L’élevage occupe une place appréciable dans l’économie nationale du Sénégal, il participe pour 4,3% à la formation du PIB (SENEGAL, 2016). Cette position de l’élevage semble se renforcer d’année en année avec un taux de croît de l’ordre de 6% par an. En outre les productions animales touchent une part importante de la population rurale (60%) pour laquelle elles assurent la sécurité alimentaire (viande et lait), épargne, force de travail et fertilisation des champs (SENEGAL, 2016). Le développement accéléré du secteur, dont le potentiel reste encore largement sous-exploité peut en effet, dans le très court terme impacter positivement sur les conditions de vie des populations (sécurité alimentaire et nutritionnelle, amélioration des revenus) et la création d’emplois. Les objectifs stratégiques définis pour le secteur par le Plan Sénégal Emergent (PSE) visent, d’une manière générale, à améliorer sa compétitivité durable. A cet effet, des stratégies d’intervention visant à accélérer le développement des filières de production ont été ainsi adoptées et consistent (SENEGAL, 2017) :
✓ à l’amélioration de la productivité et de la production des filières animales ;
✓ à la création d’un environnement favorable au développement des systèmes d’élevages ;
✓ au renforcement des infrastructures de transformation, de conservation et de commercialisation des produits d’animaux avec une meilleure intégration dans la filière industrielle ;
✓ à l’amélioration de la structuration des segments industriels et familiaux des filières prioritaires, dont les filières bétail-viande et l’aviculture industrielle qui offrent des opportunités énormes pratiquement au niveau de tous les maillons de la chaîne de valeur (SENEGAL, 2017).
Des prérequis pour l’atteinte des objectifs du PSE ont cependant été identifiés et portent sur la mise en place des infrastructures et équipements pastoraux, l’amélioration de la mise en marché des produits par le renforcement des équipements de transformation et de commercialisation, l’amélioration de la santé animale et des conditions sécuritaires, l’organisation et la professionnalisation des acteurs, la disponibilité de financements appropriés et l’application effective du code pastoral (SENEGAL, 2017). L’élevage des caprins occupe une place importante dans le secteur de l’élevage avec un effectif de 5 704 000 têtes (SENEGAL, 2017) et un accroissement annuel de 2,6% (SENEGAL, 2016), la grande partie de cet élevage se fait en milieu rural sous forme d’élevage extensif où les chèvres constituent une source de revenu importante pour les ménages. En effet, la viande de chèvre occupe une part importante de la production au Sénégal : 242 641 tonnes de viandes sont produites par an toutes espèces confondues, 9% de cette quantité est produite par la chèvre soit 21 837,69 tonnes (SENEGAL, 2017). Les chèvres sont très présentes dans la vie quotidienne pour la consommation des ménages, pour renflouer la caisse des dépenses domestiques, pour les rites coutumiers, pour les cérémonies des mariages et les baptêmes. La chèvre joue un rôle de réserve, de « tirelire » pour les populations rurales (MANI, 2013). Elles sont aussi une source de produit de valeur en dehors de la viande, le lait pour sa commercialisation et la fabrication du fromage, leurs peaux pour l’industrie de cuir. En 2016, 3 160 tonnes ont été exportées, dont 58% de peaux d’ovins, 22% de cuirs de bovins et 20% de peaux de caprins (SENEGAL, 2017).
Elevage des petits ruminants au Sénégal
Situation de l’élevage au Sénégal
Le cheptel sénégalais est estimé à 3 541 000 bovins, 6 678 000 ovins, 5 704 000 caprins, 4 23 000 porcins, 557 000 équins, 471 000 asins et 5 000 camelins (SENEGAL, 2017) (figure 1). Les systèmes de productions existants traditionnellement dans les différentes zones agro-écologiques ont dû s’adapter aux nouvelles conditions du milieu (réduction des parcours naturels, diminution de la pluviométrie, demande urbaine plus importante et plus exigeante etc.). Le secteur de l’élevage est marqué par une progression régulière. Toutefois, il est confronté à des contraintes liées notamment à la faible valorisation des ressources pastorales du fait de la prédominance du mode d’élevage extensif, des faibles capacités techniques et organisationnelles des différentes filières, de l’insuffisance des infrastructures et équipements pastoraux, du vol fréquent du bétail et de la faible valorisation des résultats de recherches. En outre, il est également à noter la faible valorisation des produits de l’élevage due à une insuffisance d’infrastructures et d’équipements de mise en marché de ces produits, entrainant des difficultés de collecte, de transformation, de conservation et de distribution des produits animaux. Enfin, l’incidence des maladies animales et les limites institutionnelles dans la coordination et le pilotage du secteur constituent des freins pour le développement du secteur de l’élevage (SENEGAL, 2017).
Les politiques de développement ont permis pour certaines espèces, le développement de système de production plus intensifié utilisant de nouvelles races ou souches. Cependant, en ce qui concerne les petits ruminants, les unités de production ou les effectifs d’animaux dans ces systèmes de production intensifiés ne sont aujourd’hui pas encore importants. Toutefois, les chiffres des animaux dans ce système de production ne fait que s’accroître avec l’utilisation de génotypes nouveaux au fil des années (SENEGAL, 2017).
