La malnutrition est un état pathologique résultant de la carence ou de l’excès relatif d’un ou plusieurs nutriments essentiels. Cet état se manifeste cliniquement ou est décelable par des analyses biochimiques, anthropométriques ou physiologiques [2]. L’apport alimentaire anormal peut provenir d’une nourriture en quantité inadaptée au besoin (apport calorique insuffisant ou, au contraire, excessif) ou de mauvaise qualité (carences nutritionnelles ou excès de graisses…).
De 2006 à 2009 la flambée des prix des aliments suivie d’une crise financière, puis d’une récession économique mondiale, a occasionné une augmentation du nombre de personnes soufrant de faim et de sous-alimentation dans le monde. Celle-ci a atteint le niveau sans précédent de plus d’un milliard en 2009 [1]. Certes, la FAO avait prévu une réduction en 2010 (925 millions de personnes), mais le risque de sous- alimentation et de famine persiste. La malnutrition affecte deux milliards de personnes dans le monde souffrant de carences en sels minéraux et en vitamines, pouvant provoquer des maladies mortelles.
Dans les pays en développement, le plus grand problème nutritionnel est la « sous alimentation », due à un apport calorique insuffisant. L’insuffisance alimentaire peut entrainer la survenue des maladies comme la malnutrition aigüe, l’anémie, le rachitisme ou la cécité. Les rapports de 2004 de l’UNICEF et la Banque mondiale montrent que les carences en fer chez les enfants de 6 à 24 mois affectent le développement mental de 40 à 60 % des enfants de ces pays. Les carences en iode ont fait reculer la capacité intellectuelle de ces pays de 10 à 15 % et causent la naissance de 18 millions d’enfants handicapés mentaux par an. De même, la carence en vitamine A entraine la mort d’un million d’enfants chaque année dans ces pays.
Données physiques et socio-économiques
Le Mali est un vaste pays sahélien d’une superficie de 1.241.238 km² situé entre les 10ème et 25ème parallèles de latitude Nord et entre les 4° de longitude Est et 12° de longitude Ouest. Il est enclavé au cœur de l’Afrique de l’Ouest et entouré de plus de 7.000 km de frontière avec 7 pays limitrophes. Le relief est peu accentué. Les plaines alluviales, très vastes, sont toutefois dominées par quelques plateaux calcaires et de grès (plateaux mandingues et dogon). Le point culminant du Mali est le Mont Hombori Le Mali s’étend du nord au sud sur quatre grands domaines bioclimatiques (saharien, sahélien, soudanien et guinéen) et une zone écologique particulière (le delta intérieur du fleuve Niger). Il est traversé par deux grands fleuves: le Sénégal et le Niger. Le Mali compte (depuis 1999) 703 communes, 49 cercles, 8 régions et un district (Bamako, la capitale) La population est estimée à environ 14,5 millions d’habitants (RGPH, 2009) [4]. Le taux d’accroissement annuel moyen est de 3,6% sur la période 1998-2009. La population est jeune (55,2 % a moins de 19 ans, 17 %, moins de 5 ans dont 14 % âgé de 12 à 59 mois) et essentiellement rurale (69,5%). Le secteur primaire (agriculture, élevage et pêche) occupe plus de 80% de la population active et représente 45% du Produit Intérieur Brut (PIB), alors que le secteur secondaire (industrie) ne représente que 16% du PIB et le secteur tertiaire (commerce, services) 39% [4]. Le Mali dispose également d’importantes potentialités énergétiques, touristiques et minières. La lutte contre la pauvreté constitue la priorité de la politique de développement du pays. La pauvreté touche plus de 2/3 des maliens [4]. Si cette pauvreté massive est structurelle, elle s’avère aussi conjoncturelle, eu égard à l’extrême vulnérabilité de la plupart des ménages maliens. L’incidence de la pauvreté atteint 73% en milieu rural contre 20% en milieu urbain [4]. Selon l’étude sur la pauvreté des communes du PNUD/OCHA 2006, plus de la moitié (52%) des communes rurales sont pauvres avec un pourcentage plus élevé pour les régions de Mopti (76%), Kidal (70%), Tombouctou (56%) et Sikasso (55%).
Les difficultés alimentaires rencontrées par la population seraient davantage liées au problème d’accessibilité dû à la pauvreté et aux coûts de transport. L’insécurité nutritionnelle, se manifeste essentiellement dans certaines zones agro-pastorales et agricoles. Une analyse structurelle de la malnutrition à partir des résultats des enquêtes démographie santé de 1987, 1996, 2001 et 2006 a permis de mieux faire ressortir les régions les plus touchées par la malnutrition au Mali [41]. Les régions les plus touchées par la malnutrition aiguë sont respectivement celles de Kidal (21,45%), Gao (17,55%), Tombouctou (17,33%) et Mopti (15,18%) ; et les plus touchées par la malnutrition chronique sont les régions de Sikasso, Tombouctou, Mopti et Ségou, selon EDS-IV [6]. Au final, il apparaît donc que les régions de Sikasso, Tombouctou, Kidal et Gao sont les plus affectées par la malnutrition.
Politiques et programmes en matière d’alimentation et de nutrition
Le Mali a décidé depuis une décennie de faire de la sécurité alimentaire et nutritionnelle une des principales priorités de sa politique. Cela s’est traduit par conception et la mise en œuvre de stratégies et programmes d’alimentation et de nutrition. La Stratégie Nationale de Sécurité Alimentaire (SNSA, 2002) : elle a comme objectifs : (i) la promotion d’une agriculture productive, diversifiée, durable et généralement intégrée ; (ii) le développement, la fluidification et l’intégration sous régionale des marchés nationaux; (iii) l’amélioration durable des conditions structurelles d’accès des groupes et zones vulnérables à l’alimentation et aux services sociaux de base ; (iv) l’amélioration des dispositifs de prévention et de gestion des crises conjoncturelles, en cohérence avec la construction de la sécurité alimentaire structurelle ; (v) le renforcement des capacités des acteurs de la sécurité alimentaire et la promotion d’une bonne gouvernance de la sécurité alimentaire [8]. Le Programme National de Sécurité Alimentaire (PNSA, 2006-2015) concerne dans sa première phase prioritairement les 166 communes les plus vulnérables du Mali, avec pour objectifs de diversifier les activités des producteurs ruraux, de limiter l’exode rural, de créer des emplois et de réduire la pauvreté [9]. La Politique Nationale de Développement de la Nutrition (PNDN, 2012-2021) [10] a objectif général d’assurer à chaque malien un statut nutritionnel satisfaisant lui permettant d’adopter un comportement adéquat pour son bien-être et pour le développement national.
Les objectifs spécifiques ciblés d’ici 2021 sont: (i°) réduire de moitié la prévalence de la malnutrition aigue chez les enfants de 0-5 ans et d’âge scolaire; (ii) réduire de deux tiers la prévalence de la malnutrition chronique chez les enfants de 0-5 ans ; (iii) éliminer durablement les troubles liés aux carences en micronutriments (iode, zinc et vitamine A; (iv) réduire d’un tiers la prévalence de l’anémie chez les enfants de 0 à 5 ans, d’âge scolaire et les femmes en âge de procréer ; (v) améliorer la prise en charge nutritionnelle de la femme en grossesse et du post-partum ; (vi) améliorer la prise en charge des maladies chroniques liées à l’alimentation et à la nutrition ; (vii) assurer un accès durable à une alimentation adéquate pour toute la population, en particulier pour les personnes vivant dans les zones d’insécurité alimentaire et nutritionnelle et les groupes à risque (personnes vivant avec le VIH/SIDA, la tuberculose et les personnes âgées etc.)
L’Association des Producteurs de Pomme de terre de Sikasso (APPS)
L’APPS est une organisation professionnelle qui a été mise en place en 1995 après la dévaluation du franc CFA pour sécuriser les crédits BNDA et assurer les relations avec les intervenants afin de défendre les intérêts de ses membres. Elle est dirigée par un bureau de 17 membres regroupe les producteurs de 72 associations villageoises.
La sécurisation de crédit passe principalement par des activités de : (i) suivi du recouvrement pour que le maximum d’associations villageoises demeure éligible au crédit ; (ii) suivi de la mise en place des intrants, objet du crédit pour éviter les retards préjudiciables à la production ; (iii) suivi de la production pour prendre à temps les dispositions sur les incidents pouvant compromettre le dénouement du crédit.
L’ONG ISCOS (Institut Syndical pour la Coopération au développement)
L’ISCOS est une Organisation non gouvernementale italienne membre de la Confédération Italienne des Syndicats des Travailleurs (CISL). Le but de son intervention au Mali est d’augmenter le revenu des paysans et d’améliorer l’état nutritionnel des groupes les plus vulnérables à travers la valorisation de la filière pomme de terre dans la Région de Sikasso. L’objectif global de cette intervention est de contribuer à l’amélioration de l’état nutritionnel des groupes les plus vulnérables, soit les enfants de 0 à 5 ans et les femmes enceintes, au sein des ménages ruraux producteurs de pomme de terre (ou exploitations familiales agricoles) du cercle de Sikasso, par l’augmentation des revenus paysans, à travers la promotion de la filière pomme de terre. L’objectif spécifique de cette intervention est de renforcer les capacités des coopératives de producteurs de pomme de terre affiliées à l’APPS au plan organisationnel et en matière de production, stockage, conservation et commercialisation de la pomme de terre. Ce renforcement de capacités se fera par : (i) la sensibilisation, l’information, la formation et l’appui des producteurs en matière de formalisation, gestion et fonctionnement de leurs coopératives et unions communales de coopératives, fédérées au sein de l’APPS ; (ii) la formation et l’appui des coopératives affiliées à l’APPS en matière de production, stockage et conservation de la pomme de terre ; (iii) la formation et l’appui des coopératives affiliées à l’APPS en matière d’organisation de la commercialisation de la pomme de terre sur les marchés nationaux et sous régionaux ; (iv) la mise en place d’un dispositif de transfert de connaissances et pratiques adaptées en matière de nutrition, de suivi et d’évaluation de l’état nutritionnel des groupes les plus vulnérables dans les 97 villages et hameaux de production de la pomme de terre du cercle de Sikasso.
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Table des matières
1. Introduction
2. Objectifs
2.1. Objectif général
2.2. Objectifs spécifique
3. Généralités
3.1. Caractéristiques générales du Mali
3.1.1. Données physiques et socio-économiques
3.1.2. Politiques et programmes en matière d’alimentation et de nutrition
3.1.3. L’Association des Producteurs de Pomme de terre de Sikasso (APPS)
3.1.4. L’ONG ISCOS (Institut Syndical pour la Coopération au développement)
3.1.5. Le Groupe de Recherche d’Actions et d’Assistance pour le Développement Communautaire (GRAADECOM)
3.1.6. L’Institut National de Recherche en Santé Publique (INRSP)
3.1. 7.Description du Service de nutrition
3.1.7.1. Structure
3.1.7.2. Objectifs
3.1.7.3. Ressources humaines
3.1.7.4. Activités menées
3.2. Définitions et concepts
3.2.1 La surveillance nutritionnelle
3.2.2. Nutrition
3.2.3. Sécurité alimentaire
3.2.4. Sécurité nutritionnelle
3.2.5. Interdit alimentaire
3.2.6. Totem
3.2.7. Malnutrition
3.2.7.1. Causes de la malnutrition
3.2.7.2. Aspects cliniques de la malnutrition
a. Malnutrition aiguë ou émaciation
b. Malnutrition chronique ou retard de croissance
c. Malnutrition globale ou insuffisance pondérale
3.2.7.3. Prise en Charge Intégrée de la Malnutrition Aiguë Sévère
a. Traitement nutritionnel
b. Traitement médical systématique
c. Surveillance
3.2.8. Données sur la pomme de terre
3.2.8.1 Valeur nutritionnelle de la pomme de terre
3.2.8.2. La pomme de terre à Sikasso
3.2.9. Sécurité alimentaire régionale
3.2.9.1. Disponibilité alimentaire
a. Céréales
b .Tubercules
c. Légumineuses
d. Fruits et légumes
e. Production animale
f. La production de lait
g. La production de viande
h. La production de poisson
3.2.9.2. Echange commerciaux
4. METHODOLOGIE
4.1. Cadre de l’étude
4.1.1. La Région de Sikasso
4.1.1.1. Les indicateurs nutrionnels et sanitaires de la Région
a. Indicateurs nutrionnels
b. Indicateurs sanitaires
4.1.1.2. Les Communes rurales de Klela et Fama
4.1.1.3. Lieu de l’enquête
4.2. Matériels et méthodes
4.2.1. Type d’enquête
4.2.2. Période et durée
4.2.3. Population ou groupe cible
4.2.4. Critères d’inclusion
4.2.5. Critères de non inclusion
4.2.6. Paramètres étudiés
4.2.7. Procédure de collecte des données
4.2.8. Saisie et analyse des données
4.2.9. Considérations éthiques
5. CONCLUSION
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