Sociologie des relations diplomatiques franco-lettones

DE LA RECONNAISSANCE POLITIQUE A L A RECONNAISSANCE POP ULAIRE (1919 -1939 )

Ce qui constitue la première indépendance de la Lettonie fut donc acquise au prix d’un conflit d’une durée totale de 628 jours, « où se côtoyèrent et se combattirent en une mêlée souvent confuse nationalistes lettons, unités pro-bolchéviques (largement composées des fameux “tirailleurs lettons”), corps francs allemands du baroudeur Rüdiger von des Goltz […] et enfin Russes blancs de l’aventurier Bermondt-Avaloff. La Lettonie ne fut libérée qu’en novembre 1919 » . Le conflit ne se termine toutefois que le 1er février 1920 avec un bilan lourd pour le jeune pays, puisque 27% de la population vivant sur le territoire letton a disparu . L’indépendance lettone a donc débuté par une division du groupe national et un conflit fratricide, considéré par une partie de la littérature lettone comme une véritable guerre civile . Malgré de lourde perte, le jeune Etat letton peut toutefois se constituer et faire valoir sa présence auprès des autres peuples et des Etats européens dans l’entredeux guerres. Jusqu’en 1919, la diplomatie française élude la question de l’avenir de la Lettonie ainsi que celle des autres pays baltes, renvoyant toute résolution définitive à la conférence de la paix organisée en janvier de la même année. Cette position s’explique par le fait que la France, malgré une aide militaire et matérielle, n’a pas développé de politique étrangère balte à proprement parler . Georges Clemenceau et le ministre des Affaires étrangères Stephen Pichon vont hésiter à reconnaître son indépendance et même ne jamais la revendiquer publiquement, à l’inverse du gouvernement britannique qui a reconnu la Lettonie dès le 11 novembre 1918. Cette hésitation s’explique en partie par la fidélité du Président du Conseil à l’alliance franco-russe qui refuse de s’immiscer dans les affaires intérieures russes ou de priver la Russie blanche d’un accès précieux à la mer. Elle se conjugue à une méconnaissance historique de la région par la diplomatie française, qui cherche au maximum à promouvoir un accord commun faisant des pays baltes des « États autonomes rattachés à la Russie » . La défaite des armées russes fidèles au tsar, l’élimination de la menace allemande et la normalisation des relations diplomatiques entre la Lettonie et le pouvoir bolchevique après la signature du traité de Riga le 11 août 1920 infléchissent la position française. Ce revirement permet à Aristide Briand de reconnaître alors de jure la Lettonie lors de la conférence interalliée à Paris le 26 janvier 1921 en même temps que l’Estonie. La Lituanie ne sera reconnue par la France que le 20 décembre 1922 en raison de la persistance d’un différend territorial avec la Pologne.

LA MISE EN SOMMEIL D ES RELATIONS DIPLOMA TIQUES JUSQU’A LA FI N DE LA
GUERRE FROIDE (1939 – 1989)

Les relations diplomatiques et politiques entre la France et la Lettonie cessent progressivement avec la montée du nazisme en Allemagne précédent l’arrivée d’Hitler au pouvoir, et avec le rétablissement des relations diplomatiques directes avec l’URSS. Les deux pays, au moment de négocier le pacte de non-agression et ses clauses secrètes par l’intermédiaire des ministres des Affaires étrangères Viatcheslav Molotov et Joachim von Ribbentrop, vont décider du sort de la Lettonie et de ses voisins baltes en moins de cinq heures au soir du 23 août : la Lettonie et l’Estonie tombent dans la zone d’influence soviétique après la cession du port de Libau (Liepaja) par l’Allemagne, en violation directe du Pacte de Paris de 1928 . La disparition des pays indépendants entre les deux puissances permis le rétablissement puis l’essor du commerce bilatéral. Dès le 25 septembre 1939, le pouvoir soviétique convoque les représentants des pays baltes sur le territoire de l’URSS et adresse un ultimatum pour la signature d’un traité d’ assistance mutuelle imposant l’installation permanente de bases soviétiques sur leur territoire, qui sera finalement ratifié le 31 octobre 1939. La chute de Paris le 14 juin 1940 précipite l’occupation de la Lettonie par les troupes de l’URSS la nuit du 16 au 17 juin, après la multiplication d’incidents frontaliers. L’adhésion de la Lettonie à l’URSS sera acceptée par le pouvoir soviétique le 5 août 1940. L’occupation de la Lettonie par l’URSS marque l’échec de la politique étrangère de la Lettonie dans l’entre-deux guerres, axée sur l’intégration au processus global de paix en Europe et sur le soutien à la SDN et à l’arbitrage des litiges entre Etats. Le pays a ainsi fait partie des 63 pays signataires du Pacte Briand-Kellog du 27 août 1928 sur le renoncement à la guerre d’agression. Cette stratégie de neutralité et d’indépendance s’est manifestée par une absence de contacts étroits avec les puissances dont les intérêts pouvaient potentiellement desservir la Lettonie tout en maintenant de bonnes relations avec les pays d’Europe occidentale dont la France et la Grande Bretagne. De même, la possibilité restreinte de constituer une force armée autonome a poussé les diplomates lettons à se rapprocher de ces derniers pour tenter de garantir l’indépendance du pays par d’autres moyens.
L’idée d’un pacte d’alliance avec la France a ainsi été proposée à l’initiative l’ambassadeur de Lettonie en France Felikss Cielens et de l’ancien Président de Lettonie Gustavs Zemgals au début des années 1930, qui débouchera sur la signature d’un traité d’amitié. L’invasion du pays, malgré un mandat extraordinaire attribué le 17 mai 1940 à l’ambassadeur de Lettonie à Londres Karlis Zarins, ne permis la mise en place d’une lutte politique et diplomatique de préservation de l’indépendance du pays. La disparition de l’indépendance de la Lettonie s’accompagne d’une destruction par le pouvoir soviétique des monuments liés à l’indépendance, de déportations et d’une interdiction de diffusion et de publication d’ouvrages en letton. Le russe devient progressivement la langue de l’administration et la langue de travail du pays après la Seconde Guerre mondiale. Dès 1945 le pouvoir soviétique organise un mouvement de déportation de letton vers la Sibérie (60 000 personnes) puis la migration inverse de 170 000 russophones vers la Lettonie contre des avantages substantiels en termes de salaire, d’emplois favorisés dans l’administration ou encore de logement. La proportion de lettons ethniques tombe progressivement à 62% en 1959 puis à 52% en 1989. Cette politique s’explique par la volonté des dirigeants de l’URSS d’oublier l’indépendance de la Lettonie dans l’entre-deux guerres, qualifiée de « dictature bourgeoise ».
La Lettonie ne devient toutefois pas un pays oublié sur le plan international, puisque la France, au côté de plusieurs pays européens, refuse d’accepter la continuité et la légalité des représentations diplomatiques et des diplomatiques baltes après l’annexion, à la différence de la Suède, l’Italie, l’Espagne ou les Pays-Bas qui ont tous reconnu l’annexion à l’URSS. Cette décision sera suivie par l’Autriche qui en 1974 reconnaît l’annexion des pays baltes et supprime le Consul Honoraire de Lettonie sur son territoire de la liste du corps diplomatique . De l’annexion à la fin de la guerre froide
la France adoptera une position de silence ambigüe, pouvant être interprétée au croisement de la nonreconnaissance de jure mais également comme une reconnaissance tacite de facto. Après la Libération le Général De Gaulle ne fait aucune mention des pays baltes lors de son voyage en URSS et les clefs des anciennes ambassades sont remises au nouveau représentant soviétique à Paris.
Revenu au pouvoir en 1958, De Gaulle poursuit cette politique de silence quant à la validité juridique de l’annexion des pays baltes au moment de l’instauration de la Ve République, alors même que la Banque de France continue de garder une partie des avoirs des trois pays baltes. Le Vatican reste le seul Etat qui condamnera expressément l’annexion des pays baltes, ne la reconnaitra pas juridiquement et maintiendra les représentations diplomatiques.
