CARACTERISATION DE LA VEGETATION LIGNEUSE
Matériel et méthode
Matériel
Présentation de la Zone d’étude
La zone d’étude appartient au Ferlo sableux caractérisé par une succession de dunes et de basfonds peu accidentés. Elle se situe à la région de Louga et est limitée à l’est par la région de Matam et au nord par celle de Saint-Louis. Son climat est caractérisé par l’alternance de deux saisons : une saison sèche de 9 mois (octobre à juin) et une saison pluvieuse de 3 mois. La pluviométrie reste faible et très instable avec une moyenne de 422,6 mm par an pour un coefficient de variation de 0,3 sur la période 1951-2004 (Faye et al., 2011). La température moyenne oscille autour de 27,73° C et fluctue entreune moyenne maximale de 30,19 °C au mois d’octobre et minimale de 24,4 8° C au mois de janvier (Niang, 2009). L’étude a été menée dans quatre stations : Widou-Thiengoly, Tessékéré-Forage, Labgar et Lougré-Thiolly (figure 3). Leur choix se justifie par l’importance de l’action anthropique liée au surpâturage, le passage du tracé de la Grande Muraille Verte (GMV) et l’influence des différents projets et observatoires installés dans ces sites. Ces différents sites sont ainsi localisés sur la carte :
Méthode
Collecte de données
Pour connaitre l’état de la végétation ligneuse, nous avons procédé par un échantillonnage par relevés dendrométriques. Ainsi, nous avons réalisé 60 relevés de 2 500 m² (Boudet, 1984), en raison de 15 relevés par site. Dans chaque placette, l’identification des individus dont la circonférence à la base est supérieure à 10 cm, a été réalisée, puis des mesures dendrométriques (circonférence du tronc à 30 cm du sol, diamètres du houppier et hauteur totale) ont été effectuées. La distance entre les individus a été aussi mesurée par la méthode du plus proche arbre et les individus dont la circonférence à la base est inférieure à 10 cm sont comptés pour l’évaluation de la régénération.
Traitement des données
Les données obtenues ont été traitées avec le tableur Excel qui nous a permis de calculer : la densité, la surface terrière, le recouvrement et les indices de diversité.
La densité d’un peuplement est exprimée par le nombre d’individus, toutes espèces confondues par unité de surface : c’est la densité réelle ou observée qui s’exprime alors en(individus /ha). Elle se calcule à partir de la formule suivante :
Discussion
La présente étude révèle que la flore ligneuse des parcours communautaires, le long du tracé de la Grande Muraille Verte, est riche de 20 espèces réparties entre 18 genres et 12 familles. Comparée aux résultats de Ndiaye (2008) travaillantdans la zone sahélienne, les résultats sont quasi-similaires, ce dernier avait recensé 23 espèces réparties entre 18 genres et 13 familles.
