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L’acte de naissance du Louma
La naissance des marchés ruraux périodiques les plus anciens au Sénégal remonte à la période précoloniale. Dans la région de Thiès de même, la plupart des marchés ruraux ont un caractère récent. Les plus anciens font l’exception. Parmi eux, le marché de Touba Toul.
C’est dans ce même ordre d’idée que Nguyen Van Chi BONNARDEL affirme que « le marché de Keur Samba Kane et celui de Touba Toul sont nés à une existence administrative officielle au lendemain de la guerre de 1914-1918, mais il semble bien avoir existé auparavant3 ». Même si la naissance du louma n’est pas antérieure au XIXe siècle et sans doute à l’occupation coloniale, elle remonte au-delà de 1914-1918.
Ce lieu abritait l’essentiel des cérémonies traditionnelles Sérères. C’est à l’issue de ces rencontres périodiques que sont nées les premières activités d’échanges. Ces dernières étaient principalement marquées par la vente de l’alcool, des produits agricoles (mil en particulier) et des articles de ménages (calebasses).Rappelons qu’à cette époque, les échanges se faisaient par le système du troc.
Sans demeurer longtemps, le marché a connu une phase de déclin, avant de reprendre ses activités avec la naissance du mouvement mouride dans la localité. Le fondateur du mouridisme qui devait répondre à une convocation des colons Français à Saint-Louis séjourna à Touba Toul. L’accueil chaleureux qui lui était réservé lui a poussé à ajouter le préfixe Touba sur le nom Toul à l’image de la ville sainte après avoir effectué la prière du
« tisbar » (14 h).De retour à Touba à la suite de son installation définitive en 1912, Cheikh Ahmadou Bamba envoya son frère Mame Cheikh Anta Mbacké dans cette localité à dominante animiste. Celui-ci est venu lancer un appel pour la renaissance du marché hebdomadaire de Touba Toul. Depuis, le louma n’a cessé d’évoluer et cela, grâce à la conjugaison de plusieurs facteurs.
Les facteurs d’évolution du louma
L’évolution du louma de Touba Toul relève de plusieurs ordres.
L’influence du mouridisme
Le développement de la culture de l’arachide
L’histoire de Touba Toul permet de comprendre l’importance et surtout l’influence du mouridisme dans les activités et plus généralement dans la vie des populations. Elle s’inscrit dans le mouvement d’expansion du mouridisme sur les parties orientales et occidentales de Diourbel. Parallèlement à la recrudescence du Louma, le marabout incite les talibés à défricher de nouveaux espaces. Ces défrichements permettent alors d’accroitre la production arachidière au détriment des cultures vivrières.
Le phénomène a engendré à Touba Toul une profonde mutation dans la société paysanne sérère. Selon Paul PELLISSIER, « la pression du mouridisme se manifeste dans le remplacement des cultures vivrières par les cultures commerciales, cela pour la satisfaction des besoins en produits manufacturés et des dons au marabout4 ».
L’appel de Mame cheikh Anta Mbacké
En plus du développement de la culture de l’arachide, l’appel de Mame Cheikh Anta Mbacké a été retentissant. Dans le souci de faire du louma un vaste pôle de convergence des populations, le marabout, de retour d’un pèlerinage à la Mecque en 1925, lance son premier appel pour la renaissance du louma. Après avoir effectué la prière du « takusan » (prière de 17h), le marabout convoqua tous les notables du village devant son domicile. L’objet de cette rencontre était de formuler des prières pour la réussite et la continuité du Louma. Il envoya dans ce même ordre d’idée un de ses « beuk-negg » (homme de confiance) Thione Sèye dans le Sine, le Saloum, le Cayor et le Baol. Celui-ci, dans son parcours, devrait rapporter du sable qui serait ensuite éparpillé dans toutes ces localités.
L’intention formulée à travers ces vœux était d’élargir la zone d’influence du marché. En plus de la prière, le marabout rachetait toute la mévente à chaque fin de marché. Tout cela dans le but d’encourager les commerçants à revenir une prochaine fois. Rappelons qu’à cette période les activités étaient essentiellement dominées par la vente de faibles quantités de mil, d’arachides, de niébés, etc.
Aujourd’hui, ces mêmes activités se tiennent toujours devant le domicile du marabout, mais avec des quantités très importantes.
Les voies de communications
L’évolution du louma est également liée à une couverture assez correcte en piste de production. Créées depuis la colonisation, ces routes avaient une fonction de relais entre Touba Toul et les grands centres pour la collecte de l’arachide. Ce maillage routier sera renforcé par l’autoroute à péage Thiès-Touba qui traverse la localité à hauteur du village de Ndiefoune Keur Macodou.
L’existence de ces voies de communications est d’autant plus prospère aujourd’hui, qu’elles ont favorisé l’ouverture de Touba Toul aux différentes régions du Sénégal.
Les infrastructures techniques de base
Ces infrastructures sont essentiellement l’eau, l’électricité et le téléphone.
L’eau
Le louma de Touba Toul dispose d’un forage qui assure chaque samedi le ravitaillement en eau potable. L’eau constitue ainsi un facteur important pour le fonctionnement du marché.
L’électricité
L’électricité occupe une place de choix pour le fonctionnement du louma. Elle garantit la sécurité et permet en même temps d’accélérer le rythme des échanges. C’est un facteur de modernisation qui permet d’accéder à un niveau supérieur de la qualité de vie.
Les technologies de l’information et de la communication
Comme l’électricité, le téléphone permet d’activer les circuits commerciaux. Le commerçant au marché peut maintenant, grâce aux différentes lignes, rester sur place et faire ses commandes en ce qui concerne l’approvisionnement ou la distribution de produits.
La proximité de la ville de Khombole
La ville de Khombole est reliée à celle de Touba Toul par une route bitumée de 7 km. De cette piste, partent quotidiennement des taxis brousses, des cars, des camions, des charrettes vers la capitale par l’axe Diourbel-Thiès-Dakar. Cette proximité du centre de Khombole est un facteur déterminant sur la vie et l’évolution du louma. C’est ainsi que le rapporte Régine Van Chi Nguyen BONNARDEL : « les marchés ruraux périodiques apparaissent même d’autant plus prospères qu’ils sont plus proches du centre urbain5 ».
Aujourd’hui, cette prospérité du louma est si grande qu’il suscite une organisation.
Organisation interne du louma
Le fonctionnement du marché relève d’une réglementation stricte éditée par l’autorité du conseil municipal. Cette réglementation est plus rigoureusement observée qu’on ne pourrait le laisser croire l’anarchie apparente.
Les « horaires »
Le marché ouvre ses portes tous les samedis à partir de sept heures du matin. La fermeture est prévue à dix-huit heures, sauf les permanents qui peuvent continuer leurs activités jusqu’à l’heure souhaitée. Du fait de la longue distance à parcourir pour arriver au marché, certains acteurs arrivent la veille du louma. L’absence de service de gardiennage oblige ces derniers à attendre une bonne partie de la nuit à côté de leur marchandise.
Le changement du jour du marché peut subvenir, surtout à l’approche de certaines fêtes religieuses (Tabaski, Korité, etc.).
La taxe de marché
Chaque vendeur détaillant qui occupe une place sur le marché doit payer, outre la patente calculée d’après un chiffre d’affaire forfaitaire, une taxe de place. Celle-ci est acquittée chaque matin au passage de l’agent percepteur. La taxe de marché n’est pas fixe. Elle varie selon la nature du produit vendu, selon les dimensions de l’étal. Cette perception donne lieu à de fréquents abus liés à ce que les acteurs appellent la négociation. Ce système consiste à verser la moitié de la somme intégrale sans la délivrance d’aucun reçu.
Le marché de Touba Toul est accessible à n’importe quel vendeur à la seule condition de se mettre en règle quant à la place occupée et aux taxes.
Les différentes aires du louma
L’aménagement du marché qui semble en apparence désordonné respecte cependant une occupation spatiale vigoureuse selon la nature des produits.
Le marché des céréales
Communément connu sous le nom de « daxarga »(tamarinier), ce lieu correspond toujours à la devanture du domicile du marabout et est spécialement réservé à la vente et l’achat des produits agricoles (arachides, mil, niébé, bissap, etc.).Cette place est destinée, depuis l’appel de Mame Cheikh Anta à ces mêmes denrées. Aujourd’hui, les grandes quantités vendues et achetées font qu’elle est plus ou moins aménagée en cantines fixe et des bascules en location.
Le marché au poisson et des fruits et légumes
Ce lieu est symbolisé par la construction d’un hall. La faiblesse et la dissémination des produits font que les rares aménagements, souvent sommaires, sont soit des nattes, des tentes en tôles ondulées, des pagnes étendues à même le sol, des caisses, etc.
Le marché de bétail
Situé au auparavant à 20 m du marché au poisson, ce secteur a subi de multiples déplacements. Ces transferts sont liés en grande partie au nombre impressionnant de bétail (6608 têtes environ) qui fréquente le louma tous les samedis. Ce lieu est aujourd’hui découpé en quatre grandes parties que sont le marché de bovins, des caprins et des ovins, de la volaille, des équins et des asins (cf. figure 7). Chacune de ces parties est placée sous les responsabilités d’un chef de file désigné par eux et qui joue un rôle de régulateur.
La gare routière
Elle est clôturée en dure et fonctionne de façon permanente mais la grande affluence des taxis brousses (« clandos ») et des cars communément appelés « Ndiaga-Ndiaye » correspond au jour du louma. C’est le lieu de débarquement et d’embarquement des commerçants. Elle est dirigé par un chef qui organise les entrées et les sorties et reçoit les mandats qui sont de 2000 f pour les cars et 300 f pour les taxis-brousses.
Elle constitue un avantage pour les localités enclavées qui en dehors du jour du louma, éprouvent d’énormes difficultés pour se déplacer.
Les activités commerciales
Ce secteur regroupe l’essentiel des activités économiques du louma. Son organisation laisse apparaitre une certaine hiérarchisation. Cette
différenciation est fonction de la nature du réseau et système d’approvisionnement. Ainsi deux catégories de commerces existent : le commerce de gros et celui du détail.
Le commerce du gros
Cette catégorie de commerce constitue un rouage essentiel des activités commerciales. Elle porte sur divers produits allant des produits alimentaires (riz, sucre, huile, tomate, etc.) aux produits industriels (matériaux de construction, de biens d’équipement) passant par les produit manufacturés et divers.
L’importance de la clientèle fait que les commerçant, constitués en majorité d’hommes résidant à Touba Toul, emploient au jour du louma quatre voire cinq personnes. Ces dernières peuvent bénéficier d’une indemnité de cinq à dix mille francs la journée.
Les revenus de ces commerçant grossiste varient suivant les jours et les périodes. Ils sont plus importants le jour du marché surtout quand celui-ci coïncide avec une fête (Tabaski, Korité, et autres).
Cette variation du chiffre d’affaire est surtout liée au fait que la majorité des clients ont un approvisionnement hebdomadaire. Le jour du marché constitue pour l’essentiel des détaillants le moment opportun pour se ravitailler en divers produits.
Le commerce de détail
Il constitue l’activité la plus représentée. Il porte sur différents produits et mobilise plusieurs acteurs.
Les produits
Ils concernent une gamme très variée. Les plus importants sont les produits alimentaires, les produits manufacturés et artisanaux, les produits de la pêche, les produits maraichers, la friperie, mais également les produits agricoles et d’élevage. Les transactions portant sur deux derniers types de produits sont si importantes qu’elles suscitent une analyse détaillée.
Les produits agricoles
Le marché offre une grande variété de produits agricoles. On peut distinguer les céréales (mil, niébé) et l’arachide. Ces produits sont commercialisés en grandes quantités sur le louma.
Le mil
Le mil était au départ peu commercialisé. Il portait sur de petite quantité et était particulièrement l’apanage des femmes. C’est dans cette considération que Jérôme LOMBARD affirme que : « la vente du mil est ainsi structurée : quelques kilogrammes pour les femmes provenant de leur parcelle personnelle, plusieurs centaines de kilogrammes pour les hommes qui se réservent les grosses ventes6 ».
