STRUCTURATION ET PROPRIETES MECANIQUES DES MELANGES COPOLYMERE / POLYSTYRENE

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Diagramme de phases des triblocs ABA

Les copolymรจres que nous รฉtudions sont des triblocs S1BS2 asymรฉtriques. Le terme asymรฉtrie dรฉsigne ici la diffรฉrence de taille entre les blocs S1 et S2. On parle de tribloc symรฉtrique quand S1 S 2 N = N . Comparรฉ aux diblocs, quelle est lโ€™influence du bloc et de la liaison covalente supplรฉmentaires sur la structuration du copolymรจre ? Une premiรจre partie porte sur lโ€™รฉtude des triblocs symรฉtriques. Suite ร  lโ€™รฉtude sur les mรฉlanges bimodaux de diblocs, on peut prรฉvoir que lโ€™asymรฉtrie a elle aussi un effet sur la structuration, cโ€™est lโ€™objet de la deuxiรจme partie.

Triblocs ABA symรฉtriques

La diffรฉrence majeure entre un dibloc AB et un tribloc ABA rรฉside dans le fait que le bloc B du tribloc a ses deux extrรฉmitรฉs localisรฉes ร  une interface. On distingue deux types de configuration comme lโ€™illustre la Figure 2-4.
Dans la configuration ยซ boucle ยป, les deux extrรฉmitรฉs du bloc B rรฉsident ร  la mรชme interface alors que dans la configuration ยซ pont ยป, les deux extrรฉmitรฉs appartiennent ร  deux interfaces diffรฉrentes. boucle pont Trรจs tรดt, Helfand et Wasserman [14] ont prรฉdit que le comportement thermodynamique, c’est-ร -dire la taille et le type de microdomaine dโ€™un tribloc, est sensiblement le mรชme que celui du dibloc analogue aux fortes sรฉgrรฉgations. Celui-ci est obtenu en coupant le tribloc au milieu de la chaรฎne de telle sorte que Mndibloc eq.= Mntribloc/2. Par contre, TODT est plus รฉlevรฉe pour les triblocs que leurs diblocs analogues [18].
Le diagramme de morphologies thรฉorique des triblocs ABA symรฉtriques prรฉdit les phases classiques lamellaire, gyroรฏde, cylindrique, sphรฉrique. Les diffรฉrences entre un tribloc ABA symรฉtrique et le dibloc analogue AB sont illustrรฉes sur la Figure 2-5.
On voit que la transition ordre/dรฉsordre a lieu ร  un degrรฉ de sรฉgrรฉgation plus faible pour le tribloc. En consรฉquence, les triblocs restent microsรฉparรฉs ร  de plus hautes tempรฉratures que leurs diblocs homologues. Ceci sโ€™explique par le fait que le bloc B est davantage รฉtirรฉ puisquโ€™il a deux points de jonction. Il est donc davantage sรฉgrรฉgรฉ. Ceci a toute son importance en rรฉgime de faible sรฉgrรฉgation oรน les blocs B pรฉnรจtrent les domaines riches en A. En effet, un bout de chaรฎne B pรฉnรจtre plus facilement un domaine riche en A quโ€™un bloc central B. Lโ€™รฉtat dรฉsordonnรฉ est donc plus facilement atteint pour le dibloc. Par contre, pour un dibloc et un tribloc de mรชme masse molรฉculaire, le dibloc est davantage sรฉgrรฉgรฉ.
ฯ†A et de son dibloc homologue AB (courbe en pointillรฉs) [9]. Cercle rouge plein : ฯ‡AB=12 et ฯ†A=0,3, cercle vide: ฯ‡AB=12 et ฯ†A=0,7. Le tribloc a 2N monomรจres et le dibloc N.
Il y a aussi un dรฉcalage horizontal du diagramme. Ainsi, ร  ฯ‡ AB N = 12 , le tribloc symรฉtrique est prรฉdit comme dรฉsordonnรฉ ร  ฯ•A =0,3 et de morphologie sphรฉrique ร  ฯ•A =0,7 (les points sont dessinรฉs sur la Figure 2-5). Il est en effet plus facile au niveau entropique de confiner un seul bloc B dans un domaine de B plutรดt que deux blocs A. C’est-ร -dire que le bloc B central doit se dรฉformer davantage pour permettre aux blocs A de se confiner dans un domaine de A et lโ€™รฉtat dรฉsordonnรฉ persiste plus longtemps.

Modification de la sรฉquence des monomรจres du copolymรจre

Les รฉtudes expรฉrimentales et thรฉoriques prรฉsentรฉes prรฉcรฉdemment portent sur des copolymรจres ร  blocs linรฉaires. La plupart des copolymรจres ร  blocs sont synthรฉtisรฉs de maniรจre sรฉquentielle par voie anionique vivante. On introduit un monomรจre A qui polymรฉrise et conduit ร  des chaรฎnes vivantes A* de taille identique. On ajoute alors une seconde charge de monomรจre B, ce qui donne un dibloc rรฉactif AB*. En introduisant une troisiรจme charge de A, on obtient un tribloc ABA*. Ces รฉtapes peuvent รชtre rรฉpรฉtรฉes afin dโ€™obtenir un multibloc (AB)n. Au niveau industriel, on tend ร  minimiser les รฉtapes. Lโ€™introduction dโ€™un agent difonctionnel au mรฉlange rรฉactionnel AB* permet dโ€™obtenir le tribloc ABA. Cependant, le couplage nโ€™est pas total et la prรฉsence de diblocs AB non couplรฉs peut nuire gravement aux propriรฉtรฉs recherchรฉes comme cโ€™est le cas pour certains รฉlastomรจres thermoplastiques [30]. Les copolymรจres รฉtoilรฉs sont obtenus avec des agents de couplage multifonctionnels.
Les copolymรจres ร  gradient S1-(B/S)grad-S2 que nous รฉtudions sont synthรฉtisรฉs par voie anionique en seulement deux รฉtapes. Aprรจs obtention de chaรฎnes actives S*, on introduit simultanรฉment un mรฉlange de monomรจres S et B. Le monomรจre B rรฉagit prรฉfรฉrentiellement mais sโ€™รฉpuise rapidement. On obtient un bloc gradient de plus en plus riche en S (notรฉ (B/S)grad) puis quand tout le B a rรฉagit, un bloc S. En jouant sur les conditions de synthรจse, il est possible dโ€™obtenir un bloc statistique (B/S)stat. Quelle est lโ€™influence de la prรฉsence dโ€™un bloc statistique ou gradient sur la structuration des copolymรจres ?

Diagramme de phase

Au niveau thรฉorique, le comportement des copolymรจres ร  gradient a รฉtรฉ prรฉdit [12-13] sur la base de la thรฉorie dรฉveloppรฉe par Leibler pour les diblocs [6]. En utilisant les รฉquations de copolymรฉrisation, Kok [12] a montrรฉ que le diagramme de morphologies dโ€™un copolymรจre gradient est asymรฉtrique et dรฉcalรฉ vers de plus hautes valeurs de ฯ‡N . Les copolymรจres gradients ont donc moins tendance ร  la microsรฉparation que les diblocs. Le point critique ne se situe pas ร  ฯ•A = 0,5 et varie avec la forme du gradient.
Comme nous le verrons dans le prochain chapitre, dans des conditions de synthรจse donnรฉes, la forme du gradient est fonction des rapports de rรฉactivitรฉ et de la composition globale en A du copolymรจre, ฯ•A . Le diagramme de phase correspondant ร  une condition de synthรจse pour laquelle les rapports de rรฉactivitรฉ sont rA = 2 et rB = 0,1 est prรฉsentรฉ sur la Figure 2-9.
Pour quelques compositions globales ฯ•A en A du copolymรจre, la composition instantanรฉe en A du copolymรจre est tracรฉe tout au long de la chaรฎne. l / lยฐ est une longueur de chaรฎne normalisรฉe. Cette composition instantanรฉe reprรฉsente la probabilitรฉ dโ€™avoir un monomรจre A sur la chaรฎne ร  la position l / lยฐ. Dโ€™aprรจs la forme des gradients prรฉsentรฉs, le copolymรจre prรฉsente un bloc pur en B mais pas de bloc pur en A ce qui diminue la rรฉpulsion entre les blocs. On comprend donc que le diagramme de phase soit dรฉcalรฉ vers de plus hautes valeurs de ฯ‡N . La composition ฯ•A pour laquelle on a la transition รฉtat dรฉsordonnรฉ โ†’ lamellaire se situe autour de ฯ•A = 0,3. Pour ฯ•A = 0,5, au vu de la forme du gradient, le copolymรจre a un bloc pur de B et une transition du bloc A/B vers le bloc pur en B qui reprรฉsentent chacun environ 15% de la longueur de la chaรฎne. En augmentant ฯ‡N , on comprend donc les transitions : รฉtat dรฉsordonnรฉ โ†’ sphรจres de B dans matrice A/B โ†’ cylindres โ†’ lamelles de B dans matrice A. La stabilitรฉ des autres morphologies nโ€™a pas รฉtรฉ calculรฉe. A ฯ‡N =100, pour ฯ•A = 0,2, la morphologie est lamellaire (cercle vide sur le diagramme de phase) alors que pour ฯ•A = 0,8, lโ€™รฉtat est dรฉsordonnรฉ (cercle plein). Ceci est du ร  la diffรฉrence de taille des blocs purs de B. Pour ฯ•A = 0,2, le bloc pur de B reprรฉsente environ 30% de la chaรฎne. Pour ฯ•A = 0,8, le bloc pur de B est trรจs court (ร  peine 5%), lโ€™รฉtat dรฉsordonnรฉ est donc plus facilement atteint.
Aksimentiev et al. [13] ont utilisรฉ des fonctions mathรฉmatiques pour modรฉliser la forme du gradient. Pour une distribution linรฉaire, on observe uniquement la transition รฉtat dรฉsordonnรฉ๏€พlamellaire quelle que soit la composition. Pour les distributions non linรฉaires monotones, les morphologies sphรฉriques, cylindriques, lamellaires et gyroรฏdes sont prรฉdites comme รฉtant stable.

