Le paludisme, terme utilisรฉ par les franรงais depuis 1864 en rรฉfรฉrence aux marรฉcages (du latin palus = marais) largement connue sous le terme italien de malaria datant de 1740 (malโ aria = mauvais air), terme prรฉfรฉrentiellement utilisรฉ ร ce jour par les anglo-saxons [67] est une maladie parasitaire, une รฉrythrocytopathie fรฉbrile et hรฉmolysante due au dรฉveloppement et ร la multiplication chez lโhomme dโhรฉmatozoaires du genre Plasmodium. Il est inoculรฉ ร lโhomme par la piqรปre dโun moustique, lโAnophรจle femelle [23]. Ce parasite comporte plus de 140 espรจces qui infestent les mammifรจres, les reptiles et les oiseaux. Seules quatre espรจces de Plasmodiums auxquelles, depuis quelques annรฉes, sโajoute une cinquiรจme, sont connues pour causer la maladie chez lโhomme. Ces espรจces sont Plasmodium vivax, Plasmodium malariae, Plasmodium ovale, Plasmodium falciparum [96] et Plasmodium knowlesi sรฉvissant dans les rรฉgions forestiรจres dโAsie du Sud-est [28]. Plasmodium falciparum est lโespรจce la plus rรฉpandue provoquant la forme clinique pour laquelle lโรฉvolution de la maladie est la plus grave. A lโรจre du troisiรจme millรฉnaire, le paludisme demeure encore, par sa frรฉquence et sa gravitรฉ, lโun des problรจmes de santรฉ publique les plus importants dans les pays tropicaux [40]. Ainsi, lโOrganisation Mondiale de la Santรฉ (OMS) a indiquรฉ que selon les derniรจres estimations, 198 millions de cas de paludisme (plage comprise entre 124 et 283 millions) et 584 000 dรฉcรจs associรฉs (plage comprise entre 367 000 et 755 000) ont รฉtรฉ recensรฉs dans le monde en 2013[61]. Il reste la maladie parasitaire tropicale la plus importante ; plus de 90% des cas et des dรฉcรจs concernent l’Afrique sub saharienne, en particulier chez les enfants de moins de 5 ans (78% des cas) [61]. En dehors du coรปt humain important, le paludisme affecte lโรฉconomie en rรฉduisant le Produit Intรฉrieur Brut (PIB) et entrave la scolaritรฉ des enfants et le dรฉveloppement social.
SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE SUR LE PALUDISME
GENERALITES SUR LE PALUDISMEย
DEFINITION
Le paludisme est une affection endรฉmo-รฉpidรฉmique due ร un hรฉmatozoaire du genre Plasmodium transmis par la piqure dโun moustique lโanophรจle femelle [5, 49].
HISTORIQUE
Dans lโhistoire du paludisme la premiรจre date ร retenir est sans doute lโannรฉe
โ 1630 avec la dรฉcouverte par les indiens dโAmรฉrique, des vertus de lโรฉcorce de quinquina pour le traitement de certaines fiรจvres.
โ En 1820, Pelletier et Caventou isolent lโalcaloรฏde actif : la quinine
โ En 1880 : dรฉcouverte par Laveran, mรฉdecin militaire franรงais de 3 plasmodies, ร Constantine. Ce qui lui a valu le Prix Nobel de mรฉdecine.
โ En 1897, la transmission de cette affection par des moustiques du genre Anopheles est soupรงonnรฉe par Ross et confirmรฉe par Grassi en 1898.
โ En 1922, une quatriรจme espรจce plasmodiale : Plasmodium ovale est isolรฉe par Stephens.
โ En 1940 la chloroquine fut dรฉcouverte
โ En 1948, Short et Garnham mettent en รฉvidence lโexistence de parasites exoรฉrythrocytaires dans le foie.
โ 1950 marque la lutte contre les anophรจles par les insecticides, cโest lโรจre du DDT (Dichloro Diphรฉnyl Trichloroรฉthane)
โ 1960 marque lโรฉradication du dernier foyer de paludisme en France et lโapparition de la rรฉsistance aux insecticides et ร la chloroquine (Amรฉrique du sud, Asie du Sud-est)
โ En 1968, lโOMS renonce ร lโรฉradication du paludisme.
โ En 1976, Trager et Jensen rรฉussissent la premiรจre culture continue in vitro de Plasmodium falciparum.
โ En 1980 : mise en รฉvidence des hypnozoรฏtes dans les hรฉpatocytes par Krotoski et Garnham.
โ EN 1990 : on assiste ร une rรฉsistance du Plasmodium, ร la chloroquine dans tous les pays tropicaux puis ร la mรฉfloquine (ร commencer par lโAsie du Sud Est).
MORPHOLOGIE
Aprรจs coloration au May-Grรผnwald-Giemsa, sur frottis mince, les Plasmodium apparaissent sous diffรฉrentes formes : trophozoรฏte, schizonte, gamรฉtocyte. Lโaspect de ces diffรฉrentes formes permet de diffรฉrencier les cinq espรจces pouvant infester lโhomme : Plasmodium falciparum, Plasmodium malariae, Plasmodium ovale, Plasmodium vivax et Plasmodium knowlesi.
BIOLOGIE
HABITAT
Le parasite se retrouve successivement chez l’homme qui est lโhรดte intermรฉdiaire et chez l’anophรจle femelle qui est l’hรดte dรฉfinitif.
CYCLE EVOLUTIF
Pour se dรฉvelopper, le parasite a besoin de deux hรดtes qui rendent son cycle biologique complexe, lequel comprend trois รฉtapes dont deux se passent chez lโhomme : lโhรดte intermรฉdiaire et une รฉtape chez lโanophรจle femelle : lโhรดte dรฉfinitif (figure 3).
โย Stade tissulaire ou schizogonie hรฉpatique
Lors dโun repas de sang, lโanophรจle femelle va injecter ร lโhomme des sporozoรฏtes contenus dans ses glandes salivaires. Ces derniers transitent dans la circulation gรฉnรฉrale. En une demi-heure environ, ils envahissent les hรฉpatocytes. Les sporozoรฏtes entrent alors dans une phase de rรฉplication dans la vacuole parasitophore. Ce qui repousse en pรฉriphรฉrie le noyau de la cellule, laquelle finit par constituer une masse multinuclรฉe appelรฉe schizonte hรฉpatique. Arrivรฉ ร maturitรฉ, le schizonte รฉclate et libรจre dans le sang des mรฉrozoรฏtes. Cette รฉtape dure 6 ร 10 jours.
โย Stade sanguin ou schizogonie รฉrythrocytaire
Aprรจs avoir รฉtรฉ libรฉrรฉs dans le sang, certains mรฉrozoรฏtes sont phagocytรฉs. La plus grande partie va parasiter les globules rouges. Le mรฉrozoรฏte se diffรฉrencie au sein de lโรฉrythrocyte en prenant la forme dโun anneau correspondant au trophozoรฏte, ร partir duquel, une intense phase rรฉplicative commence. Une phase de dรฉveloppement nuclรฉaire et de division donnant un corps en rosace ou schizonte รฉrythrocytaire qui correspond ร la cellule sanguine bourrรฉe de Plasmodium. Le schizonte รฉclate. Il libรจre alors 8 ร 32 mรฉrozoรฏtes qui rapidement rรฉinfectent des รฉrythrocytes ร nouveau. Cette phase dure 48 h pour P.falciparum, P .ovale, P .vivax et 72 h pour P .malariae.
En absence de traitement, les parasites รฉvoluent de faรงon synchrone et dรฉtruisent les hรฉmaties de maniรจre pรฉriodique. Cette phase est responsable des accรจs fรฉbriles. Certains mรฉrozoรฏtes vont ร nouveau parasiter dโautres hรฉmaties, tandis que dโautres se dotent dโun potentiel sexuรฉ et se transforment en gamรฉtocytes mรขles et femelles. La schizogonie hรฉpatique et la schizogonie รฉrythrocytaire reprรฉsentent la phase asexuรฉe.
โย La sporogonie (Phase sexuรฉe)
Lโanophรจle sโinfeste en avalant des gamรฉtocytes lors dโun repas de sang chez un sujet infectรฉ. Le gamรฉtocyte femelle se transforme en macrogamรจte immobile, quand au gamรฉtocyte mรขle, il se divise en 8 microgamรจtes qui subissent un processus dโex flagellation. Les microgamรจtes mรขles sont donc mobiles. La fรฉcondation dโun microgamรจte mรขle et dโun macrogamรจte femelle dans lโestomac de lโanophรจle femelle donne un ookinรจte mobile. Il sโenfonce dans la paroi de lโestomac entre les cellules รฉpithรฉliales, pour donner un oocyste au niveau de la face externe. Cette brรจve phase diploรฏde sโachรจve. Elle est suivie de plusieurs mitoses qui conduisent au dรฉveloppement des sporozoรฏtes. A maturitรฉ, lโoocyste รฉclate et libรจre ses รฉlรฉments mobiles et haploรฏdes dans lโhรฉmolymphe. Les sporozoรฏtes gagnent prรฉfรฉrentiellement les glandes salivaires de lโanophรจle dโoรน ils pourront รชtre injectรฉs lors dโune prochaine piqรปre infectante.
LES ANTIGENES PARASITAIRESย
Les plasmodies expriment un grand nombre dโantigรจnes (probablement 5300 chez P. falciparum) qui diffรจrent dโun stade parasitaire ร lโautre. Les antigรจnes exprimรฉs sont souvent polymorphes dโun clone parasitaire ร lโautre et certains antigรจnes comme ceux codรฉs par des gรจnes var (e.g. Pfemp1, P. falciparum รฉrythrocyte membrane protรฉine – 1) sont polymorphes au sein dโun mรชme clone parasitaire [86].Quel que soit leur stade parasitaire, les Plasmodiums ont une structure antigรฉnique trรจs complexe. Et cette complexitรฉ du parasite constitue le principal obstacle ร la mise au point du vaccin contre le paludisme [52].
