La pharmacie MERCIER à Nice, possède une formule historique, celle de l’ACETUMINE MERCIER® ou pommade à l’acétate d’alumine dont la formule a été déposée et le nom breveté. Suite à la visite des usines Mustela, la discussion interressante que nous avons eu avec le pharmacien responsable des formulations, nous a poussé à reconsidérer la formule de l’ACETUMINE®. Dans le cadre cette thèse d’exercice de Docteur en pharmacie, nous nous sommes penchés sur le sujet afin d’actualiser la formule initiale et de pouvoir recommercialiser le produit.
La peau
Structure et physiologique de la peau
La peau recouvre la totalité de la surface du corps humain, elle est la première barrière de protection de l’organisme. C’est l’organe le plus important en poids (environ 5 kg) et en surface (2m² ) de notre organisme. Elle est plus ou moins épaisse selon les parties de notre corps. La peau est une structure hétérogène dans laquelle on retrouve des cellules épithéliales mais aussi des cellules conjonctives, musculaires, vasculaires et nerveuses. Sur le plan anatomique, la peau comprend trois parties principales :
• La partie superficielle : l’épiderme,
• Le derme,
• La partie plus profonde, l’hypoderme.
L’ensemble peau et phanères (ongles, cheveux, poils) constitue le tégument.
L’épiderme
L’épiderme (du grec epi, dessus et derma, la peau) est la couche la plus superficielle de la peau. Son épaisseur est en moyenne de 110 µm mais elle varie beaucoup selon les localisations du corps : très fine au niveau des paupières et elle est plus épaisse au niveau palmo-plantaire. C’est un tissu épithélium de revêtement stratifié pavimenteux en perpétuel renouvellement. Il est donc composé de plusieurs assises (appelées aussi, strates) cellulaires plates (pavimenteux) kératinisées qui prennent des aspects morphologiquement différents au fur est à mesure de leur progression vers la surface. L’épiderme est un tissu qui se renouvelle tous les 28 jours en moyenne et selon un programme très précis de différenciation. A la surface, l’épiderme est formé de cellules mortes kératinisées, qui desquament.
Dans l’épiderme, on retrouve quatre grands types cellulaires :
• Les kératinocytes qui représentent 80% des cellules de l’épiderme et qui ont un rôle fondamental, ce sont eux qui constituent la barrière cutanée. À côté des kératinocytes, on retrouve 20% d’autres cellules comprenant :
• Les mélanocytes, responsables de la synthèse de la mélanine, celle-ci colore les kératinocytes et les protège des rayons ultra-violets provenant du soleil ;
• Les cellules de Langerhans qui participent à la défense de l’organisme vis-à-vis des agressions extérieures ;
• Les cellules de Merkel, cellules nerveuses qui jouent un rôle essentiel dans la sensibilité tactile.
L’épiderme ne contient aucun vaisseau sanguin ni lymphatique, mais il renferme cependant de nombreuses terminaisons nerveuses libres.
Les kératinocytes
Les kératinocytes sont les cellules principales de l’épiderme. Leur composition et leur apparence varient au fur et à mesure de leur maturation. Ils naissent dans la couche profonde de l’épiderme (la couche basale) et migrent en 3 ou 4 semaines vers la surface, que l’on appelle aussi la couche cornée. C’est à ce niveau qu’elles meurent et prennent la forme d’écailles (ou squames). Leur principale caractéristique est leur capacité à se différencier en fabriquant de la kératine. La kératine est une protéine fibreuse riche en soufre et insoluble à l’eau. Elle permet ainsi à la peau de jouer son rôle protecteur et imperméable. Néanmoins il important de signaler que d’après Dréno B. « … Aujourd’hui la fonction des kératinocytes ne se limite pas uniquement à un rôle de barrière, mais que ce sont également des cellules qui ont une activité immunologique à part entière, pouvant ainsi exprimer des antigènes de classe et certaines molécules d’adhésion comme ICAM1 leur conférant une activité de cellules présentatrices d’antigènes. Ils produisent aussi de nombreuses cytokines (IL-1, IL-8, IL-6, TNF…). » .
Dans l’épiderme, les kératinocytes peuvent être divisés en quatre couches superposées qui représentent leurs différents stades de différenciation :
• La couche basale ou couche germinative (Stratum germinativum)
• La couche épineuse ou couche de Malpighi (Stratum spinosum)
• La couche granuleuse (Stratum granulosum)
• La couche cornée (Stratum corneum).
Quelque soit le stade de différentiation des kératinocytes, ils sont liés entre eux par des « attaches », appelés les desmosomes , qui jouent un rôle important dans la résistance de l’épiderme.
La couche basale ou couche germinative :
C’est la couche la plus profonde de l’épiderme. Elle est directement en contact avec la jonction dermo-épidermique. Les kératinocytes, à large noyau cylindriques ou cubiques sont disposés en une couche monocellulaire. Ils sont liés entre eux par des desmosomes, et à la jonction dermo-épidermique par des hémidesmosomes grâce à des filaments intermédiaires ou tonofilaments formés par la kératine. L’activité mitotique est très importante, permettant ainsi un renouvellement perpétuel en donnant deux cellules filles identiques : une pour le pool germinatif et l’autre pour le pool de différenciation.
La couche épineuse ou couche de Malpighi :
Elle est composée de 5 à 15 assises de kératinocytes volumineux et polyédriques. Les kératinocytes s’aplatissent au fur est à mesure de leur ascension. Ils peuvent encore se diviser, mais sont fixés les uns aux autres par les desmosomes qui leur donnent un aspect d’épines, caractéristique de cette couche, dite épineuse. Ces liaisons assurent une forte cohésion entre les cellules et confèrent ainsi une bonne résistance mécanique à cette couche. Les kératinocytes possèdent dans leurs cytoplasmes des paquets de tonofilaments, de nombreux organites et des précurseurs de la kératine.
La couche granuleuse :
Elle est constituée de 1 à 3 assises de kératinocytes aplatis et fusiformes disposés parallèlement à la surface cutanée. On voit apparaître dans leur cytoplasme des granulations denses aux électrons :
– Des grains de kératohyaline hydrophiles. Ce sont un assemblage de protéines riches en histidine et en filaments de kératine. Ils contribuent à l’élaboration de la matrice fibreuse qui enrobe la kératine.
– Des corps lamellaires hydrophobes ou corps d’Odland. Ces petits organites prennent naissance dans l’appareil de Golgi, sont riches en céramides et en cholestérols. Au fur et à mesure de leur ascension, leurs organites se raréfient, leurs noyaux dégénèrent et la membrane plasmique se densifie.
La couche cornée
C’est la couche la plus superficielle de l’épiderme. Elle est composée de 4 à 20 assises de cellules plates et parallèles à la jonction dermo-épidermique appelées les cornéocytes. Leurs cytoplasmes sont remplis de filaments kératines, ils ne possèdent plus de noyaux, ni d’organites cytoplasmiques, ni de kératohyaline. La membrane plasmique est épaisse, elle est doublée d’une couche lipidique apolaire. Très adhérents, très hydrophobes, les cornéocytes exercent une fonction de barrière indispensable. En surface, les cornéocytes ont perdu leurs jonctions et se détachent. Ils sont éliminés de façon très ordonnée : c’est le processus physiologique de desquamation. Le cycle de différenciation depuis les kératinocytes basaux jusqu’à la desquamation nécessite 21 jours. NB : Lorsque la peau est plus épaisse, il existe une cinquième couche, la couche claire.
Le processus de kératinisation :
L’épiderme est une structure en perpétuel auto-renouvellement. La kératinisation est un processus de différenciation par lequel les cellules épidermiques vivantes de la couche granuleuse se transforment en cellules squameuses mortes. Ce processus implique la synthèse de protéines et lipides, associés à d’importants changements morphologiques. Au cours de la kératinisation, les cellules granuleuses perdent leurs noyaux et leurs organites intracellulaires. Le contenu des grains de kératohyaline est dispersé dans le cytoplasme, provoquant la maturation de la profilaggrine en filaggrine. La filaggrine et les filaments de kératine s’organisent en un réseau pour former la matrice cytoplasmique des cornéocytes.
Cette matrice est riche en cystine, qui donne à la kératine ses propriétés insoluble et résistante. Dans la partie supérieure de la couche cornée, la filaggrine est protéolysée en acides aminés polaires libres : , l’acide urocanique (UCA) qui absorbe les rayonnements UV ; , l’acide pyrrolidone carboxylique (PCA) qui permet l’hydratation de la couche cornée en surface.
De plus, à la jonction entre la couche granuleuse et la couche cornée, les corps lamellaires (les corps Odland) fusionnent avec la membrane plasmique et déversent leur contenu lipidique dans les espaces intercellulaires. Une fois libérés, les lipides présents dans les corps lamellaires fusionnent pour constituer d’amples lamelles qui se superposent parallèlement à la surface des cornéocytes pour former un ciment inter-cornéocytaire compact. Ce dernier joue un rôle majeur dans la fonction « barrière » de l’épiderme. La desquamation correspond à la libération des cornéocytes. Elle résulte de l’activité d’enzymes de la famille de la trypsine et de la chymotrypsine qui sont responsables de la destruction des attaches inter-cornéocytaires.
Les mélanocytes
Les mélanocytes, principalement situés dans la couche basale, sont la deuxième grande famille de cellule épidermique. Ces cellules dendritiques ont une activité dopa-oxydasique et produisent un pigment appelé mélanine (du grec melas = noir). Ces pigments s’accumulent dans la région supra-nucléaire du cytoplasme, ils donnent à la peau sa couleur. En effet, la couleur de la peau a deux origines : la pigmentation (mélanine et carotène) et la vascularisation. Il existe deux types de mélanine dans les cellules épidermiques : les phéomélanines (pigments jaune rouge) et les eumélanines (pigments brun-noir). Les pigments assurent également la photoprotection vitale.