Ces proportions montrent une dominance des petits ruminants, ainsi les deux espèces seules (ovins et caprins) représentent 71% du cheptel national, après viennent les bovins représentant 20% du cheptel, les autres espèces (asins, équins, porcins et les camelins) ne sont représentées qu’en petit pourcentage. Ceci s’explique par le fait que la demande des petits ruminants est plus élevée (GUEYE, 1997 ; SENEGAL 2013), notamment à cause de leur importance pour la fête de TABASKI, les cérémonies coutumières, lors des mariages au village, pour les sacrifices, la consommation des ménages. Les petits ruminants ont également une zone d’élevage beaucoup plus étendue du fait de leur adaptation facile aux milieux (ISSOUFOU, 2014).
Zones d’élevages
Le régime des pluies qui est l’élément fondamental de climat intervenant dans les faits d’élevage permet de subdiviser le Sénégal en trois domaines climatiques :
• le domaine sahélien au nord ;
• le domaine soudano-sahélien au centre ;
• le domaine sub-guinéen au Sud.
Domaine sahélien
Le domaine couvre la partie Nord du pays depuis la frontière avec la Mauritanie jusqu’à une ligne reliant Ndande à Matam entre les isohyètes 300 et 500 mm au sud. La saison des pluies y dure 2 à 3 mois avec un maximum de précipitations enregistré au mois d’août. La saison sèche dure plus de 8 mois. La température moyenne annuelle est de 28°C avec des maximums de 40-42°C de mars à juillet. C’est le domaine de la steppe avec une strate herbacée pauvre en légumineuses et composée surtout de graminées de taille moyenne (NDIAYE et BA, 1972). Ces graminées forment sur les sols ferrugineux tropicaux non lessivés de belles prairies d’hivernage rapidement desséchées dès novembre par la chaleur et la sécheresse. Dans ce domaine, la faible quantité des précipitations atmosphériques et leurs répartitions très irrégulières rendent aléatoires toute production agricole. La mise en valeur des terres est le seul fait des animaux qui transforment les ressources naturelles disponibles en produits (viande, lait …) utilisables par l’homme. C’est la zone d’élevage par excellence du pays, ce domaine couvre trois zones écologiques :
• la zone de la vallée du fleuve Sénégal ;
• la zone Sylvo-pastorale ;
• la zone Nord du bassin arachidier.
Zone de la vallée du fleuve Sénégal
Dans cette zone l’élevage est pratiqué essentiellement par les Peuls mais aussi d’autres ethnies telles que les Maures, les wolofs. Cet élevage constitue l’activité principale des Peuls, malgré les mutations intervenues à la faveur des aménagements hydro-agricoles. En effet, avant la mise en œuvre des programmes d’aménagement, la vallée avait une vocation essentiellement pastorale, en plus de l’exploitation des terres pour la culture de décrue. A cet effet, les animaux utilisaient alternativement les parcours du Diéri en saison des pluies et les cuvettes du Waloo en saison sèche. Au cours de la même période les éleveurs s’adonnaient à la culture de décrue. Les aménagements hydroagricoles et le développement subséquent des cultures irriguées ont modifié l’espace pastoral en réduisant la disponibilité en ressources fourragères naturelles, néanmoins des sous-produits agricoles utilisables par les animaux existent. En définitive, l’élevage dans la zone est mené par des personnes qui s’occupent d’activités à la fois agricoles et pastorales. Malgré cette évolution favorable on note une tendance d’exclusion des activités d’élevage au profit des activités agricoles et le salariat (GUEYE, 1997).
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE 1 : Elevage des petits ruminants au Sénégal
SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
1.1. Situation de l’élevage au Sénégal
1.2. Zones d’élevages
1.2.1. Domaine sahélien
1.2.1.1. Zone de la vallée du fleuve Sénégal
1.2.1.2. Zone Sylvo-pastorale
1.2.1.3. Zone nord du bassin arachidier
1.2.2. Zone soudano-sahélienne
1.2.3. Zone sub-guinéenne
1.3. Situation actuelle de l’élevage des petits ruminants au Sénégal
CHAPITRE 2 : Système d’élevage des caprins au Sénégal et principales races exploitées
2.1. Origine et évolution de la chèvre
2.1.1. Historique de la chèvre et sa domestication
2.1.2. Extension de la chèvre en Afrique et au Sénégal
2.2. Système d’élevage
2.2.1. Définition
2.2.2. Système moderne ou intensif
2.2.3. Système traditionnel ou extensif
2.2.3.1. Système pastoral
2.2.3.2. Système agro-pastoral
2.3. Importance et contribution économique du cheptel
2.4. Races exploitées au Sénégal
2.4.1. Chèvre du sahel
2.4.2. Chèvre Djallonké
CHAPITRE 3 : Méthodes de caractérisations des races caprines
3.1. Méthode morpho-biométrique
3.2. Autres méthodes
3.2.1. Méthodes immunogénétiques
3.2.1.1. Nature et polymorphisme des groupes sanguins
3.2.1.2. Polymorphisme des protéines
3.2.2. Méthode cytogénique
3.2.3. Méthode moléculaire
CONCLUSION