L’élaboration d’une stratégie de communication est une étape essentielle de la mise en œuvre d’une campagne électorale. Elle permet de fournir une analyse précise de la circonscription électorale ainsi que l’objectif clair du candidat.
ANALYSE SEMIO-CONTEXTUELLE D’ALEX MUCCHIELLI
Contexte spatial
« Ce qui est dit prend un sens par rapport à la disposition du lieu et à ses contraintes imposant à tous » .
Effectivement, le contexte spatial décrit l’environnement dans lequel se déroulera l’élection. FIATA TSARALALANA englobe trois quartiers à savoir Isotry Atsinanana, Tsaralalàna et Ampasamadinika. Sa délimitation commence à Ampasamadinika. Le chemin, une descente, se suit vers le tournant du côté de CONFORAMA et s’ouvre sur le quartier de Tsaralalàna pour aboutir enfin à Isotry, ces deux endroits sont les plus visités par les tananariviens dû à leur caractère commercial tel que : la vente des légumes et fruits, des confections, des matériaux de construction, des appareils électro-ménagers Une fois arrivé sur le rond-point dont les habitués de cet endroit le nomme « les quatre chemins » (vers Antohomadinika, 67 Ha, Ampefiloha et Isoraka) on prend en compte le côté des vendeurs de matériaux en bois (pour la construction et divers usages ménagers). On remonte après en direction de Isoraka en passant par le chemin pavé et terminer la ronde dans ledit quartier Isoraka en question. En tout, le Fokontany s’étend sur une superficie de 0,28 Km2 . Il se situe en plein centre-ville. Le Fokontany ne comprend pas beaucoup de couloir mais subdivisé en quatre secteurs. Puisqu’il n’y a pas beaucoup de couloir, il n’y a que très peu de portail de sécurité. Le Président du Fokontany abolit la structure du « andrimasom-pokonolona » pour remettre la sécurité entre les mains de la police nationale. La solidarité du quartier meurt aussi avec cela parce que la population n’accorde plus de confiance à la Police Nationale. L’emplacement du Fokontany donne une accessibilité facile à toutes sortes de services tant bien publics que privés comme la croix rouge, la banque, la poste, le pompier, l’hôtel de police. Bref, les habitants se trouvent à proximité de services sociaux et des administrations publiques (Commune, Firaisana). D’autres entreprises comme les agences de voyages (Agence de voyage SILVER WINGS et Agence de voyage BOURDON) et les hôtels de Tsaralalàna comme : SHALIMAR, Anjary Hôtel, Central Hôtel, White Palace, etc…) développent aussi le secteur économique. Dans le cadre de l’enseignement, le Fokontany ne possède que des établissements primaires : deux établissements privés et un établissement public (EPP Isotry). Par contre, les jeunes peuvent bénéficier de CEG Ampefiloha ou CEG Antanimena et du Lycée Jean Joseph Rabearivelo, des bâtiments publics non compris dans le Fokontany. Les 520 toits qui se trouvent à FIATA se construisent avec une promiscuité exagérée et sont serrés comme des sardines. Il n’y a plus de parcelle libre pour une nouvelle construction ni un terrain où les enfants peuvent jouer. Les enfants perdent l’esprit des jeux en espace libre et en groupes tel que : les polices et voleurs, le jeu de cache-cache etc. Les enfants profitent du dimanche pour jouer aux bicyclettes dans la rue. D’ailleurs, le Fokontany ne possède pas de complexes sportifs. L’agencement de l’espace très serré et faute de terrain à proximité implique que le meeting politique ne pourra pas être effectué sur une surface vaste et large pour le cas de FIATA. Bien sûr, le Tranompokonolona Isotry a été rénové récemment par la commune urbaine d’Antananarivo mais il est classé actuellement comme un monument national. Normalement, le théâtre municipal est utilisé à des fins théâtrales. Le lieu perdra donc sa valeur culturelle si un candidat s’y rend pour un meeting politique. De plus, sa capacité d’accueil s’est limitée au nombre de 700 personnes seulement. Un meeting politique au théâtre municipal n’est ni fructueux ni conseillé parce que les cibles sont très restreints et le cadre ne correspond pas à la situation. En conclusion, la condition spatiale du Fokontany pourra poser un problème d’accès pour une quelconque propagande en qualité d’un meeting politique sur terrain car non seulement cet endroit est très afflué par les piétons mais la circulation y est également très difficile vu les étalages de tous côtés qui occupent le bord de la route. Bref, aucun site n’est possible pour tout objet de rencontre d’une grande envergure.
Contexte temporel
« Ce qui est dit à tel moment prend un sens par rapport à ce qui est dit avant » .
Le contexte temporel dans lequel s’intègre la propagande se situe entre deux périodes pendant lesquelles on annonce la liste des candidats présidentiels et la date de fin de la propagande. C’est dans cette phase que se joue la quête du pouvoir. Selon l’article 39 du code électoral, la durée de la campagne électorale est fixée de trente (30) jours pour l’élection du Président de la République. Le candidat doit séduire les électeurs durant cette durée déterminée mais elle ne suffit pas pour établir un climat de confiance entre le candidat et les électeurs. La rencontre avec la population doit donc se faire bien avant la campagne. Cette une sorte de course entre les candidats. Mais il s’agira cette fois-ci d’une propagande déguisée en faisant des actes lourds d’où action directe répondant aux besoins immédiats de la population. Cette action se fera sous le nom du parti politique. Durant les trente jours fixés par la loi, le candidat ne fera que renforcer son image préétablie en contactant directement la population et en leur rappelant les actions réalisées en guise de preuve vivante. En même temps, le candidat laisse un tract pour que l’électeur sente toujours sa présence. La dernière semaine de l’élection, il rappelle aux électeurs l’importance de leur vote afin qu’ils puissent déterminer de leur choix.
Contexte culturel de référence aux normes et règles collectivement partagées
« Ce qui est dit prend un sens par rapport à ces normes appelées ou construites au cours des échanges » .
Les normes administratives
L’administration malgache exige des critères d’identité pour tout candidat à l’élection. Toute personne citoyenne ayant la nationalité Malagasy pourra se porter candidat selon les critères exigés par cet engagement : d’abord, elle doit jouir de ses droits civils et politiques et s’inscrire sur la liste électorale. Il doit être âgé d’au moins 35 ans à la date de clôture du dépôt de candidature et avoir résidé physiquement sur le territoire malgache au moins six (6) mois avant la date butoir du dépôt des candidatures et être domicilié à Madagascar au jour du dépôt de dossier de candidature.
Un citoyen est celui ou celle qui dispose de la nationalité malagasy. Est électeur tout citoyen âgé de 18 ans révolus à la date du scrutin, jouissant de ses droits civils et politiques, ce qui veut dire qu’il n’est ni un incapable majeur, ni condamné pour crime ou délit, ni privé, par décision judiciaire, du droit de vote. Les femmes ayant acquis la nationalité malagasy par mariage et les étrangers naturalisés, sous certaines conditions, peuvent voter. La qualité d’« électeur » s’acquiert après inscription sur la liste électorale.
Les normes culturelles du Fokontany
Le dénominateur commun des trois quartiers est le caractère commercial florissant de tout genre. Le Fokontany est donc un lieu très animé pendant la journée en surplus de la présence des prostituées en grand nombre, le soir venu. Le quartier d’Isotry est très connu grâce à son caractère commercial .Ce marché est sans doute l’un des plus populaires de Tananarive et aussi l’un des plus vieux, puisqu’il est né en 1938 et on l’appelait « Tsena Sabotsy ». Depuis l’époque d’Andrianampoinimerina, le « Tsena » ne se limite pas uniquement à une rencontre entre acheteur et vendeur, c’est également un lieu de socialisation, un lieu où les gens se rencontrent pour de multiples objectifs : s’informer, informer, discuter, acheter. Le marché reflète donc en même temps le « Fihavanana ». Une bribe de cette culture reste ancrée même dans ce XXIème siècle. Surtout le samedi. Les gens qui étaient retenus par leur travail durant la semaine se reposent un peu puis sortent de leur maison et se rencontrent au marché d’Isotry. Parmi les trois quartiers, Isotry est l’endroit le plus côtoyé et le plus animé. Les travailleurs et surtout les mères de famille profitent du samedi pour baigner dans l’ambiance locale et faire le marché. Isotry est aussi, depuis plus d’un siècle, le quartier urbain historique d’implantations d’artistes d’opéra paysan ou « Mpihira gasy ». La confédération des 130 troupes de mpihira gasy FIMPIMAMAD (FIkambanan’ny MPIkabary Malagasy eto MADagasikara, qui regroupe plus de 4000 personnes) y a son siège. Les « Mpihira gasy » ont un rôle essentiel dans le quartier en termes de – médiation et prévention des conflits – assistance sociale (adoption, nutrition et scolarisation des enfants abandonnés), – et éducation. D’ailleurs, il convient de rappeler que leurs œuvres abordent des thèmes pédagogiques et éducatifs tels que : la prévention du Sida, protection de l’environnement, résistance à la culture de corruption, citoyenneté, importance de la scolarisation des enfants, etc.
La notoriété, bien plus que l’étiquette politique, est la clef du scrutin. La question que se posent les électeurs est celle de savoir si le candidat peut et veut prendre au sérieux leurs problèmes socioéconomiques et ceux du Fokontany, si le candidat fait preuve de bonne volonté pour les écouter, s’il va se lancer avec maturité décisive au développement du Fokontany et à l’amélioration de la qualité du niveau de vie de la population locale. L’étiquette politique du candidat et celle de ses concurrents n’interviennent qu’en second lieu, excepté les très grandes communes.
Dans le traditionnel meeting politique malgache, le spectacle accompagné d’artistes de renom ne perd pas de terrain durant les propagandes. A cette ère de nouvelles techniques de l’information et de la communication, les candidats ne cessent aussi d’exploiter leur image. Avec internet, nous n’avons jamais été interconnectés et informés : nous pouvons quasiment suivre l’actualité en temps réel et la commenter en direct avec des millions d’internautes. Les électeurs sont sollicités de toutes parts : buzz et publicités virales sur les réseaux sociaux. Les moyens mis à la disposition des partis sont impressionnants et leur permettent de contacter des millions de personnes d’un simple clic. A Madagascar, les candidats commencent à s’orienter vers le réseau social « Facebook ». C’est un nouveau terrain d’expression. De plus, les sponsors et l’opinion internationale tiennent compte du nombre de fans que le candidat engrange dans les réseaux sociaux surtout en période de campagne. Cela conditionne le soutien qu’ils apportent aux candidats. C’est pour cela que la majorité des prétendants à Ambohitsorohitra sont sur « Facebook ». Ces deux stratégies sont intéressantes dans la mesure où la propagande s’applique dans une superficie plus étendue et plus vaste (commune et région). Le Fokontany est très restreint. Il faut, en effet, redoubler d’effort et de créativité pour se démarquer et amener les électeurs à voter pour soi.
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE I : ANALYSE SEMIO-CONTEXTUELLE
Section 1 : Contexte spatial
Section 2 : Contexte temporel
Section 3 : Contexte culturel de référence aux normes et règles collectivement partagés
Section 4 : Contexte d’identité des acteurs
Section 5 : Contexte des positions respectives des acteurs
Section 6 : Contexte relationnel social immédiat
Section 7 : Contexte physique et sensoriel
CHAPITRE II : LA STRATEGIE DU PORTE-A-PORTE
Section 1 : Les actions concrètes lors d’une session de porte-à-porte
Section 2 : L’accès à la scène : atteindre la porte
CONCLUSION