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La croissance haute pression haute température.
La technique HPHT repose sur l’utilisation de graphite mélangé avec un solvant métallique tel que du fer ou du nickel qui ont la propriété de solubiliser fortement le carbone, puis de porter ce mélange à des conditions de pression et de température correspondant au domaine de stabilité du diamant (cf. zone 2 figure I.5) par l’utilisation d’une presse hydraulique *Bundy55+. La température, le temps ou l’utilisation d’un germe vont contrôler la croissance du diamant et définir quel type de matériau final sera obtenu.
Le produit principal de la croissance HPHT correspond à des petits cristaux (centaine de nanomètres jusqu’à 0,8mm). Ces derniers sont majoritairement utilisés pour le découpage, l’usinage ou le polissage. En effet les excellentes propriétés de dureté, de résistance à l’usure et de conductivité thermique font du diamant le matériau idéal pour les outils de coupe et de polissage. Néanmoins il est possible de produire des monocristaux pouvant atteindre une taille de plusieurs millimètres qui pourront être utilisés comme substrat pour l’homoépitaxie de diamant (figure I.6). Pour cela, il est nécessaire de maintenir les conditions de synthèse plus longtemps ce qui est technologiquement difficile et cher. Ce type de diamant est exclusivement utilisé dans des domaines exigeants où ses performances vont justifier son coût élevé [NMAB90].
Un des inconvénients majeurs de la méthode HPHT est la dégradation de certaines propriétés (transparence, conductivité thermique) liée à l’utilisation de solvants métalliques et la taille limitée des diamants obtenus. Un autre point négatif de cette technique de synthèse est la large quantité d’azote incorporée lors de la croissance qui détériore les propriétés de semi-conducteur du diamant et qui est responsable de la couleur jaune des substrats HPHT (figure I.6).
La croissance chimique en phase vapeur.
Les différents films de diamant.
A partir de cet effet de photoconduction propre aux semi-conducteurs et des propriétés physiques du diamant il est possible de réaliser trois actions élémentaires : détecter, compter et commuter. La photoconduction se base sur la création de paires électrons-trous et de leur transport dans le matériau. Cependant le transport de ces paires électrons-trous est très dépendant de la densité de joints de grains dans le matériau et de la présence d’impuretés, ainsi il sera nécessaire de posséder un diamant mosaïque très pur (peu d’impuretés) avec une densité de joints de grains la plus faible possible.
La vitesse de réponse du détecteur grâce à sa vitesse de saturation des porteurs et les valeurs théoriques de mobilité des électrons et des trous (cf. tableau I.3).
Le faible bruit de fond permettant une limite de détection basse grâce à la faible longueur de radiation.
Sa résistance aux radiations donc sa stabilité dans le temps grâce à son énergie de déplacement élevée.
Son caractère tissu équivalent pour les applications de physique médicale par son numéro atomique (Z = 6) proche de celui des tissus humains (6,4 – 7,5).
Afin de rendre compte de la qualité du diamant en tant que détecteur, il est intéressant de mesurer le rendement de détection nommé CCE pour efficacité de collecte de charge. Dans le cas d’un matériau ne présentant aucun défaut, la quantité de charges collectées est égale à la quantité de charges induites en supposant avoir appliqué un champ électrique assez intense pour entraîner tous les porteurs de charges vers les électrodes. Dans le cas d’un matériau présentant des défauts, une partie des charges va être piégée ou recombinée lors du déplacement des porteurs de charges suivant la nature des défauts présents. Ainsi, une partie du signal ne va pas être collectée au niveau des électrodes, la quantité de charges collectées va être plus faible que le nombre de charges créées. Dans une thèse précédente [Tranchant2008], des mesures de CCE par excitation UV ont été effectuées sur des diamants monocristallins et sur un diamant polycristallin orienté.
Le tableau I.4 montre que pour un monocristallin sans azote le taux de collecte est proche de 100%. La présence d’azote dans un monocristal engendre une chute drastique de l’efficacité de collecte à 6,8%.Pour les applications aux détecteurs, la pureté est donc essentielle. En ce qui concerne la présence de joints de grain, les mesures sur un polycristallin sans azote montre une efficacité de collecte égale à 36%. Les joints de grains ont donc également une influence négative sur le CCE. L’utilisation de diamant mosaïque permettrait de réduire leur influence.
Les mécanismes de croissance issue de la littérature mettent en jeu des réactions successives entre l’hydrogène atomique, la surface et le radical méthyle. En effet, pendant la croissance, la surface de diamant est totalement saturée par des atomes d’hydrogène limitant ainsi la possibilité aux radicaux méthyles de s’incorporer en surface. Lorsqu’un hydrogène atomique arrache un atome d’hydrogène la surface pour former du dihydrogène, il y a création d’un site actif en surface. Ce dernier peut être neutralisé par un hydrogène atomique mais occasionnellement un radical méthyl peut s’y recombiner, ajoutant ainsi un groupement CH3 à la surface du cristal [Harris93]. Par répétition de cette étape, il y a croissance de la phase diamant.
Ainsi l’hydrogène atomique possède plusieurs rôles clefs pour la croissance du diamant :
Il est l’espèce réactive majoritaire de la phase gazeuse et y contrôle donc les réactions chimiques.
Il permet d’empêcher la formation de graphite ou de carbone hydrogéné amorphe en saturant les liaisons entre les atomes de carbone de surface.
Il grave préférentiellement les phases sp2 [Hsu88].
Il active la surface du diamant en générant des liaisons pendantes lors de sa recombinaison [Angus88].
Cependant les mécanismes de croissance du diamant sont en réalité plus complexes. Les mécanismes exacts dépendent bien de la chimie de la phase gazeuse, mais également du type de réacteur utilisé et des orientations des faces du cristal c’est-à-dire principalement (001) ou (111).
La première stipule que la polarisation augmente la cinétique de dissociation des espèces carbonées ainsi que la concentration d’hydrogène au voisinage de la surface. Ces deux effets se manifestent par l’augmentation de la température de surface de l’échantillon, expérimentalement mesurable. La mobilité des espèces en surface ainsi que la cinétique des réactions se trouvent renforcées augmentant la probabilité de former un nucleus. Ainsi dans cette hypothèse, la nucléation du diamant s’effectue comme pour la nucléation à l’équilibre thermodynamique, c’est-à-dire entre un site actif en surface et une espèce carbonée de la phase gazeuse.
La deuxième approche fait intervenir l’implantation des espèces dans les deux premiers nanomètres du silicium liée au bombardement des espèces carbonées [Lifshitz95]. Lors de la polarisation, les espèces positives du plasma acquièrent une énergie cinétique située dans une gamme de 50 à 100eV *Robertson95+*Katai00+ et la nucléation est favorisée sur les zones recevant ce flux d’espèces ioniques *Mcginnis95+. Au fur et à mesure du bombardement, l’implantation ionique d’espèces carbonées sature les deux premiers nanomètres du silicium. Il y a alors formation d’une matrice de carbone amorphe hydrogéné (a-CH) dont la densité augmente au fur et à mesure de l’implantation. Lorsque la saturation est atteinte, il y a une précipitation spontanée du carbone. La plupart des nuclei sont amorphes mais certains sont des nuclei de diamant cristallin (1 sur 104-106) ainsi qu’observé expérimentalement en microscopie électronique à transmission [Lifshitz04]. Par la suite, le nucleus de diamant croit par la transformation de la matrice de carbone hydrogéné en diamant. Cette transformation serait possible par le déplacement des atomes de carbone de site en site voisin, provoquée par le bombardement intense des ions hydrogène (H3+>>H+) [Lifshitz02][Hassouni10].
Les deux modèles proposés sont extrêmement différents. Dans le premier cas, il s’agit d’un mécanisme de surface où la création de sites est reliée à la formation d’une interface carbonée en surface. Pour le deuxième modèle qui fait plus largement consensus, il s’agit d’un mécanisme de sub-surface où la formation d’un nucléus de diamant est un événement improbable qui s’effectue à l’intérieur d’une matrice de carbone amorphe hydrogéné formée lors du bombardement.
Durant ce travail de thèse, la microscopie électronique à balayage a été utilisée selon deux modes, le mode SE (Secondary Electron) et le mode BSE (Back Scattered Electron).
Le mode SE se base sur la détection des électrons secondaires. Lors d’un choc entre les électrons primaires du faisceau incident et les atomes de l’échantillon, un électron primaire peut céder une partie de son énergie à un électron peu lié de la bande de conduction de l’atome, provoquant ainsi une ionisation par éjection de ce dernier. On l’appelle électron secondaire. Ces électrons possèdent généralement une faible énergie (environ 50 eV). Chaque électron primaire peut créer un ou plusieurs électrons secondaires. Les électrons secondaires sont émis dans les couches superficielles proches de la surface. C’est pourquoi l’imagerie en électrons secondaires sera très sensible aux variations de la surface de l’échantillon. Ce mode est celui utilisé à fort grandissement car il permet d’obtenir des renseignements sur la topographie de l’échantillon.
Le mode BSE repose sur la détection des électrons rétrodiffusés. Ces électrons résultent de l’interaction des électrons du faisceau primaire avec des noyaux atomiques. Les électrons sont réémis dans une direction proche de leur direction d’origine avec une faible perte d’énergie. Ces électrons récupérés ont donc une énergie beaucoup plus importante que celle des électrons secondaires. Ils peuvent être émis à une plus grande profondeur dans l’échantillon. La résolution latérale atteinte avec les électrons rétrodiffusés sera donc relativement faible, de l’ordre du micromètre ou du dixième de micromètre. De plus, ces électrons sont sensibles au numéro atomique des atomes constituant l’échantillon. Les atomes les plus lourds (ceux ayant un nombre important de protons) réémettront plus d’électrons que les atomes plus légers. Les zones formées d’atomes avec un nombre atomique élevé apparaîtront plus brillante que d’autres, c’est le contraste de phase. Cette méthode permettra de mesurer l’homogénéité chimique d’un échantillon de facon qualitative.
Il est important de noter également les limites de la microscopie électronique à balayage et en particulier au point de vue de la résolution spatiale ou pouvoir séparateur. Ceci correspond à la distance minimale séparant deux points infiniment petits du plan objet que l’on pourra détecter sur le plan image. Cette résolution est liée à la « fonction de réponse point » (PSF de l’instrument utilisé) [Brisset06b].
Durant ce travail deux microscopes à effet de champ (MEB FEG) ont été utilisés :
Un JEOL 7001F du Groupement d’Etude de la Matière Condensée (GEMaC)
Un Zeiss Supra40 du Laboratoire Capteur Diamant (LCD).
Ces deux microscopes sont de dernière génération, ainsi la résolution spatiale est quasi-identique et sera prise dans le reste de ce document comme inférieure à 3nm.
Par des transitions non radiatives sous la forme de phonons qui entraine alors un échauffement du matériau.
Par des transitions radiatives bande à bande avec ou sans émission de phonons suivant que le semi-conducteur est à bande interdite directe ou indirecte.
Par des transitions radiatives via des niveaux donneurs et/ou accepteurs, ou sur des niveaux profonds
Par des transitions radiatives excitoniques. En effet, parmi les paires électrons-trous créées dans le semi-conducteur, certaines sont susceptibles de voir leurs électrons et leur trou interagir de façon coulombienne et de conduire à la formation d’un nouvel état : l’exciton.
Dans le diamant, la plupart des possibilités de recombinaison radiatives a été répertoriée *Zaitsev01+. Il est à noter pour l’interprétation des images qui seront présentées dans le chapitre V, qu’en présence d’impuretés ou de défauts profonds, les recombinaisons sur les états associés rentrent en compétition avec les recombinaisons de bord de bande, notamment celles de l’exciton libre. Ainsi les zones noires observées en imagerie de CL témoignent de la présence d’impuretés ou de défauts. Les analyses de cathodoluminescence permettent ainsi d’observer les défauts d’un matériau semi-conducteur par la mesure des recombinaisons de l’exciton libre. Pour le diamant cet exciton libre est noté FE et est assisté par des phonons (le phonon le plus efficace pour franchir le gap indirect est le transverse optique noté TO). Cet exciton libre correspond à une longueur d’onde de 235nm. Les analyses de cathodoluminescence permettent aussi de détecter directement la présence de défauts à travers leurs recombinaisons radiatives. Par exemple, une bande importante à 420nm, noté bande A, est attribuée à des dislocations [Kiflawi94] et plus précisément aux liaisons sp2 le long des dislocations *Takeuchi01+. Il y a également présence d’une bande signalant la présence d’azote dans le diamant CVD formée par le centre NV0 à 575nm.
La cathodoluminescence est généralement associée à un microscope électronique à balayage dont le faisceau d’électron sert de source d’excitation afin de produire le rayonnement de cathodoluminescence. Le microscope utilisé dans ce travail est un JEOL7001F du GEMaC. Les photons produits par l’interaction électron-matière sont collectés par un miroir parabolique percé d’une ouverture permettant de laisser passer les électrons incidents. Le faisceau est ensuite collimaté vers la sortie du microscope puis refocalisé par des miroirs métalliques en direction de la fente d’entrée d’un monochromateur. Le monochromateur permet l’analyse spectrale et la lumière dispersée par celui-ci est analysée grâce aux photodétecteurs en silicium d’une caméra CCD refroidie afin de diminuer le bruit électronique essentiellement d’origine thermique.
La profondeur d’arrêt dans le matériau noté Rp est dépendante des caractéristiques physiques du matériau ainsi que de la tension d’accélération selon la formule [Kayana72]:
Avec, A la masse molaire de l’élément en g.mol-1, Z le numéro atomique de l’élément, ρ la densité volumique de l’élément en g.cm-3 et E la tension d’accélération du faisceau électronique en keV. Dans notre cas pour une surface de densité volumique 3.51g.cm-1 0.9µm.
de diamant de masse molaire 12.011g.mol-1, de numéro atomique 6, et d’une tension d’accélération de 10keV, la profondeur d’arrêt vaut
Transmis, ils traversent les matériaux.
Absorbés, ils pénètrent dans le matériau et leur énergie est transformée en chaleur.
Réfléchis, ils frappent le matériau qui agit alors comme un miroir.
Diffusés, ils frappent le matériau et en modifient l’énergie, donc l’état vibratoire. Ils existent deux types de diffusion. D’un côté, les diffusions élastiques pour lesquelles il n’y a pas de modification d’énergie entre photons incidents et diffusés c’est la diffusion de Rayleigh. D’un autre côté, les diffusions inélastiques pour lesquelles il y a une perte (processus Stockes) ou un gain (processus anti-Stokes) d’énergie, on parle alors dans ces deux cas de diffusion Raman.
Dans le cas du diamant, la raie Raman Stokes est la plus intense et sera donc celle mesurée dans le cadre de nos analyses. L’analyse RAMAN permet de révéler la présence de diamant cubique dans un matériau par la présence d’une raie caractéristique située à 1332cm-1 (mode de vibration du 1er ordre, F2g) [Zaitsev]. Selon la nature et la qualité du diamant étudié, la raie à 1332cm-1 présente une intensité et une largeur à mi-hauteur variables. Cette largeur à mi-hauteur peut varier de 1.5cm-1 pour les diamants monocristallins à plus de 13 cm-1 pour les films diamant polycristallin, l’élargissement de la raie s’explique par la présence de défauts, d’impuretés ou de contraintes dans le matériau [Knight89]. Outre le diamant il est possible de détecter la présence de graphite, de carbone amorphe ou de liaisons C-H, les positions et les largeurs à mi-hauteur de ces pics sont données dans le tableau III.8.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
CHAPITRE I : CONTEXTE ET OBJECTIFS DE L’ETUDE
i. Les différents matériaux a base de carbone
ii. La synthese du diamant.
iii. Quelques applications du diamant mosaïque en électronique
iv. Objectifs de la thèse.
CHAPITRE II: ETAT DE L’ART DE L’HETEROEPITAXIE DU DIAMANT
I. Nucléation, épitaxie et croissance.
ii. Etat de l’art de l’hétéroépitaxie du diamant.
iii. Etat de l’art de la nucléation assistée par polarisation et de l’hétéroépitaxie du diamant sur l’iridium
CHAPITRE III: TECHNIQUES EXPERIMENTALES
i. Présentation des réacteurs de croissance.
ii. Techniques spectroscopiques d’analyse de surface.
iii. Autres techniques d’analyse.
CHAPITRE IV: SUBSTRATS D’IRIDIUM ET PORTE-ECHANTILLONS POLARISABLES.
i. Elaboration des substrats d’iridium.
ii. Caracterisation des couches d’iridium épitaxiées sur SrTiO3.
iii. Développement du porte echantillon pour la nucléation assistée par polarisation
iv. Quelques éléments sur la gaine cathodique.
Conclusion
CHAPITRE V : NUCLEATION, EPITAXIE ET CARACTERISATIONS DE FILMS EPITAXIES DE DIAMANT SUR IRIDIUM
I. Les deux modes de nucléation du diamant sur l’iridium.
ii. Réalisation de films épais de diamant hétéroépitaxiés sur iridium.
iii. Caractérisations du diamant mosaïque sur iridium apres épaississement
Conclusions.
CHAPITRE VI : ANALYSE SEQUENTIELLE DES MODIFICATIONS CHIMIQUES DE LA SURFACE D’IRIDIUM LORS DE LA NUCLEATION ASSISTEE PAR POLARISATION
i. Etude des modifications chimiques de surface sous plasma hydrogène/méthane
ii. Etude des modifications chimiques de surface induites par la nucléation assistée par polarisation pour différentes tensions.
iii. Modifications chimiques de surface pour chacun des modes de nucleation.
Conclusion
CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES
ANNEXES
LISTE DE COMMUNICATIONS ECRITES ET ORALES.
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