Susceptibilité de la dent temporaire et de la dent permanente immature

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Susceptibilité de la dent temporaire et de la dent permanente immature

Caractéristiques de la dent temporaire

Elle possède une structure générale identique à celle de la dent permanente, cependant certaines caractéristiques lui sont propres et peuvent influencer la pathologie ainsi que les différentes thérapeutiques [21].
Elle est recouverte par un émail mince, aprismatique, fragile, moins minéralisé et moins translucide. La dentine est moins dense, plus perméable avec des tubuli dentinaires plus nombreux et plus gros. La pulpe est volumineuse avec des cornes proéminentes, elle est richement vascularisée.
Le plafond pulpaire est plus concave en direction occlusale, le plancher caméral est traversé de nombreux canaux pulpo-parodontaux dont le nombre augmente avec la résorption physiologique des racines.

Conséquences sur la pathologie et la thérapeutique

 Sur la dent temporaire:
Etant donné la faible épaisseur émail-dentine qui constitue la protection pulpaire la plus efficace, l’atteinte pulpaire peut se faire rapidement malgré une faible perte de substance ou une petite cavitation. Cette évolution rapide est également occasionnée par la moindre minéralisation de l’émail et par le fait qu’une dentine jeune est d’autant plus perméable. La fragilité particulière du plancher pulpaire, la fréquence de canaux pulpo-parodontaux s’ouvrant immédiatement dans la région de la furcation font de la zone inter radiculaire, une voie d’extension préférentielle de l’infection de la dent temporaire. La zone inter radiculaire est fréquemment le siège d’une complication importante: la pathologie de la furcation. La forme oblongue de la racine clinique la rend difficile à mesurer radiographiquement surtout au maxillaire. La présence du germe sous-jacent complique les thérapeutiques endodontiques et un dépassement canalaire est toujours à craindre [23].
 Sur dent permanente immature:
L’atteinte carieuse se fera rapidement. En présence d’une pathologie carieuse, la décision thérapeutique sera en rapport avec le stade de formation radiculaire et apicale. Les interventions sur les dents permanentes immatures qui sont des structures en évolution devront permettre l’édification dentaire et alvéolaire les plus physiologiques possibles.
Cliniquement, il est donc important d’apporter à l’émail immature tous les moyens préventifs (fluorures, sealants ….) qui le rendront moins sensible aux attaques des produits cariogènes [24]. En fonction de la pathologie, nous mettrons en place des thérapeutiques conservant la vitalité pulpaire qui vont permettre l’apexogenèse qui est le développement et la formation physiologique de l’extrémité radiculaire, ainsi que des thérapeutiques cémentogènes qui vont permettre l’induction de la fermeture ou la reprise du développement d’une dent immature dont la pulpe n’est plus vivante, habituellement par la formation d’ostéocément ou d’un tissu semblable: c’est l’apexification [23].

Conséquence sur l’état général de l’enfant

Les lésions carieuses chez l’enfant, lorsqu’elles sont nombreuses et non soignées, sont à l’origine de désordres multiples, à la fois sur les plans esthétique, fonctionnel et psychologique. L’atteinte carieuse sévère chez l’enfant peut être à l’origine :
– des troubles de la croissance crâniofaciale et des problèmes fonctionnels associés [25] ;
– d’un retard d’acquisition du langage et d’une perturbation de celui-ci ;
– des troubles alimentaires (tendances à privilégier une alimentation molle du fait de l’incapacité masticatoire et des douleurs) et digestifs, conduisant à un retard de croissance majeur.
– des problèmes de socialisation de l’enfant : d’après Sheiham (2006), les caries multiples non traitées chez le jeune enfant sont à l’origine d’une altération du bien-être de l’enfant: il sourit moins, est irritable, voit son sommeil perturbé, et sa qualité de vie globalement diminuée du fait des douleurs, mais aussi des fréquentes visites chez le dentiste (le plus souvent en urgence) conduisant à restreindre le temps dédié aux activités de loisirs [26].
– d’un retard de croissance staturo-pondéral, d’une part, du fait des douleurs importantes qui sont à l’origine d’un déséquilibre alimentaire et d’une perturbation du sommeil (et donc de la sécrétion d’hormone de croissance) et, d’autre part, du fait d’un mécanisme complexe au cours duquel l’inflammation chronique due aux problèmes dentaires va jouer sur le métabolisme de cytokines et diminuer l’érythropoïèse, provoquant anémie et retard de croissance [27] ;
– des problèmes de santé généraux ;
– des troubles du développement cognitif de l’enfant, notamment dus aux absences fréquentes à l’école pour cause de consultations dentaires. Cela conduit à une diminution des capacités d’apprentissage, une diminution des performances scolaires et une perturbation des relations sociales.
Il est à noter que les caries chez le jeune enfant sont également la cause des répercussions négatives sur la qualité de vie de leurs parents, comme Filstrup et coll., (2003) et Acharya et Tandon (2011) le soulignent: les parents voient leur sommeil perturbé de façon concomitante par leur enfant, ils doivent souvent quitter le travail pour amener leur enfant se faire soigner (journée d’absence, retard le matin ou départ tôt le soir), ils ont des difficultés à se concentrer au travail car ils sont perturbés par la souffrance de leur enfant et enfin les soins multiples représentent pour eux un coût élevé [25].

Traitement

Traitement préventif

L’approche traditionnelle de prévention développée par l’OMS distingue 3 moments d’intervention : la prévention primaire, secondaire et tertiaire.
 La prévention primaire:
Elle consiste à empêcher l’apparition de la maladie, c’est-à-dire à prévenir les caries. D’après Courson et coll., (2010) cette action se fait essentiellement en agissant sur les facteurs de risques carieux de l’enfant [28]. A l’échelle de la communauté, cette prévention repose essentiellement sur la promotion de bonnes habitudes d’hygiène bucco-dentaire, notamment dans les écoles. De plus, un autre type de prévention collective consiste en la supplémentation dite « passive » en fluor par l’utilisation de sel fluoré dans la restauration [28].
A l’échelle de l’individu, elle consiste, à mettre en pratique une stratégie basée sur 3 axes: enseigner à l’enfant de bonnes méthodes d’hygiène bucco-dentaire, éduquer son comportement alimentaire et évaluer avec précision le risque inhérent à chaque enfant afin d’adapter l’utilisation du fluor [29].
 La prévention secondaire:
Elle consiste à détecter la maladie précocement, au stade initial, de façon à prévenir son aggravation voire la guérir. Il est donc nécessaire que tous les enfants fassent des visites régulières chez leur chirurgien-dentiste.
 La prévention tertiaire:
Elle consiste enfin à empêcher les récidives ou les complications et à lutter contre les séquelles afin de réduire les conséquences d’une maladie, il s’agit du soin des caries et de l’ensemble des restaurations.

Traitement curatif

 Traitement de la dent temporaire:
Le choix thérapeutique est déterminé impérativement en fonction de quatre facteurs indissociables [30] :l’état général de l’enfant, la pathologie de la dent temporaire, le stade physiologique de la dent temporaire et enfin la coopération du patient. On peut procéder :
 À l’extraction dentaire : elle peut être curative ou préventive [26] ;
 au Coiffage pulpaire : il s’agit de faire l’exérèse de la dentine infectée et d’apposer au contact de la dentine affectée (déminéralisée) un matériau biocompatible comme fond de cavité suivi d’une obturation immédiate avec un matériau définitif [24] ;
 à la pulpotomie ou amputation de la pulpe camérale: il s’agit de faire une amputation chirurgicale de la pulpe coronaire affectée de la dent et de poser au contact de la plaie pulpaire un matériau biocompatible pour permettre le maintien de la vitalité de la pulpe radiculaire restante [24] ;
 la pulpéctomie : elle consiste en l’éviction aussi complète que possible du parenchyme de la pulpe coronaire et radiculaire, vitale ou nécrosée et à procéder à l’obturation canalaire avec une pâte résorbable pour permettre le maintien de la dent sur l’arcade [24].
 Traitement de la dent permanente immature (DPI) [28].
Les caries des DPI peuvent perturber ou arrêter leur formation radiculaire terminale. Les thérapeutiques visent à obtenir un achèvement de la formation radiculaire aussi proche que possible de la formation physiologique. On procédera à :
 L’apexogenèse : c’est le développement et la formation physiologique de l’extrémité radiculaire ou la poursuite de l’élaboration de la racine par la pulpe, maintenue vivante, après ablation de sa partie lésée et un coiffage du moignon restant par de l’hydroxyde de calcium.
 L’apexification : c’est l’induction de la fermeture et/ou de la reprise du développement d’une dent immature dont la pulpe n’est plus vivante, habituellement par la formation d’ostéocément ou d’un tissu dur semblable.

Population cible

Elle est constituée par des écoliers âgés de 6 à 12 ans car à 6 ans, nous assistons au passage à la denture mixte avec l’apparition des premières molaires permanentes et à 12 ans, de nombreuses dents permanentes sont présentes et certaines ont un passé suffisamment long en bouche pour permettre de mesurer d’éventuels problèmes carieux. Ces âges sont également recommandés par l’OMS et sont les plus fréquemment ciblés dans la littérature, permettant d’avoir des points de comparaison.

Critères de sélection

Critères d’inclusion

Nous avons inclus dans l’enquête les enfants âgés de 6 à 12 ans inscrits dans les écoles choisies, ne présentant aucun handicap et dont les parents avaient donné leur consentement.

Critères de non inclusion

N’ont pas été inclus les enfants âgés de 6 à 12 ans inscrits dans ces écoles mais absents lors de l’examen.

Echantillonnage et taille de l’échantillon

Echantillonnage

L’échantillon était basé sur un sondage aléatoire stratifié à plusieurs degrés. Au premier degré, la  ville de Bukavu a été subdivisée en 3 selon les trois grandes communes : commune de Bagira, d’Ibanda et de Kadutu. Dans chaque commune nous avions stratifié les écoles en privée et publique au second degré. Deux écoles dont une privée et une publique étaient ensuite choisies par échantillonnage raisonné basé sur la 1ère école contactée qui donne son accord et qui a l’effectif suffisant pour notre étude. Au sein des écoles choisies, nous avions procédé à une stratification selon le niveau d’étude, de la 1ère année à la 6e année, au troisième degré. Dans les classes, enfin, le choix des élèves s’est fait par échantillonnage systématique.
Grace aux listes d’élèves dans chaque classe, nous choisissions les enfants en commençant par le 1er sur la liste. Si notre échantillon n’est pas exhaustif le reste était complété dans la classe parallèle.

Taille de l’échantillon

Pour calculer la taille de l’échantillon, nous avions utilisé la formule de Schwartz avec comme prévalence estimative de 49,7% selon une étude similaire réalisée en 2013 au Bénin (1) et cela faute des données récentes sur la cible en RD Congo.
= , avec n=taille de l’échantillon, t=niveau de confiance à 95% (valeur type de 1,96 ; p= prévalence estimative de la carie dentaire ; m= marge d’erreur à 5% =0,05 = = 384,1= 384
Cette taille de l’échantillon était ensuite tirée dans les 3 communes soit 192 par école privée ou publique et 32 par niveau.

Les variables et indicateurs utilisés

Variables dépendantes

 La prévalence de la carie dentaire qui désigne le rapport du nombre de sujets présentant au moins une carie sur toute la population étudiée
 L’indice CAO désignant le nombre de dents cariées, absentes pour cause de carie et obturées pour cause de carie chez un individu

Variables indépendantes

 Des variables sociodémographiques : l’âge, le sexe, la commune de résidence, le niveau d’étude, l’école fréquentée, la fratrie, les professions des parents.
 L’état général : présence ou non de pathologie générale, de traitement médical en cours.
 Les habitudes d’hygiène: notion de brossage journalier, la fréquence et l’horaire du brossage, l’utilisation de pâte dentifrice fluorée ou un autre produit, l’utilisation des brosses à dents.
 Autres variables (nombre de repas cariogènes par jour, horaire de ces repas, notion de consultation dentaire antérieure, motif de consultation, notion de soins ou d’extraction dentaire antérieure).

Receuil des données

Autorisation

Nous avions sollicité et obtenu l’autorisation des différents responsables des établissements où nous avons effectué un dépistage. Avant le passage dans les écoles, une lettre d’information avait été envoyée aux parents par l’intermédiaire des enfants pour demander leur accord sur la participation de leurs enfants à l’enquête.

Période de collecte

La collecte de données a été réalisée durant 6 semaines, du 9 janvier au 20 février 2017.

Equipe de collecte

Cet examen a été réalisé par un chirurgien-dentiste, un technicien supérieur en odontologie tous deux travaillant au service de dentisterie de l’Hôpital Général de Référence de Panzi (Bukavu) depuis plus de 5 ans. Six étudiants en 7e année de médecine de l’Université Evangélique en Afrique (UEA) ayant fait le cours de stomatologie et les travaux pratiques au service de dentisterie de l’Hôpital Général de Référence de Panzi ont aidé à compléter les données sociodémographiques et les données relatives aux habitudes d’hygiène après des séances de Calibration sur la façon de compléter ledit questionnaire. L’examen bucco-dentaire était réalisé, dans les classes, par le chirurgien-dentiste et le technicien en odontologie à l’aide des miroirs, des sondes et des lampes-torches.
Pour dresser le bilan de la carie, nous avons utilisé l’indice CAO.

Instrument de collecte

Comme instrument de collecte des données nous avions utilisé des fiches d’enquêtes.

Analyse statistique

Après avoir procédé au nettoyage de la base de données, certaines variables ont été redéfinies, dichotomisées ou catégorisées. Les statistiques descriptives usuelles ont été utilisées pour présenter les caractéristiques de l’échantillon. Les variables qualitatives ont été représentées en proportion et variables quantitatives en moyenne avec leur déviation standard. Avant d’utiliser les tests paramétriques pour comparer les moyennes du CAO en fonction des facteurs potentiellement associés, l’égalité des variances dans les différentes catégories des variables indépendantes a été évaluée en utilisant le test de Levene. Ensuite, le test t de Student ou le test de Welch (en présence d’hétérogénéité des variances) ont été utilisés pour les variables indépendantes dichotomiques. Pour les variables indépendantes à plus de deux catégories, l’analyse de la variance à un facteur a été réalisée, et la correction de Bonferroni a été appliquée sur les p-valeurs dans le cas de comparaisons multiples. Dans le cas de figure d’une augmentation (ou d’une diminution) des moyennes du CAO selon l’augmentation (ou la diminution) des catégories du facteur, un test de tendance linéaire a été réalisé. Le seuil de signification pour tous les tests était de 0,05 et toutes les analyses statistiques ont été réalisées à l’aide du logiciel STATA/IC12.0 pour Windows (TX:StataCorp LP).

RESULTATS

Aspects sociodémographiques

Les enfants étaient âgés de 6 à 12 ans avec un âge moyen de 8,91±2,05 ans (tableau 1). Le nombre des garçons était supérieur à celui des filles (53,91 % vs 46.09%). La répartition selon la localité de résidence était homogène avec 33,33% pour chaque lieu. Selon le niveau d’étude nous avons retrouvé le même nombre (16,67%) dans chaque classe. Ce même constat était aussi fait selon la nature de l’école, qu’elle soit publique ou privée.
Plus de 55% des enfants étaient issus d’une famille de plus de 5 enfants. L’étude de la profession des parents a montré que 33% des pères étaient employés de l’état (Fonction publique) et 19% étaient sans emploi ; les mères étaient quant à elles sans emploi dans 51,65% contre 11,28% de fonctionnaires étatiques. Il s’y ajoute une proportion de près de 1/3 de commerçantes. Le tableau I ci-dessous regroupe ces informations.

Le CAO moyen (DS) en fonctions des caractéristiques sociodémographiques

Il y avait une corrélation négative et faible entre le CAO et l’âge des sujets et plus l’âge de l’enfant augmentait, plus son CAO diminuait mais de manière faible (r=-0,18). Cette corrélation était statistiquement significative (p<0.001).
Concernant l’association du CAO et d’une variable qualitative, nous avons noté l’absence de liaison statistiquement significative avec le sexe ou la profession du père. Par contre, la moyenne de CAO variait selon la localité de résidence et de manière statistiquement significative (p=0,02). Il existait également une différence significative de CAO moyen entre les résidences. Pour ce qui s’agissait du niveau d’étude, nous avons observé une diminution de la moyenne de CAO selon l’augmentation du niveau de la classe. Cette tendance linéaire était statistiquement significative (p<0,01). Selon la profession de la mère, la moyenne de CAO variait de manière significative (p=0,017). La moyenne de CAO était significativement supérieur chez les écoliers du privée (p<0,01) et chez les fratries de moins de 5 (p<0,01) (tableau V).

DISCUSSION

Cette étude avait pour but d’évaluer la prévalence de la carie et d’identifier les facteurs sociodémographiques et comportementaux par rapport aux caries dentaires chez les enfants scolarisés de la ville de Bukavu. Aucune étude connue sur la prévalence des caries dentaires chez les écoliers de Bukavu n’a été rapportée par le passé.
La principale limite de notre étude est la qualification d’examinateurs et l’absence de tests de fiabilité inter-examinateurs qui peuvent réduire la précision des mesures effectuées. D’autres limites seraient liées au nombre et au choix des écoles. En effet, sur 453 écoles primaires dont 160 publiques et 293 privées seules 6 écoles ont fait partie de notre étude; ce nombre limite pourrait avoir influencé les résultats. Notre population aurait pu être choisie dans plusieurs écoles selon une proportion de 1/2 (publique/privée).
Cependant la taille importante de notre échantillon ainsi que la constitution de la population d’étude, en permettant de faire des analyses dans les sous-groupes, permettent d’atténuer ces biais dans la procédure d’échantillonnage et d’avoir des résultats fiables.
Notre échantillon d’étude était composé de 1152 sujets dont 621 garçons (53,91%) et 531 filles (46,09%) âgés de 6 à 12 ans avec un âge moyen de 8,91±2,05 ans.
Les résultats de la présente étude ont montré qu’une bonne partie des enfants effectuaient le brossage dentaire (65,28%). Parmi eux, 52,2% le faisaient une fois par jour, 9,72% deux fois par jour et 3,39% trois fois par jour. Des résultats similaires ont été rapportés par Djossou et coll., à Ouidah au Bénin dans une étude menée chez les écoliers de 5 à 15 ans, seulement 4% de la population se brossait trois fois par jour [1]. Dans l’enquête d’Okoko et coll., chez 307 élèves âgés de 4à 15ans dans la ville de Brazzaville, les auteurs ont constaté que seulement 2 enfants (0,7%) se brossaient les dents 3 fois par jours [35]. Par contre une étude de Lian et coll., rapportée par Prabakar et coll., [31] chez des élèves du secondaire a montré qu’environ 95,7% se brossent les dents au moins deux fois par jour. La diminution de la fréquence de brossage des dents dans la présente étude peut être attribuée au manque de connaissances sur l’importance du brossage des dents et de ses effets sur la santé dentaire ; aucun programme de sensibilisation sur la santé bucco-dentaire n’existe encore dans des écoles à Bukavu.
Près de 55% de la population d’étude utilisaient le dentifrice alors que 3,73% faisaient usage du sel comme produit de brossage dentaire. Nous avons aussi noté une proportion de 65% d’enfants qui utilisaient la brosse à dents. Au Bénin ,73% de sujets avaient une brosse à dents selon Djossou et coll., [1]. Par contre selon l’étude de Prabakar et coll., en Inde [31], toute la population d’étude utilisait une pâte dentifrice et 99,8% une brosse à dents et dans l’étude d’Okoko et coll., à Brazzaville, 99,4% des enfants utilisent les brosses [35]. Nous n’avons pas noté d’études sur l’usage du sel lors de brossage mais Bhayade et coll., ont montré dans leur étude en Inde que l’utilisation d’une poudre dentaire et des doigts était la méthode de nettoyage la plus utilisée [36]. Djossou et coll. révèlent aussi que 0,2% des sujets de leur étude utilisaient les doigts pour nettoyer les dents [1]. Cette faible utilisation des brosses, de pâte dentifrices et l’utilisation du sel suggère qu’il y a un manque d’initiation aux habitudes et aux méthodes de brossage.
La fréquence de consommation d’aliments cariogènes (sucrés) est faible. En effet, notre étude a révélé que 47% des élèves qui en consommaient le faisaient une fois par jour. Pour ce qui est de l’horaire de prise de repas sucrés, 40% des enfants le faisaient le matin. Ces résultats sont inférieurs à ceux de Prasai et coll. qui ont rapporté que 75% des enfants consommaient les aliments riches en sucres une fois par jour au Népal [37]. La différence observée peut être attribuée aux habitudes alimentaires de la population de la ville de Bukavu qui, depuis une décenie, joue un rôle de ville «d’accueil » car elle abrite actuellement presque toutes les populations qui se sont déplacées ou qui se déplacent encore ; la majorité des déplacés viennent des zones rurales et se nourrissent donc des produits du champ et non des sucres raffinés [33].
D’autre part, nous avons trouvé 8,33% d’enfants qui avaient consulté un dentiste au moins une fois. Ces résultats sont similaires ceux de Djossou et coll., qui ont trouvé 96% de sujets qui ont déclaré n’avoir jamais consulté le dentiste [1] mais également à ceux de Prasai et coll. au Nepal [37] dont l’étude a montré que 93% des enfants n’ont jamais consulté un dentiste ou un service de soins de santé. Les raisons évoquées par ces auteurs pour expliquer ce faible pourcentage de visite chez le dentiste sont liées au manque d’accès à des services de soins de santé abordables.
Le principal motif de consultation chez le chirurgien-dentiste était la douleur qui représentait 89,58% des plaintes. La présence de cavité sur une ou plusieurs dents était également importante parmi les motifs (76,04%). Ces résultats sont en accord avec les travaux de Sediki sur l’état bucco-dentaire d’une population scolaire à Conakry qui ont montré que l’affection la plus souvent mise en cause était la carie dentaire qui avait une prévalence importante et qui constituait plus de 2/3 des motifs de consultation [38]. Ces résultats confirment également ceux obtenus par Songo et coll. qui ont révélé que les caries dentaires et/ou leurs complications représentaient les principaux motifs de consultation (79,0%) en odontologie pédiatrique à Kinshasa [19].
La prévalence globale des caries dentaires dans notre étude était de 16,8%. Ces résultats sont similaires à ceux obtenus par Malvania et coll. cité par Prabakar et coll. [31] qui ont observé une prévalence de 17,15% entre 11et 15ans. Ils sont par contre inférieurs à ceux obtenus dans beaucoup de pays africains : 21,9% au Nigéria [39], 49,7% à Ouidah au Benin [1], 36,3% en Ethiopie(40), 44,1% au Marrakech [41] 53,4% à Brazzaville au Congo [35], (41,8%), à Dakar [42]. Alors que la baisse de la prévalence des caries dans les pays développés est due à la sensibilisation accrue à l’hygiène dentaire et alimentaire ainsi qu’aux programmes de prévention, plusieurs raisons peuvent expliquer cette baisse de prévalence des caries dans notre étude: l’age de notre population et le stade de dentition. En effet, l’âge moyen de cette étude était de 8,91±2,05. A cet âge la plupart des dents temporaires font leur exfoliation et les dents permanentes n’ont pas duré assez longtemps dans la cavité buccale pour être cariées. Cette baisse peut être aussi attribuée à une faible consommation des repas sucrés ; en effet 47% de notre population a déclaré ne pas consommer de repas sucrés par jour et 47% a déclaré le consommer une fois par jour. Le statut socio-économique de la population de Bukavu ainsi que le programme des cours pour les élèves peuvent aussi justifier cette baisse : l’économique de cette ville a baissé depuis une décenie à cause de l’insécurité qui sévit dans la région du Sud-Kivu occasionnant ainsi l’exode rural et le surpeuplement dans la ville. Pour ce qui est de programme des cours, les enseignements se font soit avant midi, soit après midi ce qui peut éviter le grignotage aux enfants qui n’ont que les trois repas principaux. Enfin, le milieu d’étude peut également justifier ce pourcentage car nous avons réalisé cette étude dans une région éloignée de la capitale de la RD Congo.
Dans notre étude, le CAO moyen était de 0,58±1,67. Il est similaire à celui retrouvé dans l’étude d’Arrow qui a obtenu un CAO moyen de 0,51±0,01 [43]. Par contre Djossou et coll. [1] ont rapporté un CAO plus élevé (0,7) au Bénin. Benoist et coll. [42] ont rapporté un indice CAO moyen de 0,644 chez les écoliers âgés de 12 ans à Dakar.
Nous avons trouvé une corrélation négative et faible entre le CAO et l’âge des sujets. En effet, plus l’âge de l’enfant augmentait, son CAO diminuait mais de manière faible (r= -0,18). Cette corrélation était statistiquement significative (p<0,001). Des études antérieures ont montré également cette corrélation négative : Guizar et coll. [44] ont révélé que la carie dentaire chez les écoliers de 6 à 12 ans de Leon, Mexique, est liée à un âge plus jeune.
Nous avons noté l’absence de liaison statistiquement significative avec le sexe ou la profession du père. Selon la profession de la mère, la moyenne de CAO variait de manière significative (p=0,017) et était en accord avec les résultats obtenus par Kumas coll. [45] dans une enquête sur la carie dentaire et ses prédicteurs socio-économiques chez les écoliers de 12ans en Inde. Leurs résultats montrent que les enfants dont les mères étaient non qualifiées ou les femmes au foyer étaient deux fois plus susceptibles de présenter des caries (OR= 1,2, IC à 95% :2,03-2,45) que chez les enfants dont les mères étaient qualifiées ou semi-qualifiées.
Nous avons également noté une différence significative du CAO moyen entre les lieux de résidence elles même. En effet, le CAO été plus élevé dans la commune d’Ibanda qui est considérée comme le centre de la ville de Bukavu avec un niveau socio-économique élevé. Ces résultats sont donc différents de ceux de Kumar et coll. [45] qui ont révélé que les enfants vivant dans les zones rurales et donc défavorisées étaient plus susceptibles de souffrir des caries.
Pour ce qui s’agit du niveau d’étude, nous avons observé une diminution de la moyenne de CAO selon l’augmentation du niveau de la classe. Cette tendance linéaire était statistiquement significative (p<0,01) et peut s’expliquer par l’augmentation du niveau d’étude selon l’age. La moyenne de CAO était significativement supérieur chez les écoliers du privée (p<0,01) et chez les fratries de moins de 5 ans (p<0,01). Les enfants fréquentant les écoles privées viennent, pour la plupart, des familles aisées qui, comme dans des familles peu nombreuses, ont une autosuffisance alimentaire qui peut entrainer le grignotage.
Nous n’avons pas noté de différence significative de la moyenne de CAO selon le brossage effectué (p=0,75), la fréquence du brossage (p=0,08), l’usage de dentifrice fluoré (p=0,72), autres produits de brossage (p=0,62) et l’usage de brosse à dent (p=0,86). Cependant, des études antérieures ont montré que la prévalence de la carie dentaire était corrélée à des facteurs tels que la fréquence de brossage [1], le brossage des dents avant le repas [42], au type de dentifrice (fluoré ou non) [35].
La moyenne du CAO variait selon la fréquence de prise des repas sucrés. En réalité, plus la fréquence était importante, plus le CAO l’était. Cette différence était statistiquement significative (p=0,018). Il en était de même avec l’horaire de prise de ces aliments, le CAO étant plus important chez les enfants qui le consommaient au-delà du matin que ceux qui en consommaient uniquement le matin. Ces résultats étaient en accord avec ceux de Benoist et coll. qui ont montré que la consommation des boissons sucrées loin des repas était significativement liée à la présence des caries dentaires [42].

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Table des matières

PREMIERE PARTIE:GENERALITES SUR LA CARIE DENTAIRE
I-DEFINITION
II-EPIDEMIOLOGIE
III- ETUDE CLINIQUE DE LA CARIE DENTAIRE
1. ETIOPATHOGENIE
1.1. Hôte susceptible
1.2. Bactéries cariogènes
1.3. Glucides fermentescibles
1.4. Facteurs temps
2. PARTICULARITES CHEZ L’ENFANT
2.1. Susceptibilité de la dent temporaire et de la dent permanente immature
2.2. Conséquences sur l’état général de l’enfant
2.3. Traitement
DEUXIEME PARTIE: PREVALENCE DE LA CARIE DENTAIRE CHEZ LES ECOLIERS DE 6 à 12 ANS DE LA VILLE DE BUKAVU /RD-CONGO
I. JUSTIFICATION DE L’ETUDE
II. OBJECTIFS
2.1. Objectif général
2.2. Objectifs spécifiques
III. MATERIEL ET METHODE
3.1. Type d’étude
3.2. Cadre d’étude
3.3. Population cible
3.4. Critères de sélection
3.4.1. Critères d’inclusion
3.4.2. Critères de non inclusion
3.5. Echantillonnage et taille d’échantillon
3.5.1. Echantillonnage
3.5.2. Taille de l’échantillon
3.6. Les variables et indicateurs utilisés
3.6.1. Variables dépendantes
3.6.2. Variables indépendantes
3.7. Recueil des données
3.7.1. Autorisation
3.7.2. Période de collecte
3.7.3. Equipe de collecte
3.7.4. Instrument de collecte
3.8. Analyse statistique
IV. RESULTATS
4.1. Aspects sociodémographiques
4.2. L’état général
4.3. Le brossage dentaire
4.4. La consommation de repas sucrés par jour
4.5. Les pathologies dentaires antérieures
4.6. Prévalence de la carie
4.7. CAO
4.7.1. Le CAO moyen (DS) en fonction des caractéristiques sociodémographiques
4.7.2. Le CAO moyen selon le brossage
4.7.3. Le CAO moyen selon la consommation du sucre
4.7.4. Le CAO moyen selon la pathologie dentaire antérieure
V. DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES
ANNEXE

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