SITUATIONS-PROBLEMES ET ENSEIGNEMENT DE SCIENCES PHYSIQUES

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Les fondements รฉpistรฉmologiques et didactiques de la situation-problรจme

Deux courants รฉpistรฉmologiques : lโ€™instrumentalisme et le socio-constructivisme

Le fondement รฉpistรฉmologique renvoie ร  lโ€™instrumentalisme, doctrine qui considรจre le savoir et les thรฉories comme des outils nรฉcessaires pour rรฉsoudre des problรจmes. Selon Piaget, la construction de lโ€™intelligence ne se fait par un simple enregistrement passif dโ€™information, mais grรขce ร  des instruments dโ€™assimilation permettant de classer et de structurer le monde qui nous entoure, des schรจmes plus efficaces qui se construisent dans lโ€™interaction avec lโ€™environnement. (Merieu, 1987)
Le socio-constructivisme de Vygotsky et de Bruner, un autre fondement, insiste sur le caractรจre social de tout apprentissage ร  condition que lโ€™aide de lโ€™enseignant soit stimulante et amplificatrice mais pas substitutive ร  lโ€™activitรฉ propre de lโ€™รฉlรจve pour la construction de son savoir (Astolfi, 1993). Le savoir, un produit social que lโ€™on ne construit pas soi-mรชme mais avec les autres et pour les autres, ne se donne pas, chacun doit le construire. Par ailleurs, il se construit dans lโ€™action Il ne sโ€™agit pas de simples manipulations mais dโ€™actions mentales et dโ€™opรฉrations intellectuelles.

Les concepts didactiques

โ€ข La reprรฉsentation
Avant l’apprentissage, les รฉlรจves ont gรฉnรฉralement une reprรฉsentation mentale, souvent erronรฉe, du concept ou de la notion qu’ils vont รฉtudier. Cette reprรฉsentation s’est forgรฉe au cours des annรฉes soit ร  partir de situations scolaires, soit ร  partir de situations de la vie courante. Au cours de l’apprentissage, les nouveaux savoirs interagissent avec les prรฉconceptions anciennes, l’รฉlรจve dรฉcode l’information reรงue par l’intermรฉdiaire de son systรจme de reprรฉsentations et de connaissances. ยซ La construction du savoir constitue donc en faite une รฉvolution des reprรฉsentations antรฉrieures vers un systรจme objectivement et scientifiquement acceptable. ยป (Robardet, 2006)
โ€ข L’obstacle
Du point de vue รฉpistรฉmologique, la situation-problรจme repose sur lโ€™importance de lโ€™obstacle dans lโ€™รฉvolution de la science, รฉnoncรฉ dans les travaux de Bachelard mais aussi de Piaget et Wallon (Astolfi et Develay, 1989). Cโ€™est en confrontant et surmontant des obstacles รฉpistรฉmologiques que les scientifiques ont connus des progrรจs.

Dans le domaine scolaire, lโ€™obstacle auquel on se rรฉfรจre est celui dans le sens รฉpistรฉmologique, de lโ€™ordre du manque de concepts et de connaissances thรฉoriques ou procรฉdurales, voire de compรฉtences comme le souligne Astolfi (1993)
Dans une situation-problรจme, on ne peut rรฉussir sans conceptualiser, sans comprendre et sans apprendre. Le franchissement de lโ€™obstacle est indispensable et assure lโ€™acquisition ou le rรฉinvestissement dโ€™une notion.
Il faut donc cibler un obstacle, puis ยซ construire rationnellement une situation didactique, (โ€ฆ) diversifier la maniรจre dont les sรฉquences sont commandรฉes, alors quโ€™elles sont souvent des mises en texte du savoir qui sont sinon linรฉarisรฉes ยป (Astolfi et Develay, 1989).
โ€ข Lโ€™objectif-obstacle
Si lโ€™objectif premier visรฉ dans un enseignement sโ€™appuyant sur une situation-problรจme est le dรฉpassement dโ€™un obstacle (รฉpistรฉmologique), le choix de cet obstacle amรจne ร  parler dโ€™objectif-obstacle comme le propose Martinant (Boilevin, 2005). Le principe est de rechercher les obstacles dont le dรฉpassement est ร  la fois possible et enrichissant, puis de dรฉfinir les conditions didactiques permettant de le franchir. Ils pourront constituer des points forts de la dรฉmarche dโ€™apprentissage.

Face aux rรฉsistances des reprรฉsentations erronรฉes ou inadรฉquates, les didacticiens ont donc proposรฉ de crรฉer des situations d’apprentissage autour de ces ยซย objectifs-obstaclesย ยป. Ces situations doivent permettre de construire un espace de rรฉflexion autour d’un problรจme ร  rรฉsoudre et permettre ร  l’รฉlรจve d’enrichir ses connaissances de nouvelles reprรฉsentations en รฉcartant celles qui faisaient obstacle.
โ€ข Le conflit socio-cognitif
Le conflit socio-cognitif est lโ€™interaction cognitive entre des sujets ayant des points de vue diffรฉrents (Merieu, 1997). Chaque รฉlรจve prend en compte les points de vue des autres pour quโ€™il y ait rรฉellement interaction. Dalongeville et Huber (2000) dรฉcrit la dynamique de la situation problรจme comme suit : les reprรฉsentations initiales dโ€™un apprenant sont mises en crise (conflit cognitif) par la confrontation ร  une situation-problรจme, puis avec les interprรฉtations et les propositions de rรฉsolution du problรจme des autres apprenants voire du formateur (conflit socio-cognitif). Cette mise en travail des reprรฉsentations initiales produira de nouvelles reprรฉsentations plus riches, plus complexes, en lien plus pertinent avec la rรฉalitรฉ.

Critรจres et caractรฉristiques dโ€™une situation-problรจme

Selon De Vecchi et Carmona-Magnaldi (2002), les critรจres qui dรฉfinissent une vรฉritable situation-problรจme sont :
– avoir du sens (interpeller, concerner lโ€™apprenant qui ne se contente pas dโ€™obรฉir, dโ€™exรฉcuter),
– รชtre liรฉ ร  un obstacle repรฉrรฉ, dรฉfini, considรฉrรฉ comme dรฉpassable et dont les apprenants doivent prendre conscience ร  travers lโ€™รฉmergence de leurs conceptions (reprรฉsentations mentales),
– faire naรฎtre un questionnement chez les รฉlรจves (qui ne rรฉpondent plus aux seules questions),
– crรฉer une ou des ruptures, qui remettent en cause ce quโ€™ils pensent,
– correspondre ร  une situation complexe, si possible liรฉe au rรฉel, pouvant ouvrir sur diffรฉrentes rรฉponses acceptables et diffรฉrentes stratรฉgies utilisables ;
– dรฉboucher sur un savoir gรฉnรฉral (notion, concept, loi, rรจgle, compรฉtence, savoir-รชtre, savoir- devenirโ€ฆ),
– faire lโ€™objet dโ€™un ou plusieurs moments de mรฉtacognition (analyse a posteriori de la maniรจre
dont les activitรฉs ont รฉtรฉ vรฉcues et du savoir qui a pu รชtre intรฉgrรฉ).
En outre, la situation comparable ร  celle dโ€™un chercheur et la prรฉsence dโ€™une vรฉritable rupture (pour dรฉconstruire les obstacles) caractรฉrisent les situations-problรจmes. Placรฉs face ร  un problรจme, les รฉlรจves sont obligรฉs ร  adopter une dรฉmarche personnelle pour aboutir ร  la construction dโ€™un nouveau savoir.

Dans le mรชme esprit, Astolfi (1993) caractรฉrise une situation โ€“problรจme comme suivantes:
– Elle est organisรฉe autour du franchissement d’un obstacle par la classe, obstacle prรฉalablement bien identifiรฉ.
– Le travail s’organise autour d’une situation ร  caractรจre concret, qui permet effectivement ร  l’รฉlรจve de formuler hypothรจses et conjectures4.
– Les รฉlรจves perรงoivent la situation qui leur est proposรฉe comme une vรฉritable รฉnigme ร  rรฉsoudre, en lien avec sa rรฉalitรฉ, dans laquelle ils sont en mesure de s’investir.
– Les รฉlรจves ne disposent pas, au dรฉpart, des moyens de la solution recherchรฉe, en raison de l’existence de l’obstacle qu’il doit franchir pour y parvenir. C’est le besoin de rรฉsoudre qui conduit l’รฉlรจve ร  รฉlaborer ou ร  s’approprier collectivement les instruments intellectuels qui seront nรฉcessaires ร  la construction d’une solution.
– La situation doit offrir une rรฉsistance suffisante, amenant l’รฉlรจve ร  y investir ses connaissances antรฉrieures disponibles ainsi que ses reprรฉsentations, de faรงon ร  ce qu’elle conduise ร  leur remise en cause et ร  l’รฉlaboration de nouvelles idรฉes.
– Pour autant, la solution ne doit pourtant pas รชtre perรงue comme hors d’atteinte pour les รฉlรจves, la situation-problรจme n’รฉtant pas une situation ร  caractรจre problรฉmatique.
– L’anticipation des rรฉsultats et son expression collective prรฉcรจdent la recherche effective de la solution, le ยซย risqueย ยป pris par chacun faisant partie du ยซย jeuย ยป.
– Le travail de la situation-problรจme fonctionne ainsi sur le mode du dรฉbat scientifique ร  l’intรฉrieur de la classe, stimulant les conflits socio-cognitifs.
– La validation de la solution et sa sanction n’est pas apportรฉe de faรงon externe par l’enseignant, mais rรฉsulte du mode de structuration de la situation elle-mรชme.
– Le rรฉexamen collectif du cheminement parcouru est l’occasion d’un retour rรฉflexif, ร  caractรจre mรฉtacognitif ; il aide les รฉlรจves ร  conscientiser les stratรฉgies qu’ils ont mises en ล“uvre de faรงon heuristique5, et ร  les stabiliser en procรฉdures disponibles pour de nouvelles situations-problรจmes.
Concernant la tรขche rattachรฉe ร  une situation-problรจme, Dalongeville et Huber (2000)
expliquent que :
– Elle contient des donnรฉes initiales qui prรฉcisent le contexte de la situation et qui sont utiles pour rรฉsoudre le problรจme.
– Il y a un but ร  atteindre (diffรฉrent de l’objectif d’enseignement) qui donne un sens ร  la mobilisation et ร  l’organisation des connaissances.
– Il y a des contraintes ou des obstacles ร  surmonter qui exigent une rรฉorganisation des connaissances antรฉrieures et qui amรจnent l’รฉlรจve ร  trouver d’autres moyens, donc ร  faire des apprentissages.
– La dรฉmarche et la solution ne sont pas รฉvidentes; la personne doit faire une recherche cognitive active pour savoir comment procรฉder.
En outre, ce qui caractรฉrise surtout les situations-problรจmes, soulignent De Vecchi et Carmona-Magnaldi (2002), cโ€™est la prรฉsence dโ€™une vรฉritable rupture (pour dรฉconstruire les obstacles), et la situation comparable ร  celle dโ€™un chercheur, placรฉ face ร  un problรจme qui lโ€™oblige ร  adopter une dรฉmarche personnelle pour aboutir ร  la construction dโ€™un nouveau savoir.

Rรดles des acteurs

La dimension sociale a un rรดle important dans la construction de savoir car ยซ on apprend avec les autres et par les autres ยป (De Vecchi et Carmona-Magnaldi 2002). Alors, il est indispensable de prรฉciser ce qui sera ร  la charge des รฉlรจves et ce qui sera de la responsabilitรฉ du professeur dans les interactions didactiques (Boilevin, 2005) avant de mettre en place une situation-problรจme.

Rรดle de lโ€™enseignant

Le professeur doit avoir la capacitรฉ d’expliciter et d’ajuster le contrat didactique. Perrenoud (1997) propose que lโ€™enseignant doit encourager et de guider le tรขtonnement. Il doit accepter des erreurs comme sources essentielles de rรฉgulation et de progrรจs, ร  condition d’รชtre analysรฉes et comprises. Il est lร  pour soutenir la coopรฉration entre รฉlรจves dans des tรขches complexes, et entendre les rรฉsistances des conceptions des รฉlรจves et en tenir compte. Son implication personnelle dans le travail ne doit pas le placer constamment ยซ dans la position de l’arbitre ou de l’รฉvaluateur, sans pour autant devenir un รฉgal ยป.

Le rรดle de lโ€™enseignant dans ce processus, dรฉveloppent De Vecchi et Carmona-Magnaldi (2002), nโ€™est seulement de proposer aux รฉlรจves une situation ร  laquelle ils sโ€™adhรจrent. Il peut intervenir au moment propice, sans jamais guider les รฉlรจves ร  la solution, sont indispensables,
il est ยซ un absentโ€ฆ.trรจs prรฉsent ! ยป.
Alors, lโ€™enseignant doit :
– รชtre continuellement ร  lโ€™รฉcoute des รฉlรจves,
– savoir attendre, tout en observant,
– bien gรฉrer la phase dโ€™approbation du problรจme,
– entrer dans la dรฉmarche des รฉlรจves sans imposer la sienne,
– faire expliciter ou formuler quand ce nโ€™est pas clair ou quand il y a une anomalie dans le raisonnement,
– favoriser les รฉchanges,
– veiller aux bonnes relations sans jamais porter de jugement nรฉgatif, au contraire,
– sโ€™assurer que tous suivent et progressent, que ce nโ€™est pas seulement la dรฉmarche dโ€™un ou deux รฉlรจves,
– proposer des aides au bon moment,
– pointer une remarque passรฉe inaperรงue mais que lโ€™on juge intรฉressante,
– relever les contradictions,
– parfois donner directement des รฉlรฉments de rรฉponse aux questions quโ€™ils se posent si on juge que celles-ci nโ€™ont quโ€™un intรฉrรชt limitรฉ,
– apporter des contre-exemples que le groupe est sur la mauvaise voie,
– mettre en รฉvidence le point important,
– si besoin, renvoyer ร  la situation de dรฉpart et rappeler le but ร  atteindre,
– faire formuler des synthรจses partielles,
– permettre la validation au bon moment,
– avoir un certain degrรฉ dโ€™exigence sur les productions en expliquant pourquoi,
– faire sโ€™exprimer les รฉlรจves sur leur dรฉmarche.

Rรดle de lโ€™รฉlรจve

Comme la situation problรจme permet aux รฉlรจves de faire de rรฉels apprentissages en les plaรงant au cล“ur du processus d’apprentissage et sollicite lโ€™engagement de lโ€™รฉlรจve (Merieu, 1987), lโ€™รฉlรจve identifie les problรจmes, participe au dรฉbat en soumettant ses idรฉes et collabore ร  l’รฉlaboration d’une ou des reprรฉsentations de la classe. Il รฉmet ensuite ses propres hypothรจses et travaille sur leur validation. A la fin de la sรฉquence, il est intรฉressant que lโ€™รฉlรจve prenne conscience du chemin quโ€™ils ont parcouru, par un retour sur leurs conceptions initiales, les prรฉsupposรฉs, que lโ€™on compare ร  la production finale. Autrement dit, il devrait prendre conscience de l’รฉvolution de ses reprรฉsentations. Il sโ€™agit en fait dโ€™un travail de mรฉtacognition qui est une dรฉmarche dโ€™auto-รฉvaluation pertinente.

