Définitions
Le Système d’Alerte Précoce (SAP) définit l’ensemble des éléments requis pour générer et disséminer des alertes compréhensibles en un temps record face à la venue d’un aléa, afin de permettre aux individus, communautés et organisations de se préparer et d’agir de manière appropriée et suffisamment à l’avance pour réduire les pertes liées à cet aléa. Dans ce contexte, l’aléa se définit comme un ensemble de phénomène naturel ou d’origine anthropique potentiellement dangereux qui peut entrainer un certain nombre de dommages matériels et corporels, s’il se produit dans une zone fortement peuplée. L’ensemble de ces dommages représentent la vulnérabilité c’est-à-dire la sensibilité de la zone définie à l’aléa. Ainsi, le SAP est l’ensemble des capacités nécessaires pour produire et diffuser des informations opportunes et significatives d’alerte pour permettre aux individus, aux communautés et aux organisations menacées par un risque de se préparer et d’agir de façon appropriée et en temps utile pour réduire la possibilité d’effets néfastes ou de pertes.
Eléments d’un SAP4
Selon les Nations Unies (2006), pour qu’un SAP engendre une réponse adaptée, il doit être centré sur la population c’est-à-dire ne pas consister seulement en une intervention technologique et doit inclure quatre éléments en étroites relations : 1) la connaissance du risque, 2) service de surveillance et d’alerte : capacité à surveiller les signes précurseurs du danger, à prévoir son évolution et à émettre une alerte précise, au moment opportun ; 3) diffusion et communication : propagation de messages d’alerte clairs et compréhensibles, avec des informations préalables de préparation ; et 4) capacité de réponse : éducation systématique et programme de préparation pour les personnes à risques et les autorités.
Connaissance des risques Par définition, le risque est un obstacle potentiel à la réalisation d’un objectif. Le risque s’explique différemment dans le sens commun et dans des approches techniques. Dans cette approche qui est le SAP, le risque est défini et mesuré comme le produit d’un « aléa », un évènement potentiellement dangereux multiplié par la« vulnérabilité » qui est la sensibilité du milieu ou de la zone étudiée. Il s’exprime souvent en termes de probabilité d’occurrence d’événements dangereux ou de tendances multipliée par les impacts si ces événements ou ces tendances se produisent. Ainsi, la connaissance des risques consiste à effectuer une évaluation des aléas significatifs (intensité, fréquence, étendue, …) et des vulnérabilités (environnementale, économique, sociale…) en considérant leurs dynamiques et leurs variabilités. C’est-à-dire identifier les risques afin de déterminer la vulnérabilité de la population face aux aléas auxquels ils sont exposés. La disponibilité des données et la perception du risque par la population sont aussi essentielles pour orienter les interventions.
Service de surveillance et d’alerte Dans le cadre du SAP, la surveillance consiste à la collecte d’information sur les paramètres et évènements climatiques et le suivi des indicateurs clés notamment le seuil d’alerte. Pour les autres domaines qui utilisent les SAP comme la santé, la surveillance consiste à la collecte continue et systématique, à l’analyse et l’interprétation de données essentielles pour la planification, la mise en place et l’évaluation des pratiques. En santé environnementale par contre, elle inclut la surveillance des pathologies, des risques environnementaux, et des relations exposition-risque.
Communication des risques et diffusion des messages d’alerte Ce volet consiste à la propagation des messages d’alerte clairs et compréhensibles, avec des informations préalables. Il s’agit ici de communiquer les informations sur les risques et les alertes précoces. Trois acteurs sont indispensables pour une bonne communication :
1. L’auteur est responsable de la création ou de l’assemblage des contenus du message d’alerte (notamment, un service de météorologie, d’hydrologie, ou de santé ; souvent une communauté).
2. Le médiateur reçoit, compile, reformule, redistribue les messages d’alertes aux récepteurs à risque, aussi appelé l’« émetteur », ou le « premier récepteur». Il ou Elle devra garder l’information originale mais pourra modifier de façon pertinente le contenu ou la présentation du message. Il est rare qu’un message passe directement de l’auteur au récepteur sans médiateur.
3. Le récepteur est un ‘consommateur’ du message d’alerte, aussi appelé public. Les canaux de communication aux niveaux de la communauté, de la région et au niveau national doivent être prédéfinis et il est nécessaire d’avoir un canal officiel. Par ailleurs, pour être utile, un bon message d’alerte précoce doit contenir les six éléments suivants :
1. Délai : Pour quand l’aléa est-il prévu ?
2. Localisation : Quelles sont les zones qui seront affectées ?
3. Echelle : Quelle est la magnitude de l’aléa ? (Niveau d’eau, vitesse du vent, etc.)
4. Impact : Quel impact l’aléa aurait-il sur la communauté et sur son environnement?
5. Probabilité : Quelle est la probabilité de cette prévision?
6. Réponse : Que devraient faire les populations à risque pour se protéger?
Capacité de réponse La capacité se réfère à la force et aux ressources individuelles et collectives qui peuvent être améliorées, mobilisées et accessibles pour permettre aux particuliers et aux collectivités de façonner leur avenir en réduisant leur risque de catastrophe. Il s’agit par exemple de capacités de survie individuelle (en prenant des mesures individuelle), de préparation communautaire (communauté ayant des signaux d’alerte), de capacité préventive (actions qui préviennent les impacts des aléas, par exemple, stabilisation des sols, régulation de l’inondation des plaines), des capacités d’atténuation (mesures de réduction des impacts des aléas, par exemple la protection des biens, éducation et sensibilisation). En effet, les collectivités doivent savoir comment réagir quand elles reçoivent des avis d’alerte des services concernés. Cela devrait être le résultat d’activités de préparation à la réponse, menées avec la communauté. Ce volet consiste à l’éducation systématique et programme de préparation pour les personnes à risques et les autorités. Il s’agit ainsi de renforcer les capacités d’intervention nationales et communautaires. L’efficacité d’un SAP dépend surtout de la disponibilité des informations climatiques disponibles et fiables, l’engagement de tous notamment la communauté, le suivi, la mise à jour et capitalisation, le partenariat pour la production et la communication, le renforcement des capacités d’interprétation pour mener des actions curatives et préventives.
Infections respiratoires: toux, pneumonie, asthme
Les infections respiratoires aiguës (IRA) sont la première cause de mortalité chez les enfants de moins de 5 ans dans le monde. Les affections respiratoires sont surtout dues à la pollution de l’air ambiant (fumées émanant des véhicules de transport ou des industries) et la pollution à l’intérieur des maisons (combustion, tabagisme, …). Toutefois, une augmentation de la morbidité (mesurée en termes d’admissions moyennes mensuelles dans les hôpitaux) causée par la pneumonie pendant la saison humide chaude est constatée19. Par ailleurs, les vents chauds et secs, chargés de poussières, fragilisent les muqueuses de l’appareil respiratoire, favorisant le passage de la bactérie dans le sang et, ainsi, le déclenchement des épidémies d’affection respiratoire tels que la toux ou les grippes ou les bronchopneumonies ou les pneumonies. En outre, les conditions climatiques affectent les concentrations de polluants aériens nocifs ; les hautes températures augmentent également les niveaux d’ozone au niveau du sol20 favorisant ainsi la survenue des affections respiratoires. La figure n°19 montre une certaine allure saisonnière des cas d’IRA à Manakara et une tendance à la hausse. Le minimum de cas se trouve pendant la période sèche et froide (juin à septembre) et le maximum à la période humide et chaude, surtout pendant les fortes pluies aux mois de janvier et février. A Manakara, l’humidité constante due à la caractéristique de l’habitat construit par des matériaux locaux et ou le sol est la plupart du temps en terre battue pourrait expliquer ces nombreux cas d’IRA pendant la saison pluvieuse. En effet, cette situation semble en contradiction avec les résultats d’une l’étude menée à Bénin où des conditions particulièrement froides et sèches sont associées à des augmentations des cas d’IRA21.
Référentiels techniques disponibles
Trois principaux documents sont disponibles pour orienter les activités d’alerte précoce à Manakara :le Plan Régional de Développement (PRD 2017 – 2022), le plan de contingence régional multirisque et multi-aléas de la Région de Vatovavy Fitovinany et le plan ORSEC 2017 – 2018 (Organisation des Secours) qui est un document cadre de préparation et de réponse aux urgences humanitaires pour la Région Vatovavy Fitovinany du secteur santé. Une approche sectorielle participative a été adoptée pendant l’élaboration de ces documents permettant de recueillir les données sur les spécificités de la Région, la vulnérabilité et l’impact de la variabilité climatique, les difficultés rencontrées par la population et les solutions déjà prises ou effectuée. Les constats relatifs aux 4 composantes d’un SAP ont été dégagés à partir des informations contenues dans ces documents et de celles recueillies auprès de la population.
