financement des services de santé
Il provient de sources diverses parmi lesquelles on peut noter l’état qui constitue la principale source de financement, ensuite les populations, les collectivités locales, les comités de santé et certains partenaires (O.N.G).
Mais la participation de l’Etat sur l’effort de santé dans la région de Thiès est plus forte en 1998, année de démarrage du PDIS, alors quel’intervention des comités de santé et celle des collectivités locales n’a pu être estimée exactement .La participation de ces dernières va d’ailleurs osciller entre 2 et 4 % pour les collectivités et entre 6 et 12 % pour les comités entre 1999 et 2001.
L’état qui avait supporté plus des 2/3 du budget en 1998 est revenu à moins de la moitié en 2001 prenant en charge essentiellement le fonctionnement et les salaires du personnel. Cette même tendance est vérifiée en 2002.
Quant à la participation des partenaires (O.N.G, bailleurs de fond, FNUAP…) au développement, elle a enregistré une hausse entre 1999 et 2000 essentiellement à cause du projet de réhabilitation de l’hôpital régional et la construction de dix sept nouveaux postes de santé dans la région.
Situation sanitaire odontologique
La santé bucco-dentaire est une partie intégrante de la santé générale.
Cependant de ces différentes définitions nous retiendrons celle de KEREBEL : « La santé bucco-dentaire est l’absence de toute anomalie morphologique ou fonctionnelle des dents et du parodonte, ainsi que des parties voisines de la cavité buccale et des diverses structures qui jouent un rôle dans la mastication et se rattachent au complexe maxillo-faciale ».
organisation
Les infrastructures dentaires ( Voir Tab VII)
Sur le plan des infrastructures, le département de Thiès par rapport à la population présente une insuffisance quantitative de services dentaires qui sont d’ ailleurs inégalement répartis.
Ainsi ceux-ci ne sont pas tous localisés dans la commune de Thiès ville.
Les autres infrastructures sont les privés qui sont au nombre de deux,le confessionnel,les forces armées , le scolaire et l’universitaire.
Les ressources humaines
L’ensemble des effectifs du personnel dentaire est extrêmement insuffisant pour répondre aux besoins essentiels .Ainsi on distingue huit chirurgiens dentistes et sept techniciens supérieurs en odontologies pour tout le département ce qui fait 1 CD/67500habitants ; ratio qui dépasse de loin celui de l’O.M.S qui est de 1 CD/ 10.000 habitants [14].
A cette insuffisance s’ajoute la mauvaise répartition au niveau du département car tous les chirurgiens dentistes sont dans Thiès ville.
Types de prestations offertes
Dans ces services dentaires sont traitées la carie et ses complications ainsi que les affections parodontales.
Ces services assurent également les réhabilitations prothétiques dentaires amovibles, les prothèses conjointes ne sont pas réalisées à cause de l’inexistence de prothésistes diplômés.
Il faut noter également que l’absence d’un spécialiste en orthèpèdie dento-faciale ne permet pas permet la prise en charge des enfants présentant des dysmorphoses orthodontiques.
Certains traumatismes dentaires sont pris en charge par contre les affections tumorales telles que le noma, l’améloblastome sont envoyés après diagnostique à Dakar car la région ne disposant pas de stomatologue.
Les ressources financières
Au niveau national comme au niveau régional, il n’apparaît nullement un budget spécifique à l’odontologie.
Le financement de la santé bucco- dentaire est intégré dans celui des autres services de la structure sanitaire autrement dit il n’y a pas un budget spécifique à l’odontologie, seule la participation financière des collectivités locales est considéré.
Fréquentation des services
Pour de ce qui est de la fréquentation des structures dentaires les résultats montrent que 133 patients déclarent en être à leur première consultation soit 54% de notre échantillon d’étude contre 46% qui y sont habitués soit 115 patients.
Activités des services dentaires
En 2003 sur l’ensemble de la population du département de Thiès seulement 6892 consultations ont eu lieu au niveau des structures odontologiques publiques .Au niveau de ces trois structures on note une prévalence élevée des extractions dentaires qui sont de l’ordre de 44%.
Cette forte prévalence peut s’expliquer pour plusieurs raisons :
Le manque de motivation des patients qui hésitent à revenir autant que cela est nécessaire pour les traitements endodontiques du fait de la distance qu’ils parcourent ou à cause de difficultés financières.
Le manque d’information des patients, l’éloignement des services, contribuent au fait que les patients viennent tardivement pour la consultation sauf en cas de douleur insupportable. Ceci fait que le praticien est souvent solliciter à l’ultime stade du mal(quatrième niveau de CLARK) donc contraint à pratiquer l’extraction.
Le manque de matériel pour faire les traitements endodontiques.
L’éloignement des services dentaires et l’ignorance qui existe pour conserver une dent font que les extractions sont plus nombreuses.
Le recours tardif au service dentaire des patients qui sollicitent d’abord les remèdes du tradipraticien fait qu’ils viennent au stade ultime de leurs affections.
Les autres types de prestations sont représentés par les soins parodontaux (26%) dont l’importance s’explique par le manque d’hygiène bucco-dentaire car l’essentiel des maladies parodontales sont d’origines tartriques et la méconnaissance du maintien d’une santé dentaire est très représentée [12].
Les obturations définitives, à l’amalgame ou au composite (16%), les traitements endodontiques (13%) sont faiblement réalisés.
Cela est le fait que les rendez-vous ne sont pas respectés et aussi par le manque de matériel.
Quant à la chirurgie elle représente 1% des actes, le manque de matériel en est probablement à l’origine.
Pour ce qui est des soins en prothèses ils ne sont pas intégrés dans la gamme des prestations en santé publique bien qu’ils jouent un rôle capital dans la réhabilitation esthétique et fonctionnelle. En général ces soins ne sont pas enregistrés dans les activités sanitaires ce qui a engendré des difficultés pour estimer le nombre de cas.
Population d’étude
Au cours de cette enquête 248 patients ont été examinés dont 62% de femmes et 38%d’hommes soit un ratio H/F de 1,5.Cette forte prédominance des femmes au niveau des services dentaires révèlent leurs motivations. L’explication est à chercher dans le fait qu’elles sont plus préoccupées par l’esthétique ceci dans l’espoir de préserver leur dent sur l’arcade et de bien paraître [8]. A cela s’ajoute qu’elle supporte moins la douleur que les hommes. Par ailleurs cette prédominance du sexe féminin dans ces mêmes structures a été remarquée dans la commune de Dakar d’après les travaux de A.Fall [7] qui trouvent un pourcentage de 51,6% des femmes qui s’y rendent.
Sur le plan de la catégorie des âges, l’étude révèle que les tranches d’ages de 18 à 35 ans et 36 à 55 ans sont plus représentatives avec respectivement 63% et 29%, ce qui coïncide avec la répartition de la population du département d’après les estimations de 2001, alors que les personnes âgées de plus de 55 ans représentent 8%.
Cette dernière estimation chez les personnes du 3 ième âge relativement basse est due au fait qu’à cet âge les affections parodontales sont fréquentes moins douloureuses parfois par conséquent ne constituant pas un motif de consultations.
Concernant les appartenances ethniques, notre échantillon n’est que le reflet de celui de la population du département car les wolofs sont majoritaires avec 59,70%,suivent les sérères, les toucouleurs et les autres ethnies avec respectivement 18,70%, 12,5% et 12,10% de la population d’étude [24].
Enfin sur le plan professionnel, la distribution de la population montre que seulement 47% des patients ont une profession contre 63%.
Ce même phénomène se retrouve dans la commune de Dakar d’après les travaux de A.Fall [7] qui trouve 67,2% qui sont des sans- emploi.
Malgré tout ils réussissent à se soigner. Ainsi on peut donc dire qu’ils sont suffisamment motivés pour trouver une autre source de financement pour leur santé,et souvent c’est la famille qui prend en charges les dépenses d’un de ces membres dèmunis manifestant ainsi une solidarité légendaire propre à notre pays [33].
Fréquentation des services et motif de la consultation
Un problème de fréquentation des services est à noter. En effet dans la population d’étude les consultants sont plus nombreux que les consultations 54% contre 46%.
L’étude montre que la majorité de la population ne vient consulter le dentiste que quand elle ressent une douleur (83,90%).On a constaté la même statistique à Fatick et dans la commune de Dakar d’après les études de Gueye [8] et Fall [7]. Cela pourrait s’expliquer par le fait que la population est préoccupée par les difficultés de la conjoncture de telle sorte qu’elle ne songe pas à leur santé dentaire.
En outre la quasi inexistence d’informations générales sur la pathologie dentaire est à souligner.
Accueil
L’accueil qui a été réservé à la population d’étude semble satisfaisant que ça soit au niveau de la salle d’attente proposée que de l’accueil du praticien car 64% nous ont affirmés leur satisfaction. On en déduit que cet aspect n’est pas un obstacle à l’accessibilité dans les structures de santé dentaire. Seulement ce que les patients déplorent le plus c’est la longue attente car 44,8% de notre échantillon déclarent passer plus de 30 minutes dans la salle.
Cela s’explique du fait de l’insuffisance du personnel, du matériel, l’attente pour désinfecter et aussi à cause du matériel vétuste qui tombe souvent en panne accentué par le manque de technicien en maintenance dans ces structures .D’après les autorités responsables de la Santé buccodentaire 50% des fauteuils dentaires au Sénégal ne sont pas fonctionnels.
Qualité des soins
Les prestations offertes par ces services sont satisfaisants si on se base sur l’étude car 92% de l’échantillon affirment leur satisfaction quant à la qualité des soins .Mais les 8% qui expriment leur non satisfaction sont en général venus pour des soins prothétiques réalisés le plus souvent par des agents de santé qui n’ont pas la qualification pour de telles opérations.
Accessibilité des soins dentaires selon les praticiens
La plus part des praticiens affirme que leurs services sont accessibles pour les soins prioritaires.
Cependant pour ce qui est du suivi du traitement, certains ne reviennent pas .Ceci est dû sans doute à un manque de motivation ou aux coût élevés des prestations .A cela s’ajoute les rendez-vous à intervalles long ( jusqu’à deux mois parfois) ce qui n’est pas toujours facile pour les populations.
Recommandations
Au regard de ces résultats et pour une amélioration de la couverture sanitaire odontologique menant à une bonne accessibilité des soins dentaires nous avons suggérés quelques solutions :
Réhabilitation des structures dentaires existantes
L’Installation et l’équipement de nouvelles structures dentaires dans lesquelles un personnel suffisant va évoluer ainsi qu’une maintenance du matériel existant d’autant plus qu’il coûte excessivement cher et représente un investissement énorme.
Pour faciliter les modalités de paiements, faire une enquête auprès des populations pour recueillir leurs avis et leurs propositions afin que les différents comités de santé, de gestion, de développement se réunissent pour l’établissement des coûts qui seront à la portée de tout un chacun.
Motiver davantage les malades pour que ces derniers suivent le traitement jusqu’à la fin, leur expliquer qu’il ne faut pas seulement consulter en cas de douleur, les inviter à faire des visites systématiques et leur parler des conséquences qu’une affection buccodentaire pourrait avoir sur l’état général.
Intégrer les chirurgiens dentistes dans l’équipe cadres du district ce qui leur permet de défendre les programmes d’activités qu’ils voudront mener comme la campagne de sensibilisation, de prévention entre autres.
Développer la formation continue (par des séminaires) du personnel qui devrait cultiver une approche positive auprès des populations. Motiver le personnel dentaire afin qu’il donne le meilleur de lui de même et avec tout le dévouement possible aux population.
Afin de mieux avoir un accès aux soins les décideurs doivent encourager les population s’intégration dans les mutuelles de santé qui au Sénégal commence à prendre de l’ampleur.
* Sensibiliser les collectivités locales à mettre en place des systèmes de prise en charge pour leur population tels la mise en place de mutuelles de santé qui dans le contexte Africain et Sénégalais en particulier a un triple rôle [9] :
Celui d’assurer aux populations l’accès à des soins de santé hospitaliers de qualités et dont le coût ne leur est pas accessible individuellement.
Celui de raffermir les liens de solidarité préexistants à travers une plus grande concertation des préoccupations communes fondamentales
Celui de contribuer à l’éducation et à la sensibilisation des populations sur les mesures de prévention à appliquer pour éviter la maladie.
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Table des matières
INTRODUCTION
Première partie : Généralités sur le département de Thiès
Chapitre I : Présentation du département de Thiès
1. Géographie
1.1. Situations et limites
1.2. Relief
1.3. Climat
1.4. Végétation
1.5. Ressources en eau
2. Caractéristiques socio-économiques
3. Caractéristiques humaines
3.1. Aspects démographiques
3.2. Organisation sociale
4. Découpage administratif
Chapitre II : Situation sanitaire du département de Thiès
1. Définition de la santé
2. Système sanitaire du département
2.1. Organisation sanitaire
2.2. Couverture sanitaire
2.2.1. Les infrastructures
2.2.2. Les ressources humaines
3. Données sanitaires
4. Financement des services de santé
Chapitre III : Situation sanitaire odontologique
1. Organisation
1.1. Les infrastructures
1.2. Les ressources humaines
1.3. Equipement des différentes structures
2. Données épidémiologiques
3. Types de prestations offertes
4. Ressources financières
Deuxième partie : Accessibilité aux soins bucco-dentaires
Chapitre I : Etat des connaissances
1. Définition de l’accessibilité
2. Dimensions de l’accessibilité
3. Concepts d’ accès aux soins
Chapitre II : Enquête épidémiologique
1. Problématique
2. Objectifs
2.1. Objectif général
2.2. Objectifs spécifiques
3. Méthodologie
3.1. Cadre de l’ étude
3.2. Population d’ étude
3.3. Critères de sélection
3.4. Type d’étude
3.5. Echantillonnage
3.6. Déroulement de l’enquête
3.7. Indicateurs d’ enquête
3.8 .Exploitations des données
4. Résultat
4.1. Les prestations de services en 2003
4.2. Les indicateurs selon l’utilisation des services
4.2.1. Population d’ étude
4.2.1.1. Selon le sexe
4.2.1.2. Selon l’ âge
4.2.1.3. Selon l’ ethnie
4.2.1.4. Selon la profession
4.2.2. Accessibilité géographique
4.2.3. Accessibilité financière
4.2.4. Fréquentation des services
4.2.5. Motifs de consultation
4.2.6. Accueil
4.2.7. Qualité des soins
4.2.8. Déterminants de l’accessibilité des services selon les praticiens
Troisième partie : Discussion et recommandations
Chapitre I : Discussion
1. Activités des services dentaires
2. Population d’ étude
3. Déterminants de l’ enquête
3.1. Accessibilité géographique
3.2. Accessibilité financière
3.3. Fréquentation des services et motifs de la consultation
3.4. Accueil
3.5. Qualité des soins
3.6. Accessibilité des soins selon les praticiens
Chapitre II : Recommandations
Conclusion générale
Bibliographie
Annexes