La saturation des bas-fonds, la faible productivitรฉ du travail, la faible fertilitรฉ du sol, tels sont les problรจmes qui pรจsent sur lโagriculture malagasy actuellement. Alors que ce secteur constitue la base de lโรฉconomie de Madagascar puisque la majoritรฉ de la population (environ 75 %) vie au dรฉpend de cette activitรฉ. Le dรฉveloppement de lโagriculture malagasy se base ainsi sur la considรฉration de ces problรจmes.
LโUnitรฉ de Recherche en Partenariat entre le FOFIFA, le CIRAD et lโUniversitรฉ dโAntananarivo sur les Systรจmes de Culture et de Rizicultures Durables (URP SCRID) est dans la dรฉmarche de trouver des solutions rรฉpondant ร ces diverses contraintes. Lโunitรฉ a priorisรฉ ses activitรฉs dans lโamรฉlioration des systรจmes de cultures pluviaux sur tanety, et plus particuliรจrement ceux incluant le riz pluvial, vu le dรฉveloppement de cette culture ces derniรจres annรฉes et la place importante que le riz joue dans la vie des Malagasy. Du fait, dโune part, de la grande fragilitรฉ du milieu sol dans les rรฉgions dโintervention de lโURP-SCRID (la rรฉgion des Hautes Terres et du versant oriental de lโรฎle) qui se traduit par la forte sensibilitรฉ ร lโรฉrosion physique et ร lโรฉpuisement en รฉlรฉments minรฉraux du sol, et, dโautre part, du dรฉveloppement des systรจmes de culture en semis direct sur couverture vรฉgรฉtale permanente (SCV) dans dโautres pays (Brรฉsil, Etats-Unis, VietNamโฆ) avec les divers avantages que ces systรจmes peuvent engendrer, lโunitรฉ base ses recherches sur les systรจmes de culture conduits en SCV.
LโURP-SCRID intรจgre plusieurs disciplines de recherche : lโagronomie, la phytopathologie, lโentomologie, la sรฉlection, la socio รฉconomieโฆ Notre รฉtude fait partie du domaine de lโagronomie et sโintรฉresse plus particuliรจrement au rรดle de la couverture vรฉgรฉtale dans lโamรฉlioration du milieu sol. Dans ce cadre, nous avons menรฉ une expรฉrimentation visant ร suivre la dรฉgradation des rรฉsidus de rรฉcolte et ร รฉvaluer la quantitรฉ dโazote fourni par les rรฉsidus sous diffรฉrents systรจmes de culture.
Problรฉmatique de lโรฉtude
Saturation des bas-fondsย
Suivant lโaccรจs en eau du milieu, les zones de culture suivantes sont ร distinguer dans lโactivitรฉ agricole paysanne malagasy :
โค Le bas-fond : la disponibilitรฉ en eau y est importante. Irriguรฉ par les riviรจres, il est rรฉservรฉ surtout pour la riziculture et les cultures en contre saison (pomme de terre, haricotโฆ).
โค Le versant des vallรฉes alimentรฉ par lโeau de ruissellement et la nappe phrรฉatique. Souvent amรฉnagรฉ en terrasses et cultivรฉ en riz, en cultures lรฉgumiรจres ou en dโautres cultures.
โค Les terrains exondรฉs : le ยซtanety ยป1 dont la seule source dโeau est la pluie, supporte les cultures vivriรจres : manioc, patate douce, maรฏs, riz pluvialโฆ et les cultures pรฉrennes notamment fruitiรจres.
De 1990 ร 2003, notre production rizicole enregistre une hausse annuelle de 1,2%. Cette production nโarrive pas encore ร satisfaire la demande de la population malagasy croissant au rythme de 2,8 % par an durant la mรชme pรฉriode (MAEP, 2003). Nous devons produire encore plus si nous voulons atteindre lโautosuffisance en riz. Dans les bas fonds, du fait de la forte croissance dรฉmographique, surtout en milieu rural, la surface cultivable devient insuffisante. La seule alternative pour augmenter la production est dโy intensifier les techniques (fertilisation suffisante, maรฎtrise de lโeau, des mauvaises herbes,โฆ), ce qui nโest pas ร la portรฉe des paysans. Pour eux, il faut assurer les besoins alimentaires en augmentant la surface exploitรฉe et en diversifiant les cultures pratiquรฉes. Par consรฉquent la valorisation des tanety devient de plus en plus nรฉcessaire.
Fragilitรฉ du sol de Tanetyย
Sur le tanety, la pratique du riz pluvial en complรฉment de la riziculture de bas-fond commence ร bien se dรฉvelopper, surtout dans la rรฉgion des hautes terres malagasy. En 2003, elle reprรฉsente 10 % de la superficie rizicole totale (1 450 000 ha) (Chavigne V. oct 2005). Malgrรฉ ce dรฉveloppement, la production ne serait pas durable ร cause de la fragilitรฉ du milieu. Les 2/3 du territoire malagasy sont constituรฉs par du sol ferralitique, rencontrรฉ sous forme de tanety (RABEZANDRINA, dรฉc 2000). Ce type de sol est caractรฉrisรฉ par la minรฉralisation rapide des matiรจres organiques et une perte en bases par lessivage, ce qui entraรฎne lโacidification du sol. Sa fertilitรฉ nโarrive pas ร satisfaire les besoins de la plante qui en consรฉquence ne donne quโune faible production. En plus de la fragilitรฉ du sol de tanety, les techniques qui y sont appliquรฉes aggravent encore son altรฉration : feu de brousse, culture sur brรปlis, absence de techniques antiรฉrosivesโฆ. Altรฉration se manifestant par la dรฉgradation de la structure, provoquant, entre autres, la dislocation des agrรฉgats et la destruction de la porositรฉ du sol qui entraรฎnent son tassement, ou bien par le phรฉnomรจne dโรฉrosion dont le plus รฉvoluรฉ est la formation de ยซlavaka ยป .
Amรฉlioration difficile et onรฉreuse des propriรฉtรฉs du sol de Tanetyย
Pour que ce type de sol acquiรจre une bonne fertilitรฉ, lโamรฉlioration de ses propriรฉtรฉs, physique, chimique et biologique, est obligatoire. A la premiรจre exploitation des sols de tanety, il est conseillรฉ dโapporter de la fumure de fond : 1 t de dolomie renouvelรฉe tous les 10 ans, 160 kg de P2O5, 60 kg de K2O et de la fumure dโentretien annuelle de 20 t de fumier, 30 kg de N, 60 kg de P2O5 et 45 kg de K2O pour 1 ha de terrain (RABEZANDRINA ; dรฉc 2000). Si lโon se rรฉfรจre ร la pratique paysanne, cette amรฉlioration est loin dโรชtre atteinte. Presque 85 % des surfaces cultivรฉes ร Madagascar ne reรงoivent aucune fertilisation, 14 % font lโobjet dโun apport de fumure organique (MAEP, 2006) dont la quantitรฉ apportรฉe est insuffisante. Lโutilisation des engrais minรฉraux comme le NPK sur les tanety est rare. La disponibilitรฉ limitรฉe des engrais et le faible pouvoir dโachat des paysans complexifient aussi lโamรฉlioration des propriรฉtรฉs du sol.
Face ร ces divers problรจmes, nous nous posons la question : Comment amรฉliorer la production de faรงon ร protรฉger le milieu sol avec une technique simple et peu onรฉreuse ?
Le semis direct sur couverture vรฉgรฉtale permanente (SCV), une des techniques de restauration de la fertilitรฉ des solsย
Diverses contraintes pรจsent sur lโagriculture dโaujourdโhui : la fragilitรฉ du milieu sol, les conditions climatiques alรฉatoires, lโexigence de croissance et de durabilitรฉ de la productivitรฉ, lโenvironnement de demain. La combinaison de ces problรจmes exige lโadoption de techniques assurant la production tout en protรฉgeant lโรฉcosystรจme. Le systรจme de culture en semis direct sur couverture vรฉgรฉtale permanente (SCV) est un moyen de parvenir ร cette demande.
Historique du systรจme SCV ร Madagascarย
A Madagascar, la mise au point de cette technique a รฉtรฉ initiรฉe en 1991 sous le projet Blรฉ KOBAMA, puis elle sโest dรฉveloppรฉe avec la crรฉation de lโONG TAFA en 1994, puis le GSDM en 2001, qui rรฉunit les diffรฉrents organismes ลuvrant sur le SCV ร Madagascar (cf. annexe I : prรฉsentation des diffรฉrents organismes) : lโONG TAFA, le FOFIFA, lโANAE et le FAFIALA. Depuis, les actions de diffusion des SCV se sont multipliรฉes par lโintermรฉdiaire de ces diffรฉrents organismes.
Principes du Systรจmeย
Le systรจme de culture en semis direct sur couverture vรฉgรฉtale permanente est un systรจme imitant lโรฉcosystรจme forestier, un systรจme conservatoire de gestion des sols et des cultures dans lequel le sol nโest jamais travaillรฉ et une couverture morte ou vivante y est maintenue en permanence (SEGUY L. et al). Sous couverture morte, les pailles proviennent des rรฉsidus de cultures, de cultures intercalaires ou de culture dรฉrobรฉe. Sous couverture vivante, la couverture est gardรฉe vivante mais contrรดlรฉe par une application ร faible dose dโherbicides spรฉcifiques lors de lโinstallation de la culture principale pour รฉviter la concurrence entre la culture et la couverture. La biomasse nโest pas enfouie dans le sol mais elle est conservรฉe en surface et les semis sont rรฉalisรฉs directement dans la paille, aprรจs ouverture dโun simple trou ou dโun sillon.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
PARTIE I : CONTEXTE GENERAL DE LโETUDE
I-1- Problรฉmatique de lโรฉtude
I-1-1- Saturation des bas-fonds
I-1-2- Fragilitรฉ du sol de Tanety
I-1-3- Amรฉlioration difficile et onรฉreuse des propriรฉtรฉs du sol de Tanety
I-2- Le semis direct sur couverture vรฉgรฉtale permanente (SCV), une des techniques de restauration de la fertilitรฉ des sols
I-2-1- Historique du systรจme SCV ร Madagascar
I-2-2- Principes du Systรจme
I-2-3- Intรฉrรชts du systรจme
I-2-4- Contraintes du systรจme
I-3- Objectif de lโรฉtude et hypothรจses ร tester
I-3-1- Objectif
I-3-2- Hypothรจses
I-4- Cadre de lโรฉtude
I-4-1- Cadre institutionnel de lโรฉtude : lโURP-SCRID
I-4-2- Cadre physique de lโรฉtude
I-4-2-1- Localisation
I-4-2-2- Climat
I-4-2-3- Sol
CONCLUSION PARTIELLE
PARTIE II : MATERIELS ET METHODES
II-1- Etudes bibliographiques
II-2- Expรฉrimentation
II-2-1- Expรฉrimentation sur terrain
II-2-1-1- Dispositifs expรฉrimentaux
II-2-1-2- Matรฉriels utilisรฉs dans lโexpรฉrimentation
II-2-1-3- Dรฉmarche expรฉrimentale
II-2-2- Analyses au laboratoire
II-3- Traitement des donnรฉes
II-3-1- Calcul des rendements en biomasses rรฉsiduelles des diffรฉrents systรจmes
II-3-2- Modรฉlisation de la dรฉcomposition des rรฉsidus dans les LB
II-3-3- Evaluation de lโoffre en azote des rรฉsidus
II-3-4- Mesure des rendements du riz
CONCLUSION PARTIELLE
PARTIE III : RESULTATS ET DISCUSSION
III-1- Rendement en biomasses rรฉsiduelles par systรจme
III-2- Suivi de la dรฉcomposition des rรฉsidus
III-2-1- Vitesse de dรฉcomposition des rรฉsidus dans les LB
III-2-2- Rรฉsidus dรฉcomposรฉs dans les LB
III-2-3- Facteurs rรฉgissant la dรฉcomposition des rรฉsidus
III-2-3-1- Pluie
III-2-3-2- Enfouissement des rรฉsidus
III-2-3-3- Abondance de la couverture vรฉgรฉtale
III-2-3-4- Nature des rรฉsidus
III-3- Quantification de lโoffre en azote des rรฉsidus
III-3-2- Offre totale en azote des systรจmes รฉtudiรฉs
III-3-1- Azote rรฉsiduel fourni suivant les systรจmes
III-3-1-1- Quantitรฉ de N rรฉsiduel fournie suivant la nature des rรฉsidus et le niveau de fertilisation
III-3-1-1- Quantitรฉ de N rรฉsiduel fournie suivant lโรขge du systรจme SCV et le niveau de fertilisation
III-3-1-1- Quantitรฉ de N rรฉsiduel fournie suivant le mode de gestion du sol et le niveau de fertilisation
III-3-2- Systรจmes pourvoyeurs dโazote
III-4- Relation entre les rendements et la quantitรฉ de N offert par les rรฉsidus
III-4-1- Rendement en riz
III-4-2- Relation entre les rendements et la quantitรฉ de N fournie par les rรฉsidus
III-5- Discussions sur la mรฉthode de litter-bag et la modรฉlisation
III-5-1- Mรฉthode de litter-bag
III-5-2- Modรฉlisation de la dรฉcomposition des rรฉsidus
III-6- Vรฉrification des hypothรจses รฉmises et recommandations
CONCLUSION PARTIELLE
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES