SOLUTIONNER LA STIGMATISATION ET LA DISCRIMINATION LIEES AU VIH /SIDA
METHODOLOGIE
Choisir un thรจme concernant le SIDA risque dโรชtre banal car partout oรน lโon va, on entend toujours parler du SIDA. Mais prรฉtendre connaรฎtre le SIDA et tout ce qui lโentoure, cโest une erreur. Cโest pourquoi dans cette รฉtude, on essaye dโanalyser le SIDA sous un angle diffรฉrent cโest- ร - dire son cotรฉ social. Peut- รชtre va-t-on nous demander ce que la sociologie a ร voir avec le SIDA. Et bien les rรฉponses ร cette question sont dรฉjร intรฉressantes. Et il suffit de lire cet ouvrage pour les connaรฎtre. Il faut signaler quand mรชme que le phรฉnomรจne SIDA dรฉborde de toutes parts le champ mรฉdical et sanitaire auquel il est censรฉ naturellement appartenir. Puisquโil est gรฉnรฉrateur de plusieurs phรฉnomรจnes, il faudrait alors des rรฉponses รฉminemment sociales de la part des sciences dites sociales auxquelles la sociologie appartient. Les contributions des sciences sociales aux sciences biomรฉdicales aident ร lโรฉlaboration de programme national de lutte contre le SIDA. A Madagascar, beaucoup dโรฉtudes concernant le VIH/SIDA ont รฉtรฉ faites. Ces รฉtudes se sont accrues surtout aprรจs la dรฉcision du chef de lโEtat de faire de la lutte contre le SIDA une prioritรฉ nationale. Mais les ouvrages publiรฉs sont surtout rรฉalisรฉs par des mรฉdecins ou des organismes oeuvrant dans la lutte contre le SIDA. Soit parce quโils ont besoin dโรฉtudes au prรฉalable avant lโรฉlaboration des stratรฉgies pour la lutte, soit parce quโils ont besoin de chiffres ร publier comme le taux de prรฉvalence pour mobiliser lโopinion publique, soit pour dโautres raisons. Malgrรฉ la nรฉcessitรฉ des contributions des sciences sociales, les recherches en sciences sociales sur le SIDA ร Madagascar sont moindres. Cโest la raison qui nous a poussรฉ ร choisir le thรจme ยซ Impacts du SIDA : les phรฉnomรจnes de stigmatisation et de discrimination ร lโรฉgard des PVVIH ยป. On oublie souvent que les PVVIH sont prรฉsentes dans nos communautรฉs et quโil est temps de les accepter dโautant plus quโelles constituent des ressources inestimables dans la lutte. Pourtant, elles sont souvent mises de cotรฉ, nรฉgligรฉes tant par les organismes de la lutte que par les chercheurs. Seule une recherche faite par le professeur J. C. RAMANDIMBIARISON รฉtudie leur cas. Une รฉtude qui montre les problรจmes de relations sociales des PVVIH ร Madagascar : ยซ Le risque dโexclusion et de stigmatisation. ยป Dโaprรจs notre constatation, la sociรฉtรฉ malagasy semble ne pas รชtre encore prรชte pour accepter les PVVIH. Ceci sโexplique par la tendance des personnes contaminรฉes ร cacher leur sรฉropositivitรฉ, voire ร redouter et chercher ร รฉviter de dรฉcouvrir leur รฉtat. Mais en tant quโapprentis sociologue, on ne doit pas se contenter dโune simple constatation mais dโune recherche basรฉe sur des enquรชtes.
Lโenquรชte auprรจs de la population
Il est difficile, voire impossible, de connaรฎtre les reprรฉsentations sociales des Personnes Vivant avec le VIH/SIDA(PVVS) et les attitudes de la population ร leur รฉgard si on se contente de lโobservation. Cโest pourquoi on est obligรฉ de recourir ร lโinterrogation pour saisir les interprรฉtations et attitudes qui ne sont pratiquement accessibles que par le langage et qui ne sโexpriment que rarement. Observer le comportement nโest pas suffisant, il faut savoir comment le sujet enquรชtรฉ explique son opinion concernant une PVVIH et quelle signification il a pour elle. On avait introduit ร lโen- tรชte du questionnaire des questions prรฉliminaires comme lโรขge, le sexe, le niveau dโinstruction, la profession, la situation matrimoniale, la religion qui sont des variables pouvant influencer lโopinion et lโattitude de la population. Ces variables nous ont permis de tirer lโhypothรจse suivante : Plus une personne a des meilleures connaissances sur le VIH/SIDA, plus elle adopte une attitude favorable face ร une PVVS. Mais lorsque les connaissances sur le VIH/SIDA sont moindres, la personne a tendance ร exclure la PVVIH. La reprรฉsentativitรฉ de lโรฉchantillon est importante pour la fiabilitรฉ du rรฉsultat de lโenquรชte. Un รฉchantillon est reprรฉsentatif si les unitรฉs qui le constituent ont รฉtรฉ choisies par un procรฉdรฉ tel que tous les membres de la population ont la mรชme probabilitรฉ de faire partie de lโรฉchantillon.
Pourtant, il nโexiste pas de caractรฉristiques propres qui peuvent assurer la reprรฉsentativitรฉ dโun รฉchantillon. Se poser le problรจme de la reprรฉsentativitรฉ en soi et vouloir ร tout prix un รฉchantillon parfaitement reprรฉsentatif cโest sโimposer une contrainte difficile ร satisfaire. Le plus souvent le chercheur dรฉfinit les caractรฉristiques de reprรฉsentativitรฉ en fonction des hypothรจses formulรฉes, des buts poursuivis ou des objectifs. Pour que le rรฉsultat soit plus conforme ร la rรฉalitรฉ, on a menรฉ lโenquรชte auprรจs dโune population de 220 personnes รขgรฉes de 18 ร 70 ans. Dans une grande ville comme Antananarivo, il serait difficile dโutiliser la mรฉthode probabiliste faute de base de sondage complรจte. La mรฉthode la plus appropriรฉe pour cette enquรชte est alors la mรฉthode par quotas. Les รฉchantillons sont tirรฉs par choix raisonnรฉ pour faire en sorte que toutes les couches de la population soient reprรฉsentรฉes. Dโoรน la nรฉcessitรฉ de tenir compte des diffรฉrentes variables comme lโรขge, le niveau dโinstruction, la religion, le sexe… qui peuvent influencer lโattitude de lโenquรชtรฉ. On ne peut pas prรฉtendre quโavec 220 personnes, on est parvenu ร la reprรฉsentativitรฉ statistique mais notre mรฉthode nous a quand mรชme permis de faire entrer ร peu prรจs toutes les catรฉgories sociales. Lโenquรชte a รฉtรฉ menรฉe dans les diffรฉrents quartiers de la capitale : Ambohipo, Antsahamamy, Antaninarenina, Anosibe et dans les citรฉs Universitaires dโAnkatso.
Les difficultรฉs rencontrรฉes pendant le terrain
Si les difficultรฉs pour certaines recherches se trouvent pendant la rรฉdaction ou au moment de la documentation, pour cette รฉtude, elles se trouvent au moment de lโenquรชte. Inutile de rappeler que les populations cibles sont composรฉes de 3 catรฉgories de personnes distinctes : les personnes ressources ou informateurs clรฉs, la population en gรฉnรฉral et les personnes vivant avec le VIH/SIDA. Lโenquรชte auprรจs de la population รฉtait dรฉjร compliquรฉe. Parler du SIDA nโest pas chose facile car on doit toucher les choses du sexe. Or, cela peut intรฉresser lโenquรชtรฉ ou provoquer une certaine rรฉticence et gรชne de sa part. il y a mรชme ceux qui prรฉfรจrent ne pas parler et refusent dโรชtre enquรชtรฉs. Force est de signaler quโil existe un certain nombre de refus pendant lโenquรชte. Le refus peut se traduire par la non-croyance ร lโexistence du SIDA ou au taux de prรฉvalence en VIH/SIDA. Certains disent que la sรฉroprรฉvalence de 1,1% nโest quโun chiffre manipulateur et gonflรฉ, avancรฉ pour des raisons politiques, donc inutile de rรฉpondre aux questions. Lโautre difficultรฉ est lโinsรฉcuritรฉ dans certaines localitรฉs.
Enfin, il y avait aussi la difficultรฉ pour avoir lโaccord des gens ร cause de la non-disponibilitรฉ, notamment au niveau des cadres. Mais le plus grand problรจme pendant la phase du terrain se trouve au niveau des PVVIH. Il est trรจs difficile de trouver des enquรชtรฉs sรฉropositifs, pourtant lโรฉtude aurait รฉtรฉ incomplรจte si on nโavait pas pris leur avis. Puisquโร Madagascar, le statut sรฉrologique reste confidentiel et que les PVVIH ont peur de divulguer leur sรฉropositivitรฉ, il est alors difficile voire mรชme impossible de savoir ceux qui vivent avec le VIH/SIDA. Donc, cโest la population dโenquรชte mรชme qui nโest pas connue. Cโest pour cela quโon a contactรฉ le mรฉdecin responsable du Conseil et Test Volontaires(CTV) Isotry. Cโest sรปr quโil connaรฎt des cas sรฉropositifs. On avait espรฉrรฉ quโaprรจs le contact, on aurait des enquรชtรฉs sรฉropositifs mais ce nโรฉtait pas le cas. Le statut VIH plus dโune personne reste confidentiel, tant quโon obtient pas son consentement ร la divulgation. Donc, le personnel sanitaire dans le CTV nโa pas le droit de divulguer le statut sรฉrologique dโune personne car cela nโencourage pas la population ร se faire tester. Aprรจs le CTV Isotry, on a contactรฉ le CNLS parce que normalement cette institution connaรฎt tous les organismes ou associations oeuvrant dans le domaine du SIDA. Grรขce ร ce contact, on a pu connaรฎtre lโexistence des associations malagasy des PVVIH dont lโune est le FIFAFI. Il รฉtait impossible de faire des entretiens face ร face ou par tรฉlรฉphone avec les PVVIH, car elles ne veulent pas se montrer, mais grรขce ร lโintermรฉdiaire de la prรฉsidente et du secrรฉtaire de lโassociation. On a pu envoyer des questionnaires auprรจs des PVVIH.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
Mรฉthodologie
Premiรจre partie : GENERALITES
CHAPITRE I : Quid du SIDA
I-1. Le SIDA
1.1)Les voies de transmission du VIH
1.2)Historique du SIDA
I-2 . Les caractรฉristiques du SIDA
I-3. La mobilisation mondiale : lโONUSIDA
I-4. SIDA, une rรฉalitรฉ ร Madagascar
4.1)Donnรฉes statistiques sur le SIDA
4.2) Stratรฉgie nationale de lutte contre le VIH/SIDA
CHAPITRE II : Le SIDA comme objet sociologique
II-1. Les 3 phases de lโรฉpidรฉmie
1-1. Premiรจre phase : la contamination par le VIH
Deuxiรจme phase : Impacts รฉconomiques et sanitaires
Troisiรจme phase : La stigmatisation et la discrimination liรฉes au VIH/SIDA comme impacts sociaux
2- Droits de lโhomme et VIH/SIDA
3- Genre et SIDA
4- Sciences sociales et SIDA
Deuxiรจme partie : INTERPRETATION ET ANALYSE DES RESULTATS DโENQUETES
CHAPITRE I : Enquรชte quantitative auprรจs de la population concernant ses attitudes ร lโรฉgard des PVVIH
I-1. Prรฉsentation gรฉnรฉrale des enquรชtรฉs
Connaissance du SIDA
Croyance ร lโexistence du SIDA ร Madagascar
Analyse des comportements et attitudes de la population envers le VIH/SIDA et les PVVIH
4.1)La discrimination dans le milieu du travail
4.2) La corrรฉlation entre lโexclusion et le niveau de connaissance du SIDA
I-5. Reprรฉsentations sociales des PVVIH
CHAPITRE II : Analyses et rรฉsultats dโenquรชtes auprรจs des PVVIH
II-1. Attitudes des PVIH envers la maladie
1.1. La peur
La honte
La dรฉvalorisation de soi
Les formes que prennent la stigmatisation et de la discrimination dโaprรจs les rรฉalitรฉs vรฉcus des PVVIH
2.1. La forme la plus courante de la discrimination : lโauto stigmatisation
Troisiรจme partie : SOLUTIONNER LA STIGMATISATION ET LA DISCRIMINATION LIEES AU VIH /SIDA
CHAPITRE I : Les facteurs et les impacts nรฉgatifs de lโexclusion
I-1.Les facteurs qui alimentent la stigmatisation et la discrimination liรฉes au VIH/SIDA
1.1)Les prรฉjugรฉs
2) Les idรฉes erronรฉes ร propos de la transmission du VIH/SIDA
3) Le caractรจre mortel du VIH/SIDA
4)Les tabous qui entourent le VIH/SIDA
I-2 .Les impacts nรฉgatifs de la stigmatisation et de lโexclusion
2.1) Impact au niveau de lโindividu
2) Impact au niveau de la communautรฉ
CHAPITRE II : Critiques et propositions de solutions
II-1. Combattre la stigmatisation et la discrimination
1.1. Rรฉviser les campagnes de sensibilisation
Rompre le silence
Vaincre les prรฉjugรฉs
Les rรดles des mรฉdias
II-2. Mรฉthode participative et respect des droits des PVVIH
II-3. Vivre et laissez vivre
Lโexpertise communautaire
La riposte efficace face ร la stigmatisation et ร la discrimination
Le SIDA et lโespoir
CONCLUSION
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