De nos jours, l’utilisation des plantes médicinales dans le traitement des pathologies est devenue l’une des principales voies d’accès aux soins. La plupart des espèces végétales possèdent des vertus thérapeutiques. L’action de la phytothérapie sur l’organisme dépend de la composition des plantes qui constituent un réservoir inépuisé de nouveaux métabolites secondaires. Plusieurs plantes ont été utilisées traditionnellement pour se soigner; des plantes aromatiques sont utilisées comme source d’assaisonnement ou comme remède en médecine ; d’autres plantes sont connues pour leurs propriétés nutritives. Dans l’espoir de valoriser les plantes médicinales de la flore Tunisienne, nous avons eu recours à l’étude structurale et biologique de deux plantes utilisées en médecine traditionnelle : Diplotaxis simplex et Diplotaxis harra.
SPECIFICITES BOTANIQUES ET PROPRIETES PHARMACOLOGIQUES DE D. SIMPLEX ET D. HARRA
La famille des Crucifères ou Brassicaceae
La famille de Brassicaceae a pour nom alternatif ‘Crucifereae’, elle contient 338 genres et 3350 espèces [1,2]. Cette famille représente une part importante de l’alimentation humaine, elle est considérée comme une bonne source de composés actifs tels que les composés phénoliques, les vitamines, les fibres, les sucres solubles, les minéraux, les métaux, les acides aminés et les glucosinolates. Ces composés chimiques ont diverses applications en raison de leurs propriétés anticancéreuses, antimicrobiennes et antioxydantes [3]. Les plantes de cette famille ont été utilisées traditionnellement comme antidiabétiques, antibactériennes, antifongiques, anticancéreux, antirhumatismaux et anti-insectes [4]. De nombreuses espèces appartiennent à la famille Brassicaceae ont des feuilles caractérisées par un goût plus ou moins piquant et sont, par conséquent, utilisées pour parfumer les salades [5].
Le genre Diplotaxis
Le genre Diplotaxis appartient à la famille des Brassicaceae. Ce genre contient 32 espèces [1,2], originaires d’Europe, du bassin méditerranéen, et d’Asie. Certaines espèces de Diplotaxis sont cultivées pour la consommation humaine, ce sont des salades [6,7], tandis que d’autres sont des mauvaises herbes [8]. Les plantes du genre Diplotaxis sont vivaces ou bisannuelles à feuilles semi-charnues plus ou moins découpées, à rameaux allongés, avec des pédicelles minces, des pétales à longs onglets terminés par une lame ovale et jaune, des étamines libres non dentées, des siliques linéaires à valves planes, et des graines ovales comprimées placée dans chaque loge en deux séries. D’où le terme Diplotaxis [9].
Propriétés pharmacologiques
Les feuilles et les fleurs de D. simplex contiennent plusieurs éléments nutritifs importants et des composés bioactifs avec des propriétés biologiques intéressantes [15]. D. simplex est douée d’activités antioxydante, anti-inflammatoire, antimicrobienne puissantes et d’une activité inhibitrice de l’α-amylase et de l’α-glycosidase. Ces potentialités biologiques ont été attribuées à sa teneur importante en composés phénoliques. Récemment, il a été montré que cette espèce supprime l’hyperglycémie post-prandiale chez des souris en inhibant les enzymes clés liées au diabète [14].
L’espèce Diplotaxis harra
Classification
Règne : Plantae
Classe : Magnoliopsidae
Famille : Brassicaceae ou Crucifères
Genre : Diplotaxis DC
Nom scientifique : Diplotaxis harra (Forssk.) Boiss.
Nom vernaculaire arabe [18]: El harra
Synonymes [11]: Sinapis crassifolia
Diplotaxis crassifolia
Sinapis harra (Forssk.)
Description botanique
D. harra est une espèce annuelle ou vivace, appartenant à la famille des Brassicaceae, distribuée dans les déserts d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient sous forme de tapis de fleurs jaunes [18, 19]. Avec une hauteur de 20-30 cm, ses tiges sont dressées et ramifiées, ses fleurs sont jaunes avec un pédoncule filiforme, ses pétales sont deux fois plus longs que les sépales duveteux. Les fruits sont des siliques pendantes à la pointe de 2-4 mm de long.
Composition chimique
Les travaux chimiques effectués sur l’espèce D. harra ont commencé depuis 1994. Sanchez-Yelamo [13] a purifié et identifié les produits suivants: le kaempférol-7- glucoside 16, la quercétine-7-glucoside 17, la quercétine-3-glucoside 1, l’isorhamnétine3-glucoside 2, le kaempférol-3-glucoside 3, le kaempférol-3 digalactoside, la quercétinetriglycoside (rhamnose+galactose), l’isorhamnétine-diglucoside et le kaempféroldiglucoside.
Ensuite en 1999, Hashem et ses collaborateurs [20] ont isolé à partir de l’extrait éthanolique et suite à une réaction enzymatique trois produits: le 5-vinyl-2- oxazolidinethione 18, le 2-hydroxy-3-buténylisothiocyanate 19 et le 4- méthylisothiocyanatobutyrate 20.
GENERALITES SUR LES HUILES ESSENTIELLES
Définition
Une huile essentielle est un produit odorant, généralement de composition complexe, obtenu à partir d’une matière première végétale botaniquement définie, soit par entrainement à la vapeur d’eau, soit par distillation sèche, soit par un procédé mécanique sans chauffage. Une huile essentielle est le plus souvent séparée de la phase aqueuse par un procédé physique n’entraînant pas de changement significatif de sa composition. La synthèse et l’accumulation des huiles essentielles sont généralement associées à la présence de structures histologiques spécialisées, souvent localisées sur ou à proximité de la surface de la plante [28].
Composition chimique
Les huiles essentielles sont des mélanges complexes d’environ 20 à 60 constituants aromatiques plus ou moins volatils, caractérisés par deux ou trois composés à haute concentration qui déterminent leurs propriétés biologiques. Les principaux constituants sont: les terpènes qui sont constitués d’un mélange d’hydrocarbures et de composés oxygénés dérivés de ces hydrocarbures, en particulier les mono- et sesquiterpènes très volatils et de faible masse [29,30], et les composants aromatiques qui sont principalement des dérivés du phénylpropane C6-C3, comprenant des phénols (chavicol, eugénol), des aldéhydes (cinnamaldéhyde), des alcools (alcool cinnamique), des dérivés méthoxy (anéthol, estragol) ou méthylène dioxy (myristicine, safrol) [31]. Les composés azotés ou soufrés tels que les dérivés des Isothiocyanates ou les nitriles sont également caractéristiques des métabolites secondaires trouvés dans les huiles essentielles de diverses plantes [32].
Propriétés pharmacologiques
En phytothérapie, les huiles essentielles sont utilisées pour leurs propriétés antiseptiques contre les maladies infectieuses d’origine bactérienne ou fongique, contre les dermatophytes, les moisissures allergisantes ou les champignons opportunistes. Elles présentent également des propriétés cytotoxiques, anti inflammatoires et anticancéreuses [33,34].
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Table des matières
Introduction
ÉTUDE BIBLIGRAPHIQUE
I- SPECIFICITES BOTANIQUES ET PROPRIETES PHARMACOLOGIQUES DE D. SIMPLEX ET D. HARRA
I-1- La famille des Crucifères ou Brassicaceae
I-2- Le genre Diplotaxis
I-3- L’espğĐe Diplotaxis simplex
I-3-1- Classification
I-3-2- Description botanique
I-3-3- Composition chimique
I-3-4- Propriétés pharmacologiques
I-4- L’espğĐe Diplotaxis harra
I-4-1- Classification
I-4-2- Description botanique
I-4-3-Composition chimique
I-4-4- Utilisations traditionnelles
II- GENERALITES SUR LES HUILES ESSENTIELLES
II-1- Définition
II-2- Composition chimique
II-3- Propriétés pharmacologiques
III- COMPOSES NATURELS ET CELLULES SOUCHES PATHOLOGIQUES
III-1- Cellules souches pathologiques et ciblage par des composés naturels
III-2- Les flavoŶoïdes et la voie GSK3β daŶs les Đellules souĐhes ĐaŶĐĠƌeuses
III-3- Les composés naturels dans les pathologies colorectales
Objectif des recherches
MATÉRIELS ET MÉTHODES
I- MATERIEL VEGETAL
I-1- Collecte et identification du matériel végétal
I-2-Extraction par macération
I-3-Extraction des fractions volatiles par hydrodistillation
II- CARACTERISATION PHYTOCHIMIQUE
II-1- Tests phytochimiques préliminaires
II-2- Dosage des phénols totaux
II-2-1- Principe
II-2-2- Mode opératoire
II-3- Dosage des flavonoïdes totaux
II-3-1- Principe
II-3-2- Mode opératoire
III- METHODES CHROMATOGRAPHIQUES
III-1- Méthodes chromatographiques analytiques
III-1-1 La chromatographie sur couche mince (CCM)
III-1-2 La Chromatographie Liquide Ultra haute Pression (UHPLC)
III-1-3 Chromatographie en phase Gazeuse couplée à la Spectrométrie de Masse (GC\MS)
III-2- Méthodes chromatographiques préparatives
III-2-1 Chromatographie sur colonne ouverte
III-2-2 Chromatographie liquide à haute performance semi-préparative (HPLC semi-préparative)
III-2-3 Chromatographie sur couche épaisse préparative
IV- TECHNIQUES SPECTROSCOPIQUES
IV-1- Spectrométrie de masse (SM)
IV-2- Résonance magnétique nucléaire (RMN)
V- ACTIVITES BIOLOGIQUES
V-1- Activité de piégeage de radicaux
V-2- Activité antibactérienne
V-2-1- Microorganismes
V-2-2- Méthode de diffusion par puits
V-2-3- Détermination de la concentration minimale inhibitrice (CMI) et de la concentration minimale bactéricide (CMB)
V-3- Activités anti-inflammatoires et anti-cancéreuses
V-3-1- Culture et caractérisation des colonosphères et des tumorosphéroïdes
V-3-2- Étude de la voie de signalisation PAR2/GSK3
V-3-3- Évaluation de la viabilité des cellules immatures inflammatoires ou cancéreuses
V-3-4- Immunomarquages des tissus coliques in situ
Conclusion