SOUBASSEMENT CULTUREL ET ÉCONOMIQUE

Les tombeaux : sa construction

                 Concernant le tombeau, la construction d’un tombeau est pour les HOVA est une œuvre importante, tous les parents, amis, sont convoqués et laissent toute autre occupation pour sa réalisation, ce n’est pas une petite affaire qu’apporte souvent de fort loin, les cinq énormes dalles qui doivent former les murs du caveau , pour les détacher de la montagne , on commence par choisir un bloc de granitique soit naturellement divisé en couches superposées de quelque décimètre d’épaisseur, comme il enexiste beaucoup dans le massif centrale, et on y trace la forme et la dimension qu’on souhaite au moyen d’une bande étroite de bouse de vache sèche, à laquelle on met le feu. Quand le contour de la pierre est bien chauffé, on y verse de l’eau froide, et il se produit tout autour une fissure. On n’a plus alors qu’à la soulever à l’aide de leviers et à la trainer à l’endroit où doit se construire le tombeau, ce qui est la partie la plus longue et la plus difficile.Car il faut plusieurs centaines, quelque fois plusieurs milliers de bras, pour déplacer ces gros blocs à travers les vallées et les montagnes. Ce travail est également une occasion de fête et de réjouissance pendant lesquelles on tue beaucoup de bœufs. Les tombeaux de HOVA sont toujours placés de manière à attirer l’attention, quelque fois, ils sont même devant la maison du chef de la famille. Selon PACAUD12, « (…) à proximité du tombeau, le drapeau national est mis au coin nord-est ».

Les domaines du famadihana

Sur le plan philosophique : Les malgaches ont une conception large de la société. En effet la société Malgache déborde du monde des vivants, elle englobe aussi celui des morts. Une continuité subtile entre la vie terrestre et celle de l’au- delà : « nyfiainanaanyankoatra » est couramment acceptée par la mentalité. Un respect et une crainte des ancêtres en d’écoule. Ils sont toujours considérés comme présents. Physiquement inaccessibles, ils n’en restent pas moins un être suprême à qui l’on adresse vœux et prière. Le proverbe malgache, « velonairaytrano, matyirayfasana » traduit bien également la conception Malgache de la famille. Les vivants et les morts constituent toujours une famille. Le retournement des morts est de ce fait considéré comme un devoir sacré et un acte de piété filiale de la vivante envers les morts.
Sur le plan sociologique : Spécialement, l’exhumation est pratiquée par les populations des hauts plateaux de Madagascar. La fin des récoltes estivales annonce le début de la saison de l’exhumation. Généralement, cette saison est celle où les paysans sont relativement moins occupés par les travaux de champs, ils disposent plus de temps libre pour vaquer à autre chose. Ils en profitent donc pour procéder au retournement des morts L’occasion, en plus de son aspect philosophique, de se réjouir et se divertir. Les organisateurs sont tenus d’informer tous les membres de la famille de la Région ; de la Commune voire sur les hameaux environnants. Diverses organisations sont donc programmées pendant la cérémonie proprement dite. La famille du défunt a invité des chanteurs traditionnels comme le « mpihiragasy » pour mettre l’ambiance à la cérémonie. Elle prépare aussi de grands repas pour nourrir les invités. Les dépenses ainsi occasionnées sont à la charge des « zana- drazana».Les habitants environnants participent activement à l’accomplissement de la cérémonie.
Sur le plan économique : L’exhumation est une coutume complexe dont l’organisation exige plusieurs facteurs. Dans l’approche économique du rituel, il est nécessaire de parler des occupations de la population. L’engagement financier des organisateurs est généralement exorbitant et celui de la population environnant n’est pas négligeable non plus. Selon LARS et François R17, « (…), c’est pour la famille un honneur que de faire montrer le grand luxe ».

Les difficultés endogènes du famadihana

                 Ces changements survenus et toujours en cours sont selon nous révélateurs, d’une part, des difficultés croissantes liées au fonctionnement structurel du famadihana lui-même dans un contexte de pauvreté et, d’autre part, des nouveaux enjeux liés aux modalités et à la dispersion de l’économie familiale, ainsi qu’à la composante patrimoniale et sa transmission intergénérationnelle. Commençons par examiner les difficultés contemporaines internes du famadihana. Un premier constat est, comme nous l’avons dit précédemment, la monétarisation séculaire du famadihana. Les paysans n’ayant qu’un cheptel généralement limité à une seule tête de zébu, il faut soit acheter des zébus pour les engraisser, soit acheter des porcs, soit acheter la viande chez le boucher la veille de la cérémonie, ce qui est encore plus coûteux. De même, le riz n’est plus apporté par les convives, il faut l’acheter, la production familiale étant destinée à l’autoconsommation. Les linceuls doivent être achetés sur le marché, les réhabilitations et l’entretien du tombeau peuvent être effectué par des artisans professionnels. En outre, l’émigration de certains membres de la famille implique la prise en charge du voyage, le famadihana étant, comme on l’a vu, un événement quasi obligatoire pour ceux voulant rester en bons termes avec leur famille et la terre de leurs ancêtres : « C’est pendant le famadihana qu’on peut faire la connaissance de la famille, on se rencontre, on peut discuter. Pour le mariage, c’est encore pardonnable si on ne peut pas y assister mais pour le famadihana, même si on travaille à Majunga, on fait tout ce qu’on peut pour arriver à l’endroit où on fait le famadihana. D’après un (homme de 25 ans). La monétarisation en soi ne serait pas forcément un problème si elle ne survenait pas dans un contexte de pauvreté des ménages ruraux en Imerina. Pour donner un ordre d’idées, les enquêtes menées en cette année auprès de 16 ménages dans la commune rurale d’Ampitatafika indiquent un revenu moyen journalier de 3000 ariary par ménage, soit environ un euro. Couplée à une croissance démographique élevée et donc à un élargissement important de la communauté des ancêtres, une conséquence de cette situation économique est l’élargissement de la portée du famadihana à des branches familiales de plus en plus éloignées, diluant ainsi l’identité des ancêtres. Derrière cette mutualisation des moyens se cachent en outre une séparation des dépenses par ménage, chacun d’entre eux invitant ses propres convives, la logique économique l’emportant sur celle de la collégialité : « Les exhumations s’organisent tous les 5 ans au minimum ou tous les 7 ans, 9 ans, 11 ans au plus tard, selon les habitudes de chaque famille. Une année à l’avance, on prévient toute la famille pour se préparer à l’événement, les représentants se concertent et prennent les décisions suivant le choix de tout le monde, car il se peut que certains disent ne pas être encore prêts pour des raisons multiples. On peut reporter s’il y a l’accord de la plus grande partie, mais souvent, on prend en compte le choix de ceux qui sont en difficulté, car même s’il faut assumer ses obligations, chacun a ses propres revenus. » . Un père de famille âgé de 57 ans nous a confié qu’ilprocèderait au famadihana l’année prochaine alors il a prévenu dès maintenant ses enfants pour préparer eux-mêmes le repas pour leurs invités. On ne peut pas forcer un pauvre à dépenser tant d’argent pour une journée. Il est mieux si chacun fait selon ses possibilités. Un autre marqueur social, économiquement coûteux, est la réputation et la qualité de la troupe de chanteurs, convoquée après la cérémonie du famadihana : « Le Hiragasy n’est pas obligatoire, on le fait si on veut. Si on peut dépenser encore, on appelle une troupe, c’est une démonstration de richesse». « Le Hiragasy est facultatif, si on peut le faire on le fait, si on n’a pas les moyens on ne le fait pas. Mais parfois il y a des ancêtres qui disent à leurs descendants que si on veut faire un famadihana, il faut des chants. Là-bas, il y a un tombeau où les ancêtres ont décrété qu’il était interdit de faire un famadihana sans chants. La vie est difficile, on ne peut pas faire l’impossible, car il faut payer très cher ces chanteurs : à partir de 100000mille ariary. On fait appel à eux quelques jours après la cérémonie, mais la famille a quand même le choix de les appeler ou non. Dans la cérémonie du famadihana, l’aspect le plus contraignant, le plus coûteux et le plus emblématique des rapports locaux de domination reste sans conteste le système de dons et de contre-dons en espèces. Comme nous l’avons brièvement mentionné, chaque ménage invité doit fournir une certaine somme d’argent aux organisateurs, en fonction à la fois de sa richesse et des habitudes des familles. La règle est en effet, lors d’invitations successives et croisées, de donner une somme légèrement supérieure à celle donnée par l’autre ménage lorsqu’il était invité, sous peine de « rentrer la tête basse » (misambomiondrika) : « On doit toujours augmenter la somme reçue d’une famille quand on est invité à son tour ». Par exemple, s’il a reçu 3000 ariary, Au retour il doit donner plus, donc 4 000 ariary, selon son choix, car c’est déshonorant de remettre le même montant qu’on vous a donné. Cette pratique formalisée donne lieu à une inscription en bonne et due forme dans un cahier (rakitrynyela) que détient chaque ménage et qui retrace l’histoire de cette comptabilité des relations sociales. « La personne qui tient le cahier doit être bien vigilante pour ne pas se tromper. Par exemple, si quelqu’un est venu vous faire un don de 5000 ariary, et quand il vous invite vous ne lui donnez que 4000 ariary, c’est vraiment un grand déshonneur pour la famille, et cela, les gens s’en souviennent, car c’est inscrit aussi dans leur cahier d’après un zoky (personne âgée d’une communauté) de 65ans.

La démarche de l’échange de dons

                     Si la transaction monétaire par le marché libère l’individu de la réciprocité, il n’en est pas de même du système de don/contre-don même lorsqu’il est monétarisé. Cette médiation des relations sociales par l’argent est de plus en plus prégnante à Madagascar et elle inscrit la relation des ménages et des familles dans une logique de pouvoir et de dépendance. Si le jeu des dons un peu plus élevés à chaque cérémonie apparaît comme un jeu à somme nulle au bout du compte, en revanche, sur le court terme, il crée des tensions lorsque les ménages sont sollicités à plusieurs reprises pour participer à des famadihana : selon monsieur RAHARIJAONA Lucien , 65ans habitant d’Ampitatafika, qui est un cultivateur : « cette année, j’ai déjà assisté à onze famadihana, donc j’ai dû donner onze fois des dons de 3 000 ariary. Si on fait le compte, cela donne 33 000 ariary. Face à d’inévitables et récurrentes difficultés de trésorerie, la règle est de prévenir les invités au moins un mois à l’avance de manière à ce qu’ils s’organisent pour réunir la somme nécessaire. Ce système de don-contre-don26 lors des famadihana engage dans une relation de réciprocité qui peut donc s’avérer encombrante pendant des périodes difficiles. Certains préfèrent même refuser d’entrer dans de telles relations, ou tout au moins essaient de les rendre moins contraignantes : « Il faut éviter de rendre la même somme, car c’est très déshonorant. Il est vrai que c’est très difficile et ça peut créer des problèmes. Par exemple, lors de la dernière exhumation que j’ai organisée, j’ai refusé les montants supérieurs à 10000 Ariary, je leur ai dit franchement que je ne pourrai pas rendre cela après. » L’endettement est souvent la solution ultime pour honorer les dons, mais il est bien connu qu’il maintient les plus pauvres dans une dépendance, voire un clientélisme qui affaiblissent leur marge de manœuvre. Raison étudie en 2003 cette pratique qui consiste à solliciter brusquement les ménages, que ce soit par les pouvoirs publics, l’Église ou justement les pairs lors d’un famadihana, et il en conclut qu’il s’agit ni plus ni moins que de les « soumettre par l’endettement ». C’est ce qu’a très bien perçu aussi cet homme de 37 ans : « Si on y réfléchit, vaut mieux que les gens vous donnent moins, ce qui veut dire que vous en avez fait autant, car d’après le atero ka alao27( apporter puis retirer) , les gens vous reprennent ce que vous leur avez donné. Il se peut que vous soyez confronté à une difficulté passagère au même moment et si vous êtes contraint de donner plus, alors cela va vous créer beaucoup de problèmes. Tout compte fait, vaut mieux être perdant que de contracter des dettes. » D’un point de vue symbolique, puisqu’il s’agit d’honorer les ancêtres, il est généralement considéré que lors d’un famadihana, les dons doivent couvrir les dépenses de viande, le riz quant à lui n’étant pas comptabilisé puisqu’il est le don des ancêtres. Certains auteurs voyaient dans le famadihana davantage une construction des idéologies et des pouvoirs qu’une affaire commerciale et propice à l’enrichissement. Cette conception reste sans doute encore d’actualité, mais des témoignages montrent néanmoins que quelques-uns ont pris un certain recul par rapport au caractère purement sacré de la cérémonie : « Celui qui fait des pertes en organisant un famadihana signifie qu’il est incapable de gérer les dépenses. Mais cela ne nous arrive jamais. Il faut être astucieux pour que les invités se régalent et que la famille ait sa part. Voyez-vous. Selon la personne enquêtée : nous avons invité des amis originaire d’Antananarivo, nous avons préparé une table spéciale pour eux là-haut, puis on leur a donné de la bière et des plats spéciaux et après, ils nous ont fait des dons de 25 000 ou 20 000 ou 15 000 ariary au minimum par famille. C’est comme cela qu’il faut faire, il faut calculer avant de faire les choses. » Déduction faite des dépenses de nourriture par rapport aux dons, cette famille a réalisé un large bénéfice, du moins à court terme…

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
a. Contexte
b. Motifs du choix du thème et du terrain
c. Objectifs
d. Problématique
e. Hypothèses
f. Méthodologie
PREMIERE PARTIE : CONSIDERATIONS GENERALES
CHAPITRE I : GENERALITES SUR LA COMMUNE RURALE D’AMPITATAFIKA 
1.1- Situation géographique de la commune
CARTE 1 : LOCALISATION DES FOKONTANY
1.2- Aperçu historique d’Ampitatafika
1.3- Climat
1.3- Hydrographie
SECTION 2 : MILIEU HUMAIN
2.1- Démographie de la Commune d’Ampitatafika
i. Tableau 1 : Répartition des habitants dans la Commune par tranche d’âge
2.2- Economie
3.2- Ressources socioculturelles
j. 3.2.1- Education
k. 3.2.2- Santé
l. 3.2.3 – Religion
m. 3.2.4-Sport et loisirs
ff. 3.2.5-Infrastructures
gg. 3.2.6- Transport
hh. 3.2.7- Eau et électricité
ii. 3.2.8-Sécurité
jj. 3.2.9-Télécommunication
CHAPITRE II: GENERALITES SUR LE FAMADIHANA 
SECTION 1 : ORIGINE ET HISTORIQUE DU FAMADIHANA OU RETOURNEMENT DE MORT
SECTION2 : DEFINITION DU MOT FAMADIHANA
SECTION 3 : LE CULTE DES ANCETRES
3.1- Christianisme et razanisme
3.2- Famadihana comme un phénomène
3.3- Signification du mot famadihana
CHAPITRE III: DESCRIPTION DU FAMADIHANA 
SECTION1 : DEROULEMENT DU RITUEL FAMADIHANA
1.1- En Imerina
1.2- Les tombeaux : sa construction
1.3- Forme des tombeaux
SECTION2 : LES LIENS ENTRE LES VIVANTS ET LES ANCETRES
1.2- Aspects symboliques
1.3- Aspects patrimoniaux
DEUXIEME PARTIE : FAMADIHANA : ALLEGEANCE AUX ANCETRES, INDIVIDUATIONS ET CONTRAINTES FINANCIERES
CHAPITRE IV : LES DIFFERENTES DIMENSIONS DU FAMADIHANA
SECTION 1 : LES DOMAINES DU FAMADIHANA
1.1- SUR LE PLAN PHILOSOPHIQUE
1.2- Sur le plan sociologique
1.3- Sur le plan économique
SECTION 2 : LES DIFFERENTES SORTES DU FAMADIHANA
2.1- LE FAMADIHANA D’INAUGURATION
2.2- Le famadihana de transfert
2.3- Le famadihana pour la demande de bénédiction
CHAPITRE V : VALEUR DU FAMADIHANA
SECTION1 : RESULTATS D’ENQUETES SUR TERRAIN
TABLEAU 4: LA PRATIQUE DU FAMADIHANA SELON LES ENQUETEES
TABLEAU 5 : OCCUPATION DES GENS ENQUETES A AMPITATAFIKA
TABLEAU 6: COMPARAISON DES CEREMONIES AVEC OU SANS ‘HIRA GASY’
1.1- Les Hira gasy
TABLEAU 7: AVANTAGES ET INCONVENIENTS DE L’EXHUMATION
TABLEAU 8 : DEPENSE D’UNE FAMILLE ENQUETEE POUR UN RITUEL DE FAMADIHANA
SECTION 2 : LE FAMADIHANA ET LES RELATIONS ENTRE VIVANTS
2.1- Les raisons du famadihana : Pourquoi on le pratique ?
2.2-LES ETAPES DU FAMADIHANA
kk. 2.2.1- Première phase
ll. 2.2.2- Deuxième phase
mm. 2.2.3- Troisième phase
2.2- L’exécution
2.2.1- Préparation du matérielle
2.2.3- Deuxième phase : Lanonana ou rassemblement
2.2.4- Troisième phase : Famonosana ou recouvrement de mort
Section3 : Evolution du famadihana : est- ce qu’il a connu des  transformations ?
CHAPITRE V: ECONOMIE ET FAMADIHANA 
SECTION1 : LES DIFFICULTES ENDOGENES DU FAMADIHANA
TROISIEME PARTIE : APPROCHE PROSPECTIVE 
CHAPITRE VII : LES IMPACTS DU FAMADIHANA 
SECTION 1 : LA DEMARCHE DE L’ECHANGE DE DONS
SECTION2 : ÉCONOMIE FAMILIALE ET PATRIMOINE LOCAL
CHAPITRE VIII: FAMADIHANA : SOUMISSION,DEVOIR ET DIMENSION SOCIALE
SECTION 1 : LE BIENFAIT DU FAMADIHANA
SECTION2: QUELQUES SUGGESTIONS
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE

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