Cette faible diversité traduit une dégradation des ressources du Ferlo qui se confirme avec les travaux de Diallo et al. (2011) et ceux de Ndiaye (2013). L’analyse des fréquences de présence des espèces dans les différents sites permet d’établir leur étendue de distribution ainsi que leur degré de spécificité (Le Bourgeois et Guillerm, 1994). Ainsi, trois groupes d’espèces sont distingués selon leurs fréquences de présence dans les différents sites : les espèces très fréquentes qui sont souvent rencontrées dans tous les sites, les espèces fréquentes,présentes au maximum dans trois sites et les espèces peu fréquentes ou rares plus nombreuses, rencontrées dans un seul site : A. obesum, C. glutinosum, G. senegalensis, L. pyrotechnica, K. africana, D. cinerea, P. chilensis, D. melanoxylon et P. lucens. Ce sont généralement des espèces caractéristiques qui révèlent par leur présence une spécificité écologique du biotope (Akpo, 1998). L’importance de la surface terrière est corrélée à la présence et à la fréquence des individus à gros tronc comme A. digitata etB. aegyptiaca. Cela s’explique par le fait que ces espèces disposent d’un diamètre très élevé alors que la surface terrière est fonction du diamètre (Konaté, 1999 ; Ndiaye, 2013). L’importance du couvert végétal au Ferlo s’explique par l’aire de projection des espèces dominantes du peuplement. En effet, ces espèces sont à cimes étales plus ou moins ouvertes. B. aegyptiaca, C. procera, B. senegalensis, A. senegalet
A. tortilis var. raddiana sont les espèces dominantes, elles offrent ainsi leur physionomie au peuplement ligneux. Elles sont le plus souvent ubiquistes, mieux adaptées aux conditions climatiques et édaphiques du Sahel (Konaté, 1999). La sclérophyllie élevée de la plupart de ces espèces serait un caractère de xéromorphose et favoriserait leur développement (Vanpraet et Itterum, 1983 ; Poupon, 1980; Broutin et Sokano, 1992). Cependant, certaines espèces répandues comme A. tortilis var. raddiana sont de mauvais indicateurs des conditions pédoclimatiques (Ganaba et Guinko, 1995). D’autres espèces caractéristiques comme S. birrea, C. glutinosum, A. senegal ont été particulièrement atteintes par la sécheresse persistante des deux dernières décennies (Miehe-Klug, 1990) et une forte anthropisation (Diop, 1989), ce qui serait à l’origine de leur régression. La substitution de A. tortilis var. raddiana par C. procera et la persistance de B. senegalensis s’explique par leur capacité d’adaptation plus grande due à leur sclérophyllie élevée (Broutin et Sokano, 1992), elles traduisent aussi une dégradation du milieu qui se manifeste par une diminution de la densité du peuplement et de l’accroissement de la distance moyenne entre individus de 1989 et 1998 (Diouf et al., 2002 ; Diallo et al., 2011). La régénération est importante chez B. aegyptiacaet très faible chez les autres espèces dont la densité était élevée autrefois. C’est le cas de A.senegal(Diallo et al., 2013), A. tortilis var. raddiana S. birrea, A. seyal, C.glutinosum, Z.
mauritiana, A. leiocarpa etG. bicolor. La faible régénération de ces espèces peut s’expliquer par plusieurs facteurs selon Boussim et Gampine (1995) et Ndiaye (2013) : le caractère indéhiscent des fruits de certaines espèces comme A. leiocarpa, les conditions édaphiques et hydriques qui entrainent une infiltration presque nulle et un ruissellement important des eaux entrainant les graines et compromettant ainsi la régénération, l’action anthropique et les animaux qui par le pâturage appètent les jeunes pousses. Selon Konaté (1999), l’abondance de la régénération d’une espèce serait due à son adaptabilité aux conditions pédoclimatiques et à son utilisation moins importante par les populations. L’importance de la régénération de B. aegyptiaca et de B. senegalensis peut être aussi liée à leur sclérophyllie élevée (Poupon, 1980). Selon Diouf et al. (2002), la régénération élevée de B. aegyptiacas’explique par son comportement hydrique et photosynthétique. En effet, B. aegyptiacaest un ligneux à épines et rameaux photo-synthétiquement actifs toute l’année et à feuilles réduites. L’importance de la régénération de B. aegyptiaca peut également s’expliquer par la propagation des graines via les hommes et/ou les animaux (Broutin et Sokona, 1992), sa dissémination peut se faire par endozoochorie (Akpo etal., 1995). De plus, le couvert aérien de B. aegyptiacaest privilégié par les ruminants et cette fréquentation augmente les chances de dissémination des semences qui y trouvent par ailleurs des conditions favorables à leur implantation (Akpo et Grouzis, 1996). La faible régénération des espèces comme A. senegal s’explique par l’intérêt qu’ilprésente pour le bétail et la gomme (Diallo, 2007, 2013).
USAGES DES PLANTES
Matériel et Méthode
Matériel
Les cibles
Les deux cibles retenues dans le cadre de ce travail sont les Peulh et les Wolof dont les activités principales les maintiennent le plus souvent en contact permanent avec la végétation.
Les premiers sont en majorité des éleveurs et les deuxièmes des agriculteurs.
Dans cette étude, les Peulh et les Wolof enquêtés vivent dans la même zone voire dans le même département, mais dans des villages différents. C’est ainsi que les villages de WidouThiengoly, Tessékéré-Forage et Lougré-Thiolly sont les sites qui abritent les Peulh. Et les villages de Labgar, Mboula et Mbaye Awa, les sites où sont localisés les Wolof enquêtés.
Les Peulh
Les Peulh sont largement distribués en Afrique (Breton, 2008). D’abord nomades, beaucoup se sont sédentarisés. Leur système d’élevage est detype extensif et basé sur l’exploitation des ressources naturelles.
Au Sénégal, les Peulh généralement des éleveurs, vivent pour la majorité dans la partie nord du pays (Ferlo). Ils viennent de l’Égypte antique et leur peuplement s’est par ailleurs effectué par vagues successives, dans différentes régions, à différentes époques (Diop, 1974; Bâ, 1991). Les Peulh, hormis les castes, sont regroupés en de nombreux clans ou tribus appelés legni : les fulbe laace, ce sont des Peulh qu’on trouve spécialement au Sénégal, dans la région du Djolof. On les appelle aussi fulbe jeeri nom qu’on donne en général à tous les fulbé de cette partie du Sénégal.
Ils sont liés aux Wolof avec qui ils cohabitent, (interpénétration linguistique) (Diagne, 1971) et gardent souvent leur troupeau. L’élevage étant à75% leur activité principale contre 25% pour l’agriculture qui constitue une activité secondaire (Niang, 2009). Ce contact permanent avec la nature implique une connaissance de la plante, mais la régression des formations végétales démontre l’urgence de recueillir leurs savoirs.
Les Wolof
Représentant aujourd’hui plus de 43% (Diouf, 2002) de la population sénégalaise, ils constituent l’ethnie dominante. Leur langue est devenue un moyen d’expression à part entière.
La plupart des Wolof vivent au Sénégal où ils occupent principalement les régions de Louga, Thiès, Kaolack, Dioubel et Dakar. La langue et la culture Wolof, sont le résultat d’un grand brassage culturel (Diagne, 1971). Ils s’activent principalement dans l’agriculture et plus particulièrement dans la culture d’arachide.
L’interaction entre les populations de ces deux ethnies avec l’environnement en particulier la plante influe sur leur choix pour une étude comparative des usages qu’ils font des plantes.
C’est dans ce sens qu’ils ont constitué nos principales cibles avec qui nous sommes entretenus sur leurs savoirs sur les plantes.
Identification des espèces
La plupart des espèces ont été directement identifiées sur le terrain et les autres au niveau de l’herbier de l’IFAN. A ce niveau, certaines espèces ont été directement identifiées par des spécialistes par contre, pour d’autres, l’identification a nécessité l’usage de la flore de Berhaut, (1967) ou la comparaison avec des planchesd’herbiers de l’IFAN, de même l’usage du dictionnaire de Mabberley, (1997) pour les noms d’auteurs des familles.
Traitement des données
Les données ethnobotaniques ont été traitées essentiellement par le tableur Excel. L’analyse dite de « la table longue » dont le principe de base consiste à analyser, découper, classer, comparer et regrouper les informations a d’abord facilité le calcul de certains indices ethnobotaniques dont ceux décrits par (Hoffman et Gallaher, 2007) et adaptés à la méthode de Philips et al., (1994). Il s’agit essentiellement d’indices tels que la valeur d’usage et le facteur de consensus des informateurs.
Disponibilité de la ressource
Les espèces devenues peu à très peu fréquentes dans la zone du Ferlo
Le tableau qui suit indique la liste des espèces présentes dans les usages au Ferlo, mais devenues peu à très peu fréquentes parmi les espèces recensées dans la zone ainsi que leur fréquence de citations. Ces espèces ont été déterminées sur la base du calcul de fréquences de citations parmi les espèces rares ou peu fréquenteset par comparaison avec les résultats de la caractérisation des ligneux.
Corrélation des informations et determination des espèces menacées dans le Ferlo Nord.
Au terme de la synthèse d’une part des informations ethnobotaniques et des données phytoécologiques d’autre part, nous essayons de les confronter dans une optique de connaître la disponibilité de la ressource par rapport aux multiples usages qu’en font les populations locales. Autrement, nous cherchons une relation entre les données ethnobotaniques et les données phytoécologiques. Pour se faire, nous calculons l’indice de menace des 20 espèces les plus utiles dans cette partie nord du Sénégal pour en déduire celles qui sont en danger.
Indice de menace (IM)
Dans le souci d’avoir une disponibilité permanente de la ressource sur laquelle les populations locales dépendent pour l’essentiel de leurs activités, nous essayerons de déterminer l’état de disponibilité ou le statut des espèces les plus utiles. Partant de la définition d’une menace par le Dictionnaire Universel Francophone (1999) qui ladéfinit comme étant un indice laissant prévoir quelque événement fâcheux, grave ou dangereux et des propos de (FAO, 2001) démontrant qu’en écologie, le terme « menacé » peut s’appliquer à toutes les ressources forestières, nous utiliserons la formule proposée par (Gning, 2008) pour le calcul des indices de menace.
Discussion
Le nombre de plantes utilisées chez les Peulh est plus important (53) que celles utilisées par les Wolof (45) pour l’usage médicinal des plantes. Cependant, les familles auxquelles appartiennent ces espèces sont plus diversifiées chez les Wolof. Chez les deux ethnies, on compte le même nombre de genres (42). Ainsi, un total de 66 espèces est recensé pour les usages médicinaux au Ferlo. Ce nombre est relativement faible comparé aux résultats de Gazzanea et al., (2005) et ceux de Kisangau et al., (2011) ayant travaillé dans des zones plus ou moins humides que le Ferlo. Comparé aux résultats de (Das et al., 2012) qui a travaillé au Bangladesh, nous avons à peu près le même nombre d’espèces : 66 contre 64. Cependant, (Focho et al., 2009) ont recensé un nombre d’espèces très inférieur chez les populations de la région nord-ouest du Cameroun. Cette comparaison permet de conclure sur les connaissances des populations par rapport à leurs ressources (Couly et Sist, 2008) et que les populations du Ferlo ont une bonne maîtrise de leurs ressources sur le plant médicinal (Niang et al., 214a).
Les familles ayant un plus grand nombre d’espèces associées à l’usage médicinal chez les Peulh sont identiques à celles notées chez les Wolof. En général, ce sont les Mimosaceae, les Caesalpiniaceae, les Combretaceae et les Euphorbiaceae. L’importance médicinale de familles telles que les Caesalpiniaceae, Combretaceae et Euphorbiaceae est rapportée par (Bitsindou et al., 1993). Dans son étude, ces familles sont respectivement classées deuxième, troisième et quatrième en fonction du nombre d’espèces appartenant à chacune d’elle et impliquées dans le traitement des affections hépatiques. L’importance des Euphorbiaceae dans la médecine traditionnelle est encore rapportée par (Kisangau et al., 2011; Esha et al., 2012). Des recherches sur la pharmacopée traditionnelle menées au Niger relatent que les Mimosaceae, Caesapiniaceaeet Combretaceaesont les mieux représentées au point de vue nombre d’espèces impliquées dans la médecine traditionnelle nigérienne. L’ensemble des espèces appartenant à ces différentes familles est impliqué dans le traitement de différentes pathologies. Les pathologies citées par les Peulh sont les mêmes que celles citées par les Wolof. Mais il faut remarquer une plus grande fréquence chez les Wolof de pathologies comme l’asthénie (13,92%), les dermatoses (10,55%), les hémorroïdes (5,91%), l’hypertension artérielle (13,50%), les migraines (2,95%), les odontalgies (3,80%), les parasitoses (4,64%), les plaies (7,17%) et les rhinites (11,81%). La fréquence en milieu Wolof de pathologies comme les rhinites peut s’expliquer par l’usage énergétique des plantes très fréquent. Les 9 premières espèces les plus citées par les Wolof sont les mêmes pour les Peulh.
Cette observation confirme celle faite sur les pathologies et le niveau de partage des informations. Les valeurs généralement élevées des Facteurs de Consensus Informateurs impliquant des informations bien partagées, impliquent une parfaite connaissance par les Peulh et les Wolof des pathologies et des espèces utilisées dans leur traitement. C’est ainsi qu’une espèce commeCombretum glutinosumest à la fois utilisée par les Wolof et les Peulh pour lutter contre les plaies, les rhinites, les douleurs abdominales, l’HTA, les précordialgies, la fièvre jaune et l’hémorroïde. D’ailleurs, elle appartient à une famille, celle des Combretaceaedont l’importance dans la phytothérapie africaine est rapportée par (Bitsindou et al., 1993). Citons l’esxemple de Guiera senegalensis, grand médicament de la pharmacopée Peulh couramment prescrit contre les rhinites, les pneumopathies et les bronchopothie en général (Kerharo et Adam, 1964). La partie de l’espèce la plus utilisée est généralement la feuille. Cela implique que le principe actif et efficace contre ces pathologies se retrouve dans les feuilles. Le fait également que Balanites aegyptiaca soit la première chez les Wolof de par son efficacité contre l’HTA, les douleurs abdominales, les rhinites, les céphalées et les dermatoses comme chez les Peulh confirme les propos des uns et des autres.
Chez cette espèce très efficace contre l’HTA, le principe actif est à rechercher au niveau de la pulpe des fruits. Aussi bien chez les Peulh que chez les Wolof, les informations, les mieux partagées sont relatives aux pathologies telles queles rhinites et l’asthénie. Ainsi relativement à certaines pathologies, les informations sont bienpartagées par les Peulh et les Wolof. Cela s’explique par le fait que ce sont généralement despathologies facilement diagnostiquées ou très fréquentes dans la zone. Cela implique également une parfaite connaissance de leur ressource (Couly et Sist, 2008) du point de vue médicinal. Chez les Peulh, le Facteur de Consensus Informateur par rapport à la liste d’espèces impliquées dans le traitement du diabète et très élevé (0,75). Même si la médecine moderne ne propose pas un traitement efficace contre cette pathologie (Esha et al. 2012), les Peulh comme les Wolof proposent Sclerocarya birrea. Les propriétés antihyperglycémiantes des feuillesde Sclerocarya birrea sont rapportées par plusieurs études (Coulibaly 1988 ; Sanogo, 2007 ; Dagnoko 2009 ; Maiga, 2010) de même que les propriétés antidiabétiques des écorces (Ojewole, 2003 ; Gondwe et al., 2008). Contre les rhinites, les Peulh et les Wolof sont d’avis avec l’utilisation de Guiera senegalensis. Le traitement des rhinites par les feuilles de Guiera senegalensisest confirmé par (Kerharo et Adam, 1964 ; Lamien et al., 2005). Le faible consensus chez les Peulh et l’absence de consensus chez les Wolof sur les espèces impliquées dans le traitement de la dysfonction érectile s’expliquent et confirment la complexité avérée de cette pathologie.
Ainsi, le Docteur Alain Bitton, Urologue FMH-Genève avance que l’on a tendance à considérer la découverte de ce symptôme comme un indicateur précoce d’une maladie cardiovasculaire. Les facteurs de consensus restentles mêmes chez les deux ethnies et est égal à 0,5. Les différentes parties des plantes qui interviennent le plus dans les recettes proposées sont les feuilles. Chez les Wolof comme chez les Peulh, ce sont d’abord les feuilles puis les racines. L’importance de l’usage des feuilles sur les autres parties de la plante telles que les écorces, les tiges et les fruits s’explique d’une part par sa disponibilité d’autre part par la localisation de principes actifs. Ce privilège faitaux feuilles est démontré par plusieurs études réalisées dans des zones différentes (Hmeyada, 2009; Das et al., 2012 ; Esha et al., 2012 ; Niang et al., 2014a). Selon (Das et al., 2012), cette importante contribution des feuilles s’explique par le fait qu’elles contiennent les principaux composants bio-actifs de la plante.
La diversité des espèces alimentaire dans cette partie nord du Sénégal est plus ou moins égale à celle trouvée par (Guigma et al., 2012) dans seulement trois villages du sud du Burkina Faso. Elle est alors faible mais plus importante dans les sites Peulh que dans ceux des Wolof. Nous pouvons ainsi quantifier la production alimentaire végétale à partir des différents produits que peuvent fournir ces plantes alimentaires (Ngom, 2013) afin de mettre en évidence les différentes espèces victimes d’une surexploitation (Grouzis et Albergel, 1989) mais également d’assurer un suivi et une évaluationde cette production des écosystèmes. La prédominance d’espèces ligneuses observée dans l’alimentation aussi bien chez les Peulh que chez les Wolof confirme les propos d’auteurs ayant travaillé dans cette partie nord du Sénégal quant à l’importance du rôle des ligneux (Le Houerou, 1980 ; Niang, 2009 ; Ngom, 2013 ; Niang et al., 2014a ; Sagna et al., 2014). Les deux produits venant de la plante quisont les plus utilisés sont les feuilles et les fruits de différentes espèces. La surexploitation d’un produit comme les fruits peut être à l’origine de sérieux problèmes pour la biodiversité (Niang et al., 2014a ; 2014b). En réalité, certaines formes d’usage tel que la transformation desamendes de Balanites aegyptiaca en huile (Sagna et al., 2014), la cuisson des fruits de certaines espèces (Guèye et al., 2014) pourraient influer sur la pérennité de l’espèce. A cela s’ajoutent d’autres conditions décrites par Boussim et Gampine (1995). L’importance de l’usage des feuilles s’explique d’une part par leurimplication dans les recettes de base. Cela est confirmé par plusieurs études faites dans différentes zones (Koni et Bostoen, 2008 ; Ngom, 2013 ; Sagna et al., 2013). D’autre part, il y a l’importante quantité d’éléments essentiels pour l’organisme contenus dans les feuilles (Martin, 2004 ; Das et al., 2012).
Adansonia digitata, Leptadenia hastata, Senna italica, Ziziphus mauritiana, Boscia senegalensis et Balanites aegyptiaca sont les espèces les plus connues dans l’alimentation chez les Peulh. Le fait que des espèces comme Balanites aegyptiaca, Adansonia digitata et Ziziphus mauritiana se rencontre chez les Wolof pour les mêmes fonctions que chez les Peulh confirme et met en évidence l’une des raisons de leur utilité dans cette zone de la Grande Muraille Verte (Dia et Duponnois, 2010). L’implication dans l’alimentation humaine en Afrique de ces trois espèces a été rapportée parplusieurs travaux dont ceux de Sop et al., (2012), ceux de Niang et al, (2014 a). Sop et al. (2012) ont également rapporté l’utilisation de dans l’alimentation humaine de Leptadenia hastata et de Boscia senegalensis. De même, l’usage alimentaire de Crateva adansonnii, une espèce pas du tout connue dans l’alimentation chez les Wolof et très peu connue dans l’alimentation chez les Peulh. De chez les Bandundu de la RDC Congo soit 10 % des enquêtés Koni et Bostoen (2008) confirme son usage.
CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES
Tout cet ensemble constitué par la problématique soulevée dans un contexte bien défini, l’objectif principal fixé, les objectifs spécifiques à travers lesquels ce dernier est mis en œuvre ainsi que la méthodologie appliquée permettant l’aboutissement à un certain nombre de résultats a permis d’obtenir de manière bien structurée des réponses pour chaque question posée ou prise en compte par cette étude.
Notons que la caractérisation de la végétation ligneuse du Ferlo a tout d’abord permis d’avoir des informations sur la diversité végétale et la structure de celle-ci notamment sur l’importance écologique des familles et de genres qui y sont présents. Soient 20 espèces, 18 genres et 12 familles. La famille des Mimosaceaeest la mieux représentée. Elle est suivie des Combretaceae, des Asclepiadaceaeet des Papilionaceae. La distribution selon la hauteur des individus du peuplement montre une hétérogénéité dela structure de ce dernier. En effet, les individus de petite taille sont constitués essentiellement de jeunes Balanites aegyptiaca, des Boscia senegalensis et des Calotropis procera qui sont des arbustes ainsi que des Acacia senegalqui sont des arbres de taille moyenne égale à 5 m. Cependant les individus de grande taille sont uniquement représentés par les vieux Balanites aegyptiaca et les individus des espèces comme Sclerocarya birrea, Acacia tortilis var. raddianaet Adansonia digitata. La distribution selon la circonférence des individus à0,3 cm du sol implique une fréquence des jeunes individus dans le peuplement.
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Table des matières
DEDICACES
REMERCIEMENTS
TABLE DES MATIERES
RESUME
INTRODUCTION
CHAPITRE I : ETAT DES LIEUX SUR LA ZONE D’ETUDE
I-1- Situation géographique
I-2- Climat
I-3- Hydrographie et hydrologie
I-4- Sol
I-5- Flore et végétation
I-6- Aspects socio-économiques
I-6-1- Population
I-6-2- Elevage
I-6-3- Agriculture et cueillette
I-6-4- Exploitation du bois
I-6-5- Commerce
CHAPITRE II : CARACTERISATION DE LA VEGETATION LIGNEUSE
II-1- Matériel et méthode
II-1-1- Matériel
II-1-1-1- Présentation de la Zone d’étude
II-1-1- 2- Matériel de terrain
II-1-2- Méthode
II-1-2-1- Collecte de données
II-1-2- 2- Traitement des données
II-2- Résultats
II-3- Discussion
CHAPITRE III : USAGES DES PLANTES
III-1- Matériel et Méthode
III-1-1- Matériel
III-1-1-1- Les cibles
III-1-1-1-1- Les Peulh
III-1-1-1-2- Les Wolof
III-1-2- Méthode
III-1-2-1- Collecte des données ethnobotaniques
III-1-2-1-1- Echantillonnage et choix des sites
III-1-2-1-2- Les entretiens
III-1-2-1-2-1- Les entretiens individuels
III-1-2-1-2-2- Les observations directes
III-1-2-2- Identification des espèces
III-1-2-3- Traitement des données
III-2- Résultats
III-2-1- Usages des plantes chez les Peulh
III-2-1-1- Usage médicinal chez les Peulh
III-2-1-2- Usage alimentaire des plantes chez les Peulh
III-2-2- Usages des plantes chez les Wolof
III-2-2-1- Usage médicinal des plantes chez les Wolof
III-2-2-2- Usage énergétique des plantes chez les Wolof
III-2-2-3- Usage alimentaire des plantes chez les Wolof
CHAPITRE IV. COMPARAISON DES USAGES CHEZ LES PEULH ET LES WOLOF DU FERLO
IV-1- Synthèse sur les différentes catégories d’usage dans le Ferlo
IV-2- Les usages médicinaux
IV-3- Les usages alimentaires
IV-4- Importance des espèces dans les usages au Ferlo
IV-5- Comparaison de quelques espèces par rapport à leur Niveau de Fidélité à la phytothérapie et à l’alimentation
IV-6- Disponibilité de la ressource
IV-7- Corrélation des informations et determination des espèces menacées dans le Ferlo Nord
IV-7-1- Indice de menace (IM)
IV-8- Discussion
CHAPITRE V. DISCUSSION GENERALE
CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXESA