Surveillance entomologique d’Aedes albopictus

INTRODUCTION

   Les arboviroses sont des maladies virales dues à des arbovirus « Arthropods Born Virus » qui sont des virus habituellement transmis dans les conditions naturelles, de vertébré à invertébré par un arthropode hématophage et qui constitue le vecteur [2]. On connait 600 arbovirus. Les principaux arboviroses inquiétant le monde actuellement, comprennent la dengue, la fièvre jaune, le chikungunya, le West Nile, la fièvre de la vallée de rift, l’encéphalite japonaise et le zika. La plus fréquente, c’est la dengue qui est considérée comme le premier problème de santé publique avec 40% de la population mondiale exposée au virus, soit 2,5 milliards de personnes. Récemment, l’OMS a déclaré aussi que le virus zika constitue « une urgence de santé publique de portée internationale ». A Madagascar, l’épidémie de la dengue et du chikungunya est survenue vers 2006. Les arthropodes responsables de la transmission des arboviroses majeurs constituent les insectes et les arachnides. Les insectes concernés appartiennent à l’ordre des diptères. La famille des Culicidae comprend les Anophelinae, les Aedinae et les Culicinae qui sont des plus redoutables vecteurs et peuvent transmettre plusieurs maladies à la fois. A Madagascar, il a 29 espèces de moustiques du genre Aedes dont 13 espèces sont endémiques [41]. Les 2 espèces des Aedes incriminées vectrices d’arboviroses à Madagascar sont : Aedes aegypti et Aedes albopictus. Ce dernier fut signalé par Ventrillon en 1904 et fut introduit par la colonisation successive. C’est l’espèce le plus invasive au monde, étant actuellement dans 100 pays sur 5 continents, et connu sous le nom de moustique tigre. Il a une large adaptation à l’environnement citadin et colonise les zones urbaines et suburbaines. La dengue et le chikungunya existent et sévissent sérieusement dans la région de l’océan indien. Pour maitriser l’extension de ces maladies, la lutte antivectorielle pour être efficace, est basée sur une surveillance entomologique. Il s’agit d’un moyen pour contrôler l’évolution de la transmission de ces arbovirus et de surveillance épidémiologique. C’est un système d’alerte précoce d’épidémies. Le travail ci-rapporté utilise ce système de surveillance qui a pour objectif de faire le suivi, l’évaluation de la taille et la dynamique des populations vectorielles dans une aire déterminée particulièrement en milieu urbain. Sachant que les populations d’Ae.albopictus évoluent sous l’influence de la température déterminant leur bio-écologie et leur comportement ; et de la quantité des précipitations agissant sur l’abondance et la productivité des gîtes larvaires. Ce travail comporte des études climatologiques de notre zone d’étude (des suivis journaliers de la température et des précipitations). Et le système de surveillance développe des méthodologies spécifiques de piégeages et d’indices paramétriques entomologiques.

Morphologie d’Aedes albopictus

   Ae.albopictus se reconnait par la présence d’une ligne longitudinale blanche en position centrale sur son thorax noir, visible à l’œil nu .Il s’appelle communément moustique tigre dû à ses rayures qu’il porte sur ses pattes et qu’il partage avec les espèces du même sous genre (Stegomyia). Le corps est divisé en trois parties bien distinctes : la tête, le thorax et l’abdomen (Figure II.1).
-La tête : comporte une paire d’antennes plumeuses chez les mâles et glabres chez les femelles, des yeux composés et des pièces buccales formant une trompe piqueuse mince et longue.
-Le thorax : est formé de 3 segments bien distincts le prothorax, le mésothorax et métathorax qui portent 3 paires des pattes successives avec la 3ème paire de pattes qui présente des tarses annelés après les articulations, des tibias noirs et une paire d’ailes sur le mésothorax. Une ligne blanche médiane sur le thorax caractérise le genre[48].
– L’abdomen : c’est la partie postérieure du corps de l’insecte qui est constituée de 10 segments, dont 8 sont visibles. Les deux derniers segments abdominaux renferment les organes génitaux mâles et femelles et qui sont utilisés pour l’identifier les espèces. La femelle d’Ae.albopictus présente un abdomen effilé avec des bandes blanches transversales.

Biologie et étho-écologie d’Aedes albopictus

   Le cycle de développement d’Ae.albopictus se déroule en 2 phases comme tous les moustiques :
– une phase aquatique ou phase pré-imaginale des œufs, larves, et nymphes
– une phase aérienne des imagos ou adultes
PHASE AQUATIQUE Les œufs : Les œufs sont pondus isolément sur la partie exondée mais humide des gîtes parfois à la limite du niveau de l’eau; ils ne surnagent pas, contrairement à ceux d’Anopheles qui sont pourvus de flotteurs, ou à ceux de Culex qui sont pondus en barquettes. Ils mesurent environ 1mm de long, ils sont blanchâtres au moment de la ponte et s’assombrissent dans les heures qui suivent. Ils sont capables de résister plusieurs mois, voire plusieurs années, à la dessiccation, assurant ainsi la survie de l’espèce, même dans les régions les plus arides ou les plus froides. Les larves : sont dépourvues d’ailes et de pattes. Elles portent un siphon respiratoire à l’extrémité abdominale. Elles ont une croissance discontinue et subissent 4 mues successives, passant d’environ de 2mm à 12mm, en 4 stades durant au total 5 à 6 jours. Les nymphes ou pupes : Le stade nymphal dure 24 à 48 h. La nymphe à la forme d’une virgule, reste généralement à la surface de l’eau mais plonge lorsqu’elle est dérangée en déployant et reployant l’abdomen terminé par deux palettes natatoires. Elle ne se nourrit pas et respire à l’aide de deux trompettes situées sur le céphalothorax.
PHASE AERIENNE Les adultes : Au moment de l’émergence de l’adulte, la cuticule se fend longitudinalement, il se gonfle d’air et s’extrait de l’exuvie à la surface de l’eau. Pendant les premiers jours de leur existence, les mâles et femelles sont au repos dans des lieux abrités. Leur premier repas, pris le plus souvent au crépuscule, est composé de nectar. Les mâles se nourrissent essentiellement et uniquement de nectar durant toute leur vie. L’accouplement peut avoir lieu entièrement en vol et se terminer sur un support. La fécondation de la femelle par le mâle se fait une seule fois. Le sperme est emmagasiné dans une spermathèque de la femelle. Une fois fécondée, la femelle doit prendre un repas de sang sur les humains ou sur les animaux, cette étape est nécessaire pour la maturation des œufs. Les pontes auront toujours lieu après un repas de sang de la femelle. Une femelle a une durée de vie 25 à 30 jours. Elles peuvent effectuer environ 4 à 5 pontes de 100 œufs chacune.

Le chikungunya

   Le virus du chikungunya (CHIKV) appartient à la famille des Togaviridae et au genre Alphavirus. Il a été isolé pour la première fois en Ouganda en 1953 lors d’une épidémie survenue en Tanzanie [16]. Les Alphavirus sont présents sur tous les continents à l’exception de l’antarctique. Le terme chikungunya signifie « devenir tordu », « ce qui fait courber », en kimakonde (dialecte de la langue bantoue). L’infection au CHIKV se manifeste par une fièvre d’apparition brutale, des maux de tête, une éruption cutanée, des douleurs musculaires et surtout articulaires généralement localisées aux mains (phalanges), poignets et chevilles. Dans la plupart des cas, les symptômes disparaissent. Il n’existe ni de vaccin, ni de traitement antiviral spécifique en ce moment. Un arbovirus est un virus principalement entretenu dans la nature par la transmission biologique entre hôtes vertébrés par des arthropodes hématophages. Le système virus – vecteur nécessite l’infection du vecteur sur un hôte virémique, la compétence du vecteur pour la réplication et la dissémination du virus, et la transmission du virus par injection de salive lors de la piqûre ou morsure de l’arthropode infectant à un récepteur vertébré réceptif [31]. L’espèce est considérée comme «un vecteur secondaire» parce qu’il n’est pas un vecteur spécifique à l’hôte. Néanmoins, il a été responsable de la transmission de chikungunya (CHIK) au cours des dernières épidémies explosives sur les îles de La Réunion et Maurice, où le « classique » vecteur, Aedes aegypti, est pratiquement absent [43].

Captures des adultes d’Aedes albopictus

   La méthode de captures des adultes doit tenir compte des activités et du comportement des espèces : Aedes albopictus, ils ont une activité diurne, le pic d’agressivité se situe en début et en fin de la journée. Ils se reposent habituellement sous la végétation ou dans des endroits sombres.
– La capture des adultes d’Ae.albopictus se fait à l’aide des filets à voiles et deux fois par jour (début et fin de la journée). Le système utilisé est la capture à vue quand les femelles sont en quête de repas de sang.
– Les femelles capturées sont récupérées dans des gobelets dont l’ouverture est recouvert d’une voile maintenue par un élastique sur laquelle on place une boule de coton imbibé d’eau sucré avec du coton.
– Elles sont placées dans une glacière pour leur transport et pour être identifié au laboratoire.

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Table des matières

I. INTRODUCTION
II. REVUE DE LA LITTERATURE
II.1 Aedes albopictus
II.1.1 Morphologie d’Aedes albopictus
II.1.2 Identification des femelles d’Aedes albopictus
II.1.3 Identification des larves de 4ème stade d’Aedes albopictus
II.1.4 Caractères distinctifs entre Aedes aegypti et Aedes albopictus
II.1.5 Biologie et étho-écologie d’Aedes albopictus
II.1.6 Comportement d’Aedes albopictus
II.2 Répartition géographique d’Aedes albopictus
II.2.1 Répartition mondiale d’Aedes albopictus
II.2.2 Répartition à Madagascar
II.3 Maladies transmises et mode de transmission
II.3.1 Le chikungunya (CHIKV)
II.3.2 La dengue (DENV)
II.3.3 Le zika
II.4 Surveillance entomologique
II.4.1 Surveillance au niveau des adultes
II.4.2 Surveillance des œufs et des larves
III. MATERIELS ET METHODES
III.1 Site d’étude
III.2 Méthode par surveillance entomologique
III.2.1 Surveillance des adultes
III.2.2 Surveillance des œufs
III.2.3 Surveillance des larves
III.3 Analyse statistique de paramètres entomologiques
IV. RESULTATS ET INTERPRETATIONS 
IV.1 Surveillance des adultes d’Aedes albopictus
IV.2 Surveillance des oeufs par piège pondoir ou ovitraps
IV.2.1 Nombre d’œufs par semaine
IV.2.2 Nombre d’œufs collectés par mois
IV.2.3 Nombre d’œufs par maison
IV.3 Surveillance des larves
IV.3.1 Les typologies de gîtes
IV.3.1.1 Les différentes types de gîtes recontrés
IV.3.1.2 Pourcentage des gîtes productifs
IV.3.2 Les indices de surveillance entomologique
IV.4 Exploitations statistiques des indices entomologiques
V. DISCUSSION 
VI. CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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