etat se trouve dans l’obligation de s’adapter aux possibilités financières, et en conséquentce, d’adopter les propositions venant de l’extérieur.En tant qu’un agent de développement, je dirai également non car chaque intervenat a toujours besoin d’avoir une structure d’interface pour servir de relais de son intervention.En effet, la participation paysanne à l’identification de la problématique de développement est loin d’être éffective. Elle mérite d’être prise en compte et adaptée à la situation comorienne.Mais cette participation pose une problématique d’interprétation et de mode d’exécution.
LA DEMARCHE,PARTICIPATIVE
PROBLEMATIQUE DE LA PARTICIPATION
Dans les quelques lignes qui suivent, nous essayerons d’abord de comprendre le sens du mot « participation » avant de relater d’une part, l’engouement des projets de développement pour l’approche participative et d’autre part, la problématique de cette approche pour les Comores.
Définition
Le petit Robert donne deux sens à sa définition sur la participation: 1 er, action de participer à quelque chose, à sa mise en œuvre. Ici, la participation donne un droit de regard, de libre discussion et d’intervention à ceux qui, dans une communauté, devaient en subir la loi, le règlement. 2 e , action de participer à un profit, à un résultat. Cette définition s’intéresse beaucoup plus à l’économie dans la mesure où elle traite de bénéfice.
Dans le domaine du développement, la première définition semble plus appropiée dans la mesure où elle s’intéresse à la communauté, en lui donnant droit de regard, de libre discussion et d’intervention sur une action qui la concerne mais elle évalue, et c’est significatif, la question de la participation au résultat qui serait pourtant le seul critère décisif pour « inviter les populations à participer ».Cette photo représente l’impluvium (1) de chindini hotsao dans le CEA de Batsa. Il a été construit sur financement FED dont l’objectif visé est de résoudre le problème d’arrosage des cultures et d’abreuvement des bovins pendant la saison sèche.
Grâce à sa potentialité agricole, la Mission Française de coopération a financé le bitumage (2) de la piste reliant cette zone aux villages riverains; Koua, Batsa et Ouzio.
Qu’est ce qu’on remarque de cette photo?
1. On constate que (3) les agriculteurs continuent à donner à leurs bovins des cossettes des pseudo troncs de bananiers pour les abreuver (le point 3 est développé dans la photo 2 de la page 36). 2. On voit également des linges qui sont par terre (4). Les femmes quittent leur village pour venir faire le linge dans les zones de cultures.
Qu’est ce qu’on peut retenir de cette photo?
Les priorités formulées par les « développeurs » ne coïncident pas aux vrais besoins des producteurs. Certes les producteurs ont besoin de l’eau car elle se fait rare dans cette île volcanique mais on peut dire que leur priorité se trouve dans l’usage domestique. Pour sécuriser l’eau des citernes des ménages, les producteurs sacrifient l’agriculture pour des fins de ménage (faire le linge par exemple).
C’est pour dire que si les agriculteurs ont participé à l’identification de la problématique de l’eau de la zone, la priorité de leur choix aurait porté certainement sur la construction des citernes dans les villages au détriment de la construction de l’impluvium dans les zones de cultures.
Cette photo représente la manière dont les agriculteurs font abreuver leur bétail à partir de cossettes de pseudo tronc de bananier.
Le taureau est attaché à la corde au pied (1) avec un piquet. L’agriculteur découpe en petite tranche (3) avec une machette (2) le pseudo tronc de bananier.
Qu’est ce qu’on remarque de cette photo?
Cette photo est le développement du point 3 de la photo 1. Elle est prise à quelques mètres de l’impluvium. Au lieu de faire abreuver son boeuf à l’impluvium l’agriculteur continue à donner de cossettes de pseudo tronc de bananier à son animal.
Qu’est ce qu’on peut retenir de cette photo?
L’attitude de cet agriculteur est tellement ambiguë et elle nous emmène à nous interroger sur la démarche prônée par les acteurs de développement pour introduire les innovations en milieu rural.
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE 1 : CADRE DE L’ETUDE
l.CHOIX DU THEME DE L’ETUDE
J.J FORMULATION DE DEPART.
J.2 FORMULATION PROVISOIRE.
J.3 LA FORMULATION DEFINITIVE
2. PROBLEMATIOUE
3. PRESENTATION DU PROJET DECVAS : (PROJET DE DEVELOPPEMENT DES CULTURES VIVRIERES ET ApPUI SEMENCIER)
3.J LE PROJET
4. DEMARCHE GENERALE
4.J OBJECTIFS DE L’ETUDE
4.2 METHODOLOGIE
4.2.1 PREMIER ETAPE
4.2.2 LES DEUXIEMES ENQUETES
4.2.2 DEUXIEME ETAPE
4.2.3 TROISIEME ETAPE
CHAPITRE II: CONTEXTE DE L’ETUDE
1. PRESENTATION DES COMORES
J.J L’ARCHIPEL DES COMORES: Quatre îles volcaniques
J.2.LA POPULATION: une population arabo-africaine continuellement agitée
1.2.1. ORIGINE DE LA POPULATION
1.2.2. UNE POPULATION PERPETUELLEMENT BOUL VERSEE
1.2.3.L’ ECONOMIE: une situation économique critique
1.3 LA GRANDE COMORE: la cadette des iles
2. CARACTERISTIQUE DE LA ZONE D’ETUDE.
2.1. LOCAL/SA TION ET CARA CTERISATION.
2.1.2. CARACTERISATION
2.2. ORGANISA TION DE LA SOCIETE.
2.2.1 ORGANISATION SOCIALE
2.2.2 ORGANISATION PROFESSIONNELLE AGRICOLE
2.3. LES SYSTEMES DE PRODUCTION
2.3.1 LE SYSTEME DE CULTURE
2.3.2 LE SYSTEME D’ELEVAGE
2.4. LES STRUCTURES D’EXPLOITATION AGRICOLE.
CHAPITRE III: SYSTEME D’ENCADREMENT RURAL AUTONOME
1. HISTORIOUE DE L’ENCADREMENT AGRICOLE AUX COMORES
1.1 EVOLUTION DES DEMARCHES
1.1.1 LA DEMARCHE COERCITIVE
1.1.2 LA DEMARCHE DIRECTIVE
1.1.3 LA DEMARCHE INCITATIVE 1.104 LES ENSEIGNEMENTS A RETENIR
1.2 LA DEMARCHE PARTICIPATIVE
1.2.1 PROBLEMATIQUE DE LA PARTICIPATION
1.2.1.1 Définition
1.2.1.2 Le Concept de la participation: un engouement des projets de développement
1.2.2 LES DEMARCHES DES DIFFERENTS PROJETS
1.2.2.1 LE PANSAC (projet d’appui à la nouvelle stratégie agricole des Comores)
1.2.2.2 Le P.A.F.R: Projet d’Appui aux Filières de Rente
1.2.2.3 LE PAFIA: Projet d’Appui à la Filière Intrant Agricole
1.2.2.4 Le P.A.I.E.B: Projet d’Appui aux initiatives Economiques de Base
1.2.2.5 LE SANDUK
1.2.3 ANALYSE COMPAREE DES INTERVENTIONS EN MATIERE DE PARTICIPATION DES POPULATIONS
1.2.3.1 Des approches très diverses
1.2.3.2 Intérêt des acteurs de développement pour l’organisation sociale
1.204 PROPOSITION PROVISOIRE D’UN REFERENTIEL D’APPROCHE PARTICIPATIVE: une tentative d’harmonisation des approches
1.2.4.1 Sensibilisation
1.2.4.2 Etude du milieu
1.2.4.3.Restitution de l’étude du milieu
1.2.404 Comité provisoire de développement.
1.2.4.5. Formation
1.2.4.6. Programme de développement.
1.2.4.7. Restitution du programme de développement à la communauté
1.2.4.6. Comité de Développement Agricole (CDA)
1.2.4. 7.Contrat avec les partenaires au développement
1.2.4.b. Programmation annuelle
1.2.4.9. Suivi et évaluation
2.L ‘ENCADREMENT RURAL AUTONOME
2.1 L’APPROCHE ‘MSHANGIRIZJ
2.1.1 DEFINITION
2.1.2 OBJECTIF
2.1.3 LA STRATEGIE D’INTERVENTION
2. 13.1 Démarche
2.1.3.2 Mode d’intervention
2.1.4 ANALYSE DE L’APPROCHE « MSHANGIRIZI »
3. DIAGNOSTIC DE L’APPROCHE
3.1 UNE AGRICULTURE NON PRIORITAIRE
3.2 LA MULTIPLICITE DE DEMARCHES.
3.3 L’INTERVENTION DU PROJET
3.3.1 L’INTERVENTION PROPREMENT DITE
3.3.2 L’ADHESION DE LA COMMUNAUTE
3.3.4 LES ANIMATEURS
4.RECOMMANDATIONS
4.1 RECOMMANDATION PARTIELLE
4.1.1 AMELIORATION DE L’INTERVENTION DU PROJET..
4.1.2 VALORISATION DE L ‘ AGRICULTURE; Commercialisation des produits vivriers
4.2 RECOMMANDATION GENERALE
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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