Depuis des décennies, la majorité de la population de Madagascar se trouve dans le secteur agricole notamment dans la culture de riz. Selon l’INSTAT, cette proportion est de plus de 80% en 2002. En effet, Madagascar présente une grande potentialité du point de vue agricole constitué par une masse de population agriculteur. Mais cependant la grande Ile figure parmi les pays les plus démunis qualifiés de pays sous-développés. Sa population est caractérisée de vulnérable, ayant un niveau de vie relativement faible dont la majorité des ménages dispose d’un revenu très en-deçà du seuil de survie (Revenu moyen<1 USD/jour). Cette précarité de la situation économique et sociale affecte considérablement les populations en zones rurales qui regroupent les 80% des malagasy (RAKOTOMALALA, 2010).
Les efforts menés pour mettre en place une politique d’autosuffisance, se poursuivent actuellement à travers la réalisation de divers projets axés sur la lutte contre la pauvreté (ANDRIANINTSOA, 2012). Face à ces faits, il est évident que le monde rural représente un enjeu majeur pour le pays, sur le plan alimentaire, social, environnemental. L’analyse des conduites agricoles des bénéficiaires s’avère ainsi nécessaire pour y arriver. Le fait d’encourager les producteurs de riz à adopter des technologies innovantes telles que l’utilisation de variétés de riz à haut rendement est une façon d’accroître la production intérieure.
Le riz est un produit de première nécessité qui constitue le principal aliment des Malgaches. Mais jusqu’à présent, l’importation de riz prouve que la production locale ne satisfait pas encore la quantité demandée. La quantité nécessaire pour combler les besoins annuels s’élevait à 200 000 tonnes en 2008 . La faible productivité rizicole est due au non disponibilité et à l’accès limité aux intrants agricoles, en particulier, l’engrais et les semences de qualité à rendement élevé, répondant aux exigences du marché et adapté à chacune des régions avec des prix abordables. En effet pour faire face à toutes ses potentialités ainsi que ses diverses opportunités, et selon la vision et la politique nationale du développement rural, la filière semence est parmi des priorités et constitue l’un de pilier de la Révolution verte. Pour cela, le gouvernement ainsi que les ONG prévoient de « promouvoir l’utilisation du Facteur Variété Semence pour atteindre un développement rapide et harmonieux du marché des semences » par la professionnalisation de la filière, l’assurance de la disponibilité et l’utilisation par les utilisateurs finaux de semences de qualité. Et ceci, tout en respectant les structures mises en place partant du centre de recherches producteurs de semence de souche et de pré-base passant par les Centres Multiplicateurs de Semences, les Groupements de producteurs de semences, aux distributeurs locaux après vérification par le Service Officiel de Contrôle (SOC) du Ministère de l’Agriculture. (RAZAFIMANANTSOA, 2012).
Concepts et état de l’art
Approche systémique
GRAWITZ (1990) développe l’analyse systémique par la méthode dialectique pour expliquer les faits en saisissant les éléments et les phénomènes dans leur nature, leur état et leur mouvement en se basant sur les interrelations et les interactions, les comportements et les changements. En d’autres termes EASTON et GRAWITZ en 1976 définit la théorie des systèmes comme l’interdépendance des parties par rapport au tout, en ce sens que chaque élément et chaque phénomène doivent être rapportés à l’ensemble (RAZAFIARIJAONA, 2007).
Il est possible que les éléments composant le système soient interdépendants (RANAIVOSON , 2010). Le système peut être ouvert ou fermé. Un système fermé n’a pas de relation avec son environnement contrairement à un système ouvert. On dit que les composantes en dehors du système font partie de « l’environnement ». Pour un système ouvert il existe deux types de contrôles, celle de l’environnement et celle du système elle-même. Suivant le degré de contrôle un élément peut être considéré comme « variable » ou « paramètre ». Les éléments qu’on peut changer sont appelés « variables », ceux qui sont fixes des « paramètres » (RANAIVOSON , 2010).
Le système de production se rapporte aux combinaisons des ressources mobilisé par les producteurs proportionnels à ces principaux facteurs de production : ressources naturelles, travail, consommations intermédiaires et biens d’équipement(BOUDIN, 1987). Ainsi, l’analyse d’un système de production consiste à étudier la combinaison de ces différents facteurs. Il faut cependant remarquer que les différents moyens de production ont les propriétés suivantes : complémentarité et substituabilité. La substituabilité entre les ressources détermine le choix d’adopter tel ou tel système de production. Cependant, cette substituabilité dépend de la disponibilité et du coût de facteur (BOUDIN, 1987).
Théorie de l’acteur stratégique
La théorie de l’acteur stratégique a été élaborée par Michel CROZIER et Erhard FRIEDBERG au cours des années 1970. Il s’agit d’une théorie centrale en sociologie des organisations, développée au sein de l’analyse stratégique. Elle part du constat suivant : étant donné qu’on ne peut considérer que le jeu des acteurs est déterminé par la cohérence du système dans lequel ils s’insèrent, on doit chercher en priorité à comprendre comment se construisent les actions collectives à partir de comportements et d’intérêts individuels parfois contradictoires. Au lieu de relier la structure organisationnelle à un ensemble de facteurs externes, cette théorie essaie donc de l’appréhender comme une élaboration humaine. Elle rejoint donc les démarches qui analysent les causes en partant de l’individu pour aboutir à la structure. La stratégie, c’est le fondement inféré ex-post des régularités de comportements observés empiriquement » (RAZAFIARIJAONA, 2006). Mais ces stratégies ne dépendent pas d’objectifs clairs et précis, elles se construisent au contraire en situation, elles sont liées aux atouts que les acteurs peuvent avoir à leur disposition et aux relations dans lesquelles ils s’insèrent. Le concept de stratégie renvoie donc à différentes dimensions :
− Les acteurs agissent pour améliorer leur capacité d’action et/ou s’aménager des marges de manœuvre.
− Les projets des acteurs sont rarement clairs et cohérents, mais le comportement n’est jamais absurde. Il a toujours un sens intrinsèque.
− Tout comportement est actif.
En outre, le comportement des acteurs s’ajuste au comportement possible d’autrui en fonction des atouts dont il dispose. La capacité d’action de l’acteur repose alors sur quatre postulats :
− L’organisation est un construit contingent ; il aurait pu être, ou ne pas être, tout à fait différent.
− L’acteur est relativement libre. Il peut jouer avec son rôle, se permettre des écarts par rapport aux règles sociales.
− Il y a une différence entre les objectifs de l’organisation et ceux des individus.
− Pour parvenir à leurs fins, les acteurs calculent dans le cadre d’une rationalité qui est dite limitée.
Madagascar et le concept d’adoption de nouvelles semences
Le Centre National de la Recherche Appliquée au Développement Rural (CENRADERU/FOFIFA) dispose de plusieurs centres et stations de recherches localisés dans les différentes zones écologiques de Madagascar. Faute de moyens, ces installations ne fonctionnent plus normalement. Néanmoins, grâce à ses réseaux d’infrastructure de recherche, FOFIFA a créé et sélectionné plusieurs variétés des principales espèces végétales cultivées adaptées dans les différentes zones écologiques de Madagascar.
Notion de semences améliorées
D’après l’Article 2 de la LOI n° 94-038 relative à la législation semencière en vigueur à Madagascar, le terme semence désigne : « tout matériel végétal destiné à la reproduction sexuée ou asexuée provenant d’une multiplication à l’identique de graines, de parties de plants : de plants, d’une variété ou d’un cultivar, ou d’un clone d’une espèce donnée ». On distingue les catégories de semences suivantes:
− Semence de souche (Go) :Cette semence est tirée d’un processus d’amélioration génétique capable de reproduire l’identité d’une variété, qui a été maintenue et multipliée par son sélectionneur ou, en cas d’impossibilité, par un autre, et à partir de laquelle sont produites les semences de prébase.
− Semence de prébase (G1, G2, G3) : Semence obtenue à partir de la semence de souche, qui a été produite sous la surveillance de son sélectionneur, ou, en cas d’impossibilité, d’un autre, et à partir de laquelle sont produites les semences de base.
− Semence de base (G4) : Semence obtenue de la semence de prébase, a été produite sous la surveillance de son sélectionneur ou, en cas d’impossibilité, d’un autre, soumise à une procédure de certification, ayant satisfait aux conditions minimales requises et est destinée à la production de semence certifiée.
− Semence certifiée (R1, R2) : Semence qui provient de la semence de base, a été soumise à une procédure de certification et satisfait aux conditions minimales requises.
− Semence ordinaire : Toute autre semence qui n’est comprise dans une aucune des catégories qui précédent.
Madagascar et le NERICA
Toutefois, avec les potentialités locales par la présence d’une quinzaine de grands bassins de production, Madagascar devrait, non seulement pouvoir satisfaire la demande intérieure, mais aussi parvenir à constituer le « Grenier à riz de l’Océan Indien» voire même exporté dans la région de l’Afrique Subsaharienne. En 2012, des essais variétaux ont été mise en place par la DRDR (DRAE aujourd’hui) avec quelques chercheurs dans la Région Haute Matsiatra avec le NERICA. En effet, le test variétal dans la Région Haute Matsiatra a été repris en 03 campagnes rizicoles consécutives afin de vérifier et d’assembler les résultats des campagnes successives et en même temps de planifier la stratégie de diffusion de la variété suivant son intégration dans les exploitants agricoles (RAZAFIMANANTSOA , 2012).
Pour le cas de la zone de Fenoarivo, la diffusion de la nouvelle semence NERICA 4 a été faite pour la première fois. Cela est dû au fait que la région est difficilement accessible parce que la route y est difficile.
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Table des matières
Introduction
1 Concepts et état de l’art
1.1 Approche systémique
1.2 Théorie de l’acteur stratégique
1.3 Madagascar et le concept d’adoption de nouvelles semences
1.4 Notion de la vulgarisation
1.5 Logique comportementale et économie des comportements
2 Matériels et méthodes
2.1 Matériels
2.2 Méthodes
2.3 Limites de l’étude
2.4 Chronogramme des activités
3 Résultats
3.1 Analyse des facteurs dominants poussant les ménages à adopter le NERICA 4
3.2 Environnement externe à l’exploitation
4 Discussions et recommandations
4.1 Discussions
4.2 Recommandations
Conclusion
Bibliographie
❖ Mémoires consultés
❖ Ouvrages et articles consultés
Annexes