Suivi des fronts de colonisation des Suivi des fronts de colonisation des Aloses et des Lamproies marines

La Vienne 

   La Vienne prend sa source au niveau du plateau de Millevaches dans le département de la Corrèze, à une altitude de 960 m. Son bassin versant de 11430 km² draine une partie du versant nord-ouest du plateau de Millevaches. Ce cours d’eau s’écoule sur près de 372 km pour se jeter dans la Loire, en rive gauche. Cette confluence se trouve aux abords de Candes St Martin, à une altitude de 28m et à environ 200 km de l’estuaire. L’axe Loire-Vienne totalise ainsi un linéaire d’environ 570 km. Les principaux affluents de la Vienne sont la Creuse en rive droite et le Clain en rive gauche. En ce qui concerne l’hydrologie de la Vienne, il est important de noter qu’elle est influencée par la gestion des barrages notamment dans sa partie médiane avec le complexe hydroélectrique de l’Isle Jourdain.

Situation des poissons migrateurs sur le bassin de la Vienne

   Les poissons migrateurs constituent des indicateurs privilégiés du bon état de l’écosystème aquatique. En effet, la réalisation complète de leur cycle biologique nécessite des déplacements entre l’eau de mer et l’eau douce. De plus, ils ont des exigences en termes d’habitat et de qualité d’eau pour parvenir aux différentes phases de leur cycle. L’abondance de ces espèces migratrices peut être un témoin du niveau d’anthropisation des cours d’eau. Au début du 19ème siècle, le bassin de la Vienne a vu l’aménagement de nombreux barrages ayant pour but de satisfaire les besoins en énergie des populations. Ces ouvrages de production électrique représentent de véritables obstacles à la migration des espèces amphihalines. Le constat est alarmant puisque jusqu’en 1998, le premier verrou migratoire se situait au niveau du barrage de Maisons Rouges à 50 km de la Loire comme le montre la figure 2. Cette figure réalisée en 1993 présente les obstacles majeurs difficilement voir infranchissable sur l’axe Vienne-Creuse. Le cas de ce barrage n’est pas isolé puisque nombreux seuils de moulin jalonnent la Vienne, la Creuse et la Gartempe ce qui peut induire des retards dans la migration de ces espèces.

Le cas du barrage de Maisons-Rouges

   Cet ouvrage fut construit en 1924 sur la commune Nouâtre, à 800 m en aval de la confluence Vienne-Creuse afin de profiter d’un débit plus important. A l’origine, il fut créé pour les besoins d’une papeterie et ensuite intégré dans le patrimoine d’EDF. Doté d’un seuil de près de 4m de haut, il était infranchissable. Du fait de sa position, le premier depuis la mer et de sa situation à la confluence de 2 grandes rivières, le barrage de Maisons-Rouges a u un lourd impact sur les populations de poissons migrateurs. Notamment la disparition du Saumon d’Atlantique et une forte réduction des populations d’Aloses, Lamproies, Anguilles et Truites de mer. L’ouvrage fut équipé de passes à poissons mais ce dispositif s’est révélé insuffisant. C’est ainsi qu’en 1994, lors de l’adoption du premier plan « Loire Grandeur Nature », le gouvernement a décidé de ne pas renouveler la concession de ce barrage. De plus, en devenant propriétaire il entreprendrait l’arasement de cet ouvrage au vu de l’importance des impacts sur le milieu et puisqu’il n’y avait plus d’intérêts économiques. C’est ainsi que les travaux d’effacement commencèrent en juin 1998 pour s’achever en avril 1999 (cf figure 3). Dès l’année suivante, le suivi mis en place par le Conseil Supérieur de la Pêche (CSP) et LOGRAMI a montré des résultats très satisfaisant de recolonisation de l’axe par les migrateurs. En effet, le front de colonisation des Aloses a progressé de 24 km sur le Vienne jusqu’au barrage de Châtellerault et de 11 km sur la Creuse jusqu’à Descartes. Des frayères actives ont été observées sur la Vienne à Châtellerault et sur la Creuse à l’Ilette. Un nombre important de Lamproies a été observé en aval des barrages. De même le retour du saumon sur la Gartempe devient une réalité avec des géniteurs contrôlés à Châteauponsac en Haute-Vienne et les premières frayères actives mises en évidence en 2002. Le retour symbolique du Saumon, après celui de l’Alose et des Lamproies confirme les effets bénéfiques de l’effacement du barrage de Maisons-Rouges pour les poissons migrateurs. Cependant il reste encore quelques obstacles à la continuité écologique, en particulier les barrages de Châtellerault et de Descartes. Actuellement, on recense 20 obstacles à la migration sur la Vienne et 29 sur la Creuse (cf Tableau 1 ci-après et ANNEXE 1 ; Carte des obstacles à la continuité). Ces ouvrages sont plus ou moins Barrage  pénalisants pour la remontée des poissons migrateurs vers les zones de frayères. De plus, le barrage de Chardes pour l’axe Vienne et le barrage de Roche Bât l’Aigue pour l’axe Creuse constituent des verrous infranchissables et condamnent ainsi l’accès aux parties amont.

Le barrage de Châtellerault 

    Le barrage établi sur la Vienne au niveau de Châtellerault est situé à 75 km de la confluence avec la Loire. Il fut construit en 1920 afin d’alimenter en énergie la manufacture de la ville. Puis en 1968, il devient propriété d’EDF qui l’utilise à des fins hydroélectriques. L’ouvrage est assez important puisqu’il mesure 158 m de longueur et présente une chute de 3.60m. Il induit une retenue d’eau de 77 hectares. Suite à l’arasement de Maisons-Rouges en 1999, il devient le premier obstacle sur la Vienne pour les espèces migratrices depuis la mer. Afin de réduire son impact sur la libre circulation, une passe à poissons a été construite en 2003. Elle a été conçue de manière à permettre le franchissement par les Aloses. En effet, ces poissons présentent des capacités natatoires plus faibles que les salmonidés ou les lamproies et ne montrent pas d’aptitude au saut. Ainsi la passe permet de faire remonter facilement les autres espèces migratrices. Le dispositif mis en place en rive gauche, le long de la centrale correspond à une passe à bassins successifs à fentes verticales. La chute totale de 3.60m est ainsi divisée en 12 chutes de 30cm. Le fond des bassins est recouvert de plots « evergreen » permettant la reptation et donc le franchissement des anguilles. En complément de cette passe à poissons, une station de vidéo-comptage a été installée en amont du dernier bassin. Cela permet de déterminer les espèces et le nombre d’individus migrant vers l’amont et ainsi estimer le stock reproducteur. Le comptage permet également de mieux connaître le comportement de chacune des espèces (heure de passage, débit…)

Suivi des bulls d’Aloses sur les frayères potentielles

   LOGRAMI dispose d’une importante base de données des frayères potentielles sur la Vienne. Elles ont été répertoriées et cartographiées lors d’études de potentialité menées sur le bassin (PROVOST C., 1999 ; BAUDAIS M.J, 2003 et DONEGA C, 2004).Les nombreux suivis nocturnes ont permis de réaliser le graphique ci-dessous (cf figure 12). Il représente une moyenne par quart d’heure du pourcentage du nombre de bulls observés de 2004 à 2007. Cette moyenne prend en compte les comptages de 8 nuits complètes sur le site référence de Châtellerault. La quantité suffisante de données a permis de valider cette frayère témoin. Ainsi les nuits complètes ne seront pas reproduites. L’histogramme de CASSOU-LEINS (1981) dessiné en arrière plan, est utilisé comme référence. Il permet d’estimer le nombre total de bulls sur une nuit. Il s’agit d’une courbe de Gauss qui a été vérifiée les années précédentes sur les bassins Garonne et Dordogne. La comparaison de la courbe de référence de CASSOU-LEINS avec la courbe du bassin de la Vienne, montre globalement un léger décalage horaire de l’activité de reproduction et de son pic (45 minutes avant environ). De plus cette courbe ne prend pas en compte les spécificités des frayères et les variations d’activités sur la saison.

Suivi des nids de Lamproies marines sur les frayères 

   Les frayères potentielles à Lamproies marines sont aussi très bien connues sur le bassin. Effectivement, les sites potentiels correspondent généralement aux radiers aval des zones de frayères à Aloses. Ils ont été répertoriés lors d’études de potentialités menées sur le bassin de la Vienne (PROVOST C., 1999 ; BAUDAIS M.J, 2003 ; DONEGA C, 2004 et FEREOL G., 2005). Les prospections de terrain sont effectuées pendant la période de reproduction de la lamproie marine et au-delà. C’est-à-dire de Juin à Août si l’ensemble du linéaire n’a pas été prospecté. Cela peut paraître tardif mais les nids de lamproies sont encore visibles suffisamment longtemps après leur abandon par les géniteurs. La détermination du front de colonisation 2010 pour la lamproie marine consiste à repérer des sites actifs en amont de Bonneuil-Matours. L’objectif est de faire une recherche et un repérage visuel de nids et/ou d’individus en activité de reproduction. A partir de ce repérage, on valide ou non l’activité de reproduction sur chacun des sites. Le front est identifié lorsque plusieurs sites successifs ne présentent aucune trace de reproduction. Toutes les frayères potentielles en amont du front seront visitées et le résultat sera noté sur une fiche de terrain (cf ANNEXE 3 ; Fiche de terrain Lamproie marine) Pour l’année 2010, plusieurs méthodes de suivis ont été choisies en fonction de l’accessibilité aux frayères et de l’activité des années précédentes:
• La prospection à pied consiste à visiter l’ensemble du site de l’aval vers l’amont en portant une attention particulière sur les zones de radiers où la granulométrie est intéressante. Les frayères peuvent être prospectées par deux personnes lorsqu’elles sont petites. Cependant la Vienne est relativement large (100 à 200 m par endroit) et cela nécessite plus de personnel pour une meilleure prospection de la zone potentielle (4 personnes).
• La prospection en canoë-kayak est pratique puisqu’elle permet de réaliser de grands secteurs dans une même journée et d’accéder plus facilement aux sites. La technique reste la même car il s’agit de descendre les radiers en travers et de naviguer sur la frayère afin d’observer des traces de reproduction. Cette méthode peut être très rapide lorsque les nids sont vite repérés. Si aucun nid n’est repéré à la première descente, la recherche est compléter à pied.
• La prospection par survol à l’aide d’un paramoteur. La technique visée est de survoler la Vienne le plus bas possible et de photographier les sites actifs ou potentiels. Cela permet de valider rapidement l’activité des frayères et en cas de doute de compléter par une prospection à pied. La frayère est considérée comme active à partir du moment ou 1 nid est détecté. Généralement la prospection ne s’arrête pas là et on valide avec certitude lorsqu’il y a plusieurs nids. Afin de confirmer la reproduction, le nid est mesuré à l’aide d’une mire (différence de profondeur entre la fosse et le dôme).

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

I- CONTEXTE DE L’ETUDE
I.1- Présentation de la structure d’accueil
I.2- Objectifs du stage
II- CONTEXTE MIGRATOIRE DU BASSIN DE LA ONTEXTE MIGRATOIRE DU BASSIN DE LA VIENNE
II.1- Caractéristiques du bassin de la Vienne
II.1.1- La Vienne
II.1.2- La Creuse
II.2- Situation des poissons migrateurs sur le bassin de la Vienne
II.2.1- Le cas du barrage de Maisons-Rouges
II.2.2- Le barrage de Châtellerault
II.2.3- Le barrage de Descartes
II.3- Evolution des fronts de colonisation des espèces étudiées ; Grande alose (Alosa alosa) et Lamproie marine (Petromyzon marinus)
III- PRESENTATION DES ESPECES ETUDIEES RESENTATION DES ESPECES ETUDIEES
III.1- La Lamproie marine (Petromyzon marinus)
III.1.1- Systématique
III.1.2-Caractéristiques de la Lamproie marine
III.1.3- Cycle biologique de la Lamproie marine
III.2- Les Aloses (Alosa sp)
III.2.1- Systématique
III.2.2- Caractéristiques des deux espèces d’aloses
III.2.3- Cycle biologique de l’alose
IV- METHODES DE SUIVIS DES ESPECES MIGRATRICE ETHODES DE SUIVIS DES ESPECES MIGRATRICE S ESPECES MIGRATRICES 
IV.1- Suivi vidéo des migrations au niveau des stations de comptage 
IV.2- Suivi des bulls d’Aloses sur les frayères potentielles
IV.3- Suivi des nids de Lamproies marines sur les frayères potentielles
V- RESULTATS DES SUIVIS MENES SUR L ESULTATS DES SUIVIS MENES SUR L’AXE VIENNE 
V.1- Les conditions environnementales
V.2- Activité migratoire de l’Alose
V.2.1- Résultats des passages d’Aloses
V.2.2- Résultats des prospections terrain et front de colonisation de l’Alose
V.3- Activité migratoire de la Lamproie marine
V.3.1- Résultats des passages de Lamproies marines
V.3.2- Résultats des prospections terrain et front de colonisation de la Lamproie
VI- DISCUSSION ET CONCLUSION

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *