Le paludisme est une infection parasitaire due ร un protozoaire du genre Plasmodium. Il est transmis ร lโhomme principalement par lโintermรฉdiaire de la piqรปre dโun vecteur qui est lโanophรจle [1]. Le paludisme reste un problรจme de santรฉ publique dans le monde et surtout en Afrique subsaharienne. En effet, 49% de la population dans ces pays sont ร risque de paludisme en 2013. Sur les 584 000 dรฉcรจs enregistrรฉs dans le monde, 78% concernent les enfants รขgรฉs de moins de 5 ans et que 90% sont issues des rรฉgions africaines [2]. A Madagascar, le paludisme reprรฉsentait la 5รจme cause de morbiditรฉ pour tout รขge confondu et 8รจme pour les enfants moins de 5 ans en 2013. Respectivement, pour les enfants de moins de 5 ans, la morbiditรฉ et la mortalitรฉ palustre รฉtait de 6,76% et 19% .
Le diagnostic du paludisme constitue un dรฉfi pour les agents de santรฉ. En effet, les signes et les symptรดmes sont variables et ne sont pas spรฉcifiques. Dans les zones endรฉmiques au paludisme, le paludisme peut รชtre รฉvoquรฉ devant une histoire de fiรจvre ou dโautres signes prรฉsomptifs. Mais dans les rรฉgions oรน la transmission est basse, comme le cas de la haute terre centrale, lโexamen parasitologique de tous les cas de fiรจvre nโest pas prรฉconisรฉ car il engendre des dรฉpenses inutiles des ressources de diagnostique. Cโest pourquoi les agents de santรฉ doivent รชtre formรฉs pour identifier les patients qui peuvent รชtre exposรฉs ร la maladie. Dโun autre cรดtรฉ, un paludisme non diagnostiquรฉ ร temps peut รฉvoluer vers une forme grave. Ainsi, une rapide et meilleure dรฉmarche dรฉcisionnelle des agents de santรฉ peut รชtre bรฉnรฉfique pour prรฉvenir cette issue.
RAPPELS
Lโagent pathogรจne
Chez les humains, le paludisme est causรฉ par P. falciparum, P. malariae, P. ovale, P. vivax . Une cinquiรจme espรจce vient rรฉcemment dโรชtre identifiรฉ : le P. knowlesi qui auparavant infectรฉ les singes en Asie mais actuellement documentรฉ comme รฉtant pathogรจne aussi pour lโHomme [4]. Le P. falciparum est lโespรจce la plus redoutable car il peut entrainer la mort surtout au cours de lโaccรจs pernicieux (ou neuropaludisme). Ce P. falciparum sรฉvit surtout en Afrique subsaharienne et est la cause la plus commune des infections, responsable d’environ 80 % de tous les cas de paludisme ainsi que 90 % des dรฉcรจs [5].
Historiquement, le Plasmodium a รฉtรฉ dรฉcouvert par le mรฉdecin militaire franรงais Lavรฉran ร Constantine en 1880.
Le vecteur
L’Anophรจle, vecteur du paludisme regroupe environ 500 espรจces dont une cinquantaine capable de transmettre le paludisme. A Madagascar, les principales espรจces vectrices sont lโAn. gambiae, lโAn. arabiensis, lโAn. funestus et lโAn. mascarensis .
Lโรฉpidรฉmiologie
Rรฉpartition dans le monde
Le paludisme (ou malaria) est la plus importante et la plus rรฉpandue des maladies parasitaires tropicales [7]. Actuellement, environ 40% de la population mondiale, la plupart habitant les pays les plus pauvres du monde est exposรฉ au paludisme . La maladie รฉtait jadis plus รฉtendue mais elle a รฉtรฉ รฉliminรฉe dans de nombreux pays tempรฉrรฉs au milieu du XXe siรจcle. Dans les zones endรฉmiques, le taux de mortalitรฉ global pour tous les cas de paludisme peut atteindre un sur dix cas de paludisme.
Chaque annรฉe, le paludisme est la cause de 400 ร 900 millions de cas de fiรจvres, et entraรฎne un ร trois millions de morts [9]. La grande majoritรฉ des victimes sont des enfants de moins de 5 ans [10], les femmes enceintes รฉtant aussi particuliรจrement vulnรฉrables car le placenta constitue une cible oรน les parasites (P. falciparum) peuvent s’accumuler. Malgrรฉ les tous les efforts entrepris pour essayer de rรฉduire la transmission de la maladie et amรฉliorer son traitement, il y a eu peu d’รฉvolution sur la morbimortalitรฉ du paludisme dans la plupart des rรฉgions impaludรฉes [11]. La mortalitรฉ semble dรฉcroรฎtre depuis la fin des annรฉes 2000 et est estimรฉe ร 1,2 millions de personnes en 2010 [12]. On estime que les efforts mondiaux pour combattre et รฉliminer le paludisme ont sauvรฉ 3,3 millions de vies depuis 2000 en rรฉduisant les taux de mortalitรฉ dus ร cette maladie de 45% dans le monde et de 49% en Afrique [13]. La co-infection avec le VIH pose moins de problรจme que la co-infection Paludisme / Tuberculose. Les deux maladies (paludisme et tuberculose) attaquent habituellement des tranches d’รขge diffรฉrentes: des รฉtudes ont rapportรฉs que le paludisme est plus frรฉquent chez les jeunes tandis que la tuberculose atteint davantage les personnes รขgรฉes [14]. Cependant, le paludisme et le VIH contribuent ร leur propagation mutuelle : le paludisme accroit la charge virale et l’infection du VIH augmente la probabilitรฉ d’une infection de paludisme. Dans les rรฉgions sรจches, les pรฉriodes de paludisme peuvent รชtre prรฉdรฎtes sans trop d’erreurs en utilisant les cartes de prรฉcipitation [15]. Comprendre les bases de l’รฉpidรฉmiologie du paludisme est nรฉcessaire pour รฉlaborer et mener une lutte efficace contre ce flรฉau .
Epidรฉmiologie en Afrique
LโAfrique est le continent le plus touchรฉ par le paludisme avec une incidence annuelle estimรฉe ร 700 cas pour 1 000 habitants. 90% des dรฉcรจs dus au paludisme surviennent en Afrique subsaharienne principalement chez les jeunes enfants [18]. Le paludisme tue un enfant africain toutes les 30 secondes. De nombreux enfants qui survivent ร un accรจs de paludisme grave peuvent prรฉsenter des troubles de l’apprentissage ou une atteinte cรฉrรฉbrale. La femme enceinte et l’enfant ร naรฎtre sont aussi particuliรจrement vulnรฉrables face au paludisme, cause majeure de mortalitรฉ pรฉrinatale, de faible poids de naissance et d’anรฉmie maternelle [18].
Dโaprรจs lโOMS le paludisme reprรฉsentait sur lโensemble du continent 15% des dรฉcรจs dโenfants de moins de 5 ans en 2012 [19], aprรจs les problรจmes pรฉrinataux 21%, les infections respiratoires aigues 20%, et les diarrhรฉes 16%.
Epidรฉmiologie ร Madagascar
Madagascar a la malchance dโhรฉberger les 4 espรจces plasmodiales surtout le P. falciparum le plus redoutable car source de morbimortalitรฉ importante. A Madagascar, les principaux vecteurs de transmission du paludisme sont le complexe An. gambiae et An. arabiensis, lโAn. funestus et lโAn. mascarensis. LโAn. gambiae vit dans toutes les rรฉgions de la grande dโรฎle [6]. A Madagascar, on dรฉcrit deux profils รฉpidรฉmiologiques :
Paludisme stable ร transmission pรฉrenne le long des cรดtes oรน vit une grosse partie de la population du pays (8 sur les 23 millions dโhabitants) [21]. La prรฉmunition dans la population adulte est non nรฉgligeable. Ce sont surtout les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes qui sont les plus vulnรฉrables.
Paludisme instable ร transmission saisonniรจre sur les Hautes Terres Centrales et dans le sud subdรฉsertique. Lโimmunitรฉ acquise est insuffisante. Toute la population est ร risque et les รฉpidรฉmies peuvent survenir avec un fort taux de mortalitรฉ ร tout moment.
Globalement 4 faciรจs รฉpidรฉmiologiques sont dรฉcrits en lien direct avec les diffรฉrents types climatiques :
– faciรจs รฉquatorial au niveau de la cรดte Est : paludisme stable ร forte transmission toute lโannรฉe,
– faciรจs tropical au niveau de la cรดte Ouest et au nord : paludisme stable avec une forte transmission en saison des pluies,
– faciรจs sahรฉlien ou subdรฉsertique dans le Sud : paludisme instable ร transmission liรฉe aux prรฉcipitations (pluviomรฉtrie faible > 500 mm),
– faciรจs des Hautes Terres Centrales : paludisme instable et saisonnier (novembre ร avril) avec une pluviomรฉtrie de 800 ร 1500 mm, la transmission sโinterrompt pendant lโhiver austral [22]. On note lโabsence de paludisme au dessus de 1500 mรจtres dโaltitude.
รpidรฉmiologie ร Antananarivo
Situรฉe dans la rรฉgion des hautes terres centrales, la majoritรฉ des infections palustres sont dues au P. falciparum. Ici, les principaux gรฎtes larvaires sont constituรฉs par les riziรจres. La tempรฉrature varie en fonction de lโaltitude et conditionne la transmission de la maladie. Le paludisme ici est considรฉrรฉ comme instable et saisonnier (octobre/novembre ร avril/mai) car la ville est situรฉe ร plus de 1000 m dโaltitude. Cโest le faciรจs รฉpidรฉmiologique des hautes terres centrales. Il existe une faible, mais rรฉelle, transmission autochtone du paludisme dans la ville dโAntananarivo .
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS
I- Lโagent pathogรจne
II- Le vecteur
III- Lโรฉpidรฉmiologie
III.1- Rรฉpartition dans le monde
III.2- Epidรฉmiologie en Afrique
III.3- Epidรฉmiologie ร Madagascar
III.4- รpidรฉmiologie ร Antananarivo
IV- Clinique
IV.1- Forme typique : Accรจs palustre simple
IV.2- Formes cliniques
V- Diagnostic Positif Du Paludisme
V.1- Diagnostic Clinique
V.2- Diagnostic biologique
VI- Traitement Du Paludisme
VI.1- La lutte prรฉventive contre la transmission
VI.2- Le traitement prรฉventif
VI.3-Traitement Curatif
DEUXIEME PARTIE : METHODES ET RESULTATS
I- Mรฉthodes dโรฉtude
I.1- Cadre dโรฉtude
I.2- Type et pรฉriode de lโรฉtude
I.3- Recrutement de la population dโรฉtude
I.4- Modes de collecte des donnรฉes
I.5- Variables et paramรจtres dโรฉtude
I.6- Traitement et analyse des donnรฉes
I.7- Les considรฉrations รฉthiques
II- RESULTATS
II.1- Situation รฉpidรฉmiologique du paludisme
II.2- Description de la population dโรฉtude
II.3- Analyse univariรฉe des paramรจtres
II.4- Analyse multivariรฉe
II.5- Valeur diagnostique des paramรจtres biocliniques pour le diagnostic du paludisme
TROISIEME PARTIE : DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES