La construction en terre : des travaux scientifiques à dominante technique
Les travaux scientifiques consacrés à la construction en terre crue sont nombreux. Toutefois, ils sont principalement représentés par la science des matériaux, l’architecture et l’archéologie. Les travaux de sociologie ou de science politique sont plus rares. Sans dresser une liste exhaustive des travaux réalisés, il importe d’en mentionner quelques-uns pour éclairer le positionnement qui a été privilégié dans le cadre de cette recherche. Ainsi, des travaux en architecture et en histoire ont porté sur le patrimoine bâti dans des espaces spécifiques, ce qui conduit à délaisser les réalisations récentes et les groupes sociaux qui les investissent. Un autre travail en architecture recense des projets contemporains réalisés en terre, mais n’analyse pas l’activité économique, ni la lutte politique qui structure l’espace social de la construction en terre. Sur l’activité économique, un travail analyse ses « freins » en prenant position dans le champ plutôt qu’en prenant pour objet le champ lui-même, ce qui conduit à ratifier la perception et l’appréciation des obstacles à partir de la position occupée dans le champ. Enfin, une thèse en architecture datant de 1984 aborde l’usage du matériau par un recensement de différents projets réalisés dans différents pays. Au-delà de l’ancienneté de l’analyse, cette dernière fait valoir un déterminisme technologique tendant à discréditer la construction en terre et à naturaliser la transformation du champ de la construction. En science politique comme en sociologie, peu de travaux ont analysé la construction en terre en France. Deux recherches ont ainsi porté sur l’institutionnalisation de deux groupes d’intérêt de la construction en terre. Parmi les limites de ces travaux, il peut être mentionné l’absence d’analyse de l’activité économique qui caractérise l’espace social, c’est-à-dire, d’une part, la structure objective des professionnels, les stratégies qu’ils mettent en œuvre et, d’autre part, le positionnement et les stratégies mises en œuvre par les maîtres d’ouvrage pour construire en terre. Par ailleurs, une thèse récente a entrepris une anthropologie des cultures constructives à partir des projets de réhabilitation du bâti ancien en pisé dans le Nord de l’Isère. A partir de la théorie de l’acteur-réseau, l’analyse rend compte d’un maillage tissé entre des professionnels et des habitants ayant des projets de réhabilitation de maisons en pisé. Les limites de cette analyse tiennent au fait de négliger une analyse de la structure objective de la construction en terre en France et du travail politique à l’œuvre pour maintenir ou transformer les pratiques, les représentations et les relations qui peuvent être analysées localement.
L’espace social villageois : une économie symbolique et un espace des possibles constructifs limité par la position sociale occupée
En Bretagne, les ouvrages en bauge apparaissent à la fin du XVIème siècle et sont principalement représentés dans l’espace rural. Selon une enquête statistique datant de 1966 du service régional de Statistique agricole pour la région Bretagne et reprise par Louis-Michel Gohel, les bâtiments ruraux relevant des exploitations agricoles et construits en terre crue sont répartis selon les départements de la façon suivante :
– Ille et Vilaine : 15,2 %
– Côtes du Nord (correspondant aux Côtes d’Armor) : 7,8 %
– Morbihan : 0,8 %
– Finistère : 0,3 %
Principalement représentés en Ille-et-Vilaine (15,2 %), les bâtiments ruraux des exploitations agricoles au sein de ce département sont différenciés selon trois modalités caractérisant la fonction du bâtiment :
– Bâtiments d’habitation : 14,1 %
– Bâtiments d’exploitation : 13,9 %
– Bâtiments mixtes : 20,8 %
Louis-Michel Gohel formule trois remarques quant à cette répartition. D’abord, la différenciation du bâtiment d’habitation et du bâtiment d’exploitation émerge durant la seconde moitié du XIXe siècle, permettant ainsi de supposer que les bâtiments ruraux en terre crue construits avant 1850 représentaient autour de 20 % des bâtiments ruraux. Ensuite, cette représentativité est à relativiser avec les matériaux plus conventionnels ayant émergé avec la rationalisation de l’activité agricole (béton, briques, structures métalliques, etc.). Enfin, à l’échelle du département, la répartition géographique de ces bâtiments n’est représentée que sur un peu moins de deux tiers du département. Ainsi, tout porte à croire que les ouvrages ruraux en terre crue représentaient en Haute-Bretagne une part considérable du bâti rural jusqu’aux Trente Glorieuses. En Haute Bretagne du XVIIème siècle, la population rurale est grandement représentée par la paysannerie. Selon Louis-Michel Gohel, dans trente-huit paroisses de l’évêché de Rennes au XVIIème siècle, les paysans représentent 89% de la population rurale, tandis que la bourgeoisie et la noblesse ne représentent respectivement que 8% et 3%. En raison du nombre de paysans, la surface des parcelles exploitables est insuffisante pour que l’ensemble des paysans puisse subvenir à ses besoins par la seule exploitation de ses parcelles. Quelques-uns peuvent se consacrer à la seule exploitation de leur surface et être métayers, tandis que la grande majorité des paysans, en tant que « closiers », est inclinée à travailler le tissage des toiles à domicile ou bien à travailler en tant que journaliers dans les métairies des paysans les plus aisés ou dans les domaines seigneuriaux. Construire en bauge impliquait une main d’œuvre à la fois importante et intermittente du fait de l’interruption de l’hiver pour éviter le gel du matériau et du temps de séchage nécessaire entre chaque levée. Parmi les catégories sociales les plus défavorisées, comme pour une grande partie de la paysannerie où il n’était donc pas possible de recourir à une main d’œuvre bon marché pour l’édification d’un ouvrage, il était courant de construire selon une « solidarité mécanique » où de nombreux habitants du village participaient à la construction ou à l’amélioration-entretien d’un ouvrage, limitant ainsi l’inconvénient de l’intermittence par la faible distance à parcourir. Cela pouvait concerner la réalisation des murs porteurs comme le sol en terre battue. Pour ce dernier, cela donnait lieu à la « foulerie de place » où les habitants du village, notamment les jeunes, dansaient coude à coude en pilant la terre sur le sol, avec la possibilité de s’abreuver de cidre. Ce travail collectif participait probablement au renforcement de la communauté villageoise par l’entraide mutuelle. Comme le remarque Fernand Braudel, « [a]ux siècles d’Ancien Régime, […] une énorme part de la production se [perd] dans l’autoconsommation, de la famille ou du village, n’entrant pas dans le circuit du marché. » Dans ce cadre, l’édification matérielle relevait d’une économie symbolique où le travail fournit pour un habitant pouvait l’être pour les autres dans un intervalle de temps indéfini. L’emploi des matériaux constitue un indicateur d’un état du monde social breton, voire des mondes sociaux bretons. La « parcellisation dans l’emploi des matériaux, écrit Louis-Michel Gohel, permet de vérifier l’importance très faible sinon nulle des échanges et la médiocrité de l’infrastructure routière et fluviale. Là encore, ces phénomènes qui ne sont pas particuliers à cette portion de la Bretagne contribuent pour une large part à la création de la mosaïque de terroirs caractéristique du paysage rural breton. » Une comparaison entre l’utilisation du bois et de la pierre peut permettre d’éclairer le recours à la terre en Haute-Bretagne. Si la présence de forêts en Ille-et-Vilaine permet l’exploitation du bois, son usage dans la construction d’ouvrages reste modéré pour au moins trois raisons. D’abord, cela peut s’expliquer par la qualité médiocre des espèces ou des pratiques sociales rendant le bois inapproprié à la construction, comme celle de l’émondage qui produit des bois noueux du fait de la découpe des branches réservées au locataire quand le tronc est réservé au propriétaire. Ensuite, cela peut s’expliquer par les autres usages qui leur sont dédiés comme par exemple les travaux publics ou les chantiers navals, notamment ceux de la Marine, qui se procurent le bois de la meilleure qualité, issu des forêts de Fougères, ou les sabotiers qui recourent au bois de Villecartier. Enfin, le bois d’œuvre suppose des moyens financiers suffisants pour y recourir, ce qui n’est pas nécessairement le cas de la majorité des paysans. En 1720,un incendie à Rennes conduit à restreindre drastiquement les ouvrages en pan de bois dans l’espacerural, notamment en raison d’une pénurie du fait que les charpentiers aient imposer l’utilisation du bois dans la reconstruction rennaise, derrière des murs de pierre. A l’instar de Fernand Braudel qui considère que « [l]à où le bois n’est pas à suffisance – et devient du même coup un luxe -, la terre, l’argile, la paille sont le seul recours. »130, le manque de disponibilité et le manque d’accessibilité au bois d’œuvre ont probablement été des facteurs efficients pour incliner les agents de l’espace rural à délaisser le pan de bois pour la bauge. Concernant la pierre, les carrières les plus importantes sont situées à l’Est et au Sud de Rennes, à proximité de voies d’eau navigables qui permettent son transport. Celles d’une moindre taille sont exploitées pour une diffusion nettement plus confinée temporellement et spatialement. Dans l’espace urbain, son utilisation varie selon la situation géographique dans le territoire métropolitain, à savoir s’il est plus ou moins proche des frontières interétatiques. Lorsqu’il est relativement éloigné, la démolition des enceintes par le déclassement de certaines places (Caen, Chartres, Orléans, Tours, Troyes, Reims, Rennes)132 par Napoléon ont permis non seulement d’ouvrir l’espace urbain mais aussi de mettre en place jusqu’au milieu du XIXème siècle une économie de la construction reposant en partie sur la récupération des pierres pour bâtir différents ouvrages (bâtiments communaux, ponts, maisons, etc.) dont les différents usages (linteaux, soubassements, corniches, pilastres, etc.) variaient selon la qualité des pierres. Lorsque l’espace urbain est proche des frontières, la disponibilité et l’accessibilité des pierres sont réservées à la politique régalienne. Dans les territoires où la pierre est rare, son utilisation est principalement réservée pour les ouvrages investis d’un certain pouvoir symbolique, souvent corrélé à une certaine hauteur de l’ouvrage, comme par exemple pour bâtir des édifices religieux. Néanmoins, la pierre est souvent complémentaire de la terre crue. En effet, du fait de la porosité de certaines pierres qui absorbent l’humidité du sol ou au contraire de leur imperméabilité qui peut conduire à une condensation, il arrive fréquemment d’apercevoir un bâtiment construit en apparence exclusivement en pierre, mais en réalité maçonné à la terre ou même doublé à l’intérieur par une épaisseur de terre pour améliorer sa régulation hygrothermique. Il est courant aussi d’observer un solin, une fondation en pierre sur les bâtiments en bauge. La hauteur du solin est variable selon les propriétés physiques du sol (stabilité, humidité, etc.). A titre d’exemple, plus un sol est humide, plus la hauteur du solin sera élevée pour mettre la partie en bauge « hors d’eau », en limitant, d’une part, l’exposition aux eaux pluviales en tenant compte de la position du bâtiment et des vents dominants (le solin est ainsi généralement plus élevé à l’Ouest et au Nord d’un ouvrage en bauge), et, d’autre part, les remontées d’eau par capillarité. Qu’il s’agisse du bois ou de la pierre, il importe de souligner que leur disponibilité n’est pas une condition suffisante à leur utilisation. Si ces matériaux sont disponibles, leur accessibilité peut être limitée par la communauté villageoise ou le seigneur. « Dans un village, écrit Fernand Braudel, une maison ne se construit, ne se répare qu’avec l’autorisation de la communauté ou de l’autorité seigneuriale qui commande l’accès aux carrières d’où est extraite la pierre ou l’argile et aux forêts d’où provient le bois « à maisonner ». »134 Il peut en être déduit que les positions sociales des agents d’un village sont fondamentales pour pouvoir bénéficier de certains matériaux de construction, non seulement en raison du volume du capital économique lorsqu’une construction s’effectue en recourant à une main-d’œuvre économiquement rémunérée, mais aussi par le volume et la structure du capital social détenu par les agents, pouvant conduire à l’existence de certaines collusions facilitant ou non l’accessibilité à une quantité et une qualité variables de matériaux. Dans ce cadre, la terre crue peut être plus facilement accessible du fait de l’extraction de la terre à proximité de l’ouvrage, limitant ainsi le transport du matériau et formant une excavation devenant une mare pouvant permettre aux animaux de s’abreuver. Malgré les différences de disponibilité et d’accessibilité des matériaux de construction, il importe aussi de souligner qu’ils peuvent être articulés, à pondération variable, pour améliorer la fiabilité d’un ouvrage par divers aménagements. En effet, à titre d’exemple, un ouvrage en terre est sensible à la fois à la pression et aux forces de traction et de torsion. De ce fait, sa construction implique, d’abord, une certaine homogénéité du sous-sol pour éviter que les murs ne puissent se fissurer. Ensuite, les franchissements, tels des portes et des fenêtres, sont principalement réalisés avec du bois ou de la pierre pour répartir les forces sur des matériaux plus appropriés (par exemple, un linteau pouvant être accompagné d’un essentage sur l’appui ou encore en carrée double pour permettre de réaliser davantage d’ouvertures sur le bâti de terre avec des menuiseries vitrées135). Enfin, en raison de la sensibilité de la terre crue aux forces de traction et de torsion, des aménagements spécifiques peuvent être réalisés, comme la présence de contreforts aux angles d’un ouvrage permettant d’améliorer sa cohésion. Plus important encore, la rigidité d’une charpente est fondamentale pour un maintien efficace des murs porteurs en terre, ce qui explique parfois l’usage de sablières assemblées entre elles pour constituer un cadre empêchant l’ouverture des murs et pour supporter la charpente. L’importance de cette dernière dans un ouvrage en bauge plaçait les charpentiers à la position de chef de chantier. Dans une économie de subsistance davantage symbolique qu’économique, où l’espace des possibles en matière de construction est grandement déterminé par la position occupée dans la structure sociale et la disponibilité et l’accessibilité des matériaux de construction, les paysans des espaces sociaux villageois représentent une part significative des habitants du bâti en bauge. Toutefois, il importe de rendre intelligible l’absence de ce dernier dans l’espace urbain breton, comme métropolitain.
Des structures sociales à d’autres : un bâti devenu inapproprié
Le décalage du bâti en terre avec les structures sociales s’observe notamment depuis l’affirmation du régime d’accumulation fordiste. En effet, après la Seconde Guerre mondiale, l’habitat des paysans est particulièrement dévalorisé comme en témoigne le rapport entre le capital foncier et le capital d’exploitation, le premier étant déprécié au profit du second. Pourtant, « [l]’énorme masse des bâtiments d’habitation et d’exploitation est comptée pour zéro. […] Lors de transactions sur des terres, la présence de bâtiments en diminue le prix beaucoup plus souvent qu’elle ne l’augmente. » Un bâtiment adapté à une économie précapitaliste et dont la valeur économique est dépréciée à tel point que son existence puisse constituer une justification de dévalorisation lors d’une transaction, est constitué en une charge pour le paysan désirant maintenir ou développer son activité agricole. Par la suite, les matériaux qui caractérisent ces bâtiments, dont la terre crue représente une part significative, sont économiquement dépréciés au profit de matériaux satisfaisant davantage les exigences économiques, notamment lorsqu’ils peuvent s’articuler technologiquement à certains équipements donnant plus de prise à la production économique et moins d’exposition aux aléas naturels. Effectivement, des équipements, comme le climatiseur, associés à certains matériaux participèrent également à une reconfiguration de l’espace rural dans les décennies qui suivirent la Seconde Guerre mondiale. Par le bâtiment et ses équipements, l’activité agricole est de plus en plus affranchie des cycles climatiques et météorologiques spécifiques au territoire où elle s’exerce. En relation étroite avec les connaissances issues de l’éthologie et de la zootechnie, le contrôle de l’ambiance (luminosité, température, humidité, etc.) est de plus en plus assurée automatiquement par un système de ventilation, de chauffage, voire de climatisation des locaux. Cela concourt à une représentation un peu schématique de l’activité agricole, notamment de l’élevage, évoquée par Hervé Cividino : « Certaines taches telles la distribution des rations de nourriture et l’évacuation des déjections devenant automatiques, les édifices s’apparentèrent à des installations dans lesquelles on aurait introduit l’alimentation et les jeunes bestiaux d’un côté, tandis que les bêtes seraient sorties à maturité de l’autre. »Au fur et à mesure de l’approfondissement de la spécialisation productive de l’agriculture s’effectua une distinction entre les activités, comme celles dédiées à la culture ou à l’élevage, à l’alimentation (voire l’engraissage) des animaux et la production de biens alimentaires (abattoirs, industries agro-alimentaires, etc.), toutes réparties en différents lieux de production n’ayant plus de relation directe avec le sol où sont édifiés les bâtiments. La spéculation sur les marchés financiers ou même les emprunts à la banque par l’agriculteur pour acquérir du capital technique (matériels, engrais, produits phytosanitaires, etc.), les stratégies des firmes multinationales, les commerces de grande distribution, etc., sont autant d’agents participant à structurer globalement, par exemple par la complémentarité de l’échange marchand sur des débouchés et des produits, ce qui s’effectue localement (l’activité agricole). Dans le cadre de cette dernière où les aléas de la conjoncture des prix ont tendance à se substituer aux aléas de la nature, il n’est ainsi guère surprenant que la fertilisation des sols soit grandement socialement déterminée. « Puisque l’agriculteur se libérait du rapport au sol, et donc au local, pour la production, rien n’empêchait qu’il n’agit de même pour sa démarche de construction, indique Hervé Cividino. » Les cadres sociaux sont rationalisés pour tendre vers une plus grande cohérence et systématicité des structures sociales et des structures cognitives.
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Table des matières
Introduction générale
1. Des objets préconstruits à la construction de l’objet sociologique
1.1 La construction en terre : des travaux scientifiques à dominante technique
1.2 Rompre avec des catégories du sens commun et des catégories savantes
1.3 Le positionnement épistémologique : application et portée d’une théorie
2. Enquête de terrain et méthodologie
2.1 La fixation des points de troncature géographique et historique de l’enquête
2.2 Une enquête sur le champ
2.3 Les matériaux empiriques et la méthodologie
3. Architecture de la démonstration : genèse, structure du champ et luttes définitionnelles
Partie I : L’autonomisation du champ
Chapitre I : L’appropriation historique de la terre crue dans un espace rural et urbain français
1. De l’émergence à la dissolution sociale de la bauge
1.1 Construire sous contrainte structurale dans l’espace rural breton
1.1.1 L’espace social villageois : une économie symbolique et un espace des possibles constructifs limité par la position sociale occupée
1.1.2 Un procédé de construction absent dans l’espace urbain breton et métropolitain
1.2 Unification et différenciation du champ social : une révolution copernicienne du social
1.2.1 Conditions sociales de possibilité de l’imposition d’un principe de vision
1.2.2 Incorporation et institutionnalisation d’un reclassement social : la restructuration des espaces sociaux villageois
1.2.3 Des structures sociales à d’autres : un bâti devenu inapproprié
2. De l’émergence à la dissolution sociale du pisé de terre
2.1 Construire sous contrainte structurale dans l’espace urbain lyonnais
2.1.1 La lutte dans l’appropriation de l’espace urbain lyonnais au XIXème siècle
2.1.2 Du pisé de terre au pisé de mâchefer : la marque de l’industrialisation du territoire dans le bâti et de la résistance d’un procédé de construction
2.2 Rationalisation du champ de la construction par des travaux publics et le Bâtiment
2.2.1 Des matériaux organiques aux matériaux inertes dans la définition d’un ordre social
2.2.2 La rationalisation de la construction du Bâtiment par l’action publique
2.2.3 Luttes et structuration des positions au sein du champ de la construction
3. La réfraction de la contre-culture dans le champ de la construction : un élargissement de l’espace des possibles constructifs
3.1 Une institutionnalisation étatique pour la recherche et l’expérimentation : le Plan Construction
3.2 De l’incorporation d’entrepreneurs de cause à l’institutionnalisation d’un laboratoire d’idées : l’association CRATerre et le projet d’une exposition
Conclusion
Chapitre II : Genèse du champ de la construction en terre crue
1. Un possible advenu : le Domaine de la terre
1.1 Des transformations objectives favorables à la construction en terre
1.1.1 La « contrainte extérieure » de la politique intérieure
1.1.2 La saturation du marché intérieur de la construction
1.2 La définition d’un principe de vision par le Plan Construction
1.2.1 La priorité aux économies d’énergie dans la production des matériaux de construction et à l’expansion internationale du champ de la construction
1.2.2 La réfraction des enjeux du champ du pouvoir au sein du Plan Construction
1.3 L’expérimentation du Domaine de la Terre : une structuration de la construction en terre par l’action publique
1.3.1 Le programme REXCOOP et le multipositionnement d’un ingénieur
1.3.2 Une opération expérimentale coûteuse pour créer un marché de la construction en terre
1.3.3 Le soutien politique de l’opération
2. Une consécration médiatique ambivalente
2.1 L’emploi du temps de la presse écrite : un retour vers le futur
2.2 L’émission télévisée « Ambitions » : une mise en visibilité manquée du champ
3. Un possible non-advenu : l’Institut International de la Construction en Terre
3.1 Un projet ambitieux pour s’imposer dans le champ de la construction
3.2 La révision d’un principe de vision : un désintéressement pour la terre
3.2.1 Dans le champ de la construction en terre crue : une « guerre des dieux »
3.2.2 Dans le champ politique : un désinvestissement d’un promoteur politique
3.2.3 Dans le champ de la construction : un désintérêt pour la Coopération
3.3 Autonomisation du champ de la construction en terre crue
Conclusion
Conclusion de la première partie
Partie II : Structure et prises de position de l’offre et de la demande
Chapitre III : Espace social des professionnels de la construction en terre crue
1. Logique spécifique du champ de production : les propriétés du matériau
1.1 Pas de valeur juste, juste une valeur
1.2 Valorisation et différenciation de la qualité du bâti dans le champ de la construction
1.2.1 Un développement de l’amélioration-entretien du bâti
1.2.2 Une spécificité de la construction en terre crue : une économie locale à dominante symbolique
2. Structure du champ de la production
2.1 Caractérisation sociale des professionnels de la construction
2.2 La production industrielle : un verdissement de la construction conventionnelle
2.2.1 Akterre : produire des matériaux et promouvoir leur diffusion
2.2.2 Argilus : rendre la construction conventionnelle plus écologique
2.3 La production clivée : concilier des inconciliables
2.4 L’avant-garde consacrée
2.5 La nouvelle avant-garde
2.5.1 La nouvelle avant-garde engagée
2.5.2 La nouvelle avant-garde désengagée
Conclusion
Chapitre IV : Champ de luttes des professionnels de la construction en terre crue
1. Les illusio en pratique
1.1 Homologie structurale et modalités de l’illusio
1.1.1 Renforcer la dimension symbolique de l’activité économique
1.1.2 Des luttes sociales par le matériau
1.2 Positionnements sur les marchés et les chantiers
1.3 Les stratégies publicitaires
2. Coût de la construction et construction du coût
2.1 Sens commun et coût de la construction
2.2 Une lutte définitionnelle du coût de la construction
3. Le temps de travail et le travail du temps
3.1 Une division du travail et un travail social de division
3.2 La construction du chantier
3.3 Une incorporation pour et par le travail
3.4 Le statut juridique de l’entreprise : un instrument de production et de reproduction sociales
3.5 Une concurrence coopérative
3.6 Dissonance distinctive entre les corps de métiers sur les chantiers
Conclusion
Chapitre V : Positionnements et classement des habitants de maisons individuelles
1. Positions sociales des habitants et trajectoires résidentielles
1.1 Homologie des positions sociales et des modes de construction
1.1.1 Des habitants différenciés par le mode de construction et leur position dans le cycle de vie
1.1.1 Des habitants différenciés par le mode de construction et leur position dans le cycle de vie
1.2 La construction de maisons en terre comme formation de compromis
1.2.1 Faire construire : une nostalgie d’un paradis perdu
1.2.2 Faire construire par contrainte réglementaire : une rénovation en parpaings qui aboutit à une construction neuve en bauge
1.2.3 Autoconstruire : une complicité technologique des matériaux et un écart au sens commun constructif
1.2.4 Faire construire et autoconstruire : concilier la trajectoire résidentielle et la trajectoire professionnelle
2. Des stratégies résidentielles relatives à l’habitat : un enjeu et un instrument de luttes
2.1 La construction et l’occupation d’un habitat en terre
2.1.1 Construire une maison en terre : une expérience inégale
2.1.2 Une consommation ostentatoire ou un travail de (re)classement social de l’espace résidentiel ?
2.2 Ecarts et égards dans l’espace résidentiel
2.2.1 L’appropriation de l’espace domestique par le terrain
2.2.2 Rapports pratiques et symboliques au bâti et aux matériaux : du bien consommé au bien consommer
2.3 La lutte définitionnelle de l’espace résidentiel pour transformer les mondes social, physique et biologique
2.3.1 Une lutte en ordre organisé : investissement de l’espace résidentiel et démocratie participative
2.3.2 Une lutte en ordre dispersé : investissement de l’espace domestique et autoconstruction
Conclusion
Conclusion de la deuxième partie
Partie III : Une tentative d’hétéronomisation du champ par la lutte politique
Chapitre VI : Institutionnalisation et appropriation de la construction écologique
1. Une institutionnalisation principalement consacrée à la performance énergétique
1.1 Réflexivité sur une catégorie de l’action publique : la construction écologique
1.1.1 Un présupposé implicite du sens commun : la notion de « transition »
1.1.2 La perspective de l’écologisation de la construction par le prisme de l’emploi du béton de ciment
1.2 Le classement du bâti par des réglementations et labels privilégiant la performance énergétique
1.2.1 Le diagnostic de performance énergétique : un instrument techniciste de normalisation du bâti
1.2.2 Des labels de performance énergétique aux labels de performance écologique : une prise en compte limitée de l’urgence écologique
1.2.3 La définition d’une distinction de qualité des produits par une évaluation favorable à l’industrie
1.3 Une professionnalisation de la construction écologique par des qualifications et labels d’entreprises : une tentative de construction d’une offre distinctive
1.4 Une régulation des pratiques domestiques des habitants-consommateurs : normes techniques et usage de la domotique
1.4.1 Une norme de température des logements éloignée des pratiques habitantes
1.4.2 La domotique : une solution techniciste à la régulation des pratiques
2. Appropriation différenciée du principe de vision de la construction écologique
2.1 Une science des matériaux partagée entre innovation et adaptation
2.1.1 Un clivage de la recherche en science des matériaux
2.1.2 Des positionnements scientifiques inégalement financés et symboliquement inégaux
2.2 Un traitement médiatique favorable à la construction écologique officielle
2.2.1 Le journalisme environnemental et l’individualisation de la lutte contre le changement climatique
2.2.2 Les matériaux constitués en instruments et enjeux par la presse architecturale
2.2.3 Le magazine La Maison Ecologique : devoir faire avec le sens commun des institutions consacrées de la construction écologique
2.3 Les représentations des professionnels et du matériau : du mépris à la reconnaissance
2.3.1 Des effets d’hystérésis : un retard à l’adaptation ou un décalage contre-adaptatif au champ de la construction
2.3.2 La construction de la légitimité sur le chantier et dans le monde social
Conclusion
Chapitre VII : Une lutte définitionnelle de la construction en terre
1. Maintenir ou transformer la construction en terre : deux principes de vision
1.1 Le réseau Ecobâtir : vers une révolution symbolique du champ de la construction
1.1.1 L’institutionnalisation d’un réseau avant-gardiste sur la construction écologique
1.1.2 Des rapports entre professionnels de la construction et chercheurs en science des matériaux : l’exemple de l’ASCNI
1.1.3 Une association critique à l’égard de la vision techniciste de la construction
1.2 L’association AsTerre : vers une révolution conservatrice du champ de la construction ?
1.2.1 Un positionnement scientifique favorable à l’innovation technique
1.2.2 L’institutionnalisation d’un principe de vision favorable à une adaptation aux exigences du champ de la construction : l’association AsTerre
2. Un irréductible « village gaulois » dans la tendance à la normalisation des matériaux écologiques
2.1 Une promotion européenne des matériaux biosourcés par le Lead Market Initiative
2.2 L’action publique française impulse la compétitivité des champs de matériaux écologiques
2.3 Une lutte pour le monopole de la définition légitime de la construction en terre crue
2.3.1 L’autonomie du champ confrontée à une potentielle normalisation des procédés de construction et du matériau
2.3.2 Les enjeux de l’assurabilité et de la normalisation de procédés de construction et du matériau
2.3.3 Un compromis institutionnalisé pour préserver le principe de vision du champ : les guides de bonnes pratiques
Conclusion
Conclusion de la troisième partie
Conclusion général
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