STENOSES DIGESTIVES SYMPTOMATIQUES
INTRODUCTION
TRAITEMENT CHIRURGICAL DE LA MALADIE DE CROHN
La maladie de Crohn est une entérocolite granulomateuse inflammatoire idiopathique et transmurale touchant tout le tube digestif de la bouche jusqu’à l’anus et évoluant par poussées entrecoupées de périodes de rémission.
Depuis sa première description par le docteur Crohn en 1932, son incidence n’a pas cessé de croitre dans les pays développés et actuellement dans les pays en voie de développement.
Le traitement de la maladie de Crohn est essentiellement médical. Il vise à contrôler les poussées, à mettre le malade en rémission, et à prévenir les rechutes. Mais la chirurgie reste nécessaire chez plus de 80% des patients atteints [1].
Quelque soit son type, cette chirurgie ne guérira pas le patient qui sera exposé à long terme au risque de récidive sur l’intestin restant, avec un taux de réintervention pour récidive qui s’échelonne entre 26 à 65% après 10 ans d’évolution [2 ; 3].
La chirurgie ne doit pas être indiquée en première intention, mais après échec d’un traitement médical bien conduit ou en cas de complications. Elle doit être la plus conservatrice possible sur l’intestin, vu le caractère chronique, récidivant et pan-intestinal de la maladie de Crohn pouvant conduire aux troubles de la malabsorption et à un grêle court [4]. La décision chirurgicale doit s’inscrire dans une stratégie médico-chirurgicale où seront évaluées les différentes possibilités thérapeutiques, en particulier dans la perspective d’une prévention de la récidive.
Le but de notre travail est de décrire les différents aspects chirurgicaux de la maladie de Crohn, en se basant sur notre série de 53 cas et de détailler les particularités de notre contexte dans ce type de prise en charge.
TRAITEMENT :
MEDICAL :
Vingt-trois patients (43,3%) de notre série n’ont reçu aucun traitement médical avant le geste opératoire. Pour les cas restants,7 cas (13,2%) étaient traités par des dérivés salicylés avant la chirurgie avec une durée de traitement qui variait de quelques années pour les 4 patients connus porteurs de maladie de Crohn, à quelques jours de traitement avant le recours à la chirurgie pour les autres patients. Il s’agit dans 6 cas de la mésalazine et dans 1 cas da la salazopyrine.
Cinq patients (9,2%) étaient mis sous corticothérapie avant la chirurgie avec une durée moyenne de traitement de 3mois. Trois patients (5,6%) ont reçu un traitement antibacillaire du faite du doute diagnostique, et 5 patients (9,4%) ont reçu une antibiothérapie à base d’une association du métronidazole et
d’amoxicilline+acide clavulanique ou de la ciprofloxacine seule après la découverte d’un abcès intra abdominal.
ALIMENTATION PARENTERALE :
L’alimentation parentérale était donnée à 9 patients (16,9%) dénutris de notre série avant l’acte chirurgical.
TRAITEMENT CHIRURGICAL :
Voies d’abord :
Une laparotomie était optée chez 48 de nos patients (90,5%), dont une laparotomie médiane était réalisée chez 41 patients, une incision de Mac Burney était réalisée chez 5 patients, et une laparotomie transverse était faite chez 2 patients.
DISCUSSION
EPIDEMIOLOGIE :
INCIDENCE ET PREVALENCE:
La maladie de Crohn est considérée comme ubiquitaire, puisque des cas isolés ont été rapportés dans à peu près tous les pays du monde [5 ; 6]. Toutefois, sa fréquence semble varier avec des plateaux de fréquence enregistrés en Angleterre du Nord, en Ecoss et à Stockholm [6]. Mondialement, elle prédomine nettement dans les pays d’Europe et du Nord, avec un gradient Nord-Sud [7 ; 8 ; 9]. Cependant, son incidence c’est-à-dire le nombre de cas de MC enregistrés par an, tend à augmenter au fil de l’industrialisation ou de l’occidentalisation des populations [10].
En Europe, l’incidence annuelle de la maladie de Crohn se situe entre 3,7 et 7,0 cas/100000 habitants. Dans le Nord de la France en 1997-1999, elle atteignait une augmentation de 23% par rapport à la période 1988-1990.
Le taux de prévalence de la maladie de Crohn, par contre, est assez variable dans les études. En Europe, il varie entre 8,3 et 214 cas/100000 habitants [6 ; 8 ; 10].
Au Maroc nous n’avons pas de données épidémiologiques à l’échelle nationale, les seules études qui ont été réalisées concernent les CHU de Rabat, Casablanca et de Marrakech rapportaient des dizaines de cas [11].
ETIOPATHOGENIE :
La maladie de Crohn est une maladie multifactorielle, sa pathogénie reste non encore claire, malgré que plusieurs théories ont été décrites. Plusieurs arguments suggèrent le rôle de différents facteurs :
TABAGISME :
Le tabagisme est le seul facteur d’environnement clairement identifié dans l’épidémiologie de la maladie de Crohn, il double le risque de sa survenue [6 ; 10].
Chez les fumeurs, la maladie de Crohn est plus grave .Le tabagisme augmente le risque de survenue des formes fistulisantes (réputées les plus agressives), de survenue de poussées et donc, le recours à la chirurgie, aux corticoïdes et aux immunosuppresseurs .
Il augmente également le risque de récidive postopératoire, principalement chez les femmes, avec une relation dose-effet [10 ; 12]. Dans une étude [8 ; 12], l’exposition passive au tabac dans l’enfance pourrait également augmenter le risque de développer une maladie de Crohn. Dans notre série, 18,8% de nos patients étaient tabagiques chroniques, avec un taux de tabagisme passif à 16,9%.
LA GENETIQUE :
Les regroupements familiaux et ethniques observés sur plusieurs études suggèrent l’existence de facteurs de prédisposition génétique [6 ; 7 ; 10 ; 12]. Les arguments qui plaident en faveur de cette hypothèse sont multiples :
– L’existence d’une histoire familiale chez 8 à 10 % des patients atteints de la maladie de Crohn [6].
ETUDE CLINIQUE DES FORMES COMPLIQUEES :
STENOSES DIGESTIVES SYMPTOMATIQUES:
La sténose est la complication la plus fréquente de la maladie de Crohn, elle résulte des lésions soit inflammatoires ou fibreuses cicatricielles. Son siège électif est le grêle, en particulier l’iléon terminal [13 ; 14].Toutefois, l’ensemble du tube digestif peut être siège de sténose avec une symptomatologie clinique variée [15].
Sa manifestation clinique la plus typique est le syndrome de Koenig [10 ; 13]. Celui-ci comprend une douleur postprandiale tardive, favorisée par la prise de résidus, de siège fixe.
ETUDE PARACLINIQUE :
EXAMENS BIOLOGIQUES :
Il n’existe aucun signe biologique spécifique de la maladie de Crohn. Néanmoins, l’importance de la biologie s’exerce à 3 niveaux [7 ; 10] :
– pour apprécier la sévérité et l’évolutivité de la maladie par le bilan inflammatoire (vitesse de sédimentation, protéine c réactive, numération formule sanguine).
– pour apprécier les conséquences métaboliques et nutritionnelles induites par la maladie (Ionogramme sanguin, albuminémie, protidémie et taux de cholestérol).
– pour éliminer les diagnostics différentiels. En effet, l’examen copro-parasitologique des selles permet d’écarter une amibiase, une shigellose et une salmonnellose.
Un bilan biologique comprenant une NFS, VS, CRP et une albuminémie était réalisé chezNtous les malades de notre série. Il a objectivé Une hyperleucocytose chez 8 cas, une anémie hypochrome microcytaire chez 25 cas, un syndrome inflammatoire chez 48 cas et une hypo albuminémie chez 11 cas.
CONCLUSION :
Le caractère chronique et récidivant de la maladie de Crohn fait que la majorité des patients atteints aient recours à la chirurgie durant la maladie.
Quelle que soit son indication, cette chirurgie ne se conçoit qu’en association à un traitement médical, et doit être réservée aux formes compliquées ou résistantes au traitement médical bien conduit.
Les lésions de l’intestin grêle sont traitées par des résections ou des stricturoplaties. Les lésions colorectales sont traitées selon leur étendue par des colectomies segmentaires, subtotales ou des coloproctectomies totales avec iléostomie.
Les complications postopératoires sont dominées par la fistule anastomotique à court terme et par la récidive postopératoire à long terme.
Le risque de récidive postopératoire qui varie en fonction de l’intervention réalisée, et le risque de résections intestinales étendues ou répétées pouvant conduire à des troubles de l’absorption intestinale impose au chirurgien de faire prévaloir le principe d’épargne intestinale.
Enfin, ce risque élevé de récidive postopératoire impose l’instauration d’un traitement médical préventif des rechutes.
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Table des matières
INTRODUCTION
PATIENTS ET METHODES
RESULTATS
I.DONNEES EPIDEMIOLOGIQUES
L’âge
2. Le sexe
3. Niveau socio-économique
4. Antécédents
II.ETUDE CLINIQUE
1. Délai entre la symptomatologie et la chirurgie
2. Circonstances de découverte
3. L’examen clinique
III. PARACLINIQUE
1. Examens biologiques
2. Bilans morphologiques
3. Bilans endoscopiques
IV. INDICATIONS CHIRURGICALES
V-TRAITEME
1. Médical
2. Alimentation parentérale
3. Traitement chirurgica
3-1-Voie d’abord
3-2-Exploration chirurgicale
3-3Geste
3-4-Anastomose
3-5-Traitement postopératoire
4. Résultats
TRAITEMENT CHIRURGICAL DE LA MALADIE DE CROHN
4-1-Mortalité opératoire
4-2–Morbidité opératoire
VI. EXAMEN ANATOMOPATHOLOGIQUE
VII. SUIVI
1. Evolution
2. Traitement d’entretien
3. Surveillance
DISCUSSION
I-EPIDEMIOLOGIE
1-INCIDENCE ET PREVALENCE
2-L’AGE
3- LE SEXE
4-NIVEAU SOCIO-ECONOMIQUE
II-ETIOPATHOGENIE
1. LE TABAGISME
2. LA GENETIQUE
3. AUTRES
III- ETUDE CLINIQUE DES FORMES COMPLIQUEES
1– STENOSES DIGESTIVES SYMPTOMATIQUES
2-FISTULES DIGESTIVES
3-ABCES PROFONDS
4-COMPLICATIONS AIGUES
4-1-Occlusions intestinales aigues
4-2-Péritonites
4-3-Les hémorragies digestives graves
4-4-La colite aigue grave
5-CAS PARTICULIER : SYNDROME APPENDICULAIRE TRAITEMENT CHIRURGICAL DE LA MALADIE DE CROHN
IV-ETUDE PARACLINIQUE
1-EXAMENS BIOLOGIQUES
2-EXAMENS MORPHOLOGIQUES
3-EXAMENS ENDOSCOPIQUES
4-L’ETUDE HISTOLOGIQUE
V-TRAITEMENT MEDICAL
1-BUT
2-MOYENS
3-INDICATIONS
VI-TRAITEMENT ENDOSCOPIQUE
VII-TRAITEMENT CHIRURGICAL
1-PRINCIPES GENERAUX
1-1-Bilan préopératoire
1-2-La rénutrition préopératoire
1-3-La voie d’abord chirurgical
1-4-Limiter la résection intestinale
1-5-La thromboprophylaxie postopératoire
2- LES INTERVENTIONS SUR LE GRELE
2-1-Les interventions à froid
2-2-Les interventions en urgence
3-LES INTERVENTIONS SUR LE COLON ET LE RECTUM
3-1-Les interventions à froid
3-2-Les interventions en urgence
4-CAS PARTICULIERS
4-1-Syndrome appendiculaire
4-2-Fistule recto-vaginale
4-3-Les localisations duodénales
a-Sténoses TRAITEMENT CHIRURGICAL DE LA MALADIE DE CROHN
b-Les fistules
CONCLUSION
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