STRUCTURE DE LA VÉGÉTATION 

STRUCTURE DE LA VÉGÉTATION 

Matériel et méthodes

Échantillonnage

Étant donné l’étendue du territoire à étudier, nous avons suivi une stratégie d’échantillonnage stratifié, comme préconisé par Gounot (1969) et Godron (1971). La carte internationale du tapis végétal et des conditions écologiques, feuille d’Alger 1/1.000.000e de Barry et al (1974) a orienté une prospection préliminaire sur le terrain pour localiser les principaux peuplements et séries de végétation à échantillonner. Les cartes topographiques au 1/ 50 000 de la région de Tiaret ont ensuite été utilisées pour la stratification altitudinale.

Réalisation des relevés

Pour réaliser nos relevés nous avons suivis la méthode phytosociologique sigmatiste classique de Braun-Blanquet (1964, 1979) à travers la zone étudiée. Sur la carte, nousindiquons les zones que nous avons échantillonnées au niveau de nos régions forestières et préforestières (Fig. 17). Au niveau de chacune de ces zones nous avons réalisé un ou plusieurs relevés phytoécologiques intégrant les noms des localités ainsi que les coordonnées GPS (cf. Annexe III). Certaines zones à l’intérieur de notre périmètre d’étude n’ont pas été échantillonnées à cause l’accessibilité et la sécurité.
Dans les zones déjà définies par l’échantillonnage, l’emplacement des relevés a été choisi selon des critères de représentativité et d’homogénéité structurale, floristique et écologique (Géhu et Rivas Martinez, 1981 et Géhu, 1987 in Dahmani, 1997). Nous avons essayé d’inventorier différentes situations physionomiques: forêts zonales et azonales, végétations pré-forestières et matorrals, pelouses et clairières forestières. Nous avons également fait varier les compositions floristiques: végétations dominées par le Chêne vert, Thuya de Berbèrie, Pin d’Alep, Chêne liège, Pistachier de l’Atlas. De même, nous avons échantillonné dans différents sites écologiques: altitude, exposition, pente, substrat).
La surface des relevés était de 100 m2 pour les groupements forestiers, 50 m2 pour lesmatorrals et 1 m2 pour les pelouses des massifs forestiers. Ces proportions ont été préconisées par plusieurs auteurs notamment (Benabid, 1984 ; Hadjadj-Aoul, 1995 ; Dahmani, 1997). Toutes les espèces présentes dans la surface du relevé ont été inventoriées, en affectant à chacune d’elles un coefficient d’abondance dominance.

Identification des espèces

L’identification des taxons a été faite sur le terrain pour ceux facilement reconnaissables et au laboratoire pour les taxons méconnus et/ou douteux. Les flores suivantes ont servi aux identifications : flores d’Algérie (Battandier et Trabut, 1888-1890 ; Battandier et Trabut, 1895 ; Maire, 1952-1987 ; Quézel et Santa, 1962). Nous avons également utilisé les flores des pays voisins : Valdes et al. (2002) et Fenane et al (2007) pour le Maroc ; Cuénod et al (1954) pour la
Tunisie et Valdés et al (1987) et Blanca et al (2009) pour l’Espagne. La nomenclature des taxons a été mise à jour à partir de la base de données de l’Afrique du Nord de Dobignard et Chatelain (2010-13). Cette référence nous a permis outre la mise à jour nomenclaturale et taxonomique de nos taxons, une actualisation des données chorologiques à l’échelle de l’Afrique du nord. Une confrontation de nos données actualisées avec celles de Quézel et Santa (1962) a été envisagée afin de détecter d’éventuels changements des aires de distributions géographiques des taxons. Ainsi, un herbier a été conçu sur la base des spécimens récoltés sur le terrain et une collection de photographies a été constituée.

Traitements statistiques des données

Pour traiter nos données, nous avons constitué une matrice globale d’abondance dominance (287 relevés x 490 taxons) et 3 sous-matrices par type de végétation : forêt (49 relevés), matorral (170 relevés) et pelouse (62 relevés). Avant de commencer les traitements, nous avons procédé à la transformation des coefficients d’abondance-dominance de BraunBlanquet suivant le modèle proposé par Van Der Mareel (1979). En réalité, nous avons codé les coefficients d’abondance-dominance de Braun Blanquet :   en ceux de Van Der Mareel :   respectivement.4041 Chaque matrice à fait l’objet des analyses suivantes : une classification hiérarchique ascendante (CH ; méthode de Ward, distance euclidiennes relatives), permettant de regrouper les relevés en fonction de leur similarité de composition floristique. Les dendrogrammes obtenus ont été coupés à un niveau d’information permettant à chaque branche de contenir au moins une espèce exclusive. Une analyse des espèces indicatrices (Dufrêne et Legendre, 1997), afin de caractériser (espèces caractéristiques) et de différencier des autres (espèces différentielles) chaque groupe de relevés issu de la CH ; une ordination non paramétriques (NMS ; Non-metric Multidimensional Scaling), permettant de rechercher les gradients écologiques les plus importants qui expliquent les variations de composition floristique.
Les résultats de ces différentes analyses nous ont permis l’élaboration des tableaux phytosociologiques définitifs pour chaque syntaxon élémentaire reconnu. Ensuite, à partir de cela, nous avons élaboré un tableau synthétique contenant les classes de fréquence de chacune des espèces au sein de chacun des syntaxons élémentaires individualisés. Ce tableau synthétique a lui-même été soumis à une CH suivie d’une analyse des correspondances détendancée (DCA), d’une part pour aider à la hiérarchisation des syntaxons et à la typologie des unités synsystématiques et, d’autre part, pour mettre en évidence les principaux gradients écologiques selon lesquels ces unités s’organisent et apprécier ainsi leurs relations syndynamiques. Ces analyses numériques ont été réalisées à l’aide du logiciel PC-Ord v.5.

Résultats et Interprétations

Nous avons effectué 287 relevés phytoécologiques à travers les périmètres échantillonnés ce qui nous a permis de distinguer différents groupements structurant la végétation régionale. Dans ce qui suit nous présentons les résultats des traitements statistiques (NMS, CH) de chaque type physionomique (Forêts, Matorrals, Pelouses) avec les interprétations et les commentaires. Dans ce qui suit, nous présentons les groupements végétaux suivant leurs affinités syntaxonomiques.
Les traitements statistiques réalisés nous ont permis de distinguer 19 groupements végétaux : 4 groupements forestiers (49 relevés), 7 groupements de matorral (170 relevés) et 8 groupements de pelouses (62 relevés).

Interprétation des Analyses Statistiques

Les Relevés de Forêts

Les résultats obtenus suite à la NMS montrent une bonne individualisation des 4 groupements élémentaires qui en ressortent (F1, F2, F3, F4). Les résultats montrent également que les axes factoriels 1 et 2 sont ceux qui renferment le plus d’information interprétable sur le plan écologique (Tab. 6). L’observation de la position des groupements sur la carte factorielle (axe 1-2) nous a permis de mettre en évidence les principaux gradients écologiques selon lesquels ces groupements s’agencent (Fig. 18). L’axe 1 semble traduire un gradient croissant de carbonatation du substrat. En effet, du côté négatif de l’axe 1 ce sont les formations forestières sur sables décarbonatés qui apparaissent. Alors que les groupements sur calcaire se positionnant du côté positif de cet axe. Par ailleurs, sur l’axe 2 s’opposent les groupements F4 et F3 du côté négatif aux groupements F1 et F2 du côté positif de cet axe. Cette situation semble s’expliquer par un gradient
d’ouverture du milieu qui est corrélé négativement avec l’axe 2. En effet, les communautés F1 et F2 de ripisylves se positionnant du côté positif de l’axe 2 sont des formations forestières assez fermées formant des microclimat zonaux sur les rives des cours d’eaux environnantes avec une flore constituée souvent d’espèces indiquant une ambiance forestière et humide. De l’autre côté de cet axe, nous retrouvons les formations préforestières plus ouvertes sur le plan physionomique.
Le dendrogramme issu de la CH (Fig. 19) confirme l’individualisation des groupements issus de NMS. L’analyse du dendrogramme montre les affinités floristiques susceptibles d’exister entre ces groupements. En effet, le groupement de ripisylve F1 se distingue au niveau de la première branche du dendrogramme. Ce groupement semble renfermer une flore assez originale par rapport aux autres groupements notamment le F2. Le F1 représente ainsi un groupement azonal de ripisylve avec une flore assez riche en plantes indicatrices de ces ambiances telles que: Fraxinus angustifolia, Nerium oleander, Dioscorea communis, Rosa canina, Vitis vinifera, Geranium robertianum et Populus alba. D’autre part, le groupement F2, malgré sa situation de ripisylve semble avoir plus d’affinité avec les formations forestière ou préforestières (F3 et F4) avec un cortège floristique assez similaire et enrichi par les plantes caractéristiques des classes phytosociologique forestières et de matorrals.

Les relevés de Matorrals

Les résultats de la NMS des matorrals montrent une certaine agglomération des groupements élémentaires au niveau de l’espace factoriel. En effet, l’analyse et l’interprétation de la carte factorielle obtenue à l’issu de ce traitement a nécessité l’utilisation des résultats du traitement complémentaire de la CH. C’est ainsi que nous sommes arrivés à délimité des groupements distincts et de permettre l’interprétation écologique des axes factoriels (axe 1 et 2)
Au niveau de la carte factorielle de NMS (Fig. 20) les groupements M1 et M2 et M3 s’opposent aux M5 et M7. En effet, nous avons les groupements préforestiers et les matorrals sur sables décarbonatés localisé essentiellement au niveau du massif de Guezoul qui s’opposent aux formations sur substrat calcaire que l’on retrouve fréquemment au niveau du massif des Sdamas. C’est ainsi que l’axe 1 traduit un gradient de carbonatation croissante du substrat. Au niveau de l’axe 2, nous remarquant la position des groupements M1 et M5 du côté positif de cet axe qui s’opposent aux groupements M2 et M3 sur le côté négatif. Cela semble indiquer un gradient de perturbation de ces formations qui est corrélé négativement par rapport à l’axe factoriel. En effet, ce sont les formations les plus perturbé sur le plan floristique, c’est-à-dire celles qui renferment beaucoup de thérophytes nitrophiles peu significatives sur le plan phytoécologique qui s’opposent aux formations n’en contenant pas, sinon beaucoup moins.
Le dendrogramme obtenu de la CH (Fig. 21) nous ont facilité l’individualisation des groupements ainsi que l’interprétation des relations existantes entre ces groupements. En effet, le dendrogramme se divise rapidement en 2 branches principales (M1, M2, M3, M4 et M5) et (M6, M7). La première branche se divise elle-même pour distinguer les 2 groupements M1 et M2 qui sont vraisemblablement très proche sur le plan floristique mais aussi écologique relevant tous les deux de la série de chêne vert. Le groupement M3 s’individualise par une composition floristique assez différente par rapport au reste des groupements. Le M4 et M5 se rapprochent par une certaine similarité floristique entre ces 2 groupements. La deuxième branche rassemble les groupements M6 et M7 qui sont des préforêts et des matorrals relevant de la série du thuya de Berbèrie et qui présentent par conséquent un cortège floristique et une ambiance assez semblables.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE 
1° PARTIE : CADRE BIOGÉOGRAPHIQUE RÉGIONAL  
Introduction
Cadre physique
(Les zones naturelles, Géologie, Les massifs montagneux, Pédologie, Hydrographie, Le climat régional)Cadre biotique  (Les séries de végétation, Les principales forêts, Les principaux massifs forestiers, Evolution du patrimoine forestier)
Etude des Variations du Climat & Bioclimats Régionaux
Conclusion
2° PARTIE : STRUCTURE DE LA VÉGÉTATION 
Introduction
Matériel & Méthodes 
(Échantillonnage, Réalisation des relevés, Identification des espèces, Traitements statistiques des données) Résultats & Interprétations
(Interprétation des Analyses Statistiques, Les Quercetea ilicis, Les Cisto-Lavanduletea staechadis, Les Rosmarinetea officinalis, Les Tuberarietea guttatae, Les Stellarietea mediae, Schéma syntaxonomique, Relations entre les groupements).
Conclusion
3° PARTIE : ANALYSE FLORISTIQUE  
Introduction
Matériel & Méthodes 
Résultats 
(Catalogue floristique)
Interprétation
(Analyse des Familles et des Genres, Les Types Biologiques, Les types chorologiques)
Discussion
Conclusion
Les Plantes d’Intérêt Economique
Introduction
Matériel & Méthodes 
(Biogéographie du massif de Guezoul, Approche ethnobotanique) Résultats & Discussion  (Analyse floristique, Analyse phytothérapeutique, Analyse taxonomique).
Conclusion
CONCLUSION GENERALE
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES, ANNEXES, TRAVAUX REALISES

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