La biodiversité de Madagascar est très riche mais aussi très menacée. Devenue une île (quatrième grande île) après la dislocation du continent de Gondwana il y a environ 200 millions d’années et la séparation de l’Afrique et de l’Inde vers la fin du Crétacé (environ 65 millions d’années) elle est célèbre par l’endémicité et sa faune en particulier des Primates lémuriens (MITTERMEIER et col., 1994 [44]; GARBUTT, 1999 [17]).
Les Primates, y compris les lémuriens, présentent des régimes alimentaires variés et ces régimes sont liés à la taille de l’animal, car en général, les grandes espèces sont des folivores comme Gorilla, Theropithecus, Colobus badius… et les petites tailles présentent divers types de régimes qui varient entre les folivores, les frugivores (FLEAGLE, 1999 [15]) et les faunivores comme Microcebus… Hapalemur surnommé «Pandas of the Primate World» (TAN, 2000 [90]), présente une certaine affinité pour le bambou qui est assez analogue à celle du Panda Géant (Ailuropoda melanoleuca) et du Panda rouge (Ailurus fulgens), (SCHALLER et col., 1985 [80]; JONHSON et col., 1988 [34]). Parmi les lémuriens de Madagascar, c’est ce genre qui est considéré comme ayant la plus petite taille des «vrais lémuriens» (Lemuridae) diurnes.
SITE D’ETUDE
LOCALISATION GEOGRAPHIQUE
Le Parc National de Ranomafana se trouve au Sud-Est Central de Madagascar dans la Province de Fianarantsoa. Plus précisément, il est à 400km au Sud Est de la capitale Antananarivo (environ 9h de route), à 60km au Nord-Est de Fianarantsoa vers la route de Mananjary (environ 2h de route). Il est approximativement à 90km à l’Ouest de l’Océan Indien. Il y à 7km entre la ville de Ranomafana et l’entrée du Parc. Il occupe une superficie aux environs de 42000 hectares (TAN, 1999a [88]). Le Parc est traversé par la Route Nationale 25. Les coordonnées géographiques du Parc sont 21°16’38’’Sud de latitude et 47°23’50’’Est de longitude (RAZAFIMAMONJY, 1988 [74]). Il est subdivisé en trois parcelles (LANGRAND et NICOLL, 1989 [36]) : la parcelle 1, formée de forêt primaire qui couvre 2526 ha, la parcelle 2 (1623 ha) avec des pins et des eucalyptus et la parcelle 3 de forêt secondaire et des forêts primaires sélectivement abattues ayant une surface de 13740 ha.
Notre site d’étude Talatakely se trouve dans la troisième parcelle du Parc National Ranomafana. Elle est localisée à la latitude 21°15’20’’S et la longitude 47°25’15.3’’E. Ce site présente également un vaste réseau de piste connu sous le nom de TTS ou « Talatakely Trail System » et qui couvre environ 5 km2 d’espace. Le long de la piste, se trouvent des repères tous les 25 ou 50m.
HISTORIQUE DU PARC
Selon l’histoire racontée par les anciens villageois, les premiers occupants de la forêt sont des bûcherons d’ethnies en majorité Tanala et des Betsileo. Avant 1988, temps de sortie des machines de bois, ce Parc était la concession des exploiteurs forestiers pendant un an, entre 1986 et 1987 (WRIGHT, 1995 [104]). Le Parc est nommé Forêt Classée jusqu’à son inauguration le 31 mai 1991 en quatrième Parc National de Madagascar. Sa création est due à la reconnaissance du gouvernement Malagasy de l’importance biologique de cette région, et aussi à la découverte de Hapalemur doré connu sous le nom scientifique Hapalemur aureus.
CLIMAT
Le climat est l’un des facteurs le plus important agissant sur le milieu naturel d’une région. Les changements saisonniers entraînent des variations considérables sur les spécimens floristiques et faunistiques du milieu. Dans l’ensemble, la zone d’étude est soumise à un climat de type tropical humide. Ce climat humide et arrosé est propice au développement des cours d’eau tels que la Namorona qui alimente la seule centrale hydroélectrique du Sud Malagasy. Les données climatiques suivantes sont recueillies à l’aide des stations météorologiques installées dans le Parc à Vohiparara et dans notre site d’étude même depuis 1994.
TEMPÉRATURE
La température varie de –1° à 30° dans le Parc. Mais la température annuelle moyenne dans le site est de 21°C (WRIGHT, 1995 [104]; ATSALIS, 1998 [2]), avec une fluctuation saisonnière de 4 à 6° entre juin et août les mois les plus froids et de 28 à 30°C de novembre en janvier les mois les plus chauds. Cependant, nous avons constaté une légère baisse de la température annuelle moyenne de l’ordre de 3°C lors de notre étude dans le site en 2003. Le régime de température est dit « thermique » signifiant subtropical avec des variations considérables selon les saisons.
PRÉCIPITATION
Il présente une précipitation annuelle variant de 2300 – 4485 mm (WRIGHT, 1998 [105]; ATSALIS, 1999 [3]; TAN, 1999a [88]), mais elles sont extrêmement variables d’une année à l’autre en fonction des dépressions tropicales et des cyclones. La précipitation la plus lourde se trouvait entre Décembre et Mars. Une bonne partie de ces précipitations tombent sous forme de crachins en particulier au cours de la saison froide. La précipitation annuelle à Talatakely atteint 2.778mm (TAN, 1999a [88]). Cependant lors de notre dernière étude en 2003, la précipitation annuelle de Talatakely est arrivée jusqu’à 3.210,5mm.
HYDROGRAHIE
La forêt est le plus grand réservoir hydrique du Sud-Est de Madagascar. Des multiples petits cours d’eau, affluents de la Namorona, prennent leur source dans la forêt, formant ensuite des petites rivières qui tombent en cascades pour rejoindre les basses terres. Dans la zone d’étude Talatakely, on rencontre Sakaroa, Mariavaratra, Ankerana, Fohomponina,…presque tous les 500m, il y a des cours d’eau (RAMBININTSOA, 1999 [64]). Sans oublier que c’est la rivière de la Namorona qui fournit l’électricité de la centrale hydraulique alimentant Fianarantsoa et la partie Sud-Est de Madagascar avec un débit de 562,1m3/s.
ORGANISATION DU RELIEF
Le relief du Parc National de Ranomafana est un relief contraste. Il est situé dans une zone montagneuse et escarpée. Il présente des bas fonds ou des vallons très étroits. La forêt est située au sein d’une région constituée de collines aux pentes abruptes, présente une réminiscence de la falaise de Betsimisaraka. Elle est classifiée comme forêt submontagne humide avec une élévation variant entre 900 et 1.110m (WRIGHT, 1995 [104]; WRIGHT et col., 1997 [107]). A l’intérieur et autour du Parc, une partie des terres présente des pentes variant de 30% à 100% d’inclinaison. Les deux plus hautes montagnes de la région sur lesquelles sont situés des points géodésiques se trouvent à l’intérieur du Parc, à savoir les ponts Monts Maharira au Sud (1374m ou 4509 pieds) et Vohidratiana au Nord (1316m ou 4319 pieds).
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Table des matières
INTRODUCTION
MATERIELS ET METHODES
I. SITE D’ETUDE
I.1. LOCALISATION GEOGRAPHIQUE
I.2. HISTORIQUE DU PARC
I.3. CLIMAT
I.3.1. Température
I.3.2. Précipitation
I.3.3. Diagramme ombrothermique de gaussen
I.3.4. Humidité ou hygrométrie
I.3.5. Pluviométrie
I.4. HYDROGRAHIE
I.5. ORGANISATION DU RELIEF
I.6. SOLS ET GEOLOGIE
I.7. BIODIVERSITE
I.7.1. Végétation
I.7.2. Faune du milieu
II. MATERIELS DE TERRAIN
III. MATERIELS BIOLOGIQUES
III.1. POSITION SYSTEMATIQUE
III.2. NOMS VERNACULAIRES
III.3. DISRIBUTION GEOGRAPHIQUE
III.4. DESCRIPTION DES ESPECES ETUDIEES
III.4.1. Caractères généraux
III.4.2. Caractères spécifiques
III.5. DESCRIPTION DE L’HABITAT
IV. METHODES
IV.1. PERIODE ET DUREE D’ETUDE
IV.2. DETERMINATION DU GROUPE ET DES INDIVIDUS DANS UN GROUPE
IV.3. MODE D’OBSERVATION
IV.4. COLLECTE DES DONNEES
IV.5. RECOLTE ET ANALYSE FECALE
IV.6. FICHE DE COLLECTE
IV.7. DESCRIPTION DES OBSERVATIONS
IV.8. LES METHODES STATISTIQUES
IV.8.1. Le pourcentage
IV.8.2. Test de Khi Carre (JOHNSON, 1992)
IV.8.3. Test de KRUSKAL et WALLIS
IV.8.4. Analyse de la Variance ANOVA (à une dimension)
IV.8.5. Test U de MANN-WHITNEY (JONHSON, 1992)
IV.8.6. Test T de Student pour echantillons non apparies (NEIL CHALMERS, PHIL PARKER & KEVIN MC CONWAY, 2000)
IV.8.7 Test de WILCOXON
RESULTATS ET INTERPRETATIONS
I. ETUDE DES ACTIVITES GENERALES
I.1- ACTIVITES GENERALES POUR LES TROIS ESPECES
I.2- ACTIVITES GENERALES POUR CHAQUE ESPECE
I.3- ACTIVITES JOURNALIERES
II. ETUDE DE L’ACTIVITE ALIMENTAIRE
II.1- ACTIVITE ALIMENTAIRE POUR CHAQUE ESPECE
II.2- TAUX D’ALIMENTATION PAR SEXE POUR CHAQUE ESPECE
II.3- ALIMENTATION HORAIRE
II.4- L’ORIENTATION DES SUPPORTS UTILISES LORS DE L’ALIMENTATION
II.4.1. L’orientation des supports utilises par les trois especes lors de l’alimentation
II.4.2. L’orientation des supports utilises pour chaque espece lors de l’alimentation
II.5. CATEGORIES ALIMENTAIRES ET TYPE DE NOURRITURE
II.5.1. Chez Hapalemur
ii.5.2. categories alimentaires et types de nourriture pour chaque espece
II.5.3. Catégories alimentaires et types de nourriture par sexe pour chaque espece
II.6. LES PARTIES DE LA PLANTE CONSOMMEES
ii.6.1. Les parties de la plante consommees par les trois especes
II.6.2. Les parties de la plante consommees par chaque espece
II.6.4. Parties de la plante consommées par sexe pour chaque espèce
II.7. PREFERENCE ALIMENTAIRE
II.7.1. Préférence alimentaire de la matinée
II.7.2. Préférence alimentaire du midi
II.7.3. Préférence alimentaire de l’après-midi
III ANALYSE DES FECES
III.1. LE NOMBRE DE PELOTES FÉCALES
III.1.1. Le nombre de pelotes fécales pour chaque espèce
III.1.2. Nombre de pelotes fécales par sexe pour chaque espèce
III.2. POIDS DES FÈCES BRUTES
III.2.1. Poids des fèces brutes pour les trois espèces
III.2.2. Poids des crottes brutes par sexe pour chaque espèce
III.3. LA DIMENSION DES CROTTES
III.3.1. La dimension des crottes pour chaque espèce
III.3.2. La dimension des crottes par sexe pour chaque espèce
III.4. LES PARTICULES FECALES
III.4.1 La dimension des particules fécales pour les trois espèces
iii.4.2. la dimension des particules fecales des individus de sexe different pour chaque espece
III.5. POIDS DES DECHETS SECS
III.5.1. Poids total des déchets secs obtenus dans les trois filtres
III.5.2. Le poids total des déchets secs entre les individus adultes de sexe mâle et femelle pour chaque espèce
III.5.3. Poids des déchets secs obtenus dans chaque filtre
III.5.4. Le poids des déchets secs entre les individus de sexe mâle et femelle dans chaque filtre
III.6. POURCENTAGE DES DECHETS SECS DANS CHAQUE FILTRE
DISCUSSIONS
I – ACTIVITE GENERALE
II ETUDE DE L’ACTIVITE ALIMENTAIRE
III. ANALYSE FECALE
CONCLUSION
ANNEXE