Sans le soutien diplomatique direct de nombreux pays européens et suite au démantèlement de la résistance armée par le pouvoir soviétique au début des années 1950, l’idée de l’indépendance sera portée par la diaspora lettone durant toute la période de la guerre froide. En 1945, près de 130000 lettons étaient en effet déplacés en Europe. Si beaucoup retournèrent en Lettonie, entre 1947 et 1951 17 000 lettons rejoindront le Royaume-Uni, 20 000 iront en Australie, 19 000 au Canada, 45000 aux Etats-Unis, 5 000 en Amérique du Sud quand 4 000 resteront en Suède et 15000 en Allemagne . La Convention culturelle européenne adoptée le 19 décembre 1954 par le Conseil de l’Europe permet à cette diaspora de disposer d’un levier d’action dans le domaine culturel, son objectif étant « la compréhension mutuelle entre les peuples d’Europe et l’appréciation réciproque de leurs diversités culturelles, de sauvegarder la culture européenne, de promouvoir les contributions nationales à l’héritage culturel commun de l’Europe et ce dans le respect des mêmes valeurs fondamentales en encourageant, notamment, l’étude des langues, de l’histoire et de la civilisation des Parties à la Convention » . Cette volonté d’émancipation, basée sur le droit international et la mobilisation de la société civile est renforcé par l’adoption Acte d’Helsinki de 1975 et du Chapitre VIII en particulier : « En vertu du principe de l’égalité de droits des peuples et de leur droit à disposer d’eux-mêmes, tous les peuples ont toujours le droit, en toute liberté, de déterminer, lorsqu’ils le désirent et comme ils le désirent, leur statut politique interne et externe, sans ingérence extérieure, et de poursuivre à leur gré leur développement politique, économique, social et culturel ». La diaspora lettone et balte, à la suite d’une mobilisation importante, créent plusieurs « comités de défense des accords d’Helsinki » afin d’assurer la prise en compte des intérêts baltes dans les négociations internationales. Cette initiative pousse le gouvernement français à réagir, Valérie Giscard d’Estaing déclarant à son adoption que la position française envers les Etats baltes reste « inchangée » . Cette mobilisation est suivie en 1979 par la signature de la « Charte Baltique » par groupe de 45 intellectuels du « Mouvement démocratique balte » transmis au Secrétaire Général de l’ONU ainsi qu’aux médias européens et demandant la fin de l’occupation des Etats baltes.Ce travail de lobbying auprès des institutions et gouvernements aboutit à la proposition de l’eurodéputé allemand Otto von Habsbourg qui le 14 février 1983 de demande le retrait de l’URSS des Etats baltes au sein même du Parlement européen.
La diaspora, organisée en « Fédération Mondiale des Baltes libres » constitue symboliquement un « Tribunal balte » en 1985 à Copenhague, dans lequel témoignent d’anciens prisonniers et dissidents afin d’alerter l’opinion publique internationale sur le sort des pays baltes. Un voyage est même organisé le long des côtes lettones et estoniennes après l’annonce de la mise en place des politiques d’ouverture de la Perestroïka et du Glasnost par Gorbatchev, suivies d’une réforme en 1988 permettant aux candidats hors du parti communiste de se présenter aux él ections. Les années de 1986 à 1988 sont marquées par des manifestations populaires d’ampleurs en Lettonie à caractère à priori apolitique. En 1986, des milliers de personnes manifestent contre la construction d’un barrage hydroélectrique sur le fleuve de la Daugava , qui sera suivie le 14 juin 1987 par une commémoration des rafles staliniennes de juin 1940 et 1941 rassemblant 5 000 personnes à l’initiative du comité de défense des accords d’Helsinki. Le 23 août, près de 10 000 personnes se rassemblent pour commémorer le 48e anniversaire de la signature pacte germano-soviétique, sans réaction du pouvoir central soviétique. Avec l’espoir de libéralisation de la participation politique se constitue le 8 octobre 1988 le Front Populaire letton, revendiquant dès la fin de l’année 120 000 adhérents, ainsi que plusieurs mouvements contre-révolutionnaires animés par les russes de Lettonie appuyés par le pouvoir soviétique. Le 18 novembre 1988 est commémorée la première indépendance du pays, qui confirme l’instauration d’un cycle de « manifestations calendaires » lors de chacune des grandes dates de l’histoire du pays.
Malgré la mise en sommeil des relations diplomatiques et le refus de reconnaître les diplomates lettons en exil comme membre du corps diplomatique, la France refuse de franchir le pas et de reconnaître officiellement l’annexion de la Lettonie et des pays baltes par l’URSS dans une position prudente tant vis-à-vis de l’URSS que du combat balte. Ce soutien symbolique encourage la diaspora lettone à adopter une stratégie de sensibilisation médiatique de l’opinion publique mondiale sur les thématiques historiques, politiques et culturelles au sein des organisations internationales, permettant le réveil progressif des indépendances lettones et plus largement baltes.

LA RENAISSANCE DES R ELATION BILATERALE F RANCOLETTONES APRES LA FI N DE LA GUERRE FROIDE (1989 – 2004)

DU SCEPTICISME FACE A LA MONTEE DES INDE PENDANCES BALTES

La volonté d’indépendance, qui s’exprime par la création du Front populaire letton ou du « mouvement pour l’indépendance de la Lettonie » plus radical , est le reflet de la volonté d’échapper à un sentiment d’amertume dû aux exactions subies depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et à la russification progressive de la terre lettone. L’impossibilité de mettre en avant sa culture et sa langue, de fêter l’indépendance ou de commémorer les déportations successives alimentent la revendication de ces mouvements qui n’hésitent pas se manifester au grand jour. Le 14 mai 1989 la « déclaration des droits des nations baltes », signée par l’Assemblée balte dans lequel la Lettonie est représentée par le Conseil du Front populaire de Lettonie, réaffirme le droit à l’autodétermination, au développement culturel et à l’intégrité territoriale des trois Etats . Le 31 mai, le Front Populaire letton rompt officiellement avec le parti communiste L’action la plus emblématique de la revendication balte a lieu le 23 août 1989, à l’occasion du 50e anniversaire de la signature du pacte de non-agression Molotov-Ribbentrop, avec la constitution d’une chaîne humaine, la « Voie Balte » rassemblant deux millions de personnes sur 560 kilomètres de Tallinn à Vilnius en passant par Riga. Cette action spontanée marque la radicalisation des mouvements baltes pour l’indépendance face au pouvoir soviétique et le passage de question intérieure à l’URSS à une question internationale.
L’indépendance de la Lettonie est officiellement approuvée par le Conseil Suprême letton le 4 mai 1990, soit quelques semaines après celles de la Lituanie le 11 mars et le 30 mars pour l’Estonie. Les premiers mois voient cohabiter une « dualité de pouvoir » face au refus de Gorbatchev d’octroyer l’indépendance définitive aux pays baltes. Un blocus des matières premières est instauré en 1990 et plusieurs revendications territoriales sont formulées. De même, avec le soutien du pouvoir soviétique, sont formés le 20 mai 1990 des « Comités de protection des droits des citoyens soviétiques » qui vont tenter de prendre le contrôle de plusieurs bâtiments publics. En janvier 1991, l’armée soviétique intervient et occupe l’imprimerie du Parti Communiste letton ainsi que plusieurs bâtiments officiels, avec le soutien d’un des comités, le « Comité de Salut National ». Le 13 janvier, de nombreuses barricades sont formées à Riga et un appel à la mobilisation est lancé pour empêcher l’occupation des bâtiments officiels. Les affrontements avec les forces soviétiques font 14 morts dans la capitale lettone.
Si un appui franc est apporté au mouvement d’indépendance de la part des autres Républiques soviétiques (Arménie, Azerbaïdjan, Ukraine notamment), les gouvernements européens dont la France sont plus mesurés voire sceptique sur le soutien à apporter aux pays baltes dans un contexte international mobilisé par le déclenchement de la guerre du Golfe du 2 août 1990 au 28 février 1991 mais aussi la chute du mur de Berlin et la réunification allemande. Le soucis de ne pas déstabiliser l’Europe et de l’Est et le Caucase tout en ménageant Gorbatchev est au cœur des préoccupations de François Mitterrand, qui adresse le 26 avril une lettre au dirigeant lituanien emblématique de l’indépendance Vytautas Landsbergis cosignée par le chancelier allemand Helmut Kohl, lui demandant explicitement de « suspendre temporairement les déclarations d’indépendance des Etats Baltes (…) Afin qu’une solution acceptable à toutes les parties permettent de résoudre la crise ».
L’organisation d’une conférence de la CSCE à Paris du 19 au 21 novembre permet aux représentants lettons, estoniens et lituaniens de demander leur invitation au sommet auprès de François Mitterrand, qui consent à leur octroyer un statut d’invités spéciaux sans les reconnaître formellement. Toutefois, la réaction de la délégation soviétique, pourtant prête à la conciliation dans un premier temps, les pousse à quitter la conférence dès le 19 novembre . La position française est portée au niveau européen, l’Union Européenne appelant en janvier 1991 l’URSS à organiser des négociations avec les représentants élus du Front Populaire afin d’arriver à une « solution pacifique concernant les aspirations légitimes des peuples baltes  . Ces appels seront réitérés par le Conseil européen des 28 et 29 juin 1991.
L’Allemagne annonce le 28 août le rétablissement des relations diplomatiques « au nom de la responsabilité particulière de l’Allemagne au regard des conséquences du Pacte MolotovRibbentrop » . Il a fallu de fait non seulement attendre l’effondrement de l’URSS après le coup de force manqué contre son leader mais également le soutien formel de Boris Eltsine pour que les pays baltes puissent accéder réellement l’indépendance et pour permettre aux pays européens et aux EtatsUnis de sortir de leur politique. Dès lors, le calendrier s’accélère pour la Lettonie, l’Estonie et la Lituanie qui intègre la CSCE dès le 10 septembre puis l’ONU dès le 17 septembre. Une candidature est déposée par la Lettonie le 13 septembre auprès du Conseil de l’Europe avant son adhésion en le 10 février 1995. Ces adhésions successives permettent à la Lettonie et à ses voisins baltes de « retrouver leur statut de sujets des relations internationales ».
La politique étrangère française sur la période 1989-1991 reste donc marquée par le scepticisme, dans un paradoxe entre un refus pragmatique de reconnaissance de l’indépendance des pays baltes dans un soucis de ménagement de la relation avec Moscou et une sympathique affichée pour la cause balte notamment par le ministre des Affaires étrangères Roland Dumas. Cet équilibre attentiste se maintiendra malgré les manifestations et l’échec des coups de force qui précipitent l’indépendance de la Lettonie et de ses voisins. Finalement, la France ne rétablit officiellement les relations diplomatiques bilatérales avec les pays baltes que les 29 et 30 août, soit une semaine avant la reconnaissance par l’Union soviétique le 6 septembre et contrairement à sa politique étrangère affichée depuis le début de l’indépendance. De même, la France ne se démarque pas de ses voisins européens allemand, anglais ou encore outre-Atlantique par rapport aux Etats-Unis qui adoptent une stratégie de prudence et d’expectative dans un contexte international chargé.

A LA RECONNAISSANCE ASSUMEE DANS L’APRES GUERRE FROIDE

« Mon pays s’est honoré depuis les tragiques périodes qui ont vu l’effondrement des libertés en Europe au cours de notre génération, puisqu’il n’a jamais reconnu, pas même dans le domaine des relations diplomatiques, le fait accompli ni la domination de la force. C’est dire à quel point je me réjouis ce matin de votre présence à vous trois parmi nous. Vous devez ressentir plus que quiconque l’importance de ce moment. Tant d’espérances ont habité votre cœur. Et maintenant vous voici responsables de pays libres qu’il est nécessaire de préparer aux responsabilités de demain. Ces responsabilités, je souhaite et ce sera mon dernier vœu, que nous les assumions en commun ». Par cette allocution prononcée à l’occasion de la signature de la Charte de Paris pour une nouvelle Europe par les chefs d’Etat des trois républiques baltes, le 6 décembre 1991, le Président François Mitterrand marque la volonté de coopération et de rapprochement de la France avec la Lettonie, l’Estonie et la Lituanie dans la période d’après-guerre froide. Cette reconnaissance assumée aboutira à l’organisation d’un voyage officiel du Président français dans les pays baltes du 13 au 15 mai 1992, le premier pour un chef d’Etat occidental dans ces pays nouvellement indépendants. Dans son discours prononcé devant le Parlement letton le 15 mai, François Mitterrand réaffirme la volonté de participation de la France dans le redressement de la Lettonie et dans son processus d’intégration européenne internationale : « La Lettonie ressuscitée est maintenant appelée à prendre sa place dans ce que l’on appelait par un terme un peu désuet « le concert des nations ». Elle est entrée aux Nations unies, elle participe ou est sur le point de participer aux organismes financiers internationaux. Le Conseil de l’Europe l’attend et la France sera heureuse de vous y accueillir. De la même façon nous sommes prêts à vous aider pour conclure avec la Communauté européenne un accord de commerce et de coopération qui, lorsque les progrès de votre réforme économique le permettront, devra se transformer en accord d’association. (…) je répète qu’il n’est aucun secteur dans lequel la France ne puisse, d’une façon ou d’une autre, contribuer à votre redressement ». De fait se met rapidement en place plusieurs accords de coopération bilatéraux dans denombreux domaines parmi lesquels la Défense, les sciences, et le transport. En effet la Lettonie fait également partie des premiers pays anciennement soviétiques avec lequel le ministère de la Défense français a mis en place des accords de coopération. Le ministre de la Défense, Pierre Jox, est l’un des premiers ministres de la Défense européen se rendre en Lettonie en janvier 1993, quelques mois après le Président François Mitterrand. Le 11 mai 1994 un accord sur la coopération dans le domaine de la Défense est signé entre la France et la Lettonie, représentées par les ministères de la Défense respectif. L’accord dispose l’élaboration annuelle d’un plan d’action commun et d’opérations concrètes de formation et d’apprentissage ainsi que le soutien de la France à la Lettonie en matière de sécurité collective par la tenue de consultations annuelles bilatérales sur les sujets de sécurité européenne et transatlantique.

LE ROLE DE LA FRANCE DANS L’INTEGRATION E UROPEENNE DE LA LETT ONIE

Au côté de la réaffirmation de l’Etat letton par l’établissement de la continuité de la Constitution de 1922 et la recherche de perspectives pour son identité culturelle, la recherche de sécurité du jeune Etat s’impose comme une priorité de la politique étrangère. De fait, la stabilité politique intérieure se retrouve intrinsèquement liée avec le développement de la sécurité extérieure du pays. C’est dans ce but qu’a été entreprise, dès la reconnaissance de la Lettonie et le rétablissement des relations diplomatiques, la reconstruction des institutions assurant la représentation du pays à l’international : le ministère des Affaires étrangères, le ministère de la Défense, les forces armées mais aussi le corps diplomatique. L’adhésion rapide aux institutions internationales et le rapprochement avec des pays clefs constituaient à ce titre une première étape importante, la seconde étant de s’appuyer sur ces soutiens afin d’intégrer l’OTAN et l’Union Européenne. La reconstruction progressive des liens avec la France et le règlement des questions bilatérales va amener cette dernière à jouer un rôle politique volontaire et modeste dans l’intégration européenne de la Lettonie en tout en participant de manière limitée sur le plan économique derrière les procédures et les programmes menés par l’Union européenne. Signé le 2 mars 1993, un premier « traité d’entente, d’amitié et de coopération entre la République française et la République de Lettonie » entré en vigueur le 29 mars 1995 prévoit entre autres un développement de la coopération bilatérale et multilatérale ainsi qu’un engagement de la France à « favoriser le développement et l’approfondissement des relations entre la Lettonie et les Communautés Européennes » accompagné d’un soutien à l’entrée de la Lettonie au Conseil de l’Europe . La France soutient une politique communautaire volontaire envers la Lettonie et de ses voisins baltes depuis la signature d’accords de coopération internationale européen dès 1989 visant à permettre à ces pays à accéder plus facilement à accéder aux marchés européens, de fournir des aides financières et une assistance technique selon quatre axes principaux : libre-échange avec l’UE, coopération industrielle et technique et scientifique, programme de soutien financier à long terme, mécanisme de dialogue politique. A cette fin, la France soutient dans le même temps la mise en place du programme « PHARE » d’assistance à la restructuration économique des pays d’Europe centrale et orientale à partir du 1er janvier 1992. Ce programme permet d’assister le pays par un soutien financier et humanitaire important (budget passant de 3.5 milliards de francs en 1989 à 7.10 milliards de francs en 1992) en particulier de la France qui fournit plusieurs ambulances à l’Hôpital Universitaire de Riga . Partie intégrante du programme « PHARE », le sous-programme « TEMPUS » a été créé en 1990 afin de promouvoir la qualité, le développement et la restructuration des systèmes d’enseignement supérieur dans les pays d’Europe centrale et Orientale ainsi que d’engager une coopération avec les pays européens dans le domaine de l’échange universitaire et professionnel . Le programme « PHARE » comprends également le versement d’aides financières non remboursable au développement des régions frontalières, qui s’élèvent à 161.6 millions d’écus entre 1990 et 1997 dont 14.2 millions d’écus entre 1994 et 1997 concernant le développement transfrontalier de la région de la Mer baltique. Le 18 juillet 1994, l’approfondissement du libreéchange entre l’Union Européenne permet la meilleure circulation des marchandises lettones à l’intérieure du marché européen. Des accords d’associations signés le 12 juin 1995 entre l’Union européenne et les pays baltes complètent de dispositif économique et politique, « éléments-clés de la stratégie de préadhésion » et de soutenir le processus d’intégration de ces pays.

 

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Table des matières
REMERCIEMENTS 
SOMMAIRE 
INTRODUCTION 
PARTIE I – D’INCONNUE A ALLIEE : UN SIECLE DE RELATIONS DIPLOMATIQUES
FRANCO-LETTONES 
CHAPITRE PREMIER – LE ROLE DE LA FRANCE DE L’INDEPENDANCE DE LA LETTONIE A
L’OCCUPATION SOVIETIQUE (1914-1989)
CHAPITRE II – LA RENAISSANCE DES RELATION BILATERALE FRANCO-LETTONES APRES LA FIN DE LA GUERRE FROIDE (1989-2004)
CHAPITRE III – DE L’INTEGRATION AU RESEAU DIPLOMATIQUE FRANÇAIS A LA COOPERATION BILATERALE A PART ENTIERE (2004-2018)
PARTIE II – UNE COOPERATION A L’ECHELLE DE L’EUROPE ET DU MONDE 
CHAPITRE IV – LA LETTONIE DANS LE PROJET EUROPEEN DE LA FRANCE
CHAPITRE V – LA LETTONIE : UN PARTENAIRE PARFOIS DIFFICILE
CHAPITRE VI – LA PLACE DE LA LETTONIE DANS LA DIPLOMATIE GLOBALE DE LA FRANCE
PARTIE III – SOCIOLOGIE DES RELATIONS DIPLOMATIQUES FRANCO-LETTONES
CHAPITRE VII – COMMENT LES RELATIONS PERSONNELLES FAÇONNENT-ELLES L’ACTION
DIPLOMATIQUE ?
CHAPITRE VIII – L’AMBASSADE DE FRANCE EN LETTONIE
CHAPITRE IX – L’AMBASSADE : UNE STRUCTURE SOCIALE PARTICULIERE
CONCLUSION GENERALE 
BIBLIOGRAPHIE 
RESUME

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