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Physiopathologie de la dermatite atopique [15,16]
La DA est caractรฉrisรฉe par lโexistence de manifestations dโhypersensibilitรฉ mรฉdiรฉe par des IgE et par des lymphocytes T spรฉcifiques.
Les mรฉcanismes physiopathologiques ร lโorigine des lรฉsions dโeczรฉma atopique impliquent trois partenaires : lโantigรจne, les cellules prรฉsentatrices dโantigรจne du groupe des cellules dendritiques (CD) encore appelรฉes les cellules de Langerhans (CL) et les lymphocytes T (LT) spรฉcifiques.
La phase de sensibilisation
Cette phase survient chez les sujets gรฉnรฉtiquement prรฉdisposรฉs. Elle est cliniquement muette et aboutit ร la gรฉnรฉration de LT spรฉcifiques dโallergรจnes. La sensibilisation se fait par pรฉnรฉtration des allergรจnes dans la peau. Cette pรฉnรฉtration est favorisรฉe par les anomalies de la barriรจre cutanรฉe caractรฉrisant le patient atopique. Nรฉanmoins, la pรฉnรฉtration des antigรจnes peut aussi se faire ร travers les muqueuses respiratoires et digestives. Les allergรจnes sont alors prisent en charge (internalisรฉs) par les CL. Celles-ci ont la particularitรฉ dโexprimer ร leurs surfaces des rรฉcepteurs aux IgE. Elles-mรชmes fixรฉes aux allergรจnes, ce qui facilite lโinternalisation. Lorsque les allergรจnes pรฉnรจtrent ร travers les muqueuses, ils sont pris en charge par les CD de ces diffรฉrents รฉpithรฉliums.
La prise en charge de lโallergรจne est suivie dโune dรฉgradation en peptides et dโune migration des CL ou CD dans les ganglions lymphatiques. Il y a alors prรฉsentation des peptides dโantigรจnes aux LT, suivie de lโactivation et lโexpansion clonale de ceux-ci. Les lymphocytes T mรฉmoires vont passer dans le sang et migrer jusquโau derme.
La phase dโexpression de lโeczรฉma
Cette phase survient chaque fois que le patient est en contact avec lโallergรจne auquel il est sensibilisรฉ.
Lors dโun contact ultรฉrieur avec lโallergรจne, celui-ci est prรฉsentรฉ de nouveau aux LT en passant par les mรชmes รฉtapes avec un temps de latence rรฉduit. Ceci serait ร lโorigine de lโactivation des LT spรฉcifiques dโallergรจnes au niveau du derme.
Lโactivation de LT spรฉcifiques aboutit ร la production de cytokines de type Th2 capables dโactiver dโautres types cellulaires (kรฉratinocytes et cellules endothรฉliales). Cela entraรฎnerait la production de cytokines inflammatoires : interleukines 3 (Il3), Il4, Il13, Il31 assurant le recrutement des leucocytes des capillaires vers le derme et lโรฉpiderme. Ces cytokines seraient responsables de lโexcรจs de production dโIgE caractรฉristiques de lโรฉtat atopique.
Les relations physiopathologiques entre les aliments et la DA
Lโallergie alimentaire est une rรฉaction immunologique vis-ร -vis dโun aliment.
Lโaliment pรฉnรจtre lโappareil gastro-intestinal, entraรฎne la digestion dโune protรฉine et la transformation de lโantigรจne qui va ร son tour pรฉnรฉtrer dans la circulation sanguine et se fixer dans diffรฉrentes parties du corps, en particulier au niveau de la peau et de la muqueuse respiratoire [6]. Plusieurs travaux [17,18] montrent le rรดle des anticorps de type IgE spรฉcifiques dโaliments dans la physiopathologie de la DA.
Les patients prรฉsentant une DA, ont des taux gรฉnรฉralement รฉlevรฉs dโIgE totales et spรฉcifiques [15]. Les antigรจnes alimentaires ingรฉrรฉs pรฉnรจtrent la barriรจre gastro-intestinale et sont transportรฉs par voie sanguine vers les cellules porteuses dโIgE spรฉcifiques de la peau. Lorsque la cellule prรฉsentatrice dโantigรจne prรฉsente lโantigรจne au lymphocyte, on note une production de cytokines puis induction dโune รฉruption eczรฉmateuse [7,17].
Lโรฉtude des mรฉcanismes dโinduction de la DA par lโAA se fonde sur lโhistologie de lโeczรฉma, comportant un infiltrat lymphocytaire de cellules CD3+ CD4+, de cellules mรฉmoire CD45RO+ et de surcroรฎt de nombreuses CL porteuses de rรฉcepteurs pour les IgE spรฉcifiques. De nombreuses cytokines sont exprimรฉes, avec des diffรฉrences entre lโeczรฉma aigu et lโeczรฉma chronique, suggรฉrant que lโeczรฉma aigu est dรฉclenchรฉ par lโactivation des Th2 par lโallergรจne, alors que la rรฉponse inflammatoire chronique est dominรฉe par une rรฉponse Th1. Les lymphocytes cutanรฉs obtenus ร partir des lรฉsions de DA induite par un aliment, expriment une quantitรฉ importante de CD30, marqueur de Th2. Ces caractรฉristiques invitent ร prรฉvoir le rรดle des IgE spรฉcifiques des allergรจnes alimentaires dans la physiopathologie de la DA [19].
Dโautres รฉtudes ont analysรฉ le rรดle des LT spรฉcifiques de lโallergรจne dans la DA avec AA [6,19]. Des LT spรฉcifiques de lโallergรจne alimentaire ont รฉtรฉ clonรฉs ร partir de lรฉsions cutanรฉes et de peau normale. Des IgE spรฉcifiques dโaliments sont รฉgalement dรฉtectรฉs en routine chez les sujets prรฉsentant des symptรดmes cliniques dรฉclenchรฉs par ces aliments. Certains auteurs suggรจrent que les manifestations retardรฉes de la DA, comme le rash se dรฉveloppant deux ร trois heures aprรจs le TPO, sont corrรฉlรฉs aux rรฉponses prolifรฉratives lymphocytaires in vitro ร lโaliment incriminรฉ et aux rรฉactions dโhypersensibilitรฉ retardรฉe mises en รฉvidence par les patchs tests [20]. Pour Novembre et Vierucci [21], le dรฉveloppement de la DA en rapport avec lโAA est probablement liรฉ ร une domiciliation cutanรฉe particuliรจre aux LT spรฉcifiques dโallergรจnes. Cette domiciliation cutanรฉe implique une molรฉcule dโadhรฉsion spรฉcifique, le ยซ CLA ยป ยซ Cutaneous Lymphocyte Antigen ยป, qui interagit avec la sรฉlectine E et dirige le LT vers la peau. Des patients souffrant de DA induite par le lait ont รฉtรฉ comparรฉs ร des sujets souffrant de rรฉactions induites par le lait mais de localisation gastro-intestinale [21]. Les LT rรฉactifs ร la casรฉine chez les enfants avec DA induite par le lait prรฉsentaient une expression significativement supรฉrieure du CLA que les patients souffrant de manifestations digestives dโallergie au lait.
EPIDEMIOLOGIE
La frรฉquence de la dermatite atopique
La frรฉquence de la DA a doublรฉ, voire triplรฉ en 30 ans. La DA toucherait 15 ร 30 % des enfants et de 2 % ร 10 % des adultes dans les pays dโEurope du nord [22].
Une รฉtude internationale [23], a rรฉvรฉlรฉ une forte augmentation de la prรฉvalence de la DA dans les pays รฉmergent comme le Mexique, le Chili, le Kenya et lโAsie du Sud, alors quโune stagnation voir une diminution de la prรฉvalence est notรฉe dans les pays ร niveau de vie les plus รฉlevรฉs, comme lโEurope de Ouest et du Nord et la Nouvelle- Zรฉlande.
Pour les jeunes enfants (six ร sept ans) 84 % des centres participants ont constatรฉ une augmentation de prรฉvalence notamment en Europe occidentale, au Canada, en Amรฉrique du Sud et en Australie. Ces diffรฉrences de prรฉvalence sont en faveur du rรดle de facteurs environnementaux sur le dรฉveloppement de la dermatite atopique dans le monde.
En Afrique du Nord [24,25], la prรฉvalence de la DA notรฉe en Tunisie est 9,4 ร 13 %. Cette prรฉvalence est estimรฉe au Maroc ร 6,5 % et 5,32 % en Algรฉrie.
A Lomรฉ, une รฉtude pรฉdiatrique a relevรฉ une incidence de la DA de 20,8% [26]. Une enquรชte ร Lagos [27] a trouvรฉ une incidence de la DA de 3%. En รthiopie, la prรฉvalence de la DA รฉtait de 1,2 % [28].
Au Sรฉnรฉgal, la DA reprรฉsentait 3% en 2011 dont 2/3 dโenfants pour un tiers dโadultes [29].
La DA est une pathologie ร rรฉvรฉlation prรฉcoce. 60 % des cas apparaissent avant un an et 80 % des cas avant lโรขge de 5 ans [22]. La DA sโamรฉliore avec lโรขge. Dans un tiers des cas, elle persiste jusquโร lโรขge adulte [4]. La prรฉvalence de la DA chez lโadulte a รฉtรฉ estimรฉe ร 10,2% dans une รฉtude amรฉricaine [30]. Ce chiffre a รฉtรฉ confirmรฉ par une รฉtude italienne (8,1 %) [31]. Au Sรฉnรฉgal, une รฉtude portant sur la DA chez 80 adultes a montrรฉ une prรฉvalence de 33% [29].
La frรฉquence de lโallergie alimentaire.
La prรฉvalence de lโAA est en constante augmentation. En Europe, elle est de 4,7 % en population pรฉdiatrique et de 3,2 % chez lโadulte [8]. En Afrique du Sud, Levin et al [32] ont rapportรฉ un taux de prรฉvalence de lโAA de 5 %. Au Zimbabwe, 10 % des 14 000 patients rรฉfรฉrรฉs ร la clinique dโallergologie de Harare avaient une allergie alimentaire [33].
Un travail prospectif multicentrique rรฉalisรฉ dans trois pays du Maghreb (Tunisie, Algรฉrie et Maroc) et en Afrique sub-saharienne (Sรฉnรฉgal), a รฉvaluรฉ la prรฉvalence de la sensibilisation ร cinq trophallergรจnes (lait de vache, blanc dโoeuf, arachide, crevette et morue) chez des enfants de trois ร 14 ans. La prรฉvalence de la sensibilisation au Sรฉnรฉgal รฉtait la plus รฉlevรฉe ร 41,8 % en comparaison avec le Maroc (29,4 %), lโAlgรฉrie (21,7 %) et la Tunisie (12,7 %) [34].
La frรฉquence relative des aliments incriminรฉs reflรจte les habitudes alimentaires et culturelles de chaque pays. Nรฉanmoins, lโoeuf, lโarachide et le lait de vache sont les principaux aliments impliquรฉs dans les AA de lโenfant, quโelle que soit la situation gรฉographique [35].
En France, les allergรจnes les plus frรฉquemment en cause dโAA sont lโoeuf (56 %), lโarachide (17 %), le lait (8 %), les fruits ร coque (8 %) et la moutarde (4 %) [36].
Aux รtats-Unis et en Grande-Bretagne, lโarachide est lโallergรจne no 1. Au Japon, le riz et le poisson sont les allergรจnes les plus rencontrรฉs. En Israรซl, le sรฉsame est lโallergรจne en pleine expansion. Les crustacรฉs et nids dโhirondelles dans les rรฉgions asiatiques et lโAustralie [37].
Au Ghana, 5% des รฉcoliers avaient un test cutanรฉ positif particuliรจrement contre lโarachide et lโananas [38].
Au Sรฉnรฉgal, selon une รฉtude menรฉ par Cheikh et al [34], la sensibilisation ร lโoeuf et ร lโarachide est prรฉdominante.
La frรฉquence de lโallergie alimentaire dans la dermatite atopique
La DA est frรฉquemment associรฉe ร dโautres maladies allergiques. 83,8 % des patients atteints de DA prรฉsentent dโautres รฉquivalents de lโatopie [30].
Dutau et Rancรฉ [39], ont montrรฉ que la frรฉquence de lโAA est beaucoup plus importante chez les atopiques : 33 ร 50 % (au cours de lโeczรฉma de lโenfant), 2 ร 8 % (asthmes), 1 ร 5 % (urticaires chroniques), et plus de 10 % (chocs anaphylactiques). Lโenquรชte de Kanny et al [40], confirme la plus forte prรฉvalence des AA chez les atopiques que chez les non atopiques (57 vs 17 %, p < 0,01).
Selon Moneret-Vautrin [8], les allergies alimentaires รฉtaient significativement plus frรฉquentes chez les patients souffrant de DA (environ 30 % des DA de lโenfant et 5 % des DA de lโadulte).
Un tiers des patients ayant une dermatite atopique modรฉrรฉe ร sรฉvรจre ont une allergie alimentaire [7]. La DA est la manifestation prรฉdominante de lโallergie alimentaire de lโenfant [6]. Environ 40 % des nourrissons et des jeunes enfants prรฉsentant une dermatite atopique, quโelle soit modรฉrรฉe ou sรฉvรจre, prรฉsentent une AA et 60 % des nourrissons ayant une DA prรฉsentent une sensibilisation alimentaire (au moins prick-test positif) [3,6].
LES MANIFESTATIONS CLINIQUES DE LโALLERGIE ALIMENTAIRE
Lโexpression clinique de lโAA รฉvolue avec lโรขge. Chez les enfants de moins de 3 ans, la DA est la manifestation clinique la plus frรฉquente, alors que lโasthme et les rรฉactions anaphylactiques sont lโapanage de lโadolescent ou de lโadulte [12] (Figure 1).
Urticaire et angioedรจme
Lโurticaire est une dermatose inflammatoire. On distingue les urticaires aigues, rรฉcidivantes et chroniques [43].
De trรจs nombreux aliments, mais รฉgalement des additifs et des conservateurs peuvent รชtre impliquรฉs dans lโurticaire aigue et plus rarement chronique.
Dans lโallergie alimentaire vraie, lโurticaire survient rapidement aprรจs lโingestion (quelques minutes ร deux heures). La responsabilitรฉ de lโaliment doit รชtre mise en doute au-delร dโun dรฉlai de 3 heures [44].
Au cours de lโurticaire chronique, il sโagit le plus souvent dโune ยซ pseudo-allergie ยป alimentaire par un mรฉcanisme non immunologique : aliments histaminolibรฉrateurs, riches en histamine ou en tyramine, consommรฉs en grande quantitรฉ (crustacรฉs, thon, fromages fermentรฉs, thรฉ, cafรฉ. . .) [44].
La lรฉsion dโurticaire correspond ร un oedรจme dermique (urticaire superficielle) ou hypodermique (urticaire profonde) dรป ร une vasodilatation avec augmentation de la permรฉabilitรฉ capillaire.
๏ง Urticaire superficielle [44]
Il sโagit de la forme la plus commune. Les lรฉsions sont des papules ou plaques รฉrythรฉmateuses ou rosรฉes, oedรฉmateuses ร bords nets. Elles sont fugaces (disparaissant en moins de 24 heures), migratrices et prurigineuses.
๏ง Urticaire profonde [43,44]
Il s’agit de l’angioedรจme (oedรจme de Quincke quand atteinte faciale) dans lequel l’oedรจme est hypodermique. Il peut toucher la peau ou les muqueuses et peut รชtre isolรฉ ou associรฉ ร une urticaire superficielle et peut disparaitre en moins de 48 heures.
Lโangiooedรจme rรฉalise une tumรฉfaction ferme, mal limitรฉe, ni รฉrythรฉmateuse ni prurigineuse, qui provoque une sensation de tension douloureuse et de cuisson. La localisation aux muqueuses de la sphรจre oro-laryngรฉe conditionne le pronostic. Lโapparition dโune dysphonie et dโune hypersalivation par troubles de la dรฉglutition est un signe dโalarme qui peut prรฉcรฉder lโasphyxie si lโoedรจme siรจge sur la glotte.
Lโoedรจme de Quincke peut รชtre le signe inaugural dโun choc anaphylactique.
Les manifestations digestives [45,46]
Les tableaux cliniques dโallergie alimentaire comportent souvent une Symptomatologie digestive. Les signes fonctionnels d’appels sont variรฉs et non spรฉcifiques : nausรฉes, vomissements, douleurs รฉpigastriques, reflux gastro-oesophagien, dysphagie, distension abdominale, flatulence et diarrhรฉe. Une aphtose buccale, une stomatite, une glossite ou une chรฉilite qui seraient lโexpression d’une exposition rรฉpรฉtรฉe ร Lโantigรจne. Une constipation opiniรขtre peut rรฉvรฉler une allergie alimentaire. Lโallergie alimentaire peut รฉgalement รชtre ร lโorigine dโune oesophagite รฉosinophiles. Des atteintes plus sรฉvรจres de la muqueuse digestive sโobservent rarement mais sont possibles. Parmi celles-ci, on note chez le nourrisson des entรฉrocolites. Des entรฉropathies avec atrophie villositaire ou encore des gastro-entรฉrites ร รฉosinophiles ont รฉtรฉ dรฉcrites.
Le choc anaphylactique
Le choc anaphylactique est le prototype de I โurgence absolue dont lโรฉvolution peut entrainer le dรฉcรจs.
Les allergies alimentaires reprรฉsentent une des causes les plus frรฉquentes de la rรฉaction anaphylactique [51]. Certains aliments sont plus associรฉs ร une allergie alimentaire sรฉvรจre. Cโest le cas de lโarachide, des fruits ร coque, du lait de vache, les poissons, les fruits de mer, les escargots, le sรฉsame, et lโoeuf [50,51].
La majoritรฉ des rรฉactions surviennent dans les minutes suivant lโintroduction de lโallergรจne dans lโorganisme. Le choc anaphylactique est caractรฉrisรฉ par sa brutalitรฉ et sa rapiditรฉ dโinstallation. La symptomatologie comporte essentiellement des signes cutanรฉomuqueux, respiratoires, cardiovasculaires, digestifs et neurologiques [52].
Les signes cutanรฉomuqueux sont souvent les premiers ร apparaรฎtre. Il sโagit dโun prurit puis dโun exanthรจme qui se diffuse ร lโensemble du corps. Lโangio-oedรจme des voies aรฉriennes supรฉrieures se manifestant initialement par une dyspnรฉe et une dysphonie puis par une obstruction respiratoire avec risque dโasphyxie. Les voies aรฉriennes infรฉrieures sont le siรจge dโun bronchospasme. Lโangiooedรจme des voies aรฉriennes supรฉrieures et le bronchospasme peuvent conduire rapidement ร un arrรชt cardiaque asphyxique.
Les signes cardiovasculaires sont une tachycardie sinusale associรฉe ร une hypotension artรฉrielle. Le pouls est faiblement perรงu, voire imperceptible. Parfois, il peut sโagir dโun arrรชt cardiaque inaugural.
Des manifestations gastro-intestinales (nausรฉes, vomissements, diarrhรฉes) sont parfois observรฉes reflรฉtant lโaugmentation de la contractilitรฉ des muscles lisses. Enfin, une symptomatologie neurologique aspรฉcifique peut complรฉter le tableau (cรฉphalรฉes, perte de connaissance, convulsions), traduisant lโhypoperfusion cรฉrรฉbrale.
Les manifestations oro-pharyngรฉes :
Le syndrome dโallergie orale [53]
Encore appelรฉ syndrome oral de Lessof, comprend un picotement vรฉlopalatin, un oedรจme des lรจvres et une dysphagie. Souvent ces rรฉactions locales disparaissent rapidement, mais le syndrome oral peut รชtre associรฉ ร un oedรจme au-delร de la cavitรฉ buccale pouvant entrainer une anaphylaxie.
Il est provoquรฉ par exposition de la muqueuse oropharyngรฉe ร des allergรจnes alimentaires essentiellement dโorigine vรฉgรฉtale (la pomme, les fruits ร coque, la pรชche, le fenouil, la cerise et le cรฉleri) sont les plus couramment impliquรฉs. Ce syndrome est particuliรจrement frรฉquent chez leย sujet pollinique.
Syndrome pรขleur-lรฉthargie-hypotonie [8]
Ce syndrome est observรฉ chez le nourrisson de moins de 1 an. Il est caractรฉrisรฉ par la survenue quasi simultanรฉe dโune pรขleur, dโune asthรฉnie avec endormissement rapide, conduisant ร une lรฉthargie dont on tire difficilement lโenfant malgrรฉ des stimuli mรฉcaniques. On note รฉgalement une hypotonie gรฉnรฉralisรฉe : enfant ยซ poupรฉe de chiffon ยป mais sans modification de la tension. Les symptรดmes rรฉgressent spontanรฉment dans lโheure qui suit. Les allergรจnes en cause sont le lait, lโoeuf et le poisson.
Autres manifestations cliniques
Syndrome des allergies induites par le baiser (SAIB) [54]
Le syndrome dโallergie induite par le baiser fait partie des allergies par procuration. Tous les aliments peuvent รชtre en cause et tous les รขges sont concernรฉs. Mรชme si les symptรดmes, dโapparition rapide, sont le plus souvent locaux et ou rรฉgionaux, il ne faut pas minimiser la possibilitรฉ de rรฉactions systรฉmiques qui peuvent sโavรฉrer graves ร type dโangiooedรจme, de bronchospasme, de dรฉtresse respiratoire ou dโanaphylaxie. Il est important de rechercher un SAIB, en particulier chez les patients atteints dโallergie alimentaire sรฉvรจre ร seuil rรฉactogรจne faible.
Rhinite et conjonctivite [8]
La rhinite peut รชtre isolรฉe mais le plus souvent, elle sโassocie ร une conjonctivite. Une rhinite allergique est liรฉe ร une inflammation de la muqueuse nasale et se manifeste par la tรฉtrade : prurit, รฉternuement, รฉcoulement, obstruction nasale.
Une conjonctivite allergique est liรฉe ร une inflammation de la muqueuse oculaire se traduisant par des dรฉmangeaisons, des rougeurs, un larmoiement.
Une rhinite et ou conjonctivite sont souvent liรฉes ร des allergรจnes vรฉgรฉtaux ayant des rรฉactivitรฉs croisรฉes avec les pollens.
DIAGNOSTIC DE LโALLERGIE ALIMENTAIRE
Le diagnostic dโAA est difficile et nรฉcessite une stratรฉgie rigoureuse qui repose sur une suite logique dโรฉtapes visant ร rassembler des arguments ร la fois cliniques et biologiques.
Lโinterrogatoire [11, 55, 56]
Lโinterrogatoire est un รฉlรฉment diagnostique extrรชmement important, il reprend lโhistoire clinique du patient et sโintรฉresse aux diffรฉrents points suivants :
๏ท Les antรฉcรฉdents dโatopie personnelle ou familiale.
๏ท Le dรฉlai dโapparition des symptรดmes : les manifestations lorsquโils sont postprandiaux, sont รฉvocateur dโAA. Un dรฉlai court entre rรฉaction allergique et une ingestion alimentaire concerne les AA IgE-dรฉpendantes. Ce rythme est beaucoup plus difficile ร observer dans les manifestations chroniques comme la DA et certains tableaux digestifs.
๏ท Lโassociation de symptรดmes : lorsque les signes cliniques touchent plusieurs organes simultanรฉment, il faut suspecter de faรงon importante une allergie alimentaire, car lโAA est le prototype dโune maladie systรฉmique.
๏ท Une pollinose prรฉexistante : oriente a priori vers la possibilitรฉ dโune AA aux fruits ou lรฉgumes, en raison de la frรฉquence des sensibilisations croisรฉes.
๏ท Une allergie au latex : oriente le diagnostic vers une allergie alimentaire ร certains fruits et lรฉgumes dits du groupe ยซ latex ยป. Il sโagit surtout dโavocat, banane, kiwi, papaye, tomate, fruits de la passion, pรชche, figue et raisins.
๏ท Des manifestations ร lโeffort [57] : des rรฉactions systรฉmiques associant symptรดmes cutanรฉs, respiratoires et digestifs en rapport avec un effort physique doivent faire soupรงonner une anaphylaxie alimentaire induite par lโeffort. Tous les aliments sont concernรฉs mais cette manifestation est particuliรจrement liรฉe ร la farine de blรฉ.
๏ท Une prise dโalcool ou de certains mรฉdicaments [58,59], facteurs รฉventuels de rupture de tolรฉrance orale aux antigรจnes alimentaires: aspirine, AINS, traitements antiulcรฉreux, certains traitements immunosuppresseurs tels que le tacrolimus par voie gรฉnรฉrale qui stimule la rรฉponse Th2 ou un bรฉtabloquant, facteur de gravitรฉ de lโanaphylaxie du fait dโune diminution de la rรฉponse vasculaire ร des doses habituelles dโadrรฉnaline.
๏ท Les particularitรฉs alimentaires mรฉritent dโรชtre relevรฉes : consommation singuliรจrement frรฉquente ou abondante du fait dโactivitรฉs sportives ou professionnelles, dโun contexte culturel particulier, dโun rรฉgime amaigrissantโฆ
๏ท Les dรฉgoรปts alimentaires de lโenfant peuvent rรฉvรฉler une AA.
๏ท Lโexposition cutanรฉe ou respiratoire ร des aliments ou protรฉines alimentaires, surtout en poudre, entraรฎne parfois une AA dans certaines professions : maraรฎchers et personnels agricoles, industries agro-alimentaires, bouchers, boulangers etc.โฆ
๏ท Recherche de lโaliment en cause : lโinterrogatoire doit essayer de dรฉterminer lโaliment ร lโorigine de la rรฉaction. Les habitudes alimentaires (type dโalimentation, lieux des repas, modification rรฉcente du rรฉgime alimentaireโฆ) devront รชtre prรฉcisรฉes.
Atopy Patch Tests alimentaires
๏ท Principe et indications des APT
Les APT au trophallergรจnes sont utilisรฉs pour mettre en รฉvidence le rรดle des aliments dans la DA ou dans les manifestations gastro-intestinales de lโAA. Ils sont basรฉs sur la recherche dโune rรฉaction cutanรฉe ร mรฉdiation cellulaire T aprรจs application des allergรจnes alimentaires protรฉiques sur la peau [62,63].
Les APT sont indiquรฉs chez lโadulte comme chez lโenfant, dans les situations suivantes [13,64] :
– DA persistante et ou sรฉvรจre (SCORAD supรฉrieur ร 40), en lโabsence de facteur dรฉclenchant connu et dโeczรฉma allergique de contact, en รฉchec des traitements topiques bien conduits (dont les immunomodulateurs) et de la photothรฉrapie pour lโadulte ;
– suspicion de symptรดmes aggravรฉs par les aliments avec des IgE spรฉcifiques nรฉgatifs et ou des prick tests nรฉgatifs ;
– multiples sensibilisations IgE sans pertinence clinique.
๏ท Mรฉcanisme inflammatoire au cours des APT dans la DA [63,65] :
Aprรจs application, lโallergรจne pรฉnรจtre dans la peau ; dans les 24 heures, une infiltration du derme apparaรฎt avec une prรฉdominance de cellules T CD4 +. Dรจs la sixiรจme heure suivant lโapplication de lโallergรจne, il y a un afflux dโรฉosinophiles dans le derme qui vont augmenter jusquโร la 24รฉme heure ; ces รฉosinophiles activรฉs libรจrent leurs granules dans les tissus avoisinants.
Les biopsies au niveau des lรฉsions cutanรฉes du patch-test montrent une production importante de cellules T spรฉcifiques exprimant le marqueur CLA. Ces cellules sรฉcrรจtent de lโIL-4 et de lโIL-5, mais pas dโIFN-g ni dโIL-2. Les cellules T spรฉcifiques dโantigรจnes prรฉsentes dans les lรฉsions de lโAPT appartiennent aux cellules T de type Th2 et Th0. Aprรจs 24 heures, le nombre de cellules productrices dโIL-4, diminue et la rรฉponse inflammatoire tend vers le type Th1.
Ces cellules T spรฉcifiques dโantigรจnes sont non seulement prรฉsentes 48 heures aprรจs le patch test, mais peuvent รชtre dรฉtectรฉes chez le mรชme patient un ou deux ans aprรจs avec le mรชme allergรจne. LโAPT peut รชtre considรฉrรฉ comme un modรจle dโรฉtude de lโinflammation allergique chez les patients atteints de la DA.
๏ท Aspects techniques des APT aux trophallergรจnes
Les APT aux aliments ne sont pas standardisรฉs et dans lโattente de donnรฉes validรฉes, les aliments frais doivent รชtre prรฉfรฉrรฉs aux extraits commerciaux. Dans une รฉtude rรฉalisรฉe par Niggemann et al [14], les allergรจnes alimentaires ont รฉtรฉ testรฉs diluรฉs au 1/10, afin dโรฉliminer les faux positifs induits par irritation. Les auteurs ont retrouvรฉ autant de rรฉactions positives avec les APT diluรฉs ร 10 % que pour les APT non diluรฉs, mais avec des rรฉactions plus fortes pour ces derniers. Les allergรจnes liquides sont testรฉs tels quels : lait de vache, jus de soja, oeuf entier mรฉlangรฉ. En cas dโaliment solide ร tester : la farine de blรฉ est testรฉe sous forme de suspension (1 g dans 10 ml de sรฉrum physiologique) et lโarachide ou les fruits ร coque sont mixรฉs puis diluรฉs dans du sรฉrum physiologique [14,62,66].
Selon les recommandations de lโInternational Contact Dermatitis Research Group (ICDRG) [66], les ATP sont effectuรฉs sous occlusion, par application de timbres adhรฉsifs. Il convient dโutiliser des cupules de plus grande taille que celle utilisรฉe pour les allergรจnes de contact. Un diamรจtre de 12 mm est recommandรฉ pour amรฉliorer la sensibilitรฉ et la spรฉcificitรฉ des ATP aux aliments. Les aliments naturels ร tester sont dรฉposรฉs dans les cupules. Les cupules sont appliquรฉes en zone exempte dโeczรฉma, en rรฉgion paravertรฉbrale dorsale haute, et fixรฉes par un sparadrap.
Plus rรฉcemment, un APT au lait de vache a รฉtรฉ รฉlaborรฉ sous forme prรชte ร lโemploi et disponible en pharmacie, sa spรฉcificitรฉ est comparable ร celle du test artisanal avec la Finn Chamberยฎ, mais sa sensibilitรฉ paraรฎt meilleure [67].
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Table des matiรจres
I. INTRODUCTION
II. PHYSIOPATHOLOGIE
II.1.Physiopathologie de la dermatite atopique
II.1.1.La phase de sensibilisation
II.1.2.La phase dโexpression de lโeczรฉma
II.2.Les relations physiopathologiques entre les aliments et la DA
III. EPIDEMIOLOGIE
III.1.La frรฉquence de la dermatite atopique
III.2.La frรฉquence de lโallergie alimentaire.
III.3.La frรฉquence de lโallergie alimentaire dans la dermatite atopique
IV. LES MANIFESTATIONS CLINIQUES DE LโALLERGIE ALIMENTAIRE
IV.1.Dermatite atopique
IV.2.Urticaire et angioedรจme
IV.3.Les manifestations digestives
IV.4.Les manifestations respiratoires
IV.4.1.Lโasthme
IV.5.Le choc anaphylactique
IV.6. Les manifestations oro-pharyngรฉes
IV.6.1. Le syndrome dโallergie orale
IV.7.Syndrome pรขleur-lรฉthargie-hypotonie
IV.8. Autres manifestations cliniques
IV.8.1.Syndrome des allergies induites par le baiser (SAIB)
IV.8.2.Rhinite et conjonctivite
V.DIAGNOSTIC DE LโALLERGIE ALIMENTAIRE
V.1.Lโinterrogatoire
V.2.Lโenquรชte alimentaire
V.3.Les tests allergologiques
V.3.1.Tests cutanรฉs
V.3.1.1.Prick tests alimentaires
V.3.1.2. Atopy Patch Tests alimentaires
V.3.2. Dosage dโIgE spรฉcifiques
V.3.3.Tests de provocation
V.3.3.1.Test de provocation labiale (TPL)
V.3.3.2.Test de provocation orale (TPO)
V.3.4.Le rรฉgime dโรฉviction dโรฉpreuve
VI.TRAITEMENT DE LโALLERGIE ALIMENTAIRE
VI.1.Rรฉgime dโรฉviction
VI.2.Traitement des rรฉactions allergiques
VI.2.1.Choc anaphylactique
VI.2.2.Asthme
VI.2.3. Dermatite atopique
VI.2.4.Urticaire et angioedรจme
VI.3.Induction de tolรฉrance
I. OBJECTIFS DE LโรTUDE
I.1. Objectif gรฉnรฉral
I.2. Objectifs spรฉcifiques
II. PATIENTS ET METHODE
II.1 Cadre de lโรฉtude
II.2. Patients
II.2.1. Critรจres dโinclusion
II.2.2. Les critรจres dโexclusion
II.3 Mรฉthode
III. Rรฉsultats
III.1. 1Aspects รฉpidรฉmiologiques
III.1.1.1 Rรฉpartition des cas selon lโรขge
III.1.1.2. Rรฉpartition des cas selon le sexe
III.1.2. Aspects cliniques
III.1.2.1. Les รฉquivalents atopiques
III.1.2.2. Antรฉcรฉdents familiaux dโatopie
III.1.2.3. Motifs de consultation
III.1.2.4. La durรฉe dโรฉvolution
III.1.2.5. Les signes รฉvocateurs dโallergie alimentaire :
III.1.2.6. Les aliments suspectรฉs
III.1.2.7. Les aspects cliniques de la dermatite atopique
III.1.2.8. La sรฉvรฉritรฉ de la dermatite atopique
III.1.3. Explorations allergologiques
III.1.3.1. Prick tests aux pneumallergรจnes
III.1.3.2. Pricks tests alimentaires :
III.1.3.3. Les Atopy patch tests alimentaires
III.1.3.4. Pertinence et concordance des Atopy patch tests et prick tests alimentaires
III.1.4. Rรฉgime dโรฉviction :
III.2. รtude analytique
DISCUSSION
I. Les aspects รฉpidรฉmiologiques
II. Les aspects cliniques
III. Les aspects รฉtiologiques
CONCLUSION
REFERENCES
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