Suivi de Varecia variegata et Eulemur rufifrons et indice d’utilisation des espèces végétales

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MILIEU BIOTIQUE

Flore et végétation

Les divisions phytogéographiques de Madagascar montrent que Kianjavato appartient au Domaine de l’Est de Humbert (1955) et à la zone écofloristique de basse altitude de Faramalala et Rajeriarison (1999).
La végétation climacique est une forêt dense humidesempervirente de basse altitude appartenant à la série à Anthostema et MYRISTICACEAE (Humbert, 1965). Suite aux activités humaines comme la culture sur brûlis, l’abattage des arbres, divers types de formations végétales sont actuellement observées :
· Forêt primaire rencontrée dans les zones inexploitables ;
· Forêt dégradée, fortement ou moyennement exploitée;
· Savoka de différents types comme savoka à Ravenala madagascariensis, savoka à Harungana madagascariensis, selon l’âge et le type du sol (Carte 3).
Forêt dégrad
Forêt dens
Savoka à Ravinala
Savoka arborée
Rivière

Faune

La relique forestière de Kianjavato abrite encore beaucoup d’espèces animales avec un taux d’endémisme élevé. Généralement, ces espècesonts des mammifères, des reptiles, des oiseaux, des crustacés et des amphibiens. Les reptiles sont représentés par Sanzinia madagascariense et Brookesia supersilaris ; les Crustacés par Tropidophora (Ligatella) tricarinata kianjavatoi (Fischer-Piette et al., 1993) (Photo 2) ; les amphibiens par Mantella baroni. Concernant les mammifères, les primates sont représentés par les lémuriens, qui peuvent être diurnes Varecia( variegata, Eulemur rufifrons, Prolemur scimus, Eulemur griseus et Eulemur rubriventer) ou nocturnes (Daubentonia madagascariense, Microcebus jolye, Avahi laniger) (MBP, non publié). Le mammifère carnivoreest Cryptoprocta ferox (fosa). Le mammifère chiroptèreest Pteropus rufus (fanihy). Les mammifères insectivores sont Setifer setosus (sora) (Photo 3) et Tenrec ecaudatus.

L’homme et ses activités

La commune de Kianjavato a neuf fokontany avec une population de 7607 dans une superficie de 360km2. La population de cette région est très jeune car70% ont moins de 18ans ; 25% ont plus de 18ans et 5% seulement ont plus de 60 ans (Monographie Kianjavato, 2003).
Le fokontany le plus peuplé est celui le plus proche de la forêt. Le fokontany de Kianjavato est à 100m au sud de la forêt de Sangasanga. Le fokontany d’Ambolotara est à 500m au nord ouest de la forêt de Vatovavy.
Autrefois, la majorité de la population locale de cette région étaient des Tanala. Actuellement, cette population est composée de Betsileo, d’Antaimbahoaka et d’Antaisaka. La plupart de cette population sont des agriculteurs, des éleveurs et des exploitants miniers. Les ressources alimentaires produites ne sont pas suffisants pour la population locale même si la plupart d’entre eux sont des agriculteurs.

MATERIELS ET METHODES

MATERIELS BIOLOGIQUES

Les espèces animales choisies pour cette étude sontdes espèces disséminatrices de diaspores qui sont Varecia variegata et Eulemur rufifrons (Dew, 1991). Ces deux espèces de lémuriens dispersent les graines et favorisent la restauration forestière. Les espèces végétales cibles sont celles les plus consommées par Varecia variegata et Eulemur rufifrons dans la forêt de Sangasanga et dans la forêt de Vatovavy.

Description de l’animal

Caractères morphologiques

Varecia variegata (Photo 4)
Varecia est un animal de grande taille. Cette espèce mesure plus de 60 cm, avec un pelage noir tacheté de blanc sur les membres, le dos et le sommet de la tête. Il possède une épaisse fourrure et une couronne de longs poils entourant sa face (Mittermeier et al., 2006).
Eulemur rufifrons (Photo 5)
Cette espèce mesure environ 40 à 45cm. Ses membres postérieurs sont moins longs que le tronc. Son museau est allongé, sans poils blancs et ses oreilles peu développées mais très visibles. Le pelage est gris avec une couleur roux au dessus de la tête chez le mâle. Il est roussâtre et gris clair au dessus de la tête chez la femelle. Les pieds et les mains ont une couleur roux ; et le tour des yeux est blanc (Mittermeier et al., 2006).

