STRATEGIES D’AMELIORATION DE RECETTES PROPRES DES COMMUNES RURALES DE KOLOKO

Les recettes fiscales

-Les impรดts et taxes prรฉvus par le code des impรดts : La patente peut รชtre considรฉrรฉe comme le plus important des impรดts locaux de notre pays tant sur le plan de l’anciennetรฉ que sur le plan de la rentabilitรฉ budgรฉtaire. Elle est codifiรฉe aux articles 238 ร  253 du code des impรดts et est due par toute personne physique ou morale exerรงant une activitรฉ professionnelle non salariรฉe. C’est un impรดt qui profite au budget de la collectivitรฉ du lieu d’exercice de l’activitรฉ imposable et se compose d’un droit fixe et d’un droit proportionnel. Le droit fixe est dรฉterminรฉ en fonction du montant du chiffre d’affaires. Le droit proportionnel est assis sur la valeur locative des terrains et locaux professionnels avec exception faite de l’outillage ร  main, du mobilier de bureau et des bรขtiments servant de logement au personnel. La taxe de biens de main morte est rรฉgie par les articles 199 ร  210 du code des impรดts; cette taxe est transfรฉrรฉe aux collectivitรฉs en 1969, aprรจs avoir subi une restriction de son champ d’application. Elle est fondรฉe sur la valeur locative des propriรฉtรฉs, sols, bรขtiments et terrains formant une dรฉpendance indispensable et immรฉdiate des constructions avec dรฉduction de 40% pour les maisons et 50% pour les usines. Le taux de la taxe est de 10% pour les bรขtiments en dur et de 2,5% pour les bรขtiments en banco et semi dur. La taxe de rรฉsidence est instituรฉe par une ordonnance en date du 19 mars 1992 en remplacement de la contribution mobiliรจre. Elle profite aux budgets des collectivitรฉs. Est imposable tout local affectรฉ ร  l’habitation et situรฉ dans une zone urbaine amรฉnagรฉe ยซ Titre Il, article 8 et 27 de la loi n0014/96/ADP du 23 mai 1996 portant rรฉorganisation agraire et fonciรจre au Burkina Faso. La taxe est รฉtablie dans la localitรฉ oรน est situรฉe l’habitation. Les tarifs de base sont dรฉterminรฉs d’aprรจs les tableaux joints en annexe. La licence des dรฉbits de boissons est instituรฉe par la loi n09/79/AN du 07 juin 1979 avec des modifications dans son ensemble. Cette taxe est due entre autres par les commerรงants qui font de l’achat vente de boissons importรฉes, les hรดteliers, les fabricants, les gรฉrants de night clubs. Selon l’article 5 de la Zatu ANV-4 du 02/03/88, les personnes qui se livrent ร  la fabrication du dolo ou du bangui sont รฉgalement redevables de la licence. La taxe sur les armes instituรฉe par la loi n010/72/AN du 23 dรฉcembre 1972, est recouvrรฉe maintenant au profit des collectivitรฉs.
-Les taxes municipales prรฉvues par d’autres textes fiscaux : La redevance de balayage et d’enlรจvement des ordures mรฉnagรจres est aussi dรฉnommรฉe taxe de balayage. La taxe sur les spectacles est instituรฉe dans les limites de chaque commune.

A Koloko

ย  ย Le recouvrement commence avant tout par la sensibilisation de la population. Les services des impรดts basรฉs ร  Orodara passent suivant un calendrier pour le recouvrement de la contribution du secteur informel (CSI), de la patente et des autres taxes diverses fixรฉes au plan national. Mais le manque de personnel fait que ce calendrier n’est pas toujours suivi. Pour les impรดts locaux ou recettes issues des dรฉlibรฉrations (taxe sur la divaqation des animaux, taxe de fourriรจre, de stationnement, taxe sur l’enlรจvement des fruits, taxe sur les charrettes, taxe sur l’occupation du domaine public), le recouvrement se fait avec l’appui des conseillers. Ainsi un quittancier ambulant leur est remis. Aprรจs la collecte, le comptable de la mairie procรจde ร  l’encaissement des fonds pour le reversement chez le Percepteur ร  Orodara. Il faut signaler que les contribuables sont identifiรฉs avec l’aide des conseillers et des avis de recouvrement leurs sont adressรฉs. Aprรจs rรฉception de l’avis, certains contribuables passent s’acquitter de leurs devoirs. Il existe un collecteur vacataire au niveau du marchรฉ de Koloko seulement. Il faut aussi souligner le fait que certaines lignes budgรฉtaires n’ont pas reรงu de prรฉvisions donc pas de recouvrement. Entre autres nous citerons la concession dans les cimetiรจres, les frais d’indication des parcelles, les produits des quรชtes, les produits des contributions volontaires des rรฉsidents et non rรฉsidents. Ainsi au titre de l’annรฉe 2007, l’ensemble des recouvrements a รฉtรฉ de 11 000 000 Frcs CFA pour des prรฉvisions de 19 000 000 Frcs CFA, soit un taux de recouvrement de 57,89 % ce qui n’est pas suffisant selon le premier responsable, et cela ร  juste raison. Et pour amรฉliorer le niveau de recouvrement, le conseil communal souhaite entreprendre la construction d’un centre d’accueil et la rรฉorganisation du marchรฉ de Koloko. Les pistes rurales sont en projet de rรฉfection pour amรฉliorer la frรฉquentation des marchรฉs. L’amรฉnagement de bas fonds et de retenues d’eau, l’รฉlectrification de la commune seront entrepris pour dynamiser davantage les activitรฉs.

Contraintes d’ordre humain

ย  ย Les interviews ont rรฉvรฉlรฉ un nombre rรฉduit d’agents des impรดts et du trรฉsor (deux agents pour toute la province du Kรฉnรฉdougou), ce qui fait que le programme de sorties n’est pas respectรฉ sur le terrain (une seule sortie a รฉtรฉ effectuรฉe sur quatre ร  Koloko). Une autre contrainte observรฉe est l’insuffisance d’agents communaux dans les deux communes. Et certains d’entre eux n’ont pas suffisamment รฉtรฉ formรฉs. Il y a aussi le manque de volontaires pour la collecte des droits et places du marchรฉ. C’est le cas ร  Koloko oรน il existe trois marchรฉs avec un seul collecteur vacataire au niveau du marchรฉ de Koloko. Nous avons aussi observรฉ qu’il n’existe pas de service ou de rรฉgie distincts chargรฉs sรฉparรฉment des recettes et des dรฉpenses. Il faut souligner que la sensibilisation n’a pas encore fait un grand effet sur le comportement des populations, ce qui est visible ร  travers le recouvrement.

Mesures pour renforcer les anciennes recettes

Au niveau local A travers notre รฉtude, il se rรฉvรจle que la majoritรฉ des contribuables ne sont pas informรฉs de l’exรฉcution du budget. Le conseil municipal devra s’atteler davantage ร  faire une large diffusion des informations relatives ร  l’exรฉcution du budget aussi bien en recettes qu’en dรฉpenses (Art 11 du CGCT) car certains citoyens ne voient pas l’usage fait des recettes. Le contribuable devra รชtre informรฉ et invitรฉ par affichage, par radiodiffusion, par les griots ou crieurs publics aux dรฉbats populaires avant la prise des grandes dรฉcisions, sรฉances pendant lesquelles il aura la parole. Cela amรฉliorera le climat de confiance entre les contribuables et les responsables communaux. Une autre difficultรฉ รฉtant la non maรฎtrise de l’assiette fiscale, il serait souhaitable que le conseil รฉlabore le fichier du contribuable, fichier qui doit rรฉguliรจrement รชtre mis ร  jour par des recensements. Ce fichier permettra non seulement de connaรฎtre les divers taxes et impรดts, mais aussi l’assiette et le suivi rรฉgulier des recouvrements. Un fichier est joint en annexe; il peut se faire sur des fiches ou ร  l’ordinateur et peut รชtre modifiรฉ pour l’adapter aux rรฉalitรฉs de la zone. Dans la mรชme rubrique, se pose le problรจme de l’ignorance de l’existence des taxes et la rรฉticence des citoyens, d’ou la conscientisation de la population. En effet le bien fondรฉ de la dรฉcentralisation n’est pas encore bien compris par la population et par certains รฉlus locaux. On attend toujours de l’Etat tout le financement pour le dรฉveloppement de la localitรฉ. Or la population doit prendre en main son destin, c’est-ร -dire trouver elle-mรชme les moyens pour financer ses projets de dรฉveloppement. Une conscientisation de celle-ci autour de ses droits et devoirs s’impose: les droits รฉtant celui ร  la santรฉ, ร  l’รฉducation, ร  la sรฉcuritรฉ. Il faut alors une contribution pour leur rรฉalisation, d’oรน les devoirs ร  accomplir ร  travers les impรดts. Pour cet objectif, il faut instaurer un plan et des programmes de sensibilisation oรน les autoritรฉs coutumiรจres, religieuses, les personnes influentes dans les villages seront associรฉes. Quand on arrivera ร  mobiliser la majoritรฉ autour de leurs devoirs, c’est elle naturellement qui convaincra les autres ร  y adhรฉrer. Mais cela demande la patience car c’est un travail de longue haleine. A cette phase, il faudra รฉviter les mesures rรฉpressives qui risquent de compromettre le succรจs de la tรขche. En somme l’รฉquipe communale n’aura atteint son objectif en matiรจre de sensibilisation que lorsque les contribuables s’acquitteront avec intรฉrรชt leur devoir fiscal. Aussi adhรฉreront-ils surtout quand ils verront leur contribution utilisรฉe ร  des fins nobles. Pour cela, les รฉlus locaux devront comprendre parfaitement l’intรฉrรชt de la dรฉcentralisation afin de l’inculquer aux autres, et apprรฉhender vรฉritablement leurs tรขches c’est ร  dire concevoir des mรฉcanismes qui amรจneront progressivement toute la population ร  adhรฉrer aux objectifs locaux de dรฉveloppement. Une autre contrainte est l’analphabรฉtisme. Il va s’en dire qu’une alphabรฉtisation de la population et surtout des conseillers est nรฉcessaire quand on mesure l’importance de l’instruction dans toute ล“uvre humaine. Les communes devront s’impliquer davantage dans le recrutement et la formation du personnel pour mieux rรฉussir leurs missions. En somme l’รฉquipe municipale devra ล“uvrer ร  faire des rรฉalisations concrรจtes dans la commune au profit de la population, d’un exercice ร  l’autre, preuve de l’utilitรฉ de la contribution individuelle ร  travers l’impรดt. Cela pourra susciter l’intรฉrรชt de la population aux questions de fiscalitรฉ.
Au niveau national Suite ร  nos interviews, il s’avรจre que les sorties du Ministรจre de tutelle ne sont pas frรฉquentes dans les communes. Or l’objectif de ces sorties est de voir comment ces communes rurales fonctionnent. Cela permettra de prodiguer des conseils (article 68 du CGCT). Un autre constat est le nombre trรจs rรฉduit d’agents du trรฉsor et d’impรดts, ce qui limite les sorties pour le recouvrement. On pourra envisager la crรฉation d’une perception dans chaque commune avec une logistique adรฉquate pour la collecte rรฉguliรจre car une sortie par trimestre (qui n’est pas respectรฉe par exemple ร  Koloko une seule sortie a รฉtรฉ faite en 2007) n’est pas avantageuse. Le dรฉfaut de matรฉriel logistique pose problรจme; c’est le cas du vรฉhicule de sortie de Orodara en panne depuis longtemps. On oeuvrera alors ร  doter les services de recouvrement les moyens propices pour leurs activitรฉs. Un autre problรจme liรฉ ร  la collecte des taxes est le taux รฉlevรฉ selon certains contribuable; par exemple prรจs de 11% de l’effectif รฉtudiรฉ trouvent que les taxes sont รฉlevรฉes et c’est pourquoi ils ne sont pas ร  jour. Il serait souhaitable que le lรฉgislateur revoit les taux au profit des communes rurales.

CONCLUSION GENERALE

ย  Nos dรฉcideurs politiques poursuivent des objectifs majeurs en matiรจre de dรฉcentralisation, ร  savoir la promotion du dรฉveloppement endogรจne et l’approfondissement du processus dรฉmocratique. Ils sont aussi convaincus que c’est une solution pour faire face ร  la pauvretรฉ de plus en plus grandissante. Des mesures doivent รชtre prises pour permettre aux acteurs de faire face aux difficultรฉs dont les principales sont la rรฉticence de la population, le manque de personnel, le manque de moyens logistiques. A cette fin, une politique de participation des populations sera menรฉe car celles-ci constituent la force motrice de la dรฉcentralisation; il s’agit entre autres de sa sensibilisation sur le bien fondรฉ de la dรฉcentralisation, une meilleure communication avec celle-ci, et cela par une formation de tous les conseillers municipaux en management et par des stages. Aussi l’Etat, d’une part devra avoir un regard sur les activitรฉs menรฉes ร  travers ses services de contrรดle pour รฉviter des incidents regrettables qui pourraient nuire ร  la dรฉcentralisation et, d’autre part examiner les problรจmes de transfert de compรฉtences, le problรจme de logistiques, de ressources humaines et de certains conflits. Le coรปt de la dรฉcentralisation est lourd et chaque acteur ร  son niveau doit s’engager ร  payer sa partition. Le Programme des Nations Unies pour le Dรฉveloppement (PNUD) et autres projets de dรฉveloppement rรฉsidents sur le territoire national s’impliqueront davantage pour permettre une plus grande lisibilitรฉ des effets de la dรฉcentralisation, toujours illusions pour la population rurale. Toutefois, elle exige d’รชtre menรฉe avec minutie et honnรชtetรฉ pour รฉviter des dรฉrapages tels que les ingรฉrences du pouvoir central dans la gestion des collectivitรฉs, la naissance de sentiments rรฉgionalistes ou tribalistes. Trop de calculs politiques feraient perdre ร  la communalisation son sens vรฉritable. Il faudra รฉviter que la communalisation en marche ne soit une autre source d’enrichissement illicite pour certaines personnes au dรฉtriment de nos villages.

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Table des matiรจres

Introduction gรฉnรฉrale
Chapitre 1 : Le cadre de lโ€™รฉtude
1.1. Problรฉmatique
1.2. La revue de la littรฉrature
1.3. La mรฉthodologie
Chapitre 2 : Le cadre conceptuel
2.1. La dรฉlรฉgation spรฉciale
2.1. La dรฉcentralisation
2.3. La commune rurale
2.4. Les recettes propres communales
2.4.1. Les recettes fiscales
2.4.2 Les recettes non fiscales
2.4.3. Les ressources diverses ou exceptionnelles
Chapitre 3 : Prรฉsentation des communes de Koloko et Toussiana
3.1. La commune de Koloko
3.1.1. Donnรฉes dรฉmographiques
3.1.2. Activitรฉs รฉconomiques
3.1.3. Donnรฉes administratives et sociales
3.2. La commune de Toussiana
3.2.1. Donnรฉes dรฉmographiques
3.2.2. Volets sociaux et administratifs
3.2.3. Activitรฉs รฉconomiques
Chapitre 4 : Rรฉsultats et discussion
4.1. Les interviews
4.1.1. A Koloko
4.1.2. A Toussiana
4.2. Les enquรชtesย 
4.2.1. L’รฉchantillon
4.2.2. L’รขge des rรฉpondants
4.2.3. La profession des rรฉpondants
4.2.4. La mรฉconnaissance des taxes
4.2.5. Les sources d’information
4.2.6. Les rรฉgularitรฉ des paiements
4.2.7. Les motifs du non paiement
4.2.8. Les raisons de paiement
4.2.9. La dรฉclaration des biens taxables
4.3.1. Contraintes d’ordre humain
4.3.2. Contraintes d’ordre matรฉriel et logistique
4.4. Les propositions de solutionsย 
4.4.1. Mesures pour renforcer les anciennes recettes
ยท Au niveau local
ยท Au niveau national
4.4.2. Mesures pour รฉlargir l’assiette fiscale
ยท Au niveau local
ยท Au niveau national
Conclusion gรฉnรฉrale
Rรฉfรฉrences bibliographiques

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