SUIVI PERSONNALISE LORS DE LA GROSSESSE ET DE L’ACCOUCHEMENT
Cadre de référence théorique :
La peur :
Définition:
La peur est définie comme un « phénomène psychologique à caractère affectif! qui accompagne la prise de conscience d’une menace ou d’un danger réel ou imaginaire» En effet,c’est un mécanisme de défense important qui permet à l’individu de faire face à une menace ou un danger. La! libération d’hormones et de substances chimiques dans l’organisme alerte le corps et le prépare à fuir ou combattre la menace.
La différence entre la peur et l’anxiété est subtile : « La peur est le sentiment qui se manifeste lorsqu’on voit ou qu’on vit un évènement effrayant. L’anxiété! est plutôt un type de peur qui survient du fait qu’on anticipe ou qu’on redoute quelque chose sans le vivre.» (McKenzie,2014,p.1).
Janet (1926), psychologue français, a défini l’anxiété comme étant une peur sans objet précis. Elle fait partie des émotions principales ressenties par l’être humain, elle est donc de nature physiologique. Selon Tribolet, psychiatre français (1997), l’anxiété bascule vers la pathologie lorsque son caractère devient chronique et invalidant. Il mentionne également le fait que l’anxiété peut être « un état de base » (p.72), c’est-à-dire, un trait de personnalité.
McKenzie (2014) énonce également le caractère pathologique de l’anxiété lorsque cette émotion perdure dans le temps : « Notre réponse de peur est planifiée pour aider le corps à faire face à des menaces physiques graves de courte durée …. Si elle [l’anxiété] est de trop longue durée, la personne ressent de la panique et un malaise. » (p.3)
Selon Lazarus et Folkman (1987), le stress est la perception d’un évènement, jugé par l’individu comme dépassant ses propres ressources et menaçant son bien-être.
Un stress induit une anxiété, pouvant ainsi créer un cercle vicieux. En effet, l’anxiété provoque des symptômes physiques chez l’individu, ceux-ci aggravant ses pensées anxieuses et ainsi de suite.
La peur et l’anxiété sont manifestées par des symptômes physiques et psychiques identiques tels que des palpitations, une gêne respiratoire, un sentiment d’étouffement, des troubles digestifs, une perte d’appétit, des troubles du sommeil, de la fatigue, des troubles de la concentration ou encore de l’énervement. Lors d’une peur intense, les symptômes tels des spasmes, une tachycardie et une dyspnée apparaissent afin de répondre à la menace imminente. (McKenzie, 2014)
La tocophobie :
Le concept de la tocophobie est peu connu mais pourtant assez fréquent. Il se définit comme une peur intense et constante de l’accouchement (Petit, 2015) autrement dit c’est « une peur pathologique de la grossesse » (Bhatia & Jhanjee, 2012, p.158). Hofberg et brockington (2000) sont à l’origine de ce concept, ils définissent : la tocophobie primaire et secondaire. La tocophobie primaire!est!une!peur!qui!se!manifeste!chez!les!nullipares,!qui!peut!même! débuter! dès! l’adolescence. La tocophobie secondaire survient suite à un accouchement traumatique ou pénible.
Modifications psychiques de la femme durant la grossesse:
La transparence psychique:
La grossesse peut être décrite comme une période présentant pour la femme un état psychique particulier où son équilibre habituel est perturbé.
Dès les premières semaines de gestation, des fragments de l’inconscient,des réminiscences du passé ressurgissent à la conscience. La transparence psychique, telle qu’elle a été définie par Bydlowski (2010), psychiatre et psychanalyste française : « établit une corrélation évidente!entre la situation de gestation actuelle et les remémorations infantiles! » (p.89). Elle précise également que ces réminiscences « affluent en force à la mémoire, sans être barrés par la censure » (p.89). Elles sont parfois vécues comme un sentiment douloureux ou une grande tristesse:
Mme D.est ainsi accablée d’une tristesse incompréhensible dès le début d’une gestation pourtant ardemment désirée. Elle ne sera soulagée qu’après une fausse couche spontanée et fera le lien entre sa détresse actuelle et celle qu’elle éprouvait, petite fille, après la désertion de son père (p.90).
Elles peuvent également être source d’angoisse chez les femmes ayant vécu des évènements traumatiques dans l’enfance :
Des angoisses anciennes … peuvent être réveillées…et!entrainer la crainte d’un effondrement psychique si la grossesse poursuit son cours. ….Si la grossesse est maintenue, elle risque d’être vécue sous le signe de l’angoisse ou émaillée de symptômes psychosomatiques (Bydlowski, 2008,p.100).
Dans la vie quotidienne, hors grossesse, le monde intérieur de l’individu est protégé par un mécanisme de défense, définit par Freud, «le refoulement ». « Cette force maintient dans l’oubli bien des souvenirs et des émotions d’autrefois ;or ce refoulement est en crise lors de l’attente d’un enfant, il n’assure plus sa fonction protectrice» (Bydlowski,2010,p.90).
Cette période de crise psychique est comparée à l’adolescence comme étant une période de « crise maturative ». Bydlowski (2008) donne sens à cette crise : « [Celle-ci] contient sa propre capacité évolutive et contribue au processus de formation d’une identité nouvelle »
La constellation maternelle:
Daniel Stern, pédopsychiatre et psychanalyste, a défini le concept de « la constellation maternelle » comme un état psychique particulier de la future mère s’organisant autour de trois types de discours (1996) :
− Discours de la mère envers sa propre mère
− Discours avec elle-même en tant que mère
− Discours d’elle même avec son bébé
Ces trois types de discours sont inconsciemment exprimés par la femme sous forme de questions qu’elle se pose laissant apparaitre les craintes qui y sont associées. Stern a décrit quatre thèmes: 1. La croissance de la vie :
La future mère se pose des questions concernant la survie de son bébé : « Vais-je être capable de garder mon enfant en vie ? Vais-je être capable d’assurer son développement et sa santé physique?».
Les craintes sous-jacentes de la mère sont celles que son enfant s’arrête de respirer, qu’il meure, qu’elle n’ait pas assez de lait, qu’elle ne sache pas si son bébé a assez mangé ou encore qu’elle ne sache pas subvenir à ses besoins.
2. La relation primaire:
Les questions de la femme en lien avec ce thème concernent la relation entre elle! et son bébé : «Est-ce que je vais l’aimer ? Est-ce qu’il va m’aimer ? Vais- je pouvoir m’engager émotionnellement et authentiquement avec mon enfant ?».
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Table des matières
1.QUESTIONNEMENT PROFESSIONNEL
1.1 INTRODUCTION
1.2 CHOIX DU SUJET
2.CADRE DE REFERENCE THEORIQUE
2.1 LA PEUR
2.1.1 DÉFINITION
2.1.2 LA TOCOPHOBIE
2.2 MODIFICATIONS PSYCHIQUES DE LA FEMME DURANT LA GROSSESSE
2.2.1 LA TRANSPARENCE PSYCHIQUE
2.2.2 LA CONSTELLATION MATERNELLE
2.3 L’ACCOUCHEMENT
2.3.1 L’ACCOUCHEMENT COMME TRANSITION
2.3.2 LA MEDICALISATION DE L’ACCOUCHEMENT ET LA NOTION DU RISQUE
2.3.3 LA DOULEUR DE L’ACCOUCHEMENT
2.4 PROBLEMATIQUE
2.5 DIMENSION ETHIQUE
3. METHODOLOGIE DE RECHERCHE
3.1 UTILISATION DES BASES DE DONNEES
3.2 CHOIX DES MOTS CLES
3.3 ARTICLES SELECTIONNES
3.4 FORCES ET LIMITES DE LA REVUE DE LITTERATURE
3.4.1 FORCES
3.4.2 LIMITES
3.5 SCREENING DES BIBLIOGRAPHIES
4. ANALYSE DE LA REVUE DE LITTERATURE
4.1 TABLEAUX DESCRIPTIFS DES ARTICLES DE LA REVUE DE LITTERATURE
4.1.1 PRESENTATION DE L’ARTICLE N°1
4.1.2 PRESENTATION DE L’ARTICLE N°2
4.1.3 PRESENTATION DE L’ARTICLE N°3
4.1.4 PRESENTATION DE L’ARTICLE N°4
4.1.5 PRESENTATION DE L’ARTICLE N°5
4.2 ANALYSE DE LA REVUE DE LITTERATURE
4.2.1 LES PEURS DE L’ACCOUCHEMENT
4.2.2 LES FACTEURS INFLUENÇANT LA PEUR DE L’ACCOUCHEMENT
4.2.3 LES MANIFESTATIONS DE LA PEUR DE L’ACCOUCHEMENT ET LES STRATEGIES DE COPING
4.2.4 LES CONSEQUENCES DE LA PEUR SUR LE DEROULEMENT DE LA GROSSESSE ET DE L’ACCOUCHEMENT
4.2.5 LE ROLE SAGE-FEMME
5. DISCUSSION ET RETOUR DANS LA PRATIQUE
5.1 DISCUSSION
5.1.1 LES PEURS DE L’ACCOUCHEMENT
5.1.2 LA DOULEUR DE L’ACCOUCHEMENT
5.1.3 L’IMPACT DES PEURS SUR LE DEROULEMENT DE LA GROSSESSE ET DE L’ACCOUCHEMENT
5.1.4 LA PLACE DU PARTENAIRE
5.1.5 PRISE EN CHARGE DE LA PEUR DE L’ACCOUCHEMENT
5.2 RETOUR DANS LA PRATIQUE
5.2.1 OFFRIR A CHAQUE FEMME UN SUIVI PERSONNALISE LORS DE LA GROSSESSE ET DE L’ACCOUCHEMENT
5.2.2 OFFRIR A CHAQUE FEMME UN ESPACE DE PAROLE
5.2.3 PREVENTION ET PROMOTION AUTOUR DES PEURS DE L’ACCOUCHEMENT
5.2.4 GESTION DE LA PEUR DE L’ACCOUCHEMENT PAR LA SOPHROLOGIE
5.3 LES FORCES ET LIMITES!DE NOTRE TRAVAIL
5.3.1 FORCES
5.3.2 LIMITES
6. CONCLUSION
7. BIBLIOGRAPHIE
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