Profils de composition des microdomaines

Par profil de composition dโ€™une structure lamellaire, on entend : รฉvolution de la concentration dโ€™une espรจce A quand on se dรฉplace perpendiculairement ร  lโ€™interface des lamelles. Une รฉtude thรฉorique a รฉtรฉ dรฉveloppรฉe par Lefebvre et al. [31] qui caractรฉrisent le profil de composition de domaines lamellaires formรฉs par des copolymรจres gradients.
Plusieurs types de gradients sont รฉtudiรฉs, les gradients de forme linรฉaire et tangente hyperbolique. Pour une valeur fixe de ฯ‡N , lโ€™augmentation de la taille du gradient diminue le pas des lamelles. Pour un gradient linรฉaire, le point critique augmente considรฉrablement avec (ฯ‡N)C = 29,25 (comparรฉ ร  (ฯ‡N)C =10,5 pour un dibloc [6]) et le profil de composition des lamelles reste sinusoรฏdale mรชme aux fortes valeurs de ฯ‡N .
Au niveau expรฉrimental, Tsukahara et al. [32] ont รฉtudiรฉ les propriรฉtรฉs de copolymรจres ร  gradient SI (styrรจne/isoprรจne). Les clichรฉs TEM sont apparus moins contrastรฉs que pour des copolymรจres ร  blocs, indiquant lโ€™existence dโ€™un mรฉlange entre les monomรจres S et I dans chaque domaine. Cet รฉtat de mรฉlange a รฉtรฉ confirmรฉ par SAXS dans une รฉtude sur une sรฉrie de copolymรจres gradients SI et SB cylindriques et lamellaires [33]. En fonction de lโ€™architecture du copolymรจre, on observe un รฉlargissement de la rรฉgion interfaciale entre les domaines et/ou un mรฉlangeage des deux monomรจres dans un mรชme domaine. En modรฉlisant lโ€™รฉvolution du module รฉlastique des copolymรจres en fonction de la tempรฉrature par un modรจle composite de Takayanagi [33-36], les profils de composition des microdomaines ont pu รชtre tracรฉs comme lโ€™illustre la Figure 2-10. ฯ†A(r)
Le modรจle de Takayanagi permet de modรฉliser les propriรฉtรฉs mรฉcaniques dโ€™un matรฉriau composite comprenant une matrice et des inclusions de modules รฉlastiques trรจs diffรฉrents.
Il consiste ร  mettre en parallรจle des รฉlรฉments mรฉcaniques correspondants ร  la phase continue avec des รฉlรฉments correspondants ร  la phase continue et aux inclusions. Il permet dโ€™รฉvaluer le module du composite en fonction de la fraction volumique des inclusions. Ce modรจle comprend un paramรจtre ajustable. La Figure 2-10 illustre bien lโ€™influence dโ€™un bloc ร  gradient de composition (A/B)grad.
(a) Pour un mรฉlange dโ€™homopolymรจre A et B, les domaines purs en A et en B de taille macroscopique sont sรฉparรฉs par une interface fine de largeur ฮป1. (b) Pour un dibloc AB, les domaines microsรฉparรฉs sont purs en A et en B et sรฉparรฉs par une interface fine ฮป2 โ‰ˆ ฮป1 . (c) Pour un copolymรจre de type A-(A/B)grad-B, lโ€™interface entre les domaines est รฉlargie ฮป3 > ฮป2 . On parle aussi dโ€™interphase. (d) Pour A-(A/B)grad, il nโ€™existe pas de domaine pur en B et lโ€™interface entre le domaine pur en A et le domaine oรน A et B sont mรฉlangรฉs est รฉlargie ฮป4 > ฮป3 . (e) Pour (A/B)grad, aucun des domaines nโ€™est pur et lโ€™interface est large ฮป5 > ฮป4 . Le profil est sinusoรฏdal comme le prรฉvoit la thรฉorie [31].
Des modรจles ont รฉtรฉ dรฉveloppรฉs [37-38] afin de prรฉdire lโ€™รฉvolution de la taille des domaines lamellaires en fonction de la taille du bloc central pour des copolymรจres du type A-(A/B)grad-B ou A-(A/B)stat-B. La prรฉsence dโ€™un bloc statistique ou gradient diminue sensiblement la taille des domaines, lโ€™interphase sโ€™รฉlargie et le mรฉlanges des monomรจres dans un mรชme domaine est favorisรฉ. Ces observations ont รฉtรฉ confirmรฉes dans des รฉtudes expรฉrimentales sur des copolymรจres de type S-(S/I)stat-I. En augmentant la taille du bloc statistique, lโ€™interphase entre les domaines S et I sโ€™รฉlargit [35-36] et peut mรชme conduire ร  lโ€™apparition dโ€™une troisiรจme phase de tempรฉrature de transition vitreuse (Tgint) intermรฉdiaire entre celle du PS et du PI [35-36,39]. Lโ€™augmentation de la largeur interfaciale sโ€™accompagne dโ€™une diminution de Tg du domaine dur en raison dโ€™un phรฉnomรจne coopรฉratif entre les segments mobiles de lโ€™interphase et ceux du domaine dur. Enfin, lโ€™influence de la sรฉquences des blocs a รฉtรฉ รฉtudiรฉe par TEM et SAXS [40] pour des copolymรจres de type S-(I/S)grad-I et S-(S/I)grad-I. Lโ€™accroissement du bloc gradient augmente la compatibilitรฉ et lโ€™enchainement des blocs a une grande importance sur la compatibilitรฉ. Ainsi, S-(S/I)grad-I est plus sรฉgrรฉgรฉ que S-(I/S)grad-I.

Les mรฉlanges copolymรจre/homopolymรจre

Aprรจs avoir briรจvement dรฉcrit le comportement des copolymรจres purs, nous nous intรฉressons maintenant aux mรฉlanges copolymรจre/homopolymรจre. Notre รฉtude porte sur les propriรฉtรฉs mรฉcaniques dโ€™un mรฉlange copolymรจre SBS/homopolystyrรจne. Nous cherchons ร  faire le lien entre la structuration de ce systรจme pour des fractions de copolymรจre variant entre 0 et 100% et les propriรฉtรฉs mรฉcaniques. Pourquoi obtient-on un renforcement de la matrice homopolystyrรจne quand on ajoute un copolymรจre SBS ? Quelle est lโ€™influence de la morphologie, du type de copolymรจre dispersรฉ et de la mise en ล“uvre ? Pour rรฉpondre ร  ces questions, il est nรฉcessaire de comprendre la structuration des copolymรจres purs mais aussi des mรฉlanges. La plupart des รฉtudes portent sur la structuration ร  lโ€™รฉquilibre thermodynamique. Cโ€™est lโ€™objet de la premiรจre partie de ce chapitre. Cependant, notre systรจme est plus compliquรฉ puisquโ€™il est mis en ล“uvre par extrusion. Le systรจme est amenรฉ via le cisaillement en tempรฉrature dans un รฉtat hors รฉquilibre. La structuration ร  lโ€™รฉquilibre thermodynamique nous servira de base pour comprendre lโ€™effet de la mise en ล“uvre, briรจvement exposรฉ en deuxiรจme partie.

Influence de la mise en ล“uvre sur les mรฉlanges

Comme nous lโ€™avons vu au paragraphe prรฉcรฉdent, il existe un trรจs grand nombre dโ€™รฉtudes visant ร  comprendre la structuration des mรฉlanges copolymรจre/homopolymรจre ร  lโ€™รฉquilibre thermodynamique. Cependant, au niveau industriel, les procรฉdรฉs typiques de mise en ล“uvre, tels que lโ€™extrusion ou lโ€™injection, piรจgent le systรจme dans un รฉtat thermodynamiquement instable [66-67]. En effet, le cisaillement en tempรฉrature dโ€™un mรฉlange fondu permet de disperser un copolymรจre dans une matrice avec laquelle il nโ€™est pas miscible.
Prenons lโ€™exemple des copolymรจres possรฉdant un bloc gradient, LN2 (wS=0,74, Mn=0,82 105 g/mol, Ip=1,15) et ST2 (ST2, wS=0,74, Mn=1,1 105 g/mol, Ip=1,69), รฉtudiรฉs par le groupe de Michler et dรฉcrits au ยง2.4.2. Le mรฉlange de 40% de ces copolymรจres avec un homopolystyrรจne de haut poids molรฉculaire (Mn=82 kg/mol, Ip=2,03) conduit ร  une macrosรฉparation de phase ร  lโ€™รฉquilibre thermodynamique [66-67]. Aprรจs extrusion, ST2 est dispersรฉ sous la forme de vermicelles irrรฉguliers dans la matrice polystyrรจne [68]. Aprรจs injection [66-67,69-70], on observe des lamelles alternรฉes copolymรจre/homopolystyrรจne orientรฉes dans la direction dโ€™injection (Figure 2-17). Il existe cependant de larges domaines dโ€™homopolystyrรจne (~400nm de large) ce qui est une indication de la macrosรฉparation du mรฉlange ร  lโ€™รฉquilibre thermodynamique. Plus le mรฉlange est pauvre en copolymรจre et plus les domaines de polystyrรจne sont larges. Ultimement, les lamelles de copolymรจre deviennent discontinues et on retrouve une morphologie de vermicelles orientรฉs dans la direction dโ€™injection (mรฉlange 20/80, Figure 2-17 C).
Ces observations mettent en รฉvidence la miscibilitรฉ induite par le cisaillement. A haute teneur en copolymรจre, lโ€™homopolystyrรจne gonfle la structure microsรฉparรฉe du copolymรจre. Pour des teneurs moins รฉlevรฉes, la structure du copolymรจre est dรฉtruite et se disperse dans la matrice homopolystyrรจne sous forme dโ€™agrรฉgats de taille et de forme variables.
De nombreuses รฉtudes concernent lโ€™influence du cisaillement sur le dรฉveloppement de la morphologie de mรฉlanges de polymรจres immiscibles mais trรจs peu sโ€™intรฉressent ร  la destruction de la structure microsรฉparรฉe dโ€™un copolymรจre en prรฉsence dโ€™un homopolymรจre. Dans le cas de deux polymรจres immiscibles, la forme et la taille de la phase dispersรฉe est fonction des caractรฉristiques des matรฉriaux (tension interfaciale, viscositรฉ, รฉlasticitรฉ, poids molรฉculaire), des conditions de mise en ล“uvre (temps de mรฉlangeage, tempรฉrature, cisaillement, type de mรฉlangeurโ€ฆ) et de la composition du mรฉlange. Par exemple, pour un mรฉlange 50/50, lโ€™รฉtat de dispersion est dรฉterminรฉ par le rapport des viscositรฉs [71]. La phase la moins visqueuse forme la phase continue et la plus visqueuse, la phase dispersรฉe ce qui minimise lโ€™รฉnergie dissipรฉe. La rupture des gouttes est favorisรฉe par les matrices visqueuses qui transfรจrent efficacement la contrainte ร  la phase dispersรฉe alors que les matrices peu visqueuses se comportent comme un lubrifiant. La morphologie du mรฉlange est gouvernรฉe par la compรฉtition entre deux mรฉcanismes : la rupture des gouttelettes de la phase dispersรฉe et la coalescence de ces mรชmes gouttelettes [71-79].
La rupture des gouttelettes a รฉtรฉ รฉtudiรฉe par Taylor [80] pour une goutte dโ€™un liquide newtonien sous cisaillement simple. Ce modรจle basรฉ sur lโ€™รฉquation de Navier-Stockes ร  faible nombre de Reynolds considรจre quโ€™il y a rupture de goutte tant que les forces de cisaillement sont supรฉrieures aux forces interfaciales. Le diamรจtre minimum des gouttes D est exprimรฉ par : Eq. 2-2 D = 4ฮ“(ฮทr +1)
โ€ข ฮณ ฮทm (19 4ฮทr + 4) oรน ฮ“ est la tension interfaciale, ฮณโ€ข est le cisaillement, ฮทm est la viscositรฉ de la matrice et ฮทr est le rapport de la viscositรฉ de la phase dispersรฉe sur celle de la matrice (ฮทr = ฮทd ). Ce ฮทm modรจle, en accord avec les expรฉriences pour 0 < ฮทr < 1, prรฉdit quโ€™il nโ€™y a pas de rupture de goutte pour ฮทr > 2,5 . Cependant, il nโ€™est valable quโ€™ร  faible concentration de la phase dispersรฉe puisquโ€™il ne prend pas en compte les interactions entre les gouttelettes de la phase minoritaire, c’est-ร -dire quโ€™il nรฉglige le phรฉnomรจne de coalescence lors de la collision des gouttelettes. Ce phรฉnomรจne survient trรจs tรดt pour des concentrations aussi faibles que 1% en poids [73]. De plus, il ne prend pas en compte les effets viscoรฉlastiques et tend ร  sous estimer la taille limite des gouttes. Enfin, lโ€™รฉcoulement dans une extrudeuse possรจde une composante de cisaillement simple et une composante รฉlongationnelle. Un รฉcoulement รฉlongationnel dรฉforme davantage les particules. Le mรฉlange de polymรจres immiscibles conduit donc ร  une dispersion grossiรจre sans adhรฉsion entre les phases ce qui altรจre les propriรฉtรฉs mรฉcaniques. De plus, le mรฉlange nโ€™est pas stable thermiquement. Les interactions de Van der Waals attractives entre les agrรฉgats favorisent la macrosรฉparation. Le contrรดle et la stabilisation de la morphologie nรฉcessitent lโ€™emploi dโ€™agents compatibilisants [75]. En gรฉnรฉral, ces compatibilisants sont des copolymรจres ayant un bloc miscible avec chacun des polymรจres. Ils peuvent รชtre ajoutรฉs lors du mรฉlange ou gรฉnรฉrรฉs in-situ par rรฉaction aux interfaces. On parle dโ€™extrusion rรฉactive [77]. Ce type de mรฉlange permet de diminuer la taille de la phase dispersรฉe, dโ€™augmenter lโ€™adhรฉsion particules/matrice et de stabiliser la morphologie du mรฉlange. La formation de gouttelettes plus petites est favorisรฉe par une diminution de la tension interfaciale et la suppression de la coalescence grรขce au copolymรจre sรฉgrรฉgรฉ ร  lโ€™interface entre les deux homopolymรจres [74,78]. Plusieurs mรฉcanismes ont รฉtรฉ proposรฉs pour expliquer la suppression de la coalescence. Le premier considรจre la rรฉpulsion stรฉrique entre les brosses du copolymรจre qui sont comprimรฉes ร  lโ€™approche de deux gouttelettes [72,79]. Dans le second mรฉcanisme, lโ€™approche de deux gouttelettes engendre un gradient de concentration du copolymรจre aux interfaces. Ce gradient crรฉe un potentiel de rรฉpulsion dรฉrivรฉ de la force de Marangoni, qui sโ€™oppose ร  la collision des gouttes [74].
Tous ces travaux portent sur des mรฉlanges ternaires de type A/B/AB oรน la concentration en compatibilisant AB nโ€™excรจde pas 5% en poids. Dans notre รฉtude, nous mรฉlangeons un copolymรจre SBS avec un homopolystyrรจne hS dans les proportions 0-100%. La situation est donc complรจtement diffรฉrente. Le copolymรจre est microsรฉparรฉ ce qui perturbe les propriรฉtรฉs dโ€™รฉcoulement. On ne peut donc sโ€™appuyer sur les travaux mentionnรฉs ci-dessus que de maniรจre qualitative. On peut retenir quโ€™ร  lโ€™รฉquilibre thermodynamique, la miscibilitรฉ dโ€™un copolymรจre vis-ร -vis dโ€™un homopolymรจre est contrรดlรฉe par la taille, la composition et lโ€™architecture du copolymรจre dโ€™une part et par la taille de lโ€™homopolymรจre dโ€™autre part. Lors de la mise en ล“uvre, les paramรจtres dโ€™รฉcoulement (viscositรฉ, รฉlasticitรฉโ€ฆ) et de mise en ล“uvre (tempรฉrature, cisaillementโ€ฆ) modifient la thermodynamique et la cinรฉtique du systรจme. Enfin, lors du refroidissement, le mรฉlange est piรฉgรฉ dans un รฉtat hors รฉquilibre. La morphologie du mรฉlange est donc fonction de la miscibilitรฉ du systรจme et de la mise en ล“uvre. La morphologie, la fraction volumique et la composition des hรฉtรฉrogรฉnรฉitรฉs molles vont avoir toute leur importance sur les propriรฉtรฉs mรฉcaniques de lโ€™alliage. Cโ€™est le sujet du prochain paragraphe.

Renforcement et endommagement du Polystyrรจne

Dans ce chapitre, nous dรฉcrivons dโ€™abord briรจvement le comportement dโ€™un polymรจre amorphe aux grandes dรฉformations. Aprรจs avoir eu un aperรงu des mรฉcanismes de dรฉformation du polystyrรจne, nous prรฉsentons ensuite les stratรฉgies de renforcement. Enfin, nous abordons le renforcement du polystyrรจne par des copolymรจres ร  blocs de type SBS.

Les polymรจres amorphes aux grandes dรฉformations

Les propriรฉtรฉs mรฉcaniques aux grandes dรฉformations dโ€™un polymรจre amorphe sont dรฉpendantes de la tempรฉrature et de la vitesse de dรฉformation. A basse tempรฉrature (T<Tg), le polymรจre est vitreux et cassant. A haute tempรฉrature (T>Tg), il sโ€™รฉcoule comme un liquide viscoรฉlastique. On parle de polymรจre thermoplastique.
Lโ€™essai de traction uniaxiale est un test trรจs rรฉpandu pour รฉvaluer les propriรฉtรฉs mรฉcaniques dโ€™un matรฉriau. Il consiste ร  dรฉformer ร  vitesse constante une รฉprouvette. On mesure la contrainte appliquรฉe ฯƒ en fonction de la dรฉformation ฮต. Le matรฉriau sera dโ€™autant plus ductile que lโ€™รฉlongation ร  la rupture est grande. La contrainte est une force par unitรฉ de surface (MPa), la dรฉformation un rapport de longueur (%). La Figure 3-1 dรฉcrit les courbes contrainte/รฉlongation dโ€™un polymรจre amorphe en fonction de la tempรฉrature.
Le premier type de comportement (courbe 1) est en gรฉnรฉral obtenu au dessous de la tempรฉrature de transition vitreuse. Le matรฉriau casse ร  faible dรฉformation, on parle de comportement fragile. Pour Tโ‰…Tg (courbe 2), la contrainte passe par un maximum ฯƒS correspondant au seuil de plasticitรฉ, elle suit un plateau puis augmente jusquโ€™ร  la rupture. On parle de comportement ductile. Pour T>Tg (courbe 3), le comportement est de type caoutchoutique.
La pente initiale de chaque courbe permet de dรฉterminer le module dโ€™Young E qui caractรฉrise la rigiditรฉ du matรฉriau. En effet, la premiรจre partie de la courbe est une rรฉgion รฉlastique qui obรฉit ร  la loi de Hooke ฯƒ = E.ฮต . On appelle adoucissement et durcissement les phรฉnomรจnes apparaissant en A et B sur la courbe 2. Au seuil dโ€™รฉcoulement, le matรฉriau commence ร  se dรฉformer plastiquement, c’est-ร -dire se dรฉforme de maniรจre irrรฉversible. Lโ€™adoucissement, en rapport avec les interactions entre les chaรฎnes, est dโ€™autant plus fort que le vieillissement du matรฉriau est prononcรฉ [81]. Il entraรฎne quโ€™une rรฉgion dรฉformรฉe va pouvoir se dรฉformer ร  une contrainte plus faible quโ€™une rรฉgion non dรฉformรฉe. Il tend donc ร  localiser la contrainte. Il en rรฉsulte la formation dโ€™une striction dont les cols se propagent le long de lโ€™รฉprouvette ร  contrainte constante. Cโ€™est le plateau dโ€™รฉcoulement plastique. Finalement, ร  haute dรฉformation, lโ€™orientation des chaรฎnes induit une augmentation de la contrainte appelรฉe durcissement. Ce durcissement est fonction de la densitรฉ dโ€™enchevรชtrement du polymรจre.
Lors dโ€™une expรฉrience de traction, lโ€™รฉnergie e par unitรฉ de volume fournie ร  lโ€™รฉchantillon ฮต=ฮตR est donnรฉe par lโ€™aire sous la courbe contrainte/dรฉformation : e = โˆซฯƒ .dฮต . ฮต =0.
Quand on parle de renforcement dโ€™un polymรจre, on cherche ร  maximiser cette รฉnergie absorbรฉe. Le matรฉriau est dโ€™autant plus tenace (ou ductile) que la rupture est retardรฉe. La stratรฉgie consiste ร  augmenter le volume de matรฉriau participant ร  la dรฉformation plastique.

Le renforcement du polystyrรจne

A tempรฉrature ambiante, le polystyrรจne a un comportement fragile (courbe 1 de la Figure 3-1). En tension, avant le seuil de plasticitรฉ, des microvides apparaissent. Ils donnent naissance ร  des craquelures microscopiques qui se dรฉveloppent perpendiculairement ร  la direction de la contrainte principale dans les zones oรน la concentration de contrainte est maximale (impuretรฉs, fluctuations de densitรฉ ou dโ€™รฉpaisseur, rayures, dรฉfautsโ€ฆ) [82].
Comme le montre la Figure 3-2, ces craquelures , appelรฉes ยซ crazes ยป, sont constituรฉes de fibrilles de 5 ร  30 nm de diamรจtre, fortement รฉtirรฉes et orientรฉes, sรฉparรฉes par du vide. Les cavitรฉs reprรฉsentent entre 50 et 90 % du volume des crazes et ont une dimension de lโ€™ordre de la longueur dโ€™onde de la lumiรจre (400-760nm). Lโ€™apparition des craquelures se traduit donc par un blanchiment du matรฉriau. 8385
En augmentant la dรฉformation, les craquelures sโ€™ouvrent et sโ€™allongent jusquโ€™ร  ce quโ€™une quantitรฉ importante de fibrilles se rompent. Ceci conduit ร  la rupture macroscopique du matรฉriau pour une dรฉformation de quelques %. La stabilitรฉ des fibrilles est dโ€™autant plus grande que le poids molรฉculaire est รฉlevรฉ [84-85].
En traction uniaxiale ร  faible vitesse, la courbe contrainte/dรฉformation dโ€™un polymรจre ductile, comme par exemple, le polycarbonate, est similaire ร  la courbe 2 de la Figure 3-1. Le matรฉriau se dรฉforme en formant des bandes de cisaillement. Ce sont des rรฉgions planes de faible รฉpaisseur mais de grande surface dans lesquelles le matรฉriau subit de fortes dรฉformations par รฉcoulement des chaรฎnes. Comparรฉ au polystyrรจne, lโ€™adoucissement est plus faible ce qui limite la localisation de la contrainte. De plus, le durcissement est plus รฉlevรฉ. Ainsi, les zones dรฉformรฉes sont stabilisรฉes et la contrainte de formation de microvides nโ€™est pas atteinte. Pour le polystyrรจne, il serait donc possible de retarder la rupture en diminuant lโ€™adoucissement ou en augmentant le durcissement. Ceci permettrait dโ€™avoir une transition entre le mรฉcanisme de dรฉformation par craquelures et la dรฉformation plastique homogรจne. La diminution de lโ€™adoucissement revient ร  abaisser le seuil dโ€™รฉcoulement. Ceci peut รชtre rรฉalisรฉ en augmentant la tempรฉrature [86], par addition de plastifiant [87-88], ou de maniรจre temporaire, par traitement thermique ou mรฉcanique [89-90]. Le durcissement peut รชtre augmentรฉ en rรฉticulant faiblement le polystyrรจne [91]. Dans toutes ces situations, on cherche donc ร  รฉviter la localisation de la contrainte. Cependant, le renforcement est rรฉalisรฉ au dรฉtriment dโ€™autres propriรฉtรฉs. Ainsi, la rigiditรฉ est fortement abaissรฉe par lโ€™ajout de plastifiant, le polymรจre nโ€™est pas facilement mis en ล“uvre sโ€™il est rรฉticulรฉ.
Une deuxiรจme alternative consiste ร  crรฉer volontairement un grand nombre de crazes. La stratรฉgie est de disperser des inclusions molles dans la matrice rigide. Ces hรฉtรฉrogรฉnรฉitรฉs permettent de crรฉer des concentrations de contrainte qui vont amorcer un grand nombre de crazes (craquelures multiples) ou de bandes de cisaillement et augmenter ainsi le volume de matรฉriau participant ร  la dรฉformation plastique. La premiรจre voie de renforcement du PS consiste ร  polymรฉriser en masse un mรฉlange de styrรจne et de polybutadiรจne de haut poids molรฉculaire. Ce procรฉdรฉ conduit ร  la dispersion de particules molles contenant des inclusions de PS dans une matrice dโ€™homopolystyrรจne. Ces particules jouent le rรดle dโ€™initiateurs de crazes, en crรฉant des concentrations de contraintes ร  leur รฉquateur, mais aussi terminateurs de crazes quand leur taille est suffisamment รฉlevรฉe [92-95]. Ce composite appelรฉ HIPS (High Impact Polystyrene) prรฉsente ainsi un bon compromis entre rigiditรฉ et tรฉnacitรฉ mais il nโ€™est pas transparent. En effet, en raison de la diffรฉrence des indices de rรฉfraction polybutadiรจne/polystyrรจne ( nD25 (PB13 ) = 1,515 et nD20 (PS) = 1,591 [96]) et de la taille des particules supรฉrieure ร  la longueur dโ€™onde de la lumiรจre blanche, le matรฉriau diffracte la lumiรจre visible et il est opaque et blanc. Il serait possible de remรฉdier ร  ce problรจme en remplaรงant le polybutadiรจne par un รฉlastomรจre ayant le mรชme indice optique que le polystyrรจne mais un tel matรฉriau nโ€™existe pas.
Pour palier ce problรจme, les inclusions molles de polybutadiรจne doivent รชtre dispersรฉes ร  une รฉchelle de taille plus petite. Ceci est rendu possible grรขce ร  la nanostructuration des copolymรจres ร  blocs. Ces matรฉriaux sont parfaitement transparents en raison de la taille des domaines microsรฉparรฉs de lโ€™ordre de 5 ร  50nm. En jouant sur la composition, la taille, la structure et lโ€™architecture des chaรฎnes de copolymรจre, sur la composition du mรฉlange homopolystyrรจne/copolymรจre mais aussi sur les conditions de mise en ล“uvre, on obtient des matรฉriaux ayant des propriรฉtรฉs mรฉcaniques allant de celles dโ€™un รฉlastomรจre ร  celles dโ€™un matรฉriau dur et cassant. La partie qui suit vise ร  dรฉcrire les mรฉcanismes de dรฉformation des copolymรจres styrรจne/butadiรจne purs et en mรฉlange avec le polystyrรจne.

Influence de lโ€™architecture du copolymรจre

Des รฉtudes sur des copolymรจres multiblocs ont mis en รฉvidence lโ€™importance des configurations ponts sur les propriรฉtรฉs mรฉcaniques. Plus le copolymรจre comporte de blocs et plus les domaines sont pontรฉs. Pour des longueurs de chaรฎnes constantes, un multibloc (AB)n lamellaire voit son module, son seuil de plasticitรฉ et son รฉlongation ร  la rupture augmenter avec n [104]. Ceci en raison de la diminution des bouts de chaรฎnes dans chaque domaine et la prรฉsence de ponts entre les domaines. De mรชme, lors de la comparaison dโ€™un tribloc avec un pentabloc de mรชme morphologie, le pentabloc est plus ductile [105-106]. Le tribloc se dรฉforme par craquelures alors que le pentabloc se dรฉforme par craquelures et bandes de cisaillement. Les ponts sโ€™opposeraient ร  la formation de trous et donc ร  la formation de craquelures.
Lโ€™utilisation de copolymรจres de type S-(S/I)stat-I oรน la fraction du bloc central statistique varie a permis dโ€™รฉtudier lโ€™influence de la largeur interfaciale sur des morphologies sphรฉriques [107]. La transition progressive entre les particules molles et la matrice rigide aurait pour effet de diminuer la concentration de contrainte ce qui rรฉduirait la formation des crazes et induirait davantage dโ€™รฉcoulement plastique. Ainsi, le blanchiment des รฉchantillons en tension qui indique lโ€™apparition de crazes, apparaรฎt ร  de plus grandes dรฉformations quand la fraction du bloc central augmente. De mรชme, lโ€™รฉlongation ร  la rupture en tension augmente indiquant une plus grande tรฉnacitรฉ et de meilleures propriรฉtรฉs dโ€™impact. Ce mรชme argument, ร  savoir que lโ€™interphase permet de transfรฉrer de maniรจre plus douce la contrainte entre les domaines durs et mous est รฉvoquรฉ dans une รฉtude sur des copolymรจres S-(I/S)gradient-S [108].
Michler et al. [41-47] ont รฉtudiรฉs les propriรฉtรฉs mรฉcaniques des copolymรจres SBS (Styrolux, BASF) dont les architectures et les morphologies dโ€™รฉquilibre sont prรฉsentรฉes au ยง2.4.2, Figure 2-11. Ces copolymรจres prรฉsentent en traction un comportement trรจs variable. Les courbes de traction correspondantes sont prรฉsentรฉes sur la Figure 3-6.
Figure 3-6 : Courbes de traction contrainte/dรฉformation des copolymรจres linรฉaires SBS prรฉparรฉs par รฉvaporation de solvant (a), ou injectรฉs (b) [47].
En comparaison avec les รฉvaporations de solvant, les รฉchantillons prรฉparรฉs par injection prรฉsentent un seuil dโ€™รฉcoulement plus รฉlevรฉ dรป ร  lโ€™orientation des microstructures dans la direction dโ€™injection et un adoucissement beaucoup plus รฉlevรฉ.
โ€ข Le copolymรจre linรฉaire symรฉtrique LN1 casse prรฉmaturรฉment (ฮต R < 20% ) quelle que soit la mise en ล“uvre. Il correspond ร  une morphologie cylindrique. Lโ€™รฉchantillon injectรฉ prรฉsente une morphologie de cylindres orientรฉs dans la direction dโ€™รฉtirement. Le module de Young est donc plus รฉlevรฉ comparรฉ ร  lโ€™รฉchantillon obtenu par รฉvaporation de solvant. Cet รฉchantillon blanchit en se dรฉformant ce qui indique la formation de microvides et un mรฉcanisme de dรฉformation par crazing.
โ€ข Le copolymรจre gradient asymรฉtrique LN2 de morphologie lamellaire est beaucoup plus ductile. Des clichรฉs TEM des structures dรฉformรฉes sont prรฉsentรฉs sur la Figure 3-7. Il prรฉsente un seuil dโ€™รฉcoulement aprรจs lequel une striction se forme.