Aujourd’hui, ce produit mobilise des centaines d’acteurs. Sur le marché les producteurs vendent le mil et les bana-bana constituent les principaux clients. Par le bana-bana, le mil est acheminé vers le centre urbain où il sera commercialisé avec d’avantage de bénéfice. Les grands commerçants détaillants sillonnent, comme les bana-bana, les villages et les petits louma à la recherche du mil. Les quantités collectées sont ensuite stockées en attendant la période de soudure.
L’évolution des prix du mil
L’évolution des prix de cette céréale varie en fonction des saisons. Le « looli7 » est la période de grande abondance. À cette période l’offre est largement supérieure à la demande. Cette situation se traduit par la baisse des prix du mil sur le marché.
Au « coroone8 », le prix du mil a tendance à accuser une hausse. Cela est en partie lié au fait que les mois de mai et juin correspondent, généralement au Sénégal, au début de l’hivernage. Pendant cette période, les stocks des paysans de nourriture commencent à s’épuiser. Cette situation se manifeste ainsi par une demande nettement supérieur à l’offre.
Le prix du mil peut également connaitre une variation en fonction des signes de l’hivernage. Si l’hivernage s’annonce bon, les commerçants libèrent les stocks. La grande irruption de ce produit sur le marché entraine une baisse du prix au kilogramme.
Par contre si les premiers signes de l’hivernage ne sont pas prometteurs, les commerçants continuent à stocker le mil ou à le vendre à un prix au kilogramme exagéré.
Le niébé
Le niébé était autrefois associé à la culture de l’arachide ou cultivé seul dans une petite superficie. Sa commercialisation sur le marché était comme le mil moins importante et était entre les mains des femmes. Aujourd’hui, le niébé occupe une place très importante dans l’alimentation quotidienne des Sénégalais. Sa forte consommation surtout en milieu urbain a entraîné l’augmentation de sa production et de sa commercialisation sur le marché.
Les circuits de la commercialisation du niébé sont les mêmes que ceux du mil. Du producteur, le niébé est acheté par le bana-bana. Ces derniers vont ensuite les revendre dans les marchés de consommation particulièrement dans les grands centres urbains.
L’évolution des prix du niébé
L’évolution des prix du niébé sur le marché connait les mêmes processus que celle du mil. Le prix au kilogramme de niébé accuse une hausse au « coroone », par contre pendant le « looli », il connait une baisse.
L’arachide
Plante commerciale, l’arachide suit les mêmes processus d’achat et de vente que les autres produits précédemment évoqués. Suite à la libéralisation du commerce, la vente et l’achat de l’arachide est sous le monopole des grands commerçants détenteurs de capitaux et les organismes comme la Suneor mais également les chinois depuis ces dernières années.
En dehors de ces opérateurs privés, les transactions sur l’arachide sont entre les mains des bana-bana, généralement des femmes. Le développement et l’implantation des mutuelles d’épargne et de crédit à Touba Toul (PAMECAS, UNACOIS JAPPO) permettent aux femmes de bénéficier des prêts. Ces avantages financiers les incitent à se lancer dans les activités commerciales. Sur le marché les groupements de femmes peuvent maintenant acheter ou vendre de grandes quantités d’arachide, environ cinq à huit tonnes.
L’évolution des prix de l’arachide
Les prix de l’arachide, toute catégorie confondue, suivent les mêmes processus d’évolution que les céréales. Ils connaissent une baisse en « looli » et une hausse au « coroone ».
Les quantités de produits agricoles commerciales sur le Louma
Les quantités commercialisées sur le louma varient d’un produit à un autre. Les quantités portant sur l’arachide décortiqué et coque n’ont pas connu une grande évolution entre 2013 et 2014.
Malgré la reprise des pluies au cours de ces trois années, les problèmes de semences de qualités auxquels sont confrontés les paysans ainsi que la réduction des superficies réservées à la culture de l’arachide expliquent en grande partie cette baisse de la production. À cet effet, les quantités commercialisées sur le louma deviennent faibles.
Par contre, les autres produits qualifiés de vivriers tels que le mil et le niébé existent en grande quantité sur le marché. L’analyse de ces importantes quantités de céréales faisant l’objet d’achat et de vente sur le marché pose l’épineuse question de la notion de culture de rente et de culture vivrière. Où commence et s’arrête le vivrier ?
La frontière entre les deux n’est pas facile à trancher. Ces plantes qui étaient alimentaires et civilisations sont devenues des plantes commerciales ou de rente puisqu’elles ont perdu leur vocation première qui était de nourrir les hommes. Les hauts rendements et la forte productivité sont les seuls objectifs qui commandent leur culture.
En plus de ces catégories de produits agricoles, il ya le cas particulier des produits de l’élevage.
Le Marché de bétail
Le louma de Touba Toul regroupe une grande variété de bétail. On y retrouve les bovins, les ovins, les caprins, les équins, les asins et la volaille. Ces dernières années l’effectif du bétail a connu une légère augmentation grâce aux campagnes de vaccinations et à la distribution d’aliments de bétail menée par la Direction de l’élevage. La commune enregistre aussi un flux important de bétail venant des départements et des régions voisines dont une bonne partie est commercialisées sur le louma.
La diminution progressive des zones de pâturages constitue le principal obstacle au développement de l’élevage.
Répartition du bétail au jour du louma
Les résultats d’enquêtes effectuées pendant quatre semaines de marché nous ont permis d’avoir l’évolution moyenne des effectuons commercialisées. Sur le marché, les petits ruminants et la volaille dominent de loin les autres espèces.
On trouve ainsi 2825 têtes de caprins et d’ovins soit 42,75% de l’effectif total. Quant à la volaille, elle représente 2738 têtes soit 41,43%. Après ces catégories d’espèces dominantes, viennent les bovins avec 505 têtes soit 7,64%, les équins 412 têtes soit 6,23% et en fin les asins 128 têtes soit 1,95%.
Les activités connexes
Ces activités concernent principalement la vente de foin, la restauration, la location et diverses autres occupations.
La vente de foin
L’activité d’achat et de la vente de la paille d’arachide est très développée sur le marché. Chaque samedi, de grandes quantités de pailles d’arachide sèche sont exposées sur le marché. Cette activité est exercée par les commerçants Kaolackois et autres paysans de la localité. Ils viennent par camions ou par charrettes chargés de foin. Celui-ci est vendu par sacs ou par tas et sert à l’approvisionnement en nourriture des animaux. Sa localisation aux abords du marché à bétail permet plus facilement sa commercialisation.
Le prix du sac varie selon la saison. A l’approche de l’hivernage, le sac peut être vendu à 3000 francs ou plus. Cette hausse est liée au fait que pendant cette période, les réserves destinées à l’alimentation du bétail touchent à leur épuisement. À la période des récoltes par contre, le prix du sac connaît une baisse pour se situer à 1500 francs. L’abondance de la paille au cours de cette période explique cette chute.
La restauration
La restauration proposée sur le marché est variée. On peut recenser les pensions, les « tangana », les dibiteries et la boucherie.
Les pensions
Elles servent de déjeuner sur le marché et sont généralement connues sous le nom de restaurant. Le marché compte ainsi 87 restaurants qui ne fonctionnent que le jour du louma. Ils sont tenus par les femmes en majorité sérères et wolofs provenant essentiellement des communes de Touba Toul, Keur Samba Kane et Khombole. Les menus proposés sont divers. Les plus représentés sont le riz au poisson et de la viande. Les prix varient ainsi suivant les plats proposés. Ils sont de 500 francs par plat pour le riz au poisson et 800 francs par plat pour la viande. Les recettes varient d’une période à une autre. Elles sont plus importantes pendant la période de la traite allant ainsi de 1000 à 15 000 f CFA.
Les « tangana »
Les « tagana » servent de petit déjeuner. Les menus proposés sont divers. Les plus importants sont le « café Touba », le café au lait, le « ndambé », des œufs, et de la bouille de mil, etc. Rappelons que le thé est de plus en plus vendu dans le louma.
Les prix varient suivant le plat. Ils se situent généralement entre 50 francs et 600 francs. Le service du petit déjeuner est l’affaire à la fois des hommes et des femmes. Les résultats d’enquêtes ont également montré que 90% d’entre eux gèrent en même temps le déjeuner et ont les mêmes lieux de provenance.
La boucherie
Elle est lieu de ravitaillement de la viande. Elle correspond au site originel du louma. Chaque samedi, des dizaines de têtes d’animaux sont abattues. La viande ainsi obtenue est destinée en majorité aux restaurants qui fonctionnent sur le marché. La plupart des ménages et autres particuliers des villes de Khombole, Thiès, viennent aussi dans les boucheries pour se ravitailler en viande.
La location
La location est une activité très développée sur le marché. Les enquêtes effectuées ont montré que 75% des acteurs qui exercent sur le marché ne disposent pas d’une place fixe. Ce phénomène est plus manifeste dans le marché des céréales et des fruits et légumes. L’essentiel des commerçants qui évoluent dans ces lieux prennent en location leur place. Le prix en location est journalier et varie suivant l’état de la place. Il se situe ainsi entre 500 et 2000 francs.
Les autres activités
En dehors des activités précédemment décrites, existent plusieurs autres sur le marché. Les plus importantes concernent la couture, la friperie, la vente d’eau, de jus (bissap, tamarins, etc.).
Les activités économiques sont ainsi structurées, son ampleur reflète les fonctions actuelles du louma.
LES FONCTIONS RÉGALIENNES DU LOUMA
Les courants d’échanges entre Touba Toul et le reste du pays permettent de mesurer les fonctions que joue le louma au niveau local, régional voire national.
Fonctions d’approvisionnement et de distribution
L’approvisionnement du marché en produits commercialisés sur le Louma ainsi que l’identification des lieux de provenance et de destination reflètent l’intensité des flux d’approvisionnement et distribution.
Fonction d’approvisionnement
L’approvisionnement du marché en produits est divers. L’intensité des flux varient selon la nature du produit et de la région.
Les produits agricoles
Les principaux produits agricoles commercialisés sur le marché portent sur l’arachide, le mil et le niébé. L’approvisionnement du marché en ces types de produits relève principalement de la zone d’influence immédiate. Cette zone couvre les villages de la commune de Touba Toul. Les départements de Tivaouane, Bambey et les Louma de Réfane, Keur samba Kane et Mbouloucténe sont aussi des exemples d’approvisionnement.
Les bana-bana sillonnent ces localités pour la collecte de produits agricoles. Ces derniers sont acheminés vers le louma de Touba Toul qui constitue le grand pôle.
Les produits de l’élevage
L’approvisionnement du louma en bétail est divers. Les équins et les asins proviennent essentiellement des départements de Thiès, Tivaouane et Bambey.
Ils proviennent également du marché à bétail de Mbar dans la région de Saint-Louis. La commercialisation de ces catégories d’animaux est plus importante en début d’hivernage.
Quant aux bovins et petits ruminants, l’approvisionnement du louma concerne, en plus de la production locale, le mouvement du bétail vers les marchés nationaux.
Le parcours du cheptel se fait ainsi des marchés de production vers les marchés de regroupement, ou de consommation. Suivant cette logique, Mpal, Dahra, Mbacké et Bambey sont les principaux fournisseurs. Pour ce qui est de la volaille, elle est constituée de poules et de canards issus de l’élevage traditionnel. L’approvisionnement du marché concerne des villages environnants. Les dérivés de l’élevage échangés sur le louma concernent les peaux et les œufs.
Les peaux proviennent de la ville de Khombole et Bambey. Quant aux œufs, ils sont issus de l’élevage moderne et le ravitaillement du louma provient essentiellement des villes de Khombole Thiès et Dakar.
Les produits manufacturés
Les principaux produits sont ceux de la quincaillerie et des articles de ménage, la friperie, les produits cosmétiques, de la contrebande et divers autres produits sont présents sur le marché. Ils viennent des centres urbains et les villes de Dakar, Thiès et Diourbel constituent pour les commerçants grossistes et forains les principales zones d’approvisionnement.
Les fruits et légumes
Ils proviennent essentiellement de la zone des bassins maraîchers. Tivaouane et Mboro sont les principaux fournisseurs du louma. Les marchés urbains tels que Thiaroye et Dakar occupent aussi une place importante pour la fourniture du louma en fruits et légumes. En plus de cet apport extérieur, la commune joue aussi un rôle non négligeable pour le ravitaillement du louma en fruits et légumes.
La multiplication des points d’eau et l’encadrement des femmes en associations ou groupements villageois ont d’avantage rendu possible le développement du maraîchage. Ainsi, dans la commune, les cultures de contre saison concurrencent de très près les autres cultures. Le marché hebdomadaire constitue à cet effet pour ces nombreux producteurs l’unique occasion d’écouter leurs produits.
Les produits alimentaires
Ces produits de consommation courante sont bien présents sur le marché. Ils portent sur le riz, le sucre, la tomate industrielle, l’huile végétale raffinée, l’huile de palme, etc. Ces produits proviennent des grands centres de production. Ainsi, la plupart des commerçants s’approvisionnent dans les villes de Dakar, Thiès, Diourbel et du marché de Diaobé dans la région de Kolda.
Les autres produits
Ces produits sont diversement représentés sur le marché. Ils concernent entre autre le poisson frais, fumé et sec. La petite côte et le marché urbain de Thiaroye constituent les sources d’approvisionnement du louma.
Le sel est aussi commercialisé en grande quantité sur le louma. Il est stocké dans des magasins ou chargé dans des camions en provenance de Kaolack et Dakar.
Les produits de la forge sont aussi présents sur le marché. Il porte sur les matériaux agricoles (hilaires, daba, pièces de charrette, de semoirs, etc.). L’approvisionnement du marché en ces types de produits est particulièrement local. Le faible apport extérieur provient des villes de Thiès, Bambey et Khombole.
Les produits artisanaux occupent également une place importante. Ils concernent les mortiers et divers autres produits.
L’observation des flux et la diversité des produits montrent que le louma de Touba Toul s’appuie largement sur l’extérieur pour son approvisionnement les régions de Thiès, Diourbel et Dakar constituent les principales zones d’appel.
Les fonctions de distribution
Comme pour l’approvisionnement, la distribution porte sur divers produits et varie selon les régions. Les produits les plus représentés sont ceux de l’agriculture et de l’élevage.
Les produits agricoles
Les produits agricoles sont aussi bien sollicités en milieu rural qu’en milieu urbain. Le Louma de Touba Toul constitue pour les villages de la communauté rurale et des départements voisins une source de ravitaillement. Les paysans de ces localités viennent au marché, soit pour s’approvisionner en semence soit pour combler le déficit vivrier. Le louma fournit également aux banabana et grands commerçants des villes de grandes quantités de produits agricoles. Ces derniers viennent des régions de Thiès, Dakar et Diourbel.
Les produits de l’élevage
Le louma de Touba Toul offre une grande variété de bétail. La distribution couvre un vaste ensemble régional. Le marché fournit aux régions du bassin arachidier l’essentiel des animaux de traite. L’importance de ces animaux pour le transport de marchandise surtout en ville fait que les régions de Dakar, Thiès, Louga et Saint-Louis sont les principales destinations de cette catégorie d’espèce.
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Table des matières
Objectifs et hypothèses de recherche
Méthodologie
Première partie : Présentation de la zone d’étude
Chapitre I : Le village de Touba Toul
I-1- Situation géographique
I-2- Historique du peuplement
I-3- La population
Chapitre II : Le louma de Touba Toul : naissance, facteurs
d’évolution et organisation interne
II-1- L’acte de naissance du louma
II-2- Facteurs d’évolution du louma
II-3- Organisation interne
Conclusion partielle
Deuxième partie : Structuration des activités économiques et fonctions régaliennes du louma
Chapitre I : Structuration des activités économiques
I-1- Les activités commerciales
I-2- Le transport
I-2- Les activités connexes
Chapitre II : Les fonctions régaliennes du louma
II-1- Fonctions d’approvisionnement et de distribution
II-2- Fonction d’intégration urbano-rurale
II-3- Fonction politique
II-4- Fonctions économiques
Conclusion partielle
Troisième partie : Expansion spatiale et conséquences
Chapitre I : Les mutations spatiales
I-1- L’évolution de l’occupation spatiale de 1978 à 1989
I-2- L’évolution de l’occupation spatiale de 1989
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