Impacts de la variabilité climatique
Les manifestations de la variabilité climatique ont des conséquences sur la santé, les moyens de subsistance, l’environnement, les infrastructures et l’habitation. Les années où le passage de cyclone et d’inondation ont affectées les ménages enquêtés ces 15 dernières années sont : 2002, 2004, 2008, 2009, 2010, 2015, 2016 et 2017. Les impacts de la variabilité climatique évoqués par les ménages enquêtés concernent :
– La santé : survenue d’épidémies (paludisme, maladie diarrhéique, infection respiratoire…
– L’habitat : dommage ou destruction des maisons
– Les infrastructures : destruction des routes et coupure de l’électricité
– Les cultures : destruction des cultures
– L’assainissement : insalubrité du milieu
– L’eau potable: difficulté pour disposer de l’eau potable
– Les moyens de subsistance : impossibilité de travailler
– L’alimentation : famine et inexistence de nourriture.
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Table des matières
REMERCIEMENTS
RESUME
LISTE DES FIGURES
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES PHOTOS
LISTE DES CROQUIS
LISTE DES SCHEMAS
LISTE DES ANNEXES
GLOSSAIRE
ACRONYMES ET ABREVIATIONS
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : CADRE GENERAL DE LA RECHERCHE
CHAPITRE 1 : LA MISE EN PLACE DU SYSTEME D’ALERTE PRECOCE
1.1. Définitions
1.2. Contexte et justification du SAP
1.3. Eléments d’un SAP
1.3.1. Connaissance des risques
1.3.2. Service de surveillance et d’alerte
1.3.3. Communication des risques et diffusion des messages d’alerte
1.3.4. Capacité de réponse
1.4. Cadre politique et institutionnel
CHAPITRE 2 : PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE
2.1. Situation géographique
2.2. Milieu naturel sensible aux aléas climatiques
2.2.1. Un climat tropical humide
2.2.2. Un paysage littoral à risque
2.3. Une population vulnérable aux conditions climatiques
2.3.1. Démographie et habitat
2.3.2. Aspect sanitaire
2.3.3. Aspect éducatif
CHAPITRE 3 : ASPECT TECHNIQUE DE LA RECHERCHE
3.1. Choix du thème
3.2. Définitions de concepts clés
3.3. Problématique
3.4. Hypothèses et objectifs de recherche
3.5. Démarche de la recherche
3.5.1. Analyse bibliographique
3.5.2. Travaux de terrain
3.5.3. Traitement et analyse des données
3.6. Problèmes rencontrés
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
DEUXIEME PARTIE : VARIABILITE CLIMATIQUE ET IMPACTS SANITAIRES
CHAPITRE 4 : LA VARIABILITE CLIMATIQUE
4.1. Méthode d’analyse de la variabilité climatique
4.1.1. Les données utilisées
4.1.2. Choix des paramètres climatiques
4.2. Contexte climatique de la ville de Manakara
4.2.1. Changement observé
4.2.2. Changement projeté
4.3. Les aspects de la variabilité pluviométrique
4.3.1. Le régime pluviométrique
4.3.2. Les variabilités inter annuelles
4.4. La variabilité des températures
4.4.1. Variation mensuelle des températures
4.4.2. Variabilité interannuelle des températures maximales
4.4.3. Variabilité interannuelle des températures minimales
CHAPITRE 5 : LES EFFETS DE LA VARIABILITE CLIMATIQUE SUR LA SANTE
5.1. Risques sanitaires liés à la variabilité climatique
5.2. Les maladies climatosensibles
5.2.1. Les maladies vectorielles : cas du paludisme
5.2.2. Infections respiratoires: toux, pneumonie, asthme
5.2.3. Malnutrition
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
TROISIEME PARTIE : ENJEUX DU SAP A MANAKARA
CHAPITRE 6 : FONCTIONNEMENT DU SYSTEME D’ALERTE PRECOCE EN CLIMAT SANTE DANS LA VILLE DE MANAKARA
6.1. Référentiels techniques disponibles
6.2. Connaissance des risques
6.3. Surveillance des risques
6.4. Communication et alerte
6.5. Capacité de réponse
CHAPITRE 7 : EFFICACITE DU SAP
7.1. Connaissance et pratique locale en matière de SAP
7.1.1. Connaissance et pratiques des acteurs locaux
7.1.2. Connaissance et pratique des ménages
7.2. Suggestions pour une meilleure efficacité du SAP climat-santé
7.2.1. Facteurs à prendre en compte pour le fonctionnement d’un SAP
7.2.2. Opportunités pour une meilleure efficacité du SAP climat-santé à Manakara
7.2.3. Suggestions d’amélioration
CONCLUSION DE LA TROISIEME PARTIE
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE
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