Structure sociale et reproduction

Varecia variegata
Varecia variegata est diurne. Les groupes sociaux sont composés de5 à 16 individus chacun. Ce sont généralement des groupes familiauxà dominance matriarcale dont le territoire peut s’étendre sur 20ha. Les accouplements ont lieu entre mai et juillet pour une gestation de 90 à 120 jours. Le sevrage dure 90 jou rs et la maturité sexuelle arrive au bout de 20 mois. L’espérance de vie est de 19 ans.
Eulemur rufifrons
La taille moyenne du groupe est de 8 à 10 individu s. A l’intérieur du groupe, il y a généralement autant de mâles que de femelles. La taille du territoire dépend de l’habitat. Dans les forêts tropicales humides orientales, la aillet du territoire peut atteindre 100 hectares. La reproduction d’Eulemur rufifrons est saisonnière, les accouplements ont lieu de fin mars à mai. Les petits naissent en septembre ou début octobre, après une période de gestation de 120 jours. Les petits sont sevrés après 135 jours.

Distribution géographique

Les deux espèces de lémuriens se rencontrent simultanément dans la partie sud-est de Madagascar ; mais Varecia variegata est spécifiquement orientale, tandis qu’Eulemur rufifrons peut se rencontrer sur la côte ouest.
Varecia variegata
Cette espèce se repartît dans la forêt dense humide de basse ou de moyenne altitude de l’est. Elle se trouve entre les rivières Mananara et Farafangana (Mittermeier et al., 2006) (Carte 4).
Eulemur rufifrons
Eulemur rufifrons se rencontre dans la partie est et ouest de Madagascar (Petter et al.,1977). A l’ouest, il se trouve entre Antsalova et Toliary. A l’est, il se trouve entre Mahanoro et Farafangana (Mittermeier et al., 2006) (Carte 5).

Statut de conservation UICN des espèces

La principale menace qui pèse sur les deux espècesest la destruction de leur habitat due aux exploitations illicites et aux tavy, en plus de la chasse. D’après la classification UICN 2008, Varecia variegata est en danger critique (CR) et Eulemur rufifrons est inscrite dans la liste des espèces quasi-menacées (LC).

METHODES D’ETUDE

Etude préliminaire

La première descente sur terrain a permis d’identifier les différents types de formations végétales existantes et de cibler les formations végétales abritantVarecia variegata et Eulemur rufifrons afin de localiser la zone d’étude.

Etude de la flore et de la végétation

En vue de connaitre l’habitat des deux lémuriens, une étude de la flore et de la végétation a été effectuée.

Sélection des sites d’étude

Deux critères ont été utilisés pour sélectionner lesites d’étude: représentativité de la formation végétale ; zones les plus fréquentées par les deux espèces delémuriens cibles.

Mode d’échantillonnage de la végétation

Un échantillon est un élément d’un ensemble qui doit être le plus représentatif possible. Pour cette étude, la méthode de Braun Blanquet (1965) pour les milieux homogènes et de Duvigneaud (1946) pour les milieux hétérogènes ont été utilisées pour les relevés. Le relevé est un ensemble d’observations cologiquesé effectuées sur une unité élémentaire du milieu qui doit être la plus homogène possible (Godron & Daget, 1974). La surface de relevé doit être supérieure ou égale ’aireàl minimale (Gounot, 1969). L’aire minimale est la plus petite unité de surface où l’on peut rencontrer le maximum d’espèces (Gounot, 1969).
· Inventaire floristique (Méthode de transect de Duvigneaud en 1946)
La méthode de transect de Duvigneaud (1946) a ététiliséeu pour déterminer l’aire minimale en établissant le cortège floristique de haquec type de formation végétale. Elle est basée sur l’établissement d’un transect, qui est une ligne topographique parallèle à la ligne de la plus grande pente, qui coupe la végétation et perpendiculaire au bord de la mer. Dans la surface à étudier, une ficelle parallèle à la pente appelée ligne de transect a été tirée sur le site. Une bande de 10 m de large a été établie à partir ed cette ligne. Le transect est ensuite subdivisé en carrés contigus de 10m de côté, dont esl 4 coins sont piquetés (Figure 6). Les espèces présentes dans chaque surface élémentairento été relevées.