ยซ Dans une pรฉdagogie de situations-problรจmes, le rรดle de l’รฉlรจve est de s’impliquer, de participer ร  un effort collectif pour rรฉaliser un projet, par la mรชme occasion, de nouvelles compรฉtences. Il est invitรฉ ร  faire part de ses doutes, ร  expliciter ses raisonnements, ร  prendre conscience de ses faรงons de comprendre, de mรฉmoriser, de communiquer. On lui demande en quelque sorte, dans le cadre de son mรฉtier d’รฉlรจve, de devenir un praticien rรฉflexif. ยป (Perrenoud, 1997).
De Vecchi et Carmona-Magnaldi (2002) prรฉcisent que les activitรฉs proposรฉes permettent lโ€™entrรฉe progressive des รฉlรจves dans les situations-problรจmes : au niveau des savoir-faire et au niveau des savoir-รชtre.
Au niveau des savoir-faire, lโ€™รฉlรจve apprend ร  :
– identifier une tรขche,
– comprendre ce quโ€™est un problรจme,
– analyser un รฉnoncรฉ, une consigne,
– savoir quโ€™il peut y avoir diffรฉrentes rรฉponses ร  un problรจme,
– anticiper, รฉmettre une hypothรจse,
– travailler sur les hypothรจses que lโ€™on doit รฉprouver, tester,
– raisonner sue des petits problรจmes, traiter certaines informations,
– mobiliser ses savoirs (utiliser ce que lโ€™on sait dรฉjร ),
– entrer dans des petites situations-problรจmes individuelles et aborder la mรฉthodologie gรฉnรฉrale dโ€™une activitรฉ de rรฉsolution de problรจme.
Au niveau des savoir-รชtre, lโ€™รฉlรจve doit รชtre capable et accepter de :
– rentrer dans une dรฉmarche de prise dโ€™autonomie dans le travail,
– vivre lโ€™รฉcole comme un lieu de participation et dโ€™action,
– ne pas subir le groupe mais apprendre ร  travailler en son sein,
– vivre les provocations, les ruptures,
– se centrer sur un sujet,
– chercher et prendre conscience quโ€™on peut รชtre capable de trouver seul,
– construire,
– รชtre mis en lumiรจre,
– reconnaรฎtre les opinions diffรฉrentes, critiquer les autres et bien vivre la critique,
– vivre lโ€™erreur en positif (au moins pendant les moments dโ€™apprentissage),
– dire tout ce que lโ€™on veut, ce que lโ€™on pense et non pas rรฉpondre seulement aux questions que pose lโ€™enseignant,
– se parler directement dโ€™apprenant ร  apprenant, et non en passant toujours pas lโ€™enseignant,
– รฉcouter, รชtre รฉcoutรฉ, respecter la parole et les idรฉes des autres,
– รชtre curieux, laisser รฉmerger son appรฉtit de savoir.

Conception et mise en ล“uvre

Les apports de Fabre

Dans le cadre didactique, une analyse รฉpistรฉmologique du savoir ร  enseigner est nรฉcessaire pour repรฉrer les concepts clรฉs puis identifier les problรจmes auxquels ces concepts apportent la solution. Il sโ€™agit de dรฉterminer le contenu du savoir en jeu, les grandes opรฉrations mentales liรฉes ร  son acquisition, les classes de problรจmes ร  gรฉrer, les obstacles ร  dรฉpasser et les situations critiques qui lui contredisent. Cela permet alors de concevoir une situation-problรจme vรฉritablement organisรฉ autour dโ€™un objectif-obstacle : il est possible dโ€™interprรฉter les reprรฉsentations initiales des รฉlรจves en termes dโ€™obstacle. La situation doit รชtre alors formulรฉe de faรงon ร  entrer en contradiction avec les reprรฉsentations et ร  dรฉvelopper des conflits cognitifs ou socio-cognitifs : lโ€™รฉlรจve se confronte ร  un problรจme quโ€™il ne peut pas rรฉsoudre ou ร  des points de vue quโ€™il ne partage pas, ce qui รฉbranle ses conceptions et le met en situation de dรฉsรฉquilibre (Fabre, 2002).

Les apports de Merieu

La situation-problรจme est conรงue de maniรจre ร  rรฉaliser une situation qui suit une certaine logique :
Il est proposรฉ aux apprenants de poursuivre une tรขche qui ne peut รชtre menรฉe ร  bien que si lโ€™on surmonte un obstacle. Ce dernier constitue le vรฉritable objectif dโ€™acquisition de lโ€™enseignant.
Grรขce ร  un systรจme de contraintes lโ€™apprenant ne peut mener ร  bien le projet sans affronter lโ€™obstacle quโ€™il peut surmonter ร  lโ€™aide dโ€™un systรจme de ressources.

Dans le ยซ guide mรฉthodologique pour lโ€™รฉlaboration dโ€™une situation problรจme ยป, en annexe de son ouvrage : Apprendre oui โ€ฆmais comment ? (1987), Merieu propose quatre grandes questions que lโ€™enseignant doit sโ€™interroger avant lโ€™รฉlaboration dโ€™une situation-problรจme.
1. Quel est mon objectif ? Qu’est-ce que je veux faire acquรฉrir ร  l’apprenant qui constitue pour lui de progression importante dans son dรฉveloppement cognitif ?
2. Quelle tรขche puis-je proposer qui requiรจre, pour รชtre menรฉe ร  bien, l’accรจs ร  cet objectif (communication, reconstitution, รฉnigme, rรฉparation, rรฉsolution, etc…) ?
3. Quel dispositif dois-je mettre en place pour que l’activitรฉ mentale permette, en rรฉalisant la tรขche, l’accรจs ร  l’objectif ?
๏‚ง Quel matรฉriau, documents, outils dois-je rรฉunir ?
๏‚ง Quelle consigne-but dois-je donner pour que les apprenants traitent les matรฉriaux pour accomplir la tรขche ?
๏‚ง Quelles contraintes faut-il introduire pour empรชcher les sujets de contourner l’apprentissage ?
4. Quelles activitรฉs puis-je proposer qui permettent de nรฉgocier le dispositif selon diverses stratรฉgies? Comment varier les outils, dรฉmarches, degrรฉs de guidage, modalitรฉs de regroupement?

En outre, la mise en ล“uvre dโ€™une situation- problรจme doit รชtre rรฉgulรฉe par un ensemble de dispositifs dโ€™รฉvaluation. Une รฉvaluation diagnostique qui a รฉtรฉ effectuรฉe, pour dรฉterminer les compรฉtences et capacitรฉ des sujets, dรฉterminer la nature des apprentissages ร  rรฉaliser. Une รฉvaluation en cours de formation qui est formative si elle contribue ร  identifier des procรฉdures efficaces de travail et ร  une formalisation suffisante de celles-ci pour en faciliter la rรฉalisation. Et une รฉvaluation sommative, cโ€™est-ร -dire, lโ€™รฉvaluation de lโ€™acquisition elle-mรชme, et son appropriation requiert une ยซ dรฉcontextualisation ยป ; celle-ci pourra sโ€™effectuer grรขce ร  des exercices diffรฉrents.

Les apports dโ€™Astolfi

Dans lโ€™article ยซ Apprenons pour enseigner ยป, Astolfi propose des points de repรจre essentiels pour la construction didactique dโ€™une sรฉquence dโ€™apprentissage :
– choisir le contenu dโ€™enseignement qui va faire lโ€™objet de lโ€™apprentissage et dรฉterminer les notions clรฉs et les logiques entre elles.
– caractรฉriser les objectifs-obstacles que lโ€™on se propose de franchir en considรฉrant les reprรฉsentations initiales du groupe dโ€™รฉlรจves par rapport ร  ce contenu
– construire un dispositif cohรฉrent avec lโ€™objectif-obstacle choisi, c’est-ร -dire, mettre au point une situation qui oblige lโ€™รฉlรจve ร  confronter ร  lโ€™obstacle en anticipant sur la formulation des consignes, lโ€™utilisation des outils dโ€™apprentissage (parole, รฉcrits, matรฉriauxโ€ฆ), choisir des modes de travail (travail individuel, par groupe ou collectif) et les styles dโ€™intervention de lโ€™enseignant.

– prรฉvoir, en mรชme temps, une diffรฉrenciation des activitรฉs pour tenir compte de la diversitรฉ des styles dโ€™apprentissage.
– penser ร  des procรฉdures de rรฉmรฉdiation possibles : dispositifs de diffรฉrenciation et procรฉdures dโ€™รฉvaluation formative
– donner des critรจres dโ€™รฉvaluation de la sรฉquence pour vรฉrifier lโ€™atteinte de lโ€™objectif, c’est-ร -dire du dรฉpassement de lโ€™obstacle, jugรฉ franchissable.

Les apports de De Vecchi et Carmona-Magnaldi

Il est essentiel de ยซ faire vivre ยป les situations- problรจmes pour permettre ยซ des vรฉritables savoirs ร  sโ€™installer ยป (De Vecchi et Carmona-Magnaldi, 2002). Or, instaurer la situation-problรจme semble en rupture avec les pratiques habituelles. Il faudrait alors ยซ changer dโ€™รฉtat dโ€™esprit pour changer de pratique, et changer de pratique pour faire intรฉgrer aux apprenants un autre รฉtat dโ€™esprit ยป. Autrement dit, crรฉer un nouvel รฉlan chez lโ€™enseignant, une dynamique qui modifie en profondeur l’รฉtat d’esprit du travail de la classe

Pour crรฉer une situation-problรจme, le plus simple, cโ€™est de renvoyer aux รฉlรจves leurs propres conceptions contradictoires. C’est-ร -dire, leur faire prendre conscience de leur ignorance ou leur incompรฉtence face ร  un savoir quโ€™ils devraient ou quโ€™ils pensaient vraiment maรฎtriser. De Vecchi et Carmona-Magnaldi propose un ensemble d’indicateurs dont les รฉtapes successives ne se dรฉrouleraient pas d’une maniรจre linรฉaire mais plutรดt une approche globale, pour mener une situation-problรจme :
– Dรฉtermination des obstacles et dรฉfinition des objectifs
– Prรฉsentation de la situation-problรจme
– ร‰mergence des conceptions
– Recherche tรขtonnante
– ร‰laboration d’une production
– Validation
– Passage du cas particulier ร  un savoir d’ordre gรฉnรฉral
– ร‰valuation (analyse de la dรฉmarche suivie, comparaison des dรฉmarches des diffรฉrents groupes)
– Mรฉtacognition (รฉvaluation du chemin parcouru (prise de conscience de ce qui a รฉtรฉ appris par comparaison avec les conceptions initiales).

Les apports de Dalongeville A. et Huber M.

Pour Dalongeville et Huber (2000), les รฉtapes clรฉs pour construire des situations-problรจmes sont :
– Cerner lโ€™objectif cognitif de lโ€™activitรฉ en fonction des notions ou concepts quโ€™on veut aborder.
– Repรฉrer les reprรฉsentations majoritaires chez les รฉlรจves.
– Formuler la situation-problรจme de faรงon ร  prendre le contre-pied de ces reprรฉsentations majoritaires et ร  susciter des conflits cognitifs, moteur de la motivation. Ne pas hรฉsiter ร  รชtre provocateur si cโ€™est nรฉcessaire. La formulation de la situation-problรจme doit รชtre ambiguรซ, insolite, dรฉstabilisante.
– Rรฉunir des documents servant de point dโ€™appui ร  la dรฉmarche de questionnement et adaptรฉ ร  la dรฉmarche prรฉvue.

Comment conduire une situation-problรจme ?

Dans la pratique traditionnelle, il existe deux phases essentielles, la phase dโ€™acquisition du contenu par un mode transmissif et la phase dโ€™acquisition pendant laquelle les รฉlรจves font des exercices dโ€™application en utilisant leurs connaissances. Il est tout ร  fait autrement dans les conditions mettant en ล“uvre une situation-problรจme car ยซ Rรฉflรฉchir en termes d’obstacles, c’est inventer une situation qui crรฉe le besoin d’apprendre. Il suffit donc d’orienter autrement sa maniรจre habituelle. ยป (Dalongeville et Huber ,2000)
Plusieurs รฉlรฉments sont nรฉcessaires au bon dรฉroulement dโ€™une sรฉquence :
– Partir des reprรฉsentations initiales : les faire formuler individuellement
– Accompagner la situation-problรจme dโ€™une tรขche ร  rรฉaliser seul ou en groupe qui dรฉbouche sur une production concrรจte : idรฉe de mission ร  remplir
– Fixer le temps pour remplir cette mission
– Construire la sรฉquence autour dโ€™objectifs notionnels ou conceptuels
– Anticiper : imaginer ร  lโ€™avance un certain nombre de scรฉnarios
– Faire formuler individuellement les nouvelles reprรฉsentations et les comparer aux prรฉcรฉdentes.

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Table des matiรจres

INTRODUCTION
I LA SITUATION-PROBLEME
I-1 Dรฉfinition du concept situation-problรจme
I-2 Les fondements รฉpistรฉmologiques et didactiques des situations-problรจmes
I-3 Critรจres et caractรฉristiques dโ€™une situation-problรจme
I-4 Rรดles des acteurs
I-5 Conception et mise en ล“uvre
II SITUATIONS-PROBLEMES ET ENSEIGNEMENT DE SCIENCES PHYSIQUES
II-1 Les instructions officielles
II-2 Les dรฉmarches expรฉrimentales
II-3 Les attributs dโ€™une situation-problรจme en sciences physiques
II-4 Conduite de lโ€™enseignement de sciences physiques par situation-problรจme
III UN ENSEIGNEMENT DE LA MECANIQUE AU LYCEE, CONCU PAR ROBARDET
III-1 Objectif
III-2 Dรฉroulement de la sรฉquence
III-3 Evaluations .
IV CONCLUSION ET PERSPECTIVE
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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