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Table des matiรจres

PARTIE I : ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE
1 INTRODUCTION SUR LES COPOLYMERES
2 QUELQUES ASPECTS DE LA THERMODYNAMIQUE DES COPOLYMERES A BLOCS
2.1 DIAGRAMME DE PHASES DES DIBLOCS
2.2 STRUCTURATION EN PHASE LAMELLAIRE
2.3 DIAGRAMME DE PHASES DES TRIBLOCS ABA
2.3.1 Triblocs ABA symรฉtriques
2.3.2 Triblocs ABA asymรฉtriques
2.4 MODIFICATION DE LA SEQUENCE DES MONOMERES DU COPOLYMERE
2.4.1 Diagramme de phase
2.4.2 Profils de composition des microdomaines
2.5 LES MELANGES COPOLYMERE/HOMOPOLYMERE
2.5.1 Structuration ร  lโ€™รฉquilibre thermodynamique
2.5.2 Influence de la mise en oeuvre sur les mรฉlanges
3 RENFORCEMENT ET ENDOMMAGEMENT DU POLYSTYRENE
3.1 LES POLYMERES AMORPHES AUX GRANDES DEFORMATIONS
3.2 LE RENFORCEMENT DU POLYSTYRENE
3.3 MECANISMES DE DEFORMATION DES ALLIAGES NANOSTRUCTURES
3.3.1 Les copolymรจres purs
3.3.2 Les mรฉlanges homopolymรจre/copolymรจre
4 POSITION DE Lโ€™ETUDE
REFERENCES
PARTIE II : SYNTHESE DE COPOLYMERES SBS A GRADIENT DE COMPOSITION
1 INTRODUCTION
2 INFLUENCE DES CONDITIONS DE SYNTHESE
2.1 RAPPELS SUR LA SYNTHESE ANIONIQUE
2.2 INFLUENCE DU CONTRE-ION
2.3 INFLUENCE DU SOLVANT4
2.4 INFLUENCE DE LA TEMPERATURE
2.5 VARIATION DE LA MICROSTRUCTURE DU POLYBUTADIENE
3 LE MODELE CINETIQUE
3.1 LE MODELE TERMINAL
3.2 EVOLUTION DE LA COMPOSITION DU MELANGE DE MONOMERE
3.3 EVOLUTION DE LA COMPOSITION MOYENNE ET INSTANTANEE DU COPOLYMERE
3.4 EVOLUTION DE LA FRACTION DE STYRENE STATISTIQUE
4 PARTIE EXPERIMENTALE
4.1 DESCRIPTION DE LA SYNTHESE
4.2 EXPLOITATION DES MESURES DE CONVERSION
4.3 DETERMINATION DES RAPPORTS DE REACTIVITE RS ET RB
4.3.1 Modรฉlisation des points expรฉrimentaux
4.3.2 Vรฉrification de la fraction en styrรจne statistique
4.4 DETERMINATION DE LA TAILLE DU BLOC S2
4.5 DETERMINATION DE LA FRACTION DE CHAINES MORTES
4.6 EVALUATION DE LA MASSE MOLECULAIRE DU COPOLYMERE ET DISCUSSION SUR LES MESURES DE SEC88
4.7 RAPPORTS DE REACTIVITE POUR CHAQUE SYNTHESE
4.7.1 Profils de composition
4.7.2 Estimation de la taille du bloc S2
5 CONCLUSION
REFERENCES
PARTIE III : PARTIE EXPERIMENTALE
1 TECHNIQUES DE CARACTERISATION
5.1 MICROSTRUCTURE ET COMPOSITION DES COPOLYMERES
1.1.1 Dรฉtermination de la distribution de masse par chromatographie dโ€™exclusion stรฉrique (SEC)
1.1.2 Rรฉsonance magnรฉtique nuclรฉaire du proton
1.2 PROPRIร‰Tร‰S VISCOร‰LASTIQUES
1.2.1 Analyse mรฉcanique dynamique (DMA)
1.2.2 Mesures de rhรฉologie
1.3 STRUCTURATION DES COPOLYMERES
1.3.1 Microscope รฉlectronique ร  transmission
1.3.2 Diffraction des rayons X aux petits angles (SAXS)
2 TECHNIQUES DE MISE EN OEUVRE
2.1 EXTRUSION
2.2 COMPRESSION
2.3 EVAPORATION DE SOLVANT
2.4 INJECTION
3 MESURE DE TRANSPARENCE
4 PROPRIETES MECANIQUES
5 SYNTHESES DE POLYSTYRENES MONODISPERSES PAR VOIE RADICALAIRE
CONTROLEE
5.1 PRINCIPES DE LA RADICALAIRE CONTROLEE
5.2 PROTOCOLE EXPERIMENTAL
6 PRODUITS
6.1 LES COPOLYMERES SBS
6.2 LES HOMOPOLYSTYRENES
REFERENCES
PARTIE IV : STRUCTURATION ET PROPRIETES MECANIQUES DES COPOLYMERES PURS
1 INTRODUCTION
2 STRUCTURATION A Lโ€™EQUILIBRE THERMODYNAMIQUE
2.1 MORPHOLOGIES Dโ€™EQUILIBRE
2.2 TAILLE DES DOMAINES
2.3 ARRANGEMENT DES CHAINES DANS LES MICRODOMAINES
3 STRUCTURATION APRES EXTRUSION
4 PROPRIETES THERMOMECANIQUES AUX FAIBLES DEFORMATIONS
4.1 LES ECHANTILLONS A Lโ€™EQUILIBRE THERMODYNAMIQUE
4.2 LES ECHANTILLONS EXTRUDES
4.3 PROFILS DE COMPOSITION DES MICRODOMAINES
4.3.1 Le modรจle de Kerner
4.3.2 Application de la relation de Kerner aux copolymรจres extrudรฉs
5 PROPRIETES MECANIQUES AUX GRANDES DEFORMATIONS
6 CONCLUSION
REFERENCES
PARTIE V : STRUCTURATION ET PROPRIETES MECANIQUES DES MELANGES COPOLYMERE / POLYSTYRENE
1 INTRODUCTION
2 MISCIBILITE A Lโ€™EQUILIBRE THERMODYNAMIQUE
2.1 LES POLYSTYRENES MONODISPERSES DE FAIBLES MASSES
2.1.1 Mรฉlanges avec CGA
2.1.2 Mรฉlanges avec CA
2.1.3 Mรฉlanges avec CS
2.2 ฮฑ >>1, LES POLYSTYRENES INDUSTRIELS
3 MISCIBILITE SOUS CISAILLEMENT
3.1 INFLUENCE DU TEMPS Dโ€™EXTRUSION
3.2 INFLUENCE DE LA TEMPERATURE Dโ€™EXTRUSION
3.3 VITESSE DE DISPERSION DU COPOLYMERE
3.4 INFLUENCE DU POIDS MOLECULAIRE DE Lโ€™HOMOPOLYSTYRENE
3.4.1 Les homopolystyrรจnes industriels de haut poids molรฉculaire
3.4.2 Les homopolystyrรจnes de faible poids molรฉculaire
3.5 INFLUENCE DE Lโ€™ARCHITECTURE DU COPOLYMERE
4 DYNAMIQUE DE SEPARATION DE PHASE DES MELANGES
5 PROPRIETES MECANIQUES
5.1 COMPORTEMENT DES MELANGES EN TRACTION
5.2 FRACTIONS FONDUES A 25ยฐC ET PROPRIETES MECANIQUES
5.3 UNE TENTATIVE Dโ€™INTERPRETATION DES PROPRIETES MECANIQUES
6 CONCLUSION
REFERENCES

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