Suivi de Varecia variegata et Eulemur rufifrons et indice d’utilisation des espèces végétales

Le suivi des animaux permet de délimiter le territoire de Varecia variegata et d’ Eulemur rufifrons, et d’identifier les plantes qu’ils utilisent et c onsomment.

Recherches des groupes

Parmi les animaux d’un groupe à suivre, au moins l ’un d’eux est munie d’un radiocollier qui facilite la recherche par l’intermédiaire d’une radio réceptrice. Cet appareil électronique consiste à recevoir les ondes, sous forme de «bip » sonore émis par la radio collier. Les ondes sont captées par radio grâce à u ne antenne flexible de référence « 155 3FB ». Cette radio réceptrice permet de retrouver ’animal à suivre selon la direction indiquée par l’antenne (Photo 5). Chaque radio collier possède une fréquence spécifique. Pendant le suivi, des précautions ont été prisesourp ne pas perturber l’animal comme:
· garder la distance (10m) ;
· porter la même couleur de chemise chaque jour ;
· ne pas trop bouger, ni faire beaucoup de bruit.

Méthode de suivi scan groupe (Altman, 1974)

Le suivi du groupe d’animaux a été fait pendant toute la journée du lundi jusqu’au vendredi. Ce suivi a été effectué depuis mai à décembre 2010. Pendant cette période, les données comportementales et alimentaires des lémuriens ont été collectées pour tous les individus à l’intérieur des groupes sociaux selon la méthode de suivi de scan groupe (Altman, 1974), en considérant l’activité de la majorité des individus dans un groupe. La durée réelle de toutes les activités a été chronométrée continuellement, c’est la méthode de « continuous scan sampling » (Martin et Baterson, 1993). A chaque passage, la position en hauteur des animaux, les noms des plantes utiliséeset/ou consommées par les animaux, les parties de plante consommées ont été enregistrés nsda une fiche de relevé (Annexe 2). Les arbres utilisés par l’animal, en particulier pour son alimentation et son repos ont été localisés à l’aide d’un GPS.

Les matières fécales des Lémuriens cibles contenantdes graines sont collectées, ainsi que les graines non utilisées et les fruits des plantesqu’ils consomment. Les graines obtenues sont nécessaires pour les essais de germination. La méthode utilisée pour la collecte des graines est celle de Stevenson (2000). Elle consiste à collecter les fèces fraîches qui tombent. Tous les excréments de l’animal cible pendant toute la journée ont été collectés et mis dans des sachets « Ziploc® » codifiée (Photo 6).
guide guide par radio réceptrice déposées au sol

Indice d’utilisation des espèces végétales

La formule de Lance et al. en 1994 a été utiliséet eadaptée pour le calcul de l’indice d’utilisation (IU) des espèces végétales parVarecia variegata et Eulemur rufifrons.
La consommation est une des utilisations des plantes par Varecia variegata et Eulemur rufifrons, l’indice de consommation (IC) est donc : IC (%) = n / N x 100
IC : Indice de consommation
n : Durée de consommation d’une partie de l’espèce végétale (chronomètre)
N : Durée totale de consommation des espèces végétales (chronomètre)
La valeur de cet indice permet de connaitre les espèces végétales les plus utilisées par les animaux, et ces espèces sont utilisées comme espèces cibles pour cette étude.

Etude écologique des espèces végétales cibles

Les espèces végétales consommées parVarecia variegata et Eulemur rufifrons qui ont un indice d’utilisation élevé sont utilisés commespèces cibles.
L’étude écologique des espèces a été faite afin desavoir leur exigence écologique pour pouvoir assurer leur régénération et leur multiplication dans le but d’une reforestation. L’habitat est un territoire de superficie quelconque, décrit par ses caractères physiques, chimiques, géographiques et biotiques, dans lequel s’intègre un organisme ou un groupe d’organismes (Lemee, 1978; Brower et al.,1990). Il est décrit selon sa structure, qui est définie comme la répartition et l’agencement des unes par rapport aux autres des plantes constituantes d’une formation végétale (Guinochet, 1973). Comme l’agencement tridimensionnel de la végétation est le résultat uned’ occupation maximale de l’espèce aérienne et souterraine Gounot (1969), l’analyse structurale permet de comprendre les relations entre les espèces elles-mêmes, ainsi queles autres espèces et le milieu qu’elles occupent. La stucture de la formation végétale peutêtre analysée horizontalement et verticalement (Ramangason , 1986).

