Synthese sur l’histoire de la vegetation de la haute montagne des pyrenees orientales d’apres la palynologie

SYNTHESE SUR L’HISTOIRE DE LA VEGETATION DE LA HAUTE MONTAGNE DES PYRENEES ORIENTALES D’APRES LA PALYNOLOGIE 

Durant le Dryas récent (ca. 12900-11600 ± 100 cal BP), la végétation steppique domine encore les pelouses d’altitude sur les deux versants des Pyrénées orientales comme l’attestent les sites de l’Estany Forcat (2531 m) et du Ruisseau du Laurenti (1860 m) (Guiter et al., 2005 ; Ejarque, 2011). Cependant, les conditions humides du début de l’Holocène (entre 11500 et 700 cal BP) (Jalut et al., 2009) permettent une diversification progressive de la végétation arbustive qui commence peu à peu à remplacer la végétation steppique dans les étages supérieurs des deux versants (Reille, 1990 ; Reille et Lowe, 1993 ; Guiter et al., 2005 ; Ejarque, 2011). Dans l’étage subalpin, la première colonisation des pins à l’étage subalpin jusqu’à 2200 m, intervient dans la vallée du Madriu (Bosc dels Estanyons, 2180 m) au cours de l’amélioration climatique du début de l’Holocène (à partir de 11200 cal BP). La pinède s’y consolide vers 10300 cal BP (Miras et al., 2007). Cela contraste avec la vallée voisine où cette première colonisation a lieu plus tardivement, à partir de 8500 cal BP (Planells de Perafita, 2240 m, Miras et al., 2010). Sur le versant nord (Ruisseau du Laurenti, 1860 m), l’observation régulière de stomates de pin signalent la présence de la pinède vers 9400±100 cal BP (Reille et Lowe, 1993). Ainsi, se produit une montée progressive de la limite supérieure de la forêt qui atteint l’altitude de l’Estany Forcat (2530 m) à partir de 9650 cal BP (Ejarque, 2011). Plus tard, entre 8300 et 7950 cal BP, la limite supérieure de la forêt redescend sur le versant sud (Estany Forcat, à Bosc dels Estanyons et à Planells de Perafita) en réponse à une dégradation climatique corrélée à l’événement à 8.2 ka BP (Ejarque, 2011). Cette oscillation climatique a aussi été enregistrée dans d’autres sites des Pyrénées centrales, comme l’Estany Redon (2240 m) et des Pyrénées occidentales, comme à El Portalet (1802 m) (Pla et Catalan, 2005 ; González-Sampériz et al., 2006). Après cette pulsation froide vers 7750 cal BP, les pinèdes retrouvent leur place jusqu’à 2350 m dans la vallée du Madriu (Ejarque, 2011). Au cours de l’Holocène moyen et récent, l’altitude de la limite supérieure de la forêt baisse plusieurs fois en lien avec des causes climatiques et anthropiques comme vers 6000 cal BP sur le versant nord des Pyrénées orientales (e.g. Nohèdes, 1680 m, La Borde, 1660 m, et les Estables I, 1750 m) (Jalut, 1977), et entre 4950-3600 cal BP puis autour de 3000 cal BP dans les sites de la vallée du Madriu (Ejarque, 2011).

Dans l’étage montagnard, le début de l’expansion des sapinières se produit sur les deux versants à partir de 9700 et 9200 cal BP approximativement : 9543-8647 cal BP à Ruisseau de Laurenti (1860 m), à 9138-8434 cal BP à Pinet (880 m) (Reille et Lowe, 1993 ; Guiter et al., 2005) et à 9500 cal BP dans la vallée du Madriu (Ejarque, 2011). Les sapinières sont les formations dominantes jusque vers 2000 m d’altitude, à la moitié de l’Atlantique (ca. 8000-4500±100 cal BP), comme le montrent plusieurs sites du versant nord (e.g. Nohèdes, 1680 m, La Borde, 1660 m, et les Estables I, 1750 m) (Jalut, 1977). Leur expansion maximale est atteinte vers 6792-6443 cal BP à Balcère, à 6010-5735 cal BP à Les Sagnes de Balcère et à 5917-5449 cal BP à Le Serre (Reille et Lowe, 1993). A la même altitude, les premières apparitions du hêtre sont observées à partir de 5050-4200 cal BP approximativement, dans toute la partie orientale de la chaîne (Reille et Lowe, 1993 ; Galop, 1998 ; Ejarque, 2011). Mais la véritable expansion du hêtre se fait plus tardivement, vers 3642-3380 cal BP à Balcère (1764 m), à 4300-3704 cal BP à Fournas (1510 m) et à 3926-3064 cal BP au Gourg Nègre (2080 m) (Reille et Lowe, 1993).

SYNTHESE SUR L’ANTHROPISATION DES ESPACES DE HAUTE MONTAGNE DES PYRENEES ORIENTALES D’APRES LA PALYNOLOGIE

A partir du Néolithique ancien (ca. 8350-6300 cal BP), les premières évidences d’impact anthropique sont enregistrées, d’après les données palynologiques, vers 7600 cal BP. Une ouverture du couvert forestier subalpin semble alors liée à la fréquentation humaine (Riu dels Orris, 2390 m), qui s’intensifie à partir de 7000 cal BP (Estany Forcat, 2531 m, Ejarque, 2011). Ainsi, les ouvertures successives du paysage subalpin suivies par les recolonisations forestières du Néolithique ancien sont dues à des activités pastorales itinérantes de type « landnam » (Iversen, 1941). Aux altitudes moyennes et basses, les premières évidences de pratiques agricoles sont pointées sur le versant nord vers 7150 cal BP dans les sites de Sagnes de Balcère, à 1670 m, (Reille, 1990) et le Lac Racou, à 2000 m (Guiter et al., 2005), et le versant sud, vers 7325 cal BP à Estany Forcat (Ejarque, 2011), vers 7250 cal BP à Planells de Perafita (Miras et al., 2010) et vers 7550 cal BP à Riu dels Orris (Ejarque, 2011).

Pendant le Néolithique moyen (ca. 6300-5450 cal BP), la pression anthropique de caractère pastoral augmente également mais sont seulement observées sur les pelouses du versant sud, de la vallée du Madriu, dans les Pyrénées andorranes (Ejarque, 2011). Les pinèdes des deux versants subissent des défrichements importants, comme le montrent les sites du Ruisseau du Laurenti à 1860 m (Jalut et al., 1996) ou ceux des vallées andorranes, comme le site de Planells de Perafita (Miras et al., 2010). Les cultures céréalières situées dans les zones de plus basse altitude se développent vers 5050-4850 cal BP : Turbera de la Feixa, 2150 m, Pla de l’Orri, 2150 m (Gómez et Esteban, 1993; Esteban, 1995) et Gourg Nègre, 2080 m (Reille et Lowe, 1993 ; Galop, 1998). C’est enfin autour de 5250 cal BP que se produit l’expansion des activités agrosylvopastorales dans toute la chaîne pyrénéenne (Galop, 2006). Entre le Néolithique final et le Bronze (ca. 4950 et 3600 cal BP), il se produit une intensification de la pression humaine de type pastoral qui intensifie le développement des pelouses subalpines et alpines et l’ouverture des pinèdes subalpines. Tout ceci témoigne d’une hausse de la fréquentation humaine à vocation pastorale, dans les étages alpins et subalpins de la vallée du Madriu (Ejarque, 2011). Sur le versant nord, vers 3800 BP, les indicateurs polliniques d’anthropisation indiquent une fréquentation des troupeaux de plus en plus importante près des sites du Pla de l’Orri, à 2150 m (Galop, 1998) et du lac Racou, à 2000 m (Guiter et al., 2005). Vers 3600 cal BP cette pression pastorale est plus modérée dans les zones les plus élevées de la vallée du Madriu, comme à l’Estany Forcat situé à 2531 m (Ejarque, 2011).

Enfin, vers 3000 cal BP, le recul des formations forestières des étages subalpin et montagnard dans la vallée du Madriu est causé par les activités humaines (Ejarque, 2011). Toutefois, pendant la dernière phase de cette période, entre 2650 et 2350 cal BP, la pinède se développe de nouveau à l’étage subalpin car la pression pastorale impacte davantage les pelouses alpines à cette époque. Ceci témoigne d’une structuration plus complexe du paysage montagnard en raison d’une occupation différenciée à échelle micro locale (Ejarque, 2011).

LES PYRÉNÉES ORIENTALES

La chaîne des Pyrénées s’étend sur plus de 400 km depuis la Mer Cantabrique jusqu’à la Mer Méditerranée. La partie la plus orientale de la chaîne englobe non seulement la zone géographique du département éponyme, mais aussi la zone de haute montagne de la Catalogne et la partie la plus méridionale de l’Ariège. Les principaux sommets du secteur oriental des Pyrénées sont le Canigou (2785 m), le Puigmal (2909 m) et le Carlit (2921 m). Plusieurs cours d’eaux, rivières et fleuves naissent dans la chaîne orientale des Pyrénées. Sur le versant nord, les principaux fleuves sont la Têt et le Tech ; sur le versant sud, le Freser, le Ter, le Sègre et la Valira sont les cours d’eau les plus importants. Le site de Conques de l’Avió dans lequel a été prélevé la carotte continentale de ce mémoire se situe dans la haute vallée de la Têt . Dans les Pyrénées orientales, l’étagement altitudinal induit une grande diversité spatiale du climat et donc de la végétation. Ainsi le climat du versant nord des Pyrénées orientales est méditerranéen sur le littoral et devient montagnard en altitude avec des conditions plus froides et plus humides. Le caractère méditerranéen est renforcé sur le versant sud, plus chaud et sec. Le versant nord, sur lequel notre enregistrement sédimentaire a été prélevé, enregistre un ensoleillement annuel de 2750 h (Kessler et Chambraud, 1986 cité par Delmas, 2009) et entre 700 et 900 mm de précipitation moyenne annuelle (Météorologie Nationale de la France, 1988 cité par Delmas, 2009). Les données de la station météorologique de Mantet à 1589 m d’altitude, témoignent des précipitations importantes toute l’année avec des températures moyennes annuelles assez faibles. Le vent dominant de la région, la Tramontane, provenant du nord-ouest peut également favoriser les fortes précipitations .

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Table des matières

1. INTRODUCTION ET OBJECTIFS
2. ETAT DE L’ART
2.1. SYNTHESE SUR L’HISTOIRE DE LA VEGETATION DE LA HAUTE MONTAGNE DES PYRENEES ORIENTALES D’APRES LA PALYNOLOGIE
2.2. SYNTHESE SUR L’ANTHROPISATION DES ESPACES DE HAUTE MONTAGNE DES PYRENEES ORIENTALES D’APRES LA PALYNOLOGIE
3. CONTEXTE GENERAL D’ETUDE
3.1. LES PYRÉNÉES ORIENTALES
3.2. LE GOLFE DU LION
3.3. VEGETATION ACTUELLE
3.4. APPORTS POLLINIQUES
4. MATÉRIEL
4.1. LA FENÊTRE « AMONT » : LA ZONE HUMIDE DE CONQUES DE L’AVIÓ
4.1.1. Prélèvement et échantillonnage de la carotte
4.1.2. Datation radiocarbone de la séquence
4.2. LA FENÊTRE « AVAL » : LE CAROTTAGE KSGC-31
4.2.1 Prélèvement et échantillonnage de la carotte
4.2.2 Datation radiocarbone de la séquence
5. METHODOLOGIE
5.1. LA PALYNOLOGIE
5.1.2. L’anthropisation des milieux naturels
5.2. TRAITEMENT PHYSICO-CHIMIQUE
5.2.1. Conques de l’Avió
5.2.2. La carotte KSGC-31
5.3. IDENTIFICATION, COMPTAGE ET CALCUL DES POURCENTAGES
5.4. CONSTRUCTION DES DIAGRAMMES
5.5. CONSTRUCTION DU MODÈLE ÂGE-PROFONDEUR
6. RESULTATS
6.1. CONQUES DE L’AVIÓ
6.1.1 Modèle âge-profondeur
6.1.2 Résultats des analyses palynologiques
6.2. CAROTTAGE KSGC-31
6.2.1 Modèle âge-profondeur
6.2.2 Résultats des analyses palynologiques
7. DISCUSSION
7.1. CONQUES DE L’AVIÓ
7.2. CAROTTAGE KSGC-31
7.3. COMPARAISON DES ANALYSES PALYNOLOGIQUES DE CONQUES DE L’AVIÓ ET DE LA CAROTTE KSGC-31
8. CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES
BIBLIOGRAPHIE

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