Sphères de professionnalisation

SPHÈRES DE PROFESSIONNALISATION

CRITÈRES DÉFINISSANT UNE PROFESSION

Premièrement, pour qu’un métier soit considéré comme une profession, il doit faire l’objet d’un travail délimité qui réponde à une finalité d’ordre sociétal. Ainsi, une société donnée, avec son système de valeurs qu’elle porte et par les institutions qu’elle met en place, doit accorder au métier une fonction essentielle à son bon fonctionnement afin de pouvoir le considérer comme une profession. L’intégration des personnes handicapées est supposée être une valeur centrale de notre société, car elle fait l’objet d’articles énoncés autant dans la Charte des droits et libertés du Canada que la Charte des droits et libertés de la personne du Québec. De plus, le Québec s’est doté de la Loi assurant l’exercice des droits des personnes handicapées et a mis sur pied l’Office des personnes handicapées (OPHQ) dont le mandat est de veiller au respect de cette loi (Office des personnes handicapées du Québec, 2015).Deuxièmement, une profession s’appuie sur un système d’expertise fondé sur des savoirs complexes, qui y sont spécifiques et qui en définit l’identité. À la section 1.2 de ce projet de mémoire, nous avons démontré la complexité du système d’expertise qu’un interprète LSQfrançais compétent doit maîtriser. Nous avons présenté plusieurs des compétences nécessaires à l’exercice de la profession et avons clairement démontré qu’elles y sont spécifiques. De plus, les connaissances en interprétation LSQ-français continuent d’évoluer au Québec, entre autres grâce aux recherches du Groupe de recherche sur la LSQ et le bilinguisme sourd de l’UQAM.

Ensuite, Wittorski (2005b) fait référence à un système institutionnalisé de contrôle qui définit les règles d’accession à la profession et régule les rapports entre la société et les professionnels. Au Québec, il n’y avait aucune association professionnelle en interprétation LSQ-français entre 2004 et 2015. La première association, l’Association québécoise des interprètes francophones en langage visuel (AQIFLV), a approché l’UQAM à la fin des années 80 afin de mettre sur pied un programme de formation initiale en interprétation visuelle. Le programme de certificat en interprétation visuelle a donc été mis sur pied en 1990, dans l’espoir d’éventuellement devenir un baccalauréat. L’AQILFV a été dissoute en 2004, mais une nouvelle association, l’Association québécoise des interprètes en langues des signes (AQILS), a tenu sa première assemblée générale annuelle en mai 2015 et travaille depuis à représenter la profession au Québec. Il existe également une association canadienne, l’Association of Visual Language Interpreters of Canada (AVLIC), qui a une très bonne réputation dans le milieu. Toutefois, cette association fonctionne presque exclusivement en anglais et en American Sign Language (ASL), la langue des signes utilisée dans les milieux anglophones en Amérique du Nord. L’absence d’association québécoise membre de l’AVLIC en est la raison principale.

Toutefois, au Québec, il existe un ordre professionnel en interprétation, l’Ordre des terminologues, traducteurs et interprètes agréés du Québec (OTTIAQ). En accordant son agrément en 2008 à la première interprète LSQ-français au Québec, l’ordre a reconnu que la nature du travail en interprétation LSQ-français est identique au travail effectué par les interprètes en langues orales. Toutefois, cette institution a ses limites quant au contrôle de qui accède à la profession. En effet, l’OTTIAQ ne reconnaît que deux contextes de pratiques : l’interprétation de conférence et l’interprétation judiciaire. L’ordre protège le titre d’interprète agréé (int. a), qui ne peut être utilisé que par ceux qui ont complété le processus d’agrément : le demandeur doit faire la preuve d’au moins deux années d’expérience dans le domaine de la conférence ou du judiciaire, en plus de répondre à plusieurs autres exigences. Ainsi, l’interprétation n’est pas une activité professionnelle à pratique réservée, il n’existe aucun mécanisme de contrôle pour accéder à la profession d’interprète (langues orales ou signées confondues), comme pour les professions à titre et pratique réservées, comme les médecins, acupuncteurs, travailleurs sociaux, etc. De plus, plusieurs contextes de travail ne sont pas reconnus par l’OTTIAQ et sont spécifiques à l’interprétation en langue des signes, comme l’interprétation en milieu scolaire, qui n’a pas d’équivalent en interprétation en langues orales. L’agrément d’un interprète par l’OTTIAQ est une forme de consécration pour un interprète ayant accumulé plusieurs années d’expérience. Mais il ne peut servir de barrière à l’entrée de la profession.

Revenons aux critères de Wittorski (2005b) qui définissent une profession. Le quatrième stipule qu’il doit y avoir un système de référence, c’est-à-dire un univers moral sur lequel se fonde et se définit l’identité professionnelle. Les codes de déontologie servent de système de référence pour les professionnels. L’Association québécoise des interprètes francophones en langage visuel (AQILFV) avait créé un code de déontologie de l’interprète visuel au cours des années 90 et avait mis en place un comité chargé d’écouter et d’analyser les plaintes du public. La nouvelle association québécoise, l’AQILS a procédé à la rédaction de son propre code de déontologie qui a été adopté par ses membres en juin 2016.

L’association canadienne, l’AVLIC, a également un code de déontologie, disponible en version française sur leur site web, adopté en 2003. De son côté, celui de l’OTTIAQ ne prend pas en compte les contextes de pratiques propres à l’interprétation LSQ-français, comme le milieu scolaire, ni plusieurs aspects qui sont spécifiquement relatifs aux Sourds. Il n’empêche que ce sont des outils utiles au développement de la profession sur lesquels les leaders de la profession peuvent s’appuyer. Toutefois, l’application effective de ces codes se limite uniquement aux membres des associations ou de l’ordre.

Finalement, il doit y avoir reconnaissance sociale du système d’expertise et du système de référence. Qu’il y ait une formation initiale en place est une forme de reconnaissance sociale de la complexité du système d’expertise. Toutefois, comme nous l’avons vu, aucun employeur, ni même le gouvernement, n’exigent la formation actuellement disponible, c’est-à-dire le certificat en interprétation visuelle de l’UQAM. De son côté, la reconnaissance sociale du système de référence implique une forme d’application réglementée du code de déontologie par une entité, comme une association ou un ordre professionnel, qui se doit d’être elle-même reconnue par les employeurs ou le gouvernement. Or, être membre de l’AQILS ou détenir l’agrément de l’OTTIAQ ne fait pas partie d’aucun des critères d’embauche des employeurs pour travailler comme interprète. Concernant l’ordre, comme il ne reconnait que le domaine de la conférence et le domaine judiciaire comme contexte de pratique, son exigence est impossible pour l’ensemble des interprètes qui ne travaillent pas dans ces deux contextes spécifiques.

En conclusion, nous pouvons constater que le travail de l’interprète LSQ-français est de nature professionnelle, mais que plusieurs éléments doivent être mis en place afin d’atteindre une reconnaissance professionnelle pleine et entière. C’est pourquoi le prochain point porte sur les sphères de la professionnalisation.

SPHÈRES DE PROFESSIONNALISATION

Afin de poursuivre le travail de reconnaissance professionnelle des métiers qui ne sont pas reconnus, Wittorski (2005b) propose trois sphères de développement de la profession, c’est-àdire de professionnalisation. Regardons-les plus en détail.

La première sphère, c’est celle de la professionnalisation des activités ou du métier. Il est impératif de construire les règles d’exercice du métier afin de normaliser et d’uniformiser les pratiques. Il faut ensuite qu’il y ait reconnaissance sociale de ces pratiques et qu’on construise des programmes qui forment à ces activités. À ce sujet, les pratiques professionnelles en interprétation LSQ-français sont relativement bien définies par les leaders de la communauté, tels les enseignants, chercheurs, etc. Bien que la profession soit jeune et en constante évolution, le fait que l’interprétation LSQ-français soit un domaine de travail pratiqué depuis plus de trentecinq ans a permis à la communauté des praticiens d’établir certaines normes de pratiques. Celles dictées par les codes de déontologie en vigueur et mentionnés précédemment (AQILS, AVLIC et OTTIAQ) font l’objet d’un large consensus. Quelques normes dans certains contextes de pratiques font l’objet de débats, comme lorsque les clients sont des mineurs par exemple, ce qui est tout à fait normal dans une profession complexe. Finalement, un programme qui forme à ces activités doit être mis en place. Ce dernier point est essentiel au processus de professionnalisation.

La seconde sphère de professionnalisation, c’est celle des acteurs du métier. Wittorski (2005b) dit que l’on doit transmettre les savoirs et les compétences relatifs à l’exercice du métier, autant en formation initiale, c’est-à-dire avant l’intégration au monde du travail, qu’en formation continue, c’est-à-dire par du perfectionnement parallèle à son exercice. En effet, il n’existerait pas de profession sans formation initiale complète, tout comme une profession ne peut prétendre à ce statut si elle ne requiert pas de formation continue. Toujours dans la sphère de la professionnalisation des acteurs, il est impératif également de construire une identité professionnelle chez les praticiens. Une profession comporte un ensemble de valeurs partagées par la communauté des praticiens et il est essentiel de faire surgir cette conscience d’appartenir à un ensemble plus grand que soi afin de prétendre au statut de professionnel.

Finalement, la troisième sphère d’intervention est celle des organisations. Il est impératif de formaliser les systèmes qui régissent la profession. Wittorski fait référence à trois éléments en particulier : la formation, les associations professionnelles et les critères d’embauche. La formalisation de ces trois éléments doit se faire en synergie et non pas indépendamment l’une de l’autre. La formation doit s’inscrire formellement dans le système d’éducation. L’association ou l’ordre professionnel doit définir l’accès à la profession, en mettant l’accent sur la réussite d’une formation initiale et rendre la formation continue obligatoire. Elle doit travailler en collaboration avec les employeurs afin de s’assurer que les critères d’embauche respectent les standards de la profession et travailler avec les responsables du programme d’enseignement afin de s’assurer que celui-ci soit en adéquation avec les besoins de la profession.

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Table des matières

RÉSUMÉ
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES FIGURES
LISTE DES SIGLES ET DES ABRÉVIATIONS
REMERCIEMENTS
INTRODUCTION GÉNÉRALE
PROBLÉMATIQUE
1.1 INTRODUCTION
1.2 DESCRIPTION DE LA PROFESSION D’INTERPRÈTE LSQ-FRANÇAIS
1.2.1 INTERPRÉTATION VISUELLE VERSUS INTERPRÉTATION LSQ-FRANÇAIS
1.2.2 CONTEXTES D’EXERCICE DE LA PROFESSION
1.3 STATUT DE LA PROFESSION
1.3.1 CRITÈRES DÉFINISSANT UNE PROFESSION
1.3.2 SPHÈRES DE PROFESSIONNALISATION
1.4 PARCOURS DE FORMATION DES INTERPRÈTES LSQ-FRANÇAIS
1.4.1 COURS DE LSQ
1.4.2 ATTESTATION D’ÉTUDES COLLÉGIALES EN COMMUNICATION ET ÉTUDES SOURDES
1.4.3 CERTIFICAT EN INTERPRÉTATION VISUELLE
1.4.4 SYNTHÈSE DU PARCOURS DE FORMATION EN INTERPRÉTATION LSQ-FRANÇAIS
1.5 PRINCIPES DE BASE DE CONCEPTION D’UNE FORMATION
1.5.1 APPROCHE PAR OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES
1.5.2 APPROCHE PAR COMPÉTENCE
1.6 QUESTION GÉNÉRALE DE RECHERCHE
CADRE THÉORIQUE
2.1 INTRODUCTION
2.2 CONCEPT DE CURRICULUM
2.2.1 FORMES DU CURRICULUM
2.2.2 ÉTAPES DE CONCEPTION D’UN CURRICULUM
2.3 PROFIL DE SORTIE
2.3.1 DÉFINITIONS ET ÉLÉMENTS CONSTITUTIFS
2.3.2 «LES» COMPÉTENCES
2.4 TRANSPOSITION DIDACTIQUE
2.4.1 DÉFINITION DU CONCEPT
2.4.2 TRANSPOSITION DIDACTIQUE À PARTIR DE PRATIQUES
2.5 VOLET EMPIRIQUE
2.5.1 CURRICULUMS DE FORMATION EN INTERPRÉTATION EN LANGUE DES SIGNES AU CANADA
2.5.2 RECHERCHES SUR LA FORMATION EN INTERPRÉTATION EN LANGUE DES SIGNES
2.6 BILAN ET OBJECTIFS SPÉCIFIQUES DE RECHERCHE
MÉTHODOLOGIE
3.1 INTRODUCTION
3.2 DESCRIPTION GÉNÉRALE DU TYPE DE RECHERCHE
3.3 MÉTHODE DE CUEILLETTE DE DONNÉES
3.3.1 DESCRIPTION DES OUTILS
3.3.2 CONSTITUTION DES GROUPES ET DESCRIPTION DES PARTICIPANTS
3.4 DÉROULEMENT DES GROUPES DE DISCUSSION
3.4.1 QUESTIONS DE L’ENTRETIEN COLLECTIF
3.4.2 GUIDE D’ENTRETIEN ET ORGANISATION LOGISTIQUE
3.5 CONSTITUTION DU PROFIL DE SORTIE
3.5.1 TRAITEMENT DES DONNÉES
3.5.2 RÉDACTION DES COMPÉTENCES ET DES RESSOURCES MOBILISÉES
3.5.3 RECUEIL DES COMMENTAIRES SUITE À LA PREMIÈRE ÉBAUCHE DES COMPÉTENCES ET DES RESSOURCES MOBILISÉES
3.6 SYNTHÈSE DE LA MÉTHODOLOGIE DE RECHERCHE
RÉSULTATS
4.1 INTRODUCTION
4.2 ACTIVITÉS PROFESSIONNELLES DES INTERPRÈTES ET COMPOSANTES
4.2.1 CONSTITUTION DE LA LISTE DES ACTIVITÉS
4.2.2 DÉTERMINATION DES ACTIONS CONSTITUTIVES DES ACTIVITÉS
4.2.3 DÉTERMINATION DES ATTITUDES REQUISES
4.2.4 DÉTERMINATION DES CONNAISSANCES REQUISES
4.3 INTÉGRATION DES RÉSULTATS
4.3.1 INTERPRÉTATION DE MESSAGES LSQ-FRANÇAIS
4.3.2 PRÉPARATION À UNE AFFECTATION EN INTERPRÉTATION
4.3.3 PRISE DE DÉCISION ÉTHIQUE
4.3.4 INFORMATION ET SENSIBILISATION
4.3.5 PERFECTIONNEMENT
4.3.6 TRAVAIL EN ÉQUIPE
4.3.7 ADMINISTRATION EN INTERPRÉTATION
4.3.8 DÉVELOPPEMENT DE MATÉRIEL PROFESSIONNEL
4.3.9 SYNTHÈSE DES ACTIVITÉS PROFESSIONNELLES
4.4 CONSTITUTION DU PROFIL DE SORTIE
4.4.1 DONNÉES RECUEILLIES AUPRÈS DES EXPERTS
4.4.2 PRÉSENTATION DU PROFIL DE SORTIE
4.4.3. PROFIL DE SORTIE DU PROGRAMME DE FORMATION EN INTERPRÉTATION LSQ FRANÇAIS
4.5 BILAN DES RÉSULTATS
DISCUSSION
5.1 INTRODUCTION
5.2 SYNTHÈSE DES RÉSULTATS AVEC LE CADRE THÉORIQUE
5.2.1 FINALITÉS ÉDUCATIVES DU PROFIL DE SORTIE ET VOLET CONCEPTUEL DU CADRE THÉORIQUE
5.2.2 BUTS DU PROFIL DE SORTIE ET VOLET CONCEPTUEL DU CADRE THÉORIQUE
5.2.3 PROFIL DE SORTIE ET VOLET EMPIRIQUE DU CADRE THÉORIQUE
5.3 ÉTAPES SUBSÉQUENTES DU CURRICULUM À PARTIR DU PROFIL DE SORTIE
5.3.1 DESIGN DU CURRICULUM À PARTIR DU PROFIL DE SORTIE
5.3.2 IMPLANTATION DU CURRICULUM À PARTIR DU PROFIL DE SORTIE
5.4 CONTRIBUTION ET LIMITES DE LA RECHERCHE
5.5 CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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