Table des matières

INTRODUCTION
Première partie MILIEU D’ETUDE
I– SITUATION GEOGRAPHIQUE
II- MILIEU PHYSIQUE
1) Relief
2) Géologie et pédologie
3) Réseau hydrographique
4) Climat
a. Température
b. Pluviométrie
c. Diagramme ombrothermique de Gaussen
d. Humidité relative
e. Vents dominants
III – MILIEU BIOTIQUE
1) Flore et végétation
2) Faune
3) L’homme et ses activités
Deuxième partie MATERIELS ET METHODES
I- MATERIELS BIOLOGIQUES
1) Position systématique des lémuriens
2) Description de l’animal
a. Caractères morphologiques
b. Structure sociale et reproduction
c. Distribution géographique
d. Statut de conservation UICN des espèces
II- METHODES D’ETUDE
1) Etude préliminaire
2) Etude de la flore et de la végétation
a. Sélection des sites d’étude
b. Mode d’échantillonnage de la végétation
3) Suivi de Varecia variegata et Eulemur rufifrons et indice d’utilisation des espèces végétales
a. Recherches des groupes
b. Méthode de suivi scan groupe (Altman, 1974)
c. Indice d’utilisation des espèces végétales
4) Etude écologique des espèces végétales cibles
a. Structure verticale
b. Structure horizontale
5) Régénération ex-situ des espèces cibles
a. Préparation de la pépinière
b. . Essai de germination
c. Analyse statistique des résultats
Troisième partie RESULTATS ET INTERPRETATIONS
I- FLORE ET VEGETATION DES SITES D’ETUDE
1) Composition floristique
a. Forêt de Vatovavy
b. Forêt de Sangasanga
c. Flore commune dans les deux formations de Sangasanga et de Vatovavy
d. Flore différente dans les deux formations de Sangasanga et de Vatovavy
2) Affinités biogéographiques
3) Végétation
II- SUIVI DES ANIMAUX ET INDICE D’UTILISATION DES PLANTES
1) Cas de « Varecia variegata »
a. En début de la saison fraîche (mois de mai)
b. En pleine saison fraîche (mois d’août)
c. En fin de la saison fraîche (mois de septembre et octobre)
d. En début de la saison chaude (mois de novembre et décembre)
2) Cas de « Eulemur rufifrons »
a. En fin de la saison fraîche (mois de septembre et octobre)
b. En début de la saison chaude (mois de novembre et décembre)
3) Conclusion partielle
III- DESCRIPTION BOTANIQUE DES ESPECES CIBLES
1) Bathiorhamnus louvelii Capuron (1966) Rhamnaceae.
2) Chrysophyllum boivinianum Bachni (1965) Sapotaceae
3) Protium madagascariense Engl. (1883) Burseraceae
4) Xylopia buxifolia Baill. (1864) Annonaceae
5) Uapaca thouarsii Baill. (1858) Euphorbiaceae
IV- DESCRIPTION DE L’HABITAT DES ESPECES CIBLES
1) Physionomie de la végétation
a. Forêt de Sangasanga
b. Forêt de Vatovavy
2) Fréquence et densité des espèces cibles
a. Forêt de Sangasanga
b. Forêt de Vatovavy
3) Régénération naturelle spécifique
a. Forêt de Sangasanga
b. Forêt de Vatovavy
4) Flore associée aux espèces cibles
a. Bathiorhamnus louvelii
b. Chrysophyllum boivinianum
c. Protium madagascariense
d. Xylopia buxifolia
e. Uapaca thouarsii
5) Phénologie des espèces cibles
V- REGENERATION EX SITU
1) Début de la levée de dormance
2) Taux de germination
3) Durée de germination
4) Type de germination
5) Conclusion partielle
QUATRIEME PARTIE DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
1) Phénologie
2) Régime alimentaire et dissémination
3) Régénération naturelle de l’espèce végétale
4) Germination
5) Recommandations
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE

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