Quelles sources et quelle méthode pour étudier l’occidentalisation à l’oeuvre dans Mighty Morphin Power Rangers ?
Dans le cadre de ce travail, nous utilisons principalement deux coffrets DVD regroupant l’intégrale des épisodes de Mighty Morphin Power Rangers et Kyoryu Sentai Zyuranger. Il s’agit de Mighty Morphin Power Rangers The Complete Series (Shout Factory, États-Unis, 2012) et Zyuranger : The Complete Series (Shout Factory, États-Unis, 2015). Nous utilisons également, quoique de manière plus périphérique, les coffrets DVD des deux autres séries de Super Sentai dont les images ont été recyclés au cours de la production de Mighty Morphin Power Rangers : Gosei Sentai Dairanger : The Complete Series (Shout Factory, États-Unis, 2015) et Ninja Sentai Kakuranger : The Complete Series (Shout Factory, États-Unis, 2016). Ces éditions ont l’avantage de présenter les versions originales des épisodes des quatre séries. De plus, les suppléments DVD de Mighty Morphin Power Rangers : The Complete Series, proposent deux courts documentaires. Dans le premier (Morphin Time ! A Look Back at Mighty Morphin Power Rangers, Brian Ward, 2012), plusieurs membres de l’équipe américaine évoquent la manière dont ils travaillaient à partir des images japonaises. Le second documentaire (A Morphenomenal Cast : A Look Back at becoming a Power Ranger, Brian Ward, 2012) s’intéresse à la distribution de Mighty Morphin Power Rangers. Mentionnons également un troisième documentaire, également réalisé par Brian Ward en 2012, disponible en bonus d’une autre édition DVD : Behind The Mask : Celebrating the Stunt Team. Dans ce film, Jeff Pruitt (cascadeur entre 1993 et 1995 et réalisateur de la seconde équipe entre 1994 et 1995 de Mighty Morphin Power Rangers) revient sur le tournage des cascades dans Mighty Morphin Power Rangers.
Une partie de nos sources est accessible en ligne. C’est le cas de plusieurs documents juridiques concernant la série américaine. Ceux-ci sont disponibles sur la base de données en ligne EDGAR, une plateforme de l’U.S. Securities and Exchange Commission (SEC), organisme fédéral américain de régulation du marché financier39. On y trouve notamment l’accord de distribution conclu le 21 août 1992 entre Saban Entertainment et Toei Company LTD dans le but de créer et distribuer Mighty Morphin Power Rangers ainsi que divers avenants signés entre 1992 et 199540. Sources fondamentales, le contrat et ses avenants permettent d’observer les modalités de l’élaboration du mode de production de Mighty Morphin Power Rangers et ses évolutions. Comme nous l’avons dit, nous avons également accès à plusieurs scénarios de Mighty Morphin Power Rangers, collectés par Jesse Lee Herndon auprès des acteurs de la série, ces scénarios sont disponibles sur le site Project Hexagon. Remarquons également que Jeff Pruitt publie en 2014 sur sa page YouTube plusieurs VHS fournies à Saban Entertainment par Toei Company pendant la production de la série. Les bandes numérisées contiennent des séquences du lot Zyu2.
Nous nous appuyons également sur des entretiens que nous avons menés entre 2018 et 2019 avec plusieurs membres de l’équipe de production de Mighty Morphin Power Rangers. Isaac Florentine (réalisateur de la seconde équipe entre 1993 et 1994), Sharon Janis (monteuse entre 1993 et 1995), Charles Bowyer45 (monteur entre 1993 et 1995) et Stewart St. John46 (scénariste entre 1993 et 1996) ont généreusement accepté de nous parler de leur travail sur la série. Leurs témoignages permettent de mieux comprendre comment Mighty Morphin Power Rangers a été conçue. Nous avons également fait appel à Jesse Lee Herndon47 et John Green48, les deux connaisseurs de Mighty Morphin Power Rangers suscités. Grâce à eux, nous pourrons revenir sur l’émergence des termes Zyu1.5 et Zyu2.
Afin d’étudier les processus et enjeux de l’occidentalisation à l’oeuvre dans Mighty Morphin Power Rangers, il nous a fallu définir une méthode de recherche. Pour répondre à notre problématique, il faut analyser le recyclage à l’oeuvre dans la série au cours de ses différentes phases. Mighty Morphin Power Rangers est une série longue qui comporte 155 épisodes. Il est donc impossible de nous intéresser en détail au recyclage à l’intérieur de chaque épisode de la série. Cependant, nous pouvons en dessiner la structure et en comprendre les mécanismes. Les images japonaises recyclées dans Mighty Morphin Power Rangers sont sélectionnées et utilisées selon un cahier des charges précis. Il est possible de dresser une typologie des différentes catégories de séquences japonaises qui interviennent dans le montage des épisodes de la série. Pour cela, nous nous fondons sur les informations contenues dans les sources ainsi que sur nos analyses personnelles. Afin d’avoir une vision aussi large que possible des différentes catégories de séquences japonaises recyclées, des relevés variés ont été réalisés pour chaque épisode de la série, ceux-ci sont disponibles en annexes. Par exemple, il nous semble important de déterminer le taux d’images japonaises recyclées et leur provenance (Kyoryu Sentai Zyuranger, Gosei Sentai Dairanger, lot Zyu1.5, lot Zyu2) dans les épisodes de Mighty Morphin Power Rangers et de savoir si ce taux évolue au cours de la production de la série. Ainsi, nous avons effectué des relevés sur un échantillon de 79 épisodes. Ces épisodes ont été sélectionnés aléatoirement, mais en veillant à conserver un panel homogène (au minimum un épisode tous les trois épisodes, de l’épisode 1 à 155). En croisant les informations contenues dans les différents relevés, nous pouvons observer les perturbations dans le mode de production de la série au cours chacune de ses phases (variations dans le taux de recyclage dans les épisodes de la série, conséquences de l’arrêt du recyclage de certaines catégories de séquences, etc.). Afin d’étayer nos analyses, nous faisons également intervenir plusieurs plans et séquences de Mighty Morphin Power Rangers principalement, mais aussi de Kyoryu Sentai Zyuranger, Gosei Sentai Dairanger et Ninja Sentai Kakuranger, qui illustrent et éclairent notre propos. Pour étudier la narration dans la série, nous nous appuyons principalement sur les écrits de Jean Pierre Esquenazi sur les séries télévisées,50 mais aussi de Florent Favard. Concernant l’occidentalisation à l’oeuvre dans Mighty Morphin Power Rangers, nos fondements méthodologiques et théoriques sont dus à des lectures anglo-saxonnes : Heather Hendershot et son ouvrage Saturday Morning Censors : Television Regulation Before The V-Chip qui traite de la censure des programmes pour enfants à la télévision américaine ; Laurie Cubbinson, qui s’intéresse aux modalités d’importation des séries animées japonaises sur le territoire américain ; ou encore Anne Allison, déjà mentionnée auparavant, une des rares universitaires à s’être penchée sur Mighty Morphin Power Rangers.
Dans notre deuxième partie, nous commencerons l’étude des modalités pratiques de l’occidentalisation à l’oeuvre dans la série américaine. Nous nous intéresserons ici à la première phase du mode de production de Mighty Morphin Power Rangers. Nous dresserons dans celle-ci une typologie des séquences recyclées et verrons comment elles interviennent dans les épisodes de la série américaine. Nous aurons également l’occasion de faire une analyse comparative de l’utilisation de certaines catégories de séquences dans la série japonaise et dans la série américaine. En effectuant ce travail, nous essaierons de déterminer en quoi l’utilisation des images de Kyoryu Sentai Zyuranger et du lot Zyu1.5 peut être, ou pas, contraignante pour l’équipe américaine. Cette phase qui donne naissance à la série s’avère être le socle sur lequel repose les évolutions du mode de production de la série, ainsi nous lui consacrons une partie très détaillée. Nos conclusions nous éclairons sur les raisons de l’évolution du mode de production de la série après l’épisode .
L’évolution du mode de production de Mighty Morphin Power Rangers sera le sujet de notre troisième partie. Après avoir utilisé les séquences de Kyoryu Sentai Zyuranger, Saban Entertainment commande de nouvelles images à Toei Company. Les images mises à disposition de Saban Entertainment par Toei Company sont toutes très similaires à celles de Kyoryu Sentai Zyuranger. Cependant, l’équipe américaine va changer à plusieurs reprises sa manière d’envisager le recyclage et donc les modalités pratiques de l’occidentalisation. Afin d’en comprendre les raisons, nous étudierons chaque phase dans l’ordre chronologique et verrons comment l’équipe américaine se détache progressivement des images japonaises et se réapproprie les codes du Super Sentai.
Après cette traversée chronologique du mode de production de Mighty Morphin Power Rangers, une dernière partie, plus thématique, prendra la forme d’une ultime confrontation. Fort des enseignements apportés par l’étude détaillée des modalités pratiques de l’occidentalisation, nous serons en mesure de traiter des enjeux de l’occidentalisation du point de vue représentationnel. Nous nous intéresserons notamment à la question de la censure des images japonaises, nous verrons en quoi l’équipe américaine s’inspire des symboles, intrigues et personnages des séries qu’elle recycle. Encore, nous questionnerons la tentative, par Saban Entertainment, de faire de Mighty Morphin Power Rangers une série qui prône des valeurs positives telles que la parité ou le multiculturalisme.
Stratégie commerciale de Saban Entertainment et contexte de la signature de l’accord du 21 août 1992 : le bon moment pour importer le Super Sentai en Occident ?
Ce projet d’occidentalisation du format du Super Sentai, qui se concrétise avec la signature de l’accord daté du 21 août 1992, est un projet relativement ancien pour Haim Saban. En effet, le producteur israélien aurait eu cette idée en 1984. Dans un entretien filmé en 2012, il se souvient :
En 1984, je me détendais entre deux réunions dans ma chambre d’hôtel à Tokyo, au Japon. Il n’y avait alors que trois chaînes au Japon et elles transmettaient toutes des émissions japonaises dont je ne comprenais pas un mot. Je n’en comprends d’ailleurs toujours pas un mot. Sur l’une d’elles, j’ai tout à coup vu cinq enfants vêtus de leurs costumes de superhéros, sautillant et frappant les fesses des monstres. J’ai pensé : « Ho, c’est très amusant, je me demande si nous pouvons adapter ce format, et plus largement, en gros l’adapter au monde occidental ».
Haim Saban fait référence à l’année 1984 comme point de départ du projet Mighty Morphin Power Rangers à plusieurs reprises56. À notre connaissance, son projet prend réellement forme en 1986 quand il produit une première bande promotionnelle à destination des réseaux de télévision américains. La bande promotionnelle en question est produite à partir d’images de Choudenshi Bioman (Toei Company, 1984-1985)57 et d’images tournées aux États-Unis par Saban Entertainment pour l’occasion. Un épisode pilote intitulé Bio-Man58 est également produit la même année. Cependant, le projet n’aboutit pas. À propos de cet épisode pilote, l’acteur Marc Dacascos se souvient.
Pourquoi ce projet se concrétise-t-il en 1992 ? Quelles sont ses visées commerciales et pourquoi la série Kyoryu Sentai Zyuranger en particulier est-elle choisie comme premier matériau pour l’occidentalisation du format du Super Sentai ? Afin de répondre à ces questions, nous nous intéresserons dans un premier temps à l’état de l’exportation du Tokusatsu à l’international en 1992. Pour cela, nous analyserons le paragraphe 3 de l’accord de distribution qui donne des pistes sur les raisons de la vente des droits de licence de Kyoryu Sentai Zyuranger à Saban Entertainment. Dans un second temps, examinons la stratégie commerciale mise en place par Saban Entertainment en analysant principalement le paragraphe 14 de l’accord. Pour finir, nous questionnerons le choix de Kyoryu Sentai Zyuranger comme premier matériau de l’occidentalisation du Super Sentai. Pour ce faire, nous nous intéresserons au contexte culturel en Occident au moment de la signature de l’accord et aux spécificités de Kyoryu Sentai Zyuranger comparée aux séries de Super Sentai qui la précèdent.
Mighty Morphin Power Rangers : créer une alternative au Super Sentai en Occident ?
Mighty Morphin Power Rangers est un objet dont la portée est prévue comme internationale dès la signature du contrat de distribution. Cependant, la licence acquise par Saban est limitée territorialement. Sur cette question, le paragraphe 3 de l’accord est très clair :
Comme nous pouvons le remarquer, Saban Entertainment dispose d’un large territoire pour diffuser Mighty Morphin Power Rangers. Sur ces territoires, il est dès lors impossible pour Toei Company de diffuser Kyoryu Sentai Zyuranger du fait du caractère exclusif de la licence acquise par Saban Entertainment. Ce paramètre nous encourage à regarder attentivement les territoires pour lesquels Toei Company conserve sa licence exclusive et ainsi comprendre comment se porte l’exportation du Tokusatsu et, a fortiori, du Super Sentai, à l’international en 1992.
Nous remarquons que tous ces pays sont situés dans la zone Asie à l’exception du Brésil. Mais pourquoi Toei Company maintient-elle ses droits d’exploitation pour ces pays en particulier ?
Premier élément de réponse : en 1992, l’importation des séries de Tokusatsu est difficile dans de nombreux pays occidentaux et notamment aux États-Unis, pour des raisons à la fois économiques et culturelles. Aux États-Unis par exemple, plusieurs séries de Tokusatsu sont diffusées en syndication dans les années 1970-1980. C’est le cas d’Ultraman (Toei Company, 1966-1967) ou encore Spectreman (P Productions, 1971-1972). Ces diffusions restent cependant marginales et ne rencontrent pas le succès.
Pourtant, l’exportation du Tokusatsu fonctionne bien dans les pays de la zone Asie. Ces pays sont situés dans une aire géographique et culturelle relativement proche de celle du Japon, ce qui facilite probablement la diffusion d’objets culturels d’origine japonaise. La Malaisie, les Philippines ou encore la Corée du Sud transmettent des séries de Tokusatsu avec succès dès les années 1970-1980.
Parallèlement, quelques pays occidentaux sont, malgré tout, réceptifs aux séries de Tokusatsu. L’Italie, par exemple, diffuse Denshi Sentai Denjiman (Toei Company, 1980-1981) sur la chaîne Telereporter dès 198166. En France, Choudenshi Bioman (Toei Company, 1984-1985) est diffusée sur Canal+ à partir de 1985. Si, dans ces pays occidentaux, les séries de Tokusatsu rencontrent un certain succès, au Brésil, c’est une véritable explosion du genre à la télévision qui se fait ressentir dès 1988, comme le note Joao Lobato :
Insidieusement, Esquadrao Relampago Changeman [Dengeki Sentai Changeman, Toei Company, 1985-1986] et O fantastico Jaspion [Kyojuu Tokusou Juspion, Toei Company, 1985-1986] ont fait leurs débuts sur la grille de programmation du réseau Manchete, qui connaissait en 1988 de graves problèmes financiers. Pendant près de dix ans, ces séries, telle une invasion japonaise, seront les émissions les plus populaires de cette chaîne qui était alors la deuxième plus grande chaîne de télévision du pays.
Il semble donc que Toei Company LTD cède les droits de licence à Saban pour les pays dans lesquels l’exportation des séries de Tokusatsu (et, a fortiori, de Super Sentai) est difficile et donc peu profitable financièrement, mais les conserve pour des pays dans lesquels ces séries rencontrent un succès massif, comme certains pays asiatiques ou le Brésil. Pourtant, si la firme japonaise conserve la licence au Brésil, pourquoi ne pas la conserver dans d’autres pays où plusieurs séries de Tokusatsu ont été diffusées avec succès entre la fin des années 1970 et le début 1990 comme la France, l’Italie ou encore les Philippines ? S’il est difficile d’apporter une réponse définitive à cette question, exposons quelques hypothèses. Il est envisageable que, dans certains cas, la cession des droits à Saban soit plus rémunératrice pour Toei Company LTD que leur conservation. Il est également probable que la question des territoires d’application de la licence exclusive acquise par Saban ait fait l’objet de négociations et que Toei Company LTD ait fait quelques concessions, notamment sur la zone Europe. L’autre possibilité est que Toei Company LTD ait fait un choix stratégique en octroyant les droits pour la France, l’Italie et le Portugal à Saban. Pour le cas de la France par exemple, la diffusion de séries japonaises (animées ou en live action) fait l’objet de nombreuses controverses dès la fin des années 1980 comme le note Nicolas Perez Prada68. Il est donc envisageable que Toei Company LTD cède les droits de licence pour les pays dans lesquels l’avenir des contenus culturels japonais est incertain, même si une « percée » a été effectuée auparavant.
Au début des années 1990, le Tokusatsu peine donc à s’exporter en Occident même si beaucoup de pays de la zone Asie sont réceptifs au genre. C’est probablement en réponse à cette problématique d’exportation que l’accord de distribution daté du 21 août 1992 est signé par Toei Company. À cette période, la cession de la licence exclusive de Kyoryu Sentai Zyuranger à Saban Entertainment est une alternative intéressante pour Toei Company qui peut ainsi faire un bénéfice sur un produit difficilement exportable en dehors de la zone Asie.
Vers une méthode Saban élargie au Tokusatsu télévisuel ?
Si l’accord de distribution semble aux primes abords s’appliquer à Kyoryu Sentai Zyuranger, il rentre en réalité dans le cadre d’un processus plus global qui touche toutes les séries de Tokusatsu détenues par Toei Company comme le stipule le paragraphe 14 de l’accord.
Série japonaise de Tokusatsu, Choujinki Metalder (Toei Company, 1987-1988) appartient au sous-genre du Metal Hero. Les séries de Metal Hero dépeignent les aventures d’un protagoniste (humain, extraterrestre, cyborg ou même androïde) qui fait généralement partie d’une organisation en lien avec le maintien de l’ordre (police ou encore armée). S’il fait face à une organisation maléfique extraterrestre qui souhaite conquérir la terre ou la détruire, le protagoniste dispose de plusieurs outils technologiques dans sa lutte et en particulier d’une armure. Lorsqu’il effectue un henshin (littéralement : transformation ; généralement un cri suivi d’une chorégraphie), le héros d’une série de Metal Hero revêt quasi instantanément une armure métallique aux propriétés surpuissantes. Le sous-genre, assez proche de celui du Kamen Rider72, se développe au Japon dès 1982 avec Space Sheriff Gavan (Toei Company, 1982-1983) et Choujinki Metalder en est la sixième déclinaison. La série met en scène les aventures de Ryusei Tsurugi, un androïde de combat à forme humaine, initialement conçu par l’armée impériale japonaise afin d’intervenir durant la guerre du Pacifique. Très proche de l’homme (il ressent des émotions humaines et fait la différence entre le bien et le mal), l’androïde affronte au cours des 39 épisodes de la série l’empire de Neros, dieu maléfique qui souhaite conquérir la terre.
Saban Entertainment est libre de faire tout ce qu’il souhaite avec les images de Choujinki Metalder et même, s’il le désire, d’élargir la méthode appliquée pour la production de Mighty Morphin Power Rangers aux séries de Metal Hero et donc, potentiellement, aux séries de Tokusatsu en général. La série est finalement adaptée par Saban Entertainment en 1994 sous le nom VR Troopers (1994-1996). Cependant, le concept est remanié et la série est finalement constituée de prises de vues issues de trois séries de Metal Hero différentes, à savoir : Space Sheriff Shaider (Toei Company, 1984-1985), Jikuu Senshi Spielvan (Toei Company, 1986-1987) et Choujinki Metalder (Toei Company, 1987-1988).
À regarder l’accord de distribution du 21 août 1992, il semble que l’achat de Kyoryu Sentai Zyuranger est la première étape d’une entreprise plus globale qui vise à occidentaliser le format du Super Sentai, mais aussi, si possible, le format d’autres séries de Tokusatsu détenues par Toei Company. Bien sûr, l’application de cette stratégie est conditionnée par le succès de Mighty Morphin Power Rangers. C’est bien la consécration de la série américaine qui encourage Saban Entertainment à occidentaliser d’autres formats du Tokusatsu. En effet, suite au succès de la série américaine, Saban met en chantier en plus de VR Troopers deux autres séries : Masked Rider (1995-1996), fondée sur Kamen Rider Black RX (Toei Company, 1988-1989) et Big Bad Beetleborgs (1996-1998), dont les images sont issues de la série de Metal Hero Juukou B-Fighter (Toei Company, 1995-1996). Cependant, les séries en question n’auront pas un succès aussi important que Mighty Morphin Power Rangers, qui semble-t-il, a bénéficié d’un contexte culturel très favorable.
Un contexte culturel favorable à la concrétisation du projet Mighty Morphin Power Rangers
Comme nous l’avons vu précédemment, cela fait plusieurs années que Haim Saban peine à concrétiser son projet d’occidentaliser le format du Super Sentai. En 1992, plusieurs projets similaires ont déjà été rejetés par les réseaux de télévisions américains. Pourquoi ce projet se concrétise-t-il en 1992 ? C’est en regardant le contexte socioculturel de ce début des années 1990 que l’on peut comprendre le pourquoi de la signature de l’accord comme la vente de ce projet à la chaîne de télévision Fox Kids.
En matière de stratégie commerciale, le choix de la série Kyoryu Sentai Zyuranger comme matériau n’est pas si anodin. Il arrive que les séries de Super Sentai rendent hommage à un objet culturel qui a du succès au Japon au moment de leur conception. Par exemple, la série Hikari Sentai Masukuman (Toei Company, 1987-1988) s’inspire librement du manga Dragon Ball (Akira Toriyama, 1984-1995) et propose des protagonistes qui rappellent ceux du manga de Toriyama. Kyoryu Sentai Zyuranger pour sa part s’inspire du roman à succès Jurassic Park de Michael Crichton publié en 1990. En effet, toute la série japonaise est centrée sur les dinosaures. Les protagonistes tiennent leurs pouvoirs de transformation d’anciens dieux dinosauresques et ont chacun un animal totem qui rappelle cette thématique (tyrannosaure, mastodonte, ptérodactyle, smilodon et tricératops). Leurs casques rappellent même dans leurs formes les animaux totems en question, la visière du casque se situe dans la gueule de l’animal. De plus, les dieux dinosauresques prêtent assistance aux protagonistes en se transformant en immenses machines de guerre : les Shugojus.
Au moment de la signature de l’accord, le monde est en pleine « Dinomania », vague culturelle qui s’étend de la fin des années 1980 au milieu des années 1990. De nombreux films ayant pour sujet les dinosaures, comme Le petit dinosaure et la vallée des merveilles (The Land Before Time, Don Bluth, 1988) ou encore Dinosaures (Adventures in Dinosaur City, Brett Thompson, 1992) ont été un succès en salle. Jurassic Park (Steven Spielberg, 1993) est d’ailleurs en cours de production pour une sortie prévue en juin 1993. Parallèlement, des séries télévisées, telles que Denver, le dernier dinosaure (Denver, the Last Dinosaur, World Events Productions, Calico Entertainment, I.D.D.H., 1988-1989) ou Dinosaures (Dinosaurs, Walt Disney Television, Jim Henson Company, 1991-1994) ont remporté l’adhésion du jeune public. Il est tout à fait possible que le choix d’adapter Kyoryu Sentai Zyuranger en particulier résulte d’une stratégie commerciale visant à toucher un public en quête de ces produits culturels « dinosauresques ». Rappelons que l’accord est signé en août 1992, pour une sortie prévue au plus tard en septembre 1993, soit deux mois après la sortie du film tant attendu Jurassic Park.
En plus de cela, Kyoryu Sentai Zyuranger est une série qui apporte de nombreuses nouveautés au genre très codifié du Super Sentai. Premièrement, les séries de Super Sentai antérieures ont une trame scénaristique généralement plus sombre et mettent en scène des antagonistes cruels et dépourvus de sens moral. Citons par exemple l’antagoniste de Choudenshi Bioman (1984-1985) qui se distingue par sa cruauté envers le genre humain, n’hésitant pas à torturer ou tuer ses opposants pour parvenir à ses fins. Quant au grand empereur La Deus de Choushinsei Flashman (Toei Company, 1986-1987), il récupère des humains et les réduit en bouillie pour augmenter sa force. Kyoryu Sentai Zyuranger tranche par son scénario plus enfantin. La thématique de la série est celle du conte. D’ailleurs, le premier plan du générique représente l’ouverture d’un livre ancien. Suit alors le récit, en voice over, de la légende des Zyurangers, figurant l’entrée du spectateur dans l’univers onirique de la série. L’antagoniste principale, la sorcière Bandora, se présente comme un personnage principalement comique et révèle dans l’épisode 48 (« Yami Kara no Musuko », diffusé le 29 janvier 1993) de la série n’agir que par rancoeur, suite à la mort de son enfant. Kyoryu Sentai Zyuranger fait évoluer les codes de la franchise Super Sentai Series de manière durable. Dès lors, les productions de la franchise Super Sentai Series seront plus « légères », et c’est encore vrai aujourd’hui. L’exemple le plus parlant est sans doute la série Ressha Sentai ToQger (Toei Company, 2014-2015) dans laquelle les protagonistes protègent les rêves de la population grâce au pouvoir de l’imagination.
Kyoryu Sentai Zyuranger met également en place plusieurs idées nouvelles qui seront intégrées par la suite dans les codes du Super Sentai. Les machines de guerre, ici nommées Shugojus (littéralement : bêtes de protection), ne sont plus de simples machines comme dans les séries précédentes, mais des dieux prêtant assistance aux héros, cette idée des « machines conscientes » sera reprise par la suite dans de nombreuses séries comme Seijuu Sentai Gingaman (Toei Company, 1998-1999) ou encore Hyakuju Sentai Gaoranger (Toei Company, 2001-2002). En accord avec la thématique fantastique de la série, les différents outils utilisés par les Zyurangers dans leur lutte contre le mal ont ici une origine magique. Ce cas est singulier pour une série de Super Sentai, les outils utilisés par les protagonistes étant traditionnellement issus de technologies d’origine extraterrestre (Choushinsei Flashman) ou militaire (Choujin Sentai Jetman). La série est également la première série de la franchise à présenter un protagoniste additionnel qui rejoint l’équipe en cours de saison : le Dragon Ranger. Avant le Dragon Ranger, quelques « prototypes » du sixième protagoniste existent cependant. Ryo Asuka (le X1 Mask de Hikari Sentai Maskman, Toei Company, 1987-1988) qui apparaît dans un seul épisode de la série, ou encore Shota Yamamori (le Magne Warrior de Choudenshi Bioman), pour deux épisodes de Choudenshi Bioman. Cependant, ces deux exemples sont des exceptions en 1992. Cette idée devient un des codes incontournables de la franchise et toutes les séries postérieures à Kyoryu Sentai Zyuranger présentent un sixième membre. De manière générale, il possède lui aussi la possibilité de revêtir une armure de combat colorée similaire à celle des protagonistes (Denji Sentai Megaranger, Toei Company, 1997-1998), mais cette caractéristique est variable. Seijuu Sentai Gingaman, par exemple, présente un protagoniste additionnel dont l’armure est très différente de celle de ses compagnons.
La série propose donc une intrigue plus légère que les séries précédentes de Super Sentai. De plus, celle-ci propose plusieurs variations inédites (les pouvoirs d’origine magique, le protagoniste additionnel, les machines conscientes, etc.) qui s’intègrent ensuite dans les codes du genre. Ces évolutions sont notamment causées par un refus des associations familiales japonaises de la diffusion de séries trop violentes sur des créneaux dédiés à la jeunesse. Autant de paramètres qui rendent l’achat de cette série particulièrement avantageuse pour Saban Entertainment qui avait justement rejeté Choujin Sentai Jetman en 1991, série jugée trop mature. En 1992, c’est le potentiel commercial d’une série pour enfants qui met en scène des formes héritées des dinosaures, en pleine dinomania, qui permet à Haim Saban de vendre son projet à la Fox alors qu’il avait échoué auparavant avec des propositions similaires.
De plus, au début des années 1990, les séries de superhéros gagnent en popularité aux États-Unis. Teenage Mutant Ninja Turtles (Murakami Wolf Swenson, IDDH, Fred Wolf Film, 1987-1996) ouvre la voie à la fin des années 1980 et la série est même adaptée sur grand écran entre 1990 et 1993. D’autres séries apparaîtront par la suite et connaîtront le succès : Batman : The Animated Series (Bruce Timm, Eric Radomski, 1992-1995) ou encore X-Men : The Animated Series (Saban Entertainment, Marvel Entertainment, 1992-1997). Parallèlement, depuis la fin des années 1980, les films centrés sur les arts martiaux se multiplient. Citons par exemple Bloodsport (Newt Arnold, 1988) ou encore Double Impact (Sheldon Lettich, 1991) : deux films qui se déroulent à Hong Kong et qui s’inspirent du cinéma d’action asiatique. En 1992, le terrain semble donc propice à l’arrivée d’une série comme Mighty Morphin Power Rangers sur le territoire américain, avec sa thématique dinosauresque, son équipe de superhéros costumés et ses combats d’arts martiaux. Il est même probable que Saban Entertainment sente cette opportunité, si bien qu’elle fait l’acquisition de Kyoryu Sentai Zyuranger en août 1992, alors que la production de la série japonaise n’est pas encore terminée.
L’achat d’une série en cours de production
En effet, l’accord de distribution daté du 21 août 1992 est signé avant la fin de la diffusion de la série japonaise, celle-ci étant diffusée entre le 21 février 1992 et le 12 février 1993. Saban Entertainment acquiert donc les droits de licence d’un programme qu’il n’a pas visionné en totalité et qui n’est pas encore intégralement produit. Le jour de la signature de l’accord est également le jour de la diffusion du 26e épisode de Kyoryu Sentai Zyuranger au Japon. Ainsi, il nous faut répondre à la question suivante : quels paramètres encouragent l’achat de Kyoryu Sentai Zyuranger, alors en cours de production ?
Pour répondre à cette question, il faut nous intéresser aux caractéristiques narratives Kyoryu Sentai Zyuranger en tant qu’objet sériel. En effet, ce sont ces caractéristiques, qui permettent cette occidentalisation par le recyclage à l’oeuvre dans Mighty Morphin Power Rangers et qui justifient l’achat d’une série alors inachevée. Il n’est pas inutile de rappeler ici la proposition faite par Jean Pierre Esquenazi dans son ouvrage Les Séries télévisées : l’avenir du cinéma ? dans lequel il envisage de « distinguer les séries en fonction de leur gestion narrative du principe pragmatique qui les définit comme des “séries” 75». Dans ce travail de classification, Jean Pierre Esquenazi propose de distinguer deux grandes familles de séries. Les séries « immobiles » qui « garantissent au téléspectateur qu’ils vont retrouver un univers fictionnel aux règles invariables », et les séries « évolutives » qui « font correspondre à la succession des épisodes une évolution de leurs univers fictionnels ». On retrouve une idée analogue chez Florent Favard qui distingue série « épisodique » et séries « feuilletonnantes » dans son ouvrage Le Récit dans les séries de science-fiction : de Star-Trek à X-Files. Sur la série Knight Rider (K-2000, NBC, 1982-1986), Florent Favard écrit.
Il convient d’envisager Kyoryu Sentai Zyuranger comme une série nodale. Chaque épisode de cette série (à quelques exceptions bien sûr : comme le fait remarquer Esquenazi, une série est rarement totalement immobile ou totalement évolutive) narre une aventure avec son ouverture et sa conclusion et les épisodes de la série sont construits selon une formule immuable : les protagonistes vaquent à leurs occupations quotidiennes quand un monstre envoyé par la sorcière Bandora attaque la terre ; ils vont tenter de battre ce monstre une première fois en vain ; lors de la seconde confrontation, les protagonistes réussissent à défaire le monstre puis Bandora ressuscite celui-ci sous une forme géante et les Zyurangers vont devoir faire appel aux Shugojus pour le vaincre définitivement. Cette formule est appliquée dans la très grande majorité des épisodes de Kyoryu Sentai Zyuranger. Ainsi, il importe peu à Saban Entertainment de visionner l’intégralité des épisodes de Kyoryu Sentai Zyuranger à l’achat ou même avant le début des tournages, car la série est régie par un modèle narratif formulaire, chaque épisode suivant dans l’ensemble la même structure. C’est justement son caractère de série nodale qui rend les images de Kyoryu Sentai Zyuranger exploitable par Saban Entertainment pour son occidentalisation du format du Super Sentai. D’ailleurs, la plupart des séries de Tokusatsu et, a fortiori, de Super Sentai sont nodales. Cette caractéristique les rend facilement exploitables dans le projet de recyclage mené par Haim Saban.
Dans ce premier chapitre, nous avons établi le contexte et certains enjeux commerciaux au moment de la signature de cet accord de distribution daté du 21 août 1992. Nous avons pu observer que le projet Mighty Morphin Power Rangers s’inscrit dans une double perspective. Premièrement, il s’agit d’occidentaliser le format du Super Sentai et de créer une franchise semblable à Super Sentai Series, exportable dans les zones géographiques alors peu réceptives à ce type de séries ; deuxièmement, il s’agit de mettre en place un accord propice à l’occidentalisation d’autres formats du Tokusatsu, en vue d’une diffusion à l’international. Nous avons également questionné le choix de Kyoryu Sentai Zyuranger comme premier matériau dans ce projet d’occidentalisation. Nous avons remarqué que le choix de cette série en particulier est loin d’être anodin et que c’est peut-être ce choix qui conditionne la concrétisation de ce projet en 1992. De plus, nous avons déterminé qu’en plus de ce paramètre qui a trait aux thématiques de la série, ce sont également ses caractéristiques narratives en tant que série nodale qui justifient son achat en cours de production. Maintenant que nous avons fait la lumière sur une partie du contexte socioculturel et économique de la signature de l’accord du 21 août 1992 et le choix de la série Kyoryu Sentai Zyuranger par Saban Entertainment, il convient de nous intéresser de plus près au contenu de l’accord.
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Table des matières
INTRODUCTION
Kyoryu Sentai Zyuranger : mise en perspective historique et définitionnelle de cette série de Tokusatsu et de Super Sentai
Mighty Morphin Power Rangers : remake, format, transfert culturel, occidentalisation ?
Des séries peu étudiées par le monde universitaire
Quelles sources et quelle méthode pour étudier l’occidentalisation à l’oeuvre dans Mighty Morphin Power Rangers ?
PARTIE 1. CONTEXTE ET ÉLABORATION DU MODE DE PRODUCTION DE MIGHTY MORPHIN POWER RANGERS
Introduction à la partie 1
Chapitre 1. Stratégie commerciale de Saban Entertainment et contexte de la signature de l’accord du 21 août 1992 : le bon moment pour importer le Super Sentai en occident ?
1. 1. Mighty Morphin Power Rangers : créer une alternative au Super Sentai en Occident ?
1. 2. Vers une méthode Saban élargie au Tokusatsu télévisuel ?
1. 3. Un contexte culturel favorable à la concrétisation du projet Mighty Morphin Power Rangers
1. 4. L’achat d’une série en cours de production
Chapitre 2. Modalités de l’accord de distribution daté du 21 août 1992 : tout mettre en oeuvre pour permettre le succès de Mighty Morphin Power Rangers
2. 1. Modalités d’usage des images de Kyoryu Sentai Zyuranger et livraisons additionnelles
2. 2. Influence du calendrier prévisionnel de livraison des bandes de Kyoryu Sentai Zyuranger sur la production de la série américaine
2. 3. Le cas Zyu1.5 : des images japonaises originales pour Mighty Morphin Power Rangers
PARTIE 2. PHASE 1 : UN MODE DE RECYCLAGE MASSIF ET STANDARDISÉ DES IMAGES DE KYORYU SENTAI ZYURANGER MARQUÉ PAR LA CONTRAINTE (ÉPISODES 1 À 40)
Introduction à la partie 2
Chapitre 3. Recyclage des séquences de combats japonaises : un recyclage ambivalent entre avantages et contraintes
3. 1. Séquences de combats costumées à taille humaine : des séquences faciles à raccorder, mais contraignantes d’un point de vue narratif
3. 2. Séquences de combats contre les monstres géants : les séquences les plus avantageuses à recycler
Chapitre 4. Le recyclage des images de Bandora et ses acolytes : un recyclage stock-shot qui fige l’intrigue de la série américaine ?
4. 1. Établir l’élément déclencheur des péripéties grâce aux images de Bandora et ses acolytes
4. 2. Rendre le monstre de l’épisode gigantesque et faire réagir Rita Repulsa à sa défaite : un recyclage standardisé pour une intrigue immobile
PARTIE 3. EVOLUTION DU MODE DE PRODUCTION DE MIGHTY MORPHIN POWER RANGERS : VERS UN REMPLOI PLUS AUTONOME DES IMAGES JAPONAISES (ÉPISODES 41 À 155)
Introduction à la partie 3
Chapitre 5. Phase 2 du mode de production de Mighty Morphin Power Rangers : une phase d’optimisation qui prépare la phase 3 (épisodes 43 à 73)
5. 1. Première période de la phase 2 : une optimisation du mode de production de Mighty Morphin Power Rangers ? (épisodes 43 à 60)
5. 2. Deuxième période de la phase 2 : les prémices de la phase 3 ? (épisodes 61 à 73)
Chapitre 6. Phase 3 et 4 : stabilisation du mode de production de Mighty Morphin Power Rangers. (épisodes 112 à 155)
6. 1. Phase 3 : standardisation du tournage des séquences de combats costumées. (épisodes 74 à 112)
6. 2. Phase 4 : un mode de production plus adaptatif, marqué par les enseignements de la phase 3. (épisodes 116 à 155)
PARTIE 4. ENJEUX REPRÉSENTATIONNELS DE L’OCCIDENTALISATION À L’OEUVRE DANS MIGHTY MORPHIN POWER RANGERS
Introduction à la partie 4
Chapitre 7. L’occidentalisation implique-t-elle une forme de censure ?
7. 1. Les séquences de combats : le lieu d’une régulation forte
7. 2. Des séquences japonaises « irrégulables » ?
Chapitre 8. Altérer les thématiques du Super Sentai pour mieux correspondre aux standards télévisuels américains.
8. 1. « Désanthropomorphiser » les robots géants
8. 2. De Bandora à Repulsa : de la mère traumatisée à l’impératrice du mal caricaturale
8. 3. Le cas du Ranger vert : quand la perte remplace la mort
Chapitre 9. Mighty Morphin Power Rangers : une série paritaire qui prône des valeurs multiculturelles ?
9. 1. Une première équipe de Power Rangers stigmatisante ?
9. 2. Aisha, Rocky et Adam : vers une caractérisation moins stigmatisante des personnages
CONCLUSION
SOURCES
BIBLIOGRAPHIE
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