Stroop émotionnel

Stroop émotionnel

Approche théorique

La phobie est un terme souvent mal utilisé : il est fréquent d’entendre une personne se qualifier de phobique d’un objet alors que le sentiment de peur qu’elle expérimente à son égard est relativement faible. A cette méconnaissance du trouble s’ajoute les noms complexes utilisés pour désigner certaines phobies qui peuvent laisser sceptique quant au sérieux de ce champ de recherche, tels que la chronomentrophobie pour qualifier la peur des horloges ou encore la xanthophobie pour désigner la peur de la couleur jaune. La partie abordée ici se propose de délimiter le plus clairement possible l’objet de notre étude, tant en termes de définition du trouble qu’en termes de nosographie afin de lui restituer sa juste place dans la recherche en psychologie.

La PS est un trouble d’ordre psychologique appartenant à la catégorie des troubles anxieux, au sein duquel sont classés les phobies sociales et les troubles paniques. La PS est consensuellement définie comme une peur intense et persistante avec un caractère irraisonné induite par l’anticipation ou la confrontation avec certains objets ou certaines situations (APA, 2000). Cette définition veut rendre compte de l’aspect pathologique de la PS ; le sentiment de peur intense mentionné par la définition révèle ce qui distingue la phobie d’un objet de la crainte d’un objet : sur un continuum allant du normal au pathologique, la PS est ancrée dans le pathologique alors que la crainte justifiée est normale.

Nous retrouvons dans le mésusage du terme de phobie la critique de Bergson (1900) qui reproche aux mots d’amputer la pluralité des significations qu’un individu peut attribuer à un signifiant. Ce problème des mots-étiquettes était pourtant moins pénalisant concernant la peur dans la langue grecque : deos signifiait la peur réfléchie et contrôlée alors que phobos décrivait une peur irraisonnée et irrationnelle. Aujourd’hui, il convient de distinguer peur normale (deos) qui est de l’ordre de l’émotion, d’un signal d’alerte face à un danger, de peur pathologique (phobos), alarme mal réglée, tant dans son déclenchement que dans son contrôle (André, 2004). Effectivement, la personne exposée au stimulus phobogène ressent le plus souvent une tension anxieuse immédiate, quand bien même elle a conscience que sa peur est disproportionnée face au danger réel encouru (Mirabel-Sarron et Vera, 2012a). Cette précision étant établie, nous nous centrerons sur les différents sous-types de la PS.

Comment une phobie spécifique se développe-t-elle ? Jusqu’au XIXème siècle, la phobie était considérée comme étant de l’ordre du mystique, relevant de la possession ou de la sorcellerie (Mirabel-Sarron et Vera, 2012a). Il faudra attendre la première classification de Morel pour que le champ des souffrances phobiques soit rattaché à la psychiatrie, en 1866. C’est ensuite les théoriciens psychodynamiques qui se sont attelés à la question de l’étiologie de la phobie. Freud (1926) voit dans la phobie une formation de compromis où la représentation d’un objet aimé et détesté est déplacée sur un objet moins significatif mais empreint de peur afin de permettre à l’individu de fuir l’objet sans avoir conscience de fuir le conflit. Aujourd’hui, les recherches ont fait émerger que plusieurs facteurs coexistent nécessairement pour qu’une personne développe une PS (Durand et Harlow, 2002). Les différents travaux portant sur l’étiologie de la PS ont mis en exergue trois principales causes pouvant justifier du développement d’une PS. Celles-ci sont présentées dans la suite du corpus.

La part acquise de la phobie spécifique

L’expérience directe avec une situation traumatique inhabituelle peut conduire au développement d’une PS par l’intermédiaire du conditionnement (Durand et Harlow, 2002). Pavlov (1902 ; cité par Durand et Harlow, 2002) a décrit le conditionnement classique pour expliquer l’apparition d’un comportement : l’association d’un stimulus inconditionnel (bruit, douleur) à un stimulus neutre (son d’une cloche) peut faire évoluer le stimulus inconditionnel au statut conditionnel s’il y a une contiguïté temporelle et spatiale lors de la présentation de ces deux stimuli et que l’association entre ces deux stimuli est réalisée plusieurs fois. Watson et Rayner (1920) ont illustré le rôle du conditionnement classique dans l’apparition d’une PS à l’aide d’une expérimentation qui, précisons-le, demeure contestable du point de vue éthique et déontologique.

Ils ont présenté à un enfant de 9 mois, Albert, un rat blanc inoffensif. Puis, ils ont déclenché une réaction de peur chez ce dernier en induisant un bruit violent. Les résultats ont montré que l’enfant avait, par la suite, développé une PS des rats blancs suivant un schéma de conditionnement classique. Une autre conclusion de l’étude est que le phénomène de généralisation décrit par Pavlov est aussi à l’oeuvre dans les PS : l’enfant, suite au conditionnement, a éprouvé des émotions de peur face à d’autres objets présentant des caractéristiques similaires avec l’objet phobique (autres animaux avec de la fourrure blanche). Les travaux de Watson et Rayner (1920) ont été poursuivis par Jones (1924 ; cité par Cottraux et Mollard, 2006) qui a élaboré une méthode cathartique de la PS. Jones s’est intéressée au cas de Peter, enfant de 3 ans phobique des lapins, et l’a amené à ne plus en avoir peur. Elle a exposé à l’enfant un lapin en cage et a rapproché l’objet phobogène de plus en plus près de l’enfant sur plusieurs séances. Ce procédé constitue la prémisse par laquelle a été développée la thérapie d’exposition où la personne phobique est confrontée au stimulus phobogène sans pouvoir fuir afin qu’elle constate que son anxiété diminue naturellement avec le temps (Bouchard, St-Jacques, Robillard et Renaud, 2007).

Si une phobie peut être guérie par les techniques d’apprentissage, cela ne signifie pas pour autant que c’est l’apprentissage (ici sous la forme du conditionnement opérant) qui est toujours à l’origine des phobies (Seligman, 1971). Il a été montré qu’un grand nombre d’individus ayant vécu des expériences traumatiques associées à des événements neutres ne développait pas une PS. C’est ce qu’ont effectivement observé English (1929) et Bregman (1934) en tentant de réitérer l’expérience de Watson et Rayner (1920). Ils n’ont pas réussi conditionner une PS selon les mécanismes décrits par Pavlov. Cottraux et Mollard (2006) concluent donc que la thèse selon laquelle toute personne peut être conditionnée à être phobique de n’importe quel stimulus est erronée.

Ainsi, la question de l’étiologie de la PS est complexe car multifactorielle : il n’existe pas un schéma générique par lequel une personne devient phobique, plusieurs facteurs sont responsables de cette pathologie : des facteurs biologiques, comportementaux et cognitifs. Bien que sans réponse précise et applicable à tout individu ou à tout sous-type, la question de l’étiologie a fait émerger l’intérêt de s’interroger sur les aspects cognitifs, comportementaux et émotionnels afin de mieux comprendre la PS. A ces fins, nous présentons ces thématiques dans la suite du corpus, non pas du point de vue de l’étiologie, mais de celui du comportement phobique. Il est abordé dans un premier temps ce qui caractérise le comportement phobique puis, dans un second temps, les cognitions qui motivent ces comportements. Enfin, une dernière approche s’intéresse à la maîtrise émotionnelle et son rapport à la psychophysiologie des sujets phobiques.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport gratuit propose le téléchargement des modèles gratuits de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : APPROCHE THEORIQUE
1.Qu’est-ce que la phobie spécifique
2.Comment une phobie spécifique se développe-t-elle ?
2.1. L’expérience indirecte
2.2. L’attaque de panique
2.3. La part acquise de la phobie spécifique
III. Une approche cognitivo-comportementale et psychophysiologique du comportement phobique
3.1. Le comportement phobique, un jeu de renforcements entre évitement et anxiété
3.2. La cognition phobique, une interprétation erronée de la réalité
3.3. Psychophysiologie de la phobie spécifique : la perte de la maîtrise
émotionnelle
4.Emotions et PSIA : une phobie où la peur n’est pas maîtresse
4.1. La cooccurrence de la peur et du dégoût dans la PSIA, quel lien de cause à effet ?
4.2. Capacités d’inhibition et PSIA, déficitaires ou fonctionnelles ?
5.Problématique
6.Présentation des hypothèses et des variables
DEUXIEME PARTIE : METHODOLOGIE
1.Participants
1.1. Sujets non-phobiques et légèrement phobiques
1.2. Sujets phobiques
2.Matériel
2.1. Le Stroop émotionnel
2.2. La tâche d’induction émotionnelle
2.3. Le Mutilation Questionnaire
III. Procédure
TROISIEME PARTIE : ANALYSE DES RESULTATS
1.Analyse intergroupe des données sociodémographiques et psychométriques
2.Résultats au Stroop émotionnel
2.1. Effet du groupe et de la catégorie du stimulus sur les temps de réaction
2.2. Effet du groupe et de la catégorie du stimulus sur le taux d’erreur
III. Résultats à la tâche d’induction émotionnelle
3.1. Effet de la peur sur le dégoût
3.2. Analyse post-hoc
QUATRIEME PARTIE : DISCUSSION
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *