Structure de la population, critères d’âge et prévalence des groupes d’ectoparasites de Rattus rattus Linné

Les petits mammifères et Rattus rattus

                 A Madagascar, les petits mammifères terrestres sont représentés par trois grands groupes. D’abord, les Afrosoricida qui sont représentées par la famille des Tenrecidae. Ensuite les Soricomorpha représenté par la famille des Soricidae. Et enfin les rongeurs qui sont constitués par deux familles endémiques et introduites. La famille de Nesomyidae qui regroupe neuf genres et 27 espèces sont toutes endémiques de Madagascar et la famille de Muridae est constituée par trois espèces introduites et commensaux qui sont Rattus rattus, R. norvegicus et Mus musculus (Soarimalala & Goodman, 2011). Rattus rattus est une des espèces de rongeurs introduites à Madagascar. Il est originaire de la péninsule Indienne (Musser & Carleton, 2005). Il dérive de la forme sauvage qui a été trouvée dans la péninsule Malaisienne, les archipels de Philippine, de l’Indochine et de la Chine (Schwarz, 1960). Actuellement, il arrive à coloniser quasiment le monde entier sauf les régions désertiques et les régions très froides. C’est une espèce commensale et son histoire de colonisation est fort probablement liée à la présence de l’homme (Searle, 2008). Son introduction à Madagascar est encore mal connue bien que des études menées sur les autres espèces commensales telles que Mus musculus (Duplantier et al., 2002) et Suncus murinus (Hutterer & Tranier, 1990) supposent que celle-ci remonte vers le VIème et VIIIème siècles pendant les échanges commerciaux qui ont eu lieu dans l’océan Indien avec les Arabes (Wright & Rakotoarisoa, 2003, Fuller et al., 2011). Cependant, la plus vieille trace de Rattus remonte entre XI ème -XIV ème siècles dans la ville portuaire islamique de Mahilaka bien que l’espèce en question ne soit pas bien identifiée faute de l’état de préservation des échantillons (Rakotozafy, 1996, Radimilahy, 1997). Actuellement, cette espèce colonise tous les types d’habitats disponibles aussi bien les zones anthropiques que les écosystèmes naturels (Malzy, 1964, Soarimalala & Goodman, 2011). Il est connu depuis le niveau de la mer jusqu’à plus de 2000 m d’altitude (Andrianjakarivelo et al., 2005 ; Maminirina et al., 2008). Cette espèce de rongeur est parmi les animaux nuisibles aussi bien pour les autres espèces de petits mammifères que pour l’homme. Non seulement, Rattus rattus est un ravageur des cultures et de stocks, mais c’est aussi l’agent principal de diverses maladies zoonotiques (Duplantier & Rakotondravony, 1999). A Madagascar, elle est la seule espèce connue comme étant le réservoir de la peste bubonique (Duplantier et al., 2005, Andrianaivoarimanana et al., 2013) malgré les souches de Yersinia pestis découvertes chez Hemicentetes semispinosus et Suncus murinus (Duplantier et al., 2005) et la découverte d’anticorps anti-Y. pestis trouvé chez Microgale talazaci. Elle figure aussi parmi les responsables de la transmission de la leptospirose (Desvars et al., 2011). En effet, des souches de Leptospira sp ont été isolées chez quatre espèces allochtones de petits mammifères dont le musaraigne S. murinus et les rongeurs Mus musculus, R. norvegicus et R. rattus (Rahelinirina et al., 2010). Mais R. rattus a la capacité de les transmettre aux espèces autochtones du fait de sa grande faculté à coloniser différents types de milieux. Elle est aussi connue comme source d’autres maladies (Duplantier, 2003). Outre les maladies qu’il peut transmettre, Rattus rattus est impliqué dans des cas de problèmes d’extinction dans les écosystèmes insulaires dans le monde (Harris, 2009) y compris Madagascar. Il est connu comme étant parmi les prédateurs de nids d’oiseaux (Garbutt, 2007, Dolinay & Krupski, 2014). Par ailleurs il est soupçonné d’être à l’origine de la disparition du Coua delalandei de l’île Sainte Marie et à la diminution de la population de Foudia madagascariensis dans la région d’Ambositra pendant les périodes d’invasion murine en 1965 (Zehrer, 1997). En plus, il est signalé comme responsable du déclin des petits mammifères indigènes, en particulier les rongeurs (Goodman, 1995, Goodman et al., 2008, Soarimalala & Goodman, 2011). Il est aussi suspecté d’entrer en compétition avec les espèces endémiques (Goodman, 1995, Goodman & Sterling, 1996, Miljutin & Lehtonen, 2008).