Aux stades sexuรฉs (gamรจtes, gamรฉtocytes, zygotes et ookinรจtes) on a le Pfs28 (Antigรจne du gamรฉtocyte de Plasmodium falciparum 28) et le Pfs25 (Antigรจne du gamรฉtocyte de Plasmodium falciparum 25). Ces deux antigรจnes sont trรจs immunogรจnes et ont une diversitรฉ antigรฉnique limitรฉe [37]. Aux stades asexuรฉs รฉrythrocytaires on a AMA1 (Apical Membrane Antigen 1) et MSP1 (Mรฉrozoite Surface Protein 1) [46]. Aux stades prรฉ รฉrythrocytaires, la protรฉine la mieux caractรฉrisรฉe est le CSP (Circum sporozoite Protein) [50].
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE SUR LE PALUDISME
I. GENERALITES SUR LE PALUDISME
I.1. DEFINITION
I.2. HISTORIQUE
I.3.EPIDEMIOLOGIE
I. 3.1. AGENT PATHOGENE
I. 3.2. VECTEUR
I. 3.3. MODES DE CONTAMINATION
I. 3.4. IMMUNITE
I.3.5. RESERVOIR DE PARASITE
I. 3.6. LES FACTEURS FAVORISANTS
I. 3.7. REPARTITION GEOGRAPHIQUE
I.4. PYHSIOPATHOLOGIE
I.5. FORMES CLINIQUES
I. 5.1. PALUDISME DE PRIMO-INVASION
I.5.2. ACCES PALUSTRE SIMPLE
I.5.3. ACCES PERNICIEUX
I.5.4. PALUDISME VISCERAL EVOLUTIF
I.5.5. FIEVRE BILIEUSE HEMOGLOBINURIQUE
I.5.6. AUTRES FORMES
I.6. DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE
I. 6.1. DIAGNOSTIC PARASITOLOGIQUE
I.6.2. DIAGNOSTIC IMMUNOLOGIQUE
I.6.3. DIAGNOSTIC MOLECULAIRE
I.7. TRAITEMENT
I. 7.1. TRAITEMENT DU PALUDISME SIMPLE
I.7.2. TRAITEMENT DU PALUDISME GRAVE
I.7.3. DIRECTIVES RELATIVES AU TRAITEMENT DU PALUDISME AU SENEGAL
I.8. PROPHYLAXIE
I.8.1. CHIMIOPROPHYLAXIE
I.8.2. PROTECTION DU SUJET SAIN
I.8.3. VACCIN
II. CHIMIORESISTANCE
II.1. DEFINITION
II.2. MECANISME DE RESISTANCE
II .3. FACTEURS FAVORISANTS
II. 4. SITUATION DE LA RESISTANCE AUX ANTIPALUDIQUES
II. 5. EVALUATION DE LA CHIMIOSENSIBILITE
II.5.2. TESTS IN VIVO
II.5.1. TESTS EX VIVO
II.5.3. ETUDE DES MARQUEURS MOLECULAIRES
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL PERSONNEL
I.CADRE DE LโETUDE : LA SLAP DE THIES
I.1. GENERALITES SUR LA REGION DE THIES
I.1.1. DESCRIPTION DA LA REGION DE THIES
I.1.2. LโENDEMICITE PALUSTRE
I.1.3.SITUATION SANITAIRE
I.1.4. LA SLAP
II. MATERIEL
III. METHODES
III.1. PERIODE DโETUDE
III.2. POPULATION DโETUDE
III.3. RECRUTEMENT DES PATIENS ET PRELEVEMENT
III.3.1. RECRUTEMENT DES PATIENTS
III.3.2. PRELEVEMENT
III.4. TECHNIQUE DU DAPI TEST
III.4.1. DEFINITION
III.4.2 STRUCTURE CHIMIQUE DU DAPI
III.4.3. PRINCIPE
III.4.4. MODE OPERATOIRE
III.5. ANALYSE STATISTIQUE DES RESULTATS
IV. RESULTATS
IV .1. REPARTITION DE LA POPULATION DโETUDE SELON LโAGE,
LE SEXE ET LA DENSITE PARASITAIRE
IV.1.1. SELON LE SEXE
IV.1.2. SELON LโAGE
IV.1.3. SELON LA DENSITE PARASITAIRE
IV.2. REPARTITION GLOBALE DES SOUCHES SENSIBLES ET RESISTANTES
IV.3. REPARTITION DES ISOLATS RESISTANTS SELON LโAGE ET LA DENSITE PARASITAIRE
IV.3.1. REPARTITION DES ISOLATS RESISTANTS SELON LโAGE
IV. 3.2. REPARTITION DES ISOLATS RESISTANTS SELON LA DENSITE PARASITAIRE
V. REPARTITION GLOBALE DES ISOLATS RESISTANTS SELON LโAGE ET LA DENSITE PARASITAIRE
V .1. SELON LโAGE
V.2. SELON LA DENSITE PARASITAIRE
VI. DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES