DE LA « FRONTIÈRE » A LA « FRANGE » , ORIGINES ET PENSÉES DE LA LIMITE
Au cours de leur installation sur le territoire, les hommes n’ont eu de cesse de délimiter des frontières et de construire les villes dans des limites. Ainsi le développement des villes se faisait contraint et forcé à l’intérieur des murailles. De l’exemple de Paris à celui de Gr enoble, les limites de la ville étaient auparavant des limites franches, dénotant d’une séparation brusque entre milieu naturel et milieu « urbain ». Un rapport de force qui se traduisait par une volonté de protéger l’espace intérieur des forces provenant de l’extérieur.
L’ EVOLUTION DU TERME DE LIMITE
Durant un temps restreint de l’histoire, certains hommes, les romains avec les Limes de Germanie ou encore les chinois avec les Grandes Murailles, ont édifié des barrières réputées infranchissables. La limite était alors celle de la frontière que l’on crée, que l’on défend et qui s’inscrit dans une démarche de domination.
LA FRONTIÈRE POLITIQUE ET MILITAIRE
Le terme de frontière était utilisé dans le domaine de la stratégie militaire et de la géopolitique : c’est la « ligne de contact entre deux forces antagonistes » . Le mot lui-même apparaîtra dans la langue française au XVII°siècle, où il fait son entrée au dictionnaire de Furetière (1690) : « l’extrémité d’un Royaume, d’une Province, que les ennemis trouvent de front quand ils veulent entrer » . Il est alors un terme non pas employé par les géographes mais par les historiens qui chercheront à qualifier les avancées des forces militaires.
Les frontières étaient donc les zones tampons où l’on envoyait les deux armées se battre afin de regagner du terrain. Il s’agissait souvent de forêts au bois dense ou de montagnes.
De cette définition perdure l’idée d’une frontière de protection, relativement épaisse afin de permettre aux hommes de la défendre. La frontière s’appuyait alors sur des éléments naturels (montagne, forêt, cours d’eau…).
Dès ce moment de l’histoire, la frontière crée une opposition entre deux conceptions du monde, deux modalités de limites entre les groupements humaines : « d’un côté la limite floue, les confins hantés par la sauvagerie, d’un autre la ligne conventionnelle issue de la civilisation, voir du contrat social » . Si l’on retient cette acception du terme, tracer des frontières c’est donc civiliser.
En 1970, un véritable tournant dans la compréhension de la frange va venir bouleverser la définition du terme. Jean-Paul La casse, géographe québécois proposera une mutation de regard : « la frontière : de ligne, elle deviendra zone, de physique, elle deviendra culturelle, d’horizontale, elle deviendra verticale, de politique, elle deviendra régionale »4 . En outre ce même auteur et M. Dorion vont chercher à comprendre la limite et créeront ainsi la «limiologie», une sémiologie des limites permettant de refléter les concordances et discordances d’un part et les limites politiques, techniques, économiques etc. d’autres part.
LE FRONT MOUVANT ET LE FRONT PIONNIER
Selon le dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, la frontière va se distinguer du front. De même une notion militaire, le front est « la ligne de contact d’une armée avec une armée adverse. Il délimite donc un territoire, mais un territoire en mouvement ».
Il n’est plus désigné pour parler d’un territoire protégé mais d’une volonté d’accroître ce territoire en gagnant du terrain sur l’adversaire. Le front a un « caractère instable et dynamique » au contraire de la frontière. Il exprime une volonté de modifier le territoire qui est de l’autre côté, afin de le transformer par la contrainte en une nouvelle représentation. Les villes ont poursuivi leurs évolutions, le front devenant par extension, « une ligne (fictive ou non) séparant clairement deux espaces aux caractères bien différents » . De même les termes n’ont eu de cesse d’évoluer, transformant leurs usages et les intégrant au langage courant. Pierre Monbeig, géographe français, a ainsi proposé pour la première fois le terme de « frange pionnière » pour remplacer celui de « fronts pionniers » jugé trop restrictif. Le terme de front pionnier évoquait pour lui une ligne continue et résultait d’une action co ncertée et réfléchie. Au contraire, la frange pionnière est « une propagation plus ou moins rapide », d’un passage « d’espaces organisés à ceux qui le deviennent » . Pour le géographe, puisqu’il n’y a pas de ligne fixe, c’est une frange, plus ou moins profonde, et mouvante : « Toute région pionnière est essentiellement marginale, incertaine et fugitive. Cela rend sans doute difficile sa cartographie exacte, mais la valeur de son étude réside précisément dans la connaissance d’une société en mouvement » . Pour lui la frange pionnière est certes un lieu, mais elle est avant tout l’occasion d’observer une société confrontée à un espace nouveau, qu’elle transforme et où elle se transforme.
La frange pionnière qualifie le passage d’un espace organisé à un autre qui ne l’est pas, reprenant cette idée première de la frontière. La particularité de la frange de Pierre Monbeig est également de ne pas s’appuyer sur des limites dites physiques. Il ne considérait pas la frange pionnière comme étant une simple ligne mais bien un processus de transformation.
L’ABOUTISSEMENT AU TERME DE FR ANGE
La frange est ainsi devenue une « bordure d’espace mais avec une altération du tissu ou l’apparition d’un autre tissu » . Ce terme renvoie au latin fimbria qui signifie fibre ou bord de vêtement. Il apparaît ainsi sous cette définition dès l’édition de 1798 du dictionnaire de l’Académie Française. L’édition de 1932 fait apparaître elle une nouvelle nuance, plus scientifique, de la frange qui est « la ligne alternativement brillante ou obscure dans le cas où les ondulations lumineuses se contrarient ».
Enfin c’est seulement dans l’édition de 1986, qu’une autre origine du terme de frange apparaît : non plus issue du latin fimbriae (bord d’un vêtement) mais dérivé de frangere qui signifie « briser » . La frange serait alors non pas seulement une ligne épaisse et mobile d’interface mais également une rupture entre deux milieux différents : deux rythmes, deux appartenances dont les relations peuvent être conflictuelles.
L’échelle d’étude entre la frange pionnière et la frange semble différente. En effet la frange pionnière continue d’être utilisée afin de traiter des limites politiques ou économiques. La frange elle traduit d’une confrontation avec l’élément naturel, non urbanisé et non conquis par l’homme. L’épaisseur de la frange témoigne de l’aptitude de l’homme à repousser toujours plus loin ses limites.
AUTRES CONCEPTIONS AU TOUR DE LA LIMITE
La limite qu’elle soit frange ou frontière a été pensée par de multiples auteurs. L’évolution de la ville, des termes de frontières aux fronts pionniers jusqu’à la frange ont également été nourris par d’autres termes notamment anglo-saxons. Le terme de frange est également apparu dans d’autres parties du monde sous différentes formes, en anglais « boundary », en allemand « grenze », termes qui signalent seulement la limite.
LES VILLES CEINTURÉES PAR L ‘ AGRICULTURE
Ainsi, un des termes venus enrichir le concept de la frange urbaine et ce dès le XIXème siècle a été celui de « belt ». Ce mot signifiant « ceinture » venait illustrer les pratiques agricoles qui étaient des espaces en marge des villes. Les premières utilisations de la notion d e « belt » aux États-Unis datent des années 1820 ou 1830. A l’époque le terme était utilisé sous la forme de « black belt » et désignait la région d’Alabama dans laquelle se trouvaient les terres noires et fertiles qui attirèrent de nombreux migrants.
Par la suite la notion est étendue et associée à « cotton » ou « corn » et est fréquemment utilisée sous cette forme dans la littérature. « Cotton-belt » et « corn-belt » sont ainsi devenus des termes de géographie agricole dès les années 1900 afin de désigner les régions de monoculture, céréalière ou cotonnière. Le terme de « belt » caractérise certain usage des sols et de leur développement en pourtour de l’urbanisation. L’image de la ceinture était largement utilisée afin de désigner cette limite entourant la ville.
La notion a été explicitée par Von Thünen, économiste allemand, en 1826 par la mise en place d’un modèle théorique d’analyse agricole. Il montre alors que l’organisation urbaine part d’un cercle concentrique imageant le centre-ville qui est peu à peu élargi par des cercles de productions agricoles. L’agriculture devient alors une limite permettant d’expliciter le modèle de développement des villes.
Le terme a connu de nombreuses évolution jusqu’à celui de « sun-belt », terme le plus connu désignant le Sud des États-Unis où certains Etats ont instauré des politiques économiques entraînant l’arrivée et l’implantation massive d’entreprises. Le sun-belt est alors une interface entre différentes conceptions et politiques de la ville.
LA PERI URBANISATION EN MARGE DES VILLES
La ville d’aujourd’hui n’est majoritairement plus confinée dans ses murailles pourtant elle présente toujours des limites. Les hommes s’installant de plus en plus loin, la ville repousse ses limites. Que ce soit l’attrait de la vie à la campagne ou les conséquences de la crise économique qui a notamment fait augmenter le prix du logement dans l’urbain, la ville poursuit l’urbanisation des terres – agricoles ou naturelles – qui l’entourent. Martin Vanier, géographe à l’Institut de Géographie Alpine de Grenoble, est spécialiste des questions de territoire et notamment du tiers espace. Ses interrogations sur un espace qui ne serait ni agricole ni naturel, renvoient à cette image d’une ceinture entourant l’urbanisation. L’auteur qualifie cet espace de tiers-espace tout en dénonçant la perception peu qualitative qu’ont les architectes, urbanistes et autres professionnels de l’aménagement de l’espace.
Le périurbain serait un tiers-espace dans sa capacité à être un espace « […] à comprendre comme celui où la société tisse ses réseaux, tant ceux de la ville qu’il lui faut, que ceux de la nature à laquelle elle aspire, contradictoirement » . Ainsi, le géographe décrit ce tiersespace comme un espace sensible, interpellant la société sur la nature de la mutation u rbaine qui la travaille. Il annonce alors la nécessité de construire une nouvelle identité territoriale par ce tiers espace, entre ruralité et urbanité, d’un espace trop longtemps considéré comme découlant de notre société métropolitaine et qui existe aujourd’hui par et pour lui même.
Le périurbain évoquerait pour Martin Vanier un espace inqualifiable, une notion flottante, sans nom propre, qui vient s’ajouter comme une troisième ty pologie aux deux historiques que sont la ville et la campagne. Elle présenterait deux intérêts : « celui de montrer que parfois, dans des grands clivages très installés, la transformation vient d’un troisième terme qui doit lutter pour sa reconnaissance; et celui de rappeler que ce troisième terme, novateur, est porteur d’une telle mutation dans le processus où il s’insère, qu’il est lui-même appelé à se transformer à son tour en de nouvelles catégories » . Le phénomène de périurbanisation est investi par des pratiques interterritoriales qui produisent un espace particulier qui serait celui « du quotidien par excellence » . Le tiers-espace de Martin Vanier serait la frange épaisse condensant en son sein l’opposition entre deux mondes, le rural et l’urbain de la ville moderne. L’agriculture puis la périurbanisation et les quartiers résidentiels du tiers-espace ont été tour à tour frange urbaine. Lorsque l’on brosse le tableau des caractéristiques de la ca mpagne et de la ville, la frange apparaît à l’intérieur de cette structure régionale, comme n’étant à la fois ni rurale, ni urbaine. Affectée par son contact avec la ville, la frange est « une zone de transition, autant par son utilisation du territoire que par ses caractéristiques sociales et démographiques » .
L’utilisation du terme de tiers-espace qu’en fait Martin Vanier évoque la définition de la frange urbaine décrite précédemment. Son travail permet de remettre en question l’échelle de travail. La frange ne serait pas une « ligne épaisse » mais contiendrait des quartiers entiers.
LA VILLE ARCHIPEL
On pourrait également se pencher sur le travail de David Mangin, et de la ville archipel évoquée dans son ouvrage la ville franchisée. Cet ouvrage vise à revaloriser l’analyse de la forme urbaine dont il déplore un certain désintérêt dans les disciplines. Il démontre par son analyse la présence de plusieurs modèles d’organisation spatiale qui seraient à l’origine de la morphologie urbaine contemporaine : le secteur, la franchise et le lotissement et qui correspondrait chacun à un « mal » contemporain que seraient la ville sectorisée, franchisée et individuée.
L’organisation spatiale telle qu’elle nous intéresse dans sa production de limites est la ville sectorisée, celle qui s’est fabriquée par la voie et par le réseau. Il décrit ainsi le phénomène d’archipel qui a conduit les villes, au développement traditionnellement continu et radiococentrique, à un développement éclaté et fragmenté. De nouvelles « poches » d’urbanisation apparaissent en marge des villes, comme autant de projets construits au coup par coup sans réelle compréhension d’ensemble.
La fragmentation du territoire et son évolution via les réseaux d’infrastructures ont donc conduit à une organisation en poche, celle-ci engrangeant la formation de vides. Phénomène de « vampirisation » des villes et des bourgs, la fragmentation et l’étalement urbain, le mitage agricole etc. nécessairement liés, sont les fléaux de la ville du XXe siècle.
ENTRE MONDES AGRICOLE ET URBAIN , QUELLE COMPOSITION DES FRANGES ?
Les franges forment une séparation entre deux milieux qui ne se rencontrent pas. D’un côté le monde agricole et naturel, de l’autre la périphérie de la périphérie qui prend parfois la forme d’une zone pavillonnaire, d’une zone commerciale ou d’une zone d’activités. I l n’y a aucune interaction entre ces deux espaces qui se tournent le dos. La frange ne se matérialise que par une limite qui n’autorise aucune échéance, aucun lien.
Comme en témoigne Michel Desvigne, Grand prix de l’urbanisme en 2011 qui énonce : « la catastrophe ordinaire des périphéries des villes s’incarne dans cette ligne terrible qui sépare le milieu pavillonnaire des vastes terrains produits par les remembrements parcellaires de l’agriculture extensive contemporaine » . La formation de la frange urbaine n’est pas un phénomène nouveau. Mais ce qui est nouveau par contre c’est son évolution rapide.
La constitution des franges et leurs différents composants vont permettre de comprendre les franges. Mouvantes et multiples, les franges sont difficilement appréhendables, leur compréhension permet donc d’en saisir les enjeux et d’établir des moyens d’actions. L’identification des caractéristiques des franges permet d’encourager leur prise en compte et leur valorisation dans un contexte du tout urbain.
CONSTITUTION DE LA FRANGE
La frange est donc ce lieu d’interface entre l’urbain et le « non bâti », qu’il soit agricole, naturel, boisé… La frange naît de cette confrontation entre deux mondes qui s’ignorent et qui sont forcés à cohabiter. La frange se constitue donc d’un arrêt brutal de l’urbanisation qui peut être le résultat d’un grand nombre de facteurs.
La frange peut ainsi être construite par l’homme, qui au fur et à mesure des opportunités foncières va choisir de construire des projets ou bien elle peut être une construction naturelle, un cours d’eau, une colline… Les deux types de franges sont bien entendu liés, la l imite naturelle contraignant fréquemment l’aménagement de l’homme. Il existe également une autre manière de catégoriser les franges, qui sont celles instables, potentiellement mouvantes et celles qui perdurent dans le temps.
LES FRANGE SIMMUABLES
Les franges immuables sont celles qui ne sont pas menacées par l’avancée de l’urbanisation, au contraire des franges instables. Elles opposent de la même façon deux milieux différents qui vont d’une manière ou d’une autre être amenées à perdurer dans le temps.
Elles sont généralement plus faciles à définir car elles relèvent de processus naturels. En effet les franges stables sont souvent celles qui reposent sur des éléments naturels concrets qui ne peuvent être déplacés. Ainsi les franges immuables sont souvent associés aux limites topographiques, montagnes, collines, ravins… et hydrographiques, cours d’eau, fleuve , etc.
L’urbanisation ne pourra pas ou difficilement, s’étendre au-delà de ses limites qui constituent donc de véritables franges.
On considère également que les franges urbaines au regard des zones classées N dans les documents d’urbanisme, c’est à dire les zones naturelles, sont des franges stables. Elles sont en effet, de par leur classement, préservées de toute urbanisation future. Les règlements des zones N sont les plus restrictifs en terme de constructibilité, et les nouvelles lois (ALUR notamment) vont rendre de plus en plus difficile le déclassement d’un e telle zone.
Elle possède une protection que d’autres zones n’ont pas, leurs franges sont donc amenées à le rester En outre d’autres zones vont également être protégées des futures urbanisations, et c’est le cas des zones de risques. Que ce soit les feux de forêts, inondations, écoulement, mouvements de terrains… toutes les zones de risques ont une règlementation de la constructibilité très restreinte voir complètement interdite. Les franges ne pourraient être amenées à se déplacer qu’en cas de modification des plans de préventions de risques mais il est rare qu e celle-ci aille dans le sens d’une diminution des risques.
STRATEGIES POUR TRAITER LES FRANGES URBAINES DE F URIANI (2 B )
Furiani est une commune du littorale Corse qui a amorcé la révision de son PLU durant l’été 2015. Les enjeux que connaissent le territoire communal sont multiples, notamment dû à une mauvaise gestion de sa politique foncière. Le peu d’investissement de la commune dans un urbanisme à long terme, ne s’intéressant pas seulement aux projets au coup par coup, a eu raison des zones agricoles qui reculent d’année en année.
La protection des espaces sensibles et notamment agricoles du territoire est un des enjeux primordiaux de la commune, d’autant plus qu’il s’agit de poursuivre la croissance démographique et préserver l’attractivité de la commune. La gestion des franges dans un tel contexte de ville insulaire semble primordiale.
|
Table des matières
Introduction
De la «frontière» à la «frange», origines et pensées de la limite
1. L’évolution du terme de limite
La frontière politique et militaire
Le front mouvant et le front pionnier
L’aboutissement au terme de frange
2. Autres conceptions autour de la limite
Les villes ceinturées par l’agriculture
La périurbanisation en marge des villes
La ville archipel
Entre mondes agricole et urbain, quelle composition des franges ?
1. Constitution de la frange
Les franges immuables
Les franges instables
2. Les caractéristiques des franges
La structure des franges
La silhouette des franges
Le statut des franges
3. Inverser le regard
Protéger les milieux
Dessiner des limites
Les enjeux des franges
Des outils actifs pour le développement des franges
1. Les franges du projet aux projets de franges
S’appuyer sur l’existant
Assurer une fonction et des usages
Adapter la forme bâtie
Augmenter le linéaire de frange
2. La mise en place d’outils de politique foncière
Les documents d’urbanisme
Les outils pouvant être mobilisés
3. Stratégies pour traiter les franges urbaines de Furiani (2b)
État des lieux des typologies de franges
Les possibles effets d’une intervention
Conclusion
Bibliographie
Tables des illustrations
Télécharger le rapport complet