SOLITUDE PROFESSIONNELLE ET RISQUES PSYCHOSOCIAUX

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Fabrication sociale de l’isolement au travail

Bien que la place de la question de l’isolement dans le cadre de l’évolution du travail (et des conditions de travail) ait été initiée très tôt par Durkheim dans « la division du travail social » (1893), l’isolement au travail a très peu fait l’objet d’études spécifiques. Il apparaît ainsi en creux comme le résultat de la dissolution des collectifs de travail, de l’individualisation des tâches, du développement des outils de contrôle ou de gestion.
Il nous faut souligner l’apport des travaux en sociologie du travail qui analysent les changements du travail contemporain et la « fabrication » sociale de la solitude par les modes d’organisation du travail, l’intensification du travail et les orientations qui président à la gestion des ressources humaines. À notre connaissance, les travaux en sociologie du travail de Linhart (2009) et Friedman (2007) sont les plus fondamentaux. Nous les convoquerons dans cette section.

Intensification du travail et fragilisation du lien social au travail

Nouvelles formes d’intensité du travail

L’intensification du travail revêt des acceptions plurielles et parfois prêtant à confusion. Elles sont variables selon les situations empiriques étudiées, par exemple industrielles ou issues des services. Mais il y a consensus sur ses conséquences délétères.
De nouvelles formes d’intensité du travail apparaissent ainsi depuis les années 80 et 90. Elles sont constitutives de la catégorie générique des risques psychosociaux (Valléry & Leduc, 2012), augmentent les pénibilités physiques, psychiques et les risques, en réduisant le réel au réalisé et impactent la santé au travail.
Elles se caractérisent par la collusion paradoxale entre une culture systémique d’un temps long et linéaire qui favorise le recouvrement entre les différentes sphères de vie d’une part (Guilbert & Lancry, 2009), et un vécu subjectif de variabilité, d’irrégularité et de réactivité temporelles qui enferment l’activité dans l’instant (Hamraoui, 2007) et densifient le temps (Meyer, 2006). L’accélération des rythmes de travail favorise l’apparition d’une « intensité-débit » (Gollac, 2005) qui déborde le secteur industriel comme celui de l’automobile (Gorgeu & Matheu, 2001), et touche aujourd’hui particulièrement le commerce, les services, la grande distribution (Prunier-Poulmaire, 2000) ou les centres d’appel (Flichy & Zarifian, 2002) sans que la liste de ces secteurs soit exhaustive. La pression temporelle exercée sur les acteurs confrontés à « une dictature de l’urgence » (Aubert, 2003) s’accélère. Les contraintes de rythme s’accentuent en nombre et en intensité (Gollac, 2005). Le temps devient outil de contrôle du rythme de réalisation des tâches. Ce syndrome de Chronos (Ettighoffer & Blanc, 1998) est renforcé par le développement des technologies de l’information qui génère notamment un traitement en temps réel des sollicitations, un envahissement de la vie privée par la vie professionnelle, une confusion entre l’urgent et l’important alors que précisément le temps de l’horloge et celui de l’activité ne peuvent être superposables (Bartoli & Rocca, 2006). Les formes d’intensification du travail se centrent autour de l’impératif prescrit d’une productivité-débit (Zarifian, 1995) doublé d’une chasse « aux temps flottants » qu’une conception centralement gestionnaire du temps se doit d’exclure (Nivet & Casalegno, 2011, p. 136) ; autant de temps interstitiels de don et de « vivre ensemble » (Simmel, 1894), de discussion et de délibération collective (Osty, 2003), de réassurance (Garfinkel, 2007), de construction de l’intersubjectivité et du lien social (Nivet & Casalegno, 2011) qui sont élagués dans les milieux de travail.
L’intensification de travail ne peut pourtant pas être réduite à la désignation d’une accélération des rythmes ou aux injonctions de croissance de productivité au sens taylorien du terme. C’est aussi une accumulation et une diversification de la nature même des attentes adressées aux salariés (Gorgeu, Mathieu, & Pailloux, 2006). Nous sommes amenés à distinguer une intensité quantitative d’une part autour du primat de l’intensité-débit au sens post-taylorien du terme et ses accélérations du rythme parfois invisibles associées (Hatzfeld, 2006), et une intensité plus difficilement objectivable, mais qui coûte subjectivement (Gollac, 2005). Aux charges physiques s’ajoutent ainsi des charges psychiques issues en partie des conflits de critères et de choix imposés entre intensité du travail réalisé et sens du travail donné par le salarié.
L’intensification pèse sur les salariés, augmente leur charge de travail et la charge de travail ressentie (Thery, 2009). Il existe « un mouvement de déplacement de la politique de contrôle du corps du taylorisme vers le psychique, de l’extériorité vers l’intériorité, une prescription assujettissante qui quadrille l’espace, le temps et force les corps » (Ibid., p.138). L’intensification désigne ainsi une évolution majeure contemporaine du travail qui montre l’apparition de nouvelles formes de pénibilités en apparent paradoxe avec le progrès technique et organisationnel (Gollac & Volkoff, 1996). Selon Gollac (2005), il y a bien une intensité et une complexité nouvelles du travail, produit du cumul d’une contrainte de temps de type industriel ou bureaucrate et d’une contrainte marchande.
Il existe ainsi une forme d’abstraction et de folie organisationnelle (Sigaut, 1990), une conception gestionnaire dominante au sein des organisations qui évalue, objective et rationalise les résultats du travail en favorisant le déni du réel du travail (Cottereau, 1999). Les nombreuses contradictions de nature politique, gestionnaire et managériale submergent l’activité. L’organisation du travail traversée par ces injonctions ne parvient pas à être repensée collectivement et de manière opérationnelle pour ne pas peser sur les sujets au travail. Or, l’évitement successif du travail d’organisation dessine alors une division sociale du travail d’organisation dans laquelle le travail de médiation des contradictions est à chaque fois évité, repoussé jusqu’au dernier niveau » (Dujarier, 2006, p.87). La confiance nécessaire à la coopération et l’organisation opérationnelle du travail (Dejours & Molinier, 1994) s’affaiblissent face à une autorité gestionnaire qui contrôle et suspecte. Les organisations matricielles sont moins régulées malgré le développement de normes et de règles prescrites. Cette nouvelle réalité organisationnelle apparaît donc violente et déliante.
C’est ainsi qu’une insécurité sociale (Castel, 2003), que nous qualifierons de systémique, se crée au travail. Les individus qui se vivent de plus en plus comme salariés précaires, développent des comportements de survie dans un environnement fluctuant et se confrontent dans le même temps à une limitation de la solidarité (Vivier, 2003). Il existe une individualisation du rapport au travail qui s’adosse à celle, croissante, de la gestion de l’emploi (Gollac, 2005). Le rapport à l’emploi et le lien aux organisations évoluent (détachement de l’entreprise, situation de télétravail, horaires décalés…), induisant des changements dans la perception individuelle de l’isolement. Ces situations peuvent avoir des répercussions sur la vie privée et contribuer au développement d’un sentiment de solitude plus global chez le salarié.

Érosion des collectifs, individualisation et isolement

L’individualisation progressive des tâches et des évaluations éloignées du réel du travail (Dejours, 2003) concourent à la mise en place d’une « distance cognitive » entre les salariés : de plus en plus autonomes, ils ne partagent presque plus d’expériences avec les autres salariés du même niveau ou peuvent se retrouver en concurrence (Bressol, 2004 ; Friedmann, 2007). Un écart se crée ainsi entre la réalité du travail, sa formalisation effective (Hubault, 2005) et le périmètre réel de l’activité de travail qui dépasse celui délimité par le poste (Dejours, 2003): le réalisé visible et sa prescription prennent le pas sur le réel du travail.
D’autres travaux ont mis en cause certains modes de management dans le développement de situations d’isolement au travail (hors isolement physique) avec des conséquences sur les relations entre les travailleurs au sein des organisations. Nous soulignons le paradoxe central d’une autonomie qui s’accroît par la moindre formalisation du contenu des postes, mais qui s’accompagne d’une plus grande indétermination de ses contenus concrets en favorisant le passage d’une logique de poste à une logique de compétences (Perret, 1997). Face à la « boîte noire du travail », les salariés soustraits à la volonté rationalisatrice de l’entreprise, donc gagnant en apparence en autonomie (Ughetto, 2004), se transforment en prestataires de service et peuvent développer des stratégies d’auto-intensification du travail ou d’autocontrôle. Il s’agit d’une autonomie apparente qui intériorise l’assujettissement. Paradoxalement, cette autonomisation croissante favorise l’interdépendance entre les individus, une coopération forcée (Coutrot, 1998), « une autonomie contrôlée par le jeu des contraintes et par la pénétration des exigences de la clientèle dans le cœur de la production » (Ibid., p. 15).
Il y a donc bien ici une cohabitation duelle et intrinsèquement paradoxale entre individualisation, injonction d’autonomie et coopération forcée qui altère en le rigidifiant le lien social. La sociologie clinique, au carrefour d’une approche sociologique, historique et psychanalytique qui situe le sujet, montre comment l’individualisation imposée par l’organisation fabrique l’isolement. Selon Linhart (2009), dans les secteurs privés comme publics, la performance individuelle assujettie aux impératifs de productivité est survalorisée au risque de l’effacement d’une pensée réflexive collective sur les pratiques de métier. La dimension socialisatrice et citoyenne du travail est partiellement dénaturée alors que paradoxalement, le post-taylorisme « accroît la part d’autonomie, de libre initiative, une diminution des modes opératoires imposés, un allègement de la hiérarchie, un travail plus intellectuel » (Ibid., p. 22). Sous une indépendance et une autonomie apparentes, c’est donc une position de subordination du sujet à l’organisation par intériorisation prescrite de ses valeurs, une capture narcissique sollicitant les dimensions intimes de la subjectivité qui se construisent et s’installent : l’entreprise fabrique une idéologie ad hoc qu’elle souhaite consensuelle autour d’un idéal commun basé sur la recherche de l’excellence et l’atteinte d’un accomplissement paroxystique de soi (Ibid., pp.37-45). Une offre éthique est imposée au sujet. Elle a des incidences cliniques et socio-psychologiques (Enriquez, 1997 ; de Gaulejac, 2005 ; Dujarier, 2012) sur la dimension collective du travail, la qualité de la production et la santé au travail (Friedmann, 2007 ; Renier, 2006).
Le passage de la logique de poste à la logique de compétences conduit l’entreprise à une gestion plus individualisée des salariés. Ce phénomène d’individualisation à la fois des salaires et des carrières (Garner-Moyer, 2009) fragilise l’individu en accroissant le sentiment d’insécurité au travail. Il existe bien un paradoxe de l’individualisation, entretenu par une gestion des ressources humaines devenue gestion des individus. Elle est censée apporter plus d’équité par rapport à un système antérieur fondé sur l’ancienneté et les augmentations collectives. Mais elle confronte le salarié à une évaluation risquée a priori de ses aptitudes subjectives à l’autonomie, la polyvalence, la maîtrise des émotions ou la réactivité. Cette tendance accroît le risque d’isolement : « les formes modernes du management, à travers notamment la gestion des emplois et des carrières, individualisent les salariés et les détachent du collectif » (Gollac & Volkoff, 2007, p. 62).
Un lien entre ces nouvelles modalités organisationnelles, l’intensification du travail et la dégradation de la qualité des conditions de travail est pointé (Askenazy, Cartron, & Gollac, 2006). Le sentiment d’insécurité au travail s’accentue par l’individualisation croissante des parcours professionnels, tant en termes de rémunérations que de promotions (Garner-Moyer, 2009, p. 62), ce qui ajoute à une incertitude croissante à l’égard de la valeur du sujet sur le marché du travail.
Il s’installe ainsi un rapport dissymétrique entre le sujet et l’organisation qui oblige l’individu isolé à se contraindre objectivement ou subjectivement aux exigences du système (Linhart, 2009). C’est l’effacement des collectifs qui « entraîne le salarié dans une relative solitude, le propulse dans un face-à-face solitaire avec la société, comme avec le sens de son travail » (Ibid., p. 36). L’organisation construit, réoriente et exacerbe le narcissisme du sujet en psychologisant la relation managériale. Elle assujettit sa volonté légitime d’accomplissement au travail en la confondant à la cause de l’entreprise. Elle subordonne l’idéal du moi aux idéaux de l’entreprise et des pratiques courantes, comme celles du coaching illustrent cet usage rentable d’un « moi-privé » refaçonné, aux prises avec l’idéologie gestionnaire (de Gaulejac, 2005). En son nom précisément, les organisations exigent une adhésion et un dévouement sans faille de leurs salariés pris au piège de leur narcissisme auquel les organisations apportent une réponse leurrante, mais séduisante (Enriquez, 1999). Elles instrumentalisent ce besoin d’identification narcissique pour assujettir le sujet au service de « pratiques quantophréniques de gestion » (de Gaulejac, 2005). Cette « confiscation éthique managériale » (Salmon, 2002) se renforce en confrontant le sujet aux limites de l’action face à la quantification d’objectifs éloignés du réel du travail, ce qui le vulnérabilise. L’injonction d’adhésion et la prescription du sentiment d’appartenance exposent le sujet au risque d’un sentiment de perte de sens au travail (Linhart, 2009). Si la subjectivité au travail est aujourd’hui reconnue et valorisée à l’excès, elle devient dans le même temps un instrument organisationnel qui la détourne.
Le contexte de forte individualisation, de personnalisation au travail et de mise en concurrence des salariés nuit ainsi au maintien d’une conscience commune qui contient l’entre-soi (Durkheim, 1967). Il « prive le salariat de ce qu’il y a de plus profondément social dans le travail, […] plonge chacun dans le vide de la confrontation permanente avec soi » (Linhart, 2009, p. 49) : le lien social au travail, amputé du registre du don et du désintéressement pointé par Boltanski (1982), s’abîme dans le repli narcissique. Nous notons ici une cause possible du renforcement de la solitude au travail par excès d’individualisation. Les tensions liées notamment à cette sur-responsabilisation induite génèrent une précarisation subjective du travail (Linhart, 2011), un repli sur soi, un sentiment d’insécurité. Les nouvelles formes d’intensité du travail altèrent donc le lien social et favorisent une distanciation interindividuelle qui isole progressivement.
Le travail collectif déficitaire ne fait plus ressource comme moyen de civilisation du réel et espace de construction culturelle (Lhuilier & Litim, 2010), c’est-à-dire d’« une histoire dont les individus et les groupes héritent et qu’ils ont à charge de maintenir vivante » (Ibid., p. 150). L’intensification du travail a pour effet de réduire l’œuvre de construction du collectif à celle de la réalisation collective ou individuelle de tâches par une équipe sans culture commune héritée ou construite. Le collectif de travail est condamné à son rétrécissement en équipe. Comment conserver dans ce contexte des espaces collectifs de discussion sur les pratiques professionnelles, autant de zones de résistance où s’exercent des forces de réaction au sens mécanique du sens, tentant d’endiguer les processus d’appropriation de l’individu par les forces du travail (Davezies, 1993) ?
La construction identitaire au travail étant plus complexe que par le passé (Ehrenberg, 2001), le sujet se voit imposer comme alternative une identité qui se réactualise dans les relations de pouvoir au sein des organisations (Dujarier, 2006). Les processus de coordination prévalent sur les dynamiques coopératives au travail, la coopération renvoyant à la notion d’œuvre commune (Arendt, 1958).
La dynamique d’une reconnaissance au travail liée au faire et non à l’être s’est progressivement fragilisée (Dejours, 2009) : les conditions d’exercice d’un jugement sur la qualité de la contribution ou la qualité du travail sont plus difficilement réunies. L’évaluation par les pairs a du mal à s’imposer face à une passion évaluative (Amado & Enriquez, 2009) à la fois individualisante et peu préoccupée du réel du travail (Dejours, 2003). Ce mouvement privatif de reconnaissance semble faire risquer au sujet l’expérience d’une désolation définie par Arendt (1972) comme la forme la plus radicale de la solitude.
Nous avons fait le choix dans une approche pluridisciplinaire d’investiguer le champ de la psychanalyse pour nous aider à penser la solitude sur la scène du travail, ses résonances affectives et la riposte du sujet à la montée de l’isolement.

Les apports de la psychanalyse à l’étude de l’objet « solitude »

La solitude, expérience affective paradoxale

La psychanalyse privilégie la question de la solitude à celle de l’isolement en considérant la première comme un éprouvé et un affect au sens de la catégorie métapsychologique du concept définie par Green14 (1973). L’isolement, quant à lui, qualifie une situation de distanciation cognitive réelle ou perçue.
La clinique psychanalytique associe la solitude à ses manifestations symptomatiques, névrotiques et psychotiques. Elle en fait également usage en la conceptualisant comme un espace d’introspection au service du sujet lors de la cure. Elle souligne donc toute son ambivalence en étant attentive à sa polyphonie : tantôt subie, tantôt utile, parfois pathogène ou potentiellement développementale, la solitude peut aussi devenir un instrument d’action et de transformation du sujet.
Dolto (1994) pointe son caractère ontologique et ambivalent :
La solitude m’a toujours accompagnée, de près ou de loin, comme elle accompagne tous ceux qui, seuls, tentent de voir et d’entendre, là où d’aucuns ne font que regarder et écouter. Amie inestimable, ennemie mortelle, solitude qui ressource, solitude qui détruit, elle nous pousse à atteindre et à dépasser nos limites » (p.19).
La solitude apparaît en psychanalyse comme une expérience bipolaire, risquée et paradoxale, potentiellement destructrice ou développementale, un espace dialogique qu’il s’agit d’investir, lieu subjectif d’expression possible de la vulnérabilité, qui entretient ou éradique le lien avec soi-même ou un autre intérieur.
C’est ce double destin extrême de la solitude qu’évoque P. Gutton (2007) quand il écrit :
Dans la solitude, le travail des objets internes est incité au risque de plaisir et de la position dépressive. […] La solitude, toujours suffisamment bonne, se définit donc par la qualité de la réalité interne, de la fonction fantasmatique. […] L’affect solitude fait état du degré de croyance en l’investissement de l’imaginaire et ses infinies mises en signification » (p.80).
Anzieu (1987) pointe à son tour ce qu’il nomme les sept antinomies de la solitude. En évoquant la première, il indique aimer la solitude dans la mesure où il ne se sent pas seul, car il écoute les étrangers qui parlent en lui. C’est cette même dialogie intérieure que questionne Chiantaretto (2005) avec le concept de témoin interne, c’est-à-dire les semblables en soi avec qui la solitude peut se partager. Rosolato (1996) parle d’une solitude qui apparaît lorsque l’autre disparaît, mais qui peut persister en présence de l’autre. Elle caractérise l’état du lien à l’autre, dans la présence comme dans l’absence. Il fait référence à une psychopathologie de la solitude sans omettre toutefois le questionnement sur l’existence d’une solitude qui « autorise la séparation dans une marge non dangereuse et qui permet une activité bénéfique » (Ibid., p. 257). Cette psychopathologie est associée aux processus d’identification à l’œuvre dans le narcissisme, le sadomasochisme ou des psychoses comme la schizophrénie. Pourtant, selon lui, dans chaque état psychopathologique, il existe des stratégies conscientes de la solitude pour maintenir par une thérapeutique de l’imaginaire, un contrôle de la situation par le sujet. La solitude peut ainsi devenir un solipsisme en action (Rosolato, 1996), c’est-à-dire contribuer à la pleine conscience de la réalité du moi, à la construction du sujet en facilitant par exemple l’accès au langage chez le jeune enfant.

L’approche freudienne de la solitude : de la détresse à l’élaboration

Solitude et détresse

Freud aborde l’objet solitude à plusieurs moments dans son œuvre sous des focales différentes suivant la progression de sa pensée clinique.
Il le relie à l’état psychologique de détresse originelle -Hilflosigkeit- du bébé confronté à la fois son impuissance psychomotrice et son absolue dépendance pour répondre à ses besoins biologiques fondamentaux dont il décrit la spécificité chez « le petit d’homme d’enfant » : L’organisme humain, à ses stades précoces, est incapable de provoquer cette action spécifique qui ne peut être réalisée qu’avec une aide extérieure et au moment où l’attention de d’une personne bien au courant se porte sur l’état de l’enfant. Ce dernier l’a alertée, du fait d’une décharge se produisant sur la voie des changements internes. La voie de décharge acquiert ainsi une fonction secondaire d’une extrême importance : celle de la compréhension mutuelle » (Freud, 1973, p. 336).
Ce lien entre détresse et solitude sera ensuite étendu comme constitutif de l’angoisse humaine dans la seconde théorie de l’angoisse freudienne (1926-1938) qui en explore l’étiologie, les manifestations symptomatiques et ses moyens de résolution comme la sublimation ou le refoulement.

Vers une élaboration possible de la solitude : le jeu de la bobine

Il nous apparaît important de souligner a contrario dans la clinique freudienne la capacité d’élaboration de la solitude qui se désinscrit du lien solitude-détresse. Nous donnons ici deux illustrations de ce travail possible du manque.
L’enfant peut faire usage des traces mnésiques des bénéfices associés aux interventions antérieures de l’objet présent comme riposte possible à son absence. Émerge ainsi une satisfaction hallucinatoire du désir chez l’enfant par le réinvestissement psychique de ces satisfactions : cette réactivation par l’émergence du désir produit d’abord quelque chose d’analogue à la perception, c’est-à-dire une hallucination, défense et tentative de représentation (Gimenez, 2000). Nous retrouverons la présence et l’usage de cet entre-deux confusément situé dans l’approche des espaces transitionnels de Winnicott (1975).
La capacité d’élaboration de la solitude est bien illustrée par l’observation du jeu de la bobine et l’interprétation clinique qu’en fait Freud. En voici la description :
L’enfant avait une bobine en bois autour de laquelle était enroulée une ficelle […]. Il jetait avec une grande adresse la bobine tenue par la ficelle par-dessus le bord de son petit lit à rideaux, si bien qu’elle en disparaissait. Il disait alors son “o-o-o” (traduit par “fort” en allemand – au loin –) plein de signification, ensuite, par la ficelle, il retirait la bobine hors du lit, tout en saluant maintenant son apparition d’un joyeux “da” (traduit par “là”)» (Freud, 1996, p.285).
Cette répétition de l’absence, donc de l’expérience traumatisante, contredit la primauté du principe de plaisir étayé sur la nécessaire décharge de la tension psychique. Cette compulsion de la répétition ici observée conceptualise le dualisme entre pulsions de vie et pulsions de mort. L’enfant progressivement se surprend à pouvoir provoquer l’alternance entre absence et présence.
La bobine n’est pas uniquement le substitut de l’objet manquant, ici de la mère. Il illustre le dépassement et l’élaboration de ce manque par la mise en jeu au sens littéral du terme « d’un espace où exercer cette solitude interactive avec l’autre vacant, où se dé-sidérer de cette catastrophe qu’est le manque de l’autre » (Assoun, 1998, p. 80).
La solitude interactive est donc ici avant tout une solitude active “ doublement ” : il existe une pulsion d’emprise au sens où l’enfant s’engage activement dans la répétition du jeu de l’absence malgré la production de déplaisir associée. Le jeu de l’enfant permet ainsi le passage de la passivité à l’activité en l’aidant à se désengager du poids des expériences vécues, « Les motions hostiles envers l’objet peuvent s’exprimer, associées à l’acquisition d’une certaine position d’indépendance » (Freud, 1996, p. 286). La solitude active renvoie ainsi à la solitude choisie. C’est une reprise d’autorité sur la situation de solitude.
La théorie de la solitude chez Freud n’est donc pas seulement une clinique du manque. Elle explore les tentatives de son dépassement.

Winnicott et la capacité d’être seul

Lorsque Winnicott indique « un bébé seul, ça n’existe pas » (1969, p. 200), il pointe comme Freud la dépendance totale du nourrisson à la mère et son environnement. Le couple mère-enfant forme ainsi une dyade.
Toutefois, la contribution originale de Winnicott est de mettre en scène le petit enfant en présence de la mère. Il fait l’expérience de sa solitude en étant accompagné. La mère désigne toute personne référente qui s’occupe du nourrisson puis progressivement, devient mère environnement.

La capacité d’être seul

Dans l’apprentissage de la capacité à être seul, Winnicott (1969) décrit « le processus d’absentisation progressive de la mère » qui devient la condition d’une possible élaboration de la solitude et de l’investissement de ses fonctions.
Il existe une aptitude à la solitude authentique qui a ses fondements dans la première expérience d’être seul en présence de quelqu’un, qui intervient à un stade très primitif où « l’immaturité du moi est compensée par le support du moi offert par la mère » (Winnicott, 2014, p.55). Il s’agit de l’expérience d’une solitude en présence.
Dans le couple initial mère-enfant, le bébé n’a pas conscience de son unicité. C’est la mère suffisamment bonne » (good enough) qui est plus qu’elle ne fait. Mais c’est l’imperfection même de la mère soulignée par l’adverbe “ enough ” qui permet la construction réparatrice du manque chez l’enfant. Il s’agit pour la mère d’autoriser son enfant à expérimenter son omnipotence. Elle recherche une présence juste et sans empiètements.
C’est précisément cette qualité de présence qui permet à l’enfant l’intégration du bon objet dans sa réalité psychique pour reprendre les termes kleiniens et lui donnera la capacité de supporter la solitude en l’absence de la mère. Nous retrouvons dans la cinquième antinomie de la solitude (Anzieu, 1987) cette même place essentielle de la mère « suffisamment bonne pour laisser son enfant faire l’expérience d’être seul à côté d’elle » (p.125).
Les apports de Winnicott (2014) dans l’exploration conceptuelle de la solitude sont triplement originaux : il conceptualise une capacité à être seul ; il soutient qu’il faut initialement être deux pour être seul, et que cet apprentissage va permettre ultérieurement à l’adulte de protéger un noyau de solitude sans devoir s’isoler du monde ; il décrit enfin une élaboration processuelle de la solitude avec l’acquisition d’une capacité à être seul qui suppose un apprentissage. La bonne constitution du self, le vrai self, est conditionnée par la continuité des soins maternels (holding, handling, object presenting). La non-acquisition de la capacité à être seul entretient en revanche la dépendance de l’environnement et développe une personnalité défensive en faux self (Ibid., 1960). Winnicott questionne alors le développement et l’usage de défenses vis-à-vis du monde qui pointent le risque d’isolement et de désaffiliation au monde en cas de radicalisation (Ibid., 1969). La solitude est donc selon Winnicott un processus continu d’existence et de présence au monde, borné par la dépendance absolue et le repli sur soi. Elle ne peut donc être réductible à l’éprouvé de plaisir ou à celui de souffrance.

« Je suis seul »

Winnicott (2014) souligne qu’il faut être deux initialement pour être seul. Il explicite ainsi les signifiés du « Je suis seul » en trois étapes pour montrer que la capacité d’être seul est basée sur l’expérience d’être seul en présence.
Le « Je » désigne la personnalité en tant qu’organisation d’un noyau du moi. L’individu a réalisé son unité. « L’intégration est un fait. Le monde extérieur est aboli et une vie intérieure est possible » (Ibid., p. 56) ; le « Je suis » correspond à l’étape fondamentale d’un sujet initialement « à l’état brut, sans défense, vulnérable, paranoïde en puissance » qui ne réussit à dépasser ce stade que parce que l’environnement est protecteur, c’est-à-dire une mère dont l’identification à son enfant la rend apte à comprendre les besoins de celui-ci » (Ibid., p. 56). Le « Je suis seul » correspond enfin à une amplification du « Je suis », à la conscientisation par le petit enfant de la sécurité apportée par la mère. Winnicott démontre ainsi l’existence de l’expérience d’être seul en présence » (Ibid., p. 57).
Nous relevons enfin le concept d’espace transitionnel ou de transitionnalité chez Winnicott. Dans l’approche winnicottienne, l’espace transitionnel est un lieu de suspension des paradoxes et conflits de la solitude. Il s’agit de sortir de la dialectique présence/absence de l’objet en suspendant la question de l’origine et de l’appartenance. La transitionnalité renvoie à « un indécidable de l’origine » (Dupont, 2010, p. 148). C’est un lieu développemental de créativité, dont nous aurons l’occasion d’interroger les fonctions et les conditions d’existence au travail.
Il apparaît possible d’explorer les conditions du développement d’une capacité d’être seul au travail et d’existence d’une solitude professionnelle élaborée, non souffrante.

Les apports de Mélanie Klein : formes de solitude et sentiment d’être seul

Position schizo paranoïde : « Je suis seul contre tous »

Ce sont les angoisses paranoïdes qui sont à l’origine du sentiment de solitude. Il s’agit pour le sujet de se défendre des mauvais objets persécuteurs et omniprésents (Agostini, 2005).
Klein (1968) précise que l’évitement d’une solitude souffrante est possible grâce au mouvement progressif d’intériorisation du bon objet par le sujet :
Si le bon objet interne peut être instauré avec un sentiment suffisant de sécurité, il deviendra par la suite le noyau du moi » (p.122).
Le sentiment intégrateur de sécurité est lié à la bonne intégration du moi et permet de vivre une solitude dénuée du sentiment de détresse, tel qu’évoqué par Freud.
Nous retrouvons chez Klein la conceptualisation d’une confrontation duelle entre un mouvement d’intégration d’un moi originel qui manque de cohésion, et une tendance inverse à la désintégration. Klein repère cette opposition dès les premiers mois de la vie de l’enfant et relie le sentiment de solitude à la dualité entre ces deux tendances contraires. Ces fluctuations et mouvements dialectiques entre deux tendances opposées rappellent chez Freud la dialectique entre pulsions de vie et pulsions de mort, induisant respectivement liaisons et déliaisons.
Le clivage et l’identification projective sont deux processus appartenant à la position schizo paranoïde. Les angoisses de persécution propres à cette position s’originent dans la projection l’extérieur des tendances à la désintégration :
Je soutiens que l’angoisse surgit de l’action de la pulsion de mort à l’intérieur de l’organisme, qu’elle est sentie comme une peur de l’anéantissement et qu’elle prend la forme d’une peur de la persécution » (Klein, 1966, p. 278).
Le sentiment douloureux de solitude est fondé sur le fait que « les angoisses paranoïdes et destructrices ne peuvent être entièrement surmontées » (Klein, 1968, p. 124).
Nous notons que des reviviscences et une réactualisation de la position schizo paranoïde peuvent apparaître lors de l’adolescence. Les attitudes de défense et de défiance de l’adolescent lors d’une période de fragilisation identitaire et psychologique s’expriment parfois par un isolement symptomatique ou l’entretien de l’illusion d’autosuffisance, la fuite de l’autre ressenti comme un prédateur potentiel : ce « complexe du homard » (Dolto, 1989) renvoie au sentiment de vulnérabilité.
Klein (1968) fait un lien entre solitude et agressivité : face à la menace de séparation, le sujet se trouve scindé, confronté à un « splitting intrapsychique ». L’impression de solitude est alors doublement alimentée par le sentiment d’abandon de l’objet interne en danger de destruction, et l’agressivité orientée vers l’objet externe pour mieux le contrôler. Le sentiment de solitude serait donc le reflet de la souffrance d’un sujet agresseur catalysé par le danger de la séparation.

Position dépressive

Aux environs du quatrième mois, l’angoisse dépressive succède à l’angoisse paranoïde. Le moi a déjà subi un début d’intégration, mais imparfait. La perception de l’objet total s’accompagne de la levée des clivages schizoïdes entre « bons » et « mauvais » objets :
Avec l’introjection de l’objet comme un tout, les relations objectales de l’enfant se modifient fondamentalement. La synthèse entre les aspects aimés et haïs de l’objet complet donne naissance à des sentiments de deuil et de culpabilité qui impliquent un progrès capital dans la vie émotionnelle du bébé » (Klein, 1966, p. 278).
Lors de cette phase d’intégration, le moi se sent rassuré, quant à sa propre survie et à celle de son « bon » objet. Les angoisses paranoïdes et les sentiments de solitude et de détresse s’apaisent. Ici réside le paradoxe heuristiquement fécond de la théorie kleinienne : il y a bien passage d’une forme de solitude à une autre, nommée solitude dépressive, et dans laquelle « la confluence des bonnes et mauvaises qualités de l’objet fait naître l’angoisse » (Agostini, 2005, p. 74). Le « bon » objet se trouvant menacé, « il y a conflit entre les pulsions destructrices et la crainte qu’une intégration ne permette aux pulsions de destruction de menacer le bon objet et les bonnes parties de soi » (Klein, 1968, p. 123). L’angoisse dépressive est marquée par cette « dé-idéalisation » (Ibid., p. 127).

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
ENJEUX DE LA RECHERCHE ET RESSOURCES THEORIQUES
1 SEMANTIQUE ET SIGNIFIES DE LA SOLITUDE
2 ONTOLOGIE DE LA SOLITUDE
2.1 APPROCHE PHILOSOPHIQUE
2.1.1 Anthropologie d’une solitude ambivalente
2.1.2 Solitude, présence et manque
2.1.3 Solitude, dialogie et action
3 SOLITUDE ET LIEN SOCIAL
3.1 ÉTATS DU LIEN SOCIAL
3.1.1 Anomie
3.2 LIEN SOCIAL ET SANTE
3.2.1 Souffrance sociale
3.2.2 Lien social, reliance et déliance
3.2.3 Soutien social
3.2.4 Le social en soi
4 SOLITUDE, TRAVAIL ET MAINTIEN EN SANTE
4.1 SOLITUDE PROFESSIONNELLE ET RISQUES PSYCHOSOCIAUX
4.1.1 Isolement au travail
4.1.2 Situations d’isolement au travail : l’approche cognitiviste et ses limites
4.2 FABRICATION SOCIALE DE L’ISOLEMENT AU TRAVAIL
4.2.1 Intensification du travail et fragilisation du lien social au travail
5 LES APPORTS DE LA PSYCHANALYSE A L’ETUDE DE L’OBJET « SOLITUDE »
5.1 LA SOLITUDE, EXPERIENCE AFFECTIVE PARADOXALE
5.2 L’APPROCHE FREUDIENNE DE LA SOLITUDE : DE LA DETRESSE A L’ELABORATION
5.2.1 Solitude et détresse
5.2.2 Vers une élaboration possible de la solitude : le jeu de la bobine
5.3 WINNICOTT ET LA CAPACITE D’ETRE SEUL
5.3.1 La capacité d’être seul
5.3.2 « Je suis seul »
5.4 LES APPORTS DE MELANIE KLEIN : FORMES DE SOLITUDE ET SENTIMENT D’ETRE SEUL
5.4.1 Position schizo paranoïde : « Je suis seul contre tous »
5.4.2 Position dépressive
5.4.3 Solitude fondamentale
5.4.4 Les apports de la théorie kleinienne pour penser la solitude au travail
6 CONCLUSION PARTIELLE ET INVESTIGATIONS POSSIBLES
6.1 CHOIX SEMANTIQUES ET CONCEPTUELS
6.1.1 Isolement et solitude
6.1.2 Affects, sentiments et émotions
6.2 INVESTIGATIONS POSSIBLES
CADRE THEORIQUE ET PROBLEMATIQUE
1. CLINIQUES DU TRAVAIL
1.1 ACTIVITE ET DEVELOPPEMENT SUBJECTIF
1.2 CLINIQUES DU TRAVAIL, CLINIQUES DES EPREUVES
1.3 CLINIQUES DU TRAVAIL ET SUBJECTIVITE DU CLINICIEN
1.4 CLINIQUE DE L’ACTIVITE
1.5 PSYCHODYNAMIQUE DU TRAVAIL
1.6 PSYCHOLOGIE SOCIALE CLINIQUE DU TRAVAIL
1.6.1 Une psychologie sociale et clinique du travail
1.6.2 Acte et « actepouvoir »
2 PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES DE TRAVAIL
2.1 LA SUBJECTIVITE GOMMEE DES CADRES DIRIGEANTS
2.2 DEFINITION DE NOTRE OBJET DE RECHERCHE
2.3 FORMULATION DES HYPOTHESES DE TRAVAIL
2.3.1 Hypothèse 1: l’existence d’une solitude professionnelle résistante (les mécanismes de défense, les stratégies d’adaptation et de dégagement)
2.3.2 Hypothèse 2: l’existence d’une solitude professionnelle développementale (la capacité d’être seul au travail)
2.3.3 Hypothèse 3 : l’existence d’une solitude professionnelle désolante faute de ressources internes et externes mobilisables par le sujet
DISPOSITIF METHODOLOGIQUE
1 DE L’AUTORISATION INSTITUTIONNELLE A LA MISE EN ŒUVRE DE LA RECHERCHE ACTION
1.1 CONTEXTE DE LA COMMANDE
1.2 SE LAISSER INSTRUMENTALISER ?
1.3 SUIVRE LA LIGNE HIERARCHIQUE
1.4 CONTENU DE LA COMMANDE
2 LE CORPS DES DIRECTEURS DE SERVICES PENITENTIAIRES
2.1 LA PRISON ENTRE TRADITION ET MUTATION
2.1.1 L’administration pénitentiaire : missions et conflits apparents d’objectifs
2.1.2 Mutation des métiers pénitentiaires et injonction normative croissante de l’environnement
2.2 CONSTITUTION SOCIOHISTORIQUE DU CORPS DES DSP
2.3 STRUCTURE ACTUELLE DU CORPS DES DSP
2.4 REPARTITION DU CORPS ENTRE ETABLISSEMENTS PENITENTIAIRES
2.5 ÊTRE DIRECTEUR DES SERVICES PENITENTIAIRES
2.6 CORPS DES DSP ET RECHERCHE SCIENTIFIQUE : UNE RENCONTRE A CE JOUR INABOUTIE
3 UN DISPOSITIF METHODOLOGIQUE AD HOC
3.1 STRUCTURE DU DISPOSITIF METHODOLOGIQUE
3.2 POPULATION D’ETUDE, ETABLISSEMENTS ET DIRECTIONS INTERREGIONALES
3.2.1 Choisir le terrain et croiser les regards
3.2.2 Inclure les directions interrégionales (DI)
3.2.3 Notre intervention quantifiée
3.3 LE DEPLOIEMENT DE L’INTERVENTION
3.3.1 L’entretien exploratoire semi-directif de recherche
3.3.2 Observations in situ
3.3.3 Méthode dite de l’instruction au sosie
3.4 PHASES DE DEPLOIEMENT DE L’INTERVENTION
METHODOLOGIE D’ANALYSE DES DONNEES
1 PRINCIPES D’ANALYSE QUALITATIVE DE DISCOURS
1.1 APPROCHE PHENOMENOLOGIQUE
1.2 CENTRALITE DES PRINCIPES DE L’HERMENEUTIQUE ET HUMILITE DU CHERCHEUR
1.3 LE CHOIX DE L’ANALYSE QUALITATIVE DE DISCOURS
1.3.1 Étapes de l’analyse qualitative de discours
1.3.2 Essai d’analyse automatique de discours
2 ANALYSE DES DONNEES : GRILLE DE DEPOUILLEMENT DES ENTRETIENS
RESULTATS
1 FABRIQUE DE L’ISOLEMENT ET ORGANISATION SOUS CONTRAINTE DU TRAVAIL
1.1 LA DIVISION DU TRAVAIL AU SEIN DE L’EQUIPE DE DIRECTION : DU PRESCRIT AU REALISE
1.2 PLANIFICATION ET TEMPS RACCOURCIS
1.2.1 Temps resserré, temps désorganisé
1.2.2 Temps hachuré, Diktat de l’urgence et risque dispersif
1.3 ISOLEMENT ET ESPACES CLOISONNES DE LA DETENTION
2. LA REPRESENTATION DE L’AGIR SOLITAIRE : LA SOLITUDE VIRILE QUI SE MONTRE SANS SE DIRE
2.1 LE DSP CHEF MILITAIRE
2.2 SOLITUDE VAILLANTE ET SCENE DE COMBAT
2.3 ESPRIT DE CORPS ET SENTIMENT D’AFFILIATION
2.4 HIERARCHIE MILITAIRE, DESOBEISSANCE ET RELEGATION
3 LA CAPACITE D’AGIR SEUL : L’EXEMPLE DE LA GESTION D’UNE CRISE LIEE A UN SUICIDE DE DETENU
3.1 AFFRONTER LA CRISE
3.1.1 Contexte et objet de l’instruction au sosie d’Albane, adjointe au chef d’établissement (MA3)
3.2 LA PREVALENCE DE L’ACTION
3.3 DIALOGUE INTERIEUR ET MAINTIEN DE LA PUISSANCE D’AGIR
3.4 LE RISQUE DE SOLITUDE DESOLANTE : VOIR LA MORT EN FACE
3.4.1 Recouvrir le corps
3.4.2 Porter le poids du soupçon
3.4.3 L’annonce de la mort à la famille
4 SEULS FACE AUX TRANSFORMATIONS DU METIER
4.1 UNE IDENTITE PROFESSIONNELLE CLIVEE
4.1.1 Modernisation de la fonction et gestion de la prison
4.1.2 Des conceptions divergentes du métier
4.2 SOUTIEN PERÇU DES ADMINISTRATIONS CENTRALE ET REGIONALE
4.3 EVALUATION, RUMEUR EVALUATIVE ET DEFIANCE
4.4 LA DETENTION QUI RESSOURCE, LA DETENTION QUI RELIE
4.6 INTENSIFICATION DU TRAVAIL ET POROSITE DES SPHERES DE VIE
4.6.1 Fonctions de représentation, expériences de solitude
4.6.2 Le logement de fonction ou la confusion des temps et des espaces
5 SOLITUDE ET QUESTIONNEMENTS ETHIQUES EN PRISON
5.1 MASSIFICATION DES FLUX ET INDIVIDUALISATION
5.2 LA PRESIDENCE DE LA COMMISSION DE DISCIPLINE : REPRESENTATIONS, SOLITUDE ET QUESTIONNEMENT ETHIQUE
DISCUSSION
1 DE L’ISOLEMENT A LA SOLITUDE
1.1 PROGRESSION DE L’ISOLEMENT, INTENSIFICATION DU TRAVAIL ET NEW MANAGEMENT PUBLIC
1.2 FRACTURE IDENTITAIRE, SENTIMENT D’IMPOSTURE ET SOLITUDE
1.3 LA CONSTRUCTION EMPECHEE DES COLLECTIFS PROFESSIONNELS DE DIRECTION
1.4 SOLITUDE ET PHENOMENE D’EMPRISE
1.5 BENEFICES ET LIMITES DE L’ESPRIT DE CORPS
1.6 DES FORMES DE SOLITUDE PROFESSIONNELLE DIFFICILEMENT DISSOCIABLES
2 RIPOSTER
2.1 SE DEGAGER DE L’ISOLEMENT
2.2 LA SUBVERSION COLLECTIVE DU SALE BOULOT : SE RECONNAITRE DIRECTEUR ET TRAVAILLEUR DU SALE
2.3 VERS UNE SOLITUDE CREATIVE DU DSP ?
3 UNE RECHERCHE-ACTION PARTIELLEMENT EMPECHEE
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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