Le mil, Pennisetum glaucum (Leeke) R.Br.) occupe la sixième place mondiale parmi les céréales les plus cultivées après le blé, le riz, le maïs, l’orge et le Sorgho. Plus de 36 millions d’hectares de mil sont plantés chaque année dans plus de 40 pays situés dans les régions tropicales semi-arides d’Asie, d’Afrique et d’Amérique Latine (FAO, 1995). C’est la principale culture vivrière au sahel où elle constitue pour la plupart des villages la seule source de protéine d’origine végétale (ROCAFREMI, 1995). La production annuelle en Afrique est estimée à près de 11,3 millions de tonne de mil (Omanya et al., 2007). Environ, 30% de la production mondiale du mil provient de l’Afrique (FAO, 1995).
Au Sénégal, la culture du mil a connu une importance accrue avec l’accroissement de la population, la dévaluation du franc CFA en 1994 et les difficultés rencontrées au niveau des filières riz et arachide ces dernières années (Sarr, 1996). Plante rustique très adaptée à l’environnement sahélien, le mil est cultivé principalement au centre du pays (Bassin arachidier) en rotation avec l’arachide. Les emblavures sont estimées entre 800 et 1 million d’hectares au cours des dix dernières années. La production du mil représente plus de 60 % de la production céréalière du Sénégal qui s’est également située autour de 500 000 à 700 000 tonnes/an au cours de ces dix dernières années. Les rendements sont généralement faibles avec des moyennes annuelles de 500 – 800 kg/ha en milieu paysan (DAPSA, 2011). Les pertes de productions céréalières constituent encore au Sénégal et en Afrique occidentale une contrainte majeure. En effet, dans la plupart des zones milicoles, des dégâts importants sont causés par les nuisibles comme le striga (Striga hermontica), les infections provenant des champignons (Sclerospora graminicola), le charbon du blé (Tolyposporium penicillariae), l’ergot (Claviceps fusiformis) mais aussi plusieurs insectes (Williams & Andrews, 1983). Parmi les insectes ravageurs du mil, 84 espèces ont été répertoriées au Niger (Guèvremont, 1982) et 81 espèces au Sénégal (Ndoye, 1979). Dans ce groupe de ravageurs, le foreur de tige, Coniesta (=Acigona) ignefusalis Hmps (Lepidoptera: Noctuidae) et la mineuse de l’épi du mil, Heliocheilus (=Raghuva) albipunctella De Joannis (Lepidoptera: Noctuidae) constituent les espèces les plus redoutables pour le mil après la sécheresse des années 70 (Nwanzé, 1991).
Les moyens de lutte pour réduire les populations de H. albipunctella ont été revus depuis cette période de sécheresse (Gahukar et al., 1986). Plusieurs méthodes de lutte (chimique, culturale, biologique, variétale etc.) ont été développées pour réduire l’impact de H. albipunctella et contribuer ainsi à l’amélioration de la productivité du mil. C’est dans cette optique que le Programme de Productivité Agricole en Afrique de l’Ouest (PPAAO/ WAAP) est intervenu pour contribuer à augmenter la production du mil avec différentes approches y compris la réduction des pertes causées par les ravageurs.
Généralités sur la communauté rurale de Dya
Communauté Rurale
La Communauté Rurale de Dya est située dans la région de Kaolack, département de Kaolack, arrondissement de Sibassor. Elle couvre une superficie d’environ 200 km² et compte 30 villages. Sa population est estimée à 19 754 habitants avec une densité de 94 habitants au Km². La population active est estimée à 55%. Près de 75% de la population juvénile migre généralement vers les centres urbains à partir du mois de janvier pour revenir au mois de juin dans le cadre des travaux champêtres. À côté de l’activité agricole, d’autres activités telles que l’élevage, la pêche, l’artisanat et le commerce s’y développent (Anonyme, 2003).
Caractéristiques pédoclimatiques
Le climat est du type soudano sahélien caractérisé par une saison sèche de 8 – 9 mois et une saison des pluies de 3 – 4 mois avec une variabilité interannuelle assez marquée. Les températures varient en moyenne entre 25°C au mois de janvier et 45°C aux mois d’avril et mai avec une pluviométrie annuelle comprise entre 300 mm et 600 mm. Les sols dominants sont du type ferrugineux tropical lessivé ou sol Dior qui représentent 75% des superficies correspondant à 15000 ha. Ce sont des sols très favorables à la culture du mil, de l’arachide, ainsi qu’à l’élevage etc. Tandis que les sols ferrugineux tropicaux non ou peu lessivé ou sol Deck Dior qui occupent16% des surfaces sont favorables à une large gamme de cultures y compris le mil, l’arachide, le maïs, le sorgho, le manioc, etc. Par contre les sols argileux à caractère vertique ou sol Deck, couvrent près de 8% des terres. Les sols halomorphes ou tannes, représentent 1% des superficies de la zone et sont caractérisés par une salinité élevée et une quasi absence de la matière organique. Ils sont impropres à la culture. La strate herbacée est relativement diversifiée et se retrouve dans les parcours de bétail, les terres mises en défens et les champs cultivés notamment en période d’hivernage. Les espèces d’herbes dominantes incluent Digitaria ciliaris, Dactiloctenium aegyptium, Cenchrus biflorus, Chloris prieurii, Zornia glochidiata, Indigofera astragalina, Ipomea coptica, Jaquemontia tamnifolia, Corchorus tridens, Mitracarpus villosus et Andropogon gayanus. La strate ligneuse est constituée de parcs agroforestiers, de mise en défens, d’espèces reboisées etc. (Anonyme, 2003).
Caractéristiques de l’agriculture
L’agriculture dans la Communauté Rurale de Dya est une agriculture de subsistance essentiellement destinée à l’autoconsommation. Elle occupe 73% des superficies de la zone soit 14551 hectares (ha). Le mil est l’une des principales spéculations développées dans la communauté rurale et constitue l’alimentation de base des populations.
L’arachide (23% des récoltes) y occupe également une place importante et elle est souvent mise en rotation avec les cultures céréalières. Par contre le sorgho, le maïs, le niébé et la pastèque y sont développés en cultures d’appoint ou génératrices de revenus comme le maraîchage, et l’arboriculture fruitière. La riziculture y est aussi pratiquée sur de faibles superficies. En dépit de cette importance le sous-secteur agricole est très peu développé dans la zone avec une baisse généralisée des rendements des cultures vivrières (Anonyme, 2003).
Généralités sur le mil
Systématique
Le mil P. glaucum, est une espèce annuelle de la famille des Poacées (Graminées) et de la sous famille des Panicoidae. Aussi appelé P. americanum (L.) leeke, le mil a plusieurs noms communs y compris le mil perlé, le petit mil, le mil à chandelle, le mil pénicillaire etc. (Anonyme, 1991) .
Cycle cultural
Le développement du mil comporte plusieurs stades allant du semis à la récolte. Le cycle complet dure 80 à 95 jours après semis (JAS) pour la variété souna 3. La levée des plantules a lieu 2 à 3 JAS. Le développement végétatif y compris le tallage et la montaison dure à peine 47 JAS et la floraison à 50% est observée 56 JAS. A environ 65 JAS, le remplissage des grains au stade laiteux et pâteux est constaté et le début de maturation est atteint vers 70 JAS (Sarr, 1996). En fonction de la phénologie, les mils cultivés peuvent être répartis en trois groupes: les mils tardifs qui sont photosensibles et arrivent à maturité à 100-150 JAS, les mils précoces dont le cycle varie entre 80-100 JAS et les mils très précoces qui bouclent leur cycle en 65 – 75 JAS (Tapsoba, 1991).
Importance et utilisation
Au Sahel, le mil est cultivé principalement pour la consommation humaine. Il reste en dépit de sa faible productivité, une culture céréalière de grande importance du fait de sa part élevée dans l’alimentation des populations et de la diversité des utilisations auxquelles il est destiné (Tapsoba, 1991). En effet, le mil représente environ un tiers (1/3) de la consommation totale de céréales alimentaires au Burkina Faso, au Tchad et en Gambie, environ 40% au Mali et au Sénégal et plus des 2/3 au Niger (FAO, 1995). Les grains sont transformés en farine utilisée dans la préparation de mets variés tels que le couscous ou «tiéré» au Sénégal, la bouillie, les galettes etc. Brassé et fermenté, le mil peut fournir de la bière artisanale (FAO, 1995). Les tiges et les feuilles servent à l’alimentation du bétail, brûlées elles donnent des cendres pour la fabrication de la «potasse» (Tapsoba, 1991). Les tiges sont également utilisées dans la construction des clôtures des maisons, des jardins potagers et dans la confection des greniers mais aussi la confection de nattes pour couchettes.
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE 1 : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
1.1 Généralités sur la communauté rurale de Dya
1.1.1 Communauté Rurale
1.1.2 Caractéristiques pédoclimatiques
1.1.3 Caractéristiques de l’agriculture
1.2 Généralités sur le mil
1.2.1 Systématique
1.2.2 Cycle cultural
1.2.3 Importance et utilisation
1.2.4 Principaux insectes ravageurs du mil
1.2.4.1 Foreurs de tige
1.2.4.2 Chenilles mineuses de l’épi
1.2.4.3 Groupe des coléoptères
1.2.4.4 Autres insectes
1.3 Mineuse de l’épi du mil: Heliocheilus albipunctella
1.3.1 Description
1.3.2 Répartition géographique
1.3.3 Biologie et dégâts
1.3.4 Méthodes de lutte
1.3.5.1 Lutte culturale
1.3.5.2 Résistance variétale
1.3.5.3 Lutte chimique
1.3.5.4 Lutte biologique et utilisation de bracon
CHAPITRE 2. MATERIELS ET METHODES
2.1 Sites et localisation
2.2 Piège lumineux
2.3 Matériel végétal et pratiques culturales
2.4 Collecte et tri des insectes
2.5 Echantillonnage des œufs et des larves
2.6 Incidence de H. albipunctella
2.7 Période optimale de lâcher
2.8 Analyse statistique des données
CHAPITRE 3: RESULTATS ET DISCUSSION
3.1 Abondance et fluctuation des insectes en fonction du temps
3.2 Effet potentiel de la pluie sur l’émergence des adultes de H. albipunctella
3.3 Densité des œufs et des larves de H. albipunctella
3.4 Incidence de la mineuse de l’épi du mil
3.5 Période optimale de lâcher des bracons
CONCLUSIONS
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Résumé
Abstract