Depuis des années, le concept du « genre » s’impose de plus en plus dans les différents domaines de la recherche et de l’expérience des projets (FAO, 2003). L’insertion de l’aspect genre est le processus d’évaluation des implications, pour les hommes et les femmes, de toute action planifiée y compris la législation, les politiques et les programmes dans tous les domaines et à tous les niveaux (GWA et UNDP, 2003). Pour le cas de Madagascar, le gouvernement a élaboré à la suite de la 4ème conférence mondiale de Beijing, le Plan National d’Action Genre Et Développement (PANAGED) afin d’intégrer transversalement le genre dans toutes les activités de développement (Randriamamonjy, 2007).
Par ailleurs, Madagascar possède un capital naturel exceptionnel, y compris les forêts, aires protégées, terres agricoles et ressources halieutiques, qui représente plus de 50% de la richesse du pays sans tenir compte des ressources minières (World Bank, 2013). Malheureusement, cette richesse a connu et est encore sujette à une dégradation continuelle, dont l’une des causes est la mauvaise gestion de cette dernière. D’où l’enjeu de connaître la place et le rôle du genre dans l’utilisation et la gestion des ressources naturelles. En effet, c’est un aspect basique pour une évaluation des ressemblances et dissemblances dans la formede gestion des ressources naturelles entre les femmes et les hommes, qui pourraient contribuer à l’amélioration de cette gestion afin de conserver la nature.
Néanmoins, dans le cadre des communautés villageoises à Tampolo (Fénérive-Est, Madagascar), la population dépend des ressources naturelles pour survivre (Onjalalaina, 2014). Or, aucune étude n’a encore été réalisée pour déterminer les rapports entre genre dans l’utilisation et la gestion des ressources naturelles, d’où l’intérêt de la présente étude. Ainsi, une grande question se pose : Comment la spécificité et l’importance des genres influencent-elles l’utilisation et la gestion des ressources naturelles ? L’hypothèse énonce que l’utilisation et la gestion des ressources naturelles est différente entre les genres où les hommes tiennent une place importante dans la prise de décision dans la gestion des ressources naturelles par rapport aux femmes.
Problématique et hypothèses
Problématique
Madagascar, la quatrième plus grande île du monde, est bien connue mondialement pour son intérêt biologique et écologique, ses patrimoines rares par sa faune et flore unique et son haut niveau d’endémisme. La forêt de Tampolo est un vestige de la forêt naturelle de l’Est de Madagascar et qui représente une diversité biologique très importante et un taux d’endémisme élevé (faune et flore). (Ratsirarson et Goodman, 1998). Cette forêt assure principalement le ravitaillement en bois, en lianes, en miel, en complément alimentaire, en matières premières pour l’artisanat… des villageois aux alentours. La vie de la population riveraine de Tampolo est étroitement liée à la forêt. Cette dernière est utilisée pour les collectes de produits forestiers pour les besoins quotidiens des villageois, y compris la collecte de bois de chauffe pour l’utilisation ménagère et la distillation des feuilles de girofle, la collecte de bois de charpente et d’ébénisterie, la collecte d’autres produits forestiers (miel, fruit, lianes, plantes médicinales et notamment des palmiers) et la chasse des animaux (petits mammifères comme les Setifer setosus et Tenrec eucaudatus, Lémuriens diurnes et nocturnes, Oiseaux aquatiques) (Ratsirarson et Goodman, 1998). Tant les hommes que les femmes utilisent ces ressources naturelles pour subvenir à leurs besoins quotidiens. Toutefois, l’approche genre suppose de considérer les différentes opportunités offertes aux hommes et aux femmes, les rôles qui leur sont assignés socialement et les relations qui existent entre eux. Il s’agit de composantes fondamentales qui influent sur le processus de développement de la société et sur l’aboutissement des politiques, des programmes et des projets des organismes internationaux et nationaux. Il est donc important d’étudier les relations spécifiques des hommes et des femmes avec les ressources naturelles par l’intermédiaire de l’approche genre.
Etat des connaissances
Milieu d’étude
L’étude s’est effectuée dans les villages aux alentours de la forêt de Tampolo qui se trouve à cheval entre deux Communes différents, à savoir : Ampasina Maningory et Ambodimanga II, dans le district de Fénérive-Est, dans la province de Toamasina. Ils se regroupent en quatre Fokontany dont les chefs-lieux se répartissent aux alentours de la forêt de Tampolo à savoir Tanambao Tampolo à l’Ouest, Rantolava et Takobola au Nord et Ampasimazava (Andapa II) au Sud. La forêt de Tampolo se trouve à 10km au Nord de la ville de Fénérive-Est et s’étend sur 5km de long et 2km de large.
Milieu humain
➤ Historique du peuplement
La population est composée d’une variété d’ethnie. Le betsimisaraka qui est la population native dans cette région est très dominante. D’autres ethnies sont constituées par des gens du Sud-Est : Antemoro, Antanosy, Antesaka et d’autres venant des hautes terres centrales surtout le Betsileo. (Meyer et al. 1991).
➤ Démographie
La population des villages, comptant près de 6.000 habitants aux alentours la forêt de Tampolo se répartissent en quatre fokontany .
➤ Education
Dans les trois Fokontany Rantolava, Tanambao-Tampolo et Andapa II, il existe un établissement d’enseignement primaire. Un enseignant s’occupe de 2 à 3 classes de différents niveaux dans une seule grande salle, avec le même emploi du temps. Le nombre d’heures ne permet pas de donner aux élèves toutes les instructions nécessaires. Ainsi, beaucoup d’élèves n’arrivent pas à terminer l’année scolaire. (Radosy, 2010).
➤ Santé
Une seule infrastructure sanitaire située à Rantolava assure les soins médicaux dans les quatre Fokontany. Par ailleurs, la population préfère fréquenter les guérisseurs ou utiliser les plantes médicinales d’une façon traditionnelle (Radosy, 2010).
Economie rurale
➤ Agriculture
L’agriculture constitue l’activité principale des communautés dans les villages de Tampolo. La riziculture constitue la principale activité agricole des paysans. Le travail agricole est assuré par la main d’œuvre familiale, complétée par l’entraide ou « Fandriàka » entre voisins et famille et plus rarement par les salariés occasionnels pendant les pics de travaux (Ranaivonasy et al 2003). La culture de rente est aussi une source de revenu de la population. Les clous de girofle, les feuilles de girofle, et l’huile essentielle sont des produits vendus aux collecteurs à un prix assez élevé. Le litchi constitue également une source de revenu saisonnière très importante. La part du café dans la production agricole locale et dans les sources de revenus est devenue infime depuis longtemps (Soamazava, 2008).
➤ Elevage
L’aviculture, l’élevage bovin et l’apiculture sont les activités d’élevage les plus répandus chez les communautés. Les produits de la basse-cour sont presque exclusivement autoconsommés, et constituent l’un des rares apports en protéines pour les villageois (Soamazava, 2008).
➤ La pêche
La pêche en eaux douces dans le lac Tampolo (dans le village de Rantolava) et la pêche maritime constituent des activités importantes, voire principale pour beaucoup de paysans. Avec l’appui de l’ESSA-Forêts, quelques paysans ont aussi démarré des activités de pisciculture dans leurs bassins aménagés. Les besoins en bois pour la confection de pirogues sont généralement assurés par d’autres sources que la forêt de Tampolo (Soamazava, 2008).
➤ Autres activités
Les femmes pratiquent la vannerie (nattes, nasses, chapeaux) pour l’usage domestique à partir de Pandanus et de Lepironia collectés dans la forêt de Tampolo, ainsi que les forêts et marais environnants. Les petites unités de transformation du girofle pour la production d’huile essentielles sont assez nombreuses (Soamazava, 2008).
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Table des matières
1 Introduction
2 Cadre Méthodologique
2.1 Problématique et hypothèses
2.1.1 Problématique
2.1.2 Hypothèses
2.2 Etat des connaissances
2.2.1 Milieu d’étude
2.2.2 Définition des mots clés
2.3 Méthodes
2.3.1 Collecte des données
2.3.2 Analyse des données
3. Résultats
3.1 Utilisation des ressources par genre dans les villages de Tampolo
3.1.1 Ressources forestières
3.1.2 Ressources agricoles (terrestres)
3.1.3 Ressources aquatiques
3.2 Rôles des hommes et des femmes dans la gestion communautaire des ressources naturelles
4. Discussions et recommandations
4.1 Discussions
4.1.1 Sur la méthodologie
4.1.2 Sur les résultats
4.1.3 Discussions sur les hypothèses
4.2 Recommandations
4.2.1 Sur la méthodologie
4.2.2 Par rapport à l’utilisation des ressources
4.2.3 Par rapport à la gestion des ressources
4.2.4 Recommandations par rapport aux ressources
5. Conclusion
6. Références bibliographiques