STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT DE LA PHARMACIE CLINIQUE AU SENEGAL

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ROLE DU PHARMACIEN CLINICIEN DANS LES SERVICES CLINIQUES

C’est à l’hôpital, où n’existait jusqu’ à présent que la pharmacie hospitalière chargée d’acheter et d’approvisionner les unités de soins en médicament s, que naturellement doit s’exercer la pharmacie clinique. Depuis seulement 1972, la pharmacie hospitalière a une existence indépendante de la biologie. En France, les pharmaciens hospitaliers de cette génération ont été essentiellement préoccupés de mettre en place une organisation pharmaceutique permanente en terme de gestion et de pharmaco technique. Le challenge était de réorganiser la pharmacie hospitalière pour qu’elle puisse acquérir ces lettres de noblesse et faire face à bon nombre de missions qui lui ont été progressivement confiées (stérilisation centralisée, gestion des dispositifs médicaux stériles, des produits dérivés du sang, de la traçabilité, pour ne citer que les principales…).
Avec l’apparition du contrat de bon usage des médicament s et des dispositifs médicaux en 2005, il est temps de comprendre que l’exercice pharmaceutique se déplace aux seins des unités de soins et donc d’anticiper par des projets et par des engagements. Il s’agissait désormais de comprendre que la présence du pharmacien aux cotés du médecin reste la véritable réponse et la garantie de la bonne prise en charge des patients et de la sécurisation du circuit des médicaments et des dispositifs médicaux stériles. Si l’on part du principe que la véritable réflexion d’efficience d’une stratégie thérapeutique ne peut se faire qu’au lit du patient, la pharmacie c linique prend toute sa dimension.
Il appartient à la profession de développer ses actions dans ces sens, de s’intéresser plus aux études pharmaco économiques et à l’efficience des prescriptions, de définir, soutenir et faire évoluer par des recherches le service pharmaceutique rendu (SPR).
L’utilité de ces services doit être envisagée sur la base du rôle direct que peut jouer le pharmacien clinicien soit de façon rétroactive (en analysant les prescriptions de façon rétrospective) soit proactive (en intervenant au moment même de la prescription).

LE PHARMACIEN CLINICIEN ET LE PATIENT INDIVIDUEL

A coté du rôle qu’il peut jouer dans un service médical ou chirurgical de manière générale, le pharmacien peut également apporter son expertise dans des situations individuelles spécifiques où le risque d’événements iatrogéniques médicamenteux est particulièrement élevé. Ceci a été démontré pour des patients admis aux soins intensifs [9], aux urgences [10], en gériatrie [11], en psychiatrie [12,13] ou en pédiatrie [14], ou encore pour des patients sous anticoagulants oraux [15], soufrant d’insuffisance cardiaque [16,17], ou recevant des médicaments nécessitant un monitoring thérapeutique [18]. Des exemples d’études relatives à plusieurs de ces services sont repris dans le tableau III. Dans chacun de ces domaines, le pharmacien joue la plupart du temps un rôle proactif, c’est-à-dire qu’il intervient au moment où une décision de traitement est prise. Cette intervention précoce est d’ailleurs une des conditions du succès.
Il semble intéressant de mentionner que ce type de service clinique s’est fortement étendu à des patients non hospitalisés. Le pharmacien intervie nt alors soit au sein d’une équipe médicale faisant des consultations, soit seul dans la pharmacie de ville.
Un domaine où le rôle du pharmacien vis-à-vis du patient individuel peut aussi être très important est l’anamnèse médicamenteuse où une informatio n de qualité est essentielle. Enfin, le pharmacien peut intervenir de façon efficace dans le suivi et la bonne mise en œuvre des prescriptions faites à la sortie de l’hôpital (y compris le conseil au patient et la communication avec le pharmacien de ville).

PROLONGEMENT DE LA PHARMACIE CLINIQUE A L’OFFICINE

L’exercice de la pharmacie d’officine est désormais essentiellement tourné vers la qualité des services et non plus vers la qualité des produits (qui est essentiellement désormais un problème industriel). Entre du lasilix ® acheté dans une pharmacie et du lasilix® acheté dans une autre, il n’y a aucune différence sur le produit. La différence se fera dans la qualité de l’accueil, la vérification de certains points du traitement, la pertinence des conseils et le suivi du dossier patient. Ce dossier patient arrive avec le dossier médical partagé ; il ne va pas assez loin dans les renseignements physiopathologiques mais c’est un grand progrès. Une validation d’ordonnance ne peut se faire que par rapport à ce dossier patient. Il est en effet primordial pour détecter des contres indications.
Toutes les activités de pharmacie clinique décrites plus haut peuvent s’appliquer à l’officine et notamment il peut être envisagé :
 le rendez vous pharmaceutique lorsqu’une ordonnance nécessite une étude particulière ;
 la rédaction d’une opinion pharmaceutique qui peut être transmise au prescripteur lorsque le pharmacien constate une anomalie (contre-indication non respectée, posologieélevée, interactions médicamenteuses contre- indiquées ou dangereuses, etc.) ;
 un espace de confidentialité qui permet à chaque patient de s’exprimer ;
 un espace de communication pour aider à l’éducation du patient avec des documents, CD-ROM, et des vidéocassettes permettant à des patients et au pharmacien de compléter certaines informations.
La pharmacie d’officine est dans l’obligation de prouver dans les années à venir qu’elle peut jouer un rôle d’économie de santé en prouvant par son action qu’elle peut, par exemple, éviter des hospitalisations.
Une chose est de définir le rôle du pharmacien clinicie n, mais une autre chose est de déterminer l’impact de cette activité pour le malade, et la santé publique.

IMPACT DU SERVICE RENDU PAR LE PHARMACIEN CLINICIEN

La réduction de la mortalité liée aux médicaments est le critère le plus pertinent pour évaluer l’impact des différents services de pharmacie clinique. Toutefois, il est intéressant d’examiner d’autres critères telles que la réduction des événements iatrogènes, la réduction des durées d’hospitalisation, l’évolution du recours aux soins ou l’adhés ion des médecins à l’activité de pharmacie clinique, qui peut être évaluée par la mesure de l’acceptation des interventions pharmaceutiques. Ainsi, nous présentons une synthèse de l’impact des activités de pharmacie clinique en abordant les trois critères suivants :
 réduction de la morbimortalité
 réduction des coûts
 acceptation des interventions par les prescripteurs ?

REDUCTION DE LA MORBIMORTALITE

Le pharmacien clinicien peut intervenir à différents niveaux de la prise en charge de la thérapeutique médicamenteuse. De nombreux travaux ont mis en évidence l’impact de ces actions en matière de réduction de la morbimortalité avec un effet clinique prouvé en matière d’analyse pharmaceutique des prescriptions et d’interventions pharmaceutiques, de la participation du pharmacien clinicien à la visite de service des médecins, de l’établissement de l’historique médicamenteux, de conseil au patient et d’éducation thérapeutique. Nous les aborderons successivement.

ANALYSE PHARMACEUTIQUE DES PRESCRIPTIONS ET INTERVENTIONS PHARMACEUTIQUES

L’analyse pharmaceutique des ordonnances représente l’activité quotidienne principale du pharmacien clinicien. Lors de cette analyse, il doit vérifier les contre-indications en fonction de la physiopathologie du patient, gérer les interactions médicamenteuses, s’assurer des bonnes posologies et des rythmes ou vitesse d’administration et, le cas échéant, faire des propositions argumentées dans le cadre d’ « intervention pharmaceutique ». Ainsi, le pharmacien clinicien doit avoir une bonne connaissance des situations des plus à risque d’entraîner des événements indésirables médicamenteux pour cibler ses actions. Cette activité qui permet l’optimisation des thérapeutiques médicamenteuses s’accompagne d’impact en matière de réduction de l’iatrogénie médicamenteuse. Dans l’étude réalisée par Calop et al., il a été montré que les interventions pharmaceutiques réalisées au cours de l’analyse d’ordonnance étaient jugées cliniquement significatives par deux médecins indépendants dans 72% des cas [21]. De plus en plus, l’analyse pharmaceutique des ordonnances se fait dans le cadre d’une stratégie d’intervention plus globale incluant la participation du pharmacien clinicien à la visite de service des médecins, l’établissement d’un historique médicamenteux et l’éducation thérapeutique.

PARTICPATION DU PHARMACIEN CLINICIEN A LA VISITE DE SERVICE DES MEDECINS

Le plus souvent, le pharmacien clinicien participant à la visite de service des médecins assure cette mission de façon quotidienne dans le cadre d’une activité de pharmacie clinique complète comprenant l’analyse des prescriptions au regard du dossier médical facilement accessible (correction et optimisation des ordonnances, transmission sur le médicament, proposition d’alternatives thérapeutiques, identification des interactions médicamenteuses, etc.). Dans ce mode d’organisation, le pharmacien clinicien joue un véritable rôle de « copilote » dans la mise en place et le suivi de la stratégie thérapeutique médicamenteuse car il peut aider le médecin « le pilote » au moment de la prise de décision thérapeutique.
Leape et al. [22] ont mis en évidence que la participation d’un pharmacien clinicien à la visite médicale dans une unité de soins intensifs permettait de réduire le taux d’erreur médicamenteuse (EM) de 66% en le faisant passer de 10,4 à 3,5 d’erreur médicamenteuse (EM) pour 1000 journées d’hospitalisation. Dans cette étude, le pharmacien était présent à mi-temps dans l’unité de soins. Selon une méthodologie semblable, Kucukarslan et al. [23] ont montré des résultats similaires dans une unité de médecine. La participation du pharmacien clinicien à la visite médicale a permis de réduire le taux d’erreur médicamenteuse (EM) de 78%.
De même, Scarsi et al. [24] ont montré l’impact de la participation du pharmacien clinicien à la visite médicale en médecine par rapport à une intervention du pharmacien clinicien uniquement le premier jour d’hospitalisation ou sur demande. Cette participation permettait de réduire de 51% la fréquence des erreurs médicamenteuses (EM).
Plusieurs études ont également montré que l’intégration d’un pharmacien clinicien au sein de l’équipe médicale, permet de réduire la durée d’hospitalisation des malades (réduction de 1,3 jour en moyenne). Dans une étude épidémiologique analysant l’association entre les services de pharmacie clinique et la mortalité dans 1029 hôpitaux américains sur des données de 1992, Bonde et al. [8] ont montré que l’intégration du pharmacien clinicien à l’équipe de réanimation était associée à une réduction de la mortalité. L’analyse plus récente des données de 1998 confirme ce résultat et met en évidence l’association entre la réduction de la mortalité et la participation du pharmacien clinicien à la visite des médecins au moins 3 fois par semaine.
En France, plusieurs travaux ont également mis en évidence l’impact de la participation du pharmacien clinicien à la visite de service des médecins. Guignon et al. [25] ont montré que l’impact clinique des opinions pharmaceutiques a u CHU de Grenoble était significatif (augmentation de l’efficacité du traitement, de la sécurité du patient, de la qualité de vie) dans 65% des cas et significatif (évitement d’un dysfonctionnement organique, d’une surveillance médicale intensive, d’une séquelle irréversible) dans 22% des cas. Le travail réalisé par Chedru et Juste [26], précédemment cité, a également mis en évidence l’impact clinique des interventions pharmaceutiques. Ces interventions étaient formulées par le pharmacien soit au cours de l’analyse d’ordonnance journalière à la pharmacie, soit dans le service de soins au cours de la visite.

ETABLISSEMENTS DE L’HISTORIQUE MEDICAMENTEUX

L’établissement de l’historique médicamenteux à l’admission du patient dans le service par un pharmacien clinicien est particulièrement important pour deux raisons.
Premièrement, l’iatrogénie médicamenteuse est responsable de l’hospitalisation dans près d’un cas sur dix. L’analyse de l’historique médicamenteux intégrée dans la démarche diagnostique permet alors de rechercher activement une cause iatrogène d’hospitalisation.
Deuxièmement, le pharmacien est le professionnel de santé qui possède la meilleure connaissance des médicaments et peut suppléer le médecin et les infirmiers dans cette activité. Nester et al. [27] ont montré que l’historique médicamenteux assuré par un pharmacien clinicien était plus complet et plus précis que lorsqu’il était réalisé par une infirmière. Gattis et al [28] ont ainsi pu mettre en évidence que la réalisation d’un historique médicamenteux par un pharmacien à l’admission était associée à une réduction de la mortalité probablement en raison de la mise en évidence précoce des erreurs médicamenteuses (EM) et donc leur prise en charge plus rapide. La revue de la littérature par Tam et al. [29] montre l’importance des erreurs de prescriptions à l’admission des patients, appréciées par les différences entre le traitement prescrit à l’hôpital et le traitement reçu par le patient avant hospitalisation. En fonction des études, ils ont estimé le nombre de patients présentant une erreur de prescription à l’admission entre 10 et 67%.

CONSEILS AUX PATIENTS ET EDUCATION THERAPEUTIQUE

L’activité du pharmacien clinicien ne se limite pas aux interactions avec le personnel méd ical et soignant. Ainsi, les activités en lien direct avec le malade sont primordiales, dans le but de limiter l’iatrogénie en assurant une bonne observance et une bonne compréhension du traitement. Plusieurs travaux ont mis en évidence l’impact des conseils pharmaceutiques au patient et plus particulièrement celui de l’éducation thérapeutique.
Une étude réalisée en Irlande du Nord par Bolas et al. [30] a montré l’efficacité d’un conseil pharmaceutique au patient en sortie d’hospitalisation associé à un courrier de sortie du pharmacien signé par l’interne en médecine adressé au médecin traitant et au pharmac ien d’officine. En comparaison à un groupe contrôle, les patients ayant bénéficié de ce service avaient une meilleure connaissance de leur traitement 10 à 14 jours après la sortie. Schnipper et al. [31] ont analysé l’impact du conseil pharmaceutique à la sortie d’hospitalisation sur l’iatrogénie médicamenteuse. Ils ont ainsi montré que, à 30 jours de la sortie, cette intervention permettait une réduction de l’erreur médicamenteuse (EM) de 11 à 1% et une réduction des visites aux urgences et des réadmissions de 8 à 1%. Un travail français par Léger et al. [32] a mis en évidence qu’une séance d’éducation pharmaceutique à l’utilisation des anticoagulants de type anti vitamine K (AVK) avant la sortie de l’hôpital permettait de réduire le risque de faire une hémorragie sous AVK d’un facteur 4 par rapport aux patients n’ayant pas été éduqués (17% contre 33%).

REDUCTION DES COUTS

Dans le contexte actuel de maîtrise des coûts de santé, il est primordial d’évaluer l’impact économique de l’amélioration de la qualité des soins. La pharmacie clinique permet une réduction de l’iatrogénie médicamenteuse mais à quel prix ? Le surcoût induit par la création de postes de pharmaciens cliniciens peut-il être « amorti » par des bénéfices en matière de recours aux soins, de réduction de d urée d’hospitalisation ou de coût social ?
Encore une fois, les Nord-Américains ont été les premiers à apporter des réponses à cette question. Il est probable que les modalités de financement et la forte judiciarisation du système de santé Nord-Américain ont favorisé la réalisation de ces études. En effet, les établissements de soins et les cliniciens, assumant les conséquences judiciaires et donc économiques colossales liées à la recrudescence des procès pour événement iatrogène, ont largement favorisé le développement de la pharmacie clinique sur des critères d’abord économiques.
En France, le mode de financement et le nombre limité de procès liés à l’iatrogénie médicamenteuse ne contribuent pas au développement de la pharmacie clinique. Néanmoins, la prise de conscience actuelle de l’importance de l’iatrogénie médicamenteuse ainsi que les nouvelles modalités de financement des établissements de santé (tarification à l’activité et mise en place des pôles d’activité) devraient favoriser un développement important de l’activité de pharmacie clinique. Dans ce cadre, la contractualisation de postes de pharmaciens cliniciens au sein des pôles médicaux est déjà une réalité dans certains établissements hospitaliers. Bond et al. Ont réalisé trois études majeures [6, 8, 33] concernant les services pharmaceutiques dans les hôpitaux américains et leur impact économique.
Dans la première étude [6], ils ont montré l’association statistiquement significative entre quatre activités de pharmacie clinique (recherche clinique, information sur le médicament, historique médicamenteux à l’admission et participation à l’équipe de réanimation) et une réduction de la mortalité. Le coût de chacun de ces services variait de 28,92(recherche clinique) à 196,58$ (information sur le médicament) par décès évité en dollars de 1992.
La seconde étude [7] à montré une association entre les activités de pharmacie cliniq ue (formation des personnels de santé, information sur le médicament, management des protocoles thérapeutiques et historique médicamenteux à l’admission) et la réduction des coûts de médicaments par séjour hospitalier. Chaque dollar investi dans le salaire d’un pharmacien était ainsi associé à une réduction des coûts de médicament de 23,80 (historique médicamenteux à l’admission) à 83 ,23$ (management des protocoles thérapeutiques).
Enfin, la troisième étude [33] a mis en évidence l’association entre trois activités de pharmacie clinique (évaluation de l’utilisation des médicaments, information sur le médicament, gestion des effets indésirables médicamenteux à l’ad mission) et la réduction des coûts d’hospitalisation. Chaque dollar investi dans le salaire d’ un pharmacien était associé à une réduction des couts d’hospitalisation de 31,92 (évaluation de l’utilisation des médicaments) à 2988,57$ (gestion des effets indésirable médicamenteux).
D’autres études ont plus particulièrement mis en évidence l’impact éco nomique des interventions pharmaceutiques. Ainsi, McMullin et al. [34] ont estimé que les interventions pharmaceutiques permettaient une réduction de 41% des coûts médicamenteux corre spondants à une réduction de 30,35$ par intervention pharmaceutique. Une étude réalisée en Australie par Dooley et al. [35] a estimé l’économie réalisée par intervention pharmaceutique à 188$ australiens (112 €). Dans un travail en France réalisé par kausch et al. [36], il a été mis en évidence que les interventions d’un pharmacien clinicien intégré dans un service de chirurgie viscérale permettaient d’économiser 1,19 à 2,31€ par euro investi dans le salaire d’un pharmacien clinicien.

ACCEPTABILITE DES PROPOSITIONS FAITES PAR LES PHARMACIENS CLINICIENS

L’acceptabilité des services de pharmacie clinique par les médecins est un critère particulièrement important car il met en évidence d’une part la pertinence clinique des interventions pharmaceutiques, et d’autre part, l’évolution de la relation médecin-pharmacien.
Une revue de la littérature de 1990 par klpopfer et Einarson [37] montrait un taux moyen d’acceptation des interventions pharmaceutiques par les médecins de 85,5% et identifiait déjà plusieurs facteurs associés à un taux élevé d’acceptation tels que la durée, le type de communication, la sollicitation active ou non, le type de médecin et le type de pharmacien.
En Angleterre, Barber et al. [38] ont mis en évidence un taux global d’acceptation des interventions pharmaceutique de 96% lorsque les pharmaciens participaient aux visites de service des médecins. Ils ont également plusieurs facteurs associés à un taux d’acceptation élevé. Ainsi, le type de service, l’ancienneté d u pharmacien et le temps passé par le pharmacien dans le service étaient associé à des taux d’acceptation élevés.

PERSPECTIVES POUR LA PHARMACIE CLINIQUE EN FRANCE

Pour passer le cap, et que la pharmacie hospitalière devienne performante dans le domaine des activités de la pharmacie clinique, trois mots clés sont à développer : former les pharmaciens, formaliser les activités de pharmacie clinique, évaluer sur le plan médico-économique. Nous les développons successivement :
La formation pour quoi faire ?
Le régime des études de pharmacie a été revu en 2003 par la commission nationale pédagogique [42]. Les évolutions pédagogiques essentiellement axées sur l’introduction des stages d’applications en milieu professionnel, des enseignements coordonnés et du développement de tutorat de projets sont de nature à faire évaluer les enseignements magistraux, trop sclérosants pour les étudiants. L’enseignement n’est pas assez soutenu par les praticiens hospitaliers exerçant au sein des unités de soins. La formation doit préparer les étudiants à être plus présents dans la régulation de la consommation des médicaments, à jouer un rôle dans la recherche de l’efficience des prescriptions, à éduquer les patients chroniques dans la gestion de leur traitement. Cette formation doit inclure des sciences sociales et comportementales et s’orienter vers un véritable exercice de la pharmacie clinique qui peut se résumer comme suit:
– encourager la complémentarité culturelle des médecins sur le diagnostic et des pharmaciens sur les médicaments utilisés en thérapeutique,
– préconiser la validation des ordonnances ou des stratégies médicamenteuses, ce qui doit rester le cœur du métier du pharmacien clinicien.
– se préoccuper de jouer auprès des prescripteurs un rôle de conseil pour le respect des consensus scientifiques et la recherc he de l’efficience des prescriptions,
– optimiser la mise en place des stratégies thérapeutiques, ce qui sous-entend de ce fait la connaissance des posologies, des plans de prises, des adaptations posologiques, des vitesses de perfusion, de l’éventuelle apparition d’effets indésirables, du suivi biologique et thérapeutique et de la mise en place de l’évaluation et des vigilances,
– participer à l’éducation thérapeutique des patients atteints de pathologie chronique,
– rechercher, donner du relief à toutes ces pratiques et prouver le bien fondé des investissements consentis par la collectivité pour le développement de la pharmacie clinique.
La formation comme nt ?
L’internat et l’externat (figure 1) [42]
Les étudiants en pharmacie de 5 éme année hospitalo-universitaire (AHU), que l’on pourrait appeler les « externes », peuvent rendre d’énormes services à la collectivité hospitalière au travers des fonctions définies plus haut. Ils sont présents à l’hôpital en mi-temps, le matin sur une période de douze mois et opèrent plusieurs rotations dans l’année, de trois à quatre mois selon les facultés (selon les filières industrie, biologie ou officine). Les étudiants de 5 éme AHU sont affectés majoritairement dans les services cliniques. Les étudiants en pharmacie de 5 éme année peuvent passer le concours d’internat qui les orientera soit vers l’exercice de la biologie, soit vers l’exercice de la pharmacie essentiellement hospitalière. La formation qui dure quatre ans, est découpée en semestres. L’interne, selon son rang de classement, choisit l’orientation biologie ou pharmacie hospitalière ; il passe huit semestres dans des services pharmaceutiques, biologiques ou cliniques. Une formation pratique dans les divers secteurs de la pharmacie hospitalière et clinique, au sein même des pôles médicaux, reste essentielle pour les étudiants et les internes.
Par ailleurs, une formation dispensée par le truchement de l’internat, quel que soit le domaine pharmaceutique visé, constitue la voie royale pour la France.
Cela suppose une amélioration des organisations, des capacités d’encadrement des pharmaciens et une spécialisation de chacun dans ces différents domaines, ce qui permet aux pharmaciens d’avoir la possibilité d’élaborer des cursus performants.

INTERET ET POSSIBILITES D’UN DEVELOPPEMENT FUTUR

Au vu des résultats d’études publiées à l’étranger, l’intérêt clinique et économique des activités de pharmacie clinique décrites précédemment apparaît réel tant pour les patients que pour la société. Nous pensons donc qu’il peut en être de même pour le Sénégal. D’ailleurs, il existe des facteurs favorisants qui permettent un tel développement. Ces facteurs ont été identifiés par le biais d’une étude récente en Belgique et ressortent de discussions et échanges avec de nombreuses personnes potentiellement impliquées dans le développement de la pharmacie clinique. Ces facteurs ont été présentés au tableau [IV] [43].
La volonté politique d’instaurer un meilleur usage des médicaments est liée à celle visant tant à diminuer le coût des médicaments actuels qu’à dégager les moyens financiers nécessaires à l’introduction de thérapeutiques dites innovantes. Dans les deux cas de figure, le pharmacien clinicien peut contribuer de manière efficace à la mise en œuvre de cette politique.
L’informatisation des prescriptions constitue également un élément important pour les pharmaciens à plusieurs points de vue. Tout d’abord, les prescriptions informatisées sont plus claires et complètes que les ordonnances manuscrites. Ceci permet une meilleure qualité de distribution des médicaments. Ensuite la prescription informatisée génère une base de données d’intérêt certain : Elle permet à l’ensemble de l’équipe soignante d’avoir une vue d’ensemble des traitements mis en place pour chaque patient, et de plus, elle fournit une aide à la détection d’interactions ou d’incompatibilités. La prescription informatisée constitue une opportunité de dialogue constructif entre le pharmacien et le prescripteur.
Cette informatisation des prescriptions n’est qu’un rêve pour le moment au Sénégal mais ce rêve peut se concrétiser rapidement vu l’essor des technologies de l’information et de la communication (TIC) dans notre pays.
L’évolution vers une forfaitarisation des soins médicaux et pharmaceutiques à l’instar de ce qui se fait dans pays développés conduira à développer de plus en plus des approches objectives en termes de choix thérapeutiques. Les expériences étrangères dans ce domaine se sont ré vélées très convaincantes pour une justification pharmaco économique de la pharmacie clinique. De tels résultats devraient être applicables au Sénégal. Pour avoir ces résultats, il est nécessaire de faire une bonne formation en pharmacie clinique, de motiver les étudiants en derniere année d’étude de s’intéresser à la pharmacie clinique.
Il faut aussi accorder une place aux pharmaciens dans les services cliniques des hôpitaux sénégalais et avoir des formateurs qualifiés.
Une reconnaissance académique de la spécialisation en pharmacie clinique et une motivation financière sont également importantes pour l’introduction de cette nouvelle discipline au Sénégal. Enfin il est clair le nombre insuffisant de médecins dans nos structures sanitaires mènera à une certaine redéfinition des tâches, le médecin devant par la force des choses, se concentrer sur les domaines où lui seul peut agir (c’est-à-dire le diagnostic et les décisions thérapeutiques globales). Il sera donc amené à confier à d’autres la mise en œuvre p ratique des décisions qu’il prend. Le partenariat avec les pharmaciens, spécialistes des médicaments, est donc intéressant. Ceci doit se comprendre dans le cadre de la constitution d’équipes médicales prenant en charge le patient (au-delà du dialogue singulier médecin-patient qui doit être à la base de toute démarche diagnostique et thérapeutique et qui garde donc toute son importance). Ces équipes doivent être des lieux de dialogue où des disciplines complémentaires s’associent.
Le contexte actuel apparaît donc favorable au développement de projets pilotes de services décentralisés de pharmacie clinique, et ceux-ci pourraient être ciblés spécifiquement en fonction des besoins et des priorités locales et nationales. Ce développement pourrait se faire, au départ de la pharmacie de l’hôpital, par l’intégration progressive de pharmaciens formés au bon usage des médicaments dans des services ciblés. Dans ce cadre, une orientation vers les patients à risque élevé d’effets secondaires et d’interactions médicamenteuses apparaît certainement comme prioritaire.

IMPLICATION DES UNIVERSITAIRES POUR LA FORMATION DES PHARMACIENS CLINICIENS

Il est évident que la formation actuelle des pharmaciens doit être adaptée afin que les étudiants acquièrent les connaissances et compétences relatives à leurs fonctions cliniques. Cela nécessite que la formation universitaire soit plus centrée sur le patient, et incluse davantage des notions de pharmacothérapie à tous les niveaux de l’enseignement. De plus, les pharmaciens devraient avoir l’opportunité de communiquer avec les patients et avec les médecins tout au long de leurs formations et certainement pendant leurs dernières années d’étude. Le but est de conduire pharmaciens et médecins à une meilleure compréhension de leurs activités respectives et de construire la base d’un espace de collaboration où chacun garde sa spécificité et sa compétence propre.
Le pharmacien doit aussi apprendre à adopter une attitude plus proactive que celle qu’il adopte souvent et à laquelle il n’a que rarement été formé. Ceci implique la notion de responsabilisation vis-à-vis des patients d’une part et des autres intervenants avec lesquels il sera amené à collaborer d’autre part. Ceux-ci attendront en effet qu’il améliore sans cesse ses connaissances tout au long de sa carrière, afin d’être, et surtout de rester toujours, le vrai spécialiste du médicament. Leur capacité à communiquer de façon adaptée avec les patients et les autres professionnels de la santé sera essentielle et un apprentissage des méthodes de communication devra être inclus dans la formation. Il faudra donc définir un cadre de référence à fixer par les universités, les sociétés scientifiques et les organisations professionnelles. Il est donc essentiel de préparer dès maintenant le pharmacien à son nouveau métier. Ceci est d’autant plus important que les tâches traditionnelles comme l’analyse des médicaments ou leur préparation sont quasiment complètement prises en charge par des structures spécialisées. Tout ceci représente biensûr un défi pour le pharmacien de demain, mais lui donne la possibilité de se tourner clairement vers le futur.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS SUR LA PHARMACIE CLINIQUE
I. HISTORIQUE
II. OBJECTIFS DE LA PHARMACIE CLINIQUE
III. MISSION ET CHAMPS D’ACTIVITE
IV. FONCTIONS DU PHARMACIEN CLINICIEN
IV.1. Rôle du pharmacien clinicien dans les services cliniques
IV.2. Le pharmacien clinicien et le patient individuel
IV.3. Prolongement de la pharmacie clinique à l’officine
V. IMPACT DU SERVICE RENDU PAR LE PHARMACIEN CLINICIEN
V.1. Réduction de la morbimortalité
V.1.1. Analyse pharmaceutique des prescriptions et interventions pharmaceutiques
V.1.2. Participation du pharmacien clinicien à la visite de service des médecins
V.1.3. Etablissements de l’historique médicamenteux
V.1.4. Conseils aux patients et éducations thérapeutiques
V.2. Réduction des couts
V.3. Acceptabilité des propositions faites par les pharmaciens cliniciens
DEUXIEME PARTIE : STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT DE LA PHARMACIE CLINIQUE AU SENEGAL
I. LE CONTEXTE FRANÇAIS
I.1. Etat des lieux
I.2. perspective pour la pharmacie clinique en France
II. DIFFICULTES ATTENDUES ET ETAPES A PARCOURIR
III.INTERET ET POSSIBILITES D’UN DEVELOPPEMENT FUTUR
IV. IMPLICATION DES UNIVERSITAIRES POUR LA FORMATION DES PHARMACIENS CLINICIENS
V. DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES

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