Supplementation alimentaire pour ameliorer la performance de reproduction des caprins

L’élevage de petits ruminants (caprins: Capra aegagrus hircus et ovins: Ovis aries) de races locales est pratiqué dans une bonne partie de Madagascar (Régions Androy, Anosy, Atsimo Andrefana, Betsiboka, Bongolava, DIANA, Melaky, Menabe et Sofia); dont 86% du cheptel de l’île sont élevés dans le sud (SAIGS/DSI; Ministère de l’élevage; 2012). L’élevage de petits ruminants (PR) constitue l’une des principales activités de la population de cette partie de l’île, entre autres le sud ouest Malagasy (Rabeniala et al., 2009). Les raisons suivantes sont avancées pour expliquer ce fait: (1) la zone est globalement peu propice à l’agriculture, à l’exception des plaines alluviales bordant des fleuves, (2) les PR s’adaptent bien au climat semi-aride qui prévaut dans cette partie de l’île et (3) le cheptel constitue une source importante de revenu des ménages et est considéré comme un signe extérieur de richesse (Rabeniala et al., 2009). Les PR, en particulier les caprins, sont également des animaux prolifiques car une femelle peut donner naissance à 1-3 individus par portée (Molle et al., 1997; Kusina et al., 2001; Emsen et Yaprak, 2006; Harkat et Lafri, 2007; Meyer et Djoko, 2010) et 2-3 portées en deux ans. Leur vente est la principale source de revenu des Tanalàna, habitant le littoral du Sud-Ouest malagasy, devant la pêche et l’agriculture (Raoliarivelo et al., 2010).

Il est probable que la demande en viandes de PR va augmenter car le cheptel bovin malagasy n’a cessé de régresser durant les trente dernières années (Ministère de l’élevage, 2004; Rakotoarimanana, 2008). Cette baisse de l’effectif laisse présager une diminution de l’offre en viande rouge alors que la demande augmente avec la population. Les viandes de PR peuvent combler, au moins en partie cette baisse de l’offre en viande rouge et devenir une source alternative de protéine d’origine animale à Madagascar. Par conséquent, la demande en viande de PR est appelée à croître.

Enfin, l’élevage de PR peut également être considéré comme une activité alternative à la fabrication de charbon de bois (Masezamana et al., 2013). En effet, les deux activités exploitent les mêmes ressources que sont les fourrés xérophiles qui servent de pâturage de PR et de source de bois. L’élevage de PR peut donc servir de levier pour lutter contre la faim, l’insécurité alimentaire et la pauvreté, trois phénomènes qui prévalent dans le Sud Ouest malagasy. Il est un facteur important pour le développement de cette région. Mais les conduites actuelles d’élevage de PR dans cette région, qui ne permet d’obtenir qu’une naissance par an, limitent sa production pendant la courte saison des pluies. D’où l’intérêt d’améliorer ces condites d’élevages actuelles. L’induction des chaleurs des femelles hors de la saison de reproduction naturelle est possible (Lindsay et Thimonier, 1988) et peut augmenter ce nombre de naissance. Cette induction des chaleurs pendant une période après naissances en saison normale aboutit à un groupage des naissances avant la saison de pluie (contre saison). En effet, la reproduction habituelle se fait pendant la courte saison de pluie pendant laquelle les fourrages sont abondants. Deux moyens sont possibles pour induire et grouper les chaleurs en contre saison. Le premier consiste à l’usage de produits hormonaux (Motlomelo, Greyling and Schwalbach, 2002; Das et al., 2000; Greyling et Nest, 2000; Lehloenya, Greyling and Grobler, 2008; Uslu et al., 2012) combiné avec l’insémination artificielle (Lehloenya, Greyling and Schwalbach, 2005; Holtz, 2005; Lehloenya et al., 2008) ou avec la monte naturelle (Chemineau, 1989; Harkat et Lafri, 2007; Kausar et al., 2009). Le second consiste à l’usage de moyens zootechniques (photopériodisme, effet mâle et flushing) combiné avec la monte naturelle (Dapoza et al., 1995; Luginbuhl et Poore, 1998; Camelo et al., 2008; Hafez et al., 2011) ou par (3) la combinaison des deux moyens (hormonal et zootechnique). L’application des moyens hormonaux et l’insémination artificielle sont coûteux et requièrent une maîtrise de technologie assez complexe (stockage et administration des produits hormonaux et des semences) qui n’est pas à la portée des éleveurs du Sud Ouest malagasy. D’où la nécessité de trouver des techniques plus simples et plus pratiques pour grouper les chaleurs en contre saison.

ETAT DE L’ART 

Ressource fourragère dans le site d’étude 

Cette partie se base essentiellement sur les travaux de Rabeniala et al. (2009). L’élevage de PR dans le site d’étude est de type extensif où les PR se nourrissent exclusivement de pâturage naturel. Les fourrages sont constitués par des feuilles, des fleurs et parfois des fruits d’arbustes. La disponibilité fourragère est faible en saison sèche (9 mois) pendant laquelle les PR sont obligés de se nourrir de feuilles, de fruits et de fleurs morts pour survivre. Les fourrages herbacés ne sont disponibles que pendant la courte saison de pluie (3 mois). Cette saisonnalité de la disponibilité des fourrages est une contrainte majeure pour la productivité des PR dans les tropiques (Berhane et Eik, 2006; Ben Salem et Smith, 2008). Sur le plan nutritionnel, l’eau, l’énergie, les protéines, les minéraux et les vitamines sont nécessaires pour une reproduction normale. L’impact du statut nutritionnel de la chèvre sur sa reproduction peut être classé en 3 catégories: la capacité de concevoir, la capacité de subvenir aux besoins normaux du fœtus et la capacité de délivrer un chevreau sans complication.

Reproduction des petits ruminants

Saisonnalité de la reproduction 

Les PR sont des animaux dont la reproduction est saisonnière ou reproduction normale (Zarrouk et al., 2001, Brice, Leboeuf et Perret, 2002; Chanvallon, 2012). Cette saisonnalité de la reproduction est conditionnée par: les variations annuelles de la durée d’éclairement du jour ou la photopériode (Brice et al., 2002; Chanvallon, 2012), l’espèce, l’alimentation, l’âge de l’animal, la présence des congénères, la présence des mâles et l’environnement (Zarrouk et al., 2001). La photopériode est le principal facteur entraînant ces variations saisonnières de la reproduction (Chemineau et al. 1993; Rosa et Bryant, 2003). Chez la chèvre, cette variation se manifeste par l’existence d’une période d’anoestrus saisonnier et, chez le bouc par une diminution du comportement sexuel, de la production spermatique en quantité et en qualité, entraînant des baisses momentanées de fertilité et de prolificité dans le troupeau (Lemelin, 2005); se traduisant par l’hétérogénéité des ovulations au cours de l’année. A l’approche de la saison naturelle de reproduction, les mécanismes hormonaux préparent son système reproducteur à l’ovulation et à la gestation (Lemelin, 2005).

Reproduction des caprins

Chez les boucs, la capacité d’accouplement et l’éjaculation de spermatozoïdes viables commencent à l’âge de 4-6 mois, période à laquelle le poids du jeune bouc représente 40-60% du poids adulte (40 – 45 kg;) (Zarrouk et al., 2001; Chanvallon, 2012). Néanmoins, il faudra s’assurer auparavant de la descente totale des testicules (Malher et Ben Younes, 1987). L’activité sexuelle du bouc est influencée par la longueur du jour et le pic d’activité sexuelle coïncide avec l’augmentation de la testostérone plasmatique se produisant au cours de l’année. (Jainudeen, Wahid and Hafez, 2000). Chez les chèvres, la puberté commence de l’âge à la première ovulation soit vers le 5- 7ème mois de la naissance. Le début de la puberté dépend de la race et du moment de la naissance de la chevrette (Zarrouk et al., 2001, Chanvallon, 2012). La femelle en chaleur se manifeste extérieurement par son agitation, l’agitation rapide et soulèvement de la queue, la réduction de l’appétit, la diminution de la production de lait, le congestionnement de la vulve avec sécrétion de mucus gluant et le chevauchement de ses congénères. Les boucs sont les meilleurs détecteurs de chaleur pour les chèvres grâce à la présence du phéromone (Jainudeen et al., 2000). La chaleur dure environ 36 heures (24-48 heures; Chanvallon, 2012). En monte libre, le sex ratio est de 1 bouc pour 10 – 20 femelles (Vaillancourt et Lefebvre, 2003). La durée moyenne du cycle sexuel des chèvres est de 21 jours (Jainudeen et al., 2000; Zarrouk et al., 2001; Vaillancourt et Lefebvre, 2003). Le cycle sexuel se divise en deux phases: une phase folliculaire de 3 – 4 jours et une phase lutéale de 16 – 17 jours (Chanvallon, 2012). Toutefois, une malnutrition sévère peut provoquer la cessation du cycle œstral. Le taux d’ovulation de la race caprine élevée en zone semi-aride varie au cours de l’année (Chentouf, Bister et Boulanouar, 2011).

La grande faculté d’adaptation des caprins à son environnement naturel procure des avantages liés à la prolificité (nombre de chevreaux nés par mise bas (Anonyme, 1993; Molle et al., 1997) et à la survie de la progéniture (Ungerfeld, 2003; Rosa et Bryant, 2003; Fressingfield et al., 2006). La plupart des races de chèvres ont une prolificité comprise entre 1,5 et 3 chevreaux par mise bas (Baril et al., 1993) parfois 4 par portée. Trois modes de reproduction sont possibles chez les PR: (1) monte naturelle avec le bouc, (2) l’insémination artificielle avec de la semence congelée de boucs améliorateurs permettant d’améliorer le niveau génétique et (3) la reproduction in vitro ou transfert d’embryon. La durée de la gestation pour toutes les races de chèvres est de 150 ± 2 jours (Jainudeen et al., 2000) et le fœtus se développe rapidement à partir de la fin du troisième mois de gestation (Zarrouk et al., 2001). La gestation se termine par la parturition qui est suivie d’une période de repos sexuel pour deux raisons: (1) d’origine interne, le temps nécessaire à l’involution utérine et (2) d’origine centrale, l’inactivité de l’ovaire puisque celui-ci n’est pas suffisamment stimulé par les hormones gonadotropes (Baril et al., 1993). Les changements de l’appareil reproducteur pendant la période post partum incluent l’involution utérine et la reprise de l’activité ovarienne (Zarrouk et al., 2001). L’intervalle entre mise bas et première chaleur est fortement influencé par le moment de la parturition. Il peut être court 5 – 6 semaines ou plus long 27 semaines pour certaines races (Zarrouk et al., 2001). Lorsque la parturition se produit durant la période d’activité sexuelle normale, l’activité ovarienne peut reprendre et la chèvre peut concevoir (Jainudeen et al., 2000) mais les chevreaux doivent être sevrés au moins 45 jours (Camelo et al., 2008) à deux mois avant la gestation suivante (Jansen et Kees., 2004). Cette date de sevrage peut être raccourci jusqu’à 42 jours (Cognié, Cornu et Mauléon; 1974), ce qui correspond au temps nécessaire à l’involution utérine et à la reprise de l’activité ovarienne.

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Table des matières

INTRODUCTION
1. ETAT DE L’ART
1.1. Ressource fourragère dans le site d’étude
1.2. Reproduction des petits ruminants
1.2.1. Saisonnalité de la reproduction
1.2.2. Reproduction des caprins
1.3. Groupage des naissances et maîtrise de la reproduction
1.3.1. Méthodes hormonales
1.3.2. Méthodes zootechniques
1.3.3. Rôles de l’énergie dans la reproduction
1.4. Bases physiologiques du flushing
1.4.1. Hormones impliquées dans la reproduction
1.4.2. Facteurs endocriniens liés au flushing
2. MATERIELS ET METHODES
2.1. Rappel de la problématique
2.2. Questions de recherche hypothèses
2.3. Site d’étude
2.3.1. Localisation géographique
2.3.2. Climat
2.3.3. Végétation
2.3.4. Milieu humain
2.3.5. Importance de l’élevage de PR
2.4. Collecte d’informations
2.2.1. Identification et préparation des animaux
2.2.2. Flushing
2.2.3. Observation des paramètres de reproduction après naissances
2.5. Calendrier des interventions
2.6. Analyse de l’incidence financière de la pratique du flushing
2.7. Cadre opératoire de la recherche
3. RESULTATS
3.1. Résultats sur l’efficacité du flushing
3.1.1. Gestation
3.1.2. Naissances
3.2.1. Taux de fertilité
3.2.2. Taux de fécondité
3.2.3. Taux de prolificité
3.2.4. Taux de survie
3.2. Incidences financières de la pratique du flushing
4. DISCUSSIONS
4.1. Limites de l’étude
4.2. Sur les conditions générales de l’étude
4.3. Au niveau de la naissance
4.3.1. Fertilité
4.3.2. Fécondité
4.3.3. Prolificité
4.3.4. Taux de survie à 10 jours de la naissance
4.4. Au niveau de la rentabilité de la pratique du flushing des caprins
5. CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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