La répartition entre phéomélanines et eumélanines est à l’origine du phototype cutané. La mélanogénèse est le processus qui permet la synthèse et la distribution de la mélanine dans l’organisme. Elle a lieu dans les mélanocytes, au sein d’organelles spécifiques, les mélanosomes. La tyrosinase est l’enzyme qui intervient dans les premières étapes de la synthèse de la phéomélanine et de l’eumélanine. Elle entraine la conversion de la Ltyrosine en L-3,4-dihydroxyphénylalanine (L DOPA) et son oxydation en dopaquinone. A partir de cette étape, les voies de synthèse diffèrent pour l’eumélanine et la phéomélanine.
Les cellules de Langerhans
Les cellules de Langerhans représentent la troisième famille cellule épidermique (3 à 8%). Dérivées de la lignée monocytaire, elles appartiennent au système immunitaire. Synthétisées dans les organes hématopoïétiques, elles sont également présentes dans les glandes sébacées, sudoripares, les muqueuses buccales, oesophagiennes, rectales et vaginales. Elles se différencient des mélanocytes par la présence dans leur cytoplasme d’organelles spécifiques, les granules de Birbeck qui participent au processus d’endocytose des cellules de Langerhans. Au niveau de l’épiderme, ces cellules sont des cellules dendritiques indifférenciées qui présentent au niveau de leur membrane un marqueur spécifique : l’antigène CD1a. Elles sont capables de reconnaître et capturer les antigènes, de les endocyter et de les réexprimer à leur surface pour activer les lymphocytes T dans les ganglions lymphatiques afin d’induire une réponse immune de type cellulaire. Ces cellules sont donc essentiels au système de défense de l’organisme, elles interviennent par exemple dans les dermites cutanées et les réactions inflammatoires.
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Table des matières
Introduction générale
I. La peau saine
A. Structure et physiologique de la peau
1. L’épiderme
a) Les kératinocytes
b) Les mélanocytes
c) Les cellules de Langerhans 22 d) Les cellules de Merkel
e) Le film cutané de surface
f) La flore cutanée
2. La jonction dermo-épidermique
3. Le derme
a) Les fibroblastes
b) La matrice extracellulaire
4. L’hypoderme
5. Les annexes de la peau
a) Les follicules pilo-sébacés
b) Les glandes sudoripares ou glandes sudorales
B. Propriétés et fonctions de la peau
II. Les altérations de la peau
A. Les plaies et leur cicatrisation
1. La plaie
2. La cicatrisation
B. L’érythème
C. Les brûlures
D. Stress oxydant et altérations de la peau
1. Le stress oxydant
a) Généralités
b) Origines des Espèces réactives de l’Oxygène (ERO)
c) Les conséquences du stress oxydant
d) Les cibles des ERO
2. Les défenses anti-oxydantes
a) Le système de défense enzymatique
b) Le système de défense non enzymatique
3. Les différentes altérations
a) Le psoriasis
b) La dermatite atopique ou eczéma atopique
c) Le vieillissement cutané
III. Les Formes pharmaceutiques à applications cutanées
A. Les monophasiques
1. Les solutions
2. Les pommades
3. Les gels
B. Les multiphasiques
1. Les cérats
2. Les suspensions
3. Les émulsions
4. Les crèmes
5. Les microémulsions
6. Les liposomes et les niosomes
7. Les mousses
IV. L’ACETUMINE MERCIER®
A. Présentation de la pommade
B. Monographie des ingrédients
1. Sulfate d’alumine
2. Acide acétique
3. Carbonate de chaux
4. Acide citrique
5. Essence de lavandin
6. Lanoleïne hydrogénée
7. Lanosoluble A
8. Vaseline
9. Eau
10. Acétate d’alumine
C. Fabrication
D. Indications
V. La nouvelle formule
A. Nouvelles indications
B. Les actifs
1. Les Antioxydants en cosmétologie
a) Les vitamines
b) Les polyphénols
c) Les oligoéléments
2. Les vitamines du groupe B
a) La vitamine B2
b) La vitamine B3
c) La vitamine B5
d) La vitamine B6
e) La vitamine B8
f) La vitamine B9
3. La Lavande
4. L’enoxolone
5. Le curcuma
6. L’Aloe vera
C. Autres ingrédients cosmétiques
1. Les huiles végétales
a) L’huile de coco
b) L’huile d’amande douce
c) L’huile d’argan
d) L’huile d’olive
e) L’huile de macadamia
2. Les beurres et les cires
a) La cire d’abeille
b) Le beurre de cacao
c) Le beurre végétal de MURUMURU brut
d) Le beurre de mangue
e) Le beurre de Karité
3. Les humectants / émollients
a) Les émollients purs
b) Les humectants hydratants
4. Les tensio-actifs
a) La lécithine de soja
b) Les esters de sucre
c) Le MONTANOV®
d) Autres tensioactifs : Span® et Tween®
5. Les conservateurs
a) Les conservateurs antimicrobiens
b) Les conservateurs antioxydant
D. Formule finale
1. Les ingrédients constitutifs
2. Les tests
Conclusion générale
Bibliographie
Annexes