Ampasimpotsy — 19˚13’14,8 »S ; 48˚14’47,3 »E à 980 m d’altitude

              La forêt d’Ampasimpotsy est située dans la Commune rurale d’Ampasimpotsy Gare, Fokontany PK 33, le long de la route vers le District de Nosibe An’Ala et à environ 32 km au sud de la ville de Moramanga et à 3 km au Sud-est du village PK 33. Ampasimpotsy un fragment de forêt de l’Est de type dense humide sempervirente. Elle fait partie de la forêt de moyenne altitude. Il est constitué de grands arbres de 10 à 15 m de haut avec une voûte généralement semi-ouverte. Le sous-bois est dense et buissonnant avec des arbustes plus ou moins abondants et quelquefois des petits bambous lianescents. Les vallées et les versants sont généralement dominés par des Pandanus et Cyathea ainsi que des arbres de faible diamètre mais de hauteur élevée. Cette forêt est dégradée, des traces d’exploitation de bois y sont encore trouvées. . Pour ce site, la capture a été effectuée du 9 au 14 juillet 2015.

Capture

                Les individus capturés dans les sites forêts et villages sont d’autant plus nombreux que ceux capturés dans la plantation. Les taux de capture élevés au niveau de ces sites peuvent être liés à l’abondance et à la diversification de la nourriture dans ces types d’habitats. Par contre, le faible taux de capture observé dans la plantation pourrait s’expliquer par la rareté de ressources disponibles. En général, peu de plantes peuvent survivre dans les plantations de pin à cause de leur allélopathisme (Bonin et al., 1994). Par ailleurs, pendant les descentes sur terrain, la plupart des champs et les rizières étaient vides et certains milieux étaient transformés en champ en cours de labourage. Ainsi, les rats peuvent migrer à l’intérieur des forêts ou dans le village. La variation du taux de capture dans les différents sites pourrait être expliquée aussi par la différente période de captures dans chaque site d’études. Parmi les individus capturés, ce sont les individus mâles qui sont les plus représentés, ce résultat est similaire à celui rapporté dans la région de Marovoay (Ratsimanosika, 1997), dans la forêt d’Analamay (Rakotondravony, 1992) et dans le hameau de Mandoto (Rahelinirina & Duplantier, 1997). Ces résultats illustrent la structure sociale qui existe dans les populations de Rattus rattus (Ratsimanosika, 1997). Les mâles se déplacent plus loin des terriers que les femelles, ceci pour défendre leur territoire ou bien pour rechercher de nouveau territoire (Rakotondravony, 1992). Au cours des sessions de capture c’est-à-dire du mois de juillet à octobre, les individus subadultes et adultes sont les plus capturés alors que les individus jeunes et adultes âgés sont faiblement représentés. Ce résultat est similaire au résultat de l’étude effectuée par Rahelinirina & Duplantier (1997) à Mandoto et celle que Rafanomezantsoa (1997) rapporte lors des études de dynamique de population de R. rattus dans différents biotopes à Madagascar. Le faible taux de capture des jeunes au cours de la session pourrait être expliqué par le faible taux de natalité de R. rattus pendant la saison sèche. Effectivement, pour cette espèce, la reproduction se déroule généralement pendant la saison des pluies (Rahelinirina & Duplantier, 1997, Soarimalala & Goodman, 2011) et la population de cette saison pourrait être constituée par les individus qui naissent pendant la saison précédente c’est-à-dire les individus qui naissent vers la fin de la saison de pluie. Cependant, le faible taux de capture des adultes âgés peut être dû à une grande mortalité des individus dans ce stade (Rakotondravony, 1992, Rafanomezantsoa, 1997). Ainsi, durant la saison sèche, la population est principalement formée par les individus nés vers la fin de la saison humide précédente (Rafanomezantsoa, 1997). L’abondance des individus de classe d’âge subadulte et adulte capturé pourrait être la conséquence de l’existence d’une organisation sociale dans une population de R. rattus (Rakotondravony, 1992, Ratsimanosika, 1997).

Dimorphisme sexuel et variation morphométrique

             Concernant la variation de la morphologie externe et le poids suivant le sexe, pour toutes les variables biométriques prises, Rattus rattus montre un dimorphisme sexuel. Les mâles excédents légèrement les femelles pour toutes les variables morphométriques. Cette observation est similaire aux constatations de Pergams et al., (2015) lors de son étude sur cette espèce dans la région méditerranéenne. Le poids et la taille des individus sont différents dans les milieux forestiers et les plantations. En général, les ressources alimentaires dans les milieux forestiers sont très diversifiées, ceci pourrait expliquer le gain en poids et en taille des individus qui y vivent. Cependant, dans le cas d’une plantation exotique, la nourriture abonde est peu diversifiée du faite que ces plantations dominent la végétation mais contiennent peu d’éléments nutritifs et par ailleurs dans ces milieux la nourriture est aussi de façon saisonnière. C’est la raison pour laquelle les individus capturés dans ce site ont souvent une petite taille par rapport à ceux dans les autres milieux tels que les forêts et les villages. Dans les habitats où les conditions sont optimales, les individus peuvent gagner plus de poids et se développer normalement que ceux qui vivent dans les milieux pauvres en ressources malgré leur âge relativement jeune (Lomnicki, 1988). Ainsi, le manque de ressource en nourriture dans le site au niveau de la plantation de pins par rapport aux autres types de sites pourra influencer la morphométrie des individus qui y vivent.

CONCLUSION

                Plusieurs critères ont été, lesont utilisés chez Rattus rattus pour déterminer l’âge des individus. Cependant peu d’investigation a été effectuée sur la relation entre ces différents critères. La présente étude a été effectué pour de déterminer et d’éclaircir la relation entre trois critères de détermination de l’âge chez cette espèce dont le degré d’usure des cuspides dentaire, la morphométrie et l’état des organes génitaux, de contribuer à la connaissance de la structure de la population de R. rattus pendant la saison sèche ainsi que d’avoir des informations sur la variation de la prévalence en ectoparasites. L’étude a été effectuée durant la saison sèche de l’année 2015, dans le district de Moramanga. Au total 759 individus ont été capturés. Ce sont les sites au niveau des forêts et ceuxau niveau du village qui présentent l’abondance la plus élevée en R.rattus par rapport à ceux au niveau de la plantation de pin qui a eu le taux de capture le plus faible. Ceci est lié à la disponibilité des nourritures dans les milieux. Concernant les individus capturés, ce sont les mâles qui sont le plus représentés. La principale cause de ceci est associée à la mobilité de ces individus pour la protection du territoire. Par ailleurs, pour la structure de la population, la présente étude a montré que, pendant la saison sèche, la population de R. rattus est constituée majoritairement par le groupe subadulte et adulte par les deux critères de détermination de l’âge utilisé (usure des molaires et morphométries). Concernant l’analyse de la morphométrie, R. rattus montre un dimorphisme sexuel en faveur des mâles pour toutes les variables mesurées. Suivant les sites, la comparaison entre les individus adultes à montrer que ceux capturés dans la forêt ont de taille et poids plus élevé que ceux capturés dans les plantations de pin. Par contre les individus capturés dans le pin ont la queue plus longue que ceux dans la forêt. Concernant la relation entre les différents critères de détermination de l’âge, il a été montré que le degré d’abrasion des cuspides dentaires et la morphométrie sont dépendants. Ainsi des chevauchements entre les individus ont été observés. Ceci pourrait être dû aux conditions écologiques qui influent d’une part sur les variables biométriques et d’autre part sur les constituants de la nourriture de l’animal. Ces deux facteurs ont des effets sur l’abrasivité des dents. Aussi, une dépendance a été observée entre le degré d’usure et les conditions reproductives. Concernant les ectoparasites, le sexe n’a aucune influence sur la prévalence en puces mais il affecte la prévalence en tiques. Les individus femelles de Rattus rattus sont plus infestés par les tiques que les mâles. Suivant l’âge défini par le degré d’usure des dents, la prévalence en tiques varie suivant les classes d’âge de l’hôte chez les individus mâles. Ce sont les individus de la classe d’âge adulte qui sont les plus infestés. Aucune variation n’a été observée chez les individus femelles. Pour les puces, elle n’est influencée ni par la classe d’âge ni par le sexe. Pourtant, l’utilisation des classes d’âge définies à partir des variables morphométriques montre un résultat différent que celui obtenu par le degré d’usure des dents. Il semble que la prévalence en puces est influencée par la taille de l’hôte, alors que celle de la tique serait influencée par d’autres facteurs tels que le taux d’hormone et le comportement de l’hôte. D’une part, cette étude a permis d’obtenir un aperçu sur la structure de la population de Rattus rattus pendant la saison sèche dans différents types d’habitats et de voir la relation entre les différents critères d’estimation de l’âge, principalement le degré d’usure des cuspides des molaires, la morphométrie et les états des organes génitaux. D’autre part elle contribue à la connaissance des facteurs qui pourrait influencer la prévalence en ectoparasite chez Rattus rattus. Cependant, quelques points sont à recommander. La première concerne l’étude de la structure d’âge des populations, il doit être effectué séparément suivant les caractéristiques de leur milieu de vie. La deuxième porte sur l’utilisation de plusieurs critères pour avoir une classe d’âge plus précise. La troisième concerne les ectoparasites, chaque groupe possède ses propres facteurs qui influent sa prévalence. Ainsi, en parasitologie, les différents facteurs que ce soit propres pour l’hôte (biologie) ou bien extérieurs à l’hôte (facteurs écologiques) doivent être prise en compte. Dans les études futures, il serait intéressant de discerner la relation entre ces critères d’âge en intégrant d’autres techniques d’estimation comme la méthode de pèse cristallin qui est encore peu utilisé à Madagascar et de voir l’effet des saisons sur les différents paramètres utilisés pour l’estimation de l’âge. Pour les ectoparasites, il est intéressant de voir en détail la relation entre la prévalence en ectoparasites et les comportements de l’hôte et aussi de voir la distribution spatiale de ces ectoparasites

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Table des matières

INTRODUCTION
I. GENERALITES
II. METHODOLOGIE
II.1. Matériel biologique
II.1.a. Position taxonomique
II.1.b. Biologie de Rattus rattus
II.2. Sites et période d’étude
II.2.a. Forêts naturelles
II.2.b. Village
II.2.c. Forêts naturelles villages
II.2.d. Plantations d’Eucalyptus et de Pinus
II.3. Méthodes d’échantillonnage
II.3.a. Capture des rongeurs
II.3.b. Collectes des données sur la morphologie et l’anatomie
II.3.c. Collecte et dénombrement des ectoparasites
II.4. Préparation des spécimens
II.5. Détermination de l’âge
II.5.a. Usure des cuspides dentaires
II.5.b. Morphométrie
II.5.c. Critères de l’état de reproduction
II.6. Analyse et traitement des données
II.6.a. Dimorphisme sexuel
II.6.b. Variation des variables morphométriques suivant les sites d’étude
II.6.c. Analyses de la relation entre les différents critères d’âge
II.6.d. Analyse de la variation de la prévalence en ectoparasite suivant le sexe
II.6.e. Analyse de la variation de la prévalence en ectoparasites suivant les classes d’âge
III. RESULTATS
III.1. Nombre d’individus capturés
III.2. Dimorphisme sexuel
III.3. Variation de la morphométrie suivant les sites
III.4. Classe d’âge des individus
III.4.a. Usure des cuspides dentaires
III.4.b. Morphométrie
III.5. Relation entre les différents critères d’âge
III.5.a. Degré d’usure des dents et morphométrie
III.5.b. Degré d’usure des dents et état des organes génitaux
III.5.c. État des organes génitaux et morphométrie
III.6.Taux de parasitisme
III.6.a. Prévalence en ectoparasite par site
III.6.b. Relation entre prévalence et sexe de l’hôte
III.6.c. Relation entre classe d’âge et prévalence en ectoparasite
IV. DISCUSSION
CONCLUSION
RÉFÉRENCES

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