Syntaxinomie générale des formations végétales des ripisylves méditérranéennes
Introduction générale
Les écosystèmes méditerranéens sont caractérisés par des contraintes climatiques et pédologiques dures.
Selon Stambouli et al., (2010), depuis le littoral jusqu‟à la steppe, la végétation de Tlemcen est un bon exemple d‟étude de la diversité végétale. Elle présente une intéressante synthèse de la dynamique naturelle des écosystèmes.
Certaines contraintes climatiques perturbe fortement la végétation naturelle, envahi progressivement ces écosystèmes par des groupements végétaux caractéristiques, dus à l‟action de l‟homme et à ses troupeaux.
La croissance démographique avec les changements climatiques engendre une évolution régressive du tapis végétal, aussi bien dans son architecture que dans sa structure.
Ajouté a cela, l‟exploitation abusive des différents écosystèmes mène à la disparition des espèces ligneuses (= déforestation, dématorralisation), remplacées par des espèces vivaces (= steppisation), puis par des herbacées annuelles (= thérophytisation).
La thématique « Les ripisylves de la région de Tlemcen, cas des groupements à Tamarix L.» un sujet assez intéressant, m‟a été proposée par ma directrice de thèse, pour ajouter quelques données à l‟écologie ; sachant que ces milieux humides au niveau des cours d‟eau de la région de Tlemcen ne sont malheureusement pas pris en compte par les forestiers dans leur gestion, leurs statistiques et surtout dans leur protection.
L‟étude porte sur les ripisylves de la région de Tlemcen, sur les rives de Oued Tafna, depuis l‟amont jusqu‟à l‟aval, en passant par la moyenne Tafna.
L‟objectif de cette étude est de décrire le cortège floristique de la ripisylve, avec leur systématique et de souligner les différents groupements végétaux à Tamarix L.
Répondant aux objectifs que l‟on s‟est fixés, cette étude est répartie en quatre grands chapitres :
Un premier, consacré à un aperçu bibliographique sur les ripisylves méditerranéennes, des généralités sur le genre Tamarix L., et la position systématique du Tamarix L. dans la région de Tlemcen.
Quant au second, présente le cadre physique avec l‟étude bioclimatique et la méthodologie du travail.
Biodiversité par l’instabilité
L‟existence des ripisylves dépend de la présence d‟une nappe phréatique peu profonde et d‟inondations périodiques. Cependant, elles diffèrent des zones humides par leur forme
linéaire et par leur topographie tourmentée, qui est souvent bouleversée par les crues. Cette hétérogénéité dans l‟espace et dans le temps leur confère une remarquable diversité spécifique et fonctionnelle.
Renouvellement par les aléas hydrologiques
Les régimes hydrologiques des cours d‟eau adjacents influencent la dynamique de la végétation riveraine. Les crues modifient les berges des rivières, des mosaïques changeantes de communautés végétales imbriquées sont créées, les unes pionnières, les autres matures.
Chaque communauté représente un des stades de la succession végétale riveraine. Sur les alluvions récentes déposées par les crues, se développent les communautés pionnières, formations dominées par des herbacées plus ou moins hautes selon la richesse du sol. Peu à peu, par sédimentation elles se dégagent, des conditions de vie aquatique pour laisser la place à des communautés boisées, passant des saulaies et des aulnaies aux peupleraies, puis aux chênaies-frênaies et enfin aux chênaies mixtes, ces dernières non soumises aux inondations.
Cette séquence peut durer une trentaine d‟années au fur et à mesure que la sédimentation élève le substrat par rapport au niveau des cours d‟eau. À tout moment, par érosion, de nouvelles crues peuvent ramener un stade donné au point de départ.
Ecologie du genre Tamarix L.
Habitat
Le Tamarix L. se trouve dans des systèmes fluviaux, oueds, lacs surtout salés, aux bords des routes et des chemins de fer, marécages saisonniers ; les plantes mûres peuvent résister à de longues périodes d’inondation de l’eau (70-90 jours, et même plus de 500 jours) et d‟autres situations de montagnes, et les déserts arides etc. (McDaniel et Taylor, 2003).
En effet c‟est un phréatophyte facultatif qui se développe mieux quand il y a une source
possible des eaux souterraines, il peut survivre dans des secteurs arides sans abondance
d’humidité extérieure.
Le Tamarix L. peut se développer sur des altitudes allant de 0 à 2100 m, mais préfère les
sols salins en dessous de 500 m (DiTomaso 1996).
Les espèces du genre Tamarix L. sont rencontrées dans des milieux chauds, arides, des environnements des déserts froids, et des habitats de montagne (Khabtane, 2010).
Groupement B
Peu d‟espèces caractérisent ce groupement ; citons : Anacyclus valentinus, Carduus pycnocephalus, Scolymus hispanicus et Anagallis arvensis (tableau XXXX).
– Les espèces de ce groupement sont des espèces qui résistent à la sécheresse et sont indifférentes au substrat.
Groupement C
Selon le tableau XXXXI (annexe), ce groupement regroupe les espèces présentes au niveau de la station de Rachgoun. Les espèces caractéristiques sont les suivantes : Polygonum maritimum, Urtica pilulifera, Senecio leucanthemifolius, Centaurea pullata, Calendula arvensis, Chenopodium murale, Stellaria media, Anacyclus valentinus, Malva parviflora, Malva sylvestris, Ballota hirsuta, Silybum murianum et Xanthium strumarium.
– Dans ce groupement, on remarque bien la présence d‟espèces qui préfèrent des sols plus ou moins salés.
Essai cartographique
Les représentations cartographiques du tapis végétal constituent des documents de travail indispensables pour de nombreuses études.
Une carte de la végétation peut être considérée sous différents aspects, en tant que carte de la physionomie montrant l‟état présent de la végétation, ou comme, une carte de l‟utilisation du territoire. Selon (Burger, 1957) : « Une carte aussi complète soit-elle n‟est toujours qu‟une schématisation de la réalité »
Il est maintenant établi que la cartographie de la végétation constitue une approche efficace pour réaliser le plus rapidement une représentation spatiale des écosystèmes et en particulier l‟échelle régionale ou géographique, selon Ozenda (1982).
Les cartes thématiques restent des outils nécessaires pour toutes formes d‟aménagement et de compréhensions d‟un écosystème.
La cartographie est la base de l‟aménagement écologique des écosystèmes (Long, 1975) ; (Ozenda, 1982 ; 1986) ; (Mediouni et Letreuch-Belarouci, 1987) ; (Ferka Zazou, 2006)).
Elle permet une connaissance approfondie du milieu, de ses potentialités et de ses utilisations optimales.
Conclusion générale
La végétation de la région de Tlemcen est un excellent exemple d‟étude concernant la phytodiversité, depuis le littoral jusqu‟à la steppe, la dynamique naturelle des écosystèmes qui s‟y trouve fait l‟objet d‟une intéressante synthèse, surtout la végétation ripisylve située spécialement sur les rives de la Tafna.
Cette diversité est contrôlée par des facteurs écologiques qui influencent la végétation, telle que le facteur climatique. L‟étude de ce dernier nous montre clairement que le climat de la zone d‟étude est de type méditerranéen, dont deux étages bioclimatiques (sub-humide et semiaride), avec la saison hivernale qui est caractérisée par l‟irrégularité de la pluviométrie, et la saison estivale marquée par de fortes chaleurs combinées à de longues périodes de sécheresse.
Le quotient pluviothermique diminue considérablement, et le positionnement de chacune des stations étudiées se trouve dans le semi-aride.
Le résultat de l‟étude climatique confirme nettement la présence et l‟installation d‟espèces xérophytes, surtout thérophytiques. Ces espèces thérophytiques recensées dans la zone d‟étude, sur les rives de la Tafna, appartiennent essentiellement aux familles des Asteraceae, des Poaceae, des Fabaceae, et des Chenopodiaceae.
Sur le plan biogéographique, l‟élément méditerranéen prend la première place, ensuite le
cosmopolite et enfin le paléo-tempéré.
Les espèces étudiées sont dominées par des thérophytes, puis les hémicryptophytes, suivis par les chaméphytes, les géophytes et les phanérophytes en dernier. La dominance des thérophytes par rapport des autres types biologiques prouve la présence d‟une éventuelle dynamique régressive au niveau de la zone d‟étude, et l‟analyse statistique en A.F.C. des 236 espèces végétales recensées dans 234 relevés floristiques, nous a bien montré cette dégradation et cette thérophytisation.
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Table des matières
Introduction générale
Chapitre I : Synthèse bibliographique
I.1. Généralité sur les ripisylves méditerranéennes
I.1.1. Introduction
I.1.2. Caractères physionomiques et fonctionnels majeurs
I.1.3. Caractères floristiques généraux
I.1.4. Ripisylves liées aux cours d‟eau permanents
I.1.5. Ripisylves liées aux cours d‟eau transitoires
I.1.6. Conclusion
I.2. Biodiversité par l‟instabilité
I.2.1. Introduction
I.2.2. Renouvellement par les aléas hydrologiques
I.2.3. Biodiversité riveraine
I.2.4. Notion de richesse spécifique
I.2.5. Conclusion
I.3. Syntaxinomie générale des formations végétales des ripisylves méditérranéennes
I.3.1. Querco roboris-fagetea sylvaticae Br.-Bl. &Vlieger in Vlieger 1937
I.3.2. Salicetea purpureae Moor 1958
I.3.3. Nerio oleandri-tamaricetea africanae Br.-Bl. & O. Bolòs 1958
I.4. Généralité sur le genre Tamarix L
I.4.1. Caractères généraux de la famille des Tamaricaceae
I.4.2. Description du genre Tamarix L
I.4.3. Caractères botaniques du genre Tamarix L
I.5. Biologie du genre Tamarix L
I.5.1. Multiplication
I.5.2. Rythme de croissance
I.5.3. Longévité du gente Tamarix L
I.6. Ecologie du genre Tamarix L
I.6.1. Habitat
I.6.2. Sol
I.6.3. Salinité
I.6.4. Pouvoir d‟hydrolyse (dit pH)
I.6.5. Acquisition de l‟eau
I.6.6. Résistance au feu
I.6.7. Rôle hydrologique et sédimentaire
I.7. Utilisation du genre Tamarix L
I.7.1. Comme aliment de bétail
I.7.2. Comme plante miélifère
I.7.3. Comme plante médicinale
I.8. Position systématique du Tamarix L. dans la région de Tlemcen
I.8.1. Introduction
I.8.2. Caractères botaniques
I.8.3. Résultats
I.8.4. Conclusion
Chapitre II : Milieu physique
II.1. Milieu physique
II.1.1. Présentation du bassin versant de la Tafna
II.1.2. Réseau hydrographique
II.1.3. Géologie et géomorphologie
II.1.4. Pédologie
II.1.5. Végétation
II.2. Etude bioclimatique
II.2.1. Méthodologie
II.2.2. Paramètres climatiques
II.2.3. Autres paramètres climatiques
II.2.4. Synthèse bioclimatique
II.3. Méthodologie
II.3.1. Méthode d‟étude
II.3.2. Zonage écologique
II.3.3. Echantillonnage et choix des stations
II.3.4. Description des stations
Chapitre III : Biodiversité floristique
III.1. Diversité floristique
III.1.1 Introduction
III.1.2. Composition de la flore de la zone d‟étude
III.1.3. Caractéristiques biologiques
III.1.4. Caractéristiques morphologiques
III.1.5. Caractéristiques biogéographiques
III.1.6. Indice de perturbation
III.1.7 Conclusion
III.2. Indices de diversité
III.2.1 Introduction
III.2.2 Indices de Shannon
III.2.3 Indice de réciprocité de Simpson
III.2.4 Indice de Margalef
III.2.5 Conclusion
Chapitre IV : Analyse statistique de la végétation et essai cartographique
IV.1. Analyse statistique
IV.1.1 Introduction
IV.1.2 Méthode d‟étude
IV.1.3 Interprétation des résultats
IV.1.4 Indice de caractérisation
IV.1.5 Conclusion
IV.2. Essai cartographique
IV.2.1 Introduction
IV.2.2 Méthodologie
IV.2.3 Commentaire de la carte
IV.2.4 Conclusion